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VI. Analyse des résultats


A. Effets et impacts
B. Principaux facteurs ayant influence les résultats du projet
C. Durabilité


A. Effets et impacts


1. Appui conceptuel
2. Renforcement des capacités d'intervention des agents et cadres du développement
3. Mise en place d'un outil de planification et d'un système de suivi/évaluation
4. Capitalisation de l'expérience et dynamisation des échanges sous-régionaux


Projet d'appui institutionnel, le projet se caractérise par le fait qu'il n'a pas d'action physique sur le terrain. Il se base sur les expériences des projets en cours ou passés disséminés sur l'ensemble du territoire, dont 8 sont ou ont été exécutés par la FAO (agence d'exécution) et 6 financés par les Pays-Bas. Ces projets constituent en retour un relais et un terrain d'expérimentation pour tester les méthodologies et approches adoptées au niveau national.

L'analyse de la mise en oeuvre qui précède met en lumière un grand nombre d'activités menées avec l'appui du projet. Elle montre également la complexité et la pertinence de ce type d'appui pour renforcer les mécanismes de conception et de suivi des diverses activités de développement forestier. Les activités spécifiques du PDFR peuvent se subdiviser en 3 grands domaines: Appui conceptuel (PNFR, Approche participative/approche terroir, Manuel de foresterie rurale); Renforcement des capacités d'intervention des services techniques et partenaires; Mise en place d'un outil de planification (SIG) et d'un système de suivi/évaluation opérationnels.

Si des résultats tangibles ont été enregistrés dans les divers domaines, la mission note cependant avec inquiétude la lenteur du processus d'élaboration du PNFR et de ses outils de mise en oeuvre et de suivi/évaluation. De plus, aucun document n'est à l'heure actuelle finalisé et chacun d'entre eux exigera un effort soutenu pour leur finalisation.

Par ailleurs, en ce qui concerne le troisième objectif (capitalisation et échanges avec les pays de la sous-région), les résultats enregistrés sont très insuffisants.

1. Appui conceptuel


1.1. Processus d'élaboration du Programme national de foresterie rurale ou PNFR
1.2. Méthodologie d'approche participative/approche terroir
1.3. Manuel de foresterie rurale


1.1. Processus d'élaboration du Programme national de foresterie rurale ou PNFR

Le processus d'élaboration du PNFR est le résultat d'une longue maturation démarrée depuis la première phase. En réalité, - si on se réfère aux différents documents et rapports - on pouvait penser qu'en début de deuxième phase, ce processus d'élaboration du PNFR était fortement avancé et le document en voie de finalisation.

Par exemple, les acquis présentés dans le rapport terminal de la première phase préparé par l'équipe du projet signale que les monographies, les cartes thématiques et le concept-cadre du PNFR sont élaborés ou en voie de finalisation. C'est pourquoi sans doute, le document de projet prévoyait comme objectifs la mise en application du PNFR et de ses outils de mise en oeuvre et de suivi. La mission d'évaluation finale de la première phase, qui avait par ailleurs recommandé une deuxième phase, avait mis l'accent précisément sur la nécessité d'une "élaboration claire et une mise en application effective du PNFR désormais installé".

D'une manière générale, le volume de travail nécessaire pour faire aboutir le processus d'élaboration du PNFR a été largement sous-estime. Celui-ci est très lent en raison notamment du tâtonnement avant d'arriver à un consensus sur la démarche à suivre et liée à l'approche participative adoptée. Cette situation est due également à la difficulté de l'équipe projet/DESFS à définir le concept de foresterie rurale et le contenu du PNFR. Ce concept a fortement évolué et continue à évoluer, tout en n'étant toujours pas clairement défini au moment de la mission. Un premier document de présentation du PNFR (origine, contexte politique, objectifs, démarche) a été préparé par la coordination du projet juste avant le départ du CTP fin 1996. Toutefois, ce document est très succinct et représente plutôt une sorte d'introduction au PNFR.

En ce qui concerne le concept de foresterie rurale et comme il a été signalé ci-dessus (Partie IV.C.1), sa définition continue de susciter beaucoup de réflexions, notamment sur les limites de son applicabilité. En effet, l'analyse montre un concept très vaste qui a tendance à couvrir l'ensemble des activités menées par la DEFCCS, y compris celles relatives à la gestion de la faune et chasse, la pisciculture et pêche continentale, aménagement des formations naturelles. La mission recommande que le concept soit clarifié au plus tôt, qu'il soit validé et reconnu par tous au cours d'un séminaire regroupant les divers responsables, afin d'en permettre son appropriation ultérieure et appuyer le processus d'élaboration/mise en oeuvre du PNFR.

