7.1 Analyse des captures et de l'effort de pèche
7.2 Analyse des populations virtuelles
7.3 Production par recrue
7.4 Recrutement
7.5 Estimations de la biomasse par prospection acoustique
7.1.1 Généralités
7.1.2 Zone A
7.1.3 Zone B
7.1.4 Zone C 2
Sur le Tableau 6 de l'Annexe III figurent les données de capture par zones de pêche. Celles concernant l'effort sont disponibles pour la flottille marocaine dans la zone A, pour la flottille espagnole dans la zone B et pour la flottille polonaise dans la zone C. Le Groupe a décide de procéder séparément pour chaque zone à des analyses de capture et d'effort; ces évaluations devraient fournir des informations distinctes sur l'état d'exploitation et la production potentielle, dans le cas où chaque zone contiendrait un stock indépendant de sardine. Malheureusement, les données dont on dispose n'ont pas permis de faire la même analyse globalement sur l'ensemble des zones pêchées ceci pour répondre au cas ou toutes les sardines appartiendraient au même stock.
Dans le Tableau 3 figurent les données marocaines de capture et d'effort pour cette zone. On notera que les captures diffèrent de celles du Tableau 3 publié dans le rapport de la troisième session du Groupe de travail COPACE sur l'évaluation des ressources: ont été exclues, en effet, les captures effectuées hors des secteurs Safi/Agadir, cela pour tenir compte de la possibilité pour la sardine pêchée au large de Casablanca d'appartenir a un stock indépendant (cf. par. 4.8). L'effort de pêche a été calculé pour les flottilles Safi, Essaouira et Agadir en additionnant les produits du nombre de sorties par le tonnage de jauge brute de tous les bâtiments de la flottille.
Comme il a été signalé dans les rapports antérieurs, l'effort s'est accru considérablement pendant la période 1969-1976, tandis que les captures restaient sensiblement constantes, avec quelques grosses fluctuations irrégulières que l'on croit dues aux variations de disponibilité et d'abondance du poisson liées à des facteurs climatiques.
La Fig. 2 montre la relation entre l'effort, la CPUE et les captures totales dans l'hypothèse où la Zone A contient un stock indépendant. Les points sur le graphique montrent une assez grande dispersion, probablement due à la variabilité dans la disponibilité. On a cependant calcul? la régression, d'une part entre la CPUE et l'effort moyen pour l'année d'observation et l'année précédente (modèle R de Gulland) et d'autre part, entre le logarithme de la CPUE et l'effort moyen sur 2 ans (modèle RI de Fox). Les modèles indiquent que si le poisson de la Zone A appartenait à un stock indépendant, la production potentielle moyenne de ce stock se situerait entre 204 000 et 250 000 tonnes, capture que l'on obtiendra avec un effort compris entre 1650 et 2170 unités. D'après ces résultats, l'effort de pêche actuel (1845 unités) aurait déjà atteint, et peut-être même dépassé, le niveau correspondant à la production maximale moyenne du stock.
Tableau 3
CAPTURE, EFFORT ET CAPTURE PAR UNITE D'EFFORT (CPUE) DANS LA ZONE A
Année |
Total des captures dans la zone (milliers de
tonnes) |
CPUE |
ln CPUE |
Effort Total |
Effort (moyen sur deux ans) |
1962 |
120 |
236 |
5.46 |
508 |
- |
1963 |
119 |
123 |
4.81 |
963 |
735.5 |
1964 |
128 |
122 |
4.80 |
1 045 |
1 004 |
1965 |
148 |
161 |
5.08 |
922 |
983.5 |
1966 |
238 |
232 |
5.45 |
1 023 |
972.5 |
1967 |
197 |
213 |
5.36 |
921 |
972 |
1968 |
162 |
177 |
5.18 |
913 |
917 |
1969 |
164 |
187 |
5.23 |
875 |
894 |
1970 |
161 |
151 |
5.02 |
1 071 |
973 |
1971 |
166 |
125 |
4.83 |
1 329 |
1 200 |
1972 |
174 |
111 |
4.71 |
1 558 |
1 443.5 |
1973 |
325 |
171 |
5.14 |
1 899 |
1 728.5 |
1974 |
204 |
114 |
4.74 |
1 797 |
1 848 |
1975 |
148 |
84 |
4.43 |
1 761 |
1 779 |
1976 |
177 |
92 |
4.52 |
1 929 |
1 445 |
Le Tableau 4 donne les captures dans cette zone et les CPUE de la flottille des Canaries. On voit que les captures ont continuellement progressé, de même que la prise par jour de pêche. On croit toutefois que, en ce que concerne ce dernier, la progression ne reflète pas un accroissement du stock dans la zone, mais plutôt una augmentation de la taille et de l'efficacité des bateaux.
