Le «programme intégré»
Certains des Accords du Cycle dUruguay (lAsA, lAccord général sur le commerce des services (AGCS) ou lADPIC) contiennent des engagements précis concernant les dates des négociations à venir. Ce calendrier constitue ce quon appelle le programme intégré des prochaines négociations de lOMC. LArticle 20 de lAccord sur lagriculture établit, par exemple, que les nouvelles négociations concernant la poursuite du processus de réduction progressive des mesures daide et de protection devaient commencer au moins un an avant la fin de la période de mise en uvre, cest-à-dire avant la fin de 1999. Dans le cadre de lAccord ADPIC, la question de savoir si les animaux et végétaux autres que les micro-organismes peuvent être brevetés, devait également faire lobjet dun examen qui avait été planifié pour 1999 (Article 27.3(b)) tandis que le réexamen complet de la mise en uvre de lAccord ADPIC lui-même, était prévu courant 2000 (Article 71.1).
Dans le cadre de lAGCS, de nombreuses questions ont été laissées de côté pour de futures négociations et un programme a été élaboré à cet effet. LArticle 19 prévoit, lui aussi, différents cycles de négociations visant à renforcer progressivement la libéralisation et il précise, ce qui est plus important, que ces cycles devront commencer au plus tard en 2000.
En plus de ce programme intégré, divers examens et révisions ont été prévus dans le cadre des accords et mémorandums sur les mesures antidumping, lévaluation en douane, le règlement des différends, les procédures de licences dimportation, linspection avant expédition, les règles dorigine, les mesures sanitaires et phytosanitaires, les sauvegardes, les subventions et mesures compensatoires, les obstacles techniques au commerce, les textiles et les vêtements, les mécanismes dexamen des politiques commerciales, les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce et les mesures sur les investissements liées au commerce. Selon les cas, ces procédures dexamen pourront, ou non, déboucher sur des propositions damendements à négocier pour ces différents accords.
Un engagement unique?
Une question se dessine autour du programme intégré. Il sagit de savoir si les examens et les négociations prévus doivent être conduits en parallèle, selon la méthode appliquée lors des précédents cycles du GATT - les résultats étant alors adoptés sous forme dun engagement unique -, ou sil faut, au contraire, que chaque question soit abordée selon son propre calendrier, indépendamment des progrès et échecs des autres sujets de négociation. Une autre question a aussi été soulevée concernant les sujets de discussion. Il sagit de savoir si le fait dinitier les négociations programmées doit, ou non, être loccasion daborder de nouveaux domaines.
La Conférence de Singapour
La première Conférence ministérielle de lOMC a eu lieu à Singapour, en décembre 1996, conformément à la procédure danalyse et déchange dinformations du programme intégré, avec pour objectif, avant le début des négociations et examens programmés, daider les Membres à mieux cerner et identifier les questions soulevées et leurs propres intérêts. En outre, diverses thématiques ont été rajoutées à lordre du jour initial des négociations: le commerce et linvestissement; le commerce et la concurrence; la transparence des marchés publics; et la facilitation des échanges.
La Conférence de Genève
La deuxième Conférence ministérielle qui sest tenue à Genève, en mai 1998, parallèlement aux premiers travaux sur le tout nouveau domaine du commerce électronique, a chargé le Conseil général de lOMC de préparer la troisième Conférence ministérielle et dinitier les nouvelles négociations. Elle a en particulier autorisé le Conseil général de lOMC à se réunir en sessions spéciales périodiques à partir de 1998 et ultérieurement, afin de formuler ses recommandations sur:
· les questions concernant la mise en uvre des accords et des décisions en vigueur, y compris celles soulevées par les Membres;· les négociations prévues dans les Accords du Cycle dUruguay, afin de sassurer que ces négociations se déroulent selon le calendrier prévu;
· le travail ultérieur déjà réalisé dans le cadre des autres Accords en vigueur et des décisions prises à Marrakech;
· les autres tâches possibles sur la base du programme de travail initié à Singapour;
· le suivi de la Réunion de haut niveau sur les pays les moins avancés; et
· les sujets qui pourraient se dégager à partir des questions suggérées et convenues par les Membres concernant leurs relations commerciales multilatérales.
En préparation à la troisième Conférence ministérielle qui a eu lieu à Seattle, aux États-Unis, du 30 novembre au 3 décembre 1999, un grand nombre de propositions concernant les sujets antérieurs ont été soumises aux Membres en 1998 et 1999. En octobre 1999, le Président du Conseil général a déposé sous sa propre responsabilité un projet de Déclaration ministérielle visant à faciliter lémergence dun consensus sur le contenu des négociations. Ce projet reconnaissait lexistence de profondes divergences de vues sur de nombreuses questions, que les deux mois suivants de préparation ne permirent guère de réduire.
La Conférence de Seattle
Un travail considérable concernant le contenu et le calendrier des nouvelles négociations restait donc à faire lorsque la troisième Conférence ministérielle de lOMC sest réunie à Seattle, à la fin du mois de novembre 1999. Et les différences de position restèrent encore trop importantes pour permettre un réel rapprochement. La Conférence sest donc achevée sans parvenir au moindre accord de Déclaration ministérielle. Lors de sa réunion du 17 décembre 1999, le Conseil général de lOMC a en outre décidé de reporter au début 2000 sa décision sur les suites à donner aux questions restées en suspens lors de la Conférence ministérielle de Seattle.