Les plans de soutien fournissent lappui essentiel nécessaire à la mise en uvre des plans dintervention contre la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) ou les autres maladies à caractère durgence.
Lexpérience a montré quune des contraintes majeures dans la réponse rapide lors dun foyer de maladie à caractère durgence est le délai dobtention des financements. Lengagement immédiat de fonds même modestes évitera très probablement des dépenses majeures par la suite. La planification financière est donc une composante essentielle de la préparation à lurgence.
Les plans financiers doivent être conçus pour prévoir loctroi immédiat de fonds dintervention afin de répondre aux alertes de maladies. Ils concernent les fonds nécessaires qui dépassent le cadre des coûts normaux des opérations des services vétérinaires du gouvernement. Toutes les branches du gouvernement, y compris les autorités de planification économique et le Trésor ou Département des finances devraient approuver les plans.
Les fonds pourraient couvrir le coût global de la campagne déradication. Le plus souvent, ils couvriront les phases initiales de la campagne, en attendant un bilan sur létat du foyer et du programme de lutte et sur les fonds nécessaires pour finaliser léradication.
Les conditions sous lesquelles les fonds pourraient être dégagés devraient être spécifiées à lavance. En général, ils sont mis à la disposition du chef des services vétérinaires (CVO) dès que:
la PPCB ou une autre maladie à caractère durgence a été diagnostiquée, ou que lon peut raisonnablement penser que la maladie est présente;
la lutte et léradication efficaces du foyer sont possibles; et
des plans agréés en vigueur sont prêts à être mis en uvre.
Les fonds peuvent être tenus pour fonds spéciaux qui sont mis sous séquestre à cette fin, ou pour droits de tirage jusquà un montant réaliste et prédéterminé sur un compte spécifique du gouvernement.
Dans certains pays, il peut être souhaitable que les fonds destinés aux programmes durgence contre la PPCB et autres maladies agréées soient fournis à la fois par le gouvernement et le secteur privé. Cela serait concordé à la suite dune évaluation de la nature et de la proportion des avantages que les secteurs public et privé retireraient de lélimination de la maladie. Le cas échéant, on pourrait se mettre daccord sur un système de financement qui prévoit le paiement dun pourcentage fixe du coût total de la campagne par secteur ou selon lequel chaque secteur finance des composantes spécifiques de la campagne. Si le secteur privé doit contribuer, il faut déterminer qui du secteur privé en bénéficiera (et doit donc partager les frais). Cela peut être les industries de transformation et les négociants ainsi que les organisations déleveurs. Il faut aussi déterminer à lavance comment les fonds du secteur privé seront collectés. Cela peut se faire soit par des prélèvements sur lindustrie du bétail (à savoir sur les transactions de bétail ou labattage), ces fonds étant alors gardés sous forme de fonds de quarantaine, soit par une assurance à léchelle de lindustrie.
Les polices dassurance volontaires individuelles sont satisfaisantes pour sassurer contre les pertes consécutives à une maladie ou aux actions de lutte contre la maladie, mais elles sont inadéquates quand il sagit de collecter des fonds destinés à la campagne en elle-même.
Dans de nombreux cas, le financement de toute la campagne déradication dune maladie à caractère durgence dépasse les ressources du pays. Si cest le cas, une planification devrait identifier les donateurs internationaux potentiels pour une telle campagne. Cela pourrait comprendre laide durgence de la FAO ou des organismes internationaux appropriés. Les procédures de demande de fonds et les conditions requises pour la préparation et la soumission dune demande devraient être déterminées à lavance.
