par
Cheickna H.Diarra
Le Mali a connu une grave crise économique, financière et politique qui a affecté tous les secteurs de la vie socio-économique du pays, et dont l'aboutissement fut marqué par les troubles sociaux de mars 1991 et l'avènement d'un régime démocratiquement élu.
La crise n'a pas épargné le secteur de la communication qui non seulement a vu ses moyens diminuer mais a été remis en cause du fait de l'utilisation unilatérale que l'on en faisait: imposition de mots d'ordre et d'autres consignes du parti unique et du régime en place par les moyens de communication presque exclusivement contrôlés par l'Etat.
Cette forme verticale de la communication interdisant tout échange, toute discussion, toute concertation, a conduit la population, notamment la grande majorité paysanne, à se désintéresser de toute action gouvernementale. Le monde rural se sentait étranger au développement imposé et refusait sa collaboration, lorsqu'elle lui était demandée.
Les opérations de vulgarisation, du fait des méthodes utilisées, perdaient toute crédibilité. Tous ces aspects négatifs ont été soulignés par les états généraux du monde rural organisés par le gouvernement de transition en 1991.
Les nouvelles autorités du Mali, conscientes du rôle et de la place que la communication pour le développement peut jouer dans la situation du pays, ont souhaité élaborer une politique nationale de communication pour le développement qui se fonde sur les principes de la démocratie et sur les grandes options du développement socio-économique du pays. C'est ainsi que s'est tenu du 4 au 11 octobre 1993 à Bamako (Mali) dans ce contexte latelier de définition d'une politique nationale de communication pour le développement. Cet important atelier, auquel ont pris part près de 130 participants des différentes institutions et structures de l'Etat, de la société civile, des institutions de recherche et des organismes de la coopération bi et multilatérale, a bénéficié du soutien financier du PNUD et de l'encadrement technique et scientifique de la FAO.
1. L'ATELIER NATIONAL DE DéFINITION DE LA PNCD
L'atelier national de définition de la politique nationale de communication pour le développement du Mali, tenu du 4 au 11 octobre 1993, a abouti à l'adoption d'un document final d'une quarantaine de pages intitulé Politique Nationale de Communication pour le Développement.
L'atelier a regroupé près de 130 participants, représentant différents secteurs d'activité, notamment:
· la Présidence de la République;
la Primature;
les Ministères de l'Economie et des Finances, du Budget Porte Parole du Gouvernement, de la Culture et de la Communication, du Développement Rural, de l'Environnement, de l'Education de Base, de l'Hydraulique, de l'Energie et des Mines, de la Santé, de la Solidarité et des Personnes Agées, de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et de la promotion des initiatives privées;
les partenaires de la société civile à travers le CCAONG (Comité de coordination des ONG nationales), l'Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture et des représentants du monde rural;
les associations professionnelles de l'information, notamment l'Union Nationale des Journalistes du Mali (UNAJOM), l'Association des Editeurs Privés de Presse (ASSEP), l'Union des Radio et Télévisions Privées du Mali (URTEL);
les structures de formation, notamment le Centre de Services de Production Audiovisuelle (CESPA);
les structures de recherche, notamment le CERPOD;
la coopération multilatérale et bilatérale (Coopération Française, PNUD, FAO, FNUP, URTNA, UICN, UNICEF, OMS, etc.)
L'atelier a bénéficié de la contribution efficace de spécialistes de la communication pour le développement, venus du siège de la FAO, pour l'encadrement scientifique et technique des travaux en commissions.
L'atelier a bénéficié en outre d'une attention particulière des autorités nationales maliennes, comme en témoigne le nombre important de représentants des ministères techniques parmi les participants. Mais surtout, les cérémonies d'ouverture et de clôture de l'atelier se sont déroulées en présence du Ministre d'état de l'Administration Territoriale, représentant officiellement le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et du Ministre de la Culture et de la Communication.
Le système des Nations unies était représenté à ces cérémonies par le Représentant du PNUD au Mali, le sous-Directeur général de la FAO et le Représentant de la FAO au Mali.
