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3.4 Recherche, démonstration, vulgarisation et diffusion


1. Introduction
2. Formulation de projets de recherche en foresterie
3. Besoins et priorités de la recherche
4. Limites à la recherche proposée
5. Évaluation des résultats de la recherche
6. Diffusion, vulgarisation des informations et démonstration
Références


M.H. EL LAKANY*
Professeur de foresterie
Université d'Alexandrie, Égypte

* Adresse actuelle: Desert Development Center, The American University in Cairo, Egypte

1. Introduction

La désertification est, dans la dernière décennie, l'un des problèmes les mieux perçus auquel le monde soit confronté. Le terme est lui-même devenu un mot familier que chacun répète sans comprendre vraiment le sens. C'est un bon exemple de problème mondial, où l'on parle plus que l'on n'agit.

Selon le Dr. M.K. Tolba, Directeur exécutif du PNUE et Secrétaire général de l'UNCOD, la menace mondiale que constitue la désertification s'est en fait aggravée ces dix dernières années. Actuellement, 35% environ de la surface des terres du monde sont en danger et les moyens d'existence de 850 millions de personnes qui y vivent sont directement menacés (Tolba, 1984).

Du fait des changements climatiques, on a pensé que la sécheresse était la principale cause de désertification. Mais, bien qu'elle puisse effectivement aggraver le problème, ce sont les activités humaines telles que la surexploitation de la terre par la surcultivation, le surpâturage, les mauvaises méthodes d'irrigation et le déboisement qui provoquent la désertification. En d'autres termes, celle-ci est due à la mauvaise gestion des ressources naturelles, à la négligence du milieu rural et à des problèmes économiques et politiques. Toute tentative de s'attaquer au problème de la désertification doit donc être par nature multidisciplinaire.

Ce qui est assez surprenant, c'est que pratiquement tous les rapports, résolutions et plans d'action présentés par les organismes nationaux et internationaux pour lutter contre la désertification ont, dans une large mesure, négligé le rôle de la recherche. Cela peut être dû au fait que la nécessité d'arrêter la désertification a été si urgente que l'on a considéré que la recherche était un luxe que les pays en développement ne pouvaient se permettre. Rien ne peut être plus éloigné de la réalité.

La place et le rôle des arbres et des arbustes dans les zones arides ont récemment été résumés de la façon suivante par Ben Salem et Palmberg (1984):

(1) Couvert permanent, (2) élément de la rotation des cultures et (3) symbiose avec l'agriculture sous forme de rideaux-abris et de brise-vent, etc. Ils ont mis l'accent sur l'intégration de ces activités et fixé des priorités pour: (1) le recensement et l'évaluation des connaissances existantes sur les espèces potentielles, (2) la diffusion des informations disponibles, (3) le renforcement des capacités nationales et de la formation et (4) la création de zones de démonstration pilotes.

Il est évident que la recherche concernant tous les aspects de la désertification sort du cadre de la présente consultation. Notre communication ne porte que sur le rôle de la recherche et de la démonstration en matière de foresterie.

2. Formulation de projets de recherche en foresterie

La recherche est la procédure méthodique par laquelle l'homme accroît ses connaissances et s'oppose à la découverte fortuite en ce qu'elle passe par une série d'étapes conçues précisément pour obtenir des informations (Andrew et Hildebrand, 1982). La recherche appliquée est celle qui est entreprise dans le but spécifique d'obtenir des informations qui permettent de résoudre un problème particulier. Elle est effectuée partout dans le monde à un rythme plus élevé que la recherche fondamentale, qui est une nécessité, mais que les pays les plus riches peuvent seuls se permettre. La majeure partie de la recherche appliquée est conduite avec des moyens limités qui exigent l'efficacité dans le processus de recherche. Pour être efficaces, les méthodes de recherche appliquée doivent tendre vers une utilisation efficiente des ressources qui permettra de maximiser la probabilité d'obtenir des résultats valables et d'aider ainsi à résoudre le problème.

