Ces évaluations indiquent clairement qu'une réduction globale de l'effort de pêche est extrêmement souhaitable; celle-ci devrait aboutir à une augmentation modérée du rendement total et à une diminution plus sensible des coûts d'exploitation, et permettre en outre, aux poids des stocks de remonter à des niveaux plus élevés et par conséquent d'acquérir plus de stabilité. Enfin, grâce a l'augmentation de la longueur moyenne des individus qui résultera de l'abaissement du taux d'exploitation, la valeur économique unitaire du rendement s'accroîtra.
De l'avis du Groupe, les responsables de la gestion et de l'exploitation des stocks de céphalopodes devraient viser à porter la capacité totale de pêche a un niveau tout au plus équivalent à celui qui est nécessaire pour obtenir le rendement eumètrique théorique. Il conviendrait de tenir pleinement compte de cette nécessité au moment de l'élaboration des politiques nationales de mise en valeur des pêcheries, et notamment lorsque des accords de pêche avec des partenaires étrangers sont mis au point.
Les chiffres de la dernière colonne du Tableau 10, qui indiquent l'ordre de grandeur de la réduction souhaitable, ont été calculés sur la base des dernières données disponibles (1977). Depuis lors, l'état des stocks a probablement subi une certaine évolution qui cependant devrait être de peu d'importance, étant donné que le niveau total d'exploitation tend à se stabiliser depuis quelques années. Il conviendrait également de noter que plusieurs flottes de pèche ont adopté en 1977 des maillages plus grands. Les effets à long terme de cette mesure devraient commencer à se faire sentir en 1978 et, comme ils seront très probablement positifs, ils devraient faciliter l'amélioration des stocks et de leurs pêcheries.
Pour le cas où les responsables de la gestion décideraient de contrôler le niveau d'exploitation en établissant des contingents de captures, le Groupe a calcule les limites dans lesquelles ces restrictions devraient être fixées. La quatrième colonne du Tableau 10 donne les chiffres des contingents qui empêcheraient uniquement le niveau d'exploitation de dépasser sa valeur de 1977. Les chiffres des cinquième et sixième colonnes correspondent aux contingents qui assureraient immédiatement des efforts de pêche aboutissant en fin de compte au rendement maximum moyen dans le premier cas où à un rendement légèrement inférieur (F0,1)1 dans le second cas.
1 Plusieurs auteurs ont démontré que, pour des raisons biologiques et économiques, il est avantageux, à long terme, de maintenir l'effort de pêche à un niveau légèrement inférieur à celui correspondant au rendement maximum moyen théorique. Divers organismes de pêche ont à maintes occasions adopté l'objectif et la définition de F (Gulland et Boerema 1973).La comparaison de ces chiffres indique clairement que, quel que soit l'objectif final de gestion adopté, une réduction sensible des prises actuelles serait nécessaire pendant une ou deux années afin de ramener les stocks a des niveaux plus rémunérateurs et plus productifs qu'aujourd'hui. La nécessité de cette réduction temporaire s'explique par le fait que les biomasses doivent augmenter; or, cela n'est possible qu'à la condition de réduire provisoirement les captures. Si les diminutions des prises, proposées dans le Tableau 10, semblent trop élevées, peut-être pourrait-on procéder par étapes. Eu égard à la brièveté de la vie des céphalopodes, la reconstitution graduelle des stocks ne devrait pas retarder outre mesure leur retour à des niveaux normaux.
Des programmes de gestion tout à fait idoines exigent également un certain contrôle de la distribution - par zones et par groupes d'espèce - de l'effort de pèche, afin d'empêcher une concentration excessive de la capacité de pêche disponible sur les stocks les plus intéressants et, par conséquent, une sous-exploitation des autres. Malheureusement, le manque de données détaillées n'a pas permis d'entreprendre des évaluations stock par stock, c'est-à-dire par fond de pêche et par groupe d'espèce. Il est donc difficile de recommander la manière dont devraient être contingentés soit les captures, soit l'effort selon les divers lieux de pêche et les groupes d'espèces. Pour élaborer des programmes de gestion, les responsables pourraient toutefois tenir compte de la contribution actuelle des divers groupes d'espèces et des fonds de pêche (voir Section 4.1), pour établir d'éventuels contingents globaux, sans oublier qu'il s'agit encore là d'estimations grossières.
Enfin, le Groupe a appelé l'attention sur les observations faites par le Groupe de travail du COPACE sur l'évaluation des ressources lors de sa deuxième session (Rome, décembre 1973). Le rapport de cette réunion souligne que les céphalopodes ayant une vie brève, le même contingent de prises peut produire des taux de mortalité par pêche très différents selon qu'il est appliqué pendant telle ou telle période de l'année. Pour empêcher une concentration exagérée des opérations de la pêche, par exemple immédiatement après le recrutement, moment où le même tonnage sera constitue par un nombre considérablement plus élevé d'individus, il faudrait, au cas où le contrôle de l'effort est réalisé par le contingentement des prises, envisager la possibilité de recourir à ce système pendant des périodes plus brèves, par exemple un trimestre.
A cet égard, le Groupe a fait observer qu'une limitation de la capacité totale de pêche à un niveau ne dépassant pas celui nécessaire à la capture des quantités voulues pendant toute l'année, diminuerait considérablement le risque d'une concentration excessive de la pêche lors de certaines saisons. Le Groupe n'a pas été en mesure de se prononcer sur la meilleure manière de répartir l'effort tout au long de l'année. En attendant que les recherches préconisées aux sections 3.1 et 3.2 indiquent comment ajouter la distribution de l'effort de pêche pour tenir compte des éventuelles variations saisonnières en matière de recrutement, de croissance, de possibilités de capture, etc. - qui devraient être notables pour des espèces dont la vie est courte comme les céphalopodes - le Groupe a estimé qu'il serait opportun que l'effort soit réparti pendant toute l'année d'une façon aussi régulière que possible.