FAO/SMIAR - Rapport sur l' Afrique No.1, avril 2001 - page 4

Previous PageTable Of ContentsNext Page



PREMIÈRE PARTIE: VUE D'ENSEMBLE


Les perspectives alimentaires relatives à l'Afrique subsaharienne sont en général défavorables pour 2001, du fait de la sécheresse de l'année passée en Afrique de l'Est, de la durée des vagues de sécheresse à mi-campagne, des inondations qui ont suivi en Afrique australe, ainsi que des troubles civils persistants en Afrique centrale et dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest. On estime actuellement que 28 millions de personnes sont touchées par de graves pénuries alimentaires, dont 18 millions (soit 64 pour cent), en Afrique de l'Est. En Afrique australe, la longue vague de sécheresse à mi-campagne a nui aux récoltes dans plusieurs pays, alors que les inondations qui ont eu lieu par la suite, notamment au Mozambique, ont provoqué des pertes de récolte. Dans la région des Grands lacs, on enregistre une situation préoccupante du point de vue humanitaire en République démocratique du Congo, où selon les estimations, deux millions de personnes sont actuellement déplacées à l'intérieur du pays. La plupart d'entre elles ne peuvent pas être secourues par les organisations humanitaires en raison de l'insécurité. Au Burundi, la récente escalade des affrontements aggravera la situation alimentaire du pays, déjà précaire. Dans la sous région, les troubles intérieurs continuent à entraver la production vivrière en Angola, au Sierra Leone, en Guinée, au Libéria et au Soudan.



LES PERSPECTIVES DE RÉCOLTE SE SONT DÉTÉRIORÉES EN AFRIQUE AUSTRALE, À LA SUITE DE GRAVES INONDATIONS ET DE VAGUES DE SÉCHERESSE.

Du fait d'une longue sécheresse à mi-campagne, de précipitations excessives et de graves inondations localisées, mais en raison aussi des cours peu favorables du maïs au moment des semis, les prévisions relatives à la production céréalière en Afrique australe sont en net recul. En outre, des milliers de personnes ont dû être déplacées, à la suite des inondations qui ont causé d'importants dégâts aux infrastructures et des pertes en vies humaines, au Mozambique, au Malawi, au Zimbabwe et en Zambie, avec d'importants dégâts pour les infrastructures et des pertes en vies humaines.

Au Mozambique, 500 000 personnes ont été frappées par de graves inondations dans le centre du pays (provinces de Zambezia, de Sofala, de Manica et de Tete) et dans certaines zones de la province méridionale de Inhambane. Le niveau élevé des eaux du Zambèze, dû aux pluies torrentielles qui ont eu lieu dans les pays voisins, et aux fortes précipitations qui se sont abattues sans relâche sur les provinces du centre, à partir de la dernière décade de janvier et jusqu'à la première décade de mars, a provoqué des inondations qui ont fait 77 victimes et entraîné le déplacement de quelque 200 000 personnes. On signale également de graves dégâts aux infrastructures de transports. Selon les premières évaluations, il semblerait qu'à la mi-mars, 42 000 hectares aient été endommagés et les récoltes perdues du fait des inondations, essentiellement dans la province de Zambezia. L'an dernier, les cultures vivrières ont été détruites sur 48 000 hectares, à la suite des inondations qui ont dévasté les provinces du centre, alors qu'au niveau national la superficie submergée a atteint 167 000 hectares, principalement dans les provinces du sud. Aux alentours du 12 mars 2001, la décrue des eaux du Zambèze et du Pungwe s'est amorcée et de ce fait, la route reliant le Zimbabwe au port de Beira, au Mozambique, a été rouverte. Les secours qui se sont tout d'abord concentrés sur l'évacuation des personnes, sont maintenant axés sur l'aide humanitaire accordée aux populations déplacées. Les pouvoirs publics ont lancé un appel pour 30 millions de dollars E.-U. afin de faire face aux situations d'urgence dans les régions du centre. Une aide alimentaire est actuellement fournie à 20 000 personnes touchées, notamment par le biais de largages de vivres dans les zones inaccessibles. On estime à 2,3 millions de dollars E.-U. la valeur des intrants agricoles nécessaires pour permettre aux agriculteurs touchés de procéder aux prochains semis.