La recherche orientée vers la lutte contre la désertification entre dans le cadre de la recherche appliquée et doit explorer de nouvelles approches intégrées, socialement et économiquement viables, du problème. Une recherche comparable sur les systèmes agricoles en région désertique a été conçue et appliquée avec succès au Desert Development Center de l'American University au Caire, comme l'expliquent Bishay et El-Lakany (1984).

La recherche forestière pour la lutte contre la désertification doit adapter une "approche système" dictée par la nature du problème. Un système est un ensemble ordonné d'éléments interdépendants et interactifs, dont aucun ne peut être modifié sans provoquer une modification ailleurs dans le système. Un système de développement forestier est un groupement complexe de sols, de sources d'eau, d'espèces, de bétail, de main-d'oeuvre et d'autres ressources et caractéristiques, dans un contexte environnemental géré par des individus, des communautés ou des États selon leurs capacités respectives et les technologies dont ils disposent. Un système de recherche forestière qui vise à lutter contre la désertification doit, pour être valable, être considéré en termes d'objectifs, de ressources (intrants), de contraintes et d'interactions. Si l'objectif général du projet est d'arrêter la désertification, il faut définir d'autres objectifs plus spécifiques. La définition des problèmes, des hypothèses et des objectifs est un aspect capital de la planification d'une proposition de recherche. Ils ne sont pas indépendants les uns des autres, ni d'autres parties de la proposition ou d'autres aspects de la conduite de la recherche. On trouvera ci-dessous une proposition de liste de priorités.

Les ressources disponibles pour un programme de recherche axé sur la lutte contre la désertification en sont en fait les contraintes: (a) un environnement inhospitalier qui comporte des sols pauvres, un climat rigoureux, des ressources hydriques limitées, des sources d'énergie coûteuses (à la fois financièrement et écologiquement) et (b) le stade de développement des populations locales. La conception du programme de recherche doit comporter l'étude de l'interaction entre tous ces éléments. Les restrictions budgétaires et institutionnelles, des conditions de terrain loin d'être idéales, un personnel mal formé, des informations de base insuffisantes et d'autres facteurs analogues ont un effet très important sur le processus de recherche et doivent donc être identifiés dès le stade de la planification et traités en conséquence.

Dans la planification et la conduite d'une recherche, il faut faire la distinction entre une situation problématique et un problème justiciable de la recherche. La première est un phénomène qui existe tandis que le second doit être identifié et défini. Une situation problématique peut être source de divers problèmes justiciables de la recherche. Il est évident que la recherche axée sur la lutte contre la désertification entre dans la catégorie de la recherche sur une situation problématique.

3. Besoins et priorités de la recherche


1 - Aspects biologiques
2 - Aspects technologiques
3 - Aspects socio-économiques


Pour fixer des priorités pour la recherche axée sur la lutte contre la désertification, la meilleure démarche consiste d'abord à examiner les causes du phénomène puis à concevoir et planifier la recherche en conséquence. Comme nous l'avons dit plus haut, la sécheresse n'est pas la cause de la désertification, bien qu'elle puisse aggraver les problèmes. D'ailleurs, même si elle était la cause, on ne peut rien y faire (Dregne, 1983).

Les principales causes de désertification ont été classées en deux catégories: environnementales et socio-économiques. Sur le plan environnemental, on peut prévoir des programmes de recherche dans les domaines du surpâturage, de la culture et des déboisements, soit séparément, soit de préférence de façon intégrée. Nous traiterons des aspects socio-économiques dans le dernier chapitre. Les recherches spécifiques dans le domaine du surpâturage et de la culture, bien que liés au déboisement, ne sont pas le thème principal de la présente communication.

L'activité humaine peut-être la plus délétère qui entraîne la désertification dans les régions arides et semi-arides est la collecte anarchique du bois de feu. L'importance des dommages dus à un déboisement excessif dans les pays en développement a été bien étudiée (Arnold et Jongama, 1978; Banque mondiale, 1980). Jusqu'à ce jour cependant, d'après des enquêtes faites par Burley (1980), Palmberg (1981) et El-Lakany (1984), peu de recherches ont été faites sur les mesures correctives telles que des modes d'exploitation soutenables pour ces régions et l'incorporation d'arbres forestiers dans des systèmes agricoles moins perturbants pour l'écologie (par exemple l'agro-foresterie).

