No.1 février 2009 | ||
Perspectives de récoltes et situation alimentaire | ||
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Dossier sur la situation mondiale de l'offre et de la demande de céréales
La forte augmentation de la production céréalière mondiale en 2008 a ouvert la voie à un redressement de la situation de l'offre et de la demande pendant la campagne commerciale 2008/09. Les dernières prévisions établissent la production céréalière mondiale de 2008 à 2 272 millions de tonnes, soit 6,6 pour cent de plus qu'en 2007 et un nouveau record. La production de toutes les principales céréales a progressé en 2008, mais celle de blé a enregistré la plus forte hausse (figure 1). L'utilisation mondiale de céréales en 2008/09 devrait s'élever à 2 200 millions de tonnes, soit 3,5 pour cent de plus qu'en 2007/08. Du fait de cette marge confortable entre la production et l'utilisation (figure 2), un redressement sensible des réserves céréalières mondiales par rapport à leur très bas niveau au début de la campagne est escompté. L'amélioration de la situation mondiale de l'offre et de la demande de céréales est confirmée par le ratio entre les stocks céréaliers mondiaux à la clôture des campagnes 2008/09 en cours et l'utilisation totale prévue l'année prochaine, qui devrait passer à 23 pour cent, ce qui marque une augmentation par rapport au faible 19,4 pour cent enregistré en 2007/08 et est plus proche de la moyenne à long terme (qui avoisine 24 pour cent). Le blé représente le gros de l'augmentation des stocks céréaliers mondiaux et le ratio pour cette céréale se redressera de manière particulièrement nette, tandis que pour les céréales secondaires, la situation reste relativement plus tendue (figure 3). En complète opposition avec la situation de 2007/08, la production céréalière augmentant essentiellement dans les grands pays exportateurs tandis que l'expansion de l'utilisation fourragère et industrielle ralentit du fait de la crise économique, les disponibilités exportables devraient enregistrer un fort rebondissement (figure 4). Cette évolution a fortement pesé sur les cours céréaliers internationaux, en particulier pendant la première moitié de la campagne 2008/09.
Le blé d'hiver bénéficie de conditions en général propices dans toute l'Europe et aux États-Unis, mais les emblavures dans ces pays ont diminué, du fait de la nette diminution des profits en perspective par rapport à l'an dernier et de la cherté persistante des intrants. Les reculs les plus sensibles seraient enregistrés aux États-Unis et dans les pays européens de la CEI. En revanche, les superficies sous blé d'hiver sont estimées en hausse dans certains pays d'Asie, en particulier ceux où le gouvernement a pris des mesures de soutien pour préserver/stimuler la production, parmi lesquels la Chine, l'Inde et le Pakistan. Toutefois, il semble que ces augmentations n'auront que des répercussions minimes voire nulles, car les principales régions productrices de blé de la Chine connaissent une grave sécheresse, tandis qu'en Inde, les précipitations ont été rares. La superficie définitive ensemencée en blé dans le monde pour la récolte de 2009 dépend encore de quelques semis importants qui seront effectués plus tard dans l'année, par exemple au Canada, en Argentine et en Australie, mais compte tenu des réductions déjà signalées et à supposer que les rendements redeviennent moyens après les niveaux exceptionnels constatés dans certains pays en 2008, il est probable que la quantité de blé récoltée dans le monde diminuera en 2009 par rapport au chiffre record de l'an dernier.
La récolte de maïs de la campagne principale s'annonce désormais mauvaise en Amérique du Sud du fait de la sécheresse généralisée dans les grandes régions productrices, en plus des coûts de production élevés qui ont déjà poussé les agriculteurs à réviser à la baisse leurs intentions de semis par rapport à l'an dernier. De nombreux semis ont été retardés ou sont restés inachevés, tandis que certaines cultures au stade du développement ont été irrémédiablement endommagées et transformées en fourrage. En Afrique australe, en dépit de l'amélioration globale des conditions de croissance grâce à l'arrivée de précipitations bénéfiques, une récolte inférieure au niveau record de l'an dernier est toujours attendue pour 2009. Selon les rapports, les semis seraient en net recul en Afrique du Sud, principal pays producteur de la sous-région, en raison des prix moins attrayants enregistrés cette année, tandis qu'il est à craindre que la cherté des intrants limitera leur utilisation dans toute la sous-région, entraînant ainsi une baisse des rendements moyens dans la région.
La campagne de paddy de 2009 est bien avancée dans les zones rizicoles de l'hémisphère Sud, où la récolte devrait commencer à partir d'avril-mars. L'Indonésie, de loin le plus grand producteur de tous, est sur le point de parvenir à l'autosuffisance en riz en 2009, à condition que l'objectif de 63 millions de tonnes se concrétise. En Amérique du Sud, les perspectives concernant la récolte de paddy de 2009 sont contrastées. Au Brésil, la récolte va bientôt commencer et le volume devrait être encore plus important que celui déjà supérieur à la moyenne rentré en 2008. En dépit de la sécheresse qui touche les autres cultures, l'Argentine a étendu ses semis d'environ 10 pour cent par rapport à l'an dernier. En revanche, l'insuffisance des disponibilités d'eau pour l'irrigation limitera probablement les semis et la production en Uruguay.
