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Les aspects économiques et sociaux de la traction animale


Résumé
Introduction
Moyens mis en oeuvre
Résultats
Impact de la TA dans les exploitations agricoles
Conclusion
Abstract


Nyozi N'gu Kodom*

(* SOTOCO, Atakpamé, Togo)

Résumé

Cette communication décrit les actions entreprises par la SOTOCO (Société togolaise du coton) pour encourager l'adoption de la traction animale, telles que l'octroi de prêts sans intérêt et l'apport d'un appui au système de suivi sanitaire du PROPTA (Projet pour la promotion de la traction animale). Les avantages agricoles, économiques et sociologiques qui découlent de l'adoption de la culture attelée sont évoqués, avec un accent particulier mis sur la création d'emplois et sur le fait que l'augmentation du bien-être dans les campagnes réduit la migration vers les villes.

Introduction

Couvrir les besoins alimentaires de leur population, passer de l'agriculture de subsistance à une agriculture de marché, ouvrir la voie à l'industrialisation à partir des productions agricoles constituent le souci majeur des responsables africains chargés des plans de développement rurale.

A cet effet au Togo, plusieurs organismes comme la Société Togolaise du Coton (SOTOCO) s'occupent de l'encadrement technique des agriculteurs. La SOTOCO, une société créée depuis 1974 pour promouvoir la culture cotonnière et les cultures vivrières entrant en rotation avec le coton, a mis en place et encadré 2,800 attelages dans ses aires d'intervention.

L'adoption de cette technologie qui consiste à utiliser la force animale dans les travaux d'une exploitation agricole débouche sur des aspects tant économiques que sociaux que révèle aisément le suivi des paysans équipés par la SOTOCO.

Méthode d'approche pour l'Equipement des Paysans en Traction

1. La sensibilisation: Elle est du ressort de l'encadrement de base; chefs de secteurs, conseillers en culture annelée (CA), chefs de sous-secteurs, encadreurs.

2. Choix de postulants: Pour s'assurer que les attelages mis à la disposition des paysans seront utilisés efficacement la SOTOCO procède à une sévère sélection des postulants suivant des critères bien définis:

· Disponibilité en terres cultivables: pour rentabiliser son attelage le candidat à traction animale doit disposer de 4 à 6 ha en moyenne: les terrains caillouteux, rocheux, couverts de forêts etc. sont exclus.

· Essouchement de terrain: il est exigé du paysan l'essouchement de 2 ha au moins la première année de mise en place du matériel pour permettre l'utilisation de l'attelage au début de son acquisition.

· Signature d'un contrat exigeant la culture de coton chaque campagne agricole: ceci pour faciliter les remboursements des prêts; la SOTOCO ayant le monopole de la commercialisation de cette spéculation prélèverait au moment de la vente des montant des échéances dues.

· Versement du 1/6 du montant total de l'attelage: cette exigence acceptée constitue un signe d'engagement du paysan à l'adoption de la CA.

· Disponibilité en main d'oeuvre familiale: le postulant pour utiliser efficacement son attelage doit avoir un aide permanent sur l'exploitation.

· Ouverture à l'innovation: ne sera retenu que le paysan qui adopte déjà les techniques culturales améliorées préconisées par l'encadrement des services agricoles (densités, semis en lignes, fumure etc...)

· Acceptation du contenu du contrat de prêt pour la CA (remboursement avec intérêt). Les clauses du contrat sont expliquées aux postulant par les encadreurs de base.

· La construction préalable d'un abri pour protéger les boeufs le matériel contre les intempéries.

· L'exploitation du postulant doit être accessible en toutes saisons afin qu'il puisse profiter de l'encadrement technique de la SOTOCO.