Au-delà du caractère formel des cérémonies officielles d'ouverture et de clôture, la présence effective (et l'intérêt manifeste apporté à la réussite des travaux) de ces différentes hautes personnalités ainsi que les orientations qu'elles ont bien voulu délivrées dans leurs discours respectifs ont largement contribué à rehausser l'importance et la qualité de l'atelier national, qui a par ailleurs été remarquablement suivi par les participants.
Sur le plan méthodologique, les travaux de l'atelier se sont déroulés alternativement en commissions techniques et en séances plénières. Cinq groupes de travail ont été constitués avec les mandats suivants.
Mandat du Groupe I: Définition des objectifs de la PNCD et du rôle des intervenants
· Définir de façon précise ce qu'est la communication pour le développement, pour parvenir à un consensus sur ce concept et "mettre à niveau" les participants
· Définir la mission de la politique nationale de communication pour le développement
· Définir les objectifs de la politique nationale de communication pour le développement (objectifs généraux et spécifiques)
· Identifier les différents intervenants
· Définir le rôle des intervenants.
Mandat du Groupe II: Définition du cadre juridico-institutionnel de la PNCD
Définir le cadre juridique et institutionnel de la PNCD
Définir le statut du communicateur du niveau central jusqu'au niveau local
Définir le statut des structures chargées de la communication pour le développement
Définir les besoins existants à tous les niveaux de la communication pour le développement
Définir une structure de coordination efficace et opérationnelle (préciser son mandat ainsi que les moyens financiers et matériels)
Définir le profil du communicateur pour le développement (statut du personnel)
Définir le statut futur de la radio rurale et le rôle du comité intersectoriel aux niveaux régional et local.
Mandat du Groupe III: Médias et choix technologiques
Définir un mécanisme de recherche et de conseil en matière de choix technologique, en fonction des médias au service des différents partenaires au développement
Définir un mécanisme de suivi permanent des médias dans le but d'une utilisation rationnelle des ressources humaines et matérielles
Planifier les ressources humaines, financières et techniques
Déterminer des indicateurs permettant de mesurer l'efficacité du système
Evaluer le système.
Dans le cadre du mandat qui lui était imparti, le Groupe III a accordé une attention particulière aux médias traditionnels (statut, état de la recherche, contraintes spécifiques) et fait des recommandations liées à l'utilisation des médias traditionnels dans le cadre de la politique nationale de communication pour le développement.
Mandat du Groupe IV: La formation en communication pour le développement
Définir les besoins en formation des agents de terrain dans le domaine de la communication
Préciser les compétences susceptibles de répondre aux besoins de formation identifiés
Préciser les besoins de formation des professionnels de la communication en matière de communication pour le développement
Définir les contenus d'une telle formation
Identifier les institutions de formation en matière de communication pour le développement (statut et compétences).
Mandat du Groupe V: Axes d'action et stratégies en communication pour le développement
Trois sous-commissions ont été mises en place pour:
définir, en matière de stratégie de communication pour le développement, les étapes méthodologiques de planification des activités de communication;
proposer les axes d'action possible à court, moyen et long termes, dans les différents secteurs (communication institutionnelle, domaine juridique, formation, etc.)
Les séances plénières
Chaque journée de travail se termine par une séance plénière. Les séances plénières ont pour fonction, d'une part, d'exposer à l'ensemble des participants les travaux issus des groupes de travail, et d'autre part, de valider les principales conclusions et recommandation de chaque groupe. Les conclusions des travaux des groupes sont exposées par le président et le rapporteur de chaque groupe. L'alternance des séances plénières et des travaux en groupes restreints contribue à renforcer le caractère participatif de l'atelier, qui sollicite la contribution effective de chacun des participants.
Les séances de synthèse
Les séances de synthèse sont prévues et organisées afin de permettre un meilleur suivi des travaux de l'atelier, à la fois au sein des groupes de travail et au niveau des plénières. Elles regroupent généralement les fonctionnaires du siège de la FAO, le consultant principal, les animateurs et les rapporteurs des groupes de travail et le secrétariat de l'atelier. De façon pratique, ces séances de synthèse contribuent à la qualité finale des documents de l'atelier et permettent de respecter le calendrier initial de travail.
