13.1 Généralités sur le commerce des produits forestiers
13.2 Les négociations commerciales et la foresterie
13.3 Considérations intéressant la foresterie
13.4 Questions à examiner
J. Bourke
Divsion des produits forestiers
OBJECTIF
Ce module offre une information générale sur les principales caractéristiques du commerce international des produits forestiers. Il précise le niveau actuel des restrictions du commerce des produits forestiers, décrit les répercussions de ces restrictions sur le commerce international et enfin il évalue les tendances à venir. Il identifie les points sur lesquels le Cycle dUruguay et les futures négociations commerciales multilatérales pourraient se concentrer, et sur leurs effets possibles. Les pays et les régions sont encouragés à identifier leur propre situation et à examiner les questions présentant un intérêt particulier pour eux.
POINTS CLÉS
· Les questions relatives aux restrictions commerciales sur les produits forestiers ne sont pas incluses dans lAccord sur lagriculture car ils sont considérés comme des produits industriels.
· Bien que les niveaux de tarification douanière sur les produits forestiers soient désormais bas, les hausses persistent, en particulier pour les panneaux à base de bois (contreplaqués), le bois de construction et le mobilier.
· Les barrières non tarifaires comme par exemple les normes techniques et phytosanitaires, ainsi que les restrictions à lexportation influencent également le commerce du bois. Les obstacles au commerce, définis comme des mesures susceptibles de restreindre le commerce souvent pour des raisons environnementales et de conservation, mais qui sont volontaires et donc hors des réglementations de lOMC, vont probablement influencer le commerce des produits forestiers à lavenir. On peut citer par exemple les mesures limitant le commerce des produits fabriqués avec du bois provenant de forêts gérées dans une optique de durabilité et léco-certification.
· Les prochaines négociations sur le commerce sont une occasion pour les pays en développement de faire inscrire ces questions à lordre du jour.
13.1.1 Les principales caractéristiques du commerce des produits forestiers
Lampleur, la forme et la direction des échanges internationaux sont des éléments importants de lanalyse et de lévaluation de limpact des mesures visant à encourager et à restreindre le commerce. Les caractéristiques des échanges internationaux de produits forestiers qui présentent un intérêt lors des négociations commerciales sont les suivantes:
La demande mondiale augmente lentement
· Laugmentation de la consommation de bois: globalement, la consommation de bois de feu et de bois industriel sest considérablement accrue au cours des 25 dernières années. Si la croissance de la demande dans les pays développés semble se ralentir, elle continue daugmenter régulièrement dans les pays en développement. Cependant, il est probable que cette tendance sera affectée par la crise financière qui sévit actuellement en Asie et par ses effets sur le reste du monde. Ainsi, la demande mondiale devrait continuer à augmenter, mais à un rythme plus lent quon ne le prévoyait encore récemment.
· Six à huit pour cent seulement des produits forestiers de base entrent sur le marché international: en 1997, les exportations se sont chiffrées à environ 135 milliards de dollars EU, niveau légèrement inférieur à celui de 1995. Ce faible pourcentage est dû au fait quenviron la moitié de la production de bois ronds est utilisée à lintérieur des pays comme bois de feu et charbon de bois. En outre, les exportations de produits de transformations secondaires, tels que moulures, portes, meubles, etc. et de produits forestiers non ligneux comme le rotin, le caoutchouc, les noix du Brésil, les huiles et les plantes médicinales, représentent aussi une contribution importante.
· Les exportations de la majorité des produits ont augmenté: globalement, les exportations, en volume, de bois ronds industriels ont augmenté de 30 pour cent depuis 1970, pour passer à 120 millions de m3; celles de sciages, évaluées à 113 millions de m3, ont presque doublé, de même que celles de pâte de bois (passées à 35 millions de tonnes); les exportations de panneaux dérivés du bois et de papiers et cartons ont quadruplé pour atteindre respectivement 49 millions de m3 et 87 millions de tonnes.
· Une grande partie de ces échanges seffectue à lintérieur des régions ou entre pays voisins: ainsi, une bonne partie du commerce européen concerne lintérieur de lEurope; plus de 80 pour cent des échanges en Asie et en Océanie seffectuent entre pays de la région; et en Amérique du Nord, le commerce transfrontalier est important.
