par
Bassirou Traoré
Ingénieur des travaux agricoles, Direction Nationale de la Formation et de l'Animation Rurales, Ministère de l'Agriculture, Bamako, Mali
Résumé
Le projet Centre d'Animation Rurale Mixte (CARM) a pour objectif d'améliorer la vie, les conditions de travail et les revenus des petits exploitants et de leurs familles au Mali Le projet est responsable de douze centres CARM dans les régions de Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti. Tous les centres deviendront progressivement mixtes (hommes et femmes) et hébergeront jusqu'à 20 couples. Chaque centre implémentera un programme de formation pour les femmes. Le développement de la traction animale constitue l'axe principal des efforts du projet qui depuis 1972 a fourni des chaînes complètes de culture attelée à 6.281 jeunes fermiers. Des équipements de confection et de traitement textile sont fournis aux femmes. Des moulins à céréales, des pompes et des foyers perfectionnés y sont expérimentés. Les différents centres CARM doivent faire face à divers problèmes techniques et de formation. Les contraintes spécifiques au projet incluent: l'importante inégalité des conditions climatiques et écologiques affectant les différents CARM; les contraintes sociales comme la résistance des paysans plus âgés au changement technologique et la séparation traditionnelle entre élevage et agriculture. Les paysans subissent aussi les contraintes économiques comme la cherté des équipements et les difficultés d'obtention des crédits.
Présentation du projet
Le projet Centre d'Animation Rurale Mixte (CARM), fruit de la coopération du Gouvernement du Mali et du Gouvernement de la République Fédérale d'Allemagne, est placé sous la tutelle de la Direction Nationale de la Formation et de l'Animation Rurales, Ministère de l'Agriculture (DNFAR). L'objectif de ce projet est d'augmenter les revenus des petits exploitants agricoles et d'améliorer leurs conditions de vie. Pour atteindre ce but, les actions ont porté sur:
· l'utilisation de la culture attelée;· l'intégration de l'agriculture et de l'élevage;
· l'insertion des femmes dans le développement agricole;
· la fourniture de matériel didactique;
· la formation en santé et hygiène;
· l'intégration de la main-d'uvre féminine par le biais de l'artisanat (fabrication de savon, teinturerie, couture, tricotage);
· le développement de la formation de base en forge, menuiserie et maçonnerie;
· le perfectionnement de l'encadrement;
· la rentabilisation des CARM;
· le suivi des anciens stagiaires.
Toutes ces actions sont supportées par une alphabétisation fonctionnelle en langues bambara et peul. Le projet est responsable de 12 CARM sur les 50 CARM de la DNFAR répartis sur les régions de Koulikoro (4), Sikasso (5), Segou (2) et Mopti (1). Chaque CARM a la capacité d'héberger 20 couples avec un ou deux enfants. La formation est de deux ans. Le personnel d'encadrement d'un CARM se compose d'un chef de centre, de deux techniciennes, d'un agent agricole et du génie civil.
Réalisation du projet
Depuis son démarrage en 1972, le projet a fourni à 6.281 jeunes sortis des CARM l'équipement agricole indispensable à leur réinsertion sur le circuit de production. Cet équipement comprend pour les paysans: une paire de boeufs, une charrette, un multiculteur ou une charrue ou un semoir. Pour les femmes: trois pièces de tissu, des colorants textiles, du matériel de teinture, de l'outillage pour la fabrication du savon et des outils de jardinage. En début de campagne 1978/79, le projet a renouvelé une partie du matériel didactique de chaque CARM.
En 1980, le projet s'est orienté vers la formation du personnel féminin. Tous les centres deviendront progressivement mixtes grâce à la construction et à la restauration de logements d'accueil pour couples. Ces travaux sont actuellement en cours dans sept centres financés par le projet. Le projet prendra aussi en charge la formation de dix animatrices chargées d'encadrer les femmes. Des moulins à céréales, des foyers et des pompes éoliennes et à main ont été expérimentés dans les CARM mixtes. Dans le cadre des énergies renouvelables, le projet a installé des digesteurs (fumier organique) dans les CARM de Yangasso, Didiéni, Ifola, Ouélessebougou, Sorobasso, Molobala.