Le plan de financement devrait aussi comprendre les fonds dindemnisation des propriétaires pour tout animal ou tout bien détruit dans le cadre de la campagne déradication de la maladie. Le paiement dindemnisations inadaptées est non seulement injuste mais aussi très contreproductif dans une campagne. Des indemnisations inadaptées favorisent le ressentiment et le manque de coopération et incitent également les éleveurs à dissimuler la présence de la maladie. Lindemnisation doit être basée sur la valeur de production réelle du marché au moment de labattage des animaux (en attribuant une valeur que lanimal aurait eu sil avait été en bonne santé). Le même principe devrait être appliqué aux produits dorigine animale et aux biens. Lestimation devrait être effectuée par un expert spécialiste indépendant. Si lestimation individuelle pose des problèmes, il est possible alors de recourir à des estimations générales par classe dâge. Lindemnisation des pertes induites et indirectes est souvent difficile à gérer et inadaptée. Si le remplacement du troupeau après une période adéquate est considéré comme une meilleure alternative que lindemnisation financière, il devrait se faire en accord avec les propriétaires de bovins, car certains pourraient être suffisamment découragés pour ne pas vouloir recommencer lélevage.
La première étape dans la préparation dun plan de ressources est de procéder à un inventaire des ressources. Cest la liste de toutes les ressources qui seront nécessaires pour réagir face à un foyer de PPCB, disons de taille modérée, ou à une autre maladie prioritaire à caractère durgence. Elle comprend le personnel, les équipements et les autres ressources physiques. Les listes suivantes de ressources nécessaires pour les différentes opérations sont indicatives et non exhaustives:
Centre national de lutte contre les maladies animales: des vétérinaires et des épidémiologistes experts dans la lutte contre les maladies, des responsables financiers et administratifs et du personnel supplémentaire pour lenregistrement et le traitement des données épidémiologiques et autres informations; des cartes (1/50 000 et 1/10 000); des ordinateurs; du matériel pour communiquer avec les sièges locaux (par exemple téléphone, télécopie, courrier électronique, si disponibles);
Centres locaux de lutte contre les maladies animales: des vétérinaires et des épidémiologistes experts dans la lutte contre les maladies, des responsables de lappui technique et des responsables administratifs; des bureaux appropriés; du matériel de bureau; un compartiment froid pour les vaccins; des cartes; un téléphone et si possible un appareil de télécopie; et des guides types pour les différentes opérations de lutte contre les maladies. Dans certaines circonstances, la disponibilité de matériel plus sophistiqué, tel que des ordinateurs dotés du service de courrier électronique, peut se révéler fonctionnelle. Une liste du personnel disponible devrait être établie afin de faciliter les contacts;
Laboratoires de diagnostic: du personnel de laboratoire formé; du matériel de laboratoire standard ainsi que tout le matériel spécialisé concernant les maladies clés à caractère durgence; des installations permettant lisolement et lidentification de lagent causal; et des réactifs de diagnostic pour la détection des antigènes et des anticorps;
Surveillance: des vétérinaires et du personnel vétérinaire auxiliaire dappui; des moyens de transports; des cartes; du matériel de communication; des prospectus ou des affiches sur la ou les maladie(s); du matériel pour collecter et transporter les prélèvements en vue du diagnostic, y compris le sang; et du matériel pour la contention des animaux;
Abattage: un vétérinaire superviseur, du personnel et des transports; des tueurs, des munitions ou autres moyens agréés de mise à mort; des combinaisons protectrices; du matériel pour la contention des animaux; du savon et du désinfectant;
Quarantaine et contrôles des mouvements du bétail: des équipes de mise en application et des moyens de transport; des barrages routiers (le cas échéant); des pancartes et des affiches. Les modalités de demande daide aux agents de la sécurité doivent être claires;
Vaccination: des vétérinaires et du personnel formé; du matériel de vaccination; des moyens de transport; des compartiments de stockage froids pour les vaccins; du matériel pour la contention des bovins; et des pinces pour les oreilles. Des séances dinstruction et de compte rendu.
Ensuite, on prépare une liste des ressources existantes, y compris leur description, leur quantité et leur localisation. Dans le cas dun personnel spécialisé, un registre sur le personnel, ses qualifications, ses compétences et son expérience en matière de PPCB devrait être maintenu. Ces listes de ressources et ces registres doivent être conservés auprès du Centre national de lutte contre les maladies et, les cas échéant, auprès des Bureaux régionaux.