2. LE PROCESSUS DE FORMULATION
Le processus de formulation de la politique nationale de communication pour le développement suit les étapes méthodologiques suivantes:
recrutement d'un consultant international chargé de la rédaction d'un rapport introductif aux travaux de l'atelier. Le rapport introductif présente, en outre, les résultats, les conclusions et recommandations des études sectorielles des consultants nationaux. Ce document a également pour fonction d'exposer les concepts, d'esquisser les pistes de réflexion et de proposer des recommandations aux participants;
recrutement d'une équipe multisectorielle de douze experts nationaux chargés de faire l'état des lieux de la communication au Mali à travers les études sectorielles dans les domaines de la radio, la vidéo, la télévision, la presse écrite en français et en langues nationales, les médias traditionnels, les aspects juridiques, les aspects techniques et technologiques, la formation;
tenue de l'atelier national de définition de la politique nationale de communication pour le développement, impliquant la participation de tous les partenaires du Gouvernement au plan national et des représentants de la coopération bi et multilatérale;
Résultats obtenus
L'atelier de définition de la politique nationale de communication pour le développement a atteint les résultats suivants:
adoption par les participants d'un document final définissant les objectifs généraux et spécifiques de la politique nationale de communication pour le développement, et comportant les principales recommandations issues des études thématiques et des travaux de l'atelier;
adoption d'un plan d'action à court, moyen et long termes de mise en uvre de la politique nationale de communication pour le développement;
identification (au sein du Conseil Supérieur de la Communication) de la structure chargée de la mise en uvre de la politique nationale de communication pour le développement;
Le Gouvernement du Mali a bénéficié du concours financier du PNUD et de l'assistance technique de la FAO à travers le projet TCP/MLI/1357.
3. LA POLITIQUE DE COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT AU MALI
Principes et objectifs de la PNCD
Les principes généraux de la Politique Nationale de Communication pour le Développement adoptée par le Mali sont:
instaurer un climat de confiance entre le gouvernement et ses partenaires (internes et externes) en vue d'une action concertée pour le traitement des grandes questions nationales;
instaurer un cadre au sein duquel tous les acteurs du développement peuvent privilégier le dialogue, la concertation, la transparence et l'équité, conformément aux grandes orientations de la politique nationale;
servir d'outil de mise en uvre de la politique de décentralisation;
intégrer et valoriser la culture et les aspirations des populations maliennes;
servir de cadre de référence et d'orientation évolutive et flexible, pour tous les partenaires nationaux et les intervenants extérieurs.
Les objectifs généraux de la PNCD sont:
promouvoir la participation de la population à la définition et à la mise en uvre des grandes orientations du développement du pays, en favorisant un dialogue entre tous les acteurs du développement sur ces actions;
appuyer les initiatives prises au niveau des communautés de base dans les différents secteurs du développement en favorisant l'échange des informations, des savoirs et des techniques entre ces communautés;
permettre à tous ceux qui ont la responsabilité de diffuser les informations ou d'introduire des innovations dans les différents secteurs du développement, de disposer des instruments de communication sociale et éducative, leur permettant de le faire dans les meilleures conditions;
promouvoir, pour tous les intervenants du monde rural, les systèmes de vulgarisation, d'encadrement, de formation et de communication basés sur des stratégies de dialogue, de concertation et de participation plutôt que sur des stratégies de messages verticaux.
En outre, la PNCD doit participer à la consolidation des acquis démocratiques, institutionnels et politiques, y compris la prise de conscience par les citoyens de leurs droits et devoirs, et par l'Etat de ses responsabilités et de son autorité.
Les objectifs spécifiques de la PNCD sont:
contribuer à la mise en uvre du schéma directeur du secteur du développement rural;
contribuer à l'émergence d'un cadre législatif permettant le dialogue, la responsabilisation et l'amélioration des rapports entre les pouvoirs publics et le monde rural;
promouvoir une large diffusion des actions de protection de l'environnement;
contribuer à la promotion de la femme et de la jeune fille maliennes à travers la valorisation de la femme dans la société et dans les instances de décision, et à la scolarisation systématique des filles;
contribuer à l'évolution de l'école malienne et à son adéquation aux réalités de la vie;
contribuer à l'amélioration de la santé des Maliens à travers un appui à la mise en uvre des programmes nationaux de santé;
accompagner la mise en uvre de la politique nationale de population (PNP);
permettre à chaque Malien d'avoir une connaissance approfondie des questions d'assainissement, d'environnement urbain et d'hygiène;
promouvoir les initiatives et les actions pilotes, l'expérimentation, la recherche, le suivi et l'évaluation des activités de communication pour le développement;
encourager et appuyer l'implication des Maliens de l'extérieur dans le processus de l'intégration sous régionale et continentale.
