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L'approvisionnement en animaux de trait: contrainte à l'extension de la traction animale en Sierra Leone

par

Dominique Barreaud

Sierra Leone Work Oxen Programme, Ministry of Agriculture, Freetown, Sierra Leone*

*Position at the time of the 1988 workshop. A subsequent address may be found in the workshop participant address list.

Résumé

Dans les régions nord et nord-est de la Sierra Leone, où la plus grande partie du bétail national (300.000 têtes) est regroupée, le cheptel de trait dépassera le millier en 1988. Dans les autres régions, l'absence de marché local freine le développement de la traction animale. Actuellement, le marché de la viande est en compétition directe avec le développement du cheptel de trait. En l'absence de structure de développement d'un cheptel et des fonds nécessaires, le Work Oxen Programme peut acheter et répartir le cheptel existant entre les différentes régions. Mais une solution à long terme est nécessaire pour assurer un renouvellement des animaux de trait supérieur au nombre d'animaux en fin de carrière et vendus sur le marché de la viande. A moins qu'un programme de reproduction et un marché du bétail de trait ne soient mis en place, la culture attelée en Sierra Leone pourrait bientôt être confrontée d'une pénurie d'animaux.

Situation générale

Dans les zones à forte concentration de Warrehs (ranchs Peuls), au nord et nord-est du pays, l'approvisionnement en animaux de trait ne pose pas de problème particulier. Dans ces régions, nous avons assisté et nous assistons toujours à une progression continue des effectifs bovins qui de 200 paires en 1982 sont passés à 750 en 1987. Les effectifs dépasseront certainement le millier d'ici la fin de la saison 1988. Les autres régions sont handicapées par l'absence de marché local de boeufs de trait. Nombre de paysans sont prêts à adopter la traction animale, mais cette transformation est quasi impossible sans aide extérieure.

Jusqu'à présent, les responsables régionaux du Work Oxen Programme (WOP) s'attachaient à fournir les paires de boeufs. Cette méthode est très coûteuse, tant en moyens humains qu'en matériel, et ne résoud le problème que de façon trop localisée. A long terme, elle ne répond ni aux besoins regionaux, ni au développement du WOP. Dans cette optique, un essai de mise en place d'un stock d'animaux a démarré depuis novembre 1987.

Augmentation du cheptel de trait

Dans un premier temps, le nombre d'animaux achetés par le WOP et rétrocédés à des paysans a été restreint par des contraintes financières, et par un souci de fiabilisation des contrôles déjà limités par la capacité de gestion actuelle. Une quarantaine de boeufs ont été achetés sur le marché des zones d'élevage et plus de quinze paires de boeufs ont été rétrocédées à des agriculteurs.

Du fait de la saison des pluies, la demande s'est affaiblie, mais beaucoup de paysans contactent le WOP pour réserver une paire de boeufs pour la saison prochaine.

Le WOP achète actuellement des animaux d'un an et demi qui seront stockés pendant une année et rétrocédés à l'âge de deux ans et demi (âge de la plupart des animaux au dressage). De plus, à un an et demi, ces animaux sont d'un prix plus abordable que les animaux plus vieux recherchés par les négociants du marché local de la viande. Pour l'année 1988, notre stock devrait compter environ quarante animaux achetés à l'âge d'un an et demi. Le principal problème rencontré en Sierra Leone pour un tel programme est l'absence d'une structure capable d'accueillir un nombre important d'animaux. Le WOP dispose de l'élevage de Teko (à 5 km de Makeni) ou de la station de Musaia au nord du pays, mais ces deux centres exigent une injection de capitaux que la taille du troupeau envisagé ne justifie pas (40 animaux).

Solutions possibles

Face à ce problème, plusieurs solutions sont envisageables. Nous pourrions répartir le stock entre différents endroits (Njala, Rolako, Teko). Cette solution ne nécessite pas d'investissement massif, mais reste coûteuse en frais de fonctionnement et de gestion. L'alternative est de trouver les fonds nécessaires à la création ou à la remise en état d'un ranch pour le projet. A moyen terme, ce stock devrait faciliter l'extension de la traction animale dans les régions dépourvues d'un marché de boeufs. A long terme, la disponibilité d'animaux convenant à la traction animale représente une contrainte plus sévère. Le cheptel national est limité et sa productivité est assez faible. Il est aussi convoité par les deux marchés de la viande et de la traction animale. Les effets de cette concurrence, par une hausse artificielle des prix, pourraient empêcher nombre d'agriculteurs d'accéder à la traction animale.

Si la constitution d'un stock d'animaux par le WOP peut contribuer à réduire le goulot d'étranglement actuel, il n'en demeure pas moins que la période d'expansion passée, une pénurie risque de frapper le marché plus soudainement et plus rapidement qu'on ne pourrait le prévoir.

Pour assurer une politique de développement de la traction animale à long terme, le nombre d'animaux dressés doit être supérieur (en période d'expansion) au nombre d'animaux en fin de carrière placés sur le marché de la viande (période de production). Par contre, en période d'équilibre, la demande ne doit pas être supérieure à la rétrocession d'animaux de trait sur le marché de la viande. Si des solutions à long terme ne sont pas trouvées, l'utilisation de la traction animale en Sierra Leone risque de rester très marginale.

Abstract

In the northern and northeastern regions of Sierra Leone where most of the country's 300,000 cattle are found, there will be over a thousand draft cattle in 1988. In other regions the difficulty of obtaining suitable animals restricts the adoption of animal traction. At present, draft cattle expansion competes directly with meat markets. In the short term the national Work Oxen Programme may be able to purchase animals for resale and maintain them in regional stations. However a long-term solution needs to be found in which the number of new draft animals trained exceeds the number retired at the end of their working lives. Unless a sustainable breeding or purchasing-resale programme can be developed, animal traction development in Sierra Leone could soon be faced with a severe draft cattle shortage.


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