DEUXIÈME PARTIE
QUESTIONS CLÉS ACTUELLES
DANS LE SECTEUR FORESTIER
Au niveau national comme à l'échelle internationale, on a vu croître la demande pour un large éventail d'informations concernant les forêts. L'obtention d'informations fiables sur la situation et sur l'évolution des ressources forestières contribue à donner aux décisionnaires la perspective nécessaire pour orienter les politiques et les programmes forestiers. En outre, ces informations sont utiles au suivi des progrès vers un aménagement durable des forêts, et à la définition du cadre des discussions et des accords internationaux portant sur des sujets vitaux comme le déboisement, la diversité biologique, la désertification, les changements climatiques à l'échelle mondiale, la production de bois et le développement durable.
Depuis 1947, la FAO conduit environ tous les dix ans une évaluation des ressources forestières à l'échelle mondiale. Dans le présent chapitre, nous résumons, outre la méthodologie employée, les principales observations concernant les étendues forestières et la gestion des forêts découlant de l'évaluation la plus récente et la plus complète effectuée par la FAO, à savoir l'Évaluation des ressources forestières mondiales 2000 (ERF 2000). Ce texte se rapporte également aux deux évaluations précédentes: l'ERF 1990, qui traitait du couvert forestier en 1990 et de l'évolution de ce couvert forestier entre 1980 et 1990 (FAO, 1995a, 1995b), et l'évaluation intérimaire de 1995, qui faisait le point du couvert forestier en 1995 ainsi que de l'évolution observée entre 1990 et 1995 (FAO, 1997d). On trouvera, à l'Annexe II, les données concernant les ressources forestières ventilées par pays contenues dans l'ERF 2000. Par ailleurs, le site Internet du Département des forêts de la FAO1 propose des profils détaillés par pays, y compris des données de référence, ainsi que les informations portant sur tous les paramètres traités dans l'évaluation. La publication du rapport intégral ERF 2000 est prévue pour la fin de 2001.
L'évaluation des ressources forestières mondiales 2000 a été entreprise par la FAO en coopération avec ses pays membres et de nombreux autres partenaires. La planification détaillée de l'ERF 2000 a commencé en 1996, année au cours de laquelle la FAO a réuni à Kotka, en Finlande, un comité composé de sommités mondiales de l'inventaire forestier. Au cours de cette consultation, les experts réunis ont dispensé des conseils techniques concernant l'étendue et la mise en uvre de l'ERF 2000, et un noyau de définitions portant sur le domaine forestier et devant être utilisées dans l'évaluation. En 1997, le Comité des forêts de la FAO, qui représente les pays membres au niveau décisionnel le plus élevé, et la quatrième session du Groupe intergouvernemental sur les forêts ont approuvé les résultats de la Consultation et entériné le rôle de chef de file joué par la FAO pour l'évaluation.
L'ERF 2000, qui s'est déroulée sur cinq ans, comprenait plusieurs volets: une évaluation des forêts basée sur les informations au niveau national; une étude par télédétection de l'évolution du couvert forestier au niveau pan-tropical; la cartographie du couvert forestier et des zones écologiques au niveau planétaire; enfin, l'établissement d'un système d'information sur les forêts. L'ERF 2000 fournissait ainsi des données de base utiles à une évaluation portant sur les superficies forestières en 2000, sur l'évolution des superficies forestières entre 1990 et 2000, sur le volume de bois et sur la biomasse. En outre, conformément aux recommandations formulées à Kotka, l'ERF 2000 incorporait un certain nombre d'autres paramètres visant à donner une image plus holistique des ressources forestières à l'échelle mondiale. Parmi les nouveaux sujets traités, signalons la situation des zones forestières protégées, les arbres hors forêt, les feux de forêts, les produits forestiers non ligneux, les exploitations de bois d'uvre et les informations concernant la gestion des forêts.
On a pris grand soin de faire en sorte que le processus de l'ERF soit à la fois participatif et transparent. C'est ainsi que les agences forestières nationales de presque tous les pays du monde, un nombre important de centres de recherche et d'instituts académiques, mais aussi plusieurs organisations non gouvernementales, internationales et régionales ont collaboré à la mise en uvre de l'ERF 2000. Avant de publier les données contenues dans l'ERF 2000, la FAO a officiellement invité les pays à examiner les résultats préliminaires de l'évaluation. Ainsi, les pays se sont vu offrir l'opportunité de proposer des commentaires et des données techniques dans le but d'améliorer les informations compilées par la FAO. Les informations de base et les analyses employées pour le calcul des ressources forestières ont été publiées sur le site Internet du Département des forêts de la FAO (www.fao.org/forestry/fo/country/index.jsp); de la sorte, il est possible de remonter à la source des données proposées sous forme de résultat.
L'ERF 2000 avait pour objet principal l'établissement d'une évaluation des ressources forestières sur la base des informations nationales. Le dépouillement de rapports, d'inventaires et d'autres informations en provenance des pays a permis de recueillir des données compilées à l'échelle nationale sur les ressources forestières. Les experts nationaux en foresterie ainsi que d'autres partenaires provenant du monde entier ont participé à cette initiative avec, en premier lieu, la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE/ONU) qui a coordonné l'évaluation des forêts tempérées et tropicales dans les pays industrialisés et dans les pays en transition: Australie, Communauté des États indépendants (CEI), Europe2, Japon, Nouvelle-Zélande et Amérique du Nord. La FAO, de son côté, a coordonné l'évaluation des pays en développement, sur les territoires desquels se trouve la quasi-totalité des forêts tropicales et subtropicales, ainsi que certaines forêts tempérées; la FAO s'est également chargée de l'intégration de toutes les informations sous forme de synthèse harmonisée constituant l'évaluation au niveau mondial.
Aux fins de la collecte de données portant sur les pays en développement, la FAO a demandé officiellement aux représentants nationaux de lui communiquer les rapports d'inventaires forestiers les plus récents; elle a en outre dépêché, dans les pays, des agents de son personnel et des consultants pour y tenir, notamment, des ateliers de travail avec les représentants concernés des pays visités. La FAO s'est principalement appuyée sur les statistiques provenant de sources primaires plutôt que sur des chiffres cités ou sur des sources secondaires. Dans les pays ne disposant pas d'un inventaire forestier national, il a été nécessaire de reconstituer, sous forme d'ensemble, des informations provenant de divers inventaires partiels, ou d'utiliser des sources secondaires ainsi que des rapports de reconnaissance. En revanche, la CEE/ONU a obtenu les informations concernant les pays industrialisés grâce à des questionnaires remplis par les correspondants nationaux, lesquels se sont basés principalement sur les données des inventaires forestiers nationaux. Toutes les informations communiquées à la FAO et à la CEE/ONU ont été vérifiées et validées sur une période de deux ans dans le cadre d'un dialogue intensif avec des correspondants nationaux.
Il a fallu surmonter quelques difficultés encore plus grandes afin de pouvoir assembler les informations à l'échellenationale avant de les intégrer sous forme de tableaux illustrant la situation des superficies forestières au niveau mondial en 2000 ainsi que l'évolution de ces superficies entre 1990 et 2000. En effet, après avoir accompli un gros effort pour réunir tous les inventaires pertinents et les informations connexes, la FAO et ses partenaires ont constaté que la base d'information était très restreinte pour de nombreux pays. À titre d'exemple, plus de la moitié des pays en voie de développement ne disposaient que d'un seul inventaire forestier, et plus d'un quart d'entre eux n'en avaient jamais effectué (voir tableau 1).
TABLEAU 1 Inventaires forestiers dans les pays en voie de développement | ||||||
Régions |
Nombre de pays/ zones |
Pays/zones sans inventaire forestier |
Pays/zones avec inventaire forestier partiel |
Pays/zones avec inventaire forestier national | ||
Répété1 |
Ponctuel2 | |||||
Après 1990 |
Avant 1990 | |||||
Afrique |
56 |
14 |
15 |
7 |
12 |
10 |
Proche-Orient |
13 |
11 |
0 |
2 |
0 |
0 |
Asie et Océanie |
22 |
2 |
2 |
3 |
13 |
3 |
Amérique latine |
21 |
1 |
4 |
15 |
16 |
11 |
Caraïbes |
24 |
13 |
0 |
4 |
6 |
10 |
Totaux |
136 |
39 |
21 |
32 |
47 |
34 |
1 Par inventaire répété, on entend une surveillance systématique ou des inventaires effectués à des intervalles fixes. |
La plupart des données nationales utilisées pour l'ERF 2000 couvraient une période d'environ dix ans et, dans quelques cas, plus d'une décennie. Étant donné que les pays qui maintiennent un inventaire actualisé de leurs ressources forestières accompagné de séries chronologiques correspondantes sont très peu nombreux, il devenait difficile de calculer de façon précise l'évolution des superficies forestières, tant au niveau national qu'au niveau mondial. L'estimation des données avant et après les années de référence, 2000 et 1990, fut un aspect difficile et critique de l'évaluation. En l'absence d'inventaires comparables effectués à plusieurs époques différentes, il a fallu extrapoler pour de nombreux pays une ligne de tendance en s'appuyant sur une variante de la méthode dite de "convergence des observations", en vertu de laquelle les résultats des observations effectuées dans les pays ont été complétés par d'autres sources telles que les statistiques provenant des inventaires, les informations à caractère économique et les études d'élaboration de politiques. Enfin, du fait de la très grande variété des types de végétation forestière et des terminologies employées d'un pays à l'autre, la difficulté d'agrégation des données nationales sous forme d'estimations harmonisées à l'échelle mondiale s'est trouvée considérablement accentuée.
Afin de rendre les informations nationales - extrêmement variables d'un pays à l'autre - utilisables pour l'établissement d'un rapport mondial, la FAO a mis au point un ensemble de protocoles et de normes d'harmonisation. Il a été décidé que toutes les informations nationales devraient, dans un premier temps, être classées conformément à un ensemble commun de termes et de définitions (on trouvera, à l'Annexe 1, quelques-unes des définitions utilisées). La tâche était ardue, compte tenu de l'ampleur et de la diversité des informations produites par les pays ainsi que du large éventail de formations forestières, de conditions écologiques et de types de couvert que contient le monde. À titre d'exemple, l'ERF 2000 a réuni plus de 650 définitions de la notion de forêt, émanant de 132 pays en voie de développement. La synthèse de ces informations afin d'obtenir un ensemble extrêmement condensé de catégories de forêts à l'échelle mondiale (forêts fermées, forêts ouvertes et autres terres boisées) a représenté une tâche majeure. Pour ce qui est de définir la forêt, la FAO a adopté le seuil de 10 pour cent de couverture arborée. Ce seuil, recommandé dans l'étude de référence portant sur la classification des végétations à l'échelle mondiale effectuée par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO, 1973), a été utilisé pour les pays en voie de développement dans le cadre des évaluations des ressources forestières de 1980 et 1990. Toutefois, l'ERF 2000 a été la première évaluation à utiliser ce seuil comme couverture arborée minimale afin de décrire les forêts également dans les pays industrialisés.