Il apparaît donc que la Politique Nationale de Communication pour le Développement est voulue comme une réponse globale, souhaitée par les autorités maliennes, aux différents défis auxquels la société malienne doit faire face, au sortir de deux décennies de régime autoritaire.
Les aspirations que reflètent les nombreux objectifs visés sont la conséquence d'un contexte de liberté recouvrée. La période de formulation de la PNCD au Mali se caractérise en effet par:
la faiblesse relative du nouveau régime politique issu des élections de 1992;
l'émergence d'un fort courant associatif, qui a vu naître et proliférer des milliers d'associations, de groupements socioprofessionnels tant au niveau national qu'au niveau local;
la brusque montée des revendications de tout ordre (politique, culturel, économique);
une volonté partagée à différents niveaux de la société malienne de refonder l'Etat, à travers la remise en question des méthodes de gestion des affaires publiques, pour plus d'implication des citoyens dans la conception, la mise en uvre et l'évaluation des projets les concernant (le premier gouvernement de l'ère démocratique comportera un Ministère de la modernisation de l'administration, et un département chargé de la décentralisation).
La PNCD devait par ailleurs prendre en compte les principaux programmes de développement en gestation ou en cours d'exécution dans le pays, dans le domaine de la santé, du développement rural, de l'école, etc.
b. Les mesures de mise en uvre de la PNCD
Les mesures de mise en uvre de la PNCD ont été définies pendant l'atelier de définition de la politique nationale de communication pour le développement. Les participants de l'atelier, soucieux de la mise en uvre rapide de la PNCD, ont identifié et préconisé les mesures, d'ordre institutionnel notamment, devant permettre de réunir les conditions les meilleures pour que la PNCD puisse être mise en uvre et atteindre les objectifs définis.
Il s'agit de:
saisir le Gouvernement pour approbation des conclusions et recommandations relatives à la politique nationale de communication pour le développement;
publier et diffuser les actes de l'atelier relatifs à la définition de la politique nationale de communication pour le développement;
mettre en place, à titre transitoire, une commission chargée de la communication pour le développement à la Primature, dont le secrétariat exécutif sera au Ministère chargé de la communication;
élaborer un plan d'action, en concertation avec les partenaires au développement;
renforcer les capacités du Centre de Services de Production Audiovisuelle (CESPA), pour lui permettre de jouer pleinement son rôle de leader de la communication pour le développement au Mali.
Il s'agit de doter la politique nationale de communication pour le développement d'une structure de coordination et de mise en uvre disposant de l'autorité suffisante pour que les recommandations et décisions puissent bénéficier de l'adhésion de tous les intervenants, la Commission Nationale de la communication pour le développement agissant sous l'autorité directe du Premier Ministre, chef du Gouvernement.
La définition d'une politique nationale de communication pour le développement répond au souci des autorités maliennes de disposer d'un cadre de référence pour tous les intervenants, partenaires intérieurs et extérieurs, du processus de développement du Mali. En même temps, comme déjà souligné, les autorités maliennes souhaitent créer les conditions d'une véritable implication des populations à la base, en inversant les méthodes et pratiques d'identification, de conception, de mise en uvre et d'évaluation des projets et programmes de développement dont les populations sont bénéficiaires.
Le Mali a été le premier pays à initier l'exercice d'élaboration d'une politique nationale de communication pour le développement.
A ce titre, le processus mis en uvre au Mali inaugurait les outils qui seront par la suite affinés en Guinée Bissau et au Burkina Faso lors de la définition de la politique nationale de communication de ces pays.
L'analyse des étapes d'élaboration de la PNCD au Mali fait apparaître les différents facteurs favorables et les contraintes qui ont marqué le processus.
