La mer Noire possède 247 espèces et sous-espèces de poissons: 115 espèces marines, 98 espèces d'eau douce et 34 espèces d'eau saumâtre. Quelques-unes seulement ont un intérêt économique - la Bulgarie, par exemple, n'en a que 14. Bien que peu nombreuses, ces quelques espèces existent en abondance. Dans la couche superficielle, il y a six fois plus de poisson à l'hectare que partout ailleurs, même si le poisson ne descend pas au-dessous de 200 pieds en raison de la présence de H2S.
Pratiquement tous les poissons économiquement intéressants appartiennent à des espèces pélagiques migratoires et saisonnières. La plupart sont de petits poissons tels que les anchois, sprats et chinchards, qui ne sont pas très appréciés des consommateurs, c'est pourquoi de grandes quantités sont transformées en farine de poisson. Les gros poissons, plus prisés, sont très demandés mais l'offre est limitée car une pêche intensive, l'industrialisation et l'urbanisation ont entraîné un déclin des pêcheries des espèces les plus appréciées. La bonite à dos rayé (Sarda sarda), le maquereau de l'Atlantique (Scomber scombrus) et le tassergal (Pomatus saltator) autrefois abondants, ne constituent plus un élément important de la pêcherie. Par exemple, les captures de bonites dans la mer Noire n'ont été que de 21 t en 1978, alors qu'elles étaient de 60 t il y a quelques années.
Les rendements en poissons démerseaux ont toujours été faibles car les eaux profondes contiennent du H2S, mais même ceux-ci, en particulier le turbot (Psetta maeotica), ont diminué ces dernières années.
La mer Noire n'offre que des perspectives limitées d'augmentation des captures destinées à la consommation humaine. Certes, on a estimé qu'on pourrait peut-être prendre jusqu'à 50 pour cent de plus par rapport aux captures de 1970, mais cet accroissement concernerait les petits poissons et non les espèces plus intéressantes.
Production halieutique de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Turquie et de l'U.R.S.S. en mer Noire au cours de la période 1973–77 (en milliers de tonnes)
| Pays | 1973 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 |
| Bulgarie | 5.2 | 7.5 | 8.6 | 9.9 | 10.2 |
| Roumanie | 6.3 | 5.6 | 6.3 | 7.7 | 6.1 |
| Turquie | 152.9 | 243.5 | 184.8 | 138.2 | 138.2 |
| U.R.S.S. | 285.9 | 371.5 | 349.8 | 369.3 | 244.1 |
| Total | 450.3 | 628.1 | 549.5 | 525.1 | 398.6 |
Jusqu'à la création de sa flottille océanique d'outre-mer en 1965, la Bulgarie tirait la totalité de sa production halieutique de ses activités de pêche en mer Noire et ne dépassait pas le seuil des 5 000 tonnes (4 500 t en 1964). Depuis, avec l'expansion rapide de sa flottille océanique, elle a notablement augmenté sa production et, dès 1976, les captures obtenues en eaux lointaines représentaient environ 150 000 t. Au cours de ces onze années, les quantités débarquées par la flottille de la mer Noire ont presque doublé (9 940 t en 1976) et la production d'espèces d'eau douce a atteint le chiffre de 7 000 t. Toutefois, suite à l'extension de la juridiction exercée sur les pêcheries dans de nombreuses parties du globe, la production océanique a considerablement diminué; en 1978, elle était tombée à 100 000 t. Le déficit ainsi créé a été partiellement comblé par une augmentation des quantités débarquées par la flottille de la mer Noire (2 000 t) et par des augmentations de la production d'eau douce (3 000 t).
Les plans de l'Etat avaient pour objectif de faire passer la consommation de poisson à 10 kg par habitant au début des années quatre-vingt. Les difficultés rencontrées par la flottille océanique rendent maintenant cet objectif difficile à atteindre par une augmentation de la pêche. C'est pourquoi on cherche surtout à fournir au marché intérieur de meilleurs produits, c'est-à-dire des espèces mieux acceptées ou des produits mieux traités.
En 1978, la production totale de poisson de la Bulgarie a été d'environ 122 000 t (dont 100 000 t en eaux lointaines, 12 000 t provenant des pêcheries de la mer Noire, et 10 000 t provenant des ressources d'eau douce), contre 167 000 t en 1976 et 138 000 t en 1977.
