Table des mati�res - Pr�c�dente - Suivante


3.4 Recherche, d�monstration, vulgarisation et diffusion


1. Introduction
2. Formulation de projets de recherche en foresterie
3. Besoins et priorit�s de la recherche
4. Limites � la recherche propos�e
5. �valuation des r�sultats de la recherche
6. Diffusion, vulgarisation des informations et d�monstration
R�f�rences


M.H. EL LAKANY*
Professeur de foresterie
Universit� d'Alexandrie, �gypte

* Adresse actuelle: Desert Development Center, The American University in Cairo, Egypte

1. Introduction

La d�sertification est, dans la derni�re d�cennie, l'un des probl�mes les mieux per�us auquel le monde soit confront�. Le terme est lui-m�me devenu un mot familier que chacun r�p�te sans comprendre vraiment le sens. C'est un bon exemple de probl�me mondial, o� l'on parle plus que l'on n'agit.

Selon le Dr. M.K. Tolba, Directeur ex�cutif du PNUE et Secr�taire g�n�ral de l'UNCOD, la menace mondiale que constitue la d�sertification s'est en fait aggrav�e ces dix derni�res ann�es. Actuellement, 35% environ de la surface des terres du monde sont en danger et les moyens d'existence de 850 millions de personnes qui y vivent sont directement menac�s (Tolba, 1984).

Du fait des changements climatiques, on a pens� que la s�cheresse �tait la principale cause de d�sertification. Mais, bien qu'elle puisse effectivement aggraver le probl�me, ce sont les activit�s humaines telles que la surexploitation de la terre par la surcultivation, le surp�turage, les mauvaises m�thodes d'irrigation et le d�boisement qui provoquent la d�sertification. En d'autres termes, celle-ci est due � la mauvaise gestion des ressources naturelles, � la n�gligence du milieu rural et � des probl�mes �conomiques et politiques. Toute tentative de s'attaquer au probl�me de la d�sertification doit donc �tre par nature multidisciplinaire.

Ce qui est assez surprenant, c'est que pratiquement tous les rapports, r�solutions et plans d'action pr�sent�s par les organismes nationaux et internationaux pour lutter contre la d�sertification ont, dans une large mesure, n�glig� le r�le de la recherche. Cela peut �tre d� au fait que la n�cessit� d'arr�ter la d�sertification a �t� si urgente que l'on a consid�r� que la recherche �tait un luxe que les pays en d�veloppement ne pouvaient se permettre. Rien ne peut �tre plus �loign� de la r�alit�.

La place et le r�le des arbres et des arbustes dans les zones arides ont r�cemment �t� r�sum�s de la fa�on suivante par Ben Salem et Palmberg (1984):

(1) Couvert permanent, (2) �l�ment de la rotation des cultures et (3) symbiose avec l'agriculture sous forme de rideaux-abris et de brise-vent, etc. Ils ont mis l'accent sur l'int�gration de ces activit�s et fix� des priorit�s pour: (1) le recensement et l'�valuation des connaissances existantes sur les esp�ces potentielles, (2) la diffusion des informations disponibles, (3) le renforcement des capacit�s nationales et de la formation et (4) la cr�ation de zones de d�monstration pilotes.

Il est �vident que la recherche concernant tous les aspects de la d�sertification sort du cadre de la pr�sente consultation. Notre communication ne porte que sur le r�le de la recherche et de la d�monstration en mati�re de foresterie.

2. Formulation de projets de recherche en foresterie

La recherche est la proc�dure m�thodique par laquelle l'homme accro�t ses connaissances et s'oppose � la d�couverte fortuite en ce qu'elle passe par une s�rie d'�tapes con�ues pr�cis�ment pour obtenir des informations (Andrew et Hildebrand, 1982). La recherche appliqu�e est celle qui est entreprise dans le but sp�cifique d'obtenir des informations qui permettent de r�soudre un probl�me particulier. Elle est effectu�e partout dans le monde � un rythme plus �lev� que la recherche fondamentale, qui est une n�cessit�, mais que les pays les plus riches peuvent seuls se permettre. La majeure partie de la recherche appliqu�e est conduite avec des moyens limit�s qui exigent l'efficacit� dans le processus de recherche. Pour �tre efficaces, les m�thodes de recherche appliqu�e doivent tendre vers une utilisation efficiente des ressources qui permettra de maximiser la probabilit� d'obtenir des r�sultats valables et d'aider ainsi � r�soudre le probl�me.

