3.1 Croissance des poulpes
3.2 Mortalité
3.3 Evaluation de la sélectivité et du maillage (poulpes et seiches)
3.4 Mesure de la longueur aux fins de l'évaluation des stocks
Le Groupe a examiné les données scientifiques déjà publiées ou communiquées lors de la réunion sur les principales fonctions biologiques des trois groupes de céphalopodes, à savoir les poulpes, les seiches et les encornets. Ces informations sont résumées au Tableau 2; toutefois, aucune donnée sur les encornets n'y figure en raison du manque actuel de connaissances sur cette espèce. Certaines observations sur la distribution, la démécologie et la reproduction des seiches ont été prèsentèes au cours de la rèunion (Annexes 4, 5 et 10), mais les données disponibles au moment de la réunion sur cette catégorie d'espèce étaient trop fragmentaires pour justifier un examen d'ensemble. En fait, la plupart des recherches menées sur la biologie et la démécologie des céphalopodes de la région ont été axées sur les poulpes. C'est pourquoi la section ci-dessous traite essentiellement de cette espèce.
MM. Guerra et Hatanaka ont présenté à la réunion des données sur le développement des poulpes. Leurs courbes de croissance ont été comparées, de même que les résultats préliminaires des expériences de marquage menées par l'Institut espagnol d'océanographie (Laboratoire de Santa-Cruz).
Les essais de détermination de l'âge des poulpes basés sur l'examen de la coquille interne ont tous échoué jusqu'ici. Aussi M. Guerra, comme M. Hatanaka, ont-ils employé la méthode de Petersen et l'analyse des distributions polymodales des fréquences de longueurs. Les résultats obtenus par M. Guerra figurent à l'Annexe 10; ceux de M. Hatanaka sont encore inédits.
M. Hatanaka a étudié séparément la croissance des poulpes capturés - et probablement nés - dans la zone du cap Garnett-cap Barbas et dans celle du cap Blanc, respectivement au printemps et en automne. Aucune différence notable n'a été observée entre le développement des cohortes nées au printemps et en automne, mais le taux de croissance était plus élevé chez les poulpes du cap Blanc que chez ceux du cap Garnett-cap Barbas (K = 0,65 et 0,47 respectivement). Ces résultats sont tirés de l'analyse des distributions trimestrielles des fréquences de longueurs dans les prises commerciales du Japon.
M. Guerra a utilisé les distributions des fréquences de longueurs fournies par plusieurs enquêtes effectuées par l'Espagne (navire de recherche "CORNIDE DE SAAVEDRA") sur les lieux de pêche les plus septentrionaux, ainsi que celles tirées des données sur les prises commerciales (bateau usine "GALICIA"). Les distributions rassemblées entre 1971 et 1975 ont ensuite été regroupées par mois afin d'obtenir un cycle annuel unique permettant d'analyser la progression des longueurs modales. La première détermination - par la méthode de Ford-Walford - des paramètres de l'équation de Von Bertalanffy a donné pour L¥ des valeurs improbables. Par la suite on a applique la méthode de Beverton en utilisant des valeurs hypothétiques de L¥, choisies sur la base de la longueur des spécimens les plus grands observés dans la pêcherie. Selon le Groupe, la valeur la plus probable de L¥ se situe entre 35 et 40 cm (longueur du manteau). Une valeur de K de l'ordre de 0,7¥ 0,8 correspond a ces chiffres hypothétiques pour L¥.
Les deux auteurs s'accordent quant aux époques (deux: printemps et automne) et a l'âge (6-8 mois) de l'entrée dans la phase exploitable chaque année - ou plutôt sur les, pointes de recrutement, car l'époque du frai s'étend sur plus de la moitié de l'année. Leur désaccord porte essentiellement sur le taux de croissance après le recrutement, puis sur l'âge en valeur absolue à une longueur donnée. Le taux de croissance absolu obtenu par le chercheur japonais est sensiblement inférieur à celui calculé par le chercheur espagnol. Si l'on étudie ces courbes par comparaison avec les résultats des expériences de marquage effectuées par l'Espagne, il apparaît que le poids supplémentaire pris par deux spécimens marqués1 pendant leur temps de liberté (respectivement 8 et 3 mois) se rapproche davantage de la courbe de croissance espagnole que de la courbe japonaise.