La recherche forestière traditionnelle dans les pays développés a porté principalement sur l'utilisation industrielle du bois et la création de nouvelles plantations industrielles utilisant du matériel génétiquement amélioré. Dans les pays en développement, le peu de recherche effectué a été axé sur la principale consommation de bois, le bois de feu et le charbon de bois. Pour la majeure partie du monde en développement, l'effort dans le domaine de la foresterie portera avant tout dans les années 1980 sur le boisement et le reboisement au moyen d'espèces à croissance rapide, l'accent étant mis sur le bois de feu et sur les arbres polyvalents, sur les petits peuplements forestiers villageois ainsi que sur les rideaux-abris et autres plantations de protection (Banque mondiale/FAO, 1981).

La complexité du problème de la désertification impose des recherches multidisciplinaires. Indépendamment du fait qu'elle considère le problème sous tous les angles possibles, la recherche multidisciplinaire est un moyen de conserver le peu de ressources dont disposent presque tous les pays en développement en matière de recherche. Trop souvent, un chercheur d'une discipline minimise les effets des facteurs pris en compte par d'autres, de sorte que sans une coopération, les résultats de ses recherches n'ont que peu d'utilité pour les autres chercheurs. Il n'est certes pas toujours possible d'obtenir des réponses pour plus d'une discipline sans accroître la dimension et la complexité de l'expérience au-delà des possibilités de gestion et des ressources disponibles. Mais c'est précisément lorsque les ressources sont les moins abondantes qu'il est important de prendre en considération les avantages de la recherche multidisciplinaire (Kiehl, 1957). C'est pourquoi la recherche forestière axée sur la lutte contre la désertification appelle l'adoption d'une "approche système" Le système proposé ici peut comprendre des recherches appliquées intégrées dans les domaines suivants:

1 - Aspects biologiques

a) conservation in situ et ex situ des ressources génétiques potentielles;

b) collecte et traitement des semences;

c) techniques de production en pépinière;

d) sylviculture, y compris entretien, fertilisation, irrigation complémentaire, lutte contre les ravageurs, régénération, etc.;

e) physiologie des arbres, y compris besoins en eau, tolérance au sel, endurance à la sécheresse, etc.;

f) rideaux-abris et plantations de protection, y compris conception, composition, effets sur le microclimat et les cultures;

g) stabilisation des dunes de sable;

h) activités agricoles complémentaires (cultures, fourrage, animaux, etc.).

2 - Aspects technologiques

a) suivi des changements climatiques;
b) préparation du site;
c) récoltes;
d) propriétés du bois (par exemple valeur calorifique) et transformation;
e) autres sources d'énergie renouvelable (solaire, éolienne, biogaz).

3 - Aspects socio-économiques

a) parcelles de démonstration et services de vulgarisation;
b) projets d'auto-assistance;
c) régime foncier;
d) analyse économique.

Aucun scientifique ne pouvant entreprendre un tel programme à lui seul, la coopération entre chercheurs de différentes disciplines est évidemment indispensable.

4. Limites à la recherche proposée


4.1 Information
4.2 Ressources humaines
4.3 Ressources physiques
4.4 Ressources financières
4.5 Temps
4.6 Institutions


Les ressources disponibles ont une incidence importante sur la nature du produit de la recherche et sur le niveau de précision qui peut être atteint ou la confiance qu'on peut accorder à ses résultats. Même lorsque les ressources sont très limitées, des décisions sont cependant nécessaires et l'on attend du chercheur qu'il fournisse des informations utiles. Les limites à la recherche forestière en général et à la recherche axée sur la lutte contre la désertification en particulier sont nombreuses. Elles portent sur les informations, les ressources humaines, physiques, financières et de temps.