En ce qui concerne le processus d'élaboration du PNFR proprement dit, le principe retenu est de définir un cadre cohérent pour la mise en oeuvre d'actions forestières multiples au niveau décentralisé et partant des spécificités de chacune des 6 Zones éco-géographiques (ZEG - voir Figure en annexe). La première phase avait permis de caractériser les 6 ZEG du point de vue cartographique (délimitation, cartes thématiques d'occupation des sols, couvert végétal, aptitude agro-sylvo-pastorale). Pour chacune des 6 zones, il s'agissait ensuite de définir les actions prioritaires de développement forestier et d'élaborer des "schémas de développement forestier par ZEG", tenant compte des composantes thématiques et des principes définis par le PAFS (approche participative, approche terroir, décentralisation de la planification forestière).

Pour ce faire, un certain nombre d'ateliers organisés au niveau national et régional. La responsabilité de la préparation et du suivi des travaux des ateliers de planification par composante thématique (correspondant aux composantes du PAFS) a été confiée aux Chefs de Divisions techniques (chacun dans leur domaine), tandis qu'au niveau régional la préparation des documents pour les schémas zonaux par ZEG étaient du ressort des IREF (plusieurs IREF pouvant être concernés par une même ZEG). Tant les DT que les IREF ont bénéficié de l'appui nécessaire pour la préparation des documents/ateliers.

Au moment de la mission, tous les ateliers de planification se sont tenus, soit pour les composantes thématiques en 05/1995-06/1996 et pour les ZEG en 09/1996-10/1997. A ce stade, le processus semble donc bien engagé. Par rapport aux résultats attendus, la mission note cependant que:

- la qualité des documents introductifs et/ou issus des divers ateliers est très variable selon le thème ou la ZEG concernée;

- la responsabilité des Chefs de Division technique et/ou IREF n'est pas toujours engagée pour la suite du processus et notamment la finalisation des documents; leur volonté de s'impliquer n'est pas toujours certaine, notamment au niveau des Divisions techniques;

- la définition des sous-zones issues des ateliers de planification par ZEG est très pertinente, car elle permet d'affiner la compréhension du milieu physique de chaque zone et par ailleurs tenir compte de l'évolution de l'utilisation actuelle des sols et de l'état de la couverture végétale (la caractérisation s'est faite à l'aide des cartes d'utilisation des sols et de leur aptitude agro-sylvo-pastorale);

- aucun document de base constituant l'ossature du PNFR n'est à l'heure actuelle finalisé.

Dans sa conception actuelle, le PNFR s'arrête aux plans thématiques et surtout aux schémas de développement forestier (pour définir les actions prioritaires en matière de foresterie rurale par zone et sous-zone ZEG). Ces zones et sous-zones ont une justification par rapport au milieu physique (et utilisation actuelle du milieu). Par contre, l'opérationnalisation de ces schémas zonaux et partant du PNFR nécessite de les recadrer par rapport à la région administrative.

En effet, un terroir donné appartient à un espace social et économique dont il ne peut être séparé, à savoir la communauté rurale et la région. Celle-ci est quant à elle constituée par un ensemble de parties de ZEG ou de sous-zones. Dans ces conditions, il est important de donner à l'agent forestier et aux décideurs aux différents niveaux (national, régional et local) les outils nécessaires non seulement à la planification, mais aussi à la mise en oeuvre des actions de développement forestier.

Resitué par rapport à la région (et récapitulant les actions prioritaires identifiées par ZEG pour chaque région administrative), le document PNFR devient un outil effectivement opérationnel pour les différents acteurs et un support efficace pour l'élaboration des PAF régionaux. La région administrative devient ainsi le lien et le lieu de rencontre entre le PNFR/schémas zonaux et les PAF régionaux.

Par rapport à ces PAF régionaux, dont l'élaboration doit être appuyée par la Cellule du PAFS (qui bénéficie elle-même d'un projet d'appui FAO financé par les Pays-Bas - GCP/SEN/045/NET), la mission note avec inquiétude que ceux-ci auraient dû servir de base à l'élaboration des PRAE et devraient servir de référence sectorielle pour l'élaboration des Plans régionaux de développement intégré (PRDI), prévus dans le cadre de la mise en oeuvre de la régionalisation (cf. ante). L'élaboration de ceux-ci, à l'instar du PNFR, a pris beaucoup de retard.

La mission recommande que le PDFR et la Cellule PAFS intensifie leur collaboration et la coordination des activités au niveau régional et que, dans cette perspective, les documents du PNFR soient finalisés au plus tôt. Pour se faire, la mission recommande qu'un ou plusieurs agents/cadres soient responsabilisés dans la rédaction/finalisation du document.

