4.1 Captures
4.2 Niveau actuel et tendances récentes de l'effort nominal
4.3 Captures par unité d'effort
4.4 Rendements potentiels et niveaux actuels d'exploitation
Les statistiques des captures ventilées par années, groupes d'espèces, pays, divisions statistiques du COPACE et, dans la mesure du possible, principaux fonds de pêche figurent aux Tableaux 3 et 4. Parmi les pays qui pèchent des quantités considérables de céphalopodes, la Grèce, la Corée, le Portugal et l'URSS n'ont pas encore fourni - du moins pour toutes les années - leurs statistiques de captures conformément à la ventilation (groupes d'espèces/divisions statistiques) adoptée par le COPACE. C'est pourquoi certaines suppositions ou estimations conjecturales ont dû être faites pour établir ces tableaux. Il y a sans doute aussi certaines erreurs d'identification. Par exemple, l'URSS n'a notifié que les prises d'encornets. Comme il y a tout lieu de croire que ce pays capture également certaines quantités de poulpes et de seiches, on peut se demander si ces quantités sont comprises dans les captures d'encornets déclarées ou ne sont pas signalées du tout.
Cependant, étant donné que des statistiques plus appropriées sont disponibles pour les deux principaux pays opérant dans la région (a savoir le Japon et l'Espagne), les tableaux des prises établis par le Groupe devraient donner une image assez bonne du rôle respectif des principales catégories d'espèces, des pays et des zones de pêche. C'est ainsi que l'on connaît actuellement, pour environ 80 pour cent des prises totales, l'origine de la production, ventilée par zones statistiques du COPACE.
Quant aux espèces, les poulpes représentent quelque 60-70 pour cent du total des captures, les encornets 20-25 pour cent et les seiches 10-20 pour cent (Tableau 3). En ce qui concerne les pays, c'est a l'Espagne qu'il faut attribuer en moyenne plus de la moitié du total des captures (52 pour cent) au cours des trois dernières années. Elles est suivie par la Corée (20 pour cent), le Japon (16 pour cent), l'URSS (5 pour cent) et l'Italie (4 pour cent).
Le Groupe a également essayé d'évaluer la contribution des principaux fonds de pêche délimités sur les cartes 1 à 3. Cet exercice a un caractère plus conjectural, car seul le Japon recueille des données par petits carrés statistiques (30'). Par chance, jusqu'en 1976, l'Espagne a limité ses opérations aux fonds les plus septentrionaux (cap Garnett-cap Barbas). C'est pourquoi on peut tirer des données existantes certaines indications acceptables. En admettant que les opérations de la Corée ont une répartition géographique analogue a celle du Japon, on obtient les pourcentages suivants (Tableau 4):
Principaux fonds de pèche |
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Contribution (pourcentage de la production totale de la
zone) |
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Cap Garnett-cap Barbas |
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~75% |
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Cap Blanc |
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> 20% |
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Nouakchott |
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1% |
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Cap-Vert (sud) |
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2% |
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Enfin, il conviendrait de noter que la production totale a sensiblement diminué ces dernières années, tombant d'environ 200 000 tonnes au cours de la période 1972-75 a 166 000 tonnes en 1977. Ce recul concerne les trois groupes d'espèces. Il est toutefois moins prononcé pour les encornets.
La Tableau 5 donne des renseignements sur la dimension des flottes durant ces dernières années. Récemment, le Japon a sensiblement réduit ses opérations; la plupart de ses grands navires ont actuellement abandonne la zone. Seuls les bateaux plus petits ont maintenu leur niveau d'activité (Annexe 3, Tableau 2). Nombre de ces derniers opèrent aujourd'hui en vertu de divers accords de pèche conclus avec les Etats côtiers. En outre, depuis 1976, la distribution géographique de l'effort s'est modifiée: de nombreux bateaux qui exploitaient auparavant le secteur cap Garnett-cap Barbas se sont déplacés au sud du cap Blanc.