Une analyse des captures réalisées dans la mer Noire en 1977 montre que 87 pour cent environ (8 750 t) ont consisté en sprats (Sprattus sprattus), moins de 10 pour cent (790 t) en chinchards (Trachurus spp.), le reste consistant en petites quantités d'anchois (Engraulis encrasicholus), turbots, esturgeons (Acipenser spp. et Huso huso), bonites à dos raye, etc. Sur les 12 000 t tirées de la mer Noire en 1978, 8 000 t environ étaient destinées à la consommation humaine (3 000 t sous forme de produits en conserve - sprats essentiellement), et 4 000 t à la fabrication de farine de poisson (aliments pour animaux).
Concernant la production des eaux douces, les principales espèces sont la carpe commune (80 pour cent) suivie par diverses espèces de cyprinidés, provenant essentiellement du Danube, la truite et l'esturgeon. De petites quantités d'écrevisses (Astacus leptodactylus) sont prises également en diverses localités; en 1978, 200 000 pièces environ ont été prises dans le lac de Madra, près de Burgas.
Dans le passé, entre 1959 et 1973, des quantités considérables de moules ont été extraites de gisements naturels, mais la production a progressivement diminué en raison surtout de la présence, sur la chair, de substances semblables à la perle. La pêche à la moule (Mytilus galloprovincialis) est devenue pratiquement insignifiante ces dernières années.
On manque de données statistiques précises sur la production résultant de pratiques aquicoles mais, d'après les renseignements obtenus, plus de 80 pour cent de la production d'eau douce proviennent de l'élevage de la carpe commune (Cyprinus carpio) et, dans une moindre mesure, de la truite arc-en-ciel (Salmo gairdneri) (300 à 400 t en 1978).
Depuis quelques années, la Bulgarie importe certains produits halieutiques (poisson frais ou surgelé, séché, salé ou fumé; poisson en conserve, huiles et matières grasses, et farines de poisson), mais le principal produit d'importation est la farine de poisson et produits analogues d'origine animale aquatique pour l'alimentation du bétail. Au cours de la période quinquennale 1974–78, elle a importé les produits halieutiques ci-après (en tonnes):
| 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 | |
| Poisson frais, congelé ou surgelé | 8 800 | 500 | 2 600 | 2 001 | 4 650 |
| Poisson séché, salé ou fumé | 400 | 300 | 300 | 309 | - |
| Produits à base de poisson et préparations en récipients | 400 | 400 | 500 | 576 | 469 |
| Huiles et matières grasses d'origine animale aquatique | 100 | 200 | - | 50 | 30 |
| Farines et produits pour l'alimentation animale | - | - | 10 000 | 17 774 | 24 412 |
| Total | 9 700 | 1 400 | 13 400 | 20 710 | 29 561 |
Il est intéressant de noter qu'avant 1973 elle importait aussi de grandes quantités de farine de poisson (28 800 t en 1971 et 21 000 t en 1972).
Suite à l'expansion de sa flottille océanique, la Bulgarie a eu la possibilité d'exporter des quantités considérables de produits halieutiques, en particulier de poisson congelé ou surgelé et de gagner ainsi les devises étrangères nécessaires pour financer diverses importations. Il est intéressant de noter que la valeur du poisson exporté congelé ou surgelé s'est élevée à U.S.$ 7,7 millions en 1977, et que la farine de poisson importée durant la même année a coûté U.S.$ 7,0 millions.
Au cours de la période quinquennale 1974–78, la Bulgarie a exporté les produits halieutiques ci-après (en tonnes):
| 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 | |
| Poisson frais, congelé ou surgelé | 36 700 | 27 300 | 42 400 | 45 681 | 52 339 |
| Poisson séché, salé ou fumé | - | - | 200 | - | - |
| Produits à base de poisson et préparations en récipients | 3 800 | 3 600 | 6 800 | 3 700 | 4 279 |
| Farines et produits pour l'alimentation animale | - | - | - | - | - |
| 40 500 | 30 900 | 49 400 | 49 381 | 56 618 |
Les prix des produits halieutiques, comme ceux des autres articles produits localement ou importés, sont contrôlés par l'Etat. La truite se vend à 3 Leva/kg1, les muges de 1,40 à 1,60 Leva/kg; le prix le plus élevé allant au Mugil cephalus. Le muge a deux prix: un pour les marchés contrôlés par l'Etat et un autre, non contrôlé, pour la vente aux touristes. Le prix des moules varie selon leur origine: 0,28 Leva/kg pour des moules (en coquilles) provenant de gisements naturels et 0,45 Leva/kg pour les moules d'élevage. Le prix des moules en conserve vendues en boîtes de différentes tailles est assez élevé, 12 Leva/kg. Au plus bas du barème des prix, on trouve les sprats qui se vendent à 0,18 Leva/kg.