La recherche orient�e vers la lutte contre la d�sertification entre dans le cadre de la recherche appliqu�e et doit explorer de nouvelles approches int�gr�es, socialement et �conomiquement viables, du probl�me. Une recherche comparable sur les syst�mes agricoles en r�gion d�sertique a �t� con�ue et appliqu�e avec succ�s au Desert Development Center de l'American University au Caire, comme l'expliquent Bishay et El-Lakany (1984).

La recherche foresti�re pour la lutte contre la d�sertification doit adapter une "approche syst�me" dict�e par la nature du probl�me. Un syst�me est un ensemble ordonn� d'�l�ments interd�pendants et interactifs, dont aucun ne peut �tre modifi� sans provoquer une modification ailleurs dans le syst�me. Un syst�me de d�veloppement forestier est un groupement complexe de sols, de sources d'eau, d'esp�ces, de b�tail, de main-d'oeuvre et d'autres ressources et caract�ristiques, dans un contexte environnemental g�r� par des individus, des communaut�s ou des �tats selon leurs capacit�s respectives et les technologies dont ils disposent. Un syst�me de recherche foresti�re qui vise � lutter contre la d�sertification doit, pour �tre valable, �tre consid�r� en termes d'objectifs, de ressources (intrants), de contraintes et d'interactions. Si l'objectif g�n�ral du projet est d'arr�ter la d�sertification, il faut d�finir d'autres objectifs plus sp�cifiques. La d�finition des probl�mes, des hypoth�ses et des objectifs est un aspect capital de la planification d'une proposition de recherche. Ils ne sont pas ind�pendants les uns des autres, ni d'autres parties de la proposition ou d'autres aspects de la conduite de la recherche. On trouvera ci-dessous une proposition de liste de priorit�s.

Les ressources disponibles pour un programme de recherche ax� sur la lutte contre la d�sertification en sont en fait les contraintes: (a) un environnement inhospitalier qui comporte des sols pauvres, un climat rigoureux, des ressources hydriques limit�es, des sources d'�nergie co�teuses (� la fois financi�rement et �cologiquement) et (b) le stade de d�veloppement des populations locales. La conception du programme de recherche doit comporter l'�tude de l'interaction entre tous ces �l�ments. Les restrictions budg�taires et institutionnelles, des conditions de terrain loin d'�tre id�ales, un personnel mal form�, des informations de base insuffisantes et d'autres facteurs analogues ont un effet tr�s important sur le processus de recherche et doivent donc �tre identifi�s d�s le stade de la planification et trait�s en cons�quence.

Dans la planification et la conduite d'une recherche, il faut faire la distinction entre une situation probl�matique et un probl�me justiciable de la recherche. La premi�re est un ph�nom�ne qui existe tandis que le second doit �tre identifi� et d�fini. Une situation probl�matique peut �tre source de divers probl�mes justiciables de la recherche. Il est �vident que la recherche ax�e sur la lutte contre la d�sertification entre dans la cat�gorie de la recherche sur une situation probl�matique.

3. Besoins et priorit�s de la recherche


1 - Aspects biologiques
2 - Aspects technologiques
3 - Aspects socio-�conomiques


Pour fixer des priorit�s pour la recherche ax�e sur la lutte contre la d�sertification, la meilleure d�marche consiste d'abord � examiner les causes du ph�nom�ne puis � concevoir et planifier la recherche en cons�quence. Comme nous l'avons dit plus haut, la s�cheresse n'est pas la cause de la d�sertification, bien qu'elle puisse aggraver les probl�mes. D'ailleurs, m�me si elle �tait la cause, on ne peut rien y faire (Dregne, 1983).

Les principales causes de d�sertification ont �t� class�es en deux cat�gories: environnementales et socio-�conomiques. Sur le plan environnemental, on peut pr�voir des programmes de recherche dans les domaines du surp�turage, de la culture et des d�boisements, soit s�par�ment, soit de pr�f�rence de fa�on int�gr�e. Nous traiterons des aspects socio-�conomiques dans le dernier chapitre. Les recherches sp�cifiques dans le domaine du surp�turage et de la culture, bien que li�s au d�boisement, ne sont pas le th�me principal de la pr�sente communication.