Dans les provinces méridionales, une longue période de sécheresse en janvier et des pluies irrégulières dès le début de la campagne ont eu un effet négatif sur la croissance des cultures, principalement du maïs. Les précipitations abondantes qui ont suivi au cours des deux dernières décades de février et au début du mois de mars dans la province d'Inhambane où des inondations ont eu lieu, ont en général été trop tardives et n'ont pas permis d'éviter la baisse des rendements. Dans les principales zones céréalières du nord, des précipitations satisfaisantes, début mars, ont été bénéfiques aux cultures éprouvées par la sécheresse en février. Les pertes imputables aux inondations sont insignifiantes au niveau national, mais les perspectives relatives à la récolte céréalière ont quelque peu baissé cette année du fait des pluies excessives de février et de début mars, de la sécheresse à mi-campagne dans le sud, et du temps sec qui a sévi récemment dans l'extrême nord-est. Les prévisions officielles qui envisageaient un accroissement de 6 pour cent de la production de céréales par rapport au niveau de l'an dernier ne vont probablement pas se réaliser, et selon les dernières indications, un recul devrait avoir lieu. Le résultat final dépendra du niveau des précipitations pendant le reste de la campagne.

Au Malawi, les fortes pluies qui se sont abattues sans discontinuer, de fin janvier à début mars et le niveau élevé des eaux du Shire ont entraîné d'importantes inondations dans les régions du sud et du centre, et le déplacement de 200 000 personnes, 60 000 d'entre elles se retrouvant sans logis. On signale de graves dégâts causés aux infrastructures et des pertes de récoltes. Les zones frappées le plus durement sont situées dans le sud, le long du cours du Shire, mais les inondations ont touché 13 des 27 districts du pays. La situation est particulièrement grave dans les districts de Nsanje et de Chikwana au sud, où de nombreux villages ont été complètement submergés, et dans les districts de Salima et de Nkhotakota, au centre du pays. Dans l'ensemble, on estime que 346 000 personnes au total ont été frappées, à divers degrés par les inondations, et ont besoin de vivres d'urgence et d'une aide non alimentaire. Les pouvoirs publics ont lancé un appel à la communauté internationale pour 6,7 millions de dollars, afin de pouvoir faire face au désastre. Le PAM a commencé à distribuer des vivres dans six districts, aux 60 000 personnes le plus durement touchées, mais de fortes précipitations ont interrompu les opérations de secours.

On estime pour l'instant que 50 000 hectares de récoltes ont été endommagés. Qui plus est, les pluies torrentielles ont provoqué une réduction substantielle des rendements potentiels des récoltes céréalières. La sécheresse et les températures élevées du mois de janvier, dans certains districts du sud, surtout ceux de Balaka, de Zomba et de Mwanza, ont également nui aux rendements dans ces régions. Les prévisions officielles ont été revues à la baisse et la récolte de maïs, qui représente quelque 95 pour cent du total de la production céréalière, devrait s'établir à 2,15 millions de tonnes. Il s'agit d'un recul de 13 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de l'an dernier, mais le niveau se situe encore au-dessus de la moyenne et suffit à satisfaire les besoins de consommation du pays. Toutefois, les excédents exportables du pays, qui se montaient à 300 000 tonnes pour l'année commerciale 2000/01 (avril/mars), devraient selon les prévisions diminuer fortement si la production correspond aux estimations.

