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1. INTRODUCTION


1.1. PRESENTATION DE LA POLYNESIE FRANÇAISE
1.2. LA FLORE DE LA POLYNESIE FRANÇAISE
1.3. L'ORGANISATION DE LA VEGETATION FORESTIERE
1.4. LES PRINCIPAUX MODES DE FAIRE-VALOIR
1.5. UTILISATIONS DES ESPECES FORESTIERES LOCALES
1.6. LA VEGETATION INTRODUITE PAR L'HOMME
1.7. ASPECTS JURIDIQUES ET PLANIFICATION
1.8. ROLES ECONOMIQUE ET ECOLOGIQUE DE LA FORESTERIE

1.1. PRESENTATION DE LA POLYNESIE FRANÇAISE

La Polynésie française se compose d'environ 118 îles d'origine volcanique ou corallienne (figure 1), couvrant une superficie émergée de 3 500 km2 dispersée sur 5 000 000 km2 (surface équivalente à celle de l'Europe). Le Territoire est composé de cinq archipels:

- l'archipel de la Société composé des îles du vent (Tahiti, Moorea et Tetiaroa) et des îles sous le vent (Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora-Bora et Maupiti);

- l'archipel des Marquises;

- l'archipel des Australes;

- l'archipel des Tuamotu et des Gambier.

Son climat est de type tropical, océanique, chaud et humide. La température de l'eau des lagons oscille entre 23°C et 26°C. Ce territoire se caractérise par la jeunesse de sa population dont 43,1 pour cent (230 000 habitants) ont moins de 20 ans. En 1946, la Polynésie française devient Territoire français d'outre-mer. Le statut actuel résulte de la Loi organique n°93-312 du 12 avril 1996 portant statut d'autonomie de la Polynésie française et de la Loi n°96-313 du 12 avril 1996 complétant la précédente. Le Haut-Commissaire de la République représente l'Etat.

D'origine volcanique, les îles «hautes» du territoire offrent un paysage accidenté. Les sommets culminent parfois au-dessus de 2 000 mètres d'altitude comme à Tahiti (monts Orohena et Aorai), dans les îles Australes (mont Parahu, 1 450 mètres), dans l'île de Hiva-Oa de l'archipel des Marquises (pic Hanaï, 1 260 mètres). Les côtes de ces îles «hautes» sont découpées et des rades sûres abritent des ports. Les îles «basses», comme aux Tuamotu, sont appelées atolls ou couronnes madréporiques, et elles délimitent un lagon abrité et riche d'une vie biologique spécifique.

Papeete, capitale de la Polynésie française, est située à 17 100 km de la Métropole, 8 800 km du Japon, 6 200 km des Etats-Unis et 5 700 km de l'Australie. La densité de population à Papeete est de 1 300 habitants/km2, alors que la Polynésie possède une densité moyenne de 55 habitants/km2.

FIGURE 1: LA POLYNESIE FRANÇAISE

1.2. LA FLORE DE LA POLYNESIE FRANÇAISE

Les facteurs écologiques déterminant la flore polynésienne sont les suivants:

- l'isolement géographique («syndrome insulaire»);
- la taille réduite du Territoire avec des variations selon les îles;
- un âge plus récent que celui des continents;
- l'altitude;
- le substrat calcaire ou volcanique;
- le climat tropical;
- l'occupation humaine.
La Polynésie française compte plus de 70 pour cent de ligneux dans sa flore endémique. Deux familles de ligneux, les Astéracées et les Gesneriacées, sont endémiques. Oparanthus teikiteetinii est une des plus grandes Astéracées du Pacifique (hauteur supérieure à 12 mètres). Le genre Fitchia est également endémique de la Polynésie orientale avec des arbres de 10 mètres de hauteur. Le genre Cyrtandra présente des arbrisseaux de 4 mètres de hauteur et appartient à la famille des Gesneriacées rencontrée jusqu'en Malaisie.

La flore endémique comporte 500 espèces, soit pratiquement 75 pour cent du nombre total d'espèces présentes dans les îles (estimé à 675 espèces).

Le recensement de la flore est en cours, sous l'égide de l'IRD[1] et de la Délégation à la recherche de Polynésie. Le premier tome de la flore de Polynésie, paru en 1997, décrit sept familles: Cannabaceae, Cecropiaceae, Euphorbiaceae, Moraceae, Piperaceae, Ulmaceae et Urticaceae. L'auteur, Jacques Florence, est botaniste chercheur au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Les descriptions morphologiques s'effectuent à partir d'un herbier qu'il a lui-même rassemblé, fruit d'une collecte de 1982 à 1994. L'auteur s'appuie également sur les résultats des nombreuses expéditions de naturalistes, de collectionneurs et de découvreurs, qui se sont succédées depuis les années 1770 (le fichier des collecteurs de «Nadeaud» recense environ 300 collecteurs individuels).

1.3. L'ORGANISATION DE LA VEGETATION FORESTIERE

Il n'existe pas à proprement parler d'étude phytosociologique. Des formations végétales, ensembles de végétaux homogènes (faciès primaires), ont été néanmoins distinguées en fonction de l'altitude (étagement de la végétation), la pluviométrie, l'exposition au vent, l'ensoleillement et de la nature du substrat. Ces faciès primaires, transformés sous l'action de l'homme, sont appelés faciès de dégradation. De plus, dans l'Atlas de la Polynésie française[2], au chapitre sur l'écologie, se trouve un tableau de la distribution de la végétation zonale de Tahiti et de Moorea (archipel de la Société).