Les produits forestiers tropicaux ne représentent quune faible part des exportations
· Les produits forestiers tropicaux ne représentent en général quune faible part des exportations totales mondiales des produits concernés: 18 pour cent des bois ronds industriels produits dans le monde proviennent des régions tropicales. La part des produits tropicaux dans les exportations totales des différents produits est variable, mais dune manière générale faible: 16 pour cent pour le bois rond industriel; 14 pour cent pour les sciages; moins de 7 pour cent pour les produits à base de pâte et de papier et de carton; et 35 pour cent pour les panneaux dérivés du bois. Mais les produits tropicaux représentent 70 pour cent des exportations de contreplaqué.
· Un petit nombre de pays assurent à la fois le gros des exportations et des importations: en 1997, cinq pays ont effectué 53 pour cent des exportations et des importations mondiales. Les pays développés dominent à la fois les importations et les exportations et les principaux importateurs sont aussi les principaux exportateurs. Environ 80 pour cent de la valeur des importations et des exportations totales de produits forestiers ont été le fait des pays développés en 1997. Les cinq plus gros exportateurs sont le Canada, les Etats-Unis, la Suède, la Finlande et lAllemagne; les principaux importateurs sont le Japon et les Etats-Unis et plusieurs pays de lUnion européenne, notamment lAllemagne, le Royaume-Uni, lItalie et la France. Seules les exportations de contreplaqués sont dominées par les pays en développement (70 pour cent du total mondial).
Les pays en développement ne participent que faiblement au commerce des produits forestiers...
· Les exportations des pays en développement ne représentent que 15 pour cent des exportations mondiales de produits forestiers et le commerce des pays en développement est dominé (75 pour cent) par les pays dAsie du Sud-Est - principalement Indonésie, Malaisie et République populaire de Chine.
Figure 2: Exportations mondiales de produits foretiers (en volume), 1970-1977
Tableau 1: Principaux importateurs et exportateurs mondiaux de produits forestiers, 1997 (en milliards de dollars EU)
EXPORTATEURS |
IMPORTATEURS |
||
Canada |
25,08 |
Etats-Unis |
24,00 |
Etats-Unis |
15,70 |
Japon |
17,16 |
Allemagne |
10,73 |
Allemagne |
12,04 |
Finlande |
10,39 |
Royaume-Uni |
10,01 |
Suède |
10,26 |
Italie |
6,78 |
Indonésie |
5,09 |
Chine continentale |
5,58 |
Autriche |
4,44 |
France |
5,26 |
France |
4,05 |
Pays-Bas |
4,72 |
Malaisie |
4,03 |
Corée, Rép. de |
3,81 |
Féd.de Russie |
2,89 |
Chine, RAS de Hong Kong |
3,81 |
Brésil |
2,87 |
Espagne |
3,70 |
Pays-Bas |
2,76 |
Belgique-Luxembourg |
3,34 |
Italie |
2,63 |
Canada |
3,19 |
Belgique-Luxembourg |
2,40 |
Chine, province de Taiwan |
2,99 |
Royaume-Uni |
2,12 |
Suisse |
2,20 |
Chine, RAS de Hong Kong |
2,11 |
Autriche |
2,12 |
Suisse |
1,89 |
Danemark |
1,80 |
AUTRES |
27,46 |
AUTRES |
33,59 |
Monde |
135,02 |
Monde |
144,30 |
Source: FAO.· Le commerce a évolué, des grumes (et dans une moindre mesure des sciages) vers des produits plus élaborés, comme le contreplaqué et les produits secondaires à base de bois, même si quelques pays continuent de commercialiser des quantités importantes de copeaux de bois et de grumes non transformés. La part de la pâte de bois a régulièrement baissé pour tomber à 13 pour cent, et celle des sciages a également un peu fléchi jusquà son niveau actuel de 19 pour cent. En revanche, la part des panneaux dérivés du bois est remontée à 12 pour cent, alors que le changement le plus notable a concerné les papiers et cartons qui sont passés de 35 pour cent en 1970 à 48 pour cent. En outre, les exportations déléments de meubles, de moulures etc. ont accusé une nette tendance à la hausse, principalement conduite par un petit nombre de pays.
... bien que leurs échanges soient en hausse
· Les échanges entre pays en développement ont augmenté: outre les principaux flux commerciaux de lAsie vers le Japon, on note aujourdhui une expansion des échanges entre pays en développement voisins, tels que la République populaire de Chine, la République de Corée, les Philippines, la Thaïlande, lIndonésie, la Malaisie et le Myanmar. Certains de ces pays sont passés du statut dexportateurs nets à celui dimportateurs nets. En outre, plusieurs de ces pays dAsie ont accru leurs importations provenant de pays extérieurs à la région.