Afin de rendre possible la comparaison entre les surfaces forestières de 1990 et de celles recensées en 2000, les chiffres concernant les superficies forestières nationales en 1990 et obtenus à partir de l'évaluation intérimaire de 1995 ont été révisés, et l'on a utilisé les mêmes définitions, méthodologies et données d'inventaire récentes que pour l'obtention des chiffres de 2000. Ainsi fut établie une nouvelle base de références pour le couvert forestier en 1990. On remarquera que, pour toutes les évaluations des ressources forestières de la FAO, la pratique reconnue consiste à actualiser les superficies forestières nationales provenant d'une évaluation précédente, en y incorporant de nouvelles données.
Dans le cadre de l'ERF 2000, une étude par télédétection indépendante a été conduite afin de compléter l'étude basée sur les informations nationales. Grâce à un échantillonnage sélectif de forêts tropicales, associé à une source uniforme de données - l'imagerie satellitaire -, on a pu obtenir un ensemble analogue de statistiques pour les périodes 1980-1990 et 1990-2000, ce qui rend possible une comparaison directe de l'évolution des surfaces forestières au cours de la période couverte par les deux évaluations. L'étude s'appuyait sur un échantillonnage statistique (10 pour cent) de 87 pour cent des forêts tropicales mondiales, les 117 unités d'échantillonnage servant à établir les estimations de la situation et de l'évolution des forêts tropicales aux niveaux régional, écologique et pantropical (mais pas, toutefois, au niveau national)3. Le principal résultat de l'étude par télédétection a été l'établissement d'une matrice de changement de la superficie, qui illustre et quantifie la manière dont la forêt et d'autres catégories d'utilisation des terres ont évolué entre 1980 et 2000. Le programme de classification des forêts et des couverts forestiers utilisé pour l'étude par télédétection était étroitement relié aux catégories forestières de l'ERF utilisées pour les recensements régionaux de même que pour l'établissement de cartes forestières mondiales à faible résolution, de sorte que les données provenant de ces trois sources sont complémentaires.
L'établissement de cartes mondiales a représenté une nouvelle entreprise de grande envergure pour l'ERF 20004. Il existe donc, à présent, une carte forestière mondiale qui indique l'emplacement et la répartition des forêts en fonction des classifications de l'ERF. On doit également à l'ERF 2000 la production de cartes mondiales des zones écologiques et des régions protégées. Les cartes de l'ERF 2000 représentent des aides visuelles utiles pour qui veut comprendre l'emplacement et l'étendue des principales régions forestières du monde. Les cartes sont établies à l'aide de techniques du Système d'information géographique (SIG) qui permettent de combiner les cartes avec d'autres données spatiales et statistiques.
La carte forestière a été imprimée à une échelle de 1:40 000 000, et il est possible d'en effectuer des agrandissements allant jusqu'à 1:10 000 000. Une version affiche de la carte forestière accompagne cette publication (voir reproduction en figure 2). On trouvera des versions numériques sur le site Internet du Département des forêts de la FAO (www.fao.org/forestry/fo/ERF/index.jsp).
FIGURE 2
Évaluation des Ressources Forestires Mondiales 2000
On estime que la précision de la carte forestière est de l'ordre de 80 pour cent pour toutes les catégories de forêts. La précision est meilleure pour les forêts fermées, tandis qu'elle est plus faible pour les forêts ouvertes. C'est la catégorie "autres terres boisées" qui obtient la précision la moins bonne des trois catégories de végétation boisée représentées.
La mappemonde de zonage écologique offre un moyen de différencier les forêts, à l'échelle mondiale, selon la zone écologique. Même si la plupart des pays disposent de moyens adéquats pour compiler des informations nationales concernant les forêts d'après les unités écologiques, il n'a pas été possible d'agréger ces informations au niveau mondial avant que ne soit élaborée la carte de zonage écologique. Cela tient en particulier à l'absence d'une norme agréée à l'échelle internationale et d'un système de classification correct du point de vue géométrique et se rapportant à une base cartographique5. Par le passé, quelques applications seulement avaient nécessité une analyse et une présentation de rapports en harmonie avec les zones écologiques du monde. En outre, jusqu'à présent, les progrès dans l'établissement de cartes utiles à l'échelle mondiale sont restés lents. Cependant, du fait que certaines fonctions environnementales présentent des dimensions internationales, on peut s'attendre à ce que les applications internationales du zonage écologique acquièrent une importance croissante.
ENCADRÉ 12 Zonage écologique mondial de la FAO |
Forêt tropicale ombrophile |
La FAO a identifié le système Köppen, modifié par Trewartha en 1968, comme étant le schéma de zonage écologique le plus adapté à la carte de zonage écologique de l'ERF 2000. La FAO, en modifiant légèrement ce schéma, a identifié 20 zones écologiques dans le monde, allant de la forêt tropicale humide persistante à la toundra boréale (voir encadré 12), et elle les a cartographiées. La représentation du couvert forestier à l'échelle mondiale, rapportée au zonage écologique, a été obtenue en superposant la carte du couvert forestier mondial de l'ERF 2000 sur la carte de zonage écologique mondial du SIG, puis en extrayant les statistiques.
L'intégralité des informations forestières nationales, les résultats de l'étude par télédétection ainsi que les rapports découlant des études spéciales de l'ERF 2000 sont archivés dans le système d'information forestière (FORIS), qui relie les références diverses émanant de chaque pays aux bases de données contenant les statistiques, les termes et les définitions, les informations relatives aux contacts et d'autres données. Le FORIS est aisément accessible et facile à mettre à jour. Grâce à un lien en temps réel avec le site Internet de la FAO, il permet de communiquer les statistiques les plus récentes au grand public telles qu'elles ont été enregistrées, analysées et autorisées par les pays et par la FAO. Outre les résultats, les différentes ressources utilisées pour calculer les données présentées dans l'ERF sont publiées sur le site Internet; de la sorte, il est possible de remonter aux documents qui sont à l'origine des estimations et d'assurer la transparence des calculs de l'ERF 2000.
On trouve, dans l'ERF 2000, une vaste gamme d'informations concernant la situation et l'évolution des ressources forestières. Le texte ci-dessous met en relief les résultats de l'ERF 2000 concernant la superficie forestière et son évolution au cours de la dernière décennie. On trouvera des informations concernant les autres paramètres forestiers tels que l'état des forêts, les feux de forêts et les produits forestiers non ligneux sur le site Internet du Département des forêts de la FAO (www.fao.org/forestry/fo/ERF/index.jsp), dans le rapport d'évaluation des forêts tempérées et boréales dans les pays industrialisés (ONU /CEE /FAO, 2000b), ainsi que dans le rapport intégral de l'ERF 2000, dont la publication est prévue d'ici la fin de 2001.
Le monde comprend environ 3 870 millions d'hectares de forêts, dont 95 pour cent sont des forêts naturelles6 et 5 pour cent sous forme de plantations forestières (voir tableau 2, Annexe 2). Ce chiffre est plus élevé que l'estimation du couvert forestier effectuée à l'occasion des deux évaluations des ressources forestières précédentes (ERF 1990, et évaluation intérimaire de 1995); toutefois, il ne traduit pas une augmentation réelle de la superficie forestière mondiale, mais reflète plutôt le changement survenu dans la définition de forêt, à savoir, pour la première fois, l'application d'une définition uniforme et l'incorporation des données du nouvel inventaire (voir l'encadré 13 pour de plus amples explications). L'ERF 2000 a révisé les chiffres de 1990 concernant le couvert forestier, employant les mêmes définitions et méthodologies que celles utilisées pour le calcul des chiffres de 2000, de manière à pouvoir établir des comparaisons entre 1990 et 2000. Ainsi a été constituée une nouvelle base de références pour le couvert forestier en 1990.
ENCADRÉ 13 Superficie forestière mondiale en 2000 |
L'ERF 2000 a été la première évaluation des ressources forestières mondiales à utiliser une définition commune pour l'ensemble des forêts du monde. Les évaluations précédentes utilisaient, afin de définir les forêts, un seuil de couvert arboré de 10 pour cent pour les pays en voie de développement et de 20 pour cent pour les pays industrialisés. Dans l'ERF 2000, l'application uniforme du seuil de 10 pour cent à l'ensemble des pays a eu une incidence marquée sur le chiffre de la superficie forestière à l'échelle mondiale. Le changement dans la définition a été le principal facteur expliquant que la superficie estimative de forêts à l'échelle mondiale pour 2000 est supérieure de 400 millions d'hectares à l'estimation proposée par l'évaluation intérimaire de 1995 (FAO, 1997d), avec l'effet le plus marqué en Australie et en Fédération de Russie. L'estimation concernant la superficie forestière de l'Australie en 2000 est de 155 millions d'hectares, contre 41 millions d'hectares en 1995, notamment en raison du fait que l'estimation de 2000 comprend de vastes étendues de forêts clairsemées qui avaient été précédemment classées comme "autres terres boisées". L'estimation concernant la Fédération de Russie est de 850 millions d'hectares en 2000, contre 764 millions d'hectares en 1995. En outre, les inventaires forestiers conduits après 1990 contiennent des chiffres plus élevés pour certains pays (par exemple le Mozambique) que dans les rapports précédents, et l'incorporation de ces résultats a également contribué à donner une estimation plus élevée pour 2000. Dans d'autres pays, tels que le Kenya, la ventilation plus détaillée des catégories de forêts dans l'inventaire national a facilité la reclassification et l'incorporation des résultats nationaux aux catégories forestières de l'ERF 2000; ainsi, les nouvelles estimations incorporent, en tant que forêts, certaines superficies auparavant classées comme autres terres boisées. |
Le tableau 2 contient les données de l'ERF 2000 sur la répartition des forêts par région. C'est en Europe (y compris la Fédération de Russie) et en Amérique du Sud que se trouve le pourcentage le plus élevé de la superficie forestière mondiale (27 et 23 pour cent respectivement), l'Océanie étant la moins pourvue (5 pour cent). On trouvera, à la figure 3, une carte indiquant l'emplacement des forêts par région.