Au Zimbabwe, les pluies abondantes et bien réparties de février et de début mars, ont suivi une période de forte sécheresse au mois de janvier, et ont provoqué des inondations à plusieurs endroits. D'importants dégâts ont été subis par les infrastructures de transports, les habitations et les récoltes. Les zones les plus touchées sont la province centrale du Mashonaland dans le nord-est, notamment dans le Muzarabani, où 15 000 personnes sont sans logis et en général, dans les régions situées le long du réseau hydrographique du Zambèze. Le Mashonaland Ouest et les Midlands ont également été touchés. Dans l'ensemble on estime que les inondations ont touché 30 000 personnes. Les pouvoirs publics ont lancé un appel pour 2,34 millions d'aide d'urgence et procèdent actuellement au largage de vivres et des produits non alimentaires dans les zones inaccessibles

Les perspectives de récolte pour 2001 sont en général médiocres. La superficie ensemencée devrait avoir fortement baissé à la suite du programme actuel de réinstallation des grandes exploitations commerciales et des pénuries de carburant. Les rendements devraient diminuer du fait d'une longue période de sécheresse en janvier et des pluies trop abondantes de février. Selon les premières estimations, la récolte de maïs devrait se monter à 1,2 million de tonnes, soit environ 41 pour cent de moins que l'an passé. La situation des approvisionnements vivriers devrait être tendue en 2001/02 ( avril/mars). Compte tenu de la production prévue et de l'estimation des stocks de report, les besoins d'importations au cours de l'année commerciale 2001/02 devraient augmenter fortement, alors que le pays souffre d'une pénurie de devises.

En Zambie, les fortes précipitations de février et l'ouverture des écluses du barrage de Kariba ont provoqué des inondations le long du cours du Zambèze et du Luangwa, laissant 5 000 personnes sans logis et provoquant des dégâts aux infrastructures et aux habitations. Les basses terres sont les plus atteintes, dans diverses provinces situées le long du bassin du Luangwa-Zambèze et notamment dans le district de Chama ( province de l'est), le district de Luangwa (province de Lusaka), les districts de Chibombo, Mkushi et Serenje (province du centre), les districts de Chilubi, Isoka, Mpulungu, Mbala et Mporokoso ( province du nord) et vallée de Gwembe ( province du sud). De graves pertes de récoltes sont signalées dans ces régions, où les populations affectées sont confrontées à des pénuries alimentaires.

On signale également d'importantes pénuries alimentaires pour quelque 84 000 réfugiés, d'origine angolaise ou en provenance de la République démocratique du Congo, doivent faire face à de graves difficultés alimentaires, les engagements d'aide alimentaire ayant été nettement inférieurs aux besoins. Les produits alimentaires de base font défaut dans six camps de réfugiés, où les rations ont été supprimées. Il est nécessaire de procéder à des engagements d'aide alimentaire et à des livraisons supplémentaires.

Les perspectives relatives à la récolte céréalière de cette année, se sont détériorées. Les pluies excessives du mois de février et de la première décade de mars auront probablement nui aux rendements dans plusieurs zones. Les rendements devraient également avoir fléchi du fait de la sécheresse prolongée qui a sévi en janvier dans les provinces du sud et de l'ouest. Dans l'ensemble, la production de maïs devrait chuter par rapport à la récolte exceptionnelle de l'an dernier, en raison du mauvais temps, des semis réduits et l'arrivée tardive des intrants.

En Angola, la situation des approvisionnements alimentaires est très tendue, du fait de la guerre civile qui se poursuit. De nouveaux déplacements de populations sont signalés, notamment dans la province de Bie, mais aussi dans celles de Huila, Kuando,Kubango, Malange et Uige. La population déplacée à l'intérieur du pays, estimée à 2,5 millions de personnes en juin dernier, continue à augmenter. La distribution de l'aide alimentaire est entravée par l'insécurité et pâtit de l'insuffisance des engagements pris. A la mi-mars, le PAM n'avait reçu que 60 pour cent des engagements pour les opérations en cours en Angola. De ce fait, le nombre des bénéficiaires a diminué d'un tiers, passant de 1,5 à 1 million et les rations ont diminué. D'autres engagements sont nécessaires d'urgence pour éviter d'ultérieures réductions.