13.2.1 Les négociations commerciales multilatérales
Les produits forestiers sont couverts par les Accords généraux de lOMC
Durant le Cycle dUruguay, les produits forestiers nont pas été inclus dans lAccord sur lagriculture. Ils étaient cependant couverts en tant que produits industriels. De ce fait, un certain nombre de dispositions et de règles de lAccord sur lagriculture ne sappliquent pas aux produits forestiers. Toutefois, comme pour les produits agricoles, les niveaux des droits de douane et les mesures non tarifaires (MNT) ont fait lobjet de négociations détaillées. En outre, les négociations ont aussi porté sur divers autres Accords, dont les dispositions sappliquent aux produits forestiers, même sils nétaient pas directement visés. Les Accords les plus significatifs pour la foresterie sont lAccord sur lapplication des mesures sanitaires et phytosanitaires (Accord SPS) et lAccord sur les obstacles techniques au commerce (OTC); dautres, comme celui sur les subventions, intéressent aussi, de plus loin, ce secteur.
13.2.2 Principaux avantages attendus du Cycle dUruguay pour le secteur forestier
Les améliorations des conditions daccès sont étroitement liées aux produits et aux marché spécifiques concernés; elles peuvent donc avantager certains pays et en pénaliser dautres.
Les principaux avantages sont les suivants:
Un impact modeste sur les réductions tarifaires...
· Baisse des tarifs douaniers. Tout dabord, de nombreux tarifs seront réduits, voire éliminés, progressivement sur plusieurs années. Les réductions effectives, proposées par les pays, varient considérablement, en fonction de divers facteurs, à savoir:
· le produit considéré et son importance pour le pays;Le Cycle dUruguay devrait procurer des gains commerciaux certains et appréciables pour la foresterie1, mais son impact sur le commerce mondial des produits forestiers pourrait être limité, en particulier en ce qui concerne les tarifs, car ils étaient déjà relativement bas dans ce secteur avant le Cycle dUruguay. Les principaux avantages devraient concerner les pays développés.
· les changements acceptés par le pays pour dautres produits;
· le niveau du tarif spécifique avant le Cycle dUruguay;
· lampleur des réductions proposées par dautres pays;
· le tarif antérieur (consolidé ou non); et le niveau de base utilisé pour la nouvelle consolidation.
1 Voir Barbier (1996) et Brown (1997) pour une évaluation des effets du Cycle dUruguay.Une étude de la FAO a fait une estimation quantitative de limpact des suppressions tarifaires du Cycle dUruguay sur le commerce international des produits forestiers2. Létude notait que le Cycle dUruguay conduirait à une réduction des droits de douane. Les réductions opérées par les marchés dimportation des pays développés seront particulièrement marquées pour les produits à base de pâte et de papier - en moyenne 100 pour cent pour les papiers, les cartons et les particules de papier et 83 pour cent pour les papiers dédition. Le degré de progressivité des droits samenuisera pour de nombreux produits, notamment pour les produits en bois massif, les tarifs chutant en moyenne de 31 pour cent pour les panneaux dérivés du bois, de 50 pour cent pour les produits semi-finis et de 67 pour cent pour les articles en bois.
2 Voir Barbier (1996) pour de plus amples détails.Létude a estimé la valeur des gains dérivant des échanges additionnels de produits forestiers (leffet de «création de courants commerciaux») résultant des réformes tarifaires, ainsi que la valeur des échanges «détournés» des pays en développement en raison du rétrécissement de la marge entre les taux du Système généralisé de préférences (SGP) et les taux du régime de la Nation la plus favorisée (NPF). Dans le cadre de différents scénarios possibles, létude a estimé quil y aurait une augmentation mondiale nette des échanges de produits forestiers comprise entre 340 millions de dollars EU et 472 millions de dollars EU dici la fin de la période de mise en uvre. Ces chiffres reflètent une augmentation des échanges commerciaux pour les pays développés et une diminution pour les pays en développement. Létude concluait que le chiffre réel se situerait dans cette fourchette, entre ces deux estimations (cest-à-dire entre 340 millions de dollars EU et 472 millions de dollars EU).
Pris globalement, ces effets sont cependant limités, puisquils ne représentent quenviron 0,5 pour cent des échanges totaux de produits forestiers. Cet impact modeste était principalement dû au fait quavant le Cycle dUruguay, les droits de douane étaient dune manière générale déjà faibles. Il est donc également peu probable quune réduction ultérieure des tarifs puisse détourner les échanges de façon significative car les pays en développement et les pays développés seront alors probablement assujettis à un taux unique, cest-à-dire quil ne restera plus de marges préférentielles.