TABLEAU 2 Superficie forestière par région, 2000 | ||||||
Région |
Superficie (millions d'ha) |
Total des forêts (forêts naturelles et plantations forestières) |
Forêts naturelles (millions d'ha) |
Plantations forestières (millions d'ha) | ||
Superficie (millions d'ha) |
% de la surface terrestre |
% des forêts mondiales |
||||
Afrique |
2 978 |
650 |
22 |
17 |
642 |
8 |
Asie |
3 085 |
548 |
18 |
14 |
432 |
116 |
Europe |
2 260 |
1 039 |
46 |
27 |
1 007 |
32 |
Amérique du Nord et |
||||||
Amérique centrale |
2 137 |
549 |
26 |
14 |
532 |
18 |
Océanie |
849 |
198 |
23 |
5 |
194 |
3 |
Amérique du Sud |
1 755 |
886 |
51 |
23 |
875 |
10 |
Total mondial |
13 064 |
3 869 |
30 |
100 |
3 682 |
187 |
FIGURE 3 Emplacement des forêts, par région |
Les deux tiers de la superficie forestière mondiale sont situés dans dix pays seulement: la Fédération de Russie, le Brésil, le Canada, les États-Unis, la Chine, l'Australie, la République démocratique du Congo, l'Indonésie, l'Angola et le Pérou (figure 4; voir également le tableau 2 en Annexe).
FIGURE 4 Pays présentant le pourcentage le plus important des forêts mondiales |
Source: ERF 2000. |
La moyenne mondiale de superficie forestière par habitant est de 0,6 ha. Cependant, on observe d'importantes différences d'un pays à l'autre. L'Asie, par exemple, n'a qu'une très faible surface forestière par habitant, tandis que l'Océanie et l'Amérique du Sud disposent d'une superficie substantielle par habitant (voir figure 5). Seulement 22 pays possèdent plus de 3 ha de forêt par habitant, et l'on n'y trouve que 5 pour cent environ de la population mondiale - principalement au Brésil et en Fédération de Russie. En revanche, les trois quarts de la population mondiale vivent dans des pays disposant de moins de 0,5 ha par habitant, notamment la plupart des pays densément peuplés d'Asie et d'Europe.
FIGURE 5 Superficie forestière par habitant, par région |
Source: ERF 2000. |
Comme on l'a déjà vu au tableau 2, près de 30 pour cent de la surface terrestre de la planète sont recouverts de forêts. Cependant, la proportion de la surface terrestre totale sous couvert forestier varie beaucoup d'une région ou d'un pays à l'autre. Ainsi, près de la moitié de la surface terrestre de l'Amérique du Sud et de l'Europe est couverte par la forêt, et tel est le cas pour un sixième seulement de la surface terrestre en Asie. L'Afrique, l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale ainsi que l'Océanie tombent dans une catégorie intermédiaire, ayant chacune environ un quart de la surface terrestre recouverte par des forêts. On dénombre 50 pays et deux "régions" (territoires, protectorats, etc.) présentant moins de 10 pour cent de leur superficie terrestre sous couvert forestier. Par ailleurs, 20 pays et deux "régions" ont une superficie forestière dépassant 60 pour cent de leur territoire (figure 6).
FIGURE 6 Superficie forestière exprimée en pourcentage de la superficie terrestre du pays |
La détermination du couvert forestier mondial se rapportant aux zones écologiques a été faite au moyen de la carte mondiale du couvert forestier de l'ERF 2000 et de la carte mondiale de zonage écologique. La proportion la plus élevée des forêts mondiales se trouve dans les zones tropicales (47 pour cent), suivies des zones boréales (33 pour cent), des zones tempérées (11 pour cent) et des zones subtropicales (9 pour cent).
FIGURE 7 Répartition des forêts mondiales par principales zones écologiques |
|
La figure 7 indique l'emplacement des forêts dans ces quatre zones écologiques largement définies. La répartition des forêts en fonction des classifications de zonages écologiques plus détaillés, ainsi que par région, est indiquée au tableau 3.
TABLEAU 3 Répartition des forêts par zone écologique, 2000 | |||||||
Zone écologique |
Total des forêts (%)
|
Afrique (%) |
Asie (%) |
Europe (%) |
Amérique du Nord et Amérique centrale (%) |
Océanie (%) |
Amérique du Sud (%) |
Forêts tropicales |
28 |
24 |
17 |
- |
1 |
- |
58 |
Forêts tropicales humides décidues |
11 |
40 |
14 |
- |
9 |
6 |
31 |
Forêts tropicales sèches |
5 |
39 |
23 |
- |
6 |
- |
33 |
Forêts tropicales de montagne |
4 |
11 |
29 |
- |
30 |
- |
30 |
Total forêts tropicales |
47 |
28 |
18 |
- |
5 |
1 |
47 |
Forêts subtropicales humides |
4 |
52 |
- |
34 |
8 |
6 | |
Forêts subtropicales sèches |
1 |
16 |
11 |
30 |
6 |
22 |
14 |
Forêts subtropicales de montagne |
3 |
1 |
47 |
13 |
38 |
- |
1 |
Total forêts subtropicales |
9 |
2 |
42 |
7 |
37 |
7 |
5 |
Forêts océaniques tempérées |
1 |
- |
- |
33 |
9 |
33 |
25 |
Forêts continentales tempérées |
7 |
- |
13 |
40 |
46 |
- |
- |
Forêts tempérées de montagne |
3 |
- |
26 |
40 |
29 |
5 |
- |
Total forêts tempérées |
11 |
- |
17 |
39 |
39 |
4 |
2 |
Forêts boréales de conifères |
19 |
- |
2 |
74 |
24 |
- |
- |
Forêts boréales de toundra |
3 |
- |
- |
19 |
81 |
- |
- |
Forêts boréales de montagne |
11 |
- |
1 |
63 |
36 |
- |
- |
Total forêts boréales |
33 |
- |
2 |
65 |
34 |
- |
- |
Total forêts |
100 |
17 |
14 |
27 |
14 |
5 |
23 |
Notes: La répartition des pourcentages ne coïncide pas exactement avec les autres statistiques de superficie, du fait des distorsions présentes dans la classification par télédétection des forêts dans la carte du couvert forestier mondial. Seules les zones de couvert forestier sont incorporées. |
Les forêts sèches tropicales et subtropicales sont concentrées en Afrique (elles représentent 36 pour cent du total mondial), en Amérique du Sud (30 pour cent) et en Asie (21 pour cent). La majeure partie des forêts tropicales humides est située en Amérique du Sud (58 pour cent); toutefois, l'Afrique en contient une proportion importante (24 pour cent); la majeure partie de la surface restante se trouve en Asie (17 pour cent). La quasi-totalité des forêts tempérées et boréales est située en Europe et en Amérique du Nord ou en Amérique centrale. Les forêts de montagne se situent principalement en Europe (40 pour cent), de même qu'en Amérique du Nord et en Amérique centrale (34 pour cent).
L'ERF 2000 fournit un tableau récapitulatif des plantations de forêts du monde entier. Il s'agit de la première évaluation mondiale, dans ce domaine, à utiliser une définition uniforme et à incorporer des données en provenance de tous les pays. Compte tenu des changements intervenus, tant dans les définitions que dans les méthodologies utilisées, les données de l'évaluation des plantations forestières effectuée en 2000 au niveau national comme au niveau mondial ne peuvent pas être comparées directement avec celles des évaluations précédentes (voir notamment FAO, 1995b)). À titre d'exemple, les plantations d'hévéas étaient considérées comme des plantations forestières dans l'ERF 2000, et non pas dans les évaluations précédentes.
La superficie des plantations de nombreux pays industrialisés, en Europe notamment, est moins bien définie que dans les pays en voie de développement. En effet, de nombreux pays européens n'établissent pas, dans leurs inventaires, de distinction entre les forêts plantées et les forêts naturelles, si bien que la différence entre les deux catégories n'est pas toujours aisément discernable. En outre, les Européens ont l'habitude de planter des espèces locales, si bien que les peuplements de plantations peuvent présenter une composition d'essences analogue, voir identique à celle des peuplements naturels. En outre, les plantations ont généralement une longue révolution (dans certains cas, plus d'un siècle), et peuvent de ce fait devenir difficiles à distinguer, avec le temps, des forêts naturelles.
Selon les données de l'ERF 2000, la superficie mondiale des forêts de plantation est de l'ordre de 187 millions d'hectares, soit 5 pour cent de la superficie forestière mondiale. On trouvera, au tableau 4, les données concernant les superficies de forêts de plantation ventilées par région.
TABLEAU 4 Superficie de plantations forestières par région, 2000 | |||||
Région |
Superficie forestière totale (millions d'ha) |
Superficie de forêts naturelles (millions d'ha) |
Superficie de plantations forestières (millions d'ha) |
Plantations exprimées en pourcentage de la superficie forestière totale de la région |
Pourcentage de la superficie totale de plantations |
Afrique |
650 |
642 |
8 |
1 |
4 |
Asie |
548 |
432 |
116 |
21 |
62 |
Europe |
1 039 |
1 007 |
32 |
3 |
17 |
Amérique du Nord et Amérique centrale |
549 |
532 |
18 |
3 |
9 |
Océanie |
198 |
194 |
3 |
2 |
2 |
Amérique du Sud |
886 |
875 |
10 |
1 |
6 |
Total mondial |
3 869 |
3 682 |
187 |
5 |
100 |
C'est l'Asie qui détient, de très loin, le principal domaine de forêts de plantation, avec 62 pour cent de la surface mondiale. Les plantations représentent plus d'un cinquième de la superficie forestière de l'Asie. Les dix pays présentant les surfaces de plantations forestières les plus élevées totalisent 80 pour cent de la surface forestière mondiale de plantations (figure 8). Près de 60 pour cent des plantations forestières sont situées dans quatre pays seulement: Chine, Inde, Fédération de Russie et États-Unis.
FIGURE 8 Pays présentant la plus grande proportion de plantations de forêts à l'échelle mondiale, 2000 |
Source: ERF 2000. |
Les essences appartenant aux genres Pinus et Eucalyptus restent en tête des espèces forestières plantées et représentent, en surface, respectivement 20 et 10 pour cent des plantations forestières à l'échelle mondiale. Cependant, une comparaison avec les résultats de l'évaluation intérimaire de 1995 semble indiquer une tendance à la diversification des espèces plantées.
Les plantations industrielles, à savoir celles qui fournissent les matières premières à l'industrie, représentent 48 pour cent du domaine mondial de plantations forestières, tandis que les plantations non industrielles, à savoir celles destinées au bois de feu, à la conservation des sols et des eaux et à la protection contre le vent, en représentent 26 pour cent; le solde, de 26 pour cent également, est d'une composition non précisée. Les pays disposant des principales surfaces de plantations industrielles sont la Chine (37 millions d'hectares), les États-Unis d'Amérique (16 millions d'hectares) et l'Inde (12 millions d'hectares). À eux trois, ces pays représentaient, en 2000, 73 pour cent de la surface mondiale des plantations forestières. Les pays disposant d'une proportion importante de surfaces de plantations forestières non industrielles sont l'Inde (21 millions d'hectares), la Chine (8 millions d'hectares), l'Indonesie et la Thaïlande (4 millions d'hectares chacun), qui totalisent ensemble 75 pour cent des plantations forestières non industrielles dans le monde.