4.1 Information

L'information étant le fondement même de la recherche, l'une des principales tâches du chercheur est donc de rassembler les informations à utiliser pour les besoins de la recherche. Les informations en général et les données spécifiques en particulier sont aussi indispensables pour la phase d'identification du problème que pour l'analyse des résultats du projet. Leur disponibilité influe profondément sur la quantité et sur la qualité de la recherche réalisable dans un temps donné En général, les données publiées et/ou celles obtenues par le processus de recherche peuvent constituer la source des informations destinées à l'analyse. Bien que de vastes quantités d'informations aient été rassemblées sur les causes, les processus et les conséquences de la désertification, les chercheurs des pays en développement n'y ont que peu accès. Il est instamment demandé aux organisations internationales comme le PNUE, l'UNCOD, l'IUFRO et la FAO de les rassembler et de les mettre à la disposition de ces chercheurs, comme cela a été fait pour la recherche agricole (FAO, 1984). Beaucoup des ouvrages, périodiques et rapports scientifiques en la matière ne sont pas gratuits et en général un département de la forêt ou de l'agriculture n'en commande qu'un exemplaire, qui est conservé au siège et n'est pas communiqué au personnel de terrain.

4.2 Ressources humaines

Comme pour la plupart des ressources, l'élément humain est à considérer sur les plans quantitatif et qualitatif. Le simple fait qu'il est disponible ne suffit pas pour la plupart des opérations de recherche; il faut tenir compte de la formation et des capacités du personnel lorsqu'on élabore le projet de recherche. Sauf cas rares, le facteur temps dans la recherche appliquée interdit la formation de cadres, bien qu'on puisse disposer de temps pour former quelques non cadres, comme des assistants techniques. Une mauvaise utilisation des ressources de la recherche est chose courante quand on utilise des techniques élégantes de collecte des données qu'on ne peut exploiter totalement parce qu'on ne dispose pas de personnel dûment formé pour effectuer des analyses qui conviennent ou qui soient exactes. À court terme, il vaut mieux effecteur des expériences plus simples que l'on peut analyser facilement à l'aide du personnel dont on dispose. L'argent économisé en n'exécutant pas des programmes élégants de collecte des données pourra servir à former du personnel à la conduite et à l'analyse d'expériences plus compliquées et plus sophistiquées dans l'avenir.

4.3 Ressources physiques

Les ressources physiques non techniques sont notamment les moyens de transport, la terre, les locaux à usage de bureaux et autres moyens similaires. Comme toutes les autres ressources de la recherche, leur disponibilité doit être examinée lorsqu'on planifie le projet de recherche. Les ressources physiques techniques comprennent les machines, les instruments scientifiques, les calculatrices, les ordinateurs, etc. Certains types d'instruments peuvent être indispensables pour certains aspects du projet - on peut être obligé d'en supprimer certaines phases si l'instrument voulu n'est pas disponible ou coûte trop cher par rapport aux résultats attendus pour en justifier l'usage. D'autre part, un ordinateur, s'il n'est pas indispensable, peut remplacer d'autres ressources comme l'argent ou le temps. L'utilisation d'un ordinateur, lorsqu'il existe, peut parfois réduire le temps nécessaire pour obtenir des résultats utiles.

4.4 Ressources financières

Des crédits sont nécessaires pour presque tous les projets de recherche et leur disponibilité est un facteur important à prendre en compte dans la planification de la recherche. Contrairement à ce que l'on croit, des crédits importants sont mis dans certains cas à la disposition des pays en développement par des organisations internationales et des accords bilatéraux. Malheureusement, la plupart des pays en développement ne peuvent en faire le meilleur usage en raison des autres contraintes évoquées ici. On estime qu'il faut chaque année 4,5 milliards de dollars E.-U. pendant vingt ans pour arrêter la désertification. Selon Tolba (1984), le mécanisme spécial mis en place par l'Assemblée générale des Nations Unies pour mobiliser des fonds à cet effet n'a recueilli en six ans que 26 millions de dollars et un très faible pourcentage de cette modeste somme est affecté à la recherche.

