perspectives alimentaires | No.2, juin 2005 | |
système mondial d'information et d'alerte rapide sur l'alimentation et l'agriculture(SMIAR) | ||
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DOSSIER SPÉCIAL
En Afrique australe, la récolte des cultures de la campagne principale de 2005 est sur le point de s'achever. Selon les estimations, la production céréalière totale de la sous-région devrait atteindre un bon niveau, l'Afrique du Sud (de loin le plus gros producteur de la sous-région) ayant rentré sa récolte la plus abondante depuis 1994, tandis que plusieurs pays ont enregistré des récoltes réduites (figure i). La sous-région a souffert des précipitations irrégulières et des vagues de sécheresse prolongées, notamment pendant le stade crucial de développement des grains de maïs dans plusieurs régions agricoles, ce qui a fait chuter considérablement les rendements. Des missions FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires se sont rendues au Malawi, au Mozambique, en Zambie, au Lesotho et au Swaziland en avril-mai de cette année. Selon les estimations préliminaires de la FAO, les récoltes céréalières de 2005 sont fortement réduites par la sécheresse en Zambie, au Malawi et au Zimbabwe (tableau i). Bien que selon les missions, la production céréalière aurait légèrement augmenté au Swaziland et au Lesotho par rapport à l'année précédente, la production à long terme et la consommation par habitant dans ces pays accusent une tendance à la baisse, ce qui est préoccupant. On prévoit aussi une certaine diminution de la production totale en Angola, au Mozambique et au Botswana par rapport aux résultats de 2004. Au Mozambique, les résultats satisfaisants masquent des disparités d'une région à l'autre, la production étant bonne dans le nord et insuffisante dans le sud, où la production céréalière diminuerait de 43 pour cent par rapport à l'an dernier. Sur une note plus positive, on prévoit une augmentation des principales céréales à Madagascar et en Namibie. En outre, en Afrique du Sud les stocks de maïs s'élèvent à 3,85 millions de tonnes (au 26 avril 2005) et on escompte une récolte abondante, et les prévisions établissent donc l'excédent exportable potentiel à 4,5 millions de tonnes, ce qui suffirait largement à couvrir les besoins d'importation de maïs de la sous-région.
Les besoins d'importations céréalières pour la campagne commerciale 2005/06, qui va généralement de mars à avril dans la sous-région (à l'exception de l'Afrique du Sud) devraient augmenter de 24 pour cent par rapport à la campagne précédente et de 32 pour cent par rapport à la moyenne des cinq années précédentes (figure ii). Selon les estimations, le volume d'aide internationale nécessaire triplerait par rapport aux besoins de 2004/05, pour passer à 1,24 million de tonnes de céréales. Le Gouvernement du Zimbabwe a annoncé récemment qu'il avait l'intention d'importer 1,2 million de tonnes de maïs, mais la capacité du pays à recourir aux circuits commerciaux est très limitée par l'insuffisance de ses réserves de devises. Si le volume annoncé se concrétisait, les prévisions de la FAO concernant les importations céréalières commerciales en 2005/06 pourraient être encore relevées. On ne dispose pas encore de données détaillées sur la vulnérabilité dans la sous-région, car les Comités d'évaluation de la vulnérabilité (VACs) n'ont pas terminé leurs études. Toutefois, les premiers chiffres indiquent qu'une grande partie de la population dans le centre-est de la sous-région, notamment le Zimbabwe, la Zambie, le Malawi et le sud du Mozambique, est exposée à l'insécurité alimentaire suite aux récoltes réduites, à l'insuffisance du pouvoir d'achat et aux effets dévastateurs de l'épidémie de VIH/SIDA. En 2004, les livraisons d'aide alimentaire dans plusieurs pays de la région (Angola, Lesotho, Madagascar, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie et Zimbabwe) ont atteint au total 838 412 tonnes. Le Programme alimentaire mondial a lancé en début d'année une intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) au niveau régional, laquelle nécessitera quelque 704 000 tonnes de produits alimentaires sur trois ans (2005-2007), afin d'aider les populations touchées par l'insécurité alimentaire et le SIDA dans la région. Bien que les besoins annuels moyens au titre de cette intervention, à savoir 235 000 tonnes, soient déjà entièrement couverts (au 8 juin 2005), d'autres secours alimentaires pourraient être nécessaires. Toutefois, les mesures d'allègement de la dette annoncées récemment par les pays du G8 diminueraient radicalement le service de la dette de cinq des pays d'Afrique australe très endettés (Angola, Madagascar, Malawi, Mozambique et Zambie) et libéreraient des ressources qui pourraient être consacrées à l'amélioration de la sécurité alimentaire. Tableau i. Afrique australe: production céréalière (‘000 de tonnes)
* Production de maïs en 2005 estimée par USDA.
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