Résumé
Aperçu historique
La stabulation fumière
Conclusion
Abstract
Référence
Cheikh S. Seye*
(* Volet Elevage-Sud, SODEFITEX, BP 92, Tambacounda, Senegal)
Le développement des cultures de rentes a été grandement favorisé par l'introduction et la diffusion de la culture attelée.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale l'arachide a pu jouer ce rôle clans le Bassin arachidier du Sénégal. Pour la Haute Casamance et le Sénégal oriental, l'influence du coton, culture de la rente plus récente (1967) s'est fait sentir plus tardivement.
Des projets ou sociétés de développement en particulier la SODEVA ont tenté assez tôt de vulgariser la stabulation fumière mais sans grand succès.
Cette note présente en premier lieu un aperçu historique sur le développement de la culture attelée en zone cotonnière du Sénégal. Elle donnera ensuite le rôle joué par la stabulation fumière dans le développement de la culture attelée dans la zone suscitée.
Les tentatives d'introduction et de vulgarisation du semis mécanique ont été antérieures au Programme Agricole (PA 1958-1980).
Cependant il est important de préciser que le PA a été l'un des instruments qui ont le plus soutenu et favorisé la période de transfert de technologies dans le monde rural.
Ceci devait se traduire par une évolution de l'agriculture et de la culture attelée (CA) en particulier. Sur le terrain des structures diverses ont été mises en place avec des tâches précises:
· de fabrication de materiels (SISCOMA, SISMAR actuel)· d'approvisionnement des paysans en facteurs de production et de commercialisation (ONCAD)
· de formation vulgarisation Compagnie Française pour le Développement (CFDT) qui serait remplacée par la Société de Développement des Fibres Textiles (SODEFITEX) dès 1974.
En 1981 avec la disparition de l'ONCAD, la SODEFITEX a racheté le matériel agricole de l'ONCAD, et devait désormais se charger en plus de ces tâches de formation vulgarisation, d'autres tâches d'approvisionnement de matériel et de commercialisation du coton.
Pendant cette période grâce à un financement FED, des actions timides de CA étaient menées à Kédougou et concernaient principalement les rizières de bas fonds.
Ce n'est qu'en 1984 qu'un volet financé par le FAC devait s'occuper au sein de la SODEFITEX de la promotion de la CA, le Volet Culture attelée qui a donc mis en place des bases méthodologiques pour la Formation aux Techniques de dressage.
On peut distinguer deux Centres de Formation en dressage, les centres de '1ère Génération' où sont formés pendant 21 jours encadreurs, auxiliaires d'élevage et bouviers (1 par attelage), et ceux de '2ème Génération' qui sont initiés et dirigés par les encadreurs et auxiliaires d'élevage (1 centre de 10 paires minimale/encadreur ou auxiliaire).
En 1985 la SODEFITEX a vu le financement du Projet de Développement rural intégré de la Haute Casamance et du Sénégal-oriental (PDRSO) et dont l'exécution lui a été confiée; elle devait désormais jouer le role d'Agro-Industrie et de Société Régionale de Développement.
Parmi les volets financés l'Elevage et l'Hydraulique villageoise devaient s'occuper prioritairement à lever les contraintes rencontrées dans le développement de la CA en zone cotonnière.
Nous rappellerons au passage certaines de ces contraintes:
· choix du bétail de trait
· santé des animaux de trait
· alimentation du bétail
· abreuvement du bétail
· formation aux techniques d'élevage de l'encadrement
· formation d'"Artisans paysans" (forgerons) pour la fabrication de pièces détachées et la réparation du matériel agricole.
Depuis l'avènement du PDRSO en 1985, le Volet Elevage s'est assigné un certain nombre d'objectifs dont certains sont étroitement liés au développement de la CA.
Pour s'y faire le thème stabulation fumière a été d'abord en prévulgarisation pour ensuite être vulgarisé dans toute la zone cotonnière.
La stabulation n'est pas un thème nouveau en soit déjà la SODEVA avait tenté sa diffusion en zone arachidière, mais il a été difficile de pérenniser ce thème de vulgarisation et très certainement pour des raisons d'approche.
En zone cotonnière, la stabulation a été un outil de démonstration à travers lequel un certain nombre de thèmes techniques ont pu être véhiculés.
L'habitat
L'étable fumière est construit à l'aide de matériaux locaux pour abriter les animaux retenus pour la stabulation dès intempéries climatiques (soleil, vent, pluie). Généralement située à l'ombre d'un grand arbre, à proximité de la concession, l'étable présente une forme rectangulaire avec les dimensions: largeur: 3 m; longueur: N × 1.5m (N =nombre de bêtes en stabulation); hauteur: 2 m (à partir du niveau du sol).
Une fosse est creusée sous les bêtes avec comme rongeur celle de l'étable, largeur: 2 m, profondeur: 0.5 m. Le toit horizontal en chaume sert au stockage du fourrage (tige de mil, mais, fanes d'arachide, de niébé, paille de riz, foin de brousse).
Latéralement est délimitée une aire servant au stockage de la litière.
