Lapport calorique moyen par habitant est très bas au Malawi (tableau 8). On a enregistré un net déclin au cours de la première moitié des années 90 par rapport à la période précédente, mais une certaine reprise sest dessinée au cours de la période qui a suivi lAccord sur lagriculture. Pratiquement toute lénergie alimentaire est fournie par des produits dorigine végétale, la consommation de viande et de produits dorigine animale étant très limitée. La part des importations alimentaire dans les dépenses totales dimportation ont augmenté de manière significative au début des années 90, mais ont reculé après lAccord sur lagriculture, les disponibilités alimentaires nationales ayant augmenté.
Tableau 8. Indicateurs de sécurité alimentaire
|
1985-89 |
1990-94 |
1995-99 |
Énergie (kcal/habitant/jour) |
|||
Total |
2 018 |
1 899 |
2 081 |
Produits dorigine végétale |
1 951 |
1 840 |
2 030 |
Produits dorigine animale |
67 |
59 |
52 |
Protéines (g/habitant/jour) |
|||
Total |
57,4 |
51,4 |
52,9 |
Produits dorigine végétale |
51,8 |
46,6 |
48,8 |
Produits dorigine animale |
5,7 |
4,7 |
4,1 |
Matières grasses (g/habitant/jour) |
|||
Total |
29,9 |
26 |
27,8 |
Produits dorigine végétale |
25,7 |
22,2 |
24,1 |
Produits dorigine animale |
4,2 |
3,9 |
3,6 |
Part des importations alimentaires dans les importations totales |
7,8 |
19,5 |
12,7 |
Source: FAOSTAT.
Pendant plus de 30 ans, les politiques gouvernementales ont insisté sur la nécessité de parvenir à lautosuffisance alimentaire, pour assurer la sécurité alimentaire. Lordre du jour du pays relatif à la sécurité alimentaire concerne surtout le maïs, culture qui occupe plus de 60 pour cent des terres cultivables dans le sous-secteur des petites exploitations. Malgré les efforts déployés pour introduire dautres cultures, la recherche et la mise en valeur du maïs ont toujours été mise en avant. Ainsi, il nest pas surprenant que pendant longtemps, une part excessive des terres relevant dun régime coutumier aient été consacrées à la production du maïs, même dans des zones qui ne sont pas adaptées à cette culture. Cette erreur de stratégie permet aussi dexpliquer linefficacité de la vulgarisation qui liait laccès des agriculteurs au crédit à ladoption de variétés améliorées de maïs.
On estime que deux millions de tonnes environ de maïs suffisent pour satisfaire la demande du pays. Toutefois, bien que plus de 60 pour cent des terres cultivables aient été affectées au maïs, la production a souvent été inférieure à la demande. Au cours de la dernière décennie, le niveau de production du maïs a dépassé la demande deux fois seulement (en 1999/2000 et en 2000/2001). Cela était dû principalement aux interventions publiques, notamment au programme dinvestissement destiné à la productivité agricole, qui a élargi les possibilités daccès au crédit et à un programme dincitation qui a fourni de petites quantités dintrants gratuits aux petits exploitants. Les incidences sur les coûts ainsi que des questions liées à la durabilité ont obligé les autorités à limiter le programme dincitation aux couches les plus démunies et les plus désavantagées des communautés rurales, en réduisant ainsi de manière très nette, le nombre des bénéficiaires. La réduction du programme de distribution dintrants gratuits, a été lun des principaux facteurs qui a provoqué le recul de la production de maïs au cours de la campagne 2001/2002.
Au cours de la dernière décennie, du fait de la sécheresse et de la flambée des prix des engrais, les petits exploitants ont opté pour le manioc et les patates douces en plus de la culture du maïs. On estime que la superficie consacrée au manioc a augmenté, passant de 71 919 ha en 1990 à 202 338 ha en 2001, soit une hausse denviron 200 pour cent, selon les estimations du Ministère de lagriculture et de lirrigation. Par ailleurs la production devrait avoir progressé de 167 818 tonnes en 1990 à 3,4 millions de tonnes en 2001.
De même on estime que la superficie consacrée aux patates douces a progressé, de 43 384 ha à 192 457 ha entre 1990 et 2001, soit une progression de 300 pour cent, alors que la production devrait avoir augmenté de 176 999 tonnes à 3,4 millions de tonnes au cours de la même période. Il est généralement admis que la production de manioc et de patates douces a progressé au cours des dernières années, dans le pays, mais les avis divergent quant à lampleur de cette augmentation. Certaines parties prenantes ont mis en doute les estimations du Ministère de lAgriculture et de lIrrigation pour le manioc et les patates douces, plus élevées que même dans certains pays producteurs de manioc dAfrique. Lorsque la production de maïs est réduite comme en 2002, la surestimation dautres sources de nourriture comme le manioc et les patates douces, donne une idée fausse de la situation de la faim dans le pays et retarde laide alimentaire durgence des donateurs tant nationaux quinternationaux. Le retard des secours durgence, du fait de labsence dinformations ou à cause de renseignements erronés, a des répercussions sur la protection sociale et du point de vue financier, susceptibles dentraver le développement social et économique.
Les pénuries de la production céréalière, au cours de la dernière décennie, ont été compensée essentiellement par laide alimentaire, comme indiqué à la figure 1. Le volume des importations et de laide alimentaire ont atteint un record en 1992/93, à la suite de la sécheresse. De 1994 à 1999, la tendance, pour laide en céréales et les importations a diminué. Cela pourrait être attribué aux apports de manioc et de patates douces, dans lalimentation. La production excédentaire, au cours des campagnes 1999/2000 et 2000/2001 tient à la distribution gratuite dengrais et de semences aux petits exploitants, dans le cadre dun programme dincitation. Le pays a pu ainsi couvrir ses besoins en maïs et dégager un excédent, pour la première fois depuis plus de trois décennies.
Figure 1. Importations commerciales de céréales et aide alimentaire au Malawi (milliers de tonnes)