Les perspectives de récolte pour 2001 sont défavorables, du fait des pluies irrégulières depuis le début de la campagne, et de la poursuite des déplacements de population. La sécheresse qui s'est prolongée par endroits a coïncidé avec des précipitations excessives dans d'autres parties du pays. Les précipitations qui sont survenues en février après la longue sécheresse de janvier, dans les régions méridionales, ont été probablement trop tardives pour que les rendements ne soient pas affectés. En outre, la superficie ensemencée devrait avoir diminué du fait de la recrudescence des troubles civils au moment des semis. On prévoit donc que la récolte sera encore une fois encore inférieure à la moyenne.

En Afrique du Sud, principal producteur et exportateur de maïs en Afrique australe, la récolte devrait être médiocre. On prévoit une superficie ensemencée inférieure de 17 pour cent au niveau de l'année passée, en raison du faible niveau des prix, au moment des semis. Les rendements ont subi les répercussions des pluies irrégulières dès le début de la campagne et d'une sécheresse prolongée dans les principales zones de culture en janvier et au cours de la première décade de février. Selon les premières indications, la récolte de maïs devrait s'établir à 7,2 millions de tonnes contre 10,9 millions de tonnes l'an dernier. Les disponibilités d'exportation pour le maïs devraient diminuer fortement en 2001/02 (avril/mars)

Ailleurs en Afrique australe, la sécheresse de mi-campagne a nui au développement des cultures en Namibie, au Lesotho, au Botswana et dans le sud de Madagascar. La production de céréales devrait diminuer ou se stabiliser aux alentours des faibles niveaux atteints l'an dernier. La production céréalière totale de la sous-région pour 2001 devrait marquer un net recul par rapport à la bonne récolte de l'an 2000, en raison de la réduction substantielle de la superficie ensemencée et de la baisse des rendements.



LES DIFFICULTÉS D'APPROVISIONNEMENT EN VIVRES SUBSISTENT EN AFRIQUE DE L'EST

Malgré l'amélioration des résultats lors de la deuxième campagne de céréales par endroits et les prévisions selon lesquelles les précipitations devraient être proches de la normale, pratiquement partout en Afrique de l'Est, de mars à mai 2001, la récente sécheresse dévastatrice ainsi que les affrontements et les troubles civils passés ou en cours, continuent de menacer la sécurité alimentaire d'environ 18 millions de personnes.

En Éthiopie, une bonne récolte a été rentrée pour la campagne principale "meher", les conditions météorologiques ayant été favorables dans les principales zones de culture. La Mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires de décembre 2000 a prévu une récolte "meher" de 11,61 millions de tonnes de céréales et de légumes secs, environ 7,3 pour cent de plus que l'estimation après-récolte de 1999. Toutefois, bien que la situation des disponibilités alimentaires globales se soit améliorée dans l'ensemble, la sécurité alimentaire reste précaire pour quelque 6,5 millions de personnes, notamment dans les zones pastorales dévastées par la grave sécheresse de l'an dernier, ainsi que dans celles touchées par la guerre avec l'Érythrée.

Au Kenya, la grave sécheresse de 1999/2000 a gravement mis en péril la sécurité alimentaire de près de 4,4 millions de personnes et a entraîné des opérations de secours de grande envergure. Malgré une certaine amélioration, la situation des approvisionnements alimentaires reste précaire. Dans les districts du nord consacrés à l'élevage, nombre d'animaux ont péri du fait du manque d'eau et de l'absence de pâturages. En outre la mauvaise campagne des "pluies courtes" 2000/01, a aggravé l'insécurité alimentaire dans le pays. Les "pluies courtes" (novembre-janvier) sont très importantes dans les zones d'élevage, car elles permettent d'alimenter les réserves d'eau et d'assurer les pâturages, alors que dans les zones agro-pastorales, elles poursuivent l'essentiel des disponibilités en vivres. Le 15 février 2001, les autorités kenyanes et l'équipe nationale des Nations Unies ont lancé un appel, pour 89 millions de dollars, afin de pouvoir aider pendant six mois les 4,4 millions de victimes de la sécheresse.