... et contrôles sur les mesures non tarifaires
· Contrôles des mesures non tarifaires (MNT). En ce qui concerne les MNT, les effets seront plus variables, mais quelques gains sont possibles dans le secteur forestier - notamment grâce à lAccord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires qui pourrait améliorer les conditions relatives aux inspections et à la quarantaine; et à lAccord sur les obstacles techniques au commerce qui pourrait limiter le recours à des règlements techniques autres que ceux servant des objectifs légitimes comme la protection de la santé, de la sécurité, de la qualité des produits, et de lenvironnement. Le secteur forestier pourrait également retirer des avantages limités dautres accords couvrant des questions comme les subventions, les droits anti-dumping et les droits compensateurs, les conditions daccès aux marchés, lévaluation en douane et les procédures de licence.
13.2.3 Autres initiatives de libéralisation du commerce
Le commerce des produits forestiers est couvert par des accords régionaux
Outre les négociations OMC/GATT, de nombreuses autres initiatives sont depuis peu en cours pour encourager la libéralisation du commerce. Aux réductions à léchelle mondiale convenues dans le cadre du Cycle dUruguay se sont ajoutées dautres réductions stimulées par des accords commerciaux régionaux établissant des conditions commerciales préférentielles ou, souvent, des blocs de libre-échange. Tous comportent des réductions pour les produits forestiers. Parmi ces blocs régionaux, on peut citer lUnion européenne, lAccord de libre-échange nord-américain (ALENA), la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), lAssociation des nations de lAsie du Sud-Est (ANASE), le Marché commun austral (MERCOSUR) et le Marché commun des Caraïbes.
LAPEC, par exemple, a proposé un calendrier pour la libéralisation des échanges dans la région, en vertu duquel les pays membres devraient sengager à créer une zone dans laquelle les obstacles au commerce et aux investissements seront supprimés au plus tard en 2010 pour les pays industrialisés et en 2020 pour les pays en développement. Le secteur forestier est lun des 15 secteurs qui ont été sélectionnés pour la Libéralisation sectorielle volontaire anticipée.
Certains sinquiètent de la prolifération de ce type daccords régionaux commerciaux, qui pourrait compromettre les efforts de libéralisation du commerce mondial.
13.3.1 Les droits de douane
Quelques produits encore assujettis à des droits élevés
A lexception de quelques produits présents sur quelques marchés, les tarifs appliqués aux produits forestiers dans les pays développés sont relativement faibles (moins de 5 pour cent pour la plupart des produits). Malgré cela, même lorsque les niveaux fixés par le Cycle dUruguay seront atteints, quelques produits seront encore assujettis à des droits élevés (entre 10 et 15 pour cent). Ce sera notamment le cas pour les panneaux dérivés du bois (en particulier le contreplaqué), les ouvrages de menuiserie et les meubles.
Dans les pays en développement, de nombreux taux tarifaires seront également abaissés à des degrés divers - quelques-uns étant considérablement réduits par rapport aux niveaux courants élevés - mais la plupart des tarifs seront probablement encore beaucoup plus hauts que dans les pays développés.
Un accès préférentiel important...
De nombreux pays exportateurs peuvent éviter les tarifs élevés en obtenant des préférences spéciales qui sappliquent à des pays déterminés. Les membres de groupes régionaux obtiennent des avantages dautres membres du groupe, et quelques pays accordent des taux spéciaux à des pays avec lesquels ils entretiennent des relations commerciales ou politiques étroites (ex: ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), ANASE, Union européenne-ACP (Groupe de pays dAfrique, des Caraïbes et du Pacifique), Nouvelle-Zélande/Australie, etc.), alors que la majorité des pays en développement (mais pas tous) bénéficient du Système généralisé de préférences (SGP).