L'activit� humaine peut-�tre la plus d�l�t�re qui entra�ne la d�sertification dans les r�gions arides et semi-arides est la collecte anarchique du bois de feu. L'importance des dommages dus � un d�boisement excessif dans les pays en d�veloppement a �t� bien �tudi�e (Arnold et Jongama, 1978; Banque mondiale, 1980). Jusqu'� ce jour cependant, d'apr�s des enqu�tes faites par Burley (1980), Palmberg (1981) et El-Lakany (1984), peu de recherches ont �t� faites sur les mesures correctives telles que des modes d'exploitation soutenables pour ces r�gions et l'incorporation d'arbres forestiers dans des syst�mes agricoles moins perturbants pour l'�cologie (par exemple l'agro-foresterie).

La recherche foresti�re traditionnelle dans les pays d�velopp�s a port� principalement sur l'utilisation industrielle du bois et la cr�ation de nouvelles plantations industrielles utilisant du mat�riel g�n�tiquement am�lior�. Dans les pays en d�veloppement, le peu de recherche effectu� a �t� ax� sur la principale consommation de bois, le bois de feu et le charbon de bois. Pour la majeure partie du monde en d�veloppement, l'effort dans le domaine de la foresterie portera avant tout dans les ann�es 1980 sur le boisement et le reboisement au moyen d'esp�ces � croissance rapide, l'accent �tant mis sur le bois de feu et sur les arbres polyvalents, sur les petits peuplements forestiers villageois ainsi que sur les rideaux-abris et autres plantations de protection (Banque mondiale/FAO, 1981).

La complexit� du probl�me de la d�sertification impose des recherches multidisciplinaires. Ind�pendamment du fait qu'elle consid�re le probl�me sous tous les angles possibles, la recherche multidisciplinaire est un moyen de conserver le peu de ressources dont disposent presque tous les pays en d�veloppement en mati�re de recherche. Trop souvent, un chercheur d'une discipline minimise les effets des facteurs pris en compte par d'autres, de sorte que sans une coop�ration, les r�sultats de ses recherches n'ont que peu d'utilit� pour les autres chercheurs. Il n'est certes pas toujours possible d'obtenir des r�ponses pour plus d'une discipline sans accro�tre la dimension et la complexit� de l'exp�rience au-del� des possibilit�s de gestion et des ressources disponibles. Mais c'est pr�cis�ment lorsque les ressources sont les moins abondantes qu'il est important de prendre en consid�ration les avantages de la recherche multidisciplinaire (Kiehl, 1957). C'est pourquoi la recherche foresti�re ax�e sur la lutte contre la d�sertification appelle l'adoption d'une "approche syst�me" Le syst�me propos� ici peut comprendre des recherches appliqu�es int�gr�es dans les domaines suivants:

1 - Aspects biologiques

a) conservation in situ et ex situ des ressources g�n�tiques potentielles;

b) collecte et traitement des semences;

c) techniques de production en p�pini�re;

d) sylviculture, y compris entretien, fertilisation, irrigation compl�mentaire, lutte contre les ravageurs, r�g�n�ration, etc.;

e) physiologie des arbres, y compris besoins en eau, tol�rance au sel, endurance � la s�cheresse, etc.;

f) rideaux-abris et plantations de protection, y compris conception, composition, effets sur le microclimat et les cultures;

g) stabilisation des dunes de sable;

h) activit�s agricoles compl�mentaires (cultures, fourrage, animaux, etc.).

2 - Aspects technologiques

a) suivi des changements climatiques;
b) pr�paration du site;
c) r�coltes;
d) propri�t�s du bois (par exemple valeur calorifique) et transformation;
e) autres sources d'�nergie renouvelable (solaire, �olienne, biogaz).

3 - Aspects socio-�conomiques

a) parcelles de d�monstration et services de vulgarisation;
b) projets d'auto-assistance;
c) r�gime foncier;
d) analyse �conomique.

Aucun scientifique ne pouvant entreprendre un tel programme � lui seul, la coop�ration entre chercheurs de diff�rentes disciplines est �videmment indispensable.

4. Limites � la recherche propos�e


4.1 Information
4.2 Ressources humaines
4.3 Ressources physiques
4.4 Ressources financi�res
4.5 Temps
4.6 Institutions


Les ressources disponibles ont une incidence importante sur la nature du produit de la recherche et sur le niveau de pr�cision qui peut �tre atteint ou la confiance qu'on peut accorder � ses r�sultats. M�me lorsque les ressources sont tr�s limit�es, des d�cisions sont cependant n�cessaires et l'on attend du chercheur qu'il fournisse des informations utiles. Les limites � la recherche foresti�re en g�n�ral et � la recherche ax�e sur la lutte contre la d�sertification en particulier sont nombreuses. Elles portent sur les informations, les ressources humaines, physiques, financi�res et de temps.