En Érythrée, pour plus de 1,8 million de personnes touchées par la guerre de proximité avec l'Éthiopie et la sécheresse, la situation des approvisionnements alimentaires reste précaire. Le déplacement en masse des agriculteurs des riches régions agricoles de Gash Braka et de Debub, qui assurent plus de 70 pour cent de la production céréalière, a compromis les récoltes pour l'an 2000. Les perspectives pour la campagne agricole de 2001, qui est sur le point de commencer, sont peu encourageantes car les agriculteurs ne peuvent pas retourner sur leurs exploitations, et de vastes étendues de terres sont inutilisables, en raison des mines. Le 22 février 2001, l'ERREC (Eritrean Refugee and Relief Commission) a lancé un appel pour 224 millions de dollars afin de pouvoir aider près de 2 millions de personnes, pendant 12 mois.

En Somalie, la bonne récolte de la campagne secondaire "deyr", après une récolte principale "gu" satisfaisante, a amélioré les perspectives alimentaires du pays. De ce fait, le nombre de personnes tributaires d'une aide alimentaire a diminué, passant de 750 000 en l'an 2000 à 500 000 cette année. Toutefois, des enquêtes récentes ont relevé que le taux élevé de malnutrition s'est maintenu du fait des difficultés rencontrées par les ménages à la suite de plusieurs vagues de sécheresse et à cause des répercussions à long terme des années d'insécurité. En outre, l'injection récente de nouvelles liquidités sur le marché a provoqué une forte flambée des prix pour les denrées alimentaires et les autres produits de base. L'interdiction faite aux pays riverains de la Péninsule arabe, d'importer du bétail en provenance de Somalie et des autres pays de la Corne de l'Afrique, en raison de la fièvre de la vallée du Rift, a également provoqué des pertes substantielles de revenus pour un grand nombre de ménages de pasteurs dont les moyens d'existence ont été remis en cause.

Au Soudan, les graves pénuries alimentaires dans les régions occidentales et australes sont dues à la sécheresse. La guerre civile qui se poursuit aggrave la situation en faisant obstacle aux activités agricoles et à la distribution de secours. En décembre 2000, la Mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires a établi que la sécheresse avait été particulièrement forte dans les régions suivantes: Darfour, Kordofan, North Bahr el Ghazal, Equatoria oriental, Bahr el Jebel, Jonglei, Juba et ainsi que dans la province de Butana (État de Gezira). Les prix des denrées alimentaires ont plus que doublé en un an dans de nombreuses régions, alors que les cours du bétail ont chuté. Le 13 février 2001, le PAM a lancé un appel urgent pour 135 millions de dollars E.-U. afin de pouvoir aider les 2,9 millions de personnes touchées par la sécheresse et les affrontements, jusqu'à la fin de l'année en cours.

En Tanzanie, la situation globale des approvisionnements alimentaires s'est améliorée à la suite de la récolte des "pluies courtes". Cela a permis d'améliorer la situation résiduelle de pénurie alimentaire dans les régions du nord et du centre du pays, à la suite de plusieurs mauvaises campagnes.

Les perspectives pour la campagne principale de céréales secondaires dans les hautes terres du sud sont également favorables, car les pluies ont été abondantes. Toutefois, plusieurs années de faibles précipitations ont gravement nui à la production alimentaire dans le nord et le centre du pays, ce qui rend nécessaire l'aide alimentaire pour quelque 1,3 million de personnes réparties dans onze régions.

En Ouganda la situation globale des approvisionnements alimentaires est stable. Toutefois des difficultés alimentaires persistent dans les districts de Gulu, de Kitgum et de Bundibugyo, en raison surtout de l'insécurité.



LES PERSPECTIVES ALIMENTAIRES SONT PEU ENCOURAGEANTES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ET L'AIDE ALIMENTAIRE EST ENCORE NÉCESSAIRE PAR ENDROITS DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS

Dans la région des Grands Lacs, les troubles civils et l'insécurité nuisent gravement à la sécurité alimentaire.