... mais la baisse des taux NPF diminue les marges bénéficiaires
Les conditions du SGP sont très variables. Chaque pays importateur qui offre des préférences dans le cadre de ce système fixe ses propres conditions. Les pays peuvent donc être très sélectifs quant au produit et au pays exportateur auxquels sappliquent ces préférences. Chaque pays peut décider unilatéralement quand, à qui et à quelles conditions les préférences sappliquent, et quand elles peuvent être retirées ou modifiées. Quelques pays réduisent ou suppriment purement et simplement le droit des pays à bénéficier du régime SGP lorsquils atteignent un certain niveau de développement économique ou obtiennent une certaine part du marché du produit considéré. Par exemple, la province chinoise de Taïwan, la République de Corée, la RAS chinoise de Hong Kong et Singapour, qui représentent lessentiel des exportations de produits à valeur ajoutée issus des produits forestiers de pays en développement, se sont vus retirer les privilèges que leur accordaient de nombreux pays développés au titre du SGP, et doivent à présent faire face aux taux NPF plus élevés. Les préférences SGP ont ceci de particulier quelles sont limitées à la plupart des produits encore assujettis à des droits élevés, tels que les panneaux, les articles de menuiserie et les meubles.
Plus les taux NPF baissent, moins les marges de préférence accordées aux pays en développement sont intéressantes.
13.3.2 Les mesures non tarifaires (MNT)
Les MNT qui ont le plus deffet sur les produits forestiers sont les suivantes:
Les restrictions quantitatives sont importantes sur certains marchés
a) Les restrictions quantitatives, notamment différents types de contingents (ex: contingents alloués à un pays spécifique ou contingent limitant le droit à bénéficier dun taux de droit particulier) existent sur certains marchés. LUnion européenne impose des contingents dimportation pour les planches et les panneaux. Alors que les importations de contreplaqué de bois dur en provenance de pays pouvant prétendre au régime SGP sont soumises à un taux inférieur au taux NPF (70 pour cent du plein tarif), sans limitation de volume, les importations de contreplaqué de bois tendre sont encore réglementées par un contingent annuel mondial, en franchise de droits. LUnion européenne a aussi des contingents tarifaires ou des droits consolidés à des taux plafonnés pour le papier journal, les panneaux de fibres de bois, les articles de menuiserie et quelques articles dameublement.
b) Les règlements techniques et les normes phytosanitaires évoluent constamment, et bien quil ne sagisse pas nécessairement dobstacles au commerce, il est clair quils le limitent. Les règlements et les normes liés à la protection de lenvironnement, en particulier, concernent de près la foresterie. Sil est rare que des normes et des codes opèrent une discrimination spécifique à lencontre des importations - il ne sagit donc pas dobstacles au commerce au sens strict - il est en revanche certain quils créent beaucoup plus de problèmes aux exportateurs quaux producteurs locaux, qui peuvent accéder plus facilement aux procédures dessai et aux organisations qui contrôlent le système, sont mieux informés et ont moins de documents à remplir. De surcroît, les normes nationales qui diffèrent de celles des concurrents potentiels peuvent être efficaces pour protéger un secteur dactivité national qui produit pour la consommation intérieure.
Les règlements techniques peuvent limiter les échanges commerciaux
Les réglementations phytosanitaires ne posent pas de problème majeur pour les produits forestiers, sauf dans des situations spécifiques. Les règlements et les normes techniques à fondement écologique peuvent en particulier être une source de problèmes, notamment: les restrictions concernant les panneaux de bois assemblés avec des colles à base de formaldéhyde, qui comportent des risques pour la santé des personnes; les restrictions concernant certains procédés et matériaux de préservation du bois; le contrôle des méthodes de transformation (par exemple, dans le domaine du blanchiment de la pâte, où lon a tendu un peu partout à encourager ou à obliger les sociétés à remplacer le chlore, qui dégage des sous-produits très toxiques, par dautres décolorants plus respectueux de lenvironnement), et les prescriptions en matière demballage.
Certaines réglementations ont été à lorigine dimportants différends commerciaux entre les pays. La plupart sont davantage des obstacles à surmonter que des tentatives délibérées de bloquer les échanges. Il est parfois très difficile de déterminer dans quelle mesure elles sont utilisées pour faire obstacle au commerce. Toutefois, les règlements, ou la manière dont ils sont administrés, semblent dans certains cas excessifs.