1. L'IDENTIFICATION DES THÈMES ET DES SECTEURS DE LA COMMUNICATION DEVANT FAIRE L'OBJET D'UNE éTUDE DIAGNOSTIQUE
a) Atouts
Cette phase n'a pas connu de difficulté particulière. Les différents secteurs d'étude ont fait l'objet de consensus.
Le recrutement de consultants nationaux n'a pas non plus connu de difficultés. Des équipes de recherche ont été constituées - avec deux experts par équipe - pour mener les différentes études.
b) Contraintes
La principale contrainte est le caractère très général de certaines études qui se sont révélées plus descriptives qu'analytiques, générant des recommandations très générales.
c) Suggestions
Il convient de s'assurer que tous les consultants font la même lecture des termes de référence des études à réaliser.
L'organisation d'un atelier pédagogique peut être une réponse à cette préoccupation.
2. AU NIVEAU DE LA PRODUCTION DU DOCUMENT DE SYNTHÈSE DES éTUDES SECTORIELLES
a) Atouts
Le document de synthèse réalisé constitue pour les participants un document de référence, donnant les orientations générales pour l'atelier national et présentant la situation de chaque secteur de la communication au Mali.
b) Contraintes
Le document de synthèse, souvent sommaire dans sa présentation de l'état des lieux par secteur, a été davantage exploité que les études sectorielles réalisées par les consultants. Ces derniers n'ont pas toujours été mis à contribution de façon efficiente lors des travaux de l'atelier, pour expliciter leurs conclusions et recommandations contenues dans les études sectorielles.
c) Suggestions
Les consultants nationaux devraient être sollicités davantage lors de l'atelier national, dans le cadre des travaux en groupe et des commissions, où leurs conclusions et recommandations doivent être discutées plus en détail.
3. AU NIVEAU DE L'ATELIER NATIONAL DE DéFINITION DE LA POLITIQUE NATIONALE DE COMMUNICATION POUR LE DéVELOPPEMENT
a) Atouts
L'atelier a été relayé par les médias publics (notamment radio et télévision), qui en ont présenté les objectifs et les résultats attendus.
Les autorités nationales ont manifesté une réelle volonté politique quant à l'organisation de l'atelier. Cet intérêt s'est manifesté tout au long des travaux: présence de plusieurs membres du Gouvernement aux cérémonies officielles, assurances affirmées et disponibilité pour donner suite aux recommandations qui seront issues des travaux, etc.
Les partenaires de la coopération bi et multilatérale ont manifesté leur volonté à soutenir l'exercice et se sont fait représenter par des fonctionnaires qui ont pris part aux travaux; c'est notamment le cas de la Coopération Française. Le Sous-Directeur Général de la FAO, M. Alessi, est venu spécialement du siège pour participer à l'atelier.
b) Contraintes
Les principales contraintes sont les suivantes:
nombre élevé des participants (130), ce qui n'a pas facilité la pleine participation de tous;
niveau inégal des participants dans la compréhension des questions de communication, et de communication pour le développement en particulier;
méfiance manifestée par certains fonctionnaires sur les questions de coordination, de planification et d'exécution des activités de communication (notamment de la part de représentants de départements ayant des structures de communication);
faible participation de représentants du monde rural et choix du français comme langue de travail. Les rares représentants des associations paysannes n'ont pu s'exprimer efficacement (par exemple, un représentant de "ton villageois", membre du groupe de travail n°3, se faisait traduire les débats en langue bambara pour comprendre et participer).
c) Suggestions
Restreindre le nombre de participants
Mieux informer en amont les cadres des départements sur les vrais enjeux de l'atelier, pour lever les suspicions et éviter les équivoques sur les objectifs poursuivis par la PNCD
Prendre en compte les besoins et attentes du monde rural et, de façon plus générale, des populations à la base, en organisant des ateliers régionaux préparatoires à l'atelier national.
Premier pays à expérimenter l'exercice de formulation d'une politique nationale de communication pour le développement, le Mali a maintenant un recul de plus de six ans lui permettant de faire un bilan quant à cette PNCD.