Les estimations établissent la production céréalière mondiale de 2008 à 2 272 millions de tonnes (y compris le riz usiné), niveau record en hausse de 6,6 pour cent par rapport à l'année précédente. S'agissant des différentes céréales, l'essentiel de l'augmentation est de loin le fait du blé, même si les récoltes de céréales secondaires et de riz connaissent aussi une progression considérable de par le monde (figure 2). En ce qui concerne la répartition de cette augmentation par région, la production est en hausse dans la plupart des endroits de la planète, à l'exception du Proche-Orient et des pays de la CEI voisins en Asie, où la campagne a souffert de la sécheresse, ainsi que de l'Amérique du Nord, où la production de maïs des États-Unis est en repli par rapport aux résultats exceptionnels de 2007. Toutefois, bien que la production soit en augmentation dans la plupart des endroits, la hausse est pour l'essentiel le fait des pays développés, avec une reprise particulièrement importante de la production de blé. Alors que dans les pays développés, la production céréalière de 2008 est estimée en hausse de 12,3 pour cent par rapport à l'année précédente, elle a progressé de 2,3 pour cent seulement dans les pays en développement. Cette situation s'explique principalement par la faible réaction de l'offre en Asie, qui assure les trois quarts de la production des pays en développement et où le volume céréalier total reste pratiquement inchangé. La croissance modeste enregistrée dans les principaux pays producteurs d'Extrême-Orient, où les résultats ont atteint de nouveaux sommets, a été neutralisée par des réductions au Proche-Orient.
L'utilisation mondiale de céréales devrait atteindre 2 200 millions de tonnes en 2008/09, soit une hausse de 3,5 pour cent par rapport à 2007/08. L'amélioration des disponibilités mondiales et la baisse des prix attendue devraient entraîner une augmentation généralisée de la consommation humaine de céréales par habitant. À l'échelle mondiale, la consommation par habitant atteindrait, selon les prévisions, 153,3 kg, contre 152,6 kg en 2007/08. L'utilisation mondiale de blé devrait augmenter de 5 pour cent en 2008/09, après la contraction enregistrée la campagne précédente, où les disponibilités étaient particulièrement tendues. L'utilisation fourragère du blé devrait augmenter fortement en 2008/09, avec une hausse de 23 pour cent par rapport au niveau réduit de la campagne précédente, pour l'essentiel dans l'UE où la production de blé s'est nettement redressée en 2008. La consommation humaine de blé devrait progresser de 1,3 pour cent globalement pour atteindre 452 millions de tonnes, mais l'augmentation sera la plus forte dans le groupe des pays en développement, à savoir 1,8 pour cent. L'utilisation mondiale de céréales secondaires devrait atteindre 1 103 millions de tonnes, soit 3 pour cent de plus que la campagne précédente. L'utilisation de céréales secondaires dans l'alimentation animale devrait rester pratiquement inchangée en 2008/09, soit quelque 639 millions de tonnes, ce qui s'explique par le fléchissement de la demande suite à la récession économique mondiale et à la préférence accordée au blé fourrager, dont les disponibilités sont abondantes cette année, surtout dans l'UE. Toutefois, la consommation humaine de céréales secondaires devrait progresser de 2 pour cent par rapport à la campagne précédente, pour s'élever à 191 millions de tonnes, l'essentiel de cette hausse étant attendue en Afrique, où plusieurs pays ont connu un accroissement de la production. Le volume de céréales secondaires destinées à d'autres utilisations devrait également augmenter de 9 pour cent cette année pour s'établir à 273 millions de tonnes, principalement du fait d'une nouvelle expansion de l'utilisation de maïs dans la production d'éthanol aux États-Unis. L'utilisation mondiale de riz (destiné principalement à la consommation humaine) devrait augmenter cette année encore, de 2,4 pour cent. Selon les prévisions, la consommation moyenne de riz par habitant passerait à 57,3 kg en 2008/09, contre 56,9 kg environ ces deux dernières années. Alors que la crise financière mondiale a des répercussions négatives sur les revenus des ménages, les consommateurs devraient délaisser les produits animaux onéreux pour privilégier des denrées de base comme le riz.
Compte tenu des dernières estimations concernant la production céréalière de 2008 et de l'utilisation prévue pour 2008/09, la FAO prévoit que les stocks céréaliers mondiaux à la clôture des campagnes se terminant en 2009 se monteront à 496 millions de tonnes, soit le plus haut niveau depuis 2002. Ce chiffre représente une augmentation de près de 70 millions de tonnes (16 pour cent) par rapport au très faible volume enregistré au début de la campagne. Ce redressement devrait être le fait pour l'essentiel des grands exportateurs. Les réserves de blé devraient gagner 24 pour cent par rapport à leur faible niveau d'ouverture. La plupart de cette augmentation est attendue dans l' UE, au Canada et aux États-Unis, où les prélèvements sur les stocks ont été considérables lors de la campagne précédente pour faire face à l'accroissement de la demande et des exportations. Des stocks en nette hausse sont aussi prévus dans plusieurs pays de la CEI, suite à l'augmentation de la production. Selon les prévisions, les stocks de céréales secondaires devraient encore croître en 2008/09, gagnant 15 pour cent par rapport à leur niveau d'ouverture. Comme dans le cas du blé, la plupart de l'augmentation des stocks de céréales secondaires devrait se constater dans les grands pays exportateurs, en particulier dans l' UE où la production de maïs et d'orge s'est redressée. En ce qui concerne le riz, compte tenu des bons résultats des récoltes de 2008, les stocks mondiaux à la clôture des campagnes commerciales se terminant en 2009 devraient aussi enregistrer une forte progression. Si les stocks devraient se reconstituer dans les pays tant en développement que développés, le gros de l'augmentation sera probablement le fait des principaux pays exportateurs de riz, notamment la Chine, l' Inde, la Thaïlande et le Viet Nam.