En conclusion, si le processus a connu beaucoup de lenteurs et de retards, la mission note qu'il apparaît désormais bien engagé, mais qu'il existe 3 enjeux importants par rapport à la fin de la phase:

- Finaliser au plus tôt les documents des concepts, plans thématiques, schémas zonaux, PNFR

- Définir les modalités d'opérationnalité de la mise en oeuvre du PNFR au niveau décentralisé (lien entre région administrative et ZEG)

- Accélérer le processus d'élaboration des PAF régionaux en se basant sur les résultats obtenus dans le cadre du processus PNFR et en impliquant au mieux les responsables des collectivités locales (Conseils régionaux, Communes, Communautés rurales).

1.2. Méthodologie d'approche participative/approche terroir

D'une manière générale, la mission constate la bonne diffusion des principes de la méthodologie d'approche participative. En effet, les formations en approche participative et outils MARP/GRAAP se poursuivent au niveau des agents forestiers et progressivement au niveau des autres agents du développement (CERP, membres de cadres de concertation). Par ailleurs, une plaquette simplifiée de présentation du concept (format A5) a été éditée en vue de faciliter la compréhension des principes de l'approche participative par les décideurs, responsables de projets, ONG et autres partenaires.

La mission note avec intérêt l'introduction, bien que très timide, de l'approche genre au niveau des activités de terrain (PROWALO, PREVINOBA). Elle recommande que le BIFS étudie les modalités de son introduction dans les principes et étapes de l'approche participative et accélère la finalisation du plan d'action ébauché pour sa prise en compte dans les programmes de développement en 1995, mais non finalisé.

En ce qui concerne les outils de communication, le projet a élaboré, notamment en collaboration et/ou complémentarité avec des projets de terrain, un certain nombre d'outils et surtout a élaboré un "manuel pour la production des outils de communication de proximité", actuellement en attente d'édition (coût élevé et fonds à rechercher).

Toutefois, la mission déplore de n'avoir pas eu accès à la "stratégie de communication multimédia" élaborée au cours de la première phase et qui devait être consolidée. Par ailleurs, il ne semble pas toujours exister de valorisation des acquis. C'est le cas de la radio rurale, dont le nombre d'émissions et reportages ont chuté de manière inexplicable entre 1995 et 1996/97. La mission recommande un appui du siège du Service de la communication afin de faire le point sur la stratégie de communication, de l'actualiser et de l'adapter éventuellement aux nouveaux besoins identifiés.

En ce qui concerne l'approche terroir, il n'existe aucun document de capitalisation des différents acquis ni de méthodologie clairement définie, voire de ce que l'on entend par approche terroir. En effet, dans plusieurs documents du PDFR, il est simplement dit qu'il s'agit de "l'approche participative dans un contexte de gestion de terroir", ce qui de l'avis de la mission est totalement insuffisant.

La mission recommande qu'une étude soit organisée sans tarder de manière à:

- Capitaliser les divers acquis par les projets de terrain qui disent appliquer l'approche gestion de terroir (cette capitalisation pourrait être confiée au BAC)

- Définir le concept d'approche terroir et les différentes étapes en appui aux actions de développement forestier et organiser un atelier national de validation du concept

- Elaborer un guide simple définissant les différentes étapes et outils de sa mise en oeuvre qui puisse appuyer les agents de terrain (BAC/BIFS) et dont une synthèse pourrait être insérée dans le manuel de foresterie rurale.

La mission note que cet important travail a été largement sous-estime dans le document de projet et dans les différents PTA.

En ce qui concerne les micro-réalisations (MRL) et mécanismes d'intéressement des populations, la mission rappelle que le projet n'a pas pour vocation d'améliorer les capacités financières des populations. Il a par contre un rôle important à jouer dans la définition des mécanismes à mettre en place, des normes et lignes directrices en la matière. En effet, à l'heure actuelle, il existe un risque important de négliger les liens qui doivent exister entre l'appui fourni pour la mise en oeuvre d'une MRL ou activité génératrice de revenus (moulin à mil, embouche bovine, exploitation forestière, valorisation des produits de cueillette,...) et les activités de restauration du milieu et/ou de développement forestier.

Ce lien est d'une manière générale très peu apparent dans l'étude (1997) qui actualise le guide de formulation de MRL. De plus, ce guide non finalisé n'a pas été éprouvé sur le terrain et n'a pas capitalisé l'ensemble des expériences en cours. Il ne définit pas non plus les mécanismes d'intéressement économique des populations, notamment en ce qui concerne les modalités de participation des populations (y compris financière) et des partenaires ou les modalités de partage des recettes provenant de la mise en exploitation forestière ou mise en oeuvre de MRL, dont une partie doit logiquement être réinvestie dans les actions de développement forestier.