L'évaluation du processus de mise en uvre de la politique de communication a fait l'objet d'une première étude initiée par le Ministère de la Communication du Mali, avec le concours du FNUAP, en 1999. Cette étude s'inscrivait dans le cadre des initiatives du Gouvernement du Mali en vue de relancer la politique nationale de communication pour le développement, après un diagnostic sur la réalisation du programme d'actions prioritaires issu de l'atelier national d'octobre 1993. Il s'agissait également de réaffirmer la volonté politique des autorités maliennes en faveur de la PNCD, après une période de léthargie.
L'analyse du processus de mise en uvre de la PNCD fait apparaître deux phases distinctes: une phase dynamique qui a connu la réalisation d'un certain nombre d'actions concrètes dans le cadre des recommandations issues de l'atelier national; et une seconde phase, caractérisée par la dilution des activités et le manque de coordination.
Ce chapitre présente les actions concrètes réalisées à ce jour, dans le cadre de la mise en uvre des principales recommandations de l'atelier de définition de la politique nationale de communication pour le développement.
1. MESURES MISES EN UVRE PAR LE GOUVERNEMENT
Adoption par le Gouvernement des recommandations de l'atelier national de définition de la politique nationale de communication pour le développement
Promulgation du décret n°94-329/PM-RM du 20 octobre 1994, instituant auprès du Premier Ministre la Commission de la Communication pour le Développement (CCD) qui regroupe les représentants des pouvoirs publics et de la société civile (associations, ONG, organisations professionnelles). Le secrétariat est assuré par un conseiller technique du Ministère chargé de la Communication nommé par un arrêté du Premier Ministre. Les missions de la CCD sont notamment:
- l'élaboration et la coordination de la mise en uvre d'une stratégie intégrée et intersectorielle de communication pour le développement;
- la proposition de textes législatifs et réglementaires en matière de communication pour le développement;
- la supervision et le contrôle de la conformité des stratégies et des activités sectorielles avec la politique nationale de communication pour le développement;
- l'élaboration d'un répertoire des ressources humaines spécialisées dans les domaines de la formation, de la recherche et de l'élaboration de matériels éducatifs, de la planification, de la création et de l'utilisation du matériel de communication pour le développement.
Le décret de 1994 sera par la suite révisé pour prendre en compte la participation des femmes à la CCD (décret n°96-006/PM-RM, du 11 janvier 1996).
Mise en uvre du processus de révision de différents textes juridiques
Création, au sein du Conseil Supérieur de la Communication, d'une Commission de la Communication pour le Développement.
2. MESURES MISES EN UVRE PAR LES PARTENAIRES AU DéVELOPPEMENT
Publication et remise officielle au Gouvernement, par le Ministre de la Culture et de la Communication, de la plaquette intitulée Politique Nationale de Communication pour le Développement, contenant les actes de l'atelier national de définition de la politique nationale de communication, et destinée à diffuser les recommandations de l'atelier
Rencontre, le 7 juin 1994, entre le Représentant de la FAO et le Ministre de la Culture et de la Communication, au cours de laquelle ont été examinées les dispositions prises par le Gouvernement pour l'adoption des textes relatifs à la mise en place de la Commission chargée de la communication pour le développement
Tenue, le 10 juin 1994, sous la présidence du Représentant Résident du PNUD, coordonnateur du système des Nations Unies au Mali, d'une réunion avec les représentants des différentes agences, pour discuter de ce que le système des Nations Unies peut faire pour contribuer à l'évolution du travail entrepris dans le domaine de la communication pour le développement. La réunion a abouti aux conclusions suivantes:
- mise en place d'une commission ad hoc chargée de la communication pour le développement;
- nécessité de prévoir une composante communication dans tous les projets et programmes de développement comme élément capable d'en améliorer l'efficacité et l'impact;
- poursuite de l'idée de mise en place d'un fonds de soutien à la communication pour le développement, destiné à soutenir le CESPA.
Soutien et promotion du CESPA par la FAO, et plus précisément par le Groupe Communication pour le développement, auprès de l'ensemble des agences du système des Nations Unies
Appui à l'extension de la radio rurale du Mali, à travers notamment le projet Radio Rurale Mali-Sud, avec une contribution financière des Pays-Bas
Appui de l'UNESCO à l'implantation d'une filière communication pour le développement à la Faculté des Lettres, des Arts et Sciences Humaines (FLASH) de l'Université du Mali. Des ateliers préparatoires à la création de celle filière ont été organisés et financés par l'UNESCO. Un module communication et développement a été dispensé dans le cadre de ces ateliers.