On obtiendrait probablement une estimation plus correcte des variations de la dimension du stock à partir des résultats de capture par jour de pêche et par tonne de jauge des bâtiments. C'est pourquoi il est recommandé aux chercheurs espagnols de s'efforcer de recueillir des informations sur le tonnage des bateaux de pêche que opéraient les années passées, de manière à pouvoir apporter les corrections nécessaires. Tant que ces données ne seront pas connues, on ne saurait prétendre a une analyse fiable de la capture et de l'effort pour cette zone.
Tableau 4
CAPTURE, EFFORT ET CAPTURE PAR UNITE D'EFFORT (CPUE) DANS LA ZONE B
Année |
Capture (tonnes) |
Effort 1 |
CPUE |
1965 |
14 600 |
1 270 |
11.5 |
1966 |
20 879 |
1 491 |
14.0 |
1967 |
28 619 |
2 201 |
13.0 |
1968 |
32 345 |
2 156 |
15.0 |
1969 |
35 998 |
2 400 |
15.0 |
1970 |
49 910 |
3 697 |
13.5 |
1971 |
55 511 |
3 033 |
18.3 |
1972 |
46 594 |
3 328 |
14.0 |
1973 |
65 810 |
3 290 |
20.0 |
1974 |
80 486 |
3 593 |
22.4 |
1975 |
68 893 |
2 650 |
26 |
1976 |
117 450 |
3 414 |
34.4 |
1 En jours de pêche, calculés à partir des CPUE espagnoles.
Tableau 5
CAPTURE, EFFORT ET CAPTURE PAR UNITE D'EFFORT (CPUE) DANS LA ZONE C
Année |
Total des captures (tonnes) |
CPUE |
Effort total |
Effort (moyenne sur 2 ans) |
1973 |
53 500 |
7.8 |
6 860 |
- |
1974 |
117 700 |
7.5 |
15 690 |
11 275 |
1975 |
173 600 |
6.2 |
28 000 |
21 845 |
1976 |
205 000 |
5.4 |
37 960 |
32 980 |
2 Cf. Section 10 - Postface.Les données pour cette zone figurent au Tableau 5. Les captures y ont progressé tris rapidement, depuis un chiffre voisin de zéro jusqu'à 200 000 tonnes six ans plus tard. On dispose de renseignements sur les captures par jour de pêche des chalutiers polonais du type B23 pour les années 1972 à 1977. Ainsi que l'a mentionné le rapport 1976 du Groupe de travail du COPACE, les captures par jour de pêche de ces bâtiments ont été sensiblement affectées par un phénomène de saturation qui fait que les chiffres communiqués traduisent mieux la capacité de traitement journalière des navires que les quantités qu'ils pouvaient pêcher. Les nouvelles données polonaises sur les captures par heure de pêche des chalutiers du type B18 ne sont pas, croit-on, biaisées par la saturation des bâtiments et doivent donc mieux correspondre à la densité réelle du poisson. Ces chiffres, qui figurent au Tableau 5 ont été utilises pour estimer l'effort total. Leur analyse indique que la production maximale des stocks se situerait entre 190 000 et 220 000 tonnes, elle peut être obtenue par les bateaux polonais en 45 000 à 70 000 heures de chalutage. Ces résultats suggèrent si la sardine de la zone C appartient à un stock unitaire indépendant, celui-ci serait actuellement presque pleinement exploité.
Les données fournies par le Maroc, l'Espagne et 1 Pologne sur la composition par âge des captures représentent une amélioration fondamentale pour l'étude des populations de sardine grâce a l'échange préalable entre spécialistes concernés d'Espagne et du Maroc de matériel pour la lecture de l'âge, il a été possible d'arriver à un accord sur la détermination de l'âge de la sardine.