La propriété des plantations mérite qu'on s'y intéresse, compte tenu des efforts accomplis par différents pays pour privatiser une partie de leurs plantations forestières. Si l'on prend en compte les dix pays qui détiennent les principaux domaines de plantations, on observe que la propriété des plantations industrielles relève pour 33 pour cent du secteur public, 26 pour cent du secteur privé et 41 pour cent de propriété autre ou non spécifiée. Quant aux plantations non industrielles, elles sont pour 39 pour cent de propriété publique, 39 pour cent de propriété privée et 22 pour cent de propriété autre ou non spécifiée.
Il est probable que le résultat le plus précieux de l'évaluation des ressources forestières mondiales soit le taux d'évolution de la superficie forestière, mesuré à l'échelle mondiale et par pays. Les évaluations précédentes de la FAO ont puissamment contribué à mettre en lumière la situation des ressources forestières ainsi que les lignes de force de la déforestation tropicale. Ces évaluations ont également alimenté le débat au sein de la communauté internationale à propos de la cadence exacte de ce changement, des méthodes utilisées pour recueillir les informations, et enfin des termes et des définitions employés pour décrire les forêts et les changements qui les affectent.
L'ERF 2000 s'est appuyée sur deux méthodes indépendantes pour apprécier l'évolution des superficies forestières au cours des années 90: en premier lieu, les données calculées à partir des informations fournies par les pays et, en deuxième lieu, les résultats de l'étude pantropicale par télédétection. Cette dernière a fourni des informations permettant une comparaison directe portant sur les changements survenus dans les forêts tropicales aux niveaux pantropical et régional au cours des décennies 1980-1990 et 1990-2000, tout en fournissant des informations sur les caractéristiques du couvert forestier et l'évolution connexe de l'utilisation des terres dans les tropiques. Les informations recueillies auprès des pays représentaient un ensemble, d'envergure mondiale, d'évaluations conduites à l'échelon national et qui devaient être ensuite harmonisées en fonction des définitions mondiales, pour être enfin soumises à une analyse des séries chronologiques afin d'obtenir les résultats de l'ERF 2000.
La définition portant sur les processus d'évolution des forêts - reboisement, déboisement et boisement - sont au cur de l'évaluation du changement du couvert forestier. L'encadré 14 propose une explication de ces processus ainsi que de leur corrélation (voir également l'Annexe 1 pour les définitions de ces termes et de termes connexes).
ENCADRÉ 14 Définition des processus évolutifs du couvert forestier: déboisement, reboisement et boisement | ||
La figure ci-dessous illustre la relation entre les processus évolutifs du couvert forestier. Ainsi, la dégradation et l'amélioration des ressources forestières se produisent dans des forêts qui restent, de façon constante, au-dessus du seuil de couvert arboré qui définit les forêts. Le reboisement et la régénération naturelle des terres forestières se produisent lorsque des forêts sont implantées ou repoussent, respectivement, après que leur couvert arboré soit temporairement tombé en-deçà du seuil de 10 pour cent, mais que l'on ait continué de les considérer comme forêts durant toute la période visée (voir le paragraphe suivant). Les changements de superficie du couvert forestier découlent des transferts effectués entre la forêt et d'autres catégories d'utilisation des terres. Les gains résultent de l'expansion des forêts naturelles - y compris le remplacement de terres agricoles abandonnées par de la forêt - et du boisement - à savoir l'établissement de plantations forestières sur des terres auparavant dépourvues de couvert forestier. Le déboisement se définit comme l'élimination de la forêt et son remplacement par une autre catégorie d'utilisation des sols (par exemple l'agriculture itinérante ou permanente, l'exploitation minière ou les retenues d'eau ou encore la réduction durable du couvert arboré à moins de 10 pour cent). Dans certains cas, le déboisement peut contribuer à une dégradation suffisamment grave des terres, par exemple dans des zones écologiquement marginales telles que les zones arides ou montagneuses et sous les tropiques humides, pour qu'il soit difficile d'en faire un usage ultérieur sans une coûteuse remise en état préalable. Par définition, l'exploitation du bois d'uvre n'entraîne pas, en soi, le déboisement - si l'on permet à la forêt de se régénérer. Afin de déterminer si l'élimination des arbres d'un secteur donné constitue un déboisement, il convient de tenir compte de l'évolution probable de ce secteur. Les terres restent classées comme forêts si le reboisement doit se produire dans un avenir prochain ou est déjà entrepris, même si le seuil de 10 pour cent de couvert arboré n'a pas encore été atteint. En revanche, s'il est peu probable que l'on atteindra dans un proche avenir une densité de peuplement suffisante, ou si la terre est convertie à un autre usage, le secteur est considéré comme déboisé. On voit donc que l'aspect chronologique est déterminant pour les définitions applicables à l'évolution des forêts. La période-seuil suggérée est de 10 ans; dans ce contexte, les termes "temporaire" et "proche avenir" se rapportent à une période de moins de dix ans, alors que l'expression "long terme" couvre une période d'au moins 10 ans. Dans certains cas, le type de forêt, les conditions climatiques locales, les contextes d'utilisation des terres ou l'objet de l'analyse peuvent justifier le recours à une période-seuil plus longue.
|
Il est essentiel, si l'on veut comprendre les résultats de l'évaluation, de bien saisir la manière dont ces termes sont définis dans le cadre de l'ERF 2000.
L'évolution du couvert forestier reflète les transferts qui se sont produits entre la forêt et les autres catégories d'utilisation des terres (agriculture, infrastructures et exploitations minières, par exemple). La différence nette de superficie forestière est égale à la différence entre l'augmentation de la superficie forestière due tant au boisement qu'à l'expansion naturelle des forêts (par exemple, l'expansion forestière sur des terres agricoles abandonnées), et la perte de forêts par déboisement.
La figure 9 illustre l'évolution de la superficie forestière totale pour la décennie 1990-2000 selon les données de l'ERF 2000, ventilées en fonction de l'évolution des forêts naturelles et de l'évolution des plantations forestières, tant pour les zones tropicales que pour les zones non tropicales. Le tableau 5 fournit ces informations sous forme de modification annuelle moyenne de la superficie forestière durant la même période.
FIGURE 9 Modification de la superficie forestière 1990-2000 (millions d'ha) |
Notes: Les dimensions des encadrés et des flèches
sont approximativement proportionnelles les unes aux autres; la
régénération naturelle au sein des forêts naturelles et le reboisement
dans les plantations forestières ne sont pas indiqués; "autres catégories
d'utilisation des terres" comprend "autres terres boisées" et les autres
utilisations des terres; les "forêts tropicales" sont les forêts situées
dans les pays couverts par l'étude pantropicale par télédétection de l'ERF
2000. |
TABLEAU 5 Modification annuelle de la superficie forestière, 1990-2000 (millions d'ha/an) | |||||||||
Domaine |
Forêts naturelles |
Plantations forestières |
Total des forêts | ||||||
Perte |
Gain |
Modification nette |
Gain |
Modification nette |
Modification nette | ||||
Déboisement |
Conversion en plantations forestières |
Perte totale |
Expansion naturelle des forêts |
Conversion des forêts naturelles Afforestation |
Boisement |
||||
Zones tropicales |
-14,2 |
-1,0 |
-15,2 |
+1,0 |
- 14,2 |
+1,0 |
+0,9 |
+1,9 |
-12,3 |
Zones non tropicales |
-0,4 |
-0,5 |
-0,9 |
+2,6 |
+ 1,7 |
+0,5 |
+0,7 |
+1,2 |
+2,9 |
Monde |
-14,6 |
-1,5 |
-16,1 |
+3,6 |
-12,5 |
+1,5 |
+1,6 |
+3,1 |
-9,4 |
Selon ces données, les forêts naturelles de la planète ont continué d'être converties à d'autres utilisations, et cela à un taux très élevé, durant les années 90. On estime à 16,1 millions d'hectares la superficie de forêts naturelles qui, à l'échelle mondiale, ont été perdues chaque année pendant la décennie 1990-2000, dont 14,6 millions d'hectares par déforestation et 1,5 million d'hectares par conversion à des plantations forestières. Sur les 15,2 millions d'hectares perdus annuellement dans les tropiques, 14,2 millions d'hectares ont été convertis à d'autres utilisations, et 1 million d'hectares a été converti à des plantations forestières. Dans les régions tropicales, 0,9 million d'hectares de forêts naturelles ont été perdus chaque année, dont 0,5 million d'hectares convertis en plantations forestières et 0,4 million d'hectares convertis à d'autres catégories d'utilisation des terres.
Parallèlement à la perte annuelle brute de 16,1 millions d'hectares de forêts naturelles à l'échelle mondiale, on a enregistré un gain de 3,6 millions d'hectares par suite de l'expansion naturelle des forêts, ce qui donne un solde de -12,5 millions d'hectares comme changement annuel net de la superficie forestière naturelle à l'échelle de la planète. Sur ces 3,6 millions d'hectares, 2,6 millions d'hectares sont situés dans les régions non tropicales, tandis qu'un million d'hectares est situé dans les tropiques. Une bonne partie du gain de superficie forestière naturelle découle du remplacement des terres agricoles abandonnées par de la forêt naturelle. On observe une expansion de la superficie forestière depuis plusieurs décennies dans de nombreux pays industrialisés, notamment dans les zones où l'agriculture ne représente plus une utilisation des terres viables au plan économique (encadré 15). Ce phénomène a été observé, notamment, dans certains pays d'Europe.
ENCADRÉ 15 Accroissement de la superficie forestière dans les pays industrialisés |
À la différence des taux de déboisement élevés enregistrés dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux, le taux de changement de la superficie forestière est faible dans la plupart des pays industrialisés à climat tempéré et boréal. En Europe, la superficie forestière est en expansion, tandis que celle des "autres terres boisées" diminue, avec une expansion nette des forêts et des autres terres boisées de 0,3 million d'hectares par an. On observe, dans la région, une évolution sur plusieurs fronts. Des programmes de plantation sont mis en uvre, par exemple en France, en Irlande, en Turquie et en Espagne. Les terres agricoles ou les autres terres boisées font l'objet d'une conversion naturelle en forêts. (Rappelons que la forêt est l'écosystème naturel de la plus grande partie de l'Europe, si bien que les terres retrouvent leur couvert forestier lorsque l'homme cesse d'y intervenir. On peut sans doute attribuer pour une large part l'expansion de la superficie forestière européenne au dépeuplement de certaines régions rurales, par suite de l'évolution constante de l'agriculture européenne.) Parallèlement, on observe une tendance contradictoire à la conversion continue de forêts et d'autres terres boisées en zones urbaines, ou à d'autres usages tels que l'infrastructure de transports ou de loisirs, comme les pistes de ski de fond ou de descente. Aux États-Unis également, la superficie forestière est en expansion tandis que les autres terres boisées diminuent; le changement net représente une augmentation de 0,4 million d'hectares par an. Une bonne partie de cette augmentation est due à la transformation naturelle et à la reclassification des autres terres boisées en forêts. La plupart des États de la CEI font état d'une expansion des forêts comme des autres terres boisées, avec une augmentation nette de 1,2 million d'hectares par an pour la région. |
L'extension des superficies forestières est également liée à l'expansion des plantations forestières. Le taux moyen de mises en route réussies de plantations forestières au cours de la décennie a été de 3,1 millions d'hectares par an, dont 1,9 million d'hectares dans des régions tropicales et 1,2 million d'hectares dans des régions non tropicales. Comme l'indique le tableau 5, la moitié des nouvelles superficies de plantations forestières occupe des terres auparavant couvertes par des forêts naturelles et représente, de ce fait, un reboisement de forêts naturelles ayant été abattues.
