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Réunion sur les politiques nationales ayant une incidence sur les incendies de forêt: Argentine

Omar N. Tesolin41, Ingénieur Forestier
41 Coordinateur des programmes, Direction des plantations forestières, Secrétariat à l'agriculture, à l'élevage et à la pêche (Dirección de Forestación, Secretaría de Agricultura Ganadería y Pesca). Adresse: Av. Paseo Colòn 982, anexo jardìn, (1063) Capitale fédérale.
RAPPELS

En Amérique latine, les causes des incendies de forêt sont différentes de celles décrites pour les Etats-Unis ou le Canada. Dans notre région, les incendies masquent le plus souvent des problèmes socioculturels. Contrairement à ce qui se passe dans l'hémisphère nord du continent américain, la foudre n'est pas la cause principale des incendies touchant les forêts, les friches boisées, les plantations forestières et les pâturages.

Bien que l'on ne puisse affirmer qu'il n'existe pas d'incendies provoqués par la foudre sur le territoire argentin, ce sont principalement les populations humaines, par leurs activités agricoles, qui sont à l'origine des incendies de forêts et de pâturages. On peut mentionner à titre d'exemples les pratiques les plus courantes qui provoquent des incendies si elles sont effectuées sans tenir compte des conditions météorologiques propices à la propagation du feu:

· Brûlage de forêts dégradées et de résidus de défrichement en vue de la préparation du terrain à l'agriculture, de la reforestation par des espèces exotiques ou de la création de pâturages.

· Brûlage de pâturages adjacents aux forêts pour favoriser le regain pour les animaux.

· Feux de forêt pour obtenir du bois sec, malgré les réglementations restrictives établies par la majorité des provinces.

· Incendies allumés par les braconniers pour faire sortir le gibier de son terrier.

· Action d'incendiaires qui expriment leur mécontentement ou leur ressentiment vis-à-vis des mesures gouvernementales en vigueur.

· Négligence des passants et des touristes lorsqu'ils allument des flambées, des feux de cuisson et des cigarettes, ou les éteignent.

QUELQUES DONNÉES STATISTIQUES SUR LA SUPERFICIE TOUCHÉE PAR LES INCENDIES

Sur les vingt-trois provinces du pays, seules dix-sept ont enregistré des problèmes d'incendies au cours des deux dernières saisons, et dans le reste du pays les informations disponibles indiquent que les sinistres sont peu fréquents et de faible ampleur, si bien qu'ils ne parviennent pas à inquiéter la population et les autorités.

Parmi les différentes régions géographiques du pays, deux sont très importantes du point de vue de la production forestière. La première est la région mésopotamique composée des provinces de Misiones, Corrientes et Entre Ríos; c'est là que l'on trouve les plantations industrielles ayant le plus grand nombre d'espèces forestières introduites.

La superficie brûlée par les incendies en 1996 était de 6275 ha de pâturages et friches boisées, et de 2879 ha de forêt naturelle. En ce qui concerne les plantations forestières, 4540 ha ont été touchés.

Le secteur andin de la région patagonique est la deuxième région importante, en particulier dans la zone de transition entre la pré-cordillère et la steppe; c'est là que l'on accorde la plus grande attention au problème en raison des motivations spécifiques de la population du lieu, qui profite de la nature. Fondamentalement, la nature est l'attrait le plus important dont dispose le tourisme dans cette région, et une de ses principales sources de revenu. Au cours de la saison d'incendie 1996-1997, on a recensé 35 435 ha brûlés de pâturages et de friches boisées, 318 ha de forêts naturelles et 537 ha de plantations forestières.

En troisième position vient la zone semiaride-subhumide du pays, constituant la région centre et centre-ouest. L'activité la plus importante de la région est l'élevage extensif, pratiqué dans un environnement de friches boisées et de forêts à xérophytes. On trouve aussi dans cette troisième région des pôles de développement de plantations forestières, principalement de pins, et de salicacées dans les zones humides de basse altitude. En 1996 la superficie brûlée a été de 59 920 ha pour les forêts naturelles et de 32 470 ha pour les pâturages et les friches boisées. Dans les plantations forestières, les pertes dues aux incendies n'ont été que de 35 ha.

Le nord-est argentin est la quatrième zone présentant des problèmes d'incendies de forêt. Cependant, comme dans le reste du pays, les dernières saisons ont été plus modérées, et par conséquent il n'y a pas eu de données enregistrées.

Néanmoins, on assiste périodiquement à des saisons au cours desquelles les problèmes d'incendies peuvent être qualifiés de graves à très graves. Un exemple a été la saison 1986, au cours de laquelle 2 140 269 ha de friches boisées et de pâturages, 1880 ha de forêts naturelles et 6179 ha de plantations forestières ont brûlé dans tout le pays. En 1998 ces valeurs étaient de 1 545 682 ha pour les friches boisées et les pâturages, 216 932 ha pour les forêts naturelles et 6587 ha pour les plantations forestières.

à QUI INCOMBE LA RESPONSABILITÉ DE LA PRÉVENTION ET DE L'EXTINCTION DES INCENDIES?

La responsabilité de la protection et de la lutte contre les incendies en République Argentine revient en premier lieu aux provinces car, compte tenu de la structure fédérale du pays, l'Etat ne possède pas de surfaces forestières sous sa juridiction. La seule exception est l'Administration des parcs nationaux, qui possède des forêts relevant par conséquent de la juridiction nationale. Il existe aussi quelques organismes d'Etat qui possèdent des établissements ou des fermes agricoles avec quelques parcelles de forêts, mais ces superficies peuvent être considérées comme insignifiantes ou négligeables par rapport au domaine forestier total.