Bien que la commercialisation sur le marché local des captures provenant des eaux lointaines ou de la mer Noire ne présente pas de difficulté majeure, le consommateur accepte difficilement certaines espèces ou tailles de poisson. Il est, par exemple, assez réticent à l'égard du krill débarqué par la flottille océanique et des sprats de petite taille provenant de la mer Noire. Le calamar aussi n'est pas très bien accepté et la majeure partie des captures sont donc exportées vers l'Italie ou vers d'autres marchés étrangers. Il n'y a pas de marché pour l'anguille en Bulgarie. Il n'est pas rare d'observer une certaine réticence des consommateurs à l'égard de poissons généralement prisés; la truite, par exemple, est vendue au même prix que le porc.
Les circuits commerciaux pourraient facilement absorber 5 à 6 000 t de poisson de mer en plus des quantités actuelles et le transport du poisson vivant ou sous glace ne pose pas de problème. Cependant, les ressources en poisson de la mer Noire étant limitées, un important accroissement des pêcheries de capture devrait nécessairement être d'origine océanique et par conséquent être débarqué sous forme de produits surgelés.
En ce qui concerne les coquillages, les moules sont en général très bien acceptées par le consommateur, en particulier sous firme traitée. En raison des conditions d'hygiène imposées par les autorités sanitaires de l'Etat, la consommation des moules fraîches a été suspendue et celles-ci ne peuvent être vendues que transformées (en boîtes ou flacons stérilisés).
La taille commerciale des moules a été fixée à 5 cm, mais les services de commercialisation ont suggéré de la ramener à 4 cm car l'indice de condition des moules cultivées est supérieur à celui des moules provenant de gisements naturels. Une moule cultivée de 4 cm est beaucoup plus charnue qu'une moule sauvage de 5 cm.
La croissance démographique est faible (le taux de croissance annuel a été de 0,5 pour cent pour la période 1970–76), mais on a observé une augmentation progressive de la consommation de poisson. La consommation par habitant de poisson et de produits de la pêche était de 2,52 kg en 1960, elle a été de 6,8 kg en 1976, avec une part constante de 1,1 kg, provenant de la mer Noire.
L'industrie roumaine de la pêche s'est régulièrement développée depuis une dizaine d'années. Le nombre de navires de haute mer a augmenté et l'aire des opérations s'est étendue. A la fin de 1978, la flottille de pêche roumaine comprenait 37 chalutiers congélateurs et cinq navires entrepôts qui opéraient uniquement dans l'Atlantique. La Roumanie envisageait d'augmenter encore sa flottille, mais l'évolution récente des réglementations internationales concernant l'accès des bateaux de pêche étrangers aux plateaux continentaux nationaux ne favorise pas la flottille roumaine. La production n'a, pour le moment, pas beaucoup diminué. Toutefois, des problèmes ont surgi qui influent sur le coût des opérations: par exemple, le coût des licences de pêche est passé de U.S.$ 30–40/t à U.S.$ 300–400/t. Ce facteur, joint aux fortes hausses qui ont frappé récemment le carburant, a porté le coût d'opérations de la flottille océanique à un niveau si élevé que les plans d'expansion ont dû être abandonnés. Les plans de développement actuels visent à augmenter la production de poisson tirée des ressources intérieures. Des études scientifiques sont en cours dans la mer Noire pour étendre la zone de pêche sur toute la longueur du plateau roumain. Il est envisagé aussi d'intensifier l'exploitation des eaux intérieures et l'aquaculture.
La production totale de poisson en 1978 a été d'environ 137 000 t. Sur cette quantité, 91 000 t ont été consacrées à la consommation humaine directe et 47 000 t à l'alimentation animale et à d'autres usages. La production de la flottille océanique a été de 84 641 t.