Les échanges mondiaux de céréales devraient tomber à 263 millions de tonnes en 2008/09, soit 3,6 pour cent de moins que le volume estimatif record de la campagne précédente. Selon les indications actuelles, un fort recul des échanges de céréales secondaires neutraliserait largement l'augmentation attendue en ce qui concerne le blé, tandis que le volume de riz échangé se maintiendra pour l'essentiel au même niveau. Selon les prévisions actuelles, les échanges mondiaux de céréales secondaires de 2008/09 (juillet/juin) devraient reculer de près de 13 pour cent par rapport à la campagne précédente, du fait surtout de la réduction des importations de l'UE, où la production céréalière intérieure s'est considérablement accrue en 2008. Compte tenu de la chute des importations mondiales qui s'annonce, les disponibilités exportables devraient être supérieures à la demande pour cette campagne. En revanche, les échanges mondiaux de blé devraient progresser de 6 pour cent en 2008/09 (juillet/juin), du fait essentiellement de l'intensification de la demande d'importation de l'Asie. Pour l'année civile 2009, il est désormais prévu que les échanges mondiaux de riz, qui dépendent fortement de l'issue de la campagne de paddy de 2008, enregistrent une légère augmentation, pour s'établir à 30,9 millions de tonnes. Alors que certains pays traditionnellement importateurs de l'Extrême-Orient réduiront leurs achats du fait des bonnes récoltes intérieures, l'Union européenne et certains grands acheteurs du Proche-Orient devraient intensifier leurs importations.
Les cours du blé sur les marchés internationaux ont globalement augmenté en janvier, tout en restant assez fluctuants. Les prix sont en hausse suite à la récolte de blé moins abondante que prévu rentrée en Argentine, où le gouvernement a cessé de délivrer de nouvelles licences d'exportation, ainsi qu'aux rapports signalant une réduction des superficies consacrées au blé de 2009 dans certains grands pays producteurs et exportateurs, y compris l'UE et les États-Unis. Toutefois, les disponibilités abondantes accumulées du fait de la récolte record de blé rentrée dans le monde entier en 2008 exercent toujours une pression à la baisse sur les prix. En janvier les cours mondiaux de référence - ceux du blé américain (blé dur roux d'hiver No.2, f.o.b. Golfe) - cotaient en moyenne 7 pour cent de plus que le mois précédent, mais ils se situaient toujours à 33 pour cent de moins que la moyenne enregistrée en janvier l'année dernière et à 50 pour cent de moins que le sommet atteint en février 2008. Comme ceux du blé, les cours mondiaux du maïs ont tendu à la hausse au cours du mois dernier, tout en restant fluctuants. Les prix ont été soutenus par la sécheresse persistante qui compromet la récolte de maïs de cette année en Argentine et au Brésil. Toutefois, le ralentissement des ventes par rapport à la normale aux États-Unis, premier exportateur mondial de maïs, ainsi que le rapport publié par l'USDA à la mi-janvier prévoyant un fléchissement de la demande de maïs en provenance des États-Unis et des stocks de fin de campagne en nette hausse (+ 8 millions tonnes) pèsent sur les prix. Le maïs américain (No. 2 jaune, Golfe) cotait en moyenne 8 pour cent de plus en janvier par rapport à décembre, mais se situait à 17 pour cent de moins que la moyenne enregistrée en janvier de l'an dernier et à près de 40 pour cent au-dessous du sommet de juin 2008. Les cours mondiaux du riz ont augmenté en janvier, le prix du riz blanc thaïlandais 100% B, considéré comme représentatif, étant coté en moyenne 5 pour cent de plus qu’en décembre et se situant bien au-dessus (59 pour cent) du prix pratiqué à la même époque l'an dernier. Le rebondissement des cours mondiaux du riz constaté depuis la fin décembre est en grande partie imputable au programme d'achat de la Thaïlande, premier exportateur mondial, qui a acquis quelque 4 millions de tonnes de paddy sur les marchés pour constituer des réserves publiques, à un prix supérieur de 20 pour cent à celui pratiqué sur les marchés. En dépit du recul des cours mondiaux au deuxième semestre de 2008, les prix intérieurs des produits alimentaires restent très élevés dans plusieurs pays en développement, ce qui compromet l'accès à la nourriture des populations à faible revenu.
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