La mission estime cependant qu'il est du ressort de la DEFCCS de définir des lignes directrices claires qui puissent guider les agents (par exemple, en fixant des ordres de grandeur de participation ou de partage des recettes selon le type d'activité). La définition de ces lignes directrices doit s'appuyer sur les différents coûts liés à la restauration/plantation/mise en exploitation, etc., ainsi que sur la connaissance des prix de vente des produits ligneux et non ligneux. Cette activité nécessite une bonne connaissance des coûts et est à mettre en relation avec les indicateurs d'impact à développer par le projet (cf. ci-après).

Dans le même ordre d'idées, la mission estime que le projet/DEFCCS n'est pas suffisamment actif dans la recherche de partenaires au niveau national susceptibles d'appuyer le financement de ces MRL, ainsi que dans l'actualisation ou l'élaboration de nouveaux protocoles entre la DEFCCS et ces partenaires (à l'instar des protocoles signés avec le 7eme FED, à actualiser, et avec le CMS et la CNCAS).

1.3. Manuel de foresterie rurale

Le manuel de foresterie rurale est idéalement conçu comme un guide méthodologique et technique opérationnel pour la mise en oeuvre du PNFR. Il est destiné en priorité aux agents forestiers. Ceux-ci ont tous en principe été tous initiés aux principes de l'approche participative et ont une formation de base en foresterie.

Le manuel de foresterie rurale a fait l'objet depuis la fin de la première phase de plusieurs séminaires/ateliers pour définir notamment sa forme et son contenu.

Au moment de la mission, une version préliminaire du manuel a été élaborée à titre de test pour la ZEG du bassin arachidier. Elle se présente sous la forme d'un classeur A4 constitué de 5 parties principales, dont un rappel des principes et étapes de l'approche participative, une description très sommaire de la ZEG et des actions prioritaires, des fiches techniques présentées par rapport à un calendrier perpétuel, une aide à la formulation des MRL, le suivi/évaluation. Selon le BIFS, cette version serait finalisée à 90 %.

L'analyse de ce document appelle toutefois plusieurs commentaires importants:

1. Le type de présentation choisie (classeur A4 pouvant être complété et actualisé) apparaît pertinent, ainsi que le choix de le présenter par ZEG, avec des parties méthodologiques communes (approche participative, MRL, Suivi/évaluation,...).

2. Le style du document est totalement inadapté et manque d'homogénéité: d'un côté, la simplification est extrême (par exemple, pour le rappel des principes de l'approche participative), de l'autre, le discours est compliqué. Le choix de la cible (et surtout le niveau de l'agent visé) doit être impérativement défini et le style adapté aux besoins.

3. Le contenu des différentes parties est très irrégulier et le plus souvent inconsistant. Il doit être redéfini en fonction du point précédent.

4. Les actions prioritaires en matière de développement forestier sont à peine citées, ce qui semble signifier que l'agent connaît tout. On peut se poser la question dans ces conditions de l'utilité d'un tel manuel.

5. Les fiches techniques, lorsqu'elles existent, sont très peu en rapport avec les activités prioritaires en matière de foresterie rurale. Elles concernent surtout des activités qui ne sont pas du ressort de l'agent forestier, mais qui sont complémentaires dans une optique de gestion de terroir (embouche bovine, complémentation de l'alimentation,...). Elles sont de surcroît présentées sous une forme très simplifiées et ne donnent pas d'indications concrètes pour leur mise en oeuvre. Si celles-ci sont maintenues, elles doivent impérativement être réadaptées.

6. Il existe encore un énorme besoin de capitalisation des divers paquets techniques éprouvés par ZEG (au niveau des différents projets et/ou acquis de la recherche) et qui devraient servir de supports pour le manuel.

Cette capitalisation qui est du ressort notamment du BEVAR et concerne l'ensemble des 6 ZEG. Elle a aussi été demandée aux différents projets FAO (PRECOBA, PREVINOBA, PROWALO). Elle est par ailleurs indispensable en vue de la transcription sous forme de fiches techniques simples (rôle du BIFS) destinées aux agents de terrain. Ces fiches devraient être ensuite intégrées au manuel.

La mission recommande que le BEVAR soit secondé pour ce faire par une mission de consultation nationale (sur les disponibilités de la LB consultants nationaux) et le BEVAR/BIFS appuyés par une consultation internationale qui fixe en atelier, regroupant une série de personnes ressources, le type de support approprié pour les fiches techniques et le type d'informations à rechercher. Avant d'être intégrées dans le manuel, les fiches techniques devront être au préalable testées auprès d'agents bénéficiant et ne bénéficiant pas de projet d'appui.