Les restrictions à lexportation ont également un impact sur les échanges commerciaux
c) Les restrictions à lexportation. Si les restrictions à limportation sont la forme la plus évidente de limitation du commerce en ce qui concerne les produits forestiers, il existe aussi des restrictions à lexportation, sous la forme notamment de taxes ou de prélèvements, dinterdiction et dautres réglementations, qui ont un impact sur le commerce. Les tarifs dexportation sont couramment appliqués dans la plupart des pays en développement exportateurs et dans quelques pays développés - notamment sur les grumes, les sciages et le contreplaqué. Les raisons les plus classiques du recours aux impositions à lexportation ont été à peu de choses près les mêmes que pour les tarifs dimportation, à savoir: augmenter les recettes (surtout si cette méthode de recouvrement est plus efficace que dautres instruments); encourager, rendre obligatoire ou protéger la transformation intérieure; et, tout récemment, protéger les forêts de la surexploitation. Dans certains cas, les pays en développement les justifient comme une compensation des restrictions à limportation des produits transformés imposées par les pays développés importateurs. Comme on la déjà noté, ces impositions à lexportation ont tout récemment servi de mécanisme pour limiter les récoltes à des niveaux durables. Des réglementations des niveaux de récolte sont en place ou prévues dans de nombreux pays. Les interdictions à lexportation étant techniquement illégales aux termes de lArticle XI du GATT, de nombreux pays se tournent vers des variantes - allant des taxes à lexportation, aux permis et aux licences, pour remplacer les restrictions quantitatives directes.
Les impositions indirectes, sous la forme de redevances et de taxes de reboisement sont aussi plus fréquentes. Ces dernières années, on a tendu à déplacer les limitations des exportations sur les produits intermédiaires, tels que les sciages.
En ce qui concerne les MNT, la situation devrait saméliorer quelque peu, mais elles continueront à avoir dimportantes retombées sur le commerce. Il faudra une attention et une pression constantes pour les contrôler, à la fois par une surveillance et par déventuelles modifications des Accords OTC et SPS. Les restrictions à lexportation seront maintenues, car certains pays y voient le mécanisme le plus direct pour contrôler certaines pratiques indésirables qui sont employées dans leurs secteurs forestiers.
13.3.3 Les entraves au commerce
a) Introduction
Définition de la notion d«entrave au commerce»...
En plus des restrictions officielles, de nombreuses mesures peuvent être considérées comme des entraves plutôt que comme des restrictions officielles au commerce, du type de celles qui précèdent. Les entraves au commerce sont des mesures qui sont conformes aux règles du GATT/OMC, ou qui nentrent pas dans le champ dapplication des accords internationaux existants, tels quils sont actuellement définis. Ces restrictions se distinguent des autres, principalement par deux aspects: 1) elles sont encouragées pour des raisons de conservation/protection de lenvironnement et non pas, comme dhabitude, pour protéger ou encourager les industries nationales, économiser des devises, élever les revenus etc., et 2) ce sont des mesures volontaires (également appelées «autolimitations»). Ainsi, elles nont généralement pas de lien direct avec les règlements officiels édictés par les Etats même si, dans certains cas, ceux-ci les encouragent officieusement. Bien quelles aient de nombreuses caractéristiques et objectifs des obstacles classiques au commerce officiels, elles ne sont généralement pas visées par les règles commerciales officielles. Elles ont cependant de nombreuses similitudes, souvent un effet analogue, et dans de nombreux cas, la même intention - à savoir de limiter le commerce.
b) Les restrictions intéressant les forêts sous aménagement durable
Ces entraves sont souvent induites par des considérations sur lenvironnement
Un certain nombre dentraves au commerce sont instituées pour des raisons environnementales car depuis quelques années on se préoccupe beaucoup plus de linteraction entre la foresterie et lenvironnement. Certaines politiques basées sur des considérations écologiques intéressent le transport, la transformation et la consommation, y compris la pollution émanant des usines de transformation; lutilisation de substances polluantes dans les processus de production, les prescriptions en matière dénergie pour la transformation; les types de consommation excessive ou abusive; et les problèmes dévacuation des déchets3. Les mesures les plus récentes visent cependant à limiter le commerce aux produits forestiers fabriqués avec du bois provenant de forêts gérées dans une optique de durabilité.
3 Voir Bourke (1995).La plupart de ces mesures répondent à des préoccupations légitimes, mais elles pourraient, intentionnellement ou non, se traduire par une augmentation des distorsions et des difficultés commerciales qui pourrait remettre en cause certains avantages découlant des négociations du Cycle dUruguay. Dans cet ordre didées, on peut citer la certification et léco-étiquetage, les restrictions ou les interdictions et les boycotts décidés par les municipalités locales et les détaillants.