Le rendement de la mer Noire est relativement faible, environ 7 000 t en 1978. La pêche se pratique avec de petits bateaux et des pièfs dans les eaux proches du rivage. La majeure partie des captures, qui consistent en petits poissons tels que sprats et anchois, est destinée à la consommation humaine directe sous forme d'aliments soit surgelés, soit de conserve. Le tableau ci-après fournit des détails sur les captures provenant de la mer Noire.
Captures de poisson faites par la Roumanie dans la mer Noire
entre 1973 et 1978 (en tonnes)
| Espèces | 1973 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 |
| Esturgeon | 200 | 142 | 120 | 109 | 104 | 65 |
| Alose de la mer Noire (Caspialosa pontica) | 700 | 878 | 2 158 | 534 | 801 | 384 |
| Alose (Alosa spp.) | 200 | 219 | 540 | 451 | 79 | 6 |
| Poissons plats | 100 | 29 | 16 | 36 | 26 | 11 |
| Merlan de la mer Noire | 300 | 1 305 | 346 | 541 | 1 495 | 1 345 |
| Rouget barbet (Mullus barbatus) | - | 35 | 146 | 14 | - | - |
| Gobie (Gobius spp.) | 100 | 44 | 169 | 11 | 17 | 19 |
| Orphie (Belone belone) | - | - | 5 | 1 | - | - |
| Muge | - | 1 | 1 | 5 | 2 | 2 |
| Tassergal | - | - | 1 | 6 | 6 | 2 |
| Chinchard | 600 | 608 | 1 003 | 1 514 | 404 | 729 |
| Sprat | 2 200 | 1 245 | 731 | 1 610 | 1 463 | 1 481 |
| Anchois | 1 400 | 855 | 592 | 2 749 | 1 646 | 2 746 |
| Bonite | - | - | - | 2 | - | - |
| Maquereau | - | - | - | - | - | - |
| Divers | 500 | 209 | 488 | 163 | 99 | 324 |
| Total | 6 300 | 5 570 | 6 316 | 7 746 | 6 142 | 7 114 |
Les eaux douces et saumâtres ont un rendement d'environ 50 000 t par an. La principale source de production est le Danube et son delta. Le delta du Danube a de tout temps assuré environ 50 pour cent du poisson provenant des eaux intérieures. Les principales espèces pêchées sont l'alose de la mer Noire (Caspialosa pontica), l'esturgeon, la carpe commune, le poisson-chat européen (Siluris glanis), la sandre (Stitzostedion lucioperca), la perche (Perca fluviatilis) et la brème d'eau douce (Abramis brama). La production d'esturgeons a cependant très fortement diminué. En 1930, elle était d'environ 1 000 t; en 1970, elle n'était plus que de 250 t et en 1978 de 67 t seulement.
Le tableau ci-dessous récapitule les captures annuelles de poisson au cours de la période 1976–78:
Captures de poisson de la Roumanie
(en milliers de tonnes)
| Année | Eaux intérieures | mer Noire | Atlantique | Total |
| 1976 | 50.3 | 7.7 | 50.1 | 108.1 |
| 1977 | 54.9 | 6.1 | 89.7 | 150.7 |
| 1978 | 45.9 | 7.1 | 84.6 | 137.6 |
La production aquicole est faible dans les eaux saûmatres et nulle dans les eaux marines. Dans le premier cas, elle correspond essentiellement à l'exploitation d'étangs de piégeage dans le delta du Danube.
L'aquaculture en eau douce a un long passé en Roumanie, où la carpe commune a été cultivée de tout temps dans les zones de collines ainsi que dans les plaines de Transylvanie et de Moldavie. On ne dispose pas d'estimations de la production de carpes. La production annuelle de truites arc-en-ciel est de 250–300 tonnes, dont une bonne partie sert à empoissonner les eaux naturelles pour la pêche sportive, très pratiquée en Roumanie, où plus de 100 000 permis sont vendus chaque année.
En 1978, la Roumanie a importé 32 800 t de poisson pour la consommation humaine directe et 205 000 t destinées à l'alimentation animale et à d'autres utilisations.