Moyens mis en oeuvre

Consciente du faible pouvoir d'achat du paysan togolais, la SOTOCO a introduit le système de crédit pour l'obtention des attelages. Le financement provient des bailleurs de fonds et de L'Etat; le montant du prêt est remboursé en 5 ans sans différé avec un taux d'intérêt de 0%. Une garantie assurance est prévue pour les cas de décès de planteurs ou d'animaux dûment constatés par un agent compétent.

L'approvisionnement en matériel et en boeufs est du ressort du Projet pour la Promotion de la Traction Animale (PROPTA). La formation du personnel d'encadrement et des planteurs équipés est assurée par le service de la CA créée au sein de la SOTOCO et appuyé par PROPTA.

Des treuils sont mis à la disposition des planteurs pour d'essouchement des parcelles à mettre en valeur.

Le service cela Santé Animale s'occupe du suivi sanitaire des boeufs de trait et des traitements prophylactiques sont organisés 2 ou 3 fois dans l'année suivant les régions en dehors des traitements ponctuels sollicités par les paysans en cas de constatation de maladies.

Le recyclage et le suivi technique des paysans équipées sont assurés au niveau des régions par les chargés de CA et les encadreurs.

Résultats

Depuis son introduction en 1979 la CA s'est développée d'une façon inégale dans les zones d'intervention de la SOTOCO. Les résultats bien qu'encourageants comportent certaines faiblesses surtout au niveau de la maîtrise des techniques culturales.

Dans les savanes où sont mis en place plus de 90% des attelages, la pratique de billonnage est presque de règle et suivie du scarificage au détriment du labour à plat en partant du sarclage et du buttage. Dans cette région le point saillant de la CA reste l'augmentation des superficies. Dans les autres régions et surtout dans les plateaux et au sud du Togo la TA évolue encore timidement pour diverses raisons: le paysan du sud du pays n'est pas éleveur, donc craint les boeufs. L'essouchement qui est coûteux constitue un goulot d'étranglement, cette région étant plus arrosée donc boisée. Néanmoins toutes les techniques culturales sont pratiquées par l'attelage surtout là où la main d'oeuvre familiale est rare (sarclage et buttage par les enfants et les femmes alors que les travaux de labour en location se poursuivent chez les tierces personnes).

Impact de la TA dans les exploitations agricoles

1. Allègement de la pénibilité du travail du sol

L'utilisation d'un matériel plus performant et d'un maniement plus aisé rend le travail plus facile et diminue l'effort du paysan.

Une enquête chez les pratiquants de la TA montre que les raisons de l'adoption de la CA résident dans la facilité des travaux et la rapidité de leur exécution.

2. Raccourcissement des temps de travaux

Dans toutes les régions du pays la durée moyenne des différentes façons culturales se présentent comme suit par attelage et par ha:

labour à plat

4 jours contre

20 jours à la main.

Scarifiage

2 jours "

-

semis

2 jours "

6 jours

sarclage

2 jours "

16 jours

billonage

2 jours "

16 jours

buttage

2 jours "

16 jours

3. Augmentation des superficies cultivées

Au sud du pays et au centre, suivant la disponibilité des terres une paire de boeufs travaille 4 à 6 ha par an. Au nord, surtout dans la région des savanes où le billonnage est pratiqué, 12 ha sont réalisés par attelage dont 2 à 4 ha pour le pratiquant lui même et le reste en location.

Manuellement, avec la daba, un exploitant agricole ne peut entretenir que 2 à 3 ha par an.

4. Augmentation des rendements

Là où le labour à plat est réalisé on note une nette augmentation des rendements des cultures; le meilleur ameublissement du sol entraîne un meilleur enracinement des plantes et l'emmagasinage de l'eau de pluie dans le sol diminuant l'effet de la sécheresse.

Sur bilions le développement végétatif des plantes est réduit surtout en cas de sécheresse, même légère soit-elle se traduisant par un rendement inférieur. Le sarclage avec l'attelage est impossible. Un surplus de 400 voire 600 kg/ha se dégage en labour à plat avec la charrue suivi de sarclages fréquents et précoces avec la houe triangle.

