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Les contraintes de la culture attelée observées par la Société Togolaise de Coton

par

Latevi Teyi Lawson

Chef du Service Culture Attelée, Société Togolaise du Coton (SOTOCO), Atakpamé, Togo

Résumé

La disponibilité des terres au Togo est un problème crucial pour les agriculteurs et les éleveurs dont la cohabitation est de plus en plus difficile. Les conditions climatiques affectent la production. La peur inspirée par les animaux, les risques de mortalité animale et l'essouchage des terres freinent le développement de la culture attelée. A ces conditions difficiles s'ajoutent les critères d'obtention de crédits imposés par la SOTOCO. Les recommandations portent sur une amélioration du système de crédit, du suivi sanitaire et de la formation.

Introduction

Le Service Culture Attelée de la Société Togolaise de Coton (SOTOCO) a été formé en 1977. Ce service a connu un démarrage timide et les résultats obtenus à la fin du premier phase (1977/1982) n'ont pas été très satisfaisants. Ce n'est qu'avec la deuxième phase (1982/1987) que la culture attelée a connu un essor considérable. Dans le but de développer cette méthode culturale, la SOTOCO avait pris certaines dispositions et le programme mis en oeuvre comportait: la formation des agents d'encadrement et des paysans; le suivi technique de l'encadrement de base; l'organisation de l'approvisionnement en animaux de trait; la fourniture de crédits pour l'acquisition de matériel de culture attelée et la facilitation des remboursements; la facilitation de l'approvisionnement en matériel de culture attelée; l'organisation et la sensibilisation des paysans à l'utilisation du treuil.

Pour atteindre ces objectifs, la SOTOCO avait renforcé le personnel et le matériel de la section Traction Animale, au niveau de la Direction Générale et de chaque région d'intervention. Les cadres de base sont chargés du développement de la traction animale, de la culture du coton et des cultures vivrières.

Pendant la campagne 1987/88, la société a supervisé 2.588 paires de boeufs, dont 1.382 paires distribuées par la SOTOCO sur la base d'un crédit CNCA (Caisse Nationale de Crédit Agricole) et 1.206 paires à des exploitants individuels. Dans le même temps, les équipements suivants ont été mis en place 2.130 multiculteurs, 403 charrettes, 71 herses et 53 semoirs. Malgré ces résultats relativement encourageants, certaines difficultés n'ont pas permis un développement harmonieux de cette technique culturale.

Les contraintes

La disponibilité des terres

Dans la Région des Savanes qui regroupe plus de 90% des attelages du Togo, la disponibilité des terres cultivables est un problème de plus en plus critique. Les paysans exploitent en moyenne 2 à 3 ha maximum. Les planteurs pratiquant la culture attelée sont contraints de labourer pour leurs voisins afin de rentabiliser leurs attelages. Les statistiques indiquent qu'un attelage est utilisé en moyenne par six paysans pendant une même campagne. Dans cette région d'éleveurs, le problème des pâturages est important. La cohabitation entre les éleveurs de bovins et les agriculteurs devient difficile.

Dans les régions sud du pays, surtout sur les plateaux, les grands producteurs de coton en culture attelée sont des allogènes venus des régions nord. Ils rencontrent très souvent des difficultés avec les propriétaires terriens qui peuvent d'un jour à l'autre les expulser. De plus, le propriétaire peut limiter la superficie exploitable de la terre concédée.

Le climat

La seule saison des pluies oblige les planteurs à mettre toutes les terres en culture en un temps record. Le billonnage rapide est préféré au labour à plat. Certaines années, la mauvaise répartition des pluies provoque une baisse de la production qui rend difficile le remboursement des prêts.

La végétation

Dans la Région des Plateaux, la présence de gros arbres handicape le développement de la culture attelée. Le planteur est obligé d'investir lourdement pour défricher et essoucher les terres. Actuellement, les problèmes de défrichage sont de plus en plus résolus par l'utilisation du treuil Monkey mis en place par la SOTOCO. Le défrichage d'un hectare coûte environ 30.000 FCFA.

Dissociation agriculture élevage

La population du sud du pays a peur de travailler avec les animaux de trait. L'adoption de cette méthode culturale fait l'objet d'une vulgarisation très poussée.

Risques de mortalité

Les décès d'animaux par maladies infectieuses ou morsures de serpent constituent des expériences particulièrement malheureuses au cours de la première année d'utilisation de la culture attelée. Devant ce type de risque, un certain nombre d'exploitants ne souhaitent pas acquérir un attelage.

Conditions d'obtention des crédits

· être producteur de coton ou d'une autre culture de rente pour garantir le remboursement des prêts;
· avoir deux membres de la famille capables d'utiliser l'attelage;
· Disposer de suffisamment de terres cultivables, soit 3 à 6 ha;
· essoucher les parcelles et cultiver au moins deux hectares la première année;
· construire un abri pour les boeufs;
· assurer l'alimentation des boeufs en toutes saisons;
· verser 1/6 du montant de l'attelage;
· accepter de soumettre les boeufs au suivi sanitaire;
· respecter le calendrier cultural et toutes les techniques culturales préconisées par la SOTOCO afin d'atteindre les rendements escomptés;
· accepter le contrat de prêt (intérêt à 8%); le remboursement devant être effectué en 2 à 5 échéances suivant la quantité de matériel acheté.

Conclusion

Au vu de l'importance de la culture attelée dans le développement de l'agriculture togolaise, la SOTOCO espère renforcer ses activités de vulgarisation. Nous pouvons déjà constater l'intérêt croissant des jeunes agriculteurs pour la culture attelée. Le gouvernement a mis en place des conditions favorables au développement de la culture attelée: un système de crédit accessible aux fermiers désireux d'utiliser la traction animale; une organisation de suivi sanitaire à l'échelle nationale; la formation périodique des agriculteurs; une unité de fabrication de matériel de culture attelée. Le développement de la traction animale semble constituer la meilleure route vers l'autosuffisance alimentaire au Togo.

Abstract

Land availability is becoming a major constraint for both crop farmers and cattle herders in Togo, and their peaceful cohabitation is increasingly difficult. Animal traction development is hindered by farmers' fear of draft animals, the risk of animal death and the stumps in the fields. For farmers to be given credit to adopt animal traction they have to meet stringent selection criteria determined by the cotton company, SOTOCO. Recommendations for overcoming the constraints include improving the credit system, veterinary care and training.


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