4.5 Temps

On ne conçoit généralement pas le temps comme une ressource au même titre que les moyens physiques, les informations et les ressources humaines, mais son effet sur la planification et l'exécution de la recherche appliquée est analogue. Considéré comme une ressource, le temps peut avoir des interactions avec les autres ressources en ce sens que l'on peut remplacer l'un par l'autre. Si une décision sur un problème donné est indispensable et si le temps est limité, il faudra davantage d'autres ressources pour atteindre un niveau de confiance donné que si l'on pouvait prendre son temps. Un délai plus long permet donc de remplacer efficacement des quantités d'autres ressources. Mais aussi, consacrer plus de temps à un projet réduit la quantité de cette ressource limitée qui peut être consacrée à la solution d'autres problèmes.

Les recherches en foresterie mettant généralement longtemps à produire des résultats fiables, il faut que la planification soit effectuée avec soin. Le problème de la désertification est si urgent que le monde ne peut se permettre d'attendre longtemps pour entreprendre des mesures correctives.

4.6 Institutions

La faiblesse des institutions de recherche forestière dans de nombreux pays en développement représente un obstacle majeur au développement. Outre les contraintes évoquées plus haut, les faiblesses de ces institutions peuvent être la vulnérabilité à des changements arbitraires et une tendance à faire double emploi avec des recherches terminées ou en cours ailleurs. Une amélioration importante des capacités nationales en matière de foresterie est irréalisable sans une ferme volonté du gouvernement central de mener à bien les programmes de foresterie et une claire notion du rôle de la foresterie dans le développement économique du pays en général.

Les projets de recherche sont parfois conçus et souvent gérés par des expatriés, avec ce que cela comporte de différences physiques, mentales et culturelles avec leurs homologues locaux. Une recherche nationale bien conçue a des chances de durer davantage qu'une recherche importée, ce qui n'exclut évidemment pas l'adoption de technologies appropriées par les pays en développement. Un groupe de consultants de la Banque mondiale et de la FAO a examiné les moyens et les capacités de nombreux pays en développement en matière de recherche forestière. Au moins 90 institutions ont été identifiées, dont la plupart manquent cruellement de moyens, de personnel et de crédit (Banque mondiale/FAO, 1981). Ils en ont conclu qu'il fallait accorder avant tout dans ces pays la priorité au renforcement des institutions nationales. La création d'un corps de spécialistes peut être très coûteuse et prendre beaucoup de temps. En attendant, on pourra demander une assistance technique à des organismes étrangers d'aide bilatérale et multilatérale. Une deuxième conclusion qui ressort de cette analyse est que les institutions régionales de recherche forestière financées par les gouvernements des pays d'une zone écologique ou géographique particulière n'ont pas jusqu'à présent donné beaucoup de résultats. En général, ces institutions se heurtent à des obstacles qui nuisent à leur efficacité, en particulier la nécessité d'une compatibilité politique entre les pays participants, la sécurité des fonds nécessaires à l'application des programmes à long terme de recherche forestière et les difficultés de parvenir à un accord sur les priorités de recherche et les politiques du personnel. Les difficultés auxquelles est confronté par exemple le projet de "Ceinture verte transnationale" entrepris pour lutter contre la désertification dans le nord de l'Afrique confirme cette conclusion.

5. Évaluation des résultats de la recherche

Les organismes de financement exigent souvent une évaluation des projets de recherche avant de contracter de nouveaux engagements. Les énormes dépenses de recherche ont conduit à s'intéresser de plus en plus à des techniques de mesure et d'évaluation des produits de la recherche.

L'évaluation de la recherche en général doit répondre à trois questions principales: (1) les investissements sont-ils réellement justifiés? (2) Comment le rendement de la recherche se compare-t-il à celui d'autres possibilités d'investissement qui s'offrent? (3) L'effort de recherche scientifique avance-t-il avec le maximum d'efficacité?

La recherche pour la lutte contre la désertification est absolument unique en son genre et exige la mise au point de critères d'évaluation spéciaux. Une évaluation fondée uniquement sur la rentabilité financière est difficile et même trompeuse. Elle doit accorder un poids important aux impacts environnementaux et sociaux.