La Roumanie exporte de petites quantités de poisson ayant une haute valeur commerciale. En 1978, les exportations ont totalisé 10 300 tonnes.
Les prix sont fixés par l'Etat. Les détaillants majorent de 10 pour cent les prix payés au producteur; la marge des restaurants peut atteindre 40 pour cent.
Voici les prix payés aux producteurs pour quelques-unes des espèces intéressantes pour l'aquaculture:
| Lei/kg1 | |
| Carpe, fraîche | 9,50 |
| Carpe, livrée vivante au consommateur | 13,50 |
| Sandre | 14,00 |
| Brème d'eau douce | 8,00 |
| Brochet | 8,00 |
| Truite arc-en-ciel | 25,00 |
| Muge cabot | 10,00 |
| Esturgeon, chair | 40,00 à 50,00 |
| Esturgeon, caviar | 3 000 |
Le roumain aime le poisson et la consommation augmente. Il y a 10 ans, elle était de moins de 2 kg per habitant. En 1978, elle était passée à 5,2 kg.
La demande dépasse maintenant l'offre, en particulier pour les espèces appréciées.
La Turquie n'a pas de flottille océanique, mais sa flottille de pêche de la mer Noire s'est développée ces dernières années. L'anchois, qui est à l'heure actuelle la plus importante espèce pélagique, est péché à la senne coulissante, tandis que le chinchard est capturé soit à la senne coulissante, soit au chalut. Actuellement, les chalutiers s'interessent surtout au merlan de la mer Noire (Merlangius merlangus euxinus), à l'aiguillat (Squalus acanthias), à la raie bouclée (Raja clavata), au turbot et au chinchard. Les poissons pélagiques appartiennent à des espèces migratoires, d'où des disponibilités variables suivant les saisons.
De précédentes missions ont permis de constater que le potentiel de développement des espèces démersales est limité en raison de l'étroitesse du plateau qui longe la côte turque et de l'absence de poissons au-delà dudit plateau.
On a estimé que le rendement soutenu maximum de l'anchois et du chinchard dans la mer Noire est de 360 000 tonnes. Or, les quantités actuellement débarquées ne sont que de 15 000 t, ce qui indique qu'il existe un potentiel d'expansion de ces pêcheries.
Les statistiques publiées dont on dispose pour la période 1964–71 et les chiffres provisoires fournis pour l'année 1978 montrent une augmentation de la production de poisson au cours de cette période. En 1978, elle a totalisé 219 000 t, soit 61,8 pour cent de plus qu'en 1968.
Production intérieure de poisson de la Turquie en 1978
(par zones)
| Quantités (tonnes) | Pourcentage du total | ||
| Mer Egée | 13 000 | 5,9 | |
| Mer Méditerranée | 10 000 | 4,6 | |
| Mer Noire | |||
| est | 134 300 | 61,3 | |
| ouest | 40 000 | 18,3 | |
| 197 300 | |||
| Rivières/lacs intérieurs | 21 800 | 9,9 | |
| Total | 219 100 | 100,0 | |
Le poisson de mer représente l'essentiel de la production globale. En 1978, la contribution de ce secteur a été de 192 900 t, soit 88 pour cent du total. Les captures de poisson d'eau douce ont représenté 21 800 t, soit 10 pour cent du total de l'année en question, les invertébrés marins ne fournissant que 1 400 t, soit 0,6 pour cent. En 1978, 1 400 t de dauphins ont été prises, ce qui équivaudrait à 50 pour cent de la production totale d'“invertébrés”, si on les range dans ce groupe.
La mer Noire, et en particulier sa région orientale, constitue la principale zone de pêche. En 1978, elle a assuré 79,6 pour cent de la production globale, la contribution de la région orientale s'élevant à 61,3 pour cent du total national.
L'anchois, le chinchard et le merlan de la mer Noire sont les principaux poissons de mer à l'heure actuelle et leur contribution a représenté 87,7 pour cent de la production globale de 1978. Sur les 190 800 t prises dans toute la Turquie, 170 800 t (89 pour cent) ont été capturées dans la mer Noire et 134 000 t (70 pour cent) dans sa région orientale.
