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Phase 3: Elaboration de fa stratégie et orientation de l'information

L'établissement de campagnes stratégiques et systématiques est essentiel à la réalisation des objectifs de cette campagne. La première étape d'une campagne intensive de vulgarisation (CIV), au stade de la planification, consiste à cerner avec précision les problèmes qui pourraient entraver l'adoption de l'idée, de l'innovation ou de la technologie proposée. Il y aura lieu d'analyser avec soin les données provenant des enquêtes référencées (CAP), notamment les résultats des opérations d'identification des problèmes et d'évaluation des besoins. Il faudra également identifier les problèmes ou les difficultés constituant les principaux obstacles à l'objectif de vulgarisation. Les deux cas suivants, tirés de la réalité, illustrent l'importance de l'identification et de l'analyse des problèmes.

Durant la phase de planification d'un programme de replantation et de réhabilitation du cocotier, dans un pays du sud-est asiatique, on constata qu'un grand nombre de planteurs n'adoptaient pas une nouvelle semence, la semence MAWA (hybride du cocotier jaune nain de Malaisie et du grand cocotier d'Afrique occidentale) qui avait été recommandée après amélioration. La réticence des planteurs constituait le premier et principal obstacle aux activités de vulgarisation. Or, on a pu constater que de nombreux planteurs de cocotiers étaient déjà parfaitement informés à l'égard de ce type de semence et bien disposés envers son adoption. Cependant, ils furent également nombreux à déclarer qu'il ne leur semblait pas nécessaire d'augmenter leur productivité, étant donné la faiblesse du cours du coprah. Un complément d'analyse de la situation fit ressortir que le prix très bas offert pour le coprah tenait à sa médiocre qualité, laquelle était attribuable à une méthode inefficace de séchage de la noix de coco. Il apparaît donc que la campagne de replantation et de réhabilitation du cocotier aurait dû privilégier l'enseignement de techniques et de méthodes nouvelles ou plus efficaces de séchage de la noix de coco aux planteurs, plutôt que la promotion des semences MAWA améliorées. Lorsqu'il n'existe pas une technique simple, efficace et peu coûteuse de séchage de la noix de coco, il appartient alors aux planificateurs de la vulgarisation de sensibiliser et d'encourager les chercheurs, les techniciens, les décideurs ou les administrateurs opérant dans ce domaine afin qu'ils résolvent ce problème. On voit donc que le public visé par une campagne de vulgarisation ne se limite pas nécessairement aux «agriculteurs» ou aux «populations rurales» mais que, au besoin, ils peuvent également englober les «gros bonnets».

Un programme de stérilisation volontaire des femmes par ligature des trompes avait été lancé dans un pays d'Asie du Sud. Avant que ne soit conduite une enquête systématique référencée/CAP, selon la quasi-totalité des responsables, planificateurs et gestionnaires du programme, le principal écueil tenait au fait que la plupart des couples - notamment les maris - craignaient que leur vie sexuelle ne soit affectée par la stérilisation. Cependant, l'enquête CAP devait révéler que les organisateurs du programme se faisaient une fausse idée de la chose: en effet, pour près des deux tiers des répondants, la principale raison du refus de la stérilisation était la «peur» de l'opération, alors que 26,5 pour cent d'entre eux seulement disaient craindre que leur «vie sexuelle soit affectée par l'opération» (quatrième raison par ordre d'importance). On voit donc que, s'il n'y avait pas eu d'enquête CAP, la stratégie de la campagne et ses messages auraient été axés principalement sur les contre-arguments quant aux «effets négatifs sur la vie sexuelle» plutôt que sur la «crainte de l'opération».

Les deux exemples qui précèdent, de même que les illustrations fournies précédemment sur le processus de planification de la campagne de lutte contre les rats en Malaisie, mettent en relief la nécessité d'analyser et de cerner les principaux problèmes ou obstacles que doit surmonter un programme de vulgarisation. Une fois ces problèmes identifiés, il faut élaborer des stratégies spécifiques de campagne afin de résoudre chacun des problèmes rencontrés. La figure 2-5 propose des lignes directrices simplifiées sur la façon de fixer le cap général de la stratégie d'une campagne et/ou de hiérarchiser les priorités en fonction des résultats de l'enquête CAP. Il faut ensuite préciser ces stratégies générales lors des phases 4, 5 et 6 du processus de planification de la campagne, que nous analysons plus en détail dans les pages suivantes. Ajoutons que ces lignes directrices générales et simplifiées ne doivent pas être appliquées de façon rigide à toutes les situations. Il convient au contraire de les employer comme instrument permettant de conceptualiser et de systématiser la planification de la campagne et l'élaboration de la stratégie.

FIGURE 2-5 Lignes directrices générales et simplifiées sur l'utilisation «les résultats d'une enquête de connaissances, attitudes et pratiques (CAP) en vue de la planification et de l'élaboration d'une campagne intensive de vulgarisation


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