La différence nette enregistrée dans la superficie forestière au cours des années 90, à savoir la somme des changements enregistrés dans les forêts naturelles comme dans les plantations forestières, est estimée à moins 9,4 millions d'hectares par an. Cette superficie représente la différence entre le taux mondial de déboisement, soit 14,6 millions d'hectares par an, et le taux d'augmentation de la superficie forestière, à savoir 5,2 millions d'hectares par an (tableau 6).
TABLEAU 6 Modification annuelle brute et nette de la superficie forestière, 1990-2000 (millions d'ha) | |||
Domaine |
Déboisement |
Expansion de la superficie forestière1 |
Modification nette de la superficie forestière |
Tropiques |
-14,2 |
+1,9 |
-12,3 |
Non tropiques |
-0,4 |
+3,3 |
+2,9 |
Monde |
-14,6 |
+5,2 |
-9,4 |
1 L'expansion de la superficie forestière représente la somme de l'expansion naturelle des forêts et du boisement (voir tableau 5). |
Les chiffres illustrant la situation mondiale tendent à éclipser les différences marquées de l'évolution du couvert forestier d'une région à l'autre et d'un pays à l'autre (figure 10 et tableau 3 de l'Annexe 2).
FIGURE 10 Modification annuelle nette de la superficie forestière par région, 1990-2000 |
Source: ERF 2000. |
Ainsi, les taux nets de déboisement ont été les plus élevés en Afrique et en Amérique du Sud. Les pertes de forêts naturelles ont également été sensibles en Asie, mais elles ont été compensées en grande partie, en ce qui concerne la surface, par l'établissement de plantations forestières. Il en est résulté un taux de changement plus modéré de la surface forestière totale dans cette région. En revanche, le couvert forestier des autres régions, composées en grande partie de pays industrialisés, a connu une légère expansion.
FIGURE 11 Modification nette de la superficie forestière |
Note: La carte indique l'emplacement des forêts dans les pays présentant le taux net le plus élevé/ le plus faible de modification de la superficie forestière. |
La figure 11 illustre les régions du monde où l'on a enregistré les taux les plus élevés de déboisement net ainsi que les taux les plus élevés d'augmentation de la superficie forestière durant la période 1990-2000, selon les estimations de l'ERF 2000. Les pays ayant subi la perte nette la plus élevée de superficies forestières entre 1990 et 2000 sont l'Argentine, le Brésil, la République démocratique du Congo, l'Indonésie, le Myanmar, le Mexique, le Nigéria, le Soudan, la Zambie et le Zimbabwe. Ceux qui ont bénéficié du gain net le plus marqué de superficies forestières durant la même période sont la Chine, le Bélarus, le Kazakhstan, la Fédération de Russie et les États-Unis.
Afin d'obtenir un tableau orienté vers le long terme de l'évolution des superficies forestières, il n'est pas inutile d'effectuer une comparaison, exprimée en millions d'hectares par an, entre la cadence du changement des superficies forestières mondiales pour la période 1990-2000 couverte par l'ERF 2000, ainsi que pour la tranche intérimaire 1990-1995 correspondant à l'évaluation de 1995, et enfin pour la décennie 1980-1990 de l'ERF 1990. Dans l'analyse qui suit, cette comparaison est effectuée à l'échelle mondiale.
Si l'on s'en remet aux chiffres communiqués, la perte estimative de superficies forestières, à savoir le solde de la perte de forêts naturelles et du gain réalisé grâce au boisement et à l'expansion naturelle des forêts, a été moins marquée dans les années 90 que dans les années 80. Toujours selon ces estimations, la perte annuelle nette de superficies forestières a été de 9,4 millions d'hectares pour la période 1990-2000, de 11,3 millions d'hectares pour la tranche 1990-1995, et de 13 millions d'hectares pour la décennie 1980-1990.
Toutefois, les estimations concernant l'évolution du couvert forestier émanant de l'ERF 2000 ne sont pas directement comparables avec celles des deux estimations précédentes, et cela pour trois raisons: les changements apportés dans les définitions, l'évolution de la méthodologie et l'actualisation des données d'inventaire. Il n'en demeure pas moins, une fois ces trois facteurs pris en considération, que l'on peut sans risque proposer quelques conclusions générales relatives au déboisement au cours des vingt dernières années.
La modification de la définition du terme "forêt" rapportée aux pays industrialisés, tout en accroissant de façon notable les estimations mondiales du couvert forestier, n'a pas affecté en profondeur le taux de changement estimatif de la superficie forestière mondiale. Cela tient au fait que le changement de définition a eu les conséquences les plus marquées sur la superficie forestière de l'Australie et de la Fédération de Russie, où les conversions de forêts à d'autres usages ont été relativement limitées dans l'ensemble et n'ont donc pas affecté de façon significative le taux de changement à l'échelle mondiale. Les chiffres révisés de l'étude de 1990 portant sur les superficies forestières au niveau national - sur la base des définitions, de la méthodologie et des nouvelles données de l'ERF 2000 - applicables à la plupart des pays industrialisés, témoignaient d'un degré élevé d'homogénéité et se prêtaient bien aux comparaisons avec les chiffres des deux évaluations précédentes pour 1990. Aucun changement marqué n'a été enregistré entre les trois évaluations quant à la définition ERF de la notion de forêt naturelle pour les pays en voie de développement. La nouvelle définition adoptée pour les plantations, qui autorise l'incorporation des plantations d'hévéas, a influé sur le chiffre des superficies forestières d'un nombre limité de pays tropicaux, sans toutefois affecter de façon marquée le taux d'évolution des superficies forestières à l'échelle mondiale.
Les trois évaluations ont eu recours à la même méthodologie pour estimer l'évolution de la superficie forestière dans les pays industrialisés. En revanche, dans les pays en développement, l'ERF 1990 et l'évaluation intérimaire de 1995 ont employé des modèles régionaux dont la dynamique est basée sur les données démographiques afin d'obtenir les taux d'évolution à l'échelle nationale, alors que l'ERF 2000 exploite directement les rapports d'enquêtes. Il reste, analyse à l'appui, que la différence de méthodologies utilisées pour les pays en voie de développement n'affecte pas de façon significative les estimations concernant l'évolution à l'échelle mondiale.
L'utilisation de données actualisées d'inventaire pour de nombreux pays a débouché sur de nouvelles estimations au niveau national. Bien que ces dernières n'aient pas toujours été comparables avec les évaluations précédentes, elles n'ont pas affecté de façon significative les estimations relatives à l'évolution mondiale.
Les résultats de l'étude pantropicale par télédétection dans le cadre de l'ERF 2000 tendaient à confirmer ceux de l'évaluation dans le cadre national. L'enquête par télédétection indiquait, en effet, que le taux net d'évolution des forêts tropicales était légèrement inférieur, dans les années 90, à celui des années 80 - sans toutefois que la différence soit significative au plan statistique. Ajoutons que les résultats de l'étude concernant l'évolution du couvert forestier dans les années 80 et dans les années 90, dont la compatibilité mutuelle est parfaite, confirment la poursuite d'un taux élevé de pertes forestières dans les tropiques pendant les années 90. Ce résultat va dans le sens des évaluations nationales, étant donné que l'on signale un gain net de superficies forestières pour l'ensemble des pays non tropicaux, parallèlement à des pertes nettes sous les tropiques. Par ailleurs, l'étude pantropicale par télédétection a fourni des indications sur les lignes de force de l'évolution du couvert forestier, et les résultats montrent qu'il y a eu des écarts marqués entre les différentes catégories de couvert terrestre pendant la période 1980-2000 (tableau 7).
TABLEAU 7 Matrice d'évolution des forêts, 1980-2000 (pourcentage de superficie par catégorie de couvert terrestre)1 | ||||||||
En 2000 inclus / À partir de 1980 |
Forêt fermée |
Forêt ouverte |
Jachère longue |
Forêt morcelée |
Buissons/ arbustes |
Jachère courte |
Autres terres |
Total 1980 |
Forêt fermée |
88 |
1 |
1 |
2 |
2 |
6 |
100 | |
Forêt ouverte |
88 |
4 |
1 |
1 |
5 |
100 | ||
Jachère longue |
3 |
70 |
1 |
16 |
9 |
100 | ||
Forêt morcelée |
1 |
1 |
83 |
1 |
3 |
12 |
100 | |
Buissons/arbustes |
80 |
1 |
17 |
100 | ||||
Jachère courte |
2 |
1 |
2 |
2 |
77 |
16 |
100 | |
Autres couverts terrestres |
1 |
1 |
97 |
100 | ||||
Total 2000 exprimé |
||||||||
en pourcentage de 1980 |
88 |
91 |
98 |
101 |
88 |
122 |
118 |
|
1 Les chiffres se rapportent aux surfaces effectivement analysées, c'est-à-dire à l'exclusion des zones tropicales avec faible couvert forestier, mais incluent un échantillon représentatif d'environ 90 pour cent des forêts tropicales. |
En conclusion, après avoir analysé les estimations découlant de l'évaluation actuelle et de l'évaluation précédente, l'ERF 2000 fait état d'un taux moindre de pertes nettes de forêts à l'échelle mondiale au cours des années 90 que durant la décennie précédente, ce phénomène étant principalement attribuable à un taux plus élevé d'expansion naturelle de la superficie forestière. Parallèlement, la perte de forêts naturelles à l'échelle mondiale s'est poursuivie à un taux élevé, comparable dans l'ensemble à celui des vingt dernières années.
La disponibilité et la production de bois demeurent les fonctions forestières pour lesquelles on dispose des données les plus complètes, vu que la disponibilité de bois reste le point central de la plupart des inventaires forestiers. Ce phénomène reflète l'importance économique du bois pour de nombreux propriétaires forestiers, publics ou privés. L'ERF 2000 a proposé une estimation de la biomasse et du volume de bois (volume des tiges) disponibles dans les forêts à l'échelle mondiale.