Les difficultés générales et quelques-unes des questions associées au débat commerce-environnement sont illustrées par les efforts actuellement en cours au Comité du commerce et de lenvironnement (CCE) de lOMC. Les membres de ce Comité ont examiné diverses questions liées au commerce et à lenvironnement, notamment léco-étiquetage, laccès aux marchés, les effets de la libéralisation du commerce et les effets sur le commerce et lenvironnement de certains Accords de lOMC (comme les Accords SPS et OTC). Quelques-unes des questions qui sont contestées ou examinées au CCE intéressent la foresterie. Bien que le CCE tende à centrer principalement son attention sur des questions générales plutôt que sur des secteurs spécifiques, la foresterie apparaît comme étant lun des secteurs où sont concentrés un grand nombre de ces problèmes. Ceci est dû au fait que de nombreux aspects de la foresterie ont une nette corrélation avec lenvironnement.
Alors que le déclin des obstacles proprement dits est déjà amorcé, les entraves au commerce subsisteront et pourraient même prendre de limportance. Beaucoup pourraient, intentionnellement ou non, rendre les échanges plus difficiles.
(i) Interdictions et boycott émanant des gouvernements locauxLe statut incertain des réglementations locales
Dans certaines régions dEurope, aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en Australie, des règlements limitant ou interdisant lutilisation du bois ont été mis en place par des conseils régionaux et locaux; quelques détaillants et un petit nombre de négociants en bois ont décidé de cesser de soccuper de la manutention des produits; et les consommateurs renoncent, dans une mesure qui reste à déterminer, à acheter des produits en bois. La question, importante - même si elle est encore sans réponse - qui se pose ici est de savoir si ces actions constituent ou peuvent constituer une restriction au commerce, en opérant une discrimination, intentionnelle ou non, entre les producteurs. Les débats et les discussions visent surtout à déterminer si les mesures à fondement écologique, qui font office dobstacle au commerce, sont légitimes selon les règles commerciales multilatérales, internationalement reconnues, et si celles qui sont prises par des gouvernements sous-nationaux sont conformes au GATT/OMC.
(ii) Certification des produits forestiersLa certification est, jusquici, restée marginale dans les échanges commerciaux...
La certification des produits forestiers est une question qui mobilise actuellement une grande attention et suscite quelques controverses dans le secteur. La certification tente de relier le commerce à la gestion durable des ressources forestières, en donnant des renseignements sur létat et le régime de production des forêts doù provient le bois. Le but souhaité est que les utilisateurs nachètent que des produits fabriqués avec du bois venant de forêts gérées dans une optique de durabilité.
La certification et les activités connexes déco-étiquetage en sont encore à leurs tout premiers pas, et intéressent surtout les pays dEurope, notamment lAllemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, où des groupes décologistes sont actifs et où certains détaillants estiment que la fourniture de produits certifiés peut leur procurer un avantage sur le marché. Certains pays exportateurs comme le Canada, la Suède, la Finlande, la Malaisie et lIndonésie développent activement leurs propres systèmes de certification, à la fois pour se doter dune stratégie de marché défensive et pour améliorer leurs pratiques de gestion sylvicole. Jusquà présent, la certification a eu un impact limité sur le commerce mais, sur de nombreux marchés, elle crée une grande incertitude. Les programmes de certification opérationnels couvrent une gamme de produits et un volume déchanges extrêmement limités, au niveau mondial ou régional - représentant moins de 0,5 pour cent du bois entrant sur les marchés internationaux et un pourcentage négligeable du volume total de bois utilisé à des fins industrielles.
La certification est loin de faire lunanimité. Les exportateurs sont extrêmement sceptiques quant à la possibilité dobtenir des bénéfices nets, du moins significatifs, grâce à la réorientation vers des méthodes et des normes de production prescrits par les programmes de certification. De leur point de vue, à moins quil ny ait une forte demande de produits venant de forêts sous aménagement durable et que les importateurs ne soient disposés à payer une prime sous une forme quelconque (prix plus élevés, élargissement de laccès aux marchés), il est peu probable que les avantages compensent les coûts additionnels. De surcroît, si les programmes de certification ne sont pas mis en uvre avec prudence, ils peuvent faire office dobstacles non tarifaires au commerce, en opérant une discrimination, intentionnelle ou non, à lencontre des producteurs qui ne peuvent ou ne veulent pas se conformer aux normes prescrites en matière de gestion des forêts. Un certain nombre de pays en développement qui nont pas les moyens de le faire risquent en particulier dêtre pénalisés. La certification peut favoriser les pays développés où, au moins actuellement, les pratiques de gestion sylvicole tendent à être davantage orientées vers la durabilité.