1 Les autres recaptures ont été faites après des périodes de liberté de très courte durée.Le Groupe a reconnu les grandes difficultés que posent la détermination de l'âge et l'étude de la croissance des cáphalopodes. Il a souligné aussi la nécessité de réaliser des progrès dans ce domaine pour pouvoir évaluer ces stocks car l'application de modèles analytiques est subordonnée à la possibilité de déterminer l'âge des cohortes. Il a par conséquent recommandé d'approfondir ces recherches. Il serait bon à cet effet de procéder a des échantillonnages plus intensifs - par exemple sur une base mensuelle - afin de déterminer avec plus d'exactitude la progression modale. Le Groupe a également estimé que les expériences de marquage, telles que celles qu'a commencées le Laboratoire de Santa-Cruz de Ténériffe, devraient être intensifiées une fois que l'on aura élucidé les causes (perte des marques, irrégularité des rapports soumis par les pêcheurs commerciaux) du faible taux actuel de recapture - principalement après de longues périodes de mise en liberté.
M. Hatanaka a présenté quelques renseignements préliminaires sur la mortalité qui tous concernaient les stocks de poulpes.
a) Mortalité naturelleOn ne possède pas d'estimation fiable de la mortalité naturelle. Des études sur la biologie du poulpe ainsi que des observations locales sur sa croissance et la structure de ses populations indiquent que la relation entre la mortalité naturelle et l'âge est probablement très complexe. La combinaison de la répartition relative des sexes avec la longueur et les distributions des fréquences de longueurs des populations révèle la disparition rapide des femelles dans les captures entre 80 et 110 cm (LT). On pense effectivement qu'il existe au cours de toute la durée de la vie trois périodes, avec des niveaux de mortalité très différents:
- avant le recrutement, mortalité élevée des stades juvéniles, en partie due au cannibalisme et à la prédation;Si ce schéma est exact, la mortalité naturelle au cours de la phase d'exploitation pourrait ne pas être aussi élevée que la brève durée de la vie le ferait penser.- mortalité naturelle modérée pendant la phase d'exploitation (les poulpes sont des carnivores);
- disparition des femelles, qui meurent après la première ponte; les mâles survivent probablement pendant un ou deux années, mais il est possible que beaucoup d'entre eux disparaissent à chaque période de frai.
b) Mortalité par pêche et mortalité totaleM. Hatanaka a présente les observations qu'il avait faites sur les captures commerciales japonaises dans la zone du cap Blanc en 1968 et 1969. En comparant pour deux périodes différentes le total des prises (en nombre) par zone unitaire sur l'ensemble de l'aire de pêche pour la même cohorte, il a obtenu deux estimations de la mortalité totale: 1,3 pour une période de 7 mois et 1,0 pour une période de 5 mois, c'est-à-dire à peu près deux par mois. Depuis 1968-69, le taux d'exploitation a encore beaucoup augmenté dans toute l'aire de pêche. C'est ce que prouvent par exemple les évaluations fondées sur le modèle de production figurant à la Section 4.4. Des évaluations analogues effectuées par Hatanaka et portant uniquement sur la pêcherie du cap Blanc ont abouti à la même conclusion.
Le Groupe a également détermine la distribution des fréquences de longueurs correspondant aux captures espagnoles de 1976 dans la zone du cap Garnett, en utilisant à cette fin les deux courbes de croissance examinées à la Section 3.1. Les résultats suivants ont été obtenus:
- avec la courbe de croissance d'Hatanaka: |
Z2+/1+ = 1,5 |
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Z3+/2+ = 2,3 |
- avec la courbe de croissance de Guerra: |
Z1+/0+ = 3,0 |
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Z2+/1+=2,5 |
A sa première réunion (Rome, juin 1972), le Sous-Comité du COPACE sur la mise en oeuvre des mesures d'aménagement, ainsi que le COPACE a sa troisième session (Santa-Cruz de Ténériffe, décembre 1972), ont recommandé que tous les chaluts ayant un maillage inférieur à 60 mm soient interdits dans les pêcheries de céphalopodes. Cette recommandation avait pour but de faciliter la réglementation du maillage (70 mm) pour le merlu et les sparidés et d'empêcher de tuer un trop grand nombre de sparidés n'ayant pas atteint la taille légale dans les pêcheries de céphalopodes. Toutefois, les données nécessaires aux calculs ayant toujours fait défaut, aucune évaluation du maillage n'a pu être effectuée pour vérifier si l'utilisation de mailles de 60 mm était justifiée du point de vue de l'exploitation rationnelle des céphalopodes. Seuls certains calculs sur les pertes probables à court terme ont été faits (rapport de la deuxième session du Groupe de travail du COPACE sur l'évaluation des ressources, Rome, décembre 1973).
