Rubrique technologique du jardinage 4: Pratiquer des cultures qui fournissent des aliments en continu

Un jardin potager qui produit des aliments toute l’année représente la meilleure sécurité pour les ménages et les communautés du monde rural.

Il est très important pour une famille d’avoir des réserves d’aliments ou de l’argent (ou les deux) pour faire face aux pénuries saisonnières de denrées de base, aux situations d’urgence ou aux occasions spéciales. Par exemple, si l’agriculteur tombe malade et ne peut pas travailler, ou si la récolte des aliments de base est mauvaise, les produits du jardin potager peuvent contribuer à répondre aux besoins alimentaires essentiels de la famille.

De nombreux villages sont situés assez loin des villes et des marchés. Les vivres provenant de l’extérieur sont souvent chers et difficiles à transporter, surtout quand de fortes pluies inondent les routes ou les endommagent. Le fait de produire des aliments sur place permet d’économiser de l’argent et des efforts, et de garantir un approvisionnement alimentaire régulier même lorsque les routes sont coupées.

PLANIFIER LA PRODUCTION ET LA DISPONIBILITÉ D’ALIMENTS POUR TOUTE L’ANNÉE

Planifier un jardin potager pour qu’il puisse assurer pendant toute l’année un approvisionnement continu en produits alimentaires est un processus qui demande des compétences en gestion et des connaissances sur les sujets suivants:

• types de cultures qui poussent bien dans la région;

• dates appropriées de semis ou de plantation des différentes cultures pour obtenir les meilleurs rendements;

• durée de la période de croissance des différents types de cultures potagères;

• temps pendant lequel une culture peut fournir des aliments au ménage avant qu’il ne faille la remplacer;

• cultures les plus résistantes à la sécheresse (si la région manque d’eau);

• cultures qui peuvent tolérer des terres humides (par exemple, étangs ou marécages).

Ces connaissances permettent à l’exploitant du potager de choisir les types de cultures à pratiquer, les dates de semis ou de plantation, l’emplacement et les associations de cultures. L’exploitant doit bien connaître les avantages des haies vives, des cultures multiples, des cultures étagées, des arbres fruitiers et des parcelles à culture intensive de légumes, et en tirer profit. Ces sujets sont traités dans les rubriques technologiques du jardinage 11 à 15.

Avec ces connaissances en tête, un exploitant de jardin potager peut planifier différents types de cultures qui permettent d’obtenir pendant toute l’année des quantités adéquates d’aliments frais ou conservés (par exemple, légumes, légumineuses, fruits, racines, tubercules).

Arbres fruitiers

Certains arbres fruitiers produisent toute l’année, d’autres seulement à des saisons précises. Il est important de choisir des arbres dont les fruits sont mûrs à différentes époques de l’année et d’avoir aussi des arbres fruitiers qui produisent toute l’année, par exemple le bananier.

Certains arbres (citronnier, manguier, avocatier, par exemple) mettent beaucoup de temps avant de donner des fruits, mais ils produisent ensuite pendant longtemps sans qu’il faille les remplacer. La meilleure méthode est de sélectionner des arbres qui donnent rapidement des fruits (par exemple, papayer, bananier, goyavier) et de les planter avec d’autres arbres qui mettent beaucoup plus de temps avant de produire (voir le tableau 1). L’exploitant de jardin potager peut utiliser des techniques comme le greffage pour réduire le temps entre le moment de la plantation et le moment de la production. (Pour plus de détails sur le greffage, voir la rubrique technologique du jardinage 16, «Techniques de multiplication des plantes»).

TABLEAU 1 Age auquel les arbres fruitiers commencent à produire

Légumes à feuilles vertes

La plupart des plantes légumières à feuilles vertes consommées en Afrique peuvent être récoltées plus d’une fois avant d’être semées ou plantées de nouveau. Un très grand nombre de plantes légumières feuillues sont prêtes à être récoltées trois ou quatre semaines après le semis et continuent à produire pendant un certain temps (voir le tableau 2). Certains légumes à feuilles vertes poussent vite, mais ils ne peuvent être récoltés que quatre fois au maximum avant le nouveau semis (par exemple, l’amarante et quelques variétés de colza), alors que d’autres légumes donnent des feuilles comestibles pendant toute l’année (par exemple, la vernonie et le manioc). Il est souhaitable d’associer des légumes feuillus à maturation rapide avec des légumes à maturation lente. Ces derniers fournissent au ménage des légumes pendant de longues périodes, ce qui évite de replanter trop souvent.