... mais elle devrait devenir plus importante
Le concept de la certification devrait faire de nouveaux adeptes dans le futur, comme cela sest produit avec beaucoup de mouvements «verts» du même genre; elle pourrait alors avoir des conséquences importantes sur la structure des échanges et sur les types de produits forestiers commercialisés.
Limpact des différentes entraves au commerce sera principalement déterminé par la manière dont de nombreux pays importateurs les imposent et par le degré de sévérité des conditions associées à ces mesures. Toutefois, si leur adoption se généralise, leur effet pourrait être beaucoup plus prononcé que les restrictions officielles qui existent actuellement.
iii) La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées dextinction (CITES)Les espèces forestières listées dans la CITES peuvent faire lobjet de restrictions au commerce
La CITES est un accord international dont certains éléments ont, à dessein, un effet restrictif sur le commerce. Il réglemente le commerce international des espèces menacées dextinction par un système de permis délivrés par des autorités désignées dans les pays membres. Des espèces, des sous-espèces ou des populations peuvent être inscrites dans lun des trois appendices de la Convention qui détermine le degré de restriction applicable à leur commerce. LAppendice I interdit purement et simplement les échanges commerciaux; lAppendice II exige un permis dexportation délivré par lAutorité compétente de chaque pays exportateur; lAppendice III exige des permis dexportation pour le(s) pays qui inscrivent lespèce, ou un certificat dorigine émanant dautres pays.
La CITES est récemment devenue un sujet de controverse dans le secteur forestier, car les pays développés, fortement appuyés par des groupes de conservation, ont tenté dinclure dans les appendices de la CITES un certain nombre despèces forestières commercialement prisées que lon trouve dans des pays tropicaux en développement. Certains groupes dintérêt, au plan forestier ou commercial, craignent que la CITES ne soit utilisée pour bloquer ou limiter les échanges, et que le simple fait quune espèce soit inscrite sur une liste - ne serait-ce quà lAppendice III - ne soit préjudiciable au commerce de cette espèce.
c) Quelques questions, fondamentales pour la foresterie, sont encore sans réponse:
· Les mesures qui sont prises sur la base de considérations écologiques et qui font obstacle au commerce sont-elles autorisées dans le cadre des règles commerciales internationalement reconnues? Et comment interpréter les exceptions prévues à lArticle XX (qui prévoit des exceptions générales aux principales règles commerciales pour des raisons de protection de lenvironnement) dans le cas spécifique de la foresterie?· Les boycotts ou les interdictions proclamés par des gouvernements sous-nationaux plutôt que nationaux sont-ils compatibles avec les règles du GATT/OMC? Sur ce sujet, les opinions divergent. Bien que les accords ne contiennent aucune indication claire sur ce point, les règles GATT/OMC obligent les Etats à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que les mesures prises par des organes sous-nationaux soient compatibles avec leurs propres obligations. Reste à savoir ce que cela signifie sur le plan juridique.
Plusieurs des questions qui précèdent sont actuellement à lexamen à lOMC. Etant donné que les produits forestiers ne sont pas couverts par lAccord sur lagriculture, rien noblige à les prendre en considération dans un autre cycle - même sil est désormais presque certain que les produits industriels (et, partant, les produits forestiers) seront couverts.
Il reste également de nombreux problèmes liés à des considérations écologiques qui ont une incidence sur la foresterie, et dont lOMC discute actuellement, qui sont encore loin dêtre résolus. Ils nécessitent des examens et des discussions plus approfondis, voire une modification de certaines disciplines et interprétations des accords GATT/OMC. Parmi ces sujets de préoccupation, plusieurs sont liés aux Accords SPS et OTC, ou à laccès aux marchés.
La réflexion à mener au niveau des pays
Toute personne prenant part aux négociations multilatérales devrait arrêter sa réflexion sur certains problèmes, notamment:
a) Comment garantir aux pays en développement une part des avantages du Cycle dUruguay?b) Comment garantir la mise en uvre effective des réformes du Cycle dUruguay avant den introduire de nouvelles?
c) Quels sont les secteurs dans lesquels les politiques et pratiques actuelles sont discriminatoires et/ou restrictives pour le commerce et doivent être améliorées?
d) Comment remédier aux problèmes dont il est question plus haut, comme les entraves au commerce, en particulier celles qui ont un fondement écologique, tout en atteignant quelques-uns de leurs objectifs?
e) Comment garantir que les problèmes qui intéressent en particulier les pays en développement soient pris en compte?
f) Quelle est la portée des autres accords régionaux et bilatéraux?
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