Ces dernières années, les Etats côtiers ont limité à 60 mm le maillage des filets de leur flotte de pêche aux céphalopodes et ont appliqué cette réglementation aux bateaux battant pavillon étranger, mais opérant sous leur juridiction. En conséquence, la plupart des flottes exploitant les céphalopodes dans la zone utilisent actuellement des mailles de 60 ou 70 mm (voir Tableau 1 - Flottes évolution récente du maillage). Le Groupe a donc expressément examiné cette question.
Deux séries de données pourraient en principe servir à évaluer le maillage:
- Poulpes: |
le stock de cap Garnett-cap Barbas exploité jusqu'en 1977 avec des maillages de 40 mm par des bateaux espagnols et de 30/50 mm par des bateaux japonais; la distribution des fréquences de longueurs correspondant aux prises espagnoles en 1975 est disponible; une courbe de sélectivité figure à
l'Annexe 6 du présent rapport. |
- Seiches: |
les fonds de cap Blanc/Nouakchott exploités jusqu'en 1973 avec des maillages de 30/50 mm; la distribution des fréquence de longueurs pour les captures annuelles japonaises figure à l'Annexe 5, rapport de la deuxième session du Groupe de travail du COPACE sur l'évaluation des ressources, Rome, décembre 1973; les données sur la sélectivité se
trouvent à l'Annexe 6 du même rapport. |
A titre d'essai, des calculs ont été effectués en utilisant le modèle de Ricker, les deux courbes de croissance disponibles (Guerra et Hatanaka) et les schémas de mortalité les plus probables. Ces calculs sont résumés à l'Annexe 12. Pour toutes les combinaisons des valeurs des paramètres, ils indiquent que, pour cette zone et les poulpes du moins, l'utilisation de filets à mailles de 60 mm devrait se justifier à la longue.
Le Groupe a toutefois estimé que la meilleure manière d'étudier à fond cette question critique consisterait à entreprendre une analyse des cohortes - de préférence sur une base mensuelle - et à faire des calculs de simulation fondés sur les distributions des fréquences de longueurs (résumés mensuels) déjà disponibles pour les prises espagnoles provenant du stock de poulpes dans la zone de cap Garnett-cap Barbas. Pour effectuer cette évaluation, deux conditions devraient être remplies:
- pouvoir évaluer les captures faites par d'autres pays sur le même stock;Le Groupe a par conséquent recommandé que des chercheurs espagnols entreprennent dès que possible cette évaluation. Il a exprimé l'espoir qu'un rapport sur cette étude pourra être présenté au Groupe de travail du COPACE sur l'évaluation des ressources lors de sa prochaine session prévue pour avril 1979.- pouvoir déterminer la structure des distributions polymodales des fréquences de longueurs (prises espagnoles) (c'est-à-dire pouvoir préciser le schéma de croissance).
Etant donné que le COPACE n'a encore adopté aucune procédure normalisée pour ce groupe d'espèces, le Groupe s'est également demandé comment il conviendrait de mesurer les céphalopodes pour établir des distributions des fréquences de tailles. Pour les seiches et les encornets, qui ont un squelette interne, le Groupe est convenu que la longueur du manteau devrait être adoptée.
Toutefois, la mensuration du poulpe pose des difficultés particulières. Le Groupe a reconnu que le poids (de spécimens frais) se mesure avec plus d'exactitude et qu'il faudrait autant que possible le préférer à la longueur. Mais cela n'est pas toujours vrai (par exemple losque les distributions des fréquences de longueurs sont établies sur des animaux "éviscérés"). Dans ces conditions, il est difficile de savoir s'il faut préférer la longueur totale ou la longueur du manteau. Dans ce dernier cas, les contractions que subit le manteau longtemps après que les animaux ont été capturés compliquent les mensurations. En outre, les limites de mesure restent à définir avec précision. D'autre part, l'utilisation de la longueur totale exige de longues tables de mensuration, ainsi que des extrapolations lorsque les bras des animaux sont endommagés.
En conséquence, le Groupe a recommandé à M. Guerra d'effectuer une enquête parmi divers experts mondiaux sur l'évaluation des stocks de céphalopodes. Les conclusions de son enquête, indiquant les avantages et les inconvénients de chaque type de mensuration et fournissant aussi des définitions précises des distances standard à mesurer (ces définitions devraient également être données pour les seiches et les encornets), seraient communiquées, par l'intermédiaire du Secrétariat du COPACE, aux membres du Groupe de travail du COPACE sur l'évaluation des ressources. Le Groupe de travail devrait alors pouvoir adopter un système standard de mensuration pour établir et déclarer les distributions des fréquences de tailles des céphalopodes.