4.1 Information

L'information �tant le fondement m�me de la recherche, l'une des principales t�ches du chercheur est donc de rassembler les informations � utiliser pour les besoins de la recherche. Les informations en g�n�ral et les donn�es sp�cifiques en particulier sont aussi indispensables pour la phase d'identification du probl�me que pour l'analyse des r�sultats du projet. Leur disponibilit� influe profond�ment sur la quantit� et sur la qualit� de la recherche r�alisable dans un temps donn� En g�n�ral, les donn�es publi�es et/ou celles obtenues par le processus de recherche peuvent constituer la source des informations destin�es � l'analyse. Bien que de vastes quantit�s d'informations aient �t� rassembl�es sur les causes, les processus et les cons�quences de la d�sertification, les chercheurs des pays en d�veloppement n'y ont que peu acc�s. Il est instamment demand� aux organisations internationales comme le PNUE, l'UNCOD, l'IUFRO et la FAO de les rassembler et de les mettre � la disposition de ces chercheurs, comme cela a �t� fait pour la recherche agricole (FAO, 1984). Beaucoup des ouvrages, p�riodiques et rapports scientifiques en la mati�re ne sont pas gratuits et en g�n�ral un d�partement de la for�t ou de l'agriculture n'en commande qu'un exemplaire, qui est conserv� au si�ge et n'est pas communiqu� au personnel de terrain.

4.2 Ressources humaines

Comme pour la plupart des ressources, l'�l�ment humain est � consid�rer sur les plans quantitatif et qualitatif. Le simple fait qu'il est disponible ne suffit pas pour la plupart des op�rations de recherche; il faut tenir compte de la formation et des capacit�s du personnel lorsqu'on �labore le projet de recherche. Sauf cas rares, le facteur temps dans la recherche appliqu�e interdit la formation de cadres, bien qu'on puisse disposer de temps pour former quelques non cadres, comme des assistants techniques. Une mauvaise utilisation des ressources de la recherche est chose courante quand on utilise des techniques �l�gantes de collecte des donn�es qu'on ne peut exploiter totalement parce qu'on ne dispose pas de personnel d�ment form� pour effectuer des analyses qui conviennent ou qui soient exactes. � court terme, il vaut mieux effecteur des exp�riences plus simples que l'on peut analyser facilement � l'aide du personnel dont on dispose. L'argent �conomis� en n'ex�cutant pas des programmes �l�gants de collecte des donn�es pourra servir � former du personnel � la conduite et � l'analyse d'exp�riences plus compliqu�es et plus sophistiqu�es dans l'avenir.

4.3 Ressources physiques

Les ressources physiques non techniques sont notamment les moyens de transport, la terre, les locaux � usage de bureaux et autres moyens similaires. Comme toutes les autres ressources de la recherche, leur disponibilit� doit �tre examin�e lorsqu'on planifie le projet de recherche. Les ressources physiques techniques comprennent les machines, les instruments scientifiques, les calculatrices, les ordinateurs, etc. Certains types d'instruments peuvent �tre indispensables pour certains aspects du projet - on peut �tre oblig� d'en supprimer certaines phases si l'instrument voulu n'est pas disponible ou co�te trop cher par rapport aux r�sultats attendus pour en justifier l'usage. D'autre part, un ordinateur, s'il n'est pas indispensable, peut remplacer d'autres ressources comme l'argent ou le temps. L'utilisation d'un ordinateur, lorsqu'il existe, peut parfois r�duire le temps n�cessaire pour obtenir des r�sultats utiles.

4.4 Ressources financi�res

Des cr�dits sont n�cessaires pour presque tous les projets de recherche et leur disponibilit� est un facteur important � prendre en compte dans la planification de la recherche. Contrairement � ce que l'on croit, des cr�dits importants sont mis dans certains cas � la disposition des pays en d�veloppement par des organisations internationales et des accords bilat�raux. Malheureusement, la plupart des pays en d�veloppement ne peuvent en faire le meilleur usage en raison des autres contraintes �voqu�es ici. On estime qu'il faut chaque ann�e 4,5 milliards de dollars E.-U. pendant vingt ans pour arr�ter la d�sertification. Selon Tolba (1984), le m�canisme sp�cial mis en place par l'Assembl�e g�n�rale des Nations Unies pour mobiliser des fonds � cet effet n'a recueilli en six ans que 26 millions de dollars et un tr�s faible pourcentage de cette modeste somme est affect� � la recherche.