L'appui complémentaire (1h/m de consultation internationale) a été prévu dans la révision budgétaire reprise en annexe.

A l'instar du PNFR, et vu l'importance du travail de rédaction et d'harmonisation du document, la mission recommande qu'un ou plusieurs agents soient responsabilisés dans cette tâche. La rédaction devra être réalisée en étroite collaboration avec le Coordonnateur, 1 Chef de la DSEFS, le BIFS et le BEVAR. Un échéancier réaliste devra être élaboré au plus tôt.

2. Renforcement des capacités d'intervention des agents et cadres du développement

D'une manière générale, les activités de formation/recyclage des agents forestiers se sont poursuivies au cours de cette phase, en collaboration avec le Centre FoReT. Elles ont concerné en partie l'approche participative et les outils de sa mise en oeuvre, tels que la MARP et le GRAAP, ainsi que sur des thèmes divers. Les thèmes et les agents bénéficiaires sont retenus sur la base du plan de formation annuel de la DEFCCS (élaboré par le BIFS) et du programme régulier de formation/recyclage proposé chaque année par le Centre FoReT.

Le BIFS a également développé un système de formation décentralisée mis en place depuis la première phase, qui avait permis de constituer un pool de 20 formateurs. Cette formation s'adresse également aux cadres et agents du développement et membres des cadres de concertation (concernant essentiellement l'approche participative). Les demandes par rapport à ce type de formation sont très importants et ne peuvent être actuellement supportés par le projet. Alors qu'il avait été prévu 2 formations par région, seules 3 formations ont pu être réalisées. Il semble qu'il y ait à ce niveau un problème de programmation et de budgétisation réaliste par rapport aux disponibilités financières.

Par ailleurs, une évaluation qualitative de la formation dispensée et de sa mise en pratique par les différents partenaires et au niveau décentralisé avait été programmée depuis 1996, mais n'a pas encore eu lieu au moment de la mission (un atelier organisé en début 1997 avait établi le questionnaire nécessaire à cette évaluation). Cette lacune doit être comblée le plus tôt possible. Cette évaluation devrait permettre également de mieux connaître les besoins des différents acteurs et partenaires.

Le BIFS a poursuivi ses contacts avec les écoles de formation des agents forestiers (ENSA, ENCER), en participant aux différents conseils d'administration de manière à intégrer dans les programmes de formation les principes et étapes de l'approche participative. Il semble que le concept de l'approche participative soit intégré progressivement dans les programmes. Toutefois, cette information n'a pas pu être confirmée à la mission. Le contenu des 3 modules de formation en approche participative élaborés par le BIFS devrait être, si ce n'est pas fait, exposé aux responsables et membres du Conseil d'administration de ces institutions.

Par ailleurs, la mission note l'important effort qui a été fourni par le projet pour appuyer le fonctionnement et le déroulement des activités programmées à la fois à la DSEFS (partenaires privilégié) et aux IREF et DT. Elle rappelle également que le projet n'a pas pour vocation de combler le manque de moyens de fonctionnement de l'administration forestière.

Enfin, en ce qui concerne les Cadres de concertation régionaux, ceux-ci ont été effectivement mis en place avec l'appui du PDFR. Toutefois, si leur rôle est reconnu (ils ont servi notamment de cadre pour l'élaboration des PRAE et pour l'organisation des campagnes de reboisement régionalisées), leur fonctionnement est très variable selon les régions. Dans un souci de pérennisation, la mission attire l'attention de la DSEFS/DEFCCS sur l'urgence d'impliquer les Conseils régionaux dans le processus en cours et de mettre en place les mécanismes de leur acceptation voire leur transfert au niveau du Conseil régional. Par ailleurs, le PDFR pourrait appuyer la création de cadres à un niveau plus décentralisé (département/arrondissement à l'image de ceux mis en place au niveau de la région de Saint-Louis avec l'appui du PROWALO).

La mission note également qu'il existe au niveau des nouvelles structures en place un important besoin d'information/sensibilisation. Elle recommande qu'un effort accru soit développé par le projet pour mieux impliquer les collectivités locales (Conseils régionaux, Communes et Conseils ruraux) dans le processus d'élaboration et de mise en oeuvre du PNFR.

3. Mise en place d'un outil de planification et d'un système de suivi/évaluation


3.1. Système de suivi/évaluation
3.2. Système d'Information Géographique (SIG)


Il s'agit essentiellement ici du système de suivi/évaluation assisté par ordinateur (MASEFOR) et du système d'information géographique (SIG).