L'Espagne a régulièrement accru son effort jusqu'en 1975, remplaçant progressivement le Japon en tant que premier producteur de la zone. Son effort a tendu à se stabiliser ces dernières années. Jusqu'en 1977, les bateaux espagnols n'opéraient qu'au nord du cap Blanc mais, depuis lors, ils se déplacent de plus en plus vers le sud.
On ne possède guère de renseignements détaillés sur les activités de la Corée, dont la production a elle aussi dépasse récemment celle du Japon. Sa flotte a augmenté régulièrement jusqu'en 1976 et s'est probablement stabilisée depuis (elle compterait une centaine de chalutiers). Cette évolution a dans une certaine mesure compensé le recul des opérations japonaises. Pour la Corée également, on signale un déplacement des fonds de pèche les plus septentrionaux vers ceux du sud.
On dispose de données sur les captures par unité d'effort (cpue) couvrant toute la période d'exploitation pour le Japon, le Portugal et l'Espagne. Les indices d'abondance relatifs au Japon (Annexe 3) sont ventilés par espèces: poulpes, seiches et encornets. Ils se rapportent tous à la division du Sahara, c'est-à-dire aux fonds de pèche cap Garnett-cap Barbas et cap Blanc, à une exception près: une série supplémentaire porte sur les seiches dans la division du Cap-Vert, en l'occurrence essentiellement sur le fond de Nouakchott.
Les cpue de l'Espagne correspondent aux activités de pèche dans la zone au nord du cap Blanc. Jusqu'en 1974, des données ont été recueillies en tonnes par heure de chalutage pour la partie de la flotte alimentant le bateau usine GALICIA. Après cette date, les données sont fournies en tonnes/jour de pèche pour les chalutiers de la même flotte. Après 1975, la qualité de ces données a baissé. Toutefois, depuis cette même année, les cpue sont recueillies pour l'autre partie de la flotte, c'està-dire les chalutiers congélateurs qui représentent environ 95 pour cent de toute la flotte espagnole. Ces trois séries de cpue ont été regroupées en une seule (Tableaux 6, 7, 8 et 9). D'une manière générale, les cpue du Japon et de l'Espagne concordent bien en ce sens qu'elles indiquent une diminution analogue de l'abondance des stocks avec le temps.
Les données du Portugal n'ont pas été utilisées car elles portent sur des bateaux péchant essentiellement le merlu, c'est-à-dire opérant dans l'ensemble à une plus grande profondeur. En réalité, le pourcentage de "mollusques" (les données fournies par le Portugal ne sont pas ventilées au-delà, mais on suppose que cette catégorie est essentiellement constituée de céphalopodes) n'a jamais représenté plus de 10 pour cent du total des prises du Portugal. En outre, ce pourcentage a diminue au cours des 15 dernières années, ce qui donne à penser que les espèces visées et la zone d'opérations se sont modifiées.
Bien que les cpue du Japon et de l'Espagne se rapportent dans une large mesure à des fonds de pêche spécifiques, il n'existe pas de statistiques distinctes des prises pour chaque aire de pêche et chaque groupe d'espèce qui couvriraient également toute la période d'exploitation. Seules les captures provenant du sud de Cap-Vert ont pu être identifiées. Elles ont été éliminées de ces évaluations car l'exploitation y est trop récente. Les évaluations ont été faites essentiellement pour chaque groupe d'espèce de céphalopodes correspondant à toute la zone au nord du Cap-Vert. Considérant la contribution respective des différents lieux de pèche à la production totale, il est évident que ces évaluations correspondent principalement aux stocks du cap Garnett-cap Barbas et du cap Blanc.
Comme le Japon a été longtemps presque seul à exploiter le parage de Nouakchott, on a tenté également une évaluation fondée uniquement sur les cpue et les prises de seiches effectuées par le Japon dans ce secteur.