Au Burundi, l'escalade des combats début mars entre les forces du gouvernement et les rebelles, début mars, au nord de la capitale, Bujumbura, a fait de nombreuses victimes et entraîné le déplacement de 54 000 personnes. L'insécurité et la violence persistent dans d'autres régions du pays, notamment dans les provinces méridionales.

Pour les cultures vivrières, la récolte de la première campagne de 2001, qui vient d'être rentrée, a augmenté de manière significative par rapport à l'an dernier, mais elle reste inférieure à la moyenne d'avant la crise (1988-1993), les activités agricoles ayant été entravées par les troubles intérieurs. Les disponibilités alimentaires continuent à être tendues pour un grand nombre de personnes vulnérables dont 394 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays, n'ayant qu'un accès limité ou aucun accès aux terres et les personnes qui vivent dans les zones frappées par une succession de mauvaises récoltes. Les enquêtes récentes sur la nutrition menées dans sept provinces font état de taux élevés de malnutrition.

Au Rwanda, la situation des disponibilités alimentaires s'est considérablement améliorée car les conditions de sécurité se sont stabilisées dans presque tout le pays et une bonne récolte vient d'être rentrée. Les prix de la plupart des produits alimentaires (surtout les haricots), ont chuté considérablement après la récolte, ce qui a permis à des tranches importantes de la population de se procurer ces denrées.

Toutefois, dans la région de Bugesera (préfecture rurale du Kigali) la production a nettement baissé du fait de la pénurie de semences à la suite de plusieurs mauvaises récoltes.On signale également des pénuries de vivres dans les préfectures de Butare et de Gikongoro. En décembre 2000, le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays devrait, selon les estimations avoir baissé (6 000 personnes). L'aide alimentaire continue d'être nécessaire pour ces personnes et pour d'autres groupes vulnérables comme les orphelins et les veuves, si l'on veut maintenir des niveaux nutritionnels adéquats.

En République démocratique du Congo, la situation alimentaire reste extrêmement précaire. On estime que deux millions de personnes étaient déplacées à l'intérieur du pays en décembre dernier et l'on comptait 333 000 réfugiés provenant pour l'essentiel d'Angola. Les chiffres augmentent sans cesse avec l'explosion des combats dans les deux pays, ce qui a de graves répercussions du point de vue nutritionnel et sanitaire. Les organisations humanitaires ont des difficultés pour parvenir jusqu'aux personnes déplacées à l'intérieur des pays, du fait des affrontements. L'apparition du virus de la mosaïque du manioc et sa propagation ont gravement nui à cette culture de base notamment dans les régions orientales du pays, ce qui a encore aggravé les pénuries de vivres. En outre la situation alimentaire est extrêmement tendue dans les zones urbaines, surtout à Kinshasa où le nombre de personnes vulnérables augmente. Le PAM envisage d'accroître les distributions d'aide alimentaire afin de toucher 1,2 million de personnes et a lancé un appel pour 112 millions de dollars E.-U. destinés aux opérations d'urgence.



DES PÉNURIES ALIMENTAIRES SONT SIGNALÉES DANS CERTAINES RÉGIONS DU SAHEL ET LES BESOINS D'AIDE ALIMENTAIRE AUGMENTENT EN SIERRA LEONE, EN GUINÉE ET AU LIBÉRIA

Selon les prévisions, la situation des disponibilités alimentaires dans certaines régions du Sahel devrait être plus tendue en 2001 qu'en l'an 2000, à la suite des récoltes médiocres qui ont été rentrées par endroits. Les derniers chiffres officiels relatifs à la production totale de céréales en l'an 2000 indiquent que dans les neuf pays membres du CILSS elle atteint 8,9 millions de tonnes, soit respectivement 21 et 8 pour cent de moins que la production record de 1999 et que la moyenne des cinq dernières années. On estime que les récoltes sont inférieures à la moyenne au Burkina Faso, au Tchad et au Niger, mais la production était près de la moyenne au Mali et en Mauritanie, au-dessus de la moyenne au Cap-Vert, en Guinée-Bissau et au Sénégal et exceptionnelle en Gambie. Les perspectives pour les cultures de décrue et de contre-saison sont moins favorables que l'an dernier, en Mauritanie et au Sénégal, du fait du faible niveau des eaux du fleuve Sénégal, à la suite des précipitations réduites de l'an 2000.