Evolution de la stabulation (Tableau 1).
Le nombre d'animaux en moyenne par étable est de 4 (boeufs de labour, vaches laitières ou femelles de trait); le tableau ci-dessus indique une nette progression dans l'adoption du thème stabulation.
Les enquêtes d'opinions effectuées par la cellule Suivi-Evaluation ont fait ressortir les éléments suivants:
· les animaux de trait présente une forme qui leur permet d'affronter les premiers travaux hivernaux (labour) sans trop de peine;· Des animaux stabulés ont un caractère docile ce qui facilite leur dressage;
· Les animaux sont en bonne santé (vaccinés et déparasités); leur sédentarisation facilite le suivi sanitaire;
· la production convenable de lait pendant la saison sèche;
· la production de fumier de bonne qualité (paillage regulier).
Tableau 1. Evolution de la stabulation.
|
Année |
1984 |
1985 |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
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Nombre d'étables |
1 |
9 |
17 |
70 |
300 |
467 |
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Nombre d'animaux |
10 |
54 |
120 |
290 |
987 |
1727 |
Conduite de la stabulation
Elle tient compte de la disponibilité en fourrages de bonne ou moyenne qualité. Ainsi on peut distinguer deux phases:
· Une phase de stabulation nocturne allant de janvier à fin mars. Pendant cette période les pâturages disposent encore d'assez d'herbes de bonne qualité. Les animaux ne rentrent à l'étable que le soir pour y passer la nuit.· Une phase de stabulation permanente (d'avril-juin) pendant laquelle l'alimentation des animaux se fait à l'auge et est presque essentiellement à base de fourrage conservé (foin, fanes) de graine de coton. Durant cette phase les animaux restent attachés à l'étable et peuvent bénéficier périodiquement d'exercices libres.
· Catégories d'animaux stabulés
Dans la zone cotonnière les espèces animales existantes sont la N'Dama et le Djakoré (produit de croisement entre le Zébu peulh et la N'Dama). La stabulation intéresse principalement les boeufs de labour (70%), vaches allaitantes (27%), autres (3%) (Fall et Faye 1989).
Santé animale
Les animaux retenus pour la stabulation sont vaccinés contre la peste et la péripneumonie (annuel), pasteurellose (tous les 6 mois), contre les charbons symptomatique et bactéridien (annuel), et déparasités: interne (sanguin et digestif) 2 à 3 fois/an, externe pendant la période de prolifération des parasites.
Alimentation
La constitution de réserves fourragères reste obligatoire au niveau de toutes les étables. Elle se fait compte tenu des besoins des catégories et du nombre d'animaux stabulés.
· Fenaison: l'herbe de brousse est fauchée (stade d'épiaison pour les graminées et de floraison pour les légumineuses), séchée puis stockée.· Récupération des résidus de récolte (tiges de mais, tiges de mil, fanes de d'arachides, fanes de niébé et pailles de riz).
Actions zootechniques
· Castration des animaux à dresser
· Marquage au fer rouge ou boucles d'oreilles (suivi, lutte contre vol)
Actions d'intégration agriculture-élevage
· Dressage des boeufs et femelles de trait
· Alimentation à base de résidus de récoltes graine de coton
· Production de fumier.
La stabulation fumière a été étendue durant la campagne à l'espèce équine pour qui la zone humide n'est point une zone de prédilection (trypanosomiase, lymphangite). A quelques différences près, les principaux thèmes ont été maintenus (santé; alimentation; habitat). Un thème nouveau, 'Soins et alimentation de l'harnachement' a été introduit afin de prévenir les situations traumatisantes ou de blessures graves causées par un harnachement inadéquat.
Là encore, le nombre de volontaires déjà enrégistrés (96 écuries fumières pour une première année en prévulgarisation) laisse espérer une adoption rapide de ce thème.
La stabulation fumière a efficacement contribuée au développement de la TA animale en zone cotonnière du Sénégal. Elle se traduit par l'entretien correct des animaux (bonne alimentation équilibrée, un programme sanitaire adéquat) ce qui permet d'assurer une exécution rapide et efficace des travaux pour lesquels ils sont sollicités, par le développement d'un caractère docile chez les animaux destinés au dressage et facilitant de la sorte ce travail d'initiation, d'éducation. Elle facilite une meilleure intégration agriculture-élevage et donne une option pour le dressage des femelles (le lait, veau et travail).
The development of cash-crop farming has been greatly encouraged by the introduction and diffusion of animal traction. Since the end of World War II groundnuts have been the main cash-crop in the Bassin Arachidier of Sénégal, while cotton, the most recently-introduced, is widely grown in Haute Casamance and eastern Sénégal. Some development agencies, in particular SODEVA, tried quite early on to popularise deep litter systems in these projects, but initially without great success. The first part of this paper presents a historical overview of the development of animal traction in the cotton-growing area of Sénégal, then goes on to describe the role played by the deep litter system in this development.
Fall, A. et Faye, A. 1989. Rapport: Suivi des animaux stabulés en zone SODEFITEX. CRZ, Kolda, Sénégal.