Les quantités d'anchois et de chinchards débarquées ont augmenté notablement ces dernières années. En 1968, la production d'anchois avait été de 34 000 t; en 1978, elle était passée à 115 000 tonnes. Pendant la même période, la production de chinchards est passée de 16 771 à 55 400 tonnes. Le merlan a apporté 20 400 t à la production intérieure en 1978; en 1968, il était compris dans les “autres espèces”, ce qui signifie que sa production a nettement augmenté au cours de la période considérée.
On ne dispose pas des chiffres relatifs à la production de farine de poisson mais ils serait paraît-il inférieurs à la capacité. Il existe maintenant neuf usines ayant une capacité journalière combinée de 1 630 tonnes. La Turquie possède aussi un navire-usine (farine de poisson) (APILA) d'une capacité journalière de 150 t, ce qui donne une capacité journalière globale de 1 780 tonnes.
Production intérieure de poisson en provenance de la mer Noire en 1978
(par espèces)
| Est | Ouest | Total | |
| Anchois | 85 000 | 25 000 | 110 000 |
| Chinchard | 25 400 | 15 000 | 40 400 |
| Merlan | 20 400 | - | 20 400 |
| Bonite à dos rayé | 300 | - | 300 |
| Rouget barbet | 1 000 | - | 1 000 |
| Autres poissons | 800 | - | 800 |
| Dauphins | 1 400 | - | 1 400 |
| Total | 134 300 | 40 000 | 174 000 |
La production totale de poissons d'eau douce à été de 20 400 t en 1978, soit 68 pour cent de plus qu'en 1968 (13 985 t). On ne connaît pas la ventilation par espèces pour 1978, mais la carpe commune a toujours été le poisson d'eau douce le plus important, avec des captures allant de 2 561 t en 1965 à 4 786 t en 1969. La proportion de poissons classés sous la rubrique “autres poissons” est importante et représente, certaines années, jusqu'à 50 pour cent de la production totale. L'écrevisse d'eau douce (Astacus leptodactylus) y est probablement comprise car jusqu'à 4 000 t seraient capturées chaque année pour l'exportation.
Les espèces qui pourraient être envisagées pour l'aquaculture sont les suivantes: (1) esturgeon, (2) muge cabot, (3) turbot, (4) truite et (5) moules.
Esturgeon (Acipenser gueldenstaedti colchicus, A. stellatus, Huso huso)
Les captures de ces espèces ne sont pas enregistrées séparément, mais on a constaté une diminution des disponibilités depuis quelques années. En 1969, la production aurait été de 291 t, alors qu'en 1978 elle n'a pas atteint 10 tonnes. Cette baisse a été attribuée à la surpêche, à la pollution et à l'interdiction de la pêche imposée par le gouvernement. Malgré cette interdiction, il paraît que la pêche se poursuit, mais on ignore le niveau des captures.
Muges (Mugil cephalus, M. auratus)
Autrefois, ces espèces assuraient une production de 3 000 à 7 000 t par an. En 1978 cependant, elles ont été classées parmi les “autres poissons” (800 t), ce qui indique une chute considérable des captures.
Turbot (Psetta maeotica)
En 1978, cette espèce a été incluse dans la rubrique “autres espèces” totalisant 800 t, ce qui indique une importante diminution des disponibilités ces dernières années. Pendant la période 1964/71, on avait enregistré des quantités de 1 566 à 4 646 t débarquées chaque année. D'aucune ont suggéré que les stocks ont baissé dans l'ouest de la mer Noire en raison d'une prolifération de plancton dans les eaux littorales au moment où s'y trouvent les alevins.
Truite de mer (Salmo trutta labrax)
On trouve dans la mer Noire, à l'est de Trébizonde, une truite de mer. On ne dispose pas d'enregistrements des captures et l'identité même de cette espèce n'est pas sûre. Ces dernières années, une réglementation, qui vise à conserve les stocks, limite les captures.
Moules (Mytilus galloprovincialis)
Entre 1964 et 1971, les quantités débarquées allaient de 14 à 706 t par an. On ne dispose pas des chiffres relatifs à la production de 1978, mais il est probable qu'elle a été inférieure à 1 000 t, car la production globale d'invertébrés marins n'a été cette année là que de 1 400 tonnes.
La Turquie ne produit ni poissons ni coquillages par aquaculture en mer ou en eaux saumâtres. Il existe un élevage de truite d'eau douce dans le lac de Marmara, dans la région égéenne. Il a une capacité de 200 t et a produit en 1974, 150 t, dont 120 de truite arc-en-ciel.