3.1. Système de suivi/évaluation

Le système de suivi-évaluation du BSE/DSEFS mis au point avec l'appui du projet comporte à la fois un système de suivi/évaluation non automatisé et un système de suivi/évaluation assisté par ordinateur.

3.1.1. Système de suivi non automatisé

Ce système de suivi ne manque pas d'intérêt, mais mériterait d'être au moins informatisé. Il s'agit ici des fiches de suivi mensuel du taux d'exécution financière des différents projets de la DEFCCS, du Compendium annuel des projets, constituant une sorte de synthèse des différentes phases des projets, objectifs visés et résultats et des rapports annuels. Le retard dans leur élaboration a été rattrapé jusqu'en 1995. Le rapport de 1996 n'était pas finalisé au moment de la mission.

Toutefois, il est dommage de constater que les rapports annuels ne peuvent pas encore se baser sur les données issues du système de suivi/évaluation par ordinateur (MASEFOR) et que les données statistiques qu'ils contiennent sont aléatoires. Idéalement, le rapport annuel devrait être produit à partir de MASEFOR qui comporte un système d'agrégation des données et de mise en forme des données sous forme de rapport standard de synthèse.

3.1.2. Modèle automatisé de Suivi/évaluation des activités forestières (MASEFOR)

Une première version du MASEFOR avait été mise au point en fin de première phase avec l'appui d'un bureau d'étude local. Il visait à simplifier le nombre de données collectées et à faciliter le suivi/évaluation des activités de développement forestier. Il a été conçu pour assurer un suivi opérationnel aux différents niveaux (du village et de la base au secteur et à la région, de la région au national).

Cette première version a fait l'objet de critiques et a été amendée dans le courant de l'année 1995-1996. Une deuxième version a été développée par le même bureau (CAPAFRIC qui a également assurer avec le BSE la formation en informatique et utilisation de MASEFOR à 34 répondants BSE et cadres) et installée au niveau des 10 régions à partir de fin 1996 sur les ordinateurs acquis avec l'appui du projet.

La mission note que le temps de mise au point du logiciel est particulièrement long sans que l'on soit sûr encore de son opérationnalisation d'ici la fin de la phase. De l'avis de la mission (et pour autant qu'elle ait pu en juger puisque seule une partie des données des prévisions de campagne avait été encodée), la mise au point nécessite encore un certain nombre d'améliorations, notamment pour l'utilisation/visualisation de la banque de données.

Par contre, le système de pré-synthèse paraît très judicieux, bien que l'on n'ait pas a priori de système de contrôle. Le travail nécessité pour les rapports d'activités périodiques devraient être considérablement facilité.

Le plus gros problème rencontré sur le terrain pour alimenter MASEFOR est précisément le système de collecte des données au niveau le plus décentralisé (village). Ce niveau par ailleurs pertinent est assez lourd pour l'agent de base et exige beaucoup de transcriptions manuelles sur fiches ou sur papier libre avant que ces données ne soient remontées pour l'encodage au niveau de l'IREF, avec tous les risques d'erreurs que cela comporte.

De plus, il apparaît que les agents de base, qui sont le plus sollicités et ont une très grande responsabilité du fait de leur contact permanent avec les populations, ne sont que peu formés voire informés sur les objectifs poursuivis et l'importance des données qu'ils collectent. Leur rôle est d'une manière générale largement sous-valorisé par les agents et cadres des autres niveaux.

La mission recommande que les agents de base fassent l'objet de toute l'attention de la part du projet/BSE, que leur rôle soit mieux valorisé et reconnu et qu'ils soient au moins initiés aux objectifs poursuivis et au fonctionnement de MASEFOR; enfin, que le projet analyse la possibilité d'utiliser à titre expérimental des mini-ordinateurs pré-programmés en vue de faciliter la collecte et/ou l'encodage des données.

Par ailleurs, la mission note que la prise en compte du niveau "village" nécessite si on veut être exhaustif des moyens logistiques non négligeables qui peuvent dépasser les capacités de prise en charge des IREF, et plus particulièrement au niveau secteur/brigade et dans les régions où il n'y a pas de projet d'appui. Il faut noter que le projet n'a pas encouragé une démarche progressive partant de villages cibles représentatifs pour valider le processus et ensuite retendre par la suite à l'ensemble des villages encadrés.

