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3. L’assistance au secteur

Les actions menées dans ce domaine par les organisations internationales telles que la FAO, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), etc. en collaboration avec leurs Etats membres, ont été diverses et, dans la mesure du possible, adaptées en fonction des besoins et de la situation de chaque pays ou des villes.

Les études de diagnostic du secteur informel de l’alimentation ont servi de base à la tenue de réunions régionales et ont permis de suggérer les actions à réaliser en Afrique pour permettre au secteur informel de l’alimentation de jouer son rôle positif dans le développement des économies locales, tout en contrôlant ses aspects négatifs sur la santé publique et l’environnement. Ces études et rencontres ont permis une certaine mobilisation des Autorités locales dans ces pays. Elles ont amené à tester des actions concrètes sur le terrain.

Les réunions régionales, tenues au Bénin en 1994 et au Ghana en 1992, ont mis l’accent sur la nécessité de reconnaître officiellement l’alimentation de rue afin de l’intégrer à terme au secteur formel.

Elles ont, par ailleurs, recommandé une meilleure coordination des actions des Autorités nationales et locales pour assurer la salubrité des aliments préparés sur la voie publique et souligné les besoins en formation, en hygiène alimentaire des vendeurs, ainsi que la nécessité d’éduquer les consommateurs.

Cette approche a donc été suivie dans le cadre d’activités expérimentales de développement menées sur le terrain. Des projets ont été mis en œuvre, notamment en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Mozambique, au Nigeria et au Zaïre, pour assister les Autorités concernées à dessiner et à mettre en œuvre des programmes d’action pour améliorer la situation du secteur de l’alimentation de rue.

Ces projets ont tablé sur la mise en place d’équipes de travail multidisciplinaires pour gérer l’approche multisectorielle et la nécessaire coordination de tous les acteurs: Administrations nationales ou locales, ONG, privés, vendeurs, consommateurs, etc.

Le point a été fait sur la réglementation en vigueur dans ces pays et les besoins spécifiques de mise à jour dans le secteur de l’alimentation en ce qui concerne, par exemple, les codes d’hygiènes, le droit foncier, les procédures d’autorisation diverses, etc. Des codes d’usage sont aussi préparés pour les pratiques à utiliser dans le secteur informel de l’alimentation. La sensibilisation des fonctionnaires ayant en charge ces domaines est une priorité, leur association tout au long du projet a aidé à leur prise de conscience des problèmes de terrain. L’organisation de réunions au niveau national ou municipal des secteurs concernés a permis à tous de se familiariser avec les études faites dans le cadre des projets. La formation (formation de formateurs) des agents chargés du contrôle du secteur de l’alimentation de rue, en particulier les inspecteurs alimentaires, a été assurée par les projets à travers des sessions théoriques et pratiques sur le terrain.

Des actions ont été menées pour organiser les vendeurs entre eux sous forme d’association afin de leur permettre un meilleur accès aux cours de formation ainsi qu’un certain accès aux crédits (Côte d’Ivoire et Zaïre). Là où de tels groupements existaient déjà (Ghana), ils deviennent des interlocuteurs privilégiés du projet. Ces groupements ou associations ont aussi pour rôle primordial de participer avec les Autorités locales aux prises de décision sur les aspects les concernant, en particulier sur l’infrastructure des zones à haute densité du secteur et sur les activités de surveillance et contrôle de la qualité que ces Autorités se doivent d’exercer. La formation de ces groupements a certainement aidé à la prise de conscience des vendeuses de leur identité et professionnalisme. Elles ont participé très activement aux différents projets, tant dans la définition des infrastructures que des besoins en formation.

Sur les sites pilotes, différentes approches ont été testées selon les conditions et besoins existant dans le secteur de l’alimentation de rue. L’amélioration des infrastructures et de leur environnement est une nécessité si le secteur de l’alimentation de rue est à intégrer à terme dans les espaces urbains et l’économie des pays. Des modèles sanitaires et architecturaux ont été testés. Ils devaient répondre à divers critères de prix, de sécurité (vol), de matériaux locaux, de clientèle (restauration du matin, midi ou soir, restauration rapide ou de loisir), de terrain (public ou non, assaini ou non, emplacement, etc.). Ainsi, des stands démontables avec usage collectif des infrastructures d’hygiène ou des établissements fixes de type individuel, ont été testés. Ces différents types de «construction» étaient adaptés à diverses conditions existantes: Municipalités comme propriétaires des terrains et vendeuses locataires, droit de construction accordé ou non, existence de groupements/associations de vendeuses ou vendeuses à titre individuel, et titres d’occupation des sols variés qui sont parfois concédés. Les équipements correspondants étaient aussi développés: systèmes de ramassage d’ordures, poubelles, lavoirs, filtres à graisse, séchoirs, toilettes, etc. Une approche de type participatif était utilisée par l’équipe des ingénieurs sanitaires et des constructeurs lors de l’identification des besoins et la construction (emplacements, commodité des installations, etc.).

Des programmes de formation de tous les vendeurs (souvent des vendeuses) ont été organisés. Ils ont consisté essentiellement en séances de travail pratique directement en collaboration avec les vendeuses sur les lieux même de production et vente des aliments de rue, en général dans les structures «améliorées». Les programmes de formation étaient préparés à partir des résultats d’enquêtes sanitaires préliminaires. Des guides de bonnes pratiques ont été préparés comme aide-mémoires pour les vendeuses et pour les agents chargés du contrôle.

Ces projets comportent, en général, non seulement des activités importantes de formation des vendeurs en hygiène alimentaire et en bonnes pratiques de préparation des aliments, mais aussi la préparation de campagnes d’éducation des consommateurs (préparation de campagnes télévisées sur des thèmes d’hygiène identifiés comme prioritaires, réalisation de stands pilotes sur les marchés, distribution de documents de vulgarisation, etc.).

Il est évident que ces activités ne pouvaient être qu’expérimentales dans un premier temps. Elles ont montré leur viabilité dans ce contexte. Le financement de programmes plus importants de «restructuration» des infrastructures du secteur de l’alimentation de rue, la formation continue des agents municipaux chargés du contrôle, celle des vendeurs et l’éducation des consommateurs doivent être envisagés. Il est à noter qu’à Abidjan, un nombre non négligeable de vendeuses a approché le Comité national pour l’alimentation et le développement (CNAD) afin qu’il poursuive l’expérience entreprise avec les municipalités. Ces vendeuses demandent à être reconnues officiellement. Elles demandent une assistance technique mais assurent pouvoir subvenir en partie elles-mêmes au financement des structures. Au Zaïre, des ONG travaillent en collaboration avec le Centre national de planification de nutrition humaine (CEPLANUT) pour étudier les possibilités de renouveler les opérations en les accompagnant de systèmes de crédit aux vendeuses.


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