En février 2003, EMPRES a été alerté par les Autorités vétérinaires nationales des Comores car de fortes mortalités avaient été enregistrées chez les bovins. Une enquête épidémiologique préliminaire sur le terrain a identifié des bovins importés de République-Unie de Tanzanie comme la source potentielle de l'infection. Ces animaux avaient été introduits aux Comores sans contrôle sanitaire préalable (quarantaine).
Plus de 500 bovins étaient morts ou avaient été détruits et 6 000 étaient à risque.
Les principaux signes cliniques et pathologiques rapportés à EMPRES sont ceux donnés dans le tableau 5.
TABLEAU 5: Signes cliniques et pathologiques rapportés à EMPRES |
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Signes cliniques |
Découvertes pathologiques à l'autopsie |
Signes hyper aigus Signes aigus Signes subaigus |
Nécrose hépatique généralisée dans certains cas |
L'épidémiologie et les signes cliniques observés chez les animaux malades ont orienté la suspicion vers un groupe de maladies transmises par un vecteur, et plus spécialement vers la theilériose bovine qui est présente à l'état endémique en Afrique de l'Est. Cependant, les échantillons prélevés n'ont pas permis de confirmer la présence de la maladie |
Face à cet état d'urgence, la représentation de la FAO à Madagascar a réagi en élaborant un protocole d'accord avec l'organisation non gouvernementale ACTIV (Association comorienne des techniciens et infirmiers vétérinaires) afin de fournir les fonds d'urgence nécessaires pour effectuer une première enquête de terrain. Du côté d'EMPRES, le docteur Jean-Marie Goureau (Ecole vétérinaire, Maisons-Alfort), recruté pour participer à l'enquête épidémiologique, s'est rendu aux Comores du 16 au 22 juin 2003. Au cours de sa mission, le docteur Gourreau, en étroite collaboration avec les autorités nationales et l'ACTIV, a évalué la situation et souligné la difficulté d'établir un diagnostic définitif. Les éleveurs touchés par la maladie ont fait preuve de peu de coopération et l'observation clinique et pathologique n'a porté que sur quelques cas. L'épidémiologie et les signes cliniques observés chez les animaux malades ont orienté la suspicion vers un groupe de maladies transmises par un vecteur, et plus spécialement vers la theilériose bovine qui est présente à l'état endémique en Afrique de l'Est. Cependant, les échantillons prélevés n'ont pas permis de confirmer la présence de la maladie.
Les autres considérations étiologiques du diagnostic différentiel concernent la trypanosomose aiguë ( Trypanosoma vivax ), la cowdriose, la babésiose et la peste bovine.
En l'absence d'un diagnostic final permettant de définir une stratégie de contrôle adéquate, d'autres prélèvements étaient nécessaires car le problème touchant les bovins s'était calmé sans disparaître. Une seconde mission a donc été organisée. Vincent Martin, expert en santé animale du groupe FAO-EMPRES (urgences maladies infectieuses) s'est rendu aux Comores en novembre 2003, en collaboration avec le docteur Cheryl French, vétérinaire épidémiologiste et représentante de l'APHIS pour l'Afrique. L'objectif principal de cette mission était d'identifier précisément l'agent causal responsable de la mortalité des bovins.
La mission de terrain s'est rendue dans de nouveaux villages affectés dans le nord-est de l'île (Moidja, Ngnadomboni et Mbeni). Vingt et un animaux ont fait l'objet d'un examen clinique et trois autopsies ont été pratiquées. Les échantillons suivants ont été prélevés et envoyés à l'Institut vétérinaire d'Onderstepoort en Afrique du Sud:
Au cours de l'enquête de terrain, il a été observé que les conditions générales de pâturage et d'alimentation étaient souvent très pauvres et insuffisantes pour permettre de maintenir les animaux en de bonnes conditions. Les animaux malades présentaient des températures élevées (40-41,5 °C), de l'anorexie, de la faiblesse, des écoulements nasaux et oculaires, du ptyalisme, de la diarrhée et une augmentation de la taille des nœuds lymphatiques préscapulaires. Les animaux observés présentaient aussi une forte infestation par les tiques. Pour les lésions post-mortem, les signes suivants ont été observés: augmentation de la rate, augmentation des nœuds lymphatiques pré-scapulaires présentant parfois des lésions œdémateuses et hémorragiques, estomac antérieur, omasum et réseau secs; enfin, contenu de la rumination pâteux. Chez un jeune bouvillon, des pétéchies hémorragiques ont été observées sur le rein.
Comme cela a déjà été signalé, les prélèvements ont été envoyés à l'institut vétérinaire d'Ondestepoort, en Afrique du Sud. Les premiers résultats suggéraient la theilériose, associée à d'autres maladies comme la babésiose. Les plantes prélevées ne se sont pas révélées toxiques. Le prochain Bulletin fournira des informations supplémentaires à ce sujet.