D'une manière générale, la mission déplore qu'après près de 3 ans de fonctionnement (qui constitue normalement une période de consolidation des acquis), la version du logiciel de suivi/évaluation ne soit toujours pas opérationnelle. Par ailleurs, elle note que les données qui sont remontées de la base aux IREF et au niveau central (BSE) une fois traitées ne redescendent pas ou rarement à la base et encore moins au village. A cet égard, la mission constate que malheureusement les populations ne sont généralement pas associées (elles pourraient contribuer à remplir les fiches et s'approprier en retour les résultats), alors que ce système simple a précisément été conçu pour appuyer le service forestier et les populations/partenaires.

La mission recommande qu'un bilan exhaustif du fonctionnement de MASEFOR après encodage des données sur les résultats de la campagne (pour les comparer à celles encodées sur les prévisions de campagne) soit réalisé en collaboration avec les différents agents/répondants impliqués et qu'une mission d'appui du siège (PBEE) prépare une mission de consultation internationale en informatique (et en collaboration avec un bureau d'études local), de manière à rendre opérationnel MASEFOR tout en corrigeant ses faiblesses actuelles. Cette mission a été budgétisée dans la révision budgétaire annexée.

3.1.3. Indicateurs socio-économiques et impacts quantitatifs et qualitatifs de l'activité forestière

La mission constate qu'aucune activité ou étude n'a été développée dans le domaine. Vu l'urgence et l'importance de ce type de données ou indicateurs, elle recommande l'organisation d'une mission composée d'un Consultant international (2-3 h/m en 2 phases: 1 pour lancer l'étude, l'autre pour l'organisation d'un atelier national de validation) et d'un Consultant national spécialiste dans l'évaluation économique des activités forestières (6h/m) qui se chargerait plus spécifiquement de l'analyse économique en se basant sur les résultats des projets en cours.

Cette mission a également été prévue dans la révision budgétaire reprise en annexe.

3.2. Système d'Information Géographique (SIG)

En matière de SIG, la mission note que l'importance de la banque de données cartographiques a été sous-estimée. Le SIG demande à être consolidé, d'autant que les 2 agents qui maîtrisaient ARC INFO/ARC VIEW ont quitté le BAC et ont été remplacés par 2 autres agents, certes compétents, mais dont la formation en SIG doit être renforcée.

Cette consolidation est d'autant plus importante que l'outil est appelé à se développer (il existe de plus en plus de demandes). Il s'applique à des domaines variés, tels que la délimitation et la caractérisation des terroirs, l'actualisation et la digitalisation des limites des forêts classées, auxquelles toutes les données d'occupation actuelles du sol peuvent être juxtaposées, le zonage, ...

Il peut être à la fois utilisé comme outil de planification/programmation spatiale, servir de base à plusieurs projections et scénarios divers, ou comme outil de suivi/évaluation. Dans ce même ordre d'idées, la banque de données MASEFOR devrait être impérativement être corrélée avec la banque de données cartographiques.

La mission recommande que la consultation nationale programmée dans les PTA 1996/1997 soit organisée sans plus tarder. Les fonds nécessaires sont disponibles, ainsi que les termes de référence.

A un autre niveau enfin, l'acquisition et la formation (théorique et pratique) des agents à l'utilisation de GPS s'est avérée particulièrement positive pour intéresser et impliquer les agents au niveau décentralisé. Ceux-ci ont permis d'actualiser plusieurs limites de forêts classées et constituent des outils encore à valoriser sur le terrain. La mission note qu'il ont en tous cas favorisé une certaine décentralisation de l'outil SIG.

La mission note enfin que le souci de doter les régions d'outils de planification spatiale performant est particulièrement pertinent et que le matériel existant au niveau de certains projets comme le PROWALO (Saint-Louis) et le PREVINOBA (Thiès) peuvent ou pourront aider à terme à doter les régions de stations relais en matière de SIG en liaison avec le niveau central BAC.

4. Capitalisation de l'expérience et dynamisation des échanges sous-régionaux

Comme déjà signalé ci-dessus, l'objectif de capitalisation de l'expérience sénégalaise et de développement des échanges sous-régionaux en matière de développement forestier sur base participative, n'a été que très partiellement atteint.

Par contre, le projet a pu coordonner et/ou recevoir plusieurs missions/visites d'autres projets et cadres forestiers de la sous-région. Toutefois, dans la plupart des cas, ces visites étaient la résultante du programme de terrain de la FAO dans la sous-région.

Le CTP avait été plus spécifiquement chargé de ces aspects. La mission s'interroge sur la validité actuelle d'un tel objectif, mais encourage le projet à poursuivre les efforts de capitalisation et de mise à disposition des pays de la sous-région l'expérience sénégalaise en matière de développement forestier participatif. Il devrait également dans la mesure du possible et des disponibilités financières encourager les voyages d'études, notamment pour prendre en compte les expériences développées en matière d'approche terroir, qui constitue une des grosses lacunes du projet.