Quant aux modèles de production, les séries des cpue du Japon et de l'Espagne ont été regroupées - en proportion des prises nationales respectives - chaque fois que l'on pouvait tirer les cpue des deux sources de données. En outre, afin d'évaluer le total des prises annuelles pour chaque groupe important d'espèce (poulpes, seiches, encornets), les quantités non réparties (quelques percentiles) ont été ventilées porportionnellement aux quantités notifiées par groupe d'espèce.
Les données finalement utilisées pour évaluer les stocks figurent aux Tableaux 6 à 9. Pour appliquer le modèle de production, les indices d'abondance et l'effort total des mêmes années ont été mis en corrélation pour les poulpes, les seiches et le total des céphalopodes. C'est uniquement pour les encornets (Figure 6), qui sont censés vivre plus longtemps, que la moyenne de l'effort de l'année en cours et celle de l'année précédente ont été utilisées. L'évolution des cpue par rapport à l'effort a été représentée par une équation semi-logarithmique, en utilisant une régression fonctionnelle pour adapter la courbe aux valeurs observées.
De manière générale, les corrélations sont bonnes pour les poulpes (Figure 4), les seiches (Figure 5) et l'ensemble des céphalopodes (Figure 7). Les valeurs observées sont plus dispersées pour les encornets (Figure 6), ce qui tient probablement à la distribution irrégulière des concentrations d'encornets et par conséquent au caractère sporadique de leur exploitation.
Il convient de noter que la distribution de l'effort eu égard aux diverses espèces évaluera probablement avec le temps et que ces variations pourront légèrement modifier la forme précise des diverses courbes de rendement. Il semble en effet qu'au cours des dernières années on ait accordé relativement plus d'attention aux encornets. Etant donné l'évolution de la structure de la pêche, le taux d'exploitation de cette espèce a augmenté pour cette catégorie d'espèce, et, aujourd'hui, les encornets semblent faire l'objet d'une exploitation aussi intensive que les poulpes et les seiches1. Cette modification des espèces visées se retrouve également dans la composition des captures espagnoles où la proportion des encornets a augmenté ces dernières années.
1 Le Groupe de travail du COPACE sur l'évaluation des ressources a conclu à sa troisième session (Rome, février 1976) que si, en 1974, les stocks de poulpes et de seiches avaient été surexploités, la production moyenne d'encornets pouvait encore augmenter légèrement grâce à une intensification de la pêche.L'évaluation des seiches dans le secteur de Nouakchott n'est que provisoire. Dans la mesure où d'autres pays peuvent avoir participé à l'exploitation de ce stock, les estimations relatives à son potentiel (5 000 tonnes) pourraient être légèrement trop faibles.
Ces calculs permettent de conclure que tous les stocks de céphalopodes stiués au nord du Cap-Vert ont été surexploités en 1977, dernière année pour laquelle on possède des données. Suivant le groupe d'espèce, les efforts déployés semblant avoir été de 30 à 95 pour cent plus élevés que ceux correspondant au rendement maximum moyen théorique (Tableau 10). Cette conclusion correspond à celle que le Groupe de travail du COPACE sur l'évaluation des ressources a émise à sa troisième session (Rome, février 1976). Elle est également conforme aux observations faites sur la mortalité naturelle et la mortalité totale des poulpes (Section 3.2). Avec la pleine exploitation apparente des encornets, la dernière possibilité d'expansion a disparu.
Il conviendrait de noter que les efforts exercés sur les divers groupes d'espèces (à l'exception des encornets) se sont en général stabilisés ces dernières années, probablement en raison d'une part de la diminution des taux de captures qui sont tombés I des niveaux non rentables et, d'autre part, des difficultés liées aux modifications du régime des océans, auxquelles se heurtent certaines flottes pour avoir accès à leurs fonds de pèche traditionnels. Le recul du rendement total observé depuis 1972-75 pour l'ensemble du secteur a donc probablement deux causes: une exploitation excessive des stocks, jointe ces dernières années a une réduction modérée de l'effort de pêche qui, toutefois selon la dernière colonne du Tableau 10 est encore insuffisante.
Faute de données appropriées, les stocks au sud du Cap-Vert n'on pas pu être évalués.