4.5 Temps

On ne con�oit g�n�ralement pas le temps comme une ressource au m�me titre que les moyens physiques, les informations et les ressources humaines, mais son effet sur la planification et l'ex�cution de la recherche appliqu�e est analogue. Consid�r� comme une ressource, le temps peut avoir des interactions avec les autres ressources en ce sens que l'on peut remplacer l'un par l'autre. Si une d�cision sur un probl�me donn� est indispensable et si le temps est limit�, il faudra davantage d'autres ressources pour atteindre un niveau de confiance donn� que si l'on pouvait prendre son temps. Un d�lai plus long permet donc de remplacer efficacement des quantit�s d'autres ressources. Mais aussi, consacrer plus de temps � un projet r�duit la quantit� de cette ressource limit�e qui peut �tre consacr�e � la solution d'autres probl�mes.

Les recherches en foresterie mettant g�n�ralement longtemps � produire des r�sultats fiables, il faut que la planification soit effectu�e avec soin. Le probl�me de la d�sertification est si urgent que le monde ne peut se permettre d'attendre longtemps pour entreprendre des mesures correctives.

4.6 Institutions

La faiblesse des institutions de recherche foresti�re dans de nombreux pays en d�veloppement repr�sente un obstacle majeur au d�veloppement. Outre les contraintes �voqu�es plus haut, les faiblesses de ces institutions peuvent �tre la vuln�rabilit� � des changements arbitraires et une tendance � faire double emploi avec des recherches termin�es ou en cours ailleurs. Une am�lioration importante des capacit�s nationales en mati�re de foresterie est irr�alisable sans une ferme volont� du gouvernement central de mener � bien les programmes de foresterie et une claire notion du r�le de la foresterie dans le d�veloppement �conomique du pays en g�n�ral.

Les projets de recherche sont parfois con�us et souvent g�r�s par des expatri�s, avec ce que cela comporte de diff�rences physiques, mentales et culturelles avec leurs homologues locaux. Une recherche nationale bien con�ue a des chances de durer davantage qu'une recherche import�e, ce qui n'exclut �videmment pas l'adoption de technologies appropri�es par les pays en d�veloppement. Un groupe de consultants de la Banque mondiale et de la FAO a examin� les moyens et les capacit�s de nombreux pays en d�veloppement en mati�re de recherche foresti�re. Au moins 90 institutions ont �t� identifi�es, dont la plupart manquent cruellement de moyens, de personnel et de cr�dit (Banque mondiale/FAO, 1981). Ils en ont conclu qu'il fallait accorder avant tout dans ces pays la priorit� au renforcement des institutions nationales. La cr�ation d'un corps de sp�cialistes peut �tre tr�s co�teuse et prendre beaucoup de temps. En attendant, on pourra demander une assistance technique � des organismes �trangers d'aide bilat�rale et multilat�rale. Une deuxi�me conclusion qui ressort de cette analyse est que les institutions r�gionales de recherche foresti�re financ�es par les gouvernements des pays d'une zone �cologique ou g�ographique particuli�re n'ont pas jusqu'� pr�sent donn� beaucoup de r�sultats. En g�n�ral, ces institutions se heurtent � des obstacles qui nuisent � leur efficacit�, en particulier la n�cessit� d'une compatibilit� politique entre les pays participants, la s�curit� des fonds n�cessaires � l'application des programmes � long terme de recherche foresti�re et les difficult�s de parvenir � un accord sur les priorit�s de recherche et les politiques du personnel. Les difficult�s auxquelles est confront� par exemple le projet de "Ceinture verte transnationale" entrepris pour lutter contre la d�sertification dans le nord de l'Afrique confirme cette conclusion.

5. �valuation des r�sultats de la recherche

Les organismes de financement exigent souvent une �valuation des projets de recherche avant de contracter de nouveaux engagements. Les �normes d�penses de recherche ont conduit � s'int�resser de plus en plus � des techniques de mesure et d'�valuation des produits de la recherche.

L'�valuation de la recherche en g�n�ral doit r�pondre � trois questions principales: (1) les investissements sont-ils r�ellement justifi�s? (2) Comment le rendement de la recherche se compare-t-il � celui d'autres possibilit�s d'investissement qui s'offrent? (3) L'effort de recherche scientifique avance-t-il avec le maximum d'efficacit�?

La recherche pour la lutte contre la d�sertification est absolument unique en son genre et exige la mise au point de crit�res d'�valuation sp�ciaux. Une �valuation fond�e uniquement sur la rentabilit� financi�re est difficile et m�me trompeuse. Elle doit accorder un poids important aux impacts environnementaux et sociaux.