B. Principaux facteurs ayant influence les résultats du projet


1. Facteurs positifs
2. Contraintes


1. Facteurs positifs

Les différents facteurs positifs ayant influencé les résultats du projet sont les suivants:

- Intégration du projet au sein des structures qu'il appuie et plus particulièrement de la DSEFS et la planification décentralisée

- Anticipation du processus de régionalisation par la mise en place des cadres de concertation régionaux

- Bonne collaboration au niveau régional avec les autres structures et partenaires

- Adéquation des orientations du PNFR avec le PAFS

- Pertinence du processus participatif et itératif et de la volonté d'impliquer les différents acteurs au niveau national et régional

- Renforcement des capacités techniques (formation) et logistiques du service forestier pour la mise en oeuvre du PNFR/PAFS

2. Contraintes

Les principales contraintes rencontrées par le projet sont:

- Insuffisance de reconnaissance du rôle horizontal de la DSEFS et inadéquation de son positionnement dans l'organigramme de la DEFCCS

- Insuffisance de l'implication des Divisions techniques dans le processus en cours

- Lenteur de l'approche participative et dynamique insuffisante

- Faiblesse des moyens de fonctionnement de la DEFCCS, avec déséquilibres entre les régions selon l'existence ou non de projet d'appui

- Mauvaise compréhension du rôle d'appui du projet

- Complexité de l'appui institutionnel, accrue avec l'entrée en vigueur de la régionalisation le 1er janvier 1997

- Difficulté de décentraliser l'appui au niveau des IREF et jusqu'aux agents de base

C. Durabilité

Globalement, après 32 mois de fonctionnement, on note un certain nombre de résultats positifs, notamment au niveau du processus de conceptualisation du PNFR. Cependant, ce dernier nécessite encore un important travail de rédaction et de consolidation. Celui-ci devrait permettre de valider l'ensemble du processus entamé depuis la première phase et de doter la DEFCCS des outils de mise en oeuvre du PNFR et du suivi/évaluation.

Le projet est bien inscrit dans le processus de régionalisation, en ce sens qu'il a anticipé celle-ci par la mise en oeuvre d'une approche participative et décentralisée, ce qui devrait permettre normalement de pérenniser les acquis. Néanmoins, l'entrée en vigueur en janvier 1997 de la Loi sur la régionalisation, responsabilisant les collectivités locales dans le développement économique et social et la gestion d'un certain nombre de compétences dont les ressources forestières, constitue un contexte nouveau pour la mise en oeuvre du projet, avec entre autres l'émergence de besoins nouveaux.

Ce contexte de région peut favoriser la mise en oeuvre du PNFR et de ses différents outils au niveau régional et local, mais en même temps complique la tâche de la DEFCCS et donc du projet par une meilleure prise en compte des différents niveaux (région, Communes, Communautés rurales). En effet, les collectivités locales devront être désormais mieux impliquées dans le processus, ce qui demandera un effort accru de sensibilisation/information, voire formation et éventuellement un recentrage de certaines activités.

Dans le même ordre d'idées, la création imminente des Agences régionales de développement (ARD) et la redéfinition des rôles des services forestiers et des IREF, voire leur transformation en Directions régionales, risquent à leur tour de remettre en cause ou au moins ralentir le processus institutionnel en cours. Ces transformations induisent par ailleurs la nécessité pour les agents forestiers de s'adapter et de redéfinir leur rôle d'appui/conseil aux collectivités locales et de contrôle du respect des textes en vigueur.

A l'heure actuelle, au vu de l'analyse et de l'importance du travail de finalisation/consolidation qui reste à faire, on ne peut pas affirmer à ce stade que, d'ici la fin de la phase (décembre 1998), les objectifs du projet seront atteints, et notamment en ce qui concerne la mise en application du PNFR et l'opérationnalisation du système MASEFOR ou la maîtrise des impacts économiques et environnementaux des activités forestières. Un certain nombre d'appuis techniques complémentaires ont été requis de manière à mieux appuyer le processus en cours. Il appartiendra à la mission d'évaluation finale de se prononcer sur la progression des résultats et les voies et moyens éventuels nécessaires au renforcement de ceux-ci.

Néanmoins, compte tenu de la complexité de ce type d'appui institutionnel et de la pertinence/nécessité de faire aboutir le processus de planification en cours, la mission estime que le bilan est globalement positif et que l'appui s'avère toujours pertinent. Celui-ci devra être maintenu, voire renforcé, au moins d'ici à la fin de la phase.


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