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Utilisation des coques de coton en saison sèche par des moutons Peul dans le nord Cameroun - Use of cotton hulls as a dry season feed for Peul sheep in north Cameroon

A. Cl. Ngo Tama

Antenne de Garoua
Institut des Recherches Zootechniques
B.P. 1073
Garoua
Cameroun

et

G. Rippstein

Station de Nkolbisson
Institut des Recherches Zootechniques
B.P. 1457
Yaoundé
Cameroun


Resume
Summary
Introduction
Matériels et méthodes
Résultats et discussions
Conclusions
References


Resume

Un essai d'utilisation de coques de coton par des moutons a été mené, en saison sèche, en zone soudanienne dans le nord Cameroun. Un lot de 15 mâles de 2,5 ans, pesant en moyenne 28 kg, recevant des coques de coton ± 300 g/tête/j de tourteau de coton a été comparé à un autre lot de 15 recevant, en sus, 150 g de son de maïs produit localement. L'évolution pondérale, pendant 80 j. a été de 149 g/tête/j pour le premier lot et de 162 g/tête/j pour le second, la différence n'étant pas significative. La coque de coton est très bien consommée mais un complément énergétique (son de maïs) n'est pas utile, au contraire, car il diminue la marge bénéficiaire.

Summary

In a dry season feeding trial in the Sudan zone of north Cameroon, 30 rams 2.5 years old and weighing 28 kg were fed cotton hulls ad libitum. A lot of 15 received 300 g/hd/d cotton seed cake and the other 15 received the same amount of cotton seed cake and 150 g/hd/d of maize bran. Weight gain over 80 d on cotton seed cake was 149 g/d and on cotton seed cake plus maize bran was 162 g/d, the difference not being significant. Cotton hulls are well liked but an energy supplement of maize bran does not increase growth performance and also reduces economic returns.

Introduction

Des milliers de tonnes de coques de coton vent produits chaque année au Cameroun et brûlées. Ce sous-produit est pourtant appété par les ruminants et est donc gaspillé. La composition des coques de coton permet de constater qu'elles devraient pouvoir remplacer les fourrages grossiers. Un essai a été réalisé à Garoua dans le nord Cameroun pour mieux apprécier la qualité de ce sous-produit pour l'entretien ou l'embouche des ovins pendant la saison sèche.

Matériels et méthodes

Les moutons utilisés étaient de béliers de race Pulfuli (Foulbé ou Peul) dont l'âge moyen était de 2,5 ans, d'un poids moyen de 28 kg au début de l'essai. Ces animaux étaient répartis en 2 lots de 15 suivant un choix hasardeux limité. Ils avaient tous été traités régulièrement contre les parasites internes et externes et vaccinés contre la peste des petits ruminants.

Les moutons étaient placés dans des parcs d'environ 150 m² munis d'un abri. Dans chaque parc étaient placés un abreuvoir, une pierre à lécher (NaCl, 50%; poudre d'os, 45%; oligo-élements, 4%; ciment 1%) et une mangeoire. Les animaux recevaient toute leur alimentation dans les parcs et n'allaient pas au pâturage. Le lot I recevait 300 g de tourteau de coton/tête/j tandis que le lot J recevait 300 g de tourteau de coton/tête/j et 150 g de son de maïs/tête/j. Le complément était pesé et distribué tous les jours. Les coques de coton étaient disponibles ad libitum pour les 2 lots. Après une période d'adaptation d'environ 3 semaines, l'essai proprement dit a duré 81 j. Les animaux ont été pesés environ tous les 15 j. Une triple pesée a été faite en début et en fin d'essai.

L'analyse de la covariance (Steel et Torrie, 1960) a été adoptée avec le dispositif expérimental complètement randomisé afin de comparer les résultats.

Résultats et discussions

Evolution pondérable

L'analyse de la covariance appliquée à l'évolution pondérable (tableau 1) a montré que les différences observées n'étaient pas significatives (P > 0,05). Les gains moyens quotidiens (GMQ) en début d'essai sont très élevés pour les 2 lots (figure 1). Ils correspondraient à des gains de compensation dus à un régime d'entretien (exploitation du pâturage naturel) avant l'essai. En fin d'essai, la croissance est faible pour le lot I et négative pour le lot J. Ceci montre qu'un tel régime serait efficace sur une courte période (maximum 2 mois) et correspond, au début, à une véritable embouche. Les gains exceptionnels en début d'essai peuvent correspondre aussi en partie à une augmentation du contenu de la panse. Les gains de poids sont voisins de ceux obtenus sur pâturage naturel avec une complémentation de 500 g de tourteau de coton/tête/j (GMQ = 150 g/j).

Tableau 1. Evolution pondérais des moutons au nord Cameroun recevant des coques de coton ad libitum et deux compléments différents.

Paramètre

Complément

Tourteau de coton + son de maïs (300 g + 150 g)

Tourteau de coton (300 g)

Poids début (kg)

28,8

28,7

Poids fin (kg)

41,9

40,8

Gain (kg)

13,1

12,1

Gain (g/tête/j)

161,7

149,4

Figure 1. Gain moyen quotidien des moutons Peul dans le nord Cameroun.

L'analyse de la covariance a montré l'inexistence de différences significatives entre les lots I et J. La ration I s'est révélée légèrement supérieure à la ration J. Les GMQ sont respectivement de 162 g et 149 g. La supériorité du lot I est due au supplément apporté par le son de maïs.

A l'abattage, la moyenne du rendement carcasse a été de 42 p.cent et aucune différence significative n'a été observée entre les 2 lots. Les quantités de coques de coton distribuées n'ont pas été pesées, mais les résultats donnés par l'évolution pondérable montrent que les animaux ont bien mangé la coque de coton dès le début de l'essai; le problème de consommation ne s'est donc pas posé. Il n'y avait pas de refus de tourteau de coton et de son de maïs distribués quotidiennement.

Les marges bénéficiaires très proches (tableau 2) montrent que le son de maïs n'est pas, économiquement, utile.

Tableau 2. Calcul des marges brutes pour deux compléments différents donnés aux moutons dans le nord du Cameroun.

Paramètre

Lots

I

J

Gain de poids (kg)

13.1

12.1

Produit brut (FCFA)1)

4585

4235

Charges proportionnées (FCFA)²)

1155

729

Marges bénéficiaires (FCFA)

3430

3506

Note: 1. Sur la base d'un prix de 350 FCFA/kg vif.
2. Tourteau de coton @ 30 FCFA/kg; son de maïs @ 75 FCFA/kg; coques de coton @ valeur nulle.

Conclusions

Cet essai montre qu'il n'existait pas de différences significatives dans l'évolution pondérable entre les rations I et J. Le fait que les coques sont bien appetées par les moutons a été également confirmé. Les GMQ montrent que les coques de coton peuvent être utilisées comme élément grossier dans une alimentation d'embouche de case pendant la saison sèche. L'approche économique a révélé que le son de maïs était inutile et que la marge bénéficiaire, par animal, n'était pas négligeable.

Ces résultats montrent d'autre part qu'il vaut mieux utiliser les coques de coton plus 300 g de tourteau de coton/tête/j plutôt que le pâturage naturel + 500 g de tourteau de coton/tête/j.

References

Steel R G D et Torrie J H. 1960. Principles and procedures of statistics - a biometrical approach. McGraw Hill Book Company, London, UK.


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