3.1.1 Exemples de reproduction de CIV et de dispositions concernant la mise en uvre
Le premier effort systématique d'application du processus et de la méthodologie de CIV a été accompli au Bangladesh dans le cadre du projet FAO/PNUD BGD/79/034 intitulé «Renforcement du Service de vulgarisation agricole» destiné à fournir une assistance technique au Ministère de la vulgarisation agricole (DOAE). Le travail fut amorcé au début de 1982 par des campagnes expérimentales à petite échelle portant sur trois thèmes: a) les méthodes d'entreposage des semences; b) la promotion de la consommation de pommes de terre et c) le traitement approprié du Kesari (gesse commune ou pois carré). Au milieu de 1982, on demanda aux responsables du projet d'aider à la planification d'une campagne nationale de lutte contre les rats que devait effectuer le DOAE et le projet à financement GTZ intitulé «Bangladesh-German Plant Protection Programme» (BGPPP). Après plus de quatre mois de planification et de préparatifs détaillés, la campagne nationale de lutte contre les rongeurs fut lancée en janvier 1983, pendant la campagne d'hiver, les bénéficiaires devant être les cultivateurs de blé. Les résultats empiriques d'une évaluation finale provenant d'une enquête d'information en retour et d'impact (EIRI) ainsi qu'une évaluation des dégâts sur le terrain (FDA) indiquaient que la campagne avait permis d'obtenir des résultats positifs et apporté de notables avantages économiques (voir la Section 4.1). Le Gouvernement du Bangladesh répéta donc la campagne nationale de lutte contre les rongeurs en 1984, élargissant sa portée de manière à atteindre tous les agriculteurs du pays, et la campagne de 1984 remporta autant de succès que celle de 1983.
La reproduction des campagnes de CIV était initialement limitée à quelques pays d'Asie. On peut l'attribuer, dans une large mesure, à l'adoption de la méthode de CIV comme l'une des stratégies de vulgarisation et de formation d'un programme inter-Etats de la FAO pour la protection intégrée (PI) contre les ravageurs du riz en Asie du Sud et du Sud-Est (projets GCP/RAS/101/NET, GCP/RAS/092/AUL et GCP/RAS/108/AGF), que nous appellerons ci-après le projet PI. La méthode de CIV fut intégrée au projet PI en 1984, vers la fin de sa première phase, alors que le reliquat de budget encore disponible était inférieur à 0,5 million de dollars EU.
L'introduction du projet CIV en Malaisie, aux Philippines, en Thaïlande et à Sri Lanka entre 1985 et 1987, en tant que principale activité de vulgarisation PI du projet, produisit des effets tangibles. Elle suscita également une prise de conscience des avantages de la PI, ainsi qu'une demande de formation PI de la part des agriculteurs, et elle contribua à mobiliser les planificateurs et les gestionnaires des services de vulgarisation agricole, dans le but d'offrir une formation et des matériels pédagogiques PI plus spécifiques à leurs agents de vulgarisation opérant sur le terrain. Ayant pris conscience de l'importance et de la rentabilité du volet de vulgarisation et de formation comme éléments de soutien de son programme, l'autorité du projet PI devait accorder environ 55 pour cent de ses ressources budgétaires totales pour la Phase II, soit environ 12 millions de dollars EU de 1988 à 1992, au volet de vulgarisation et de formation.
Grâce à des expériences de la FAO, qui avait planifié et mis en uvre des programmes de CIV au Bangladesh, en Malaisie, à Sri Lanka, en Thaïlande et aux Philippines, la CIV fut également adoptée comme méthode de référence pour un projet interrégional de la FAO financé par le FNUAP. Le projet, lancé en 1986, portait sur «l'intégration stratégique de l'éducation de la population à un service de vulgarisation agricole», appelé ci-après le projet PEDAEX, et comportait des activités pilotes dans huit pays d'Asie, d'Afrique, du Proche-Orient et de la région Caraïbes/Amérique latine. Ces activités pilotes ayant été menées à bon terme en 1992, on assiste aujourd'hui à des reproductions à l'échelle nationale du PEDAEX s'appuyant sur la méthode de CIV dans le cadre de projets nationaux au Kenya, aux Philippines et en Ouganda, et d'autres projets nationaux de PEDAEX sont également prévus à la Jamaïque, au Maroc, en Tunisie, au Honduras et au Rwanda.
En Afrique et au Proche-Orient, les reproductions de CIV, le plus souvent à l'échelle d'un pays, ont été mises en uvre dans le contexte de projets de vulgarisation et de formation lancés sur le terrain par la FAO. A titre d'exemple, le projet FAO/PNUD ZAM/88/021 et le projet TCP/ZAM/2254 en Zambie ont utilisé une méthode standard de CIV jugée positive par l'équipe d'évaluation du PNUD en 1992, de sorte qu'un financement complémentaire fut recommandé et approuvé par le PNUD pour la Phase II du projet ZAM/88/021 (nouveau projet ZAM/92/022). En Thaïlande, le projet TCP/THA/2252, lancé au début de 1993, a également utilisé la méthode standard de CIV pour déployer ses activités de vulgarisation et de formation à l'appui du programme royal thaï de culture fruitière en zones tempérées. Dans les pays francophones, la CIV, également appelée Campagne intensive de vulgarisation d'innovations technologiques (CIVIT), a été incorporée dans les projets de terrain FAO, notamment au Burundi (BDI/85/011), en Guinée (GUI/86/004; GUI/86/012 et GUI/87/015), au Burkina Faso (BKF/89/018), au Rwanda (TCP/RWA/8958 et RWA/89/007) et en Tunisie (TUN/86/020).
Des expériences réalisées dans ces pays indiquent que le succès de la CIV dépendait du niveau d'intégration entre les activités du projet et les programmes du service national de vulgarisation agricole. En outre, on obtiendra plus probablement de bons résultats en appliquant l'ensemble du processus de CIV plutôt qu'en l'appliquant partiellement, par exemple au stade de certaines phases opérationnelles.