6. Diffusion, vulgarisation des informations et démonstration


6.1 Diffusion
6.2 Vulgarisation
6.3 Démonstration


6.1 Diffusion

La compétence en matière de recherche appliquée intervient réellement une fois achevée la collecte des données. L'expérience et l'imagination sont particulièrement rentables dans l'analyse et l'interprétation des données et peuvent faire toute la différence entre un projet utile et un projet qui finit dans un tiroir. Le chercheur doit tirer des conclusions de l'analyse et faire ensuite des recommandations à l'utilisateur pour l'aider à résoudre le problème qui est à l'origine du projet. Ceci est évidemment la raison même pour laquelle on entreprend une recherche appliquée.

Le chercheur est l'expert auquel l'utilisateur s'adresse pour obtenir une aide. Si le chercheur n'est pas disposé à remplir son rôle, il n'a guère de raison valable d'avoir entrepris le projet. La souplesse et l'application de l'expérience et des idées du chercheur dans l'interprétation des données et dans l'analyse sont à encourager. C'est important pour l'utilisateur, mais celui-ci a aussi le droit de savoir précisément quelle partie des conclusions relève de la conjecture du chercheur et quelle partie est imputable à l'analyse pure des données. En tant que scientifique, le chercheur se doit de rendre compte honnêtement et objectivement des résultats du projet de recherche. En tant que professionnel chargé de fournir des informations pour résoudre des problèmes, il se doit aussi d'interpréter ses résultats selon les besoins de l'utilisateur.

Le dernier stade du processus de recherche appliquée est la communication des résultats à l'utilisateur. Il est tout aussi indispensable que l'utilisateur comprenne ce que le chercheur a à lui dire que pour le chercheur de comprendre la signification des données. Le chercheur est un scientifique dont le travail est de comprendre des analyses compliquées et des données confuses. L'utilisateur a d'autres intérêts et généralement n'a pas la même formation, de sorte que le chercheur doit rendre compte de ses constatations sous une forme que l'utilisateur comprendra.

6.2 Vulgarisation

La plus grande partie de la recherche appliquée en agriculture et en foresterie s'adresse aux agriculteurs en tant que principaux utilisateurs par l'intermédiaire d'un service de vulgarisation Beaucoup d'agriculteurs ne veulent pas savoir sur quoi reposent les recommandations, mais ils ont besoin de savoir quelles en sont les conséquences et ce que leur adoption peut signifier. L'agriculteur est tributaire du chercheur et du vulgarisateur pour l'interprétation des résultats de la recherche. La méthode la plus utile dans ce cas est d'établir un rapport de recherche qui ne présente que les recommandations précises et l'effet ou la réaction que l'on peut attendre si les recommandations sont suivies. Une excellente procédure consiste pour le chercheur à présenter les résultats sous une forme qui s'adresse aux vulgarisateurs, puis à travailler avec eux pour préparer une publication non technique qui sera utilisée dans le cadre des programmes de vulgarisation. Dans les pays en développement, de nombreux chercheurs utilisent les résultats obtenus pour leurs thèses. Une thèse est un rapport de recherche dont la forme et le contenu s'adressent nécessairement à d'autres chercheurs - en premier lieu, le jury de thèse. Peu de thèses sont totalement utilisables en tant que rapports de recherche pour une diffusion plus large, mais ils peuvent servir de base pour l'établissement d'une série de documents dont chacun s'adresse à un utilisateur ou à un public différent. Des articles destinés aux revues techniques peuvent rendre compte des faits présentant un intérêt scientifique qui se sont produits au cours du processus de recherche. Un ou plusieurs rapports ou bulletins plus accessibles peuvent s'adresser aux utilisateurs finals ou à des groupes intermédiaires tels que les services de vulgarisation. Enfin, on peut aussi établir des publications du type brochure qui présentent les recommandations sous une forme simplifiée si la recherche est applicable à un public plus large. La traduction des résultats utiles de la recherche et d'autres informations dans des langues principales comme l'espagnol, le chinois et l'arabe à partir de l'anglais, du français ou de l'allemand est vivement recommandée.


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