Une fois tirés les enseignements des expériences de CIV au Bangladesh, une approche plus systématique et mieux planifiée fut adoptée pour l'introduction du processus et de la méthodologie de CIV en Malaisie. Le Service de l'éducation et de la vulgarisation agricoles (ESHE) de la FAO, en collaboration avec le Programme inter-Etats de la FAO pour la lutte intégrée contre les ravageurs du riz en Asie du Sud et du Sud-Est (projets GCP/RAS/101/NET, GCP/RAS/092/AUL et GCP/RAS/108/AGF), entreprit d'apporter une assistance technique au Ministère de l'agriculture de la Malaisie (DOA) pour l'application de la méthode de CIV. En 1985, M. R. Adhikarya, fonctionnaire ESHE, élabora des stratégies, des plans et des matériels de formation en CIV, avant d'organiser cinq ateliers de formation en CIV en Malaisie, à l'intention de 34 agents du DOA et de cinq représentants de l'Université malaysienne. En outre, deux délégués de la Division de la vulgarisation du Ministère de l'agriculture du Sri Lanka participèrent à ces ateliers.
Les stagiaires du DOA étaient des agents de vulgarisation, des techniciens spécialisés, des formateurs et des auxiliaires de communication qui avaient rarement travaillé ensemble et n'avaient jamais reçu une formation commune sur le même sujet. Une forte proportion des 34 stagiaires participèrent aux cinq ateliers organisés, en dépit de problèmes inévitables tels que les congés de maternité ou de maladie, ou les transferts, qui empêchèrent une participation intégrale de tous les stagiaires. Les thèmes des cinq ateliers sont indiqués à la figure 2-2 (sauf pour l'étape n° 12).
Afin d'optimiser l'enseignement et d'assurer une formation concrète en CIV, les ateliers prirent pour modèle la formation «sur le tas» reflétant la réalité, qu'il s'agisse des données, des informations, des problèmes ou des solutions proposées en matière de planification, de mise en uvre et de gestion des activités de CIV. En 1985, le Ministère de l'agriculture de la Malaisie avait accordé une priorité élevée à la lutte contre les rats, en particulier dans l'Etat de Penang, et avait demandé à la FAO de concentrer sa campagne intensive de vulgarisation sur ce thème. On conduisit donc une enquête CAP sur la lutte contre les rats dans l'Etat de Penang, enquête dont les résultats furent utilisés lors des ateliers de CIV. Les mêmes résultats permirent aux participants des ateliers de cerner les problèmes posés par cette lutte, de formuler des objectifs pour la campagne, d'élaborer une stratégie et des plans de gestion et, enfin, de concevoir, d'élaborer, d'expérimenter et de conditionner les messages et les matériels multimédia de la campagne.
Cette méthode de «formation sur le tas» de la CIV vise à faire d'une pierre deux coups, car elle est pragmatique et tournée vers les résultats. En effet, elle devait permettre non seulement de former adéquatement le personnel, mais également d'élaborer une stratégie de campagne et des plans de gestion, tout en préparant des matériels multimédia expérimentés. De plus, elle devait déboucher sur la constitution d'un groupe de planificateurs, gestionnaires et formateurs de CIV hautement motivés et déterminés à mettre en uvre concrètement une campagne dont ils avaient eux-mêmes élaboré la stratégie, les plans et les matériels, au lieu de se voir imposer ces éléments de l'extérieur. Contrairement à l'expérience du Bangladesh, le succès de la campagne contre les rats en Malaisie ne se limita pas aux objectifs initiaux. En effet, et c'est là un résultat encore plus important, le processus et la méthodologie de la CIV ont été reproduits pour d'autres techniques agricoles et par d'autres institutions. Comme nous le décrivons dans la Section 4.2, il semble bien établi que, depuis 1987, la méthode de CIV a fait partie intégrante des programmes et des activités du Service de vulgarisation agricole de la Malaisie.