Moins de 2 pour cent de la production totale de poisson ont été exportés en 1978. Les produits, quantités et valeurs sont indiqués ci-dessous. La Turquie exporte chaque année jusqu'à 4 000 t d'écrevisses d'eau douce. Celles-ci sont classées dans la rubrique “coquillages de mer et d'eau douce”, groupe qui a représenté 87 pour cent des exportations totales en 1978.
Dix sociétés exportent des écrevisses vivantes vers la France; et quatre les exportent cuites et surgelées à destination principalement de la France et de la Suède.
Les exportations totales de poisson ont diminuè ces dernières années. En 1973, elles atteignaient 11 000 t, en 1978, elles n'ont été que de 3 541 tonnes. Il semblerait que cela tienne essentiellement à une diminution des captures de bonites, qui était autrefois un important produit d'exportation; en 1978, pas une seule bonite n'a été exportée.
Exportations de poisson de la Turquie en 1978
| Pourcentage du total | Quantité (tonnes) | Valeur (L.T.)1 | ||
| Poisson (frais, réfrigéré, surgelé) | ||||
| Eau douce | (2.5) | 87.5 | 6 156 172 | |
| Eau de mer | (8.8) | 312.0 | 21 013 929 | |
| Poisson (salé, séché-saumuré, fumé) | ||||
| Eau douce | (0.7) | 27.2 | 2 203 178 | |
| Eau de mer | - | - | - | |
| Coquillages | ||||
| (Totalité) | (87.4) | 3 095.0 | 305 139 458 | |
| 3 541.0 | 336 290 025 | |||
La mission s'est efforcée de noter dans la mesure du possible les prix payés tant aux pêcheurs que sur le marché; ils sont présentés ci-dessous:
| Espèces | Pêcheurs | Marché |
| (L.T./kg) | (L.T./kg) | |
| Ecrevisse | 50–70 | F.F. 14 f.o.b. |
| Chinchard | 15–20 | |
| Merlan | 10 | |
| Muge cabot | 50–60 | 100 |
| Rouget de roche | 40–50 | |
| Anchois | 2 ½ (pour farine de poisson) | |
| Anchois | 10 (pour consommation) | |
| Bonite | 70 | 400 |
| Esturgeon | 200 | |
| Caviar d'esturgeon | 10 000 | 4 000 (salé et trempé dans la cire d'abeille) |
| Truite de mer | 1 500–2 000 | 3 000 (fumée) |
| Moules | 0,25 la pièce (0,75 la chair) | 1 la pièce |
Quatre-vingt-dix-huit pour cent de la production de poisson sont vendus sur le marché intérieur, soit pour la consommation humaine, soit pour la fabrication de farine de poisson destinée à l'alimentation animale. Le poisson est consommé surtout dans les régions côtières et dans les grandes villes; sa consommation dans les zones intérieures serait très faible. Dans les grandes villes, il est livré chaque jour frais, dans la glace, encore que ces dernières années la surgélation ait été introduite dans certaines régions. Des quantités non précisées de poisson sont fumées ou salées.
La politique du gouvernement a consisté jusqu'à présent à utiliser la farine de poisson pour la production d'aliments pour le bétail plutôt qu'à l'exporter. Autrefois, les aliments pour la volaille fabriqués localement ne contenaient que 1,5 pour cent de farine de poisson, en raison de la pénurie de matière première. A l'heure actuelle, l'offre est suffisante, mais les fabricants d'aliments pour le bétail ne montrent guère d'empressement à accroître la teneur en farine de poisson, car cela augmenterait les coûts. A moins de développer l'industrie de la volaille ou d'encourager les exportations, il se produira vraisemblablement un excédent de farine de poisson dans le pays.
La consommation de poisson par habitant aurait été de 6 kg en 1978; elle était de 3,5 kg en 1970. On ne possède pas de chiffres pour la période intermédiaire. La consommation par habitant serait nettement plus élevée sur la côte (45 kg/an) que dans l'intérieur, où les quantités consommée sont négligeables. La consommation de poisson devrait croître à mesure que la population augmente et que de meilleurs réseaux de distribution permettent d'acheminer davantage de poisson vers l'intérieur.