Contribution de l'UNESCO à la création d'un réseau des communicateurs pour le développement, pour appuyer les projets et programmes de développement dans le domaine de leurs activités de communication et de formation.
3. MESURES MISES EN UVRE PAR LES PARTENAIRES INTERNES
L'atelier de définition de la politique nationale de communication pour le développement a enregistré la participation de représentants des associations, des ONG et des organisations professionnelles, partenaires internes du processus de développement. En dépit du réel intérêt manifesté alors par ces participants, peu d'actions concrètes de mise en uvre de la PNCD par ces secteurs sont à signaler. Cependant, l'étude diagnostique de relance de la PNCD révèle l'existence de:
la fonction de communication pour le développement au niveau des ONG et des organismes privés;
structures (bureaux d'études, centres de formation et de production) mises en place pour exercer cette fonction;
programmes de communication pour le développement, stratégies de communication pour le développement et souvent plans de mise en uvre de la stratégie de communication pour le développement;
budgets de communication pour le développement;
initiatives, actions et moyens de communication pour le développement (radios communautaires, animations sur le terrain, comités ou groupes d'écoute) impliquant la participation des populations à la base.
L'analyse du processus de mise en uvre de la PNCD au Mali fait apparaître un certain nombre de facteurs ayant favorablement contribué à l'initiation d'actions concrètes dans le cadre de la PNCD d'une part et, d'autre part, des facteurs qui au contraire se sont révélés des handicaps ayant entravé la mise en uvre de la PNCD.
Les atouts
Les atouts dans la mise en uvre de la PNCD ont été:
la volonté politique des autorités maliennes qui ont souhaité créer, par la PNCD, un cadre de concertation et de dialogue avec tous les partenaires du processus de développement, et permettre la pleine participation des populations à la prise de décisions les concernant;
la disponibilité des partenaires de la coopération bi et multilatérale à apporter leur concours à la formulation et à la mise en uvre de la PNCD;
l'existence, au Mali, d'une certaine "tradition" de la communication pour le développement, à travers notamment l'expérience de la radio rurale du Mali, l'une des plus anciennes en Afrique francophone;
l'existence de structures de communication spécialisées dans le domaine de la communication pour le développement (CESPA, CNIESC, radio rurale);
un environnement démocratique, ouvert et pluraliste.
Les contraintes
Les contraintes dans la mise en uvre de la PNCD sont les suivantes:
une certaine instabilité des institutions chargées de la mise en uvre de la PNCD ou éprouvant des difficultés dans le fonctionnement (Conseil Supérieur de la Communication, fréquents changements de l'équipe gouvernementale);
absence d'un consensus sur l'ancrage institutionnel de la PNCD. L'atelier a été marqué par des débats sur l'ancrage institutionnel entre représentants de départements ministériels;
absence de mobilisation des ressources institutionnelles. Le déficit de promotion de la PNCD auprès des différents partenaires au développement (le Mali n'a pas proposé de programme chiffré de mise en uvre de la PNCD à ses partenaires) a eu pour conséquence l'absence de ressources pour financer la mise en uvre de la PNCD;
instabilité institutionnelle ayant pour conséquence une relative perte de la mémoire institutionnelle pour le pilotage et le suivi de la mise en uvre de la PNCD.
Ces leçons sont nombreuses. L'analyse de l'ensemble du processus permet de dégager les principaux enseignements suivants.
1. La définition et la formulation d'une politique de communication pour le développement répondaient à un besoin ressenti par tous les acteurs du développement (Gouvernement, partenaires au développement, société civile).
2. Dans l'exercice de formulation, toutes les parties prenantes potentielles n'ont pas été associées à tous les niveaux (local, régional, national).
3. La dimension genre n'a pas été prise en compte dans la composition des représentations à l'atelier.
4. La PNCD se doit de prendre en compte la décentralisation, pour être en adéquation avec le cadre socio-politique et économique nouveau du pays.
5. La définition du cadre institutionnel a été source de difficultés ultérieures: absence de consensus sur l'ancrage institutionnel, absence de concertation entre les parties prenantes.