Le volume total de bois (m3) et celui de la biomasse ligneuse située au-dessus du sol (tonnes) que contiennent les forêts ont été estimés dans 166 pays, lesquels représentent 99 pour cent de la surface forestière mondiale. Le chiffre total de la biomasse ligneuse de surface contenue dans les forêts est de 420 milliards de tonnes, dont plus d'un tiers en Amérique du Sud (tableau 8) et près de 27 pour cent au Brésil seulement.
TABLEAU 8 Distribution de la biomasse ligneuse de surface par région | ||
Région |
Biomasse (millions de tonnes) |
% |
Afrique |
70 916 |
16,8 |
Asie |
45 036 |
10,7 |
Europe |
61 070 |
14,5 |
Amérique du Nord et Amérique centrale |
51 895 |
12,3 |
Océanie |
12 350 |
2,9 |
Amérique du Sud |
179 947 |
42,7 |
Total mondial |
421 214 |
La figure 12 énumère les pays qui disposent du volume le plus élevé de biomasse ligneuse forestière. La moyenne mondiale pour la biomasse ligneuse forestière située au-dessus du sol est de 109 tonnes à l'hectare (figure 13), et l'Amérique du Sud présente la moyenne la plus élevée de biomasse à l'hectare, soit 128 tonnes.
FIGURE 12 Pays présentant le plus grand volume de biomasse ligneuse de surface |
Source: ERF 2000. |
FIGURE 13 Biomasse ligneuse de surface |
|
Note: La carte indique l'emplacement des forêts sur la base du niveau moyen national de la biomasse forestière ligneuse de surface du pays (tonnes/ha). |
Les pays présentant le volume sur pied le plus élevé à l'hectare sont notamment de nombreux pays d'Amérique centrale et d'Europe centrale, les premiers disposant de volumes importants de forêts tropicales humides, alors que les seconds possèdent des forêts tempérées qui sont gérées pour obtenir des volumes sur pied élevés.
Au cours de la dernière décennie, l'évolution de la gestion forestière a principalement concerné les progrès en matière d'aménagement durable des forêts, conformément aux "principes forestiers"7 adoptés en 1992 par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED). Le concept de l'aménagement durable des forêts, qui concilie les objectifs environnementaux, socio-culturels et économiques en matière de gestion, a stimulé dans de nombreux pays une évolution des politiques et de la législation forestières, ainsi que des pratiques en matière de gestion des forêts.
Même si l'ERF 2000 ne visait pas à évaluer la superficie totale des forêts mondiales soumises à gestion durable, elle comprenait des informations relatives à une sélection d'indicateurs démontrant le sérieux de l'engagement pris par les pays en matière d'aménagement durable des forêts (voir tableau 4, Annexe 2).
L'un des critères de l'engagement politique envers la notion de gestion durable des forêts est formé par le nombre de pays actuellement engagés dans les initiatives nationales visant à élaborer et à mettre en uvre des critères et des indicateurs d'aménagement durable des forêts. En 2000, 149 pays s'étaient déjà engagés à appliquer un total de neuf critères écorégionaux et processus d'élaboration d'indicateurs (figure 14), tous établis au cours de la dernière décennie (se reporter à la quatrième partie pour de plus amples informations sur ces processus). Quant à ces derniers, à une exception près, un indicateur commun avait été retenu: la surface forestière gérée conformément à un plan de gestion8.
FIGURE 14 Initiatives internationales portant sur les critères
et les |
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Dans le cadre de l'ERF 2000, on a entrepris de réunir des informations concernant la superficie forestière totale gérée en conformité d'un plan de gestion forestière. À ce titre, 83 pays, dont tous les pays industrialisés, ont fourni les informations pertinentes à l'ERF 2000, et 14 autres pays ont communiqué des informations analogues, en 2000, à la Commission des forêts pour l'Amérique latine et les Caraïbes. Les résultats concernant ces pays indiquent que 89 pour cent des forêts situées dans les pays industrialisés sont gérées "conformément à un plan formalisé ou informel de gestion". Cependant, il n'a pas été possible d'obtenir des statistiques nationales concernant les plans de gestion forestière d'un grand nombre de pays en voie de développement, y compris certains des principaux pays d'Afrique, et quelques uns importants en Asie. Cependant, les résultats préliminaires provenant des pays en voie de développement devaient indiquer que, sur un total de superficie forestière de 2 139 millions d'hectares, au moins 123 millions d'hectares, soit près de 6 pour cent, relevaient d'un "plan de gestion forestière officiel et approuvé à l'échelle nationale, couvrant une période d'au moins cinq ans"9. Il convient de préciser que la superficie totale déclarée comme étant soumise à un plan de gestion forestière formalisé ou informel n'est pas nécessairement équivalente à la superficie totale des forêts assujetties à une gestion durable. En effet, certaines superficies couvertes par un plan de gestion peuvent ne pas être gérées dans une perspective durable, tandis que tel pourrait être le cas pour d'autres secteurs non soumis à un plan de gestion formalisé.
L'ERF 2000 a également été l'occasion de recueillir des informations sur la certification des forêts. Rappelons qu'il s'agit d'un instrument servant à confirmer que certains critères minimum prédéfinis, applicables à la gestion forestière dans un secteur forestier donné, ont été atteints à un moment donné. Alors que la certification garantit qu'un secteur est bien géré, ou qu'il l'est de façon durable, en vue de la production ligneuse, la surface totale des forêts bien gérées ne se limite pas aux zones certifiées. En effet, nombre de forêts non certifiées, y compris celles gérées principalement en vue de la production ligneuse ou celles auxquelles ont été assignés d'autres objectifs de gestion, peuvent également être gérées de façon saine (se reporter à la première partie pour de plus amples informations sur la certification des produits forestiers). Ainsi, un certain nombre de programmes de certification de forêts d'envergure internationale, régionale et nationale, existent à présent, qui privilégient les forêts gérées en vue de la production de bois d'uvre. De la sorte, en fonction de la définition retenue pour la "surface certifiée", la superficie des forêts certifiées à l'échelle mondiale, fin 2000, a été estimée à environ 80 millions d'hectares, soit près de 2 pour cent de la superficie forestière totale. S'il est vrai que d'importants pays producteurs de bois, dans les tropiques, disposent de forêts certifiées en vertu de programmes de certification en vigueur ou s'attachent à élaborer de nouveaux programmes, la plupart des forêts certifiées sont situées en zones tempérées, dans des pays industrialisés; en effet, fin 2000, près de 92 pour cent du total des forêts certifiées à l'échelle mondiale étaient situées dans les pays suivants: États-Unis, Finlande, Suède, Norvège, Canada, Allemagne et Pologne. Parallèlement, quatre pays seulement détenant des forêts tropicales humides, à savoir la Bolivie, le Brésil, le Guatemala et le Mexique, étaient enregistrés comme possédant plus de 100 000 hectares de forêts certifiées, pour un total cumulatif de 1,8 million d'hectares.
En dépit des indications ci-dessus, qui pourraient inciter à un optimisme prudent quant à une application élargie de bons principes de gestion forestière dans au moins certains pays ou régions, il demeure relativement difficile d'obtenir des informations fiables sur les tendances prolongées en matière de gestion forestière à l'échelle mondiale. Dans le passé, rares ont été les initiatives visant à estimer l'étendue des superficies forestières gérées de façon durable à l'échelle mondiale. Il n'y a peut-être pas lieu de s'en étonner, compte tenu du nombre important de pays, de la vaste gamme de types de forêts, mais aussi de la diversité des conditions locales et des objectifs en matière de gestion. En conséquence, les tentatives faites jusqu'ici portaient sur des régions spécifiques ou s'appuyaient sur des objectifs et des définitions également spécifiques de l'aménagement durable des forêts, ce qui n'autorisait qu'une analyse partielle des évolutions. L'évaluation des ressources forestières de la FAO effectuée en 1980 et celle de 1990, ainsi qu'une étude entreprise par l'Organisation internationale du bois d'uvre tropical (Pooret et al., 1989), fournissent à ce sujet d'utiles références.
Selon l'ERF 1980, près de 42 millions d'hectares de forêts situées dans 76 pays tropicaux auraient été assujettis à une "gestion intensive en vue de la production ligneuse" en 1980 (FAO/UNEP, 1982). En 2000, on enregistrait dans ces pays au moins 117 millions d'hectares de forêts régies selon un plan de gestion formalisé et approuvé à l'échelle nationale pour une durée d'au moins cinq ans. La plupart de ces forêts, mais pas leur totalité, étaient gérées en vue de la production ligneuse. Enfin, toujours dans ces pays, 2,2 millions d'hectares de forêts avaient fait l'objet d'une certification par des tierces parties.
Selon les estimations de l'OIBT, on enregistrait en 1988 un maximum d'un million d'hectares de forêts, situées dans 17 pays tropicaux producteurs de bois d'uvre, soumis à une gestion durable en vue de la production ligneuse. Si l'on se fonde sur la superficie assujettie , en 2000, à des plans de gestion et/ou certifiée dans ces mêmes 17 pays, on voit une superficie beaucoup plus importante faire aujourd'hui l'objet d'une gestion durable en vue de la production ligneuse. À l'heure actuelle, plus de 35 millions d'hectares de forêts situées dans ces pays sont régis en vertu d'un plan de gestion forestière formalisée, et la certification par des tierces parties porte sur 1,7 million d'hectares. On trouve, en outre, une superficie beaucoup plus importante admissible à la certification ou destinée à être soumise à une gestion durable à des fins autres que la production de bois d'uvre. À titre d'illustration, six pays tropicaux10 totalisant une superficie forestière de 206 millions d'hectares, alors même qu'ils n'ont pas encore appliqué un régime de l'aménagement durable à l'ensemble de leurs forêts, semblent avoir établi des conditions telles que l'on peut s'attendre à ce qu'ils gèrent leurs forêts de façon durable dans un proche avenir (OIBT, 2000b)).