Les informations dont on a disposé comprenaient:
a) les captures de S. pilchardus par la flottille marocaine en zone A, exprimées en effectifs (103) de chaque groupe d'âge par trimestres, depuis le 3ème trimestre 1973 jusqu'au 3ème trimestre 1977 (Tableau 1, Annexe IV).Ces données ont permis de faire des analyses de cohortes par zones de pêche, en partant de l'hypothèse que chaque zone contenait un stock indépendant de sardine. Une analyse combinée des zones A et B, supposant que ces zones n'abritaient qu'un seul et même stock de sardine a également été effectuée. Malheureusement, les données disponibles n'ont pas permis de procéder à une analyse globale pour l'ensemble des trois zones.b) les captures de S. pilchardus par la flottille espagnole en zone B, exprimées en effectifs (103) de chaque groupe d'âge par trimestre, depuis le 3ème trimestre 1975 jusqu'au 1er trimestre 1977 (Tableau 2, Annexe IV)
c) les captures annuelles de S. pilchardus dans la zone C, exprimées en effectifs (103) par classe d'âge (Tableau 3, Annexe IV).
Les données marocaines couvraient pratiquement la totalité de la pêche en Zone A pendant la période considérée. Pour l'analyse, on a pris pour coefficient annuel de mortalité naturelle (M) le chiffre de 0,8 (M = 0,2 pour un trimestre), en se basant sur les valeurs que fournit la documentation existante sur la mortalité naturelle de cette espèce. Pour la mortalité annuelle par pêche (Ft), on a appliqué les valeurs finales de 0,8 et 1,2 (0,2 et 0,3 par trimestre). Ces deux valeurs hypothétiques conduisent rapidement à la convergence des estimations de F pour les trimestres précédents, ainsi qu'à des valeurs très voisines pour les mêmes trimestres des années successives. Sur cette base, et compte tenu du fait que le trimestre final utilisé dans l'analyse correspond à une période de pêche plutôt intensive, la valeur de 0,2 pour Ft par trimestre a été acceptée. Les sommes des chiffres de mortalité trimestrielle obtenus par l'analyse, c'est-à-dire les estimations des taux de mortalité annuelle, figurent au Tableau 6. Quant au Tableau 7, il indique les effectifs de sardine de chaque âge présents au début des années 1974, 1975 et 1976.
Tableau 6
ESTIMATION DES TAUX ANNUELS DE MORTALITE PAR PECHE PAR GROUPES D'AGES, DANS LA ZONE A, DE 1974 A 1976
Age |
Année |
||
1974 |
1975 |
1976 |
|
I |
0.17 |
0.10 |
0.50 |
II |
0.49 |
0.77 |
0.76 |
III |
0.42 |
0.88 |
0.65 |
IV |
|
0.39 |
0.77 |
ESTIMATION DES EFFECTIFS DE SARDINE (106) PAR GROUPES D'AGE PRESENTS DANS LA ZONE A AU DEBUT DES ANNEES 1974, 1975 et 1976
Age |
Année |
||
1974 |
1975 |
1976 |
|
I |
9 544 |
9 511 |
4 900 |
II |
8 081 |
3 565 |
3 813 |
III |
4 844 |
2 317 |
749 |
IV |
1 097 |
1 421 |
435 |
En ce qui concerne l'analyse des cohortes pour l'ensemble des zones A et B en supposant que ces deux zones ne contiennent qu'un seul et même stock, des raisons identiques aux précédentes ont déterminé le choix des valeurs suivantes: 0,1 ou 0,2 comme taux trimestriel pour Ft et 0,8 comme coefficient annuel de mortalité naturelle.
Les résultats de cette analyse sont donnés dans les Tableaux 8 et 9.
Enfin, un document présenté au Groupe de travail par Krzeptowski (sous presse) décrit una analyse analogue basée sur les données de capture annuelle dans la zone C. Dans ce cas, on a pris 0,5 comme valeur du coefficient de mortalité naturelle et, comme taux de mortalité annuelle due à la pèche, trois valeurs différentes: 1,0, 1,4 et 1,6. Ici encore, ces différentes valeurs de Ft ont fourni des résultats assez voisins. Le Tableau 8 reproduit toutes les estimations des taux annuels de mortalité par pêche, telles qu'elles ont été obtenues pour 1976. Le Tableau 9 donne les estimations des effectifs de sardine dans le stock au début de 1976. Les valeurs polonaises figurant dans ces tableaux ont été obtenues en prenant pour Ft la valeur de 1,0.