Un système de prêt remboursable en trois annuités avec moratoire en cas de calamité a été institué. Actuellement, les crédits d'équipement sont accordés par la BNDA (Banque Nationale de Développement Agricole). Un nouveau système de gestion vise à accroître la rentabilité des CARM. Une section spéciale s'occupe du suivi des anciens stagiaires.
CARM et la traction animale
Pour atteindre l'autosuffisance alimentaire et assurer le bien-être des habitants du pays, le Mali a axé son développement sur la modernisation de l'agriculture (90% de la population active est rurale). La nouvelle stratégie est basée sur le développement de la traction animale. Le Gouvernement a créé des structures d'encadrement pour aider les petits exploitants à maîtriser les techniques modernes de production. Le projet CARM est spécifiquement basé sur le développement de la traction animale, reconnue comme la technologie la mieux adaptée aux conditions locales et aux besoins des petits exploitants agricoles de la zone d'intervention considérée.
Avantages de la traction animale
· augmentation de la puissance de travail et réduction de la pénibilité des travaux;
· mise en culture de superficies plus grandes;
· diversification des cultures;
· rapidité accrue de l'exécution des opérations culturales;
· augmentation des rendements;
· réduction de la main-d'uvre
· intégration élevage - agriculture;
· transport;
· possibilités de revenus supplémentaires (location de la charrette, etc.).
Contraintes géographiques
Les douze CARM ne sont pas situés dans la même aire géographique. La moyenne pluviométrique dans la zone d'intervention du projet varie entre 300 et 900 mm. Ces variations limitent le partage des expériences et tendent à isoler les centres.
Contraintes sociales
Un programme d'adoption de la culture attelée demande un changement de mentalité de la part des exploitants. Ce changement profond se révèle assez difficile dans les zones où les techniques traditionnelles sont bien ancrées. Les paysans âgés, gardiens des valeurs ancestrales, sont souvent insensibles aux innovations techniques et s'opposent aux efforts des jeunes. La séparation de l'agriculture et de l'élevage est encore fréquente.
Les contraintes économiques
La situation économique est le facteur déterminant de l'adoption de la culture attelée par les petits exploitants. Le matériel agricole coûte cher, le crédit est difficile à obtenir. Les prix pratiqués ne permettent pas d'utiliser des intrants.
Les contraintes techniques
La traction animale n'est rentable que si d'autres techniques culturales entrent en jeu: préparation du sot culture en ligne, respect du calendrier cultural, densité de semis, rotation et entretien des cultures, emploi d'intrants améliorés (engrais, semences sélectionnées, pesticides). L'adoption de ces techniques est directement triburaire du niveau de connaissance des exploitants dans des domaines variés et parfois complexes: fertilité du sot lutte anti-érosion, connaissance du matériel, des animaux (alimentation, Soins, dressage), du système d'attelage, des pièces de rechange.
Perspectives
Compte tenu de l'importance qu'accordent les stagiaires à l'utilisation de la traction animale, les actions du projet ont porté sur: la fourniture du matériel didactique de culture attelée et la formation de l'encadrement de base dans tous les aspects de la culture attelée en vue d'approfondir les connaissances théoriques et pratiques essentielles incluant:
· connaissance et entretien du matériel de culture attelée;· techniques de dressage des animaux de trait;
· alimentation des animaux de trait par la diversification des cultures fourragères et les techniques d'ensilage;
· diversification du système d'attelage asin;
· techniques de lutte contre l'érosion;
· insertion des femmes dans le développement agricole par la maîtrise de la culture attelée;
· intégration de l'agriculture et de l'élevage
Abstract
The CARM training project aims at improving the life, working conditions and revenues of small farmers and their families in Mali The project is responsible for 12 mixed rural training centres (CARMs) in the Koulikoro, Sikasso, Ségou and Mopti regions. The CARMs are "mixed " in that they accept both men and women and actively promote training for women. Each CARM can accommodate up to 20 couples. Animal traction development is a major thrust of the project, and since 1972 the project has supplied 6,281 young farmers with complete sets of animal traction equipment. Women are provided with weaving equipment, and there have also been some trials involving cereal mills, pumps and "improved " cooking stoves. Individual CARMs face various technical and training problems, and from the project's viewpoint, the situation is made worse by large differences in climatic and ecological conditions between the various centres. Social constraints to the development of animal traction include resistance to the technology by the older community members and the traditional separation of animal husbandry and crop farming in Malian agriculture. Farmers also experience problems in obtaining credit and affording the cost of equipment.