5. Augmentation la production

L'extension des superficies cultivées conjuguée aux meilleurs rendements des cultures débouche sur une augmentation sensible des productions du pratiquant de la CA.

6. Amélioration du niveau de vie du paysan

En pratiquant la CA le paysan depasse le seuil de l'autosuffisance alimentaire et passe à une agriculture de marché.

7. Réduction de la main d'oeuvre salariale saisonnière

Aux moments de pointe où la main d'oeuvre devient rare et chère le pratiquant de la CA exécute ses travaux sans soucis dans les celais qu'il s'est fixés.

8. Fixation du paysan sur les mêmes parcelles

En utilisant les déjections des animaux pour la fabrication du fumier de ferme à partir d'une fosse-fumière préalablement aménagée à côte de l'étable, l'agriculteur fortilise ses champs économisant ainsi des sommes non négligeables pour l'achat des engrais. La structure du sol étant renforcée par la matière organique provenant du fumier épandu, le nomadisme agricole est réduit et les terres fertiles sont économisées pour les générations futures.

9. Facilité dans le transport

Au centre et au sud du Togo, la chaîne d'attelage comporte toujours une charrette, qui est utilisée pour les transports de toutes sortes. Ceci constitue une source de revenus importants pour le propriétaire; une étude menée dans la région des Plateaux en 1986 a révélé que le transport apportait en saison 30,000 FCFA à l'utilisateur par mois (SMIG au moment de l'enquête de 499 FCFA par jour). La charrette est très sollicitée en location pour le transport des marchandises les jours de marchés et pour la rentrée des récoltes.

10. Frein à l'exode rural

Les nombreux avantages qu'offre la TA constituent un attrait pour les jeunes qui au lieu de fuir les villages pour les villes à la recherche du travail, optent actuellement pour l'agriculture avec adoption de la CA.

Des centaines sont installés chaque année par l'état sur des périmètres aménagés sous l'encadrement technique des organismes intervenant dans le milieu rural. Les attelages leur sont livrés sur crédit dans les mêmes conditions que celles indiquées plus haut.

Mis à part ces cas précis des jeunes sans terres, on note un engouement vers la CA des élèves ayant abandonné les classes pour diverses raisons et devenus aides familiaux et qui cherchent à s'installer pour leur propre compte sur les terres de leurs parents.

Conclusion

Comparativement aux autres méthodes de préparation du sol, la CA parait la technologie la mieux indiquée pour atteindre l'autosuffisance alimentaire et dégager des surplus de production commercialisables susceptibles d'augmenter le pouvoir d'achat du paysan et partant son niveau de vie, dans nos pays où le coût de la motorisation dépasse les moyens de la masse rurale.

L'extension des superficies cultivées, la réduction de la pénibilité du travail du pratiquant de la CA, les revenus additionnels provenant du transport à la charrette et d'autres avantages incitent à la adoption de la CA comme moyen pour sortir peu à peu du sous-développement.

Pour promouvoir l'intensification de cette technologie, il est indispensable que l'information et la sensibilisation touchent toutes les couches de la population rurale afin qu'elles prennent conscience de la nécessité de remplacer leurs outils rudimentaires et ancestraux pour la TA qui est source de progrès dans la production agricole.

La formation des agriculteurs déjà équipés pour l'utilisation rationnelle de toute la chaîne de l'attelage augmenterait la productivité de l'exploitation et la main d'oeuvre familiale serait libérée pour d'autres activités lucratives.

Abstract

This paper describes the efforts of SOTOCO (Togolese Cotton Company) to promote the adoption of animal traction by providing interest-free loans and by supporting the health control system of PROPTA (Project for the Promotion of Animal Traction). The agricultural, economic and sociological benefits of adopting animal traction are described. Among the latter are stressed the creation of jobs and the fact that increased prosperity in the country slows urban drift.


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