Les données du Tableau 8 font apparaître dans la Zone A une forte mortalité par pèche pour les groupes d'âge 1 et au-delà tandis que, dans les zones B et C, le recrutement n'est complet que lorsque les sardines rejoignent le groupe d'âge III. Il semblerait qu'en 1976 le taux de mortalité par pêche pour les groupes d'âge complètement recrutés ait été du même ordre de grandeur dans les trois zones.
Tableau 8
ESTIMATION DES TAUX ANNUELS DE MORTALITE PAR PECHE DANS LES ZONES A, (A+B), B ET C EN 1976, PAR GROUPES D'AGE
Age |
Zones de pêche |
|||
A |
(A + B) |
B |
C |
|
I |
0.5 |
0.28 |
0.03 |
0.02 |
II |
0.76 |
0.48 |
0.25 |
0.1 |
III |
0.65 |
0.83 |
0.74 |
0.7 |
IV |
0.77 |
0.75 |
0.61 |
1.3 |
V |
|
0.9 |
0.94 |
0.9 |
VI |
|
|
0.82 |
1.0 |
ESTIMATION DES EFFECTIFS DE SARDINE PAR GROUPES D'AGE (× 109) PRESENTS AU DEBUT DE 1976, PAR ZONES DE PECHE
Age |
Zones de pêche |
|||
A |
(A + B) |
B |
C |
|
I |
4.9 |
8.0 |
2.3 |
3.1 |
II |
3.8 |
7.8 |
3.9 |
5.2 |
III |
0.7 |
1.9 |
1.5 |
3.1 |
IV |
0.4 |
1.4 |
1.2 |
1.4 |
V |
0.4 |
0.3 |
0.2 |
0.3 |
VI |
|
|
|
0.03 |
Les taux de mortalité par pêche trouvés par analyse des populations virtuelles étaient à peu près équivalents à ceux de la mortalité naturelle et un; taux d'exploitation E d'environ 0,5 peut donc être retenu. Cette observation a permis d'étudier l'effet des variations de l'effort total de pêche sur la production par recrue. K a été estimé entre 0,35 et 0,98 (par. 4.4) et M à 0,8 et le rapport M/K se situe entre 0,8 et 2,3. L'équation de croissance montre que le poisson âgé de 2 ans a déjà accompli 70 pour cent, ou plus, de sa croissance en longueur.
Les tables de production montrent que, pour toutes les valeurs de M/K supérieures à 0,75, c'est égal à 0,70 ou davantage et E est égal à 0,5, la production par recrue peut être augmentée substantiellement, bien que cela implique un accroissement considérable de l'effort. Ainsi, avec M/K = 1,0 et c=0,70, on pourra obtenir une augmentation de 32 pour cent de la production par recrue en accroissant l'effort de pêche de 80 pour cent.
L'analyse des cohortes fournit une estimation des effectifs de chaque classe d'âge au début du recrutement de ce groupe d'âge dans la pêcherie. Elle permet donc de suivre les variations du recrutement. Malheureusement, le nombre d'années d'observations des pêcheries marocaines et espagnoles est trop faible pour pouvoir déceler une tandance dans les recrutements successifs. Les données polonaises provisoires suggèrent un fléchissement substantiel du recrutement dans les cinq ou six dernières années. Mais ces renseignements demandent confirmation.
De nouvelles études sur les variations du recrutement dans la zone sont donc nécessaires.
Exécutée en novembre 1974 entre la pointe Stafford (27°40'N) et le cap Cantin (32°35'N), une prospection acoustique a donné pour la biomasse dans ce secteur une estimation de 1,4 million de tonnes environ (Johannesson, Villegas et Lamboeuf, 1975). La campagne plus récente de janvier 1977 (Lamboeuf, 1977), a conduit a une estimation de 325 000 tonnes pour la biomasse comprise entre le cap Cantin et l'Oued Drâa, de 715 000 tonnes pour celle située entre l'Oued Drâa et 27°N, soit 1,04 million de tonnes au total. Cette dernière prospection de 1977 ayant porté sur une zone légèrement plus étendue, il semblerait donc que la biomasse de la sardine ait décru entre novembre 1974 et janvier 1977. Cependant, Lamboeuf (1977) a évalué la quantité de poisson pélagique autre que la sardine qui a pu être incluse dans les résultats de la prospection acoustique de 1974. Il est arrivé à une estimation de 1,1 million de tonnes pour la sardine seule- chiffre très voisin de l'estimation de 1977.