Les marchés restent en général bien approvisionnés, mais les prix des céréales ont considérablement augmenté dans certaines régions du Tchad, du Burkina Faso et du Niger, où les récoltes étaient bien inférieures à la moyenne. Dans ces régions, les distributions de vivres ont commencé, ou auront lieu ultérieurement, et il a été fait appel à l'aide des donateurs.

En Sierra Leone, la situation des disponibilités alimentaires devrait rester tendue en 2001, à la suite de la maigre récolte de l'an 2000 et de l'insécurité accrue. La reprise des troubles civils en mai 2000 a gravement perturbé les semis de riz, et du fait de l'insécurité, la distribution des intrants et les opérations de secours ont été suspendues ou fortement entravées, notamment au nord. Les organismes d'aide pourraient fournir des intrants agricoles à seulement 46 pour cent des agriculteurs ciblés. De ce fait, en l'an 2000 la production devrait être inférieure à celle de 1999.

Dans les régions contrôlées par le gouvernement un demi-million de personnes déplacées sont hébergées par les communautés locales, mais l'on estime qu'en outre un million de personnes se trouvent dans les zones contrôlées par les rebelles. Plus de 400 000 sierra léoniens se sont réfugiés dans les pays contigus, principalement en Guinée et au Libéria. Le PAM et les ONG continuent à distribuer des vivres à Freetown, à Lungi, à Bo et à Kenema. Un plan de réinstallation a été lancé dans les districts de Freetown, de Port Loko, de Kenema et de Pejehun qui peuvent accueillir en toute sécurité les personnes de retour.

Au Libéria, selon les estimations d'une mission FAO/PAM d'évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires, qui s'est rendue dans le pays fin novembre/début décembre, la production de riz devrait atteindre 144 000 tonnes en l'an 2000, contre 259 000 tonnes avant la guerre (1988). La superficie ensemencée en paddy, en l'an 2000, a été évaluée à 135 000 hectares, soit un rendement moyen de 1,1 tonne/hectare. L'exiguïté des parcelles et la faiblesse des rendements expliquent apparemment la production réduite par ménages. Les difficultés pour trouver un emploi pendant et après la guerre ont obligé de nombreuses familles à cultiver du riz pour la première fois, afin de survivre. Les familles qui produisent du riz sont maintenant beaucoup plus nombreuses qu'avant la guerre, bien que les parcelles soient plus petites. Les principaux obstacles rencontrés par les agriculteurs sont le manque de main-d'_uvre, de semences de riz, de débouchés commerciaux, les pertes élevées après récolte et les mauvaises conditions de l'infrastructure routière.

Les habitudes alimentaires ont changé radicalement depuis la guerre, le manioc occupant maintenant une place de choix, la superficie cultivée et la production ayant nettement augmenté. La mission a estimé que 480 000 tonnes de manioc pourront être consommées en 2001 contre 308 000 tonnes en 1998. La mission a estimé que les besoins d'importations de céréales en 2001 s'élevaient à 200 000 tonnes, les prévisions pour les importations commerciales étant de 160 000 tonnes, ce qui laisserait un déficit de 40 000 tonnes à couvrir par l'aide alimentaire. Dans le comté de Lofa, l'une des principales régions rizicole du Libéria, les incursions périodiques des rebelles, depuis août 1999, se sont intensifiées à la fin de l'an 2000, et ont entravé les cultures. Elles ont aussi provoqué le déplacement de milliers de personnes.