Il faut également considérer le fait qu’il y a des périodes où certains légumes feuillus ne sont pas utilisables. Par exemple, les feuilles de manioc sont en général très amères pendant la saison sèche; ainsi, l’exploitant de jardin potager doit s’assurer que d’autres légumes pourront être consommés à leur place.

Le tableau 2 donne quelques exemples du temps de croissance de différents légumes, ainsi que du temps pendant lequel un ménage peut profiter d’une culture avant de devoir replanter. Quand les plantes vivent longtemps, par exemple la vernonie ou le manioc, leurs feuilles peuvent être récoltées plusieurs fois dans l’année, alors que l’amarante n’est récoltée que deux ou trois fois avant d’être semée de nouveau.

TABLEAU 2 Temps nécessaire entre le semis/la plantation et la première récolte, et durée de la période de récolte

* On peut continuer à cueillir les feuilles (sauf pendant la saison sèche) jusqu’à la récolte des tubercules.

Légumineuses

Il convient de sélectionner les légumineuses en tenant compte de la saison et de ce qui pousse bien dans la région. Les légumineuses telles que le niébé, l’arachide et le pois bambara sont généralement associées à des cultures comme le maïs. Les légumineuses peuvent aussi être cultivées dans le jardin potager s’il y a suffisamment d’eau. Par exemple, certaines variétés de niébés à maturation précoce peuvent être plantées au début de la saison des pluies. Une deuxième culture peut être plantée pendant la seconde moitié de la saison des pluies. Si on ne cultive qu’une seule variété de légumineuse par an, il faut bien la stocker afin d’empêcher les pertes après récolte, en particulier les pertes causées par l’attaque des charançons.

Cultures qui donnent plus d’un seul type d’aliment

Les exploitants de jardins potagers doivent sélectionner les types de cultures qui produisent plus d’une seule catégorie d’aliments. En fonction des habitudes alimentaires locales, des cultures comme le manioc, la patate douce, le taro, le haricot ou le niébé fournissent au ménage à la fois l’aliment de base ou des légumes secs et des légumes feuillus.

S’assurer que les jeunes plants et le matériau de plantation sont prêts

La culture de plantes alimentaires en vue d’un approvisionnement continu s’accompagne d’une utilisation permanente de la terre et d’autres ressources limitées (eau, main-d’œuvre familiale, matériau de plantation), ce qui demande une planification minutieuse. L’exploitant d’un jardin domestique doit préparer les plantules ou le matériau de plantation pour le repiquage ou la plantation au moment de la récolte d’autres cultures, et tenir compte du principe de l’assolement.

CONSERVATION ET STOCKAGE DES ALIMENTS SAISONNIERS

Le surplus d’un produit saisonnier peut être conservé et stocké pour être utilisé plus tard. Les plantes-racines sont des réserves vivantes d’aliments qui peuvent être laissées dans le sol jusqu’à ce qu’on en ait besoin. Beaucoup de plantes-racines produisent également des feuilles nutritives (par exemple, manioc et patate douce). La rubrique technologique du jardinage 18 donne des détails sur le traitement, la conservation et le stockage des cultures de jardin potager. Voir également l’annexe 3.

UTILISATION DES REVENUS PROCURÉS PAR LE JARDIN POTAGER POUR L’ACHAT D’AUTRES ALIMENTS

Un ménage n’est pas toujours en mesure de produire tous les types d’aliments qui répondent à ses besoins alimentaires quotidiens. Il peut donc vendre le surplus des aliments de base, légumes et fruits (c’est-à-dire ceux qui ne sont pas nécessaires à la consommation familiale actuelle ou future) et utiliser l’argent pour acheter des denrées alimentaires qu’il ne peut pas produire (par exemple, huile, sucre et aliments de base, légumes et fruits supplémentaires) ou pour couvrir des dépenses non alimentaires (par exemple, combustible, savon, médicaments, frais de scolarité).