6. La faiblesse de la participation du monde rural, des associations et organisations de la société civile a eu pour conséquence le manque d'implication de ces acteurs dans la mise en uvre de la PNCD et la méconnaissance par eux de la PNCD.
7. Le programme d'activités à court, moyen et long termes adopté par l'atelier n'a pas fait l'objet d'une évaluation des ressources (humaines, matérielles, financières) indispensable à sa mise en uvre.
8. L'absence de structure de mise en uvre de la PNCD (pour la coordination et l'exécution des activités) explique la perte de mémoire institutionnelle de la PNCD.
9. Le projet d'appui du PNUD et de la FAO au Gouvernement devait aller au-delà de l'exercice de définition et de formulation de la PNCD, pour inclure une assistance au Gouvernement dans la mise en place de la structure de mise en uvre: secrétariat exécutif de la Commission de la Communication pour le Développement prévu au niveau du Ministère chargé de la Communication).
L'exercice de définition de la politique nationale de communication pour le développement et les difficultés de sa mise en uvre au Mali incitent à faire les recommandations suivantes, compte tenu des enseignements tirés.
1. L'une des conditions essentielles et indispensables à la réussite de la PNCD est l'affirmation de la volonté politique des autorités nationales à soutenir l'exercice.
2. La définition de la PNCD devra se faire en tenant compte des niveaux local, régional et national. Des concertations seront organisées à ces différents niveaux, pour une réelle implication des populations et garantir leur appropriation du processus.
3. La définition d'une PNCD n'étant pas une fin en soi, il est nécessaire de procéder de façon exhaustive à l'évaluation du programme d'actions, dans le but d'en faire une composante du programme de coopération avec les partenaires au développement. La tenue d'une table ronde des bailleurs de fonds est une étape essentielle pour la mise de la PNCD.
4. Dans une première phase, la mise en uvre de la PNCD devrait être confiée à une structure de type projet ou programme national de communication pour le développement, chargé de la coordination technique de la PNCD. La commission de la communication pour le développement assurera une fonction d'orientation au plan national. La structure sera de composition légère, mais comportera nécessairement des compétences en suivi évaluation.
5. La Commission de la Communication pour le Développement pouvant se révéler lourde, il pourrait être envisagé la mise en place de comités techniques au niveau sectoriels pour la définition des stratégies sectorielles de communication pour le développement, et la coordination au niveau sectoriel.
6. Il convient de développer des formations à la communication pour le développement adaptées aux différentes cibles: professionnels de la communications, vulgarisateurs, agents de développement et animateurs. Ces formations permettront de constituer une "masse critique" susceptible de conduire les activités de communication pour le développement et d'en garantir la bonne exécution. La disponibilité de ressources humaines en communication pour le développement permet par ailleurs au pays de s'approprier réellement la PNCD (au niveau de la conception, de la planification de l'exécution, de l'évaluation).
7. Enfin, le partage d'expériences avec les pays ayant déjà défini et mis en uvre la PNCD (Mali, Guinée Bissau, Burkina Faso, République Centre Africaine et Sénégal) est tout aussi indispensable.
En décidant de se doter d'une PNCD, les autorités du Mali avaient souci de "coller" à la réalité du nouveau contexte démocratique dans lequel le pays était entré, après plus de deux décennies de régime dictatorial. Les principes de base de la PNCD se fondent en effet sur la participation consciente et volontaire des populations à la gestion de leur propre développement. La PNCD doit créer les conditions d'un réel dialogue entre partenaires du processus de développement.
Conscientes du rôle déterminant de la communication dans ce processus, les autorités maliennes ont entrepris de procéder à une évaluation de la mise en uvre de la PNCD. Pour mener à bien cet exercice, le Mali doit bénéficier du concours des partenaires au développement, notamment de la FAO et du PNUD. Les enseignements tirés de la conduite des exercices de formulation de la PNCD dans les différents pays sont un gisement dont le Mali a besoin pour créer les conditions de la relance de "sa" PNCD.
A l'inverse, les leçons tirées de l'expérience malienne confortent les avancées méthodologiques réalisées depuis dans la formulation et la mise en uvre de la PNCD.