6. Diffusion, vulgarisation des informations et d�monstration


6.1 Diffusion
6.2 Vulgarisation
6.3 D�monstration


6.1 Diffusion

La comp�tence en mati�re de recherche appliqu�e intervient r�ellement une fois achev�e la collecte des donn�es. L'exp�rience et l'imagination sont particuli�rement rentables dans l'analyse et l'interpr�tation des donn�es et peuvent faire toute la diff�rence entre un projet utile et un projet qui finit dans un tiroir. Le chercheur doit tirer des conclusions de l'analyse et faire ensuite des recommandations � l'utilisateur pour l'aider � r�soudre le probl�me qui est � l'origine du projet. Ceci est �videmment la raison m�me pour laquelle on entreprend une recherche appliqu�e.

Le chercheur est l'expert auquel l'utilisateur s'adresse pour obtenir une aide. Si le chercheur n'est pas dispos� � remplir son r�le, il n'a gu�re de raison valable d'avoir entrepris le projet. La souplesse et l'application de l'exp�rience et des id�es du chercheur dans l'interpr�tation des donn�es et dans l'analyse sont � encourager. C'est important pour l'utilisateur, mais celui-ci a aussi le droit de savoir pr�cis�ment quelle partie des conclusions rel�ve de la conjecture du chercheur et quelle partie est imputable � l'analyse pure des donn�es. En tant que scientifique, le chercheur se doit de rendre compte honn�tement et objectivement des r�sultats du projet de recherche. En tant que professionnel charg� de fournir des informations pour r�soudre des probl�mes, il se doit aussi d'interpr�ter ses r�sultats selon les besoins de l'utilisateur.

Le dernier stade du processus de recherche appliqu�e est la communication des r�sultats � l'utilisateur. Il est tout aussi indispensable que l'utilisateur comprenne ce que le chercheur a � lui dire que pour le chercheur de comprendre la signification des donn�es. Le chercheur est un scientifique dont le travail est de comprendre des analyses compliqu�es et des donn�es confuses. L'utilisateur a d'autres int�r�ts et g�n�ralement n'a pas la m�me formation, de sorte que le chercheur doit rendre compte de ses constatations sous une forme que l'utilisateur comprendra.

6.2 Vulgarisation

La plus grande partie de la recherche appliqu�e en agriculture et en foresterie s'adresse aux agriculteurs en tant que principaux utilisateurs par l'interm�diaire d'un service de vulgarisation Beaucoup d'agriculteurs ne veulent pas savoir sur quoi reposent les recommandations, mais ils ont besoin de savoir quelles en sont les cons�quences et ce que leur adoption peut signifier. L'agriculteur est tributaire du chercheur et du vulgarisateur pour l'interpr�tation des r�sultats de la recherche. La m�thode la plus utile dans ce cas est d'�tablir un rapport de recherche qui ne pr�sente que les recommandations pr�cises et l'effet ou la r�action que l'on peut attendre si les recommandations sont suivies. Une excellente proc�dure consiste pour le chercheur � pr�senter les r�sultats sous une forme qui s'adresse aux vulgarisateurs, puis � travailler avec eux pour pr�parer une publication non technique qui sera utilis�e dans le cadre des programmes de vulgarisation. Dans les pays en d�veloppement, de nombreux chercheurs utilisent les r�sultats obtenus pour leurs th�ses. Une th�se est un rapport de recherche dont la forme et le contenu s'adressent n�cessairement � d'autres chercheurs - en premier lieu, le jury de th�se. Peu de th�ses sont totalement utilisables en tant que rapports de recherche pour une diffusion plus large, mais ils peuvent servir de base pour l'�tablissement d'une s�rie de documents dont chacun s'adresse � un utilisateur ou � un public diff�rent. Des articles destin�s aux revues techniques peuvent rendre compte des faits pr�sentant un int�r�t scientifique qui se sont produits au cours du processus de recherche. Un ou plusieurs rapports ou bulletins plus accessibles peuvent s'adresser aux utilisateurs finals ou � des groupes interm�diaires tels que les services de vulgarisation. Enfin, on peut aussi �tablir des publications du type brochure qui pr�sentent les recommandations sous une forme simplifi�e si la recherche est applicable � un public plus large. La traduction des r�sultats utiles de la recherche et d'autres informations dans des langues principales comme l'espagnol, le chinois et l'arabe � partir de l'anglais, du fran�ais ou de l'allemand est vivement recommand�e.


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