Dans les forêts tempérées et boréales, il semble que la situation soit demeurée stable ou qu'elle se soit améliorée au cours des vingt dernières années. Au début des années 80, toutes les superficies classées comme forêts fermées dans l'ex-Union soviétique ont été déclarées comme "gérées selon un plan de gestion forestière" et, en 2000, la Fédération de Russie ainsi que la plupart des États de la CEI ont déclaré que toutes leurs forêts étaient "gérées selon un plan de gestion formalisé ou informel", selon les critères de l'ERF 1980 et de l'ERF 2000 respectivement. En Europe, 19 autres pays ont communiqué des informations sur la situation prévalant au début des années 80, en 1990 et en 2000 en vue de l'évaluation de la gestion forestière (ONU/CEE/FAO, 1985; ONU/CEE/FAO, 1992; ONU/CEE/FAO, 2000b)). Dans ces pays, la proportion de forêts fermées "gérées conformément à un plan de gestion forestière" en 1980 était de 64 pour cent; en 1990, la proportion de forêts "soumises à gestion active" était de 71 pour cent; enfin, en 2000, 95 pour cent de la superficie forestière étaient déclarés comme étant "gérés conformément à un plan de gestion formalisé ou informel". Selon les informations recueillies au Canada et aux États-Unis, la proportion de la superficie forestière déclarée comme étant soumise à gestion est passée de 60 et 41 pour cent, respectivement, en 1990, à 71 et 56 pour cent, respectivement, en 2000.
En résumé, il semble que, de manière générale, la situation touchant à la gestion forestière se soit améliorée dans la plupart des régions au cours des vingt dernières années.
On a assisté, au cours de la dernière décennie, à une intensification marquée de l'intérêt pour la conservation des forêts, et en particulier pour leur diversité biologique. L'ERF 2000 incorpore une évaluation de la superficie forestière mondiale bénéficiant d'une protection; cette évaluation se base sur le système de classification de l'Alliance mondiale pour la nature (UICN) pour les régions protégées (voir le tableau 9).
TABLEAU 9 Classification des zones protégées de l'UICN | |
Catégorie |
Définition |
Catégorie Ia |
Réserve naturelle intégrale: aire protégée gérée principalement à des fins scientifiques |
Catégorie Ib |
Zone de nature sauvage: aire protégée gérée principalement à des fins de protection des ressources sauvages |
Catégorie II |
Parc national: aire protégée gérée principalement à des fins de conservation des écosystèmes et à des fins récréatives |
Catégorie III |
Monument naturel: aire protégée gérée principalement dans le but de préserver des éléments naturels spécifiques |
Catégorie IV |
Aire de gestion des habitats ou des espèces: aire protégée gérée principalement à des fins de conservation, avec intervention au niveau de la gestion |
Catégorie V |
Paysage terrestre ou marin protégé: aire protégée gérée principalement dans le but d'assurer la conservation de paysages terrestres ou marins à des fins récréatives |
Catégorie VI |
Aire protégée de ressources naturelles gérée: aire protégée gérée principalement à des fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels |
Afin de réaliser son évaluation de la superficie forestière protégée, l'ERF 2000 s'est appuyée sur deux ensembles indépendants de statistiques: d'une part, les données communiquées par les pays en réponse au questionnaire de l'ERF 2000 et, d'autre part, une base de données spatiales sur les zones protégées élaborées par le Centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature (CMSC) du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). La plupart des questionnaires de l'ERF 2000 ont été adressés aux agences forestières nationales, tandis que le CMSC a réuni ses informations auprès des agences nationales responsables de la conservation de la nature, des parcs et des zones protégées. Une comparaison entre les deux sources de données a indiqué qu'il reste encore beaucoup à faire pour harmoniser les données nationales et internationales, y compris les données provenant de différentes agences d'un même pays. En outre, l'interprétation de la notion de zone protégée diffère souvent de façon substantielle d'un pays à l'autre, ce qui rend les statistiques agrégées peu fiables à l'échelle mondiale. Ainsi, certains pays considèrent que la quasi-totalité de leurs forêts bénéficient du statut de protection en vertu de la Catégorie V ou VI de l'UICN, en vertu de la législation forestière générale qui prévoit la gestion et l'utilisation durable des forêts.
Des données homogènes à l'échelle mondiale ont été obtenues en superposant la base de données spatiales du CMSC à la carte du couvert forestier mondial de l'ERF 2000. Les résultats obtenus indiquent qu'à l'échelle mondiale, près de 12 pour cent des forêts appartiennent aux catégories I à VI de l'UICN. Ce sont les régions de l'Amérique du Nord et de l'Amérique centrale qui présentent la proportion la plus élevée de forêts sous régime de protection (20 pour cent), suivies de l'Amérique du Sud (19 pour cent). Quant à l'Europe, c'est la région avec la proportion la plus faible de forêts protégées (5 pour cent); cela est dû en partie au fait que la classification de l'UICN, notamment pour les catégories V et VI, n'est pas bien adaptée aux conditions européennes. La figure 15 indique l'emplacement des principales zones de forêts bénéficiant d'un statut de protection.
FIGURE 15 Principales régions de forêts bénéficiant d'un régime de protection |
Le processus d'évaluation applicable aux pays industrialisés et coordonné par la CEE/ONU, comprenait un ensemble de variables plus large que celui ayant servi à l'évaluation concernant les pays en voie de développement, et il a permis d'obtenir des informations supplémentaires sur plusieurs aspects importants de la foresterie. Certains de ces aspects sont mis en relief ci-dessous.
Évolution des conditions des forêts. Dans le cadre de l'ERF 2000, des informations ont été recueillies sur les facteurs affectant les conditions des forêts et, donc, leur gestion. Outre les activités visant à réunir des données sur l'étendue et sur l'incidence des incendies de forêts à l'échelle mondiale (voir également l'analyse dans la Première partie), des renseignements ont été obtenus auprès des pays industrialisés quant aux conditions des forêts tempérées et boréales et à l'étendue des dommages qu'elles avaient subis. Nous proposons, ci-dessous, un bref résumé des résultats.
Dans l'ensemble des zones tempérées et boréales, les incendies constituent un problème de premier plan; toutefois, les causes et l'étendue de ces incendies varient d'un endroit à l'autre.
Dans bon nombre de forêts, les insectes et les maladies sont les principales causes de dégâts; il faut préciser toutefois que, dans la plupart des pays, ces derniers ne sont pas toujours signalés et qu'il est impossible de les évaluer de façon systématique car ils varient, quant à leur gravité et à leur nature, selon les causes, souvent épisodiques.
Dans de nombreux pays, les dégâts causés par la faune sauvage et par le bétail lorsqu'ils paissent - affectant principalement la régénération végétale - sont importants.
Les dégâts causés par des facteurs non biotiques tels que les tempêtes ou la neige, sont éminemment épisodiques et ne donnent généralement pas lieu à l'établissement de statistiques. En Europe, les tempêtes de grande ampleur qui se sont abattues en 1990 et en 1999 ont laissé des marques durables (voir la Première partie pour de plus amples informations sur la tempête de 1999).
Selon les chiffres indiqués, la défoliation est beaucoup plus répandue en Europe qu'en Amérique du Nord. Cependant, les comparaisons en matière de chiffres de défoliation, sur une période donnée et d'un pays à l'autre, sont problématiques et il est difficile de déterminer l'ampleur du phénomène. Les dégâts causés par la pollution sont souvent évoqués comme facteur aggravant de façon marquée la défoliation; toutefois, cette affirmation n'est pas étayée de façon directe - et l'on ne dispose pas non plus d'une indication claire de ce qui constitue un niveau "normal" de défoliation.
Bien que l'ERF 2000 fournisse des informations sur certains types de dégâts causés aux forêts, il serait prématuré de tenter une évaluation objective des conditions des forêts, du fait de la diversité des causes des dégâts et du manque de clarté quant à ce qui devrait constituer des conditions "normales" ou "salubres" pour une forêt. Ainsi, ces conditions devraient, en théorie, être évaluées en rapport avec les aspects fonctionnels de la forêt; or, ces derniers varient selon les forêts et selon les périodes. Les progrès accomplis par l'ERF 2000 dans l'évaluation des conditions des forêts ont soulevé de nouvelles questions, qui seront prises en compte dans l'avenir.
La production ligneuse. Dans de nombreuses parties du monde, les forêts restent gérées de façon prédominante en vue de l'offre et de la production de bois. Dans le cadre de l'ERF 2000, on s'est efforcé d'estimer le volume de bois disponible, son taux de croissance et la quantité prélevée. Nous donnons ci-dessous les résultats obtenus pour les pays industrialisés.
Les forêts tempérées et boréales des pays industrialisés contiennent 188 milliards de mètres cubes de volume sur pied dont près de la moitié en Fédération de Russie. Cependant, certaines forêts ne sont pas "disponibles pour la fourniture de bois", soit parce qu'elles ont été désignées comme forêts protégées, soit parce que leur éloignement ou le terrain accidenté y rendent l'abattage peu rentable (voir figure 16).
FIGURE 16 Superficie de forêts disponibles pour la fourniture de bois |
Source: ERF 2000. |
En Europe, 85 pour cent des forêts sont disponibles pour la fourniture de bois, contre 70 pour cent en Amérique du Nord et 64 pour cent dans la CEI. Dans les "autres pays industrialisés", notamment en Australie, de nombreuses forêts sont considérées comme non exploitables du fait de leur éloignement ou parce qu'elles sont situées dans des réserves naturelles. Les deux tiers des superficies forestières considérées comme non disponibles pour la fourniture de bois, en Europe, et la totalité de cette catégorie aux États-Unis et au Japon, sont considérées comme inexploitables pour des raisons de conservation et de protection des forêts. Au Japon et aux États-Unis, ces raisons sont invoquées pour la totalité des forêts non disponibles. Au Canada et en Fédération de Russie, toutefois, ce sont les raisons économiques - en particulier l'éloignement - qui prédominent. Dans un contexte d'accroissement de la superficie forestière totale, on assiste à une expansion des superficies disponibles comme de celles non disponibles pour la fourniture de bois; à noter, toutefois, que les surfaces considérées comme non disponibles pour la fourniture de bois connaissent une expansion plus rapide. Il semble que certaines des forêts jusque-là "disponibles" soient reclassées en forêts "non disponibles" à mesure que s'élargit la superficie bénéficiant d'un régime de protection.
L'économie de la production de bois est également influencée de façon marquée par la concentration de la ressource, à savoir le peuplement à l'hectare; la concentration est à son tour influencée en partie par le climat et par le site, mais également par les pratiques sylvicoles des gestionnaires présents ou passés.
Bien que la région de la CEI dispose, et de loin, du volume le plus important de forêts sur pied dans les zones tempérées et boréales, ces peuplements sont moins productifs et sont exploités de façon moins intensive que ceux de l'Europe et de l'Amérique du Nord. L'accroissement annuel brut (AAB), tant en CEI qu'en Amérique du Nord, est à peine supérieur à 1 million de m3; toutefois, une fois ajusté en fonction des pertes naturelles (insectes, mortalité, incendie, etc.), on obtient en Amérique du Nord un accroissement annuel net (AAN) d'environ 15 pour cent supérieur à celui de la CEI11 (voir la figure 17).
