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3. GESTION DES RESSOURCES GENETIQUES FORESTIERES


3.1. Activités de conservation in situ
3.2. Activités de conservation ex. situ
3.3. Amélioration génétique et essais de provenances
3.4. Espèces prioritaires au niveau national

3.1. Activités de conservation in situ

Diverses actions ont été entreprises qui contribuent à la conservation des ressources génétiques forestières. Au titre de ces actions il faut noter le classement des forêts, des parcs nationaux et l'érection de la mare aux hippopotames en Réserve de la Biosphère. Ces domaines classés constituent, au niveau national un indispensable réseau d'aires de conservation in situ des ressources génétiques forestières. Au Burkina Faso ce réseau représente 14% du territoire national.

Situation des forêts classées

La loi No 006/97/ADP portant code forestier au Burkina Faso définit la forêt classée comme étant «un espace circonscrit, qui fait l'objet d'un acte de classement dans le but d'intérêt général national ou local et soumis à un régime spécial restrictif concernant l'exercice des droits d'usage et les régimes d'exploitation».

Les formations forestières du Burkina Faso, qui couvrent une superficie un peu plus de la moitié du territoire, se répartissent en deux grandes entités: Le domaine classé (25%) et le domaine non classé (75%). Les forêts classées (fig. 2) sont au nombre de 79 et couvrent au total une superficie de 3 880 847 ha soit 38 808,47 km2 (M.E.E., 1996).

Dans le cadre de l'application du nouveau code forestier, la gestion de certaines forêts a été concédée à des sociétés privées ou à des communautés locales.

Les forêts villageoises

Les nouvelles approches en matière de gestion des ressources naturelles développées par divers projets et programmes ont permis la création de forêts villageoises par les collectivités territoriales décentralisées. Conformément à l'article 22 et 23 du code forestier, les forêts villageoises sont des entités forestières ayant fait l'objet d'acte de classement ou non. Ces forêts ont pour vocation, la conservation et la production de ressources forestières utiles pour les populations. Il n'existe cependant pas de statistiques fiables concernant leur nombre ni leur superficie, encore moins leur état.

Tableau 2: Récapitulatif des aires classées et des réserves du Burkina Faso

Secteurs biogéographiques

Nombres de forêts

Nord Sahélien

1

Sud-Sahélien

3

Nord-Soudanien

57

Sud-Soudanien

18

TOTAL

79


Distribution des aires protégées du pays suivant les zones phytogéographiques

Source: MEE/Projet 7ACP BK/031
Les parcs agroforestiers traditionnels

Les villageois ont hérité des parcs agroforestiers de leurs ancêtres qui, à l'époque ont crée les villages dans la forêt, composée alors de nombreuses espèces ligneuses en forte densité (Boffa et al., 1999). Ces parcs constituent une forme de conservation in situ de certaines espèces 'utiles' pour les populations. Il s'agit de Parkia biglobosa, Vitellaria paradoxa, Faidherbia albida, Sclerocarya birrea, Lannea microcarpa, Bombax costatum, Khaya senegalensis, Ficus platiphylla, Diospyros mespiliformis, Tamarindus indica, Combretum glutinosum, etc.

3.2. Activités de conservation ex. situ

Dans le domaine de la conservation ex-situ des ressources génétiques forestières, un réseau de parcelles expérimentales (Kouaré (Fada), Gonsé, Djibo, Dinderesso (Bobo), Djomga) appartenant aux structures de recherche (CNSF et de l'INERA) et de plantations de production de bois prennent une part importante. De même la gestion d'une banque de semences forestières par le CNSF dont le rayonnement est mondialement reconnu y participe activement.

Le Burkina Faso s'est doté d'un centre de semences forestières depuis 1983 pour assurer l'approvisionnement des programmes de reboisement en semences de qualité et en quantité suffisante. Le Centre national de Semences forestières couvre l'essentiel des besoins du pays en avec une capacité de stockage de 8 tonnes de semences et un catalogue comportant 130 espèces ligneuses.

Plus de 800 sources de semences ont été identifiées et localisées dont 20 font l'objet de gestion participative avec l'objectif final de responsabiliser les populations locales pour la production de semences forestières de qualité (Nikiema, 2001).

3.3. Amélioration génétique et essais de provenances

Les programmes d'amélioration génétiques sont encore timides et ne concernent que quelques espèces reconnues prioritaires telles Faidherbia albida, Parkia biglobosa, Vitellaria paradoxa, Acacia senegal, Tamarindus indica, Khaya senegalensis, Ziziphus mauritiana.

Pour la plupart de ces espèces, l'essentiel des activités des programmes d'amélioration se résume à des collectes de graines, des essais de provenances, des études de variabilité génétique des populations et la biologie de la reproduction. Il faut cependant noter que l'insuffisance des moyens financiers pour assurer l'entretien et le suivi régulier des parcelles d'expérimentation conjuguée à l'insuffisance de compétence scientifique dans le domaine des analyses de données expérimentales entraîne un déficit dans la capitalisation des résultats des essais mis en place. Ainsi de nombreux essais restent sans évaluation pendant des années.

3.4. Espèces prioritaires au niveau national

Après la détermination des thèmes et des activités de recherche, l'équipe d'experts (pluridisciplinaire et inter institutionnelle) a établi la liste d'espèces ligneuses importantes pour le Burkina Faso. Chaque espèce a été cotée suivant 9 critères d'utilisation puis classée. Les Seize premières espèces résultant de la cotation ont été retenues comme prioritaires pour la mise en œuvre du Programme. Il s'agit de:

1. Acacia albida
2. Acacia senegal (gommier)
3. Adansonia digitata (baobab)
4. Anogeissus leiocarpus (bouleau d'Afrique)
5. Azadirachta indica (neem)
6. Balanites aegyptiaca
7. Borassus aethiopum (rônier)
8. Vitellaria paradoxa (karité)
9. Detarium microcarpum
10. Khaya senegalensis (caïlcédrat)
11. Maerua crassifolia
12. Parkia biglobosa (néré)
13. Prosopis africana
14. Sclerocarya birrea (prunier)
15. Tamarindus indica (tamarinier)
16. Ziziphus mauritiana (jujubier)
On retiendra des nombreux exercices de hiérarchisation des préoccupations qu'il n'est pas toujours facile d'établir de priorités parmi les nombreux besoins et contraintes des sahéliens.

Il est encore moins aisé d'établir des priorités parmi les nombreuses espèces intéressantes. Comme noté par MESSRS/CNRST (1995), chacun de «ces usages de l'espèce revêt une importance variable selon les circonstances et les groupes humains considérés. De même la satisfaction des besoins en telle ou telle espèce est variable selon l'usage considéré. Une espèce acidifiant les sols sera toujours surnuméraire sur le plan écologique» par exemple. Ainsi ces priorités sont obligatoirement dynamiques pour répondre aux évolutions des besoins.

Il faut noter qu'à la suite de cet exercice de hiérarchisation, de nombreuses enquêtes ont été conduites mais elles sont limitées à des zones ou à des domaines de recherche précis. Parmi ces domaines, on notera les études des équipes nationales de l'ICRAF/SALWA en 1995 dont les résultats sont détaillés dans Bonkoungou et al. (1998).


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