La comparaison entre les listes dinventaire des ressources nécessaires et les listes des ressources disponibles mettra inévitablement en évidence de nombreuses lacunes. Le plan des ressources doit identifier comment pallier ces lacunes en cas durgence.
Il existe différentes façons dobtenir les ressources supplémentaires nécessaires:
une liste des lieux où lon peut acheter, louer ou emprunter le matériel essentiel et les réserves;
dans certains cas, pour les articles difficiles à obtenir, il peut être souhaitable de conserver une réserve centrale. De même, les articles dont la préparation nécessite un certain temps (comme les guides types) peuvent aussi être conservés;
des accords devraient être établis pour le détachement du personnel et des réserves de matériel dautres agences du gouvernement, par exemple du matériel de transport et de communication provenant des forces armées; et
des accords devraient être établis par le biais des associations de vétérinaires pour lemploi temporaire ou le détachement de vétérinaires praticiens en cas durgence.
Lapprovisionnement en réactifs de diagnostic présente des problèmes particuliers car leur production au niveau international est limitée. Il faudrait consulter un laboratoire international de référence pour la PPCB afin de savoir où se procurer des réactifs de diagnostic fiables.
Il faut noter que, pour maintenir une capacité de diagnostic convenable, les laboratoires devraient réaliser couramment les tests de base sur des prélèvements au statut connu et non connu afin de garantir leur compétence, et ils devraient également envoyer des prélèvements tests à des laboratoires de référence de temps en temps pour vérifier par recoupement des résultats même négatifs.
Le plan des ressources et les listes dinventaire y afférentes devraient être mis à jour régulièrement.
Les lois parlementaires ou les décrets du gouvernement qui fournissent le cadre législatif et le pouvoir dentreprendre toutes les actions nécessaires pour la lutte contre la maladie doivent être mis en place à lavance, dans la planification dintervention. Cela pourrait comprendre la législation pour:
rendre obligatoire la notification de la PPCB et dautres maladies animales déclarées;
permettre lentrée de responsables (ou dautres personnes désignées) sur une ferme ou une entreprise délevage pour la surveillance des maladies (y compris la récolte des prélèvements pour le diagnostic) et pour effectuer toute autre mesure agrée de lutte contre les maladies;
autoriser la déclaration (la publication officielle) des zones infectées et des zones de contrôle de la maladie;
autoriser la mise en quarantaine des fermes et autres entreprises délevage;
autoriser tout interdit sur le mouvement du bétail, les produits dorigine animale ou autre matériel potentiellement contaminé, ou lémission de laissez-passer pour déplacer ces animaux uniquement sous certaines conditions sanitaires;
autoriser la destruction doffice et lenlèvement sans risque des animaux infectés ou potentiellement infectés, sous réserve dune indemnisation équitable;
autoriser toute autre mesure nécessaire de lutte contre la maladie;
assurer le paiement de lindemnisation aux propriétaires dont le bétail et les biens ont été détruits dans le cadre des programmes de lutte contre la maladie et définir des critères pour une telle indemnisation;
permettre que les codes de bonne pratique soient mandatés pour les entreprises et les activités à risque (comme les marchés au bétail et les abattoirs) et autoriser toute autre mesures nécessaire de lutte contre la maladie;
autoriser la vaccination obligatoire des animaux; et
autoriser lidentification obligatoire des animaux, le cas échéant.
Pour les pays régis par un système gouvernemental fédéral, il devrait exister une harmonisation et une uniformisation de la législation concernant les maladies animales à caractère durgence à travers tout le pays. Le même principe devrait être appliqué entre les pays dans des régions dépourvues de restriction sur la circulation du bétail et des produits dorigine animale en raison daccords de libre-échange, comme lUnion européenne (UE), les pays du Marché commun austral (MERCOSUR) en Amérique du Sud, et les pays de la Communauté économique des Etats de lAfrique de lOuest (CEDEAO) et de la Communauté du développement de lAfrique australe (SADC).