FIGURE 17 Augmentation annuelle brute et prélèvements |
Source: ERF 2000. |
Les forêts tempérées et boréales se caractérisent en particulier par le fait que dans tous les pays, à l'exception de Chypre et de l'Arménie, les abattages sont inférieurs, parfois de façon marquée, à l'AAN dans les forêts disponibles pour la fourniture de bois. Il en résulte une augmentation régulière des forêts sur pied dans la quasi-totalité des pays. Ainsi, l'abattage n'intéresse que 59 pour cent de l'AAN en Europe et 79 pour cent en Amérique du Nord. En CEI, seule une petite partie (17 pour cent) de l'augmentation est prélevée. Ce phénomène s'explique par l'éloignement ainsi que par les conditions difficiles d'exploitation, qui rendent très coûteuses les opérations de récolte dans certaines régions de la Fédération de Russie, mais il est également dû à l'effondrement généralisé des institutions régissant le secteur forestier en Fédération de Russie pendant la période de transition. En 1999, le niveau des abattages a été de l'ordre de 130 millions de m3, contre près de 400 millions de m3 (volume toujours inférieur à l'augmentation) à la fin des années 80.
En ce qui concerne l'ensemble des pays de forêts tempérées et boréales, la différence entre l'AAN et les abattages réalisés dans les forêts disponibles pour la fourniture de bois est de 1,2 milliard de m3. Ainsi, le volume du bois disponible dans les forêts tempérées et boréales est en augmentation d'un volume au moins équivalent à ce chiffre chaque année, tandis que les mêmes forêts satisfont une part importante des besoins mondiaux en bois industriel.
Propriété et gestion. Les formes de régime de propriété du domaine forestier tendent à varier de façon considérable. Ainsi, en Europe, au Japon et aux États-Unis, les forêts et autres terres boisées appartiennent, pour beaucoup plus de la moitié, à des propriétaires privés, et presque toujours à des particuliers12. La totalité des terres forestières de la CEI, 93 pour cent des forêts du Canada, et 60 à 70 pour cent des forêts d'Australie et de Nouvelle-Zélande, appartiennent au domaine public. Dans les pays industrialisés, à peine plus de 2,5 pour cent de la totalité des forêts et autres terres boisées, soit 62 millions d'hectares, appartiennent à des communautés indigènes et tribales, selon la Convention relative aux peuples indigènes et tribaux. La majeure partie de ces terres sont situées en Australie. Cependant, des débats politiques approfondis sont en cours dans plusieurs pays, notamment au Canada et en Nouvelle-Zélande, à propos de l'octroi ou de la restitution de vastes espaces de terres, en grande partie boisées, aux peuples indigènes.
Dans de nombreux pays d'Europe centrale et orientale dont l'économie est en transition, le régime de propriété évolue en profondeur à mesure que les terres forestières sont restituées à leurs anciens propriétaires ou sont soumises à privatisation. Il s'agit-là d'un processus long et complexe, qui suscite des problèmes d'ordre juridique et pratique de grande ampleur13.
Il existe souvent un lien entre l'étendue du domaine forestier et son mode de gestion. En Europe et aux États-Unis, il existe une myriade de petits propriétaires ou de micropropriétés, mais également quelques grands domaines. En Europe, on dénombre près de 10,7 millions de domaines forestiers privés, d'une taille moyenne de 10,6 ha, et plusieurs millions de petits propriétaires dont la parcelle est inférieure à 3 ha. On voit également croître le nombre des propriétaires absents, qui vivent et travaillent loin de leur forêt et ne cherchent pas à en tirer de revenu. Cette situation influence indéniablement les objectifs de la gestion forestière. Dans de nombreux pays d'Europe, les politiques forestières se sont fixées, parmi leurs principaux objectifs, celui d'aider ces propriétaires à gérer leur forêt de façon adéquate.
Loisirs et accès. La plupart des pays industrialisés ont indiqué que le public a accès aux forêts du domaine étatique à des fins de loisirs et pour y recueillir des produits forestiers à usage personnel. Rappelons que l'usage commercial nécessite normalement l'obtention d'une licence. La plupart des pays pratiquent une politique favorisant également le libre-accès aux forêts privées, avec parfois certaines restrictions. Seule une minorité de pays prévoient une autorisation d'accès de la part du propriétaire. En règle générale, les modalités d'accès aux forêts n'ont pas subi récemment de modifications marquées; toutefois, l'extension des domaines forestiers privés en Europe centrale et orientale, ainsi que l'augmentation des surfaces protégées, pourraient réduire légèrement les superficies accessibles au public.
Dans l'ensemble des zones tempérées et boréales, on voit croître l'importance des forêts comme espaces récréatifs et de loisirs, servant de cadre à des activités de pique-nique, de randonnées, de camping, d'équitation et de cyclisme tout-terrain. De nombreux pays considèrent comme prioritaire d'avoir des forêts à usage récréatif à proximité de centres de populations. Mais les forêts jouent également un rôle bénéfique pour la société - même s'il ne présente pas un rapport direct avec les loisirs - en tant que source de microclimat, d'atténuation du bruit, d'amélioration de l'esthétique, etc. De nombreux pays signalent que la demande tournée vers la contribution culturelle, historique, spirituelle et scientifique des forêts se fait de plus en plus sentir.
L'évaluation des ressources forestières 2000, initiative conjointe entreprise par la FAO en coopération avec ses membres et d'autres partenaires, notamment la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe, a recueilli et synthétisé un montant considérable d'informations concernant non seulement la situation et l'évolution des superficies forestières à l'échelle mondiale, mais aussi la gestion forestière et certaines variables supplémentaires liées aux forêts. Elle a également fourni d'importantes informations concernant les inventaires forestiers et d'autres informations nécessaires à l'établissement des politiques et à la prise des décisions relatives à la gestion forestière qui sous-tendent les efforts accomplis par les pays pour progresser vers l'aménagement durable des forêts. En dépit des carences reconnues des informations sur lesquelles s'appuie l'évaluation, l'ERF 2000 représente l'étude de référence la plus complète, la plus fiable et la plus autorisée des ressources forestières à l'échelle mondiale, et elle fournit une excellente base pour de futures améliorations des informations concernant les forêts du monde.
Les principales conclusions de l'ERF 2000 portant sur les sujets évoqués dans ce chapitre sont présentées ci-dessous.
Les enseignements tirés des évaluations forestières mondiales fournissent la base d'un perfectionnement des méthodes de production d'informations fiables sur les forêts du monde. Il est toutefois urgent de poursuivre les efforts pour obtenir des informations plus précises et plus objectives en vue des futures études mondiales, et de renforcer la capacité des pays en ce qui a trait aux inventaires forestiers et au suivi de l'évolution de leurs ressources forestières. Il est en effet essentiel que l'on dispose d'une base d'informations améliorée sur les ressources forestières afin de pouvoir mettre au point et appliquer des politiques et des programmes de l'aménagement durable des forêts. La FAO s'efforcera de poursuivre son travail en coopération avec les pays et avec les autres partenaires dans ce domaine, grâce à l'élaboration de nouvelles techniques et à la formation de professionnels des inventaires forestiers.
1 Le site Internet du Département des forêts de la FAO constitue la source d'informations la plus à jour sur tous les aspects de l'évaluation; il contient des informations sur tous les pays (www.fao.org/forestry/fo/ERF/index.jsp). On trouvera également, dans le document CEE/ONU-FAO (2000b), les résultats de l'évaluation portant sur les forêts tempérées et boréales.
2 Les pays considérés comme faisant partie de la région européenne aux fins de l'évaluation coordonnée par la CEE/ONU sont ceux énumérés sous le titre "Europe" dans l'Annexe 2, à l'exception des membres de la CEI, de Chypre, d'Israël et de la Turquie.
3 La Conférence Kotka III a recommandé à la FAO d'envisager de conduire une étude par télédétection au niveau mondial en s'appuyant sur environ 350 unités d'échantillonnage. Cependant, en raison des restrictions financières, le travail a été limité aux tropiques, sauf pour certaines activités pilotes.
4 La FAO a mis sur pied un réseau d'agents de coopération qui ont contribué à l'élaboration des cartes. Parmi les principaux collaborateurs, citons le EROS Data Center des États-Unis; le World Conservation Monitoring Centre, basé au Royaume-Uni; l'Institute for Applied Research and Analysis en Autriche; le Laboratoire d'écologie terrestre, en France; le Centre canadien de télédétection; le United States Forest Service; et l'Australian Bureau of Rural Sciences.
5 Un nombre limité de systèmes de classification a été mis au point en vue d'un usage à l'échelle mondiale, parmi lesquels les systèmes Bailey, Holdridge, Köppen et Thornwaite; toutefois, aucun d'entre eux n'est disponible sous forme numérique ni rapporté à une base cartographique correcte au plan géométrique. Le système le plus répandu et dont l'usage est le plus ancien est le système Köppen.
6 La catégorie des forêts naturelles comprend les forêts semi-naturelles, soit le type dominant de forêts dans de nombreuses régions, en particulier pour les forêts tempérées et boréales des pays industrialisés (voir CEE/ONU/FAO, 2000b)).
7 Le titre complet des principes forestiers est: "Déclaration de principe non juridiquement contraignant mais faisant autorité pour un Consensus mondial sur la gestion, la conservation et l'exploitation écologiquement viable de tous les types de forêts".
8 Il s'agit de l'exception au Processus de Montréal, qui ne précise pas la gestion gérée en vertu d'un plan de gestion en tant que tel, mais, plutôt, le pourcentage de superficies forestières gérées à des fins spécifiques.
9 Du fait de l'utilisation de deux définitions différentes, il est difficile de faire une comparaison entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement, et d'en déduire un chiffre global pour l'ensemble des forêts soumises à un plan de gestion à l'échelle mondiale. En outre, certains pays industrialisés ont interprété la définition de façon différente. Par ailleurs, de nombreux pays en développement n'ont pas incorporé les forêts situées dans des zones protégées à la surface soumise au plan de gestion, et certains pays en ont exclu les plantations. On voit donc qu'il est nécessaire d'affiner et de préciser davantage les définitions en vue des prochains recensements de superficies forestières soumises à des plans de gestion.
10 Cameroun, Ghana, Guyana, Indonésie, Malaisie et Myanmar.
11 Ce chiffre est peut-être surestimé, étant donné que le Canada n'a pas pu fournir de données sur les pertes naturelles.
12 Ce n'est qu'au Canada, en Finlande, au Japon, en Suède et aux États-Unis que l'on trouve plus d'un million d'hectares détenus par les industries forestières.
13 Ces problèmes sont notamment liés à la difficulté de retrouver et d'identifier avec précision, cinquante ans après l'expropriation, les anciens propriétaires ou leurs héritiers, de tracer les limites des propriétés et de fournir un soutien et des orientations à des milliers de nouveaux propriétaires forestiers, souvent encore méfiants à l'égard de l'autorité centrale.