La sécurité reste précaire. Fuyant les hostilités, des milliers de Guinéens ont cherché refuge dans les villes frontières du Libéria, et plus de 15 000 personnes sont arrivées dans le comté de Bong et dans le comté septentrional de Lofa au cours des derniers mois. Le PAM a fourni une aide alimentaire à environ 420 000 rapatriés libériens, alors que le HCR aide les réfugiés de la Sierra Leone dans les camps du comté de Grand Cape Mount.

En Guinée, les attaques des rebelles dans les régions limitrophes de la Sierra Leone et du Libéria ont gravement affecté l'agriculture et les activités commerciales et ont rendu nécessaire la réinstallation des réfugiés sierra léoniens dans de nouveaux camps. Ailleurs, la situation des disponibilités alimentaires est satisfaisante et les marchés sont en général bien approvisionnés, en raison de la bonne récolte de l'an 2000 et de la récolte exceptionnelle de 1999.

Plus de 400 000 réfugiés provenant du Libéria et de Sierra Leone sont installés dans le pays, principalement dans les zones de Gueckédou, de Forécariah et de N'Zérékore. Il est très difficile d'avoir accès aux réfugiés qui se trouvent dans le Parrot's Beak, une bande de territoire guinéen qui pénètre en Sierra Leone, près de la frontière libérienne. Le HCR a construit de nouveaux camps pour reloger les réfugiés de Guékédou et de Parrot's Beak.



LE POINT SUR LES ANNONCES ET LES LIVRAISONS D'AIDE ALIMENTAIRE

Les besoins d'importations céréalières, dans les pays d'Afrique subsaharienne devraient rester élevés en 2001, en raison des effets persistants de la sécheresse de l'année dernière en Afrique de l'Est, et des effets de la sécheresse et des récentes inondations en Afrique australe. Les dernières estimations du SMIAR concernant la production de l'an 2000 ainsi que les importations et les besoins d'aide alimentaire de 2000/01 sont résumées au Tableau 1. Les besoins d'aide alimentaire totaux sont estimés à 2,8 millions de tonnes, soit 5 pour cent de plus qu'en 1999/2000. Les engagements d'aide alimentaire en céréales pour 2000/01, y compris ceux reportés de 1999/2000, se montent à 1,5 million de tonnes, dont 0,7 million de tonnes ont déjà été livrées.



DOMAINES D'INTERVENTION PRIORITAIRES

La situation des disponibilités alimentaires dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne sera très tendue en 2001. En Afrique orientale, les effets de la grave sécheresse de l'an dernier, associés aux conflits qui sévissent dans certaines zones du pays, sont encore ressentis, et plus de 18 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire. La production vivrière en Afrique australe devrait diminuer nettement du fait surtout des mauvaises conditions météorologiques, alors que les conflits civils continuent à entraver la production alimentaire en Angola, au Burundi, en République démocratique du Congo, en Guinée, au Libéria, dans la Sierra Leone et au Soudan.

L'attention de la communauté internationale est attirée sur les domaines d'intervention prioritaires suivants:

Premièrement, l'Afrique de l'Est et la région des Grands Lacs, ainsi que l'Angola, la Guinée, le Libéria, et la Sierra Leone ont besoin d'une aide alimentaire continue.

Deuxièmement, une aide financière substantielle est nécessaire pour le relèvement agricole et la réparation des infrastructures endommagées au Mozambique, touchée par les inondations, deux années de suite.

Troisièmement, une aide soutenue est nécessaire pour le relèvement du secteur agricole dans les pays où les conditions de sécurité se sont améliorées, après les dévastations provoquées par des luttes intérieures prolongées. Il s'agit notamment du Libéria, du Rwanda, de la République du Congo et de la Sierra Leone.

Quatrièmement, les populations qui doivent affronter des difficultés alimentaires au Burkina Faso, au Tchad et au Niger, du fait des mauvaises récoltes, ont besoin d'une aide alimentaire.


FAO/SMIAR - avril 2001

Previous PageTop Of PageTable Of ContentsNext Page