Au deuxième niveau de responsabilité vient le Secrétariat aux ressources naturelles et à l'environnement humain (Secretaría de Recursos Naturales y Ambiente Humano), placé sous l'autorité du Président de la Nation, qui s'occupe du problème au niveau national. L'Administration des parcs nationaux se trouve elle-même sous sa juridiction.

La protection et la lutte contre les incendies ne sont pas du ressort du Secrétariat à l'agriculture, à l'élevage, à la pêche et à l'alimentation (Secretaría de Agricultura, Ganadería, Pesca y Alimentación, SAGPyA). Sa mission et sa fonction se limitent au développement du capital forestier par le biais de plantations, dans le but de satisfaire les besoins de l'industrie en matières premières. La Direction des plantations forestières dépend du SAGPyA qui dirige depuis 1992 le Régime de la promotion des plantations forestières (Régimen de Promoción de Plantaciones Forestales), en fournissant une subvention à toute personne physique ou juridique établissant des plantations forestières. En outre, depuis 1995, les activités de taille et d'éclaircissage pour améliorer la qualité des bois sont subventionnées de façon analogue.

COMMENT LE SECRÉTARIAT À L'AGRICULTURE, À L'ÉLEVAGE, À LA PÊCHE ET À L'ALIMENTATION ABORDE-T-IL LE PROBLÉME DES INCENDIES DANS LES PLANTATIONS FORESTIÈRES COMMERCIALES?

Les règles techniques que tout forestier doit adopter pour bénéficier du Régime prévoient en premier lieu, en matière de prévention des incendies, un dispositif de tranchées pare-feu d'une largeur minimale de 15 mètres et des blocs de parcelles forestières d'une superficie maximale de 20 ha. L'ensemble du dispositif des pare-feu doit prendre en compte une superficie correspondant à 10 pour cent de la surface forestière totale.

En second lieu, tous les forestiers sont tenus de posséder un équipement minimum pour protéger leur propre capital forestier, consistant en outillages manuels suffisants pour équiper cinq pompiers lorsque la superficie à boiser est comprise entre 50 et 400 ha. Si la superficie concernée est comprise entre 400 et 700 ha, il faut ajouter à cet équipement une motopompe à haute pression, des lances à incendie et un camion citerne. Dans le cas de plans de plantation supérieurs à 700 ha, un plan intégré de gestion des incendies doit être présenté, décrivant les activités suivantes: a) préparation de la défense contre les incendies: schéma de la plantation, activités de sylviculture préventive (plan de taille et d'éclaircissage dans les zones à plus haut risque et adjacentes aux voies d'accès et aux pare-feu), prévention (affiches, accords d'aide mutuelle avec les voisins, les municipalités, etc.), formation du personnel; b) extinction des incendies: dispositif de détection, alerte, attaque initiale, attaque étendue et équipement spécifique pour chaque activité.

En troisième lieu, il est conseillé aux particuliers, lors des opérations de taille et d'éclaircissage subventionnées par l'Etat, de veiller à ce que les matériaux combustibles qui tombent sur le sol soient conditionnés de manière à ne pas augmenter le risque d'incendie pendant les périodes critiques.

On a donc mis en route une série de cours de formation portant sur l'usage préconisé du feu comme instrument efficace et bon marché, dans le but de transmettre les connaissances aux producteurs forestiers et aux professionnels indépendants qui conseillent les forestiers.

Le Projet forestier de développement, cofinancé par le SAGPyA et la Banque mondiale, comprendra des cours de formation qui se poursuivront au cours des prochaines années, avec des ateliers de formation permettant aux participants d'intégrer des connaissances théoriques et pratiques sur le comportement du feu, l'usage préconisé du feu et les différentes techniques de brûlage. L'objectif est de sensibiliser le producteur au fait que l'accumulation de combustible mort sur le sol de ses plantations ne doit pas dépasser un tonnage déterminé à l'hectare, et c'est pourquoi l'une des connaissances acquises au cours de ces ateliers est précisément la méthode d'inventaire des combustibles morts.

CONCLUSION

Comme dans toute société, chaque acteur doit assumer son rôle; en matière de prévention des incendies ce sont les propriétaires des ressources menacées qui doivent intervenir les premiers, en préparant leurs forêts de manière à ce qu'en cas de départ de feu les chemins d'accès soient praticables, les pare-feu nettoyés de tout combustible, et les combustibles morts sur le sol, de même que les combustibles sur pied assurant une continuité verticale, réduits autant que possible.

Nous savons que, des limites extérieures de sa propriété jusqu'à l'intérieur, chaque propriétaire doit être préparé à résoudre le problème quand il se présente, s'il est de faible ampleur. Et mieux il sera préparé à l'intérieur de la propriété, mieux il pourra profiter de l'aide extérieure quand l'ampleur du sinistre nécessitera sa maîtrise par une organisation locale, provinciale ou nationale.

C'est ce raisonnement qui guide l'action du SAGPyA; il attire l'attention sur le problème et transfère les connaissances directement au producteur. Une grande partie de ces activités est effectuée par l'intermédiaire des six centres de vulgarisation forestière du Projet forestier de développement SAGPyA/BIRF, qui concerne toutes les zones forestières du pays.


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