Schématiquement, la distribution de la végétation, et donc des types de forêt naturelle, est la suivante:

- La végétation paralittorale des plaines côtières ou des îles basses (motu, atolls)

Il n'y a pas vraiment de forêts sur les plaines côtières ou les îles basses mais il reste quelques espèces forestières disséminées, indigènes et naturalisées. Il existe des espèces alimentaires (par exemple, le cocotier), ornementales, d'autres utilisées pour la protection des sols ou comme brise-vent (l'aïto [Casuarina equisetifolia] par exemple). Les bosquets sont composés de Hibiscus tiliaceus (purau), Calophyllum inophyllum (tamanu), Barringtonia asiatica (hotu), Thespesia populnea (miro), Hernandia nymphaeifolia (ti'anina) et Casuarina equisetifolia (aïto)

Sur les sols calcaires, il existe des lambeaux de forêts à Pandanus (fara) et à Pisonia (pu'atea), ainsi qu'une brousse pionnière à l'intérieur des terres sur sables coralliens composée de Hibiscus tiliaceus (purau), Thespesia populnea (miro), Hernandia nymphaeifolia (ti'anina) et Barringtonia asiatica (hotu).

- Les formations de basse et moyenne vallée (série hygrophile)

Ces formations se situent jusqu'à 200 mètres d'altitude. Les espèces indigènes de la strate arborescente sont Hibiscus tiliaceus (purau), Neonauclea forsteri (mara), Rhus taitensis (apape) et Alphitonia ziziphoides (toi). Les espèces exotiques sont quant à elles Aleurites moluccane (tiairi, bancoulier) et Inocarpus fagifer (mape).

Les landes à fougères (Gleichenia anuhe) se trouvent en épais fourrés sur les sols les plus pauvres résultant d'anciennes occupations humaines ou de feux. Les cultures maraîchères et les cocoteraies font partie également de ces formations de basse et moyenne vallée. On retrouve aussi des goyaviers (Psidium guajava), faux pistachier (Syzygium cuminii), Albizzia et Lantana. Le miconia (Miconia calvescens) est quant à elle une peste végétale couvrant plus de 60 pour cent de la surface de Tahiti.

- La série mésophile des groupements des collines de basse et moyenne altitude

Cette série, la plus étendue et la plus dégradée, se rencontre jusqu'à 400-600 mètres d'altitude. Elle inclut la forêt à Metrosideros collina (puarata), espèce accompagnée de Commersonia bastramia (mao) et Xylosma suaveolens. Les formations dégradées par les feux incluent Lantana camara et Psidium guajava (goyavier jaune).

- La végétation humide de moyenne et haute montagne (pentes, ravins, sommets) et des parties supérieures des grandes vallées

Cette végétation se situe entre 600 et 1 500 mètres d'altitude et elle est constituée de forêts à Metrosideros, Weinmannia et Alstonia avec comme variante les forêts de nuage à Ilex, Streblus et Cyathea. L'endémisme y est très important.

- La végétation des crêtes d'altitude et des sommets

Cette végétation se situe au-delà de 1 500 mètres d'altitude et elle est proche de la série à Metrosideros - Weinmannia. Il s'agit plutôt d'un maquis qu'une forêt du fait de l'action des vents, de la lumière et de la baisse des températures. La forêt est rabougrie, claire et à haut degré d'endémisme (Tahiti, Moorea et Raiatea).

1.4. LES PRINCIPAUX MODES DE FAIRE-VALOIR


1.4.1. Les différents types d'utilisation des terres
1.4.2. Les obstacles au développement agricole et forestier

1.4.1. Les différents types d'utilisation des terres

Le tableau 1 présente la répartition des différents types d'utilisation des sols de la Polynésie française.

TABLEAU 1: LES DIFFERENTS TYPES D'UTILISATION DES TERRES EN POLYNESIE FRANÇAISE

Utilisations des terres

Surfaces (ha)

Forêt et végétation naturelle

Environ 70% des îles hautes

Utilisations agricoles

18 534*


Maraîchage

400

Cultures vivrières

860

Cultures fruitières

1 924

Cultures florales

229

Vanille

230

Café

127

Pâturage

13 780

Jachère

464

Jardin familial

66

Plantations de cocotiers

12 à 15 000

Plantations forestières de pins des Caraïbes

4 236 (dont 50% déclassés)

Total

352 120

* Source: recensement de l'agriculture de 1995

1.4.2. Les obstacles au développement agricole et forestier

Dans les îles hautes, peu de terres sont utilisables en raison du relief montagneux et accidenté. En effet, 47 et 24 pour cent des sols de Tahiti ont respectivement des pentes de 50 à 100 pour cent et de plus de 100 pour cent. Or, à partir de 50 pour cent de pente, il existe un problème de stabilité des engins mécaniques. Les tableaux 2 et 3 présentent les aptitudes culturales et forestières des sols de Tahiti.

Seulement 30 pour cent des terres aptes à la culture dans la plaine littorale et sur les plateaux de Tahiti sont réellement mis en valeur par les cultures vivrières, maraîchères, les vergers d'agrumes, les pâturages et la cocoteraie (tableau 2). En effet, l'indivision foncière reste un important obstacle à tout développement agricole ou forestier. Les surfaces plantées en pins sont quant à elles encore plus faibles que celles de la catégorie précédente, et seule une petite partie de cette superficie serait exploitable. En effet, ces plantations ont été effectuées sur des sols impropres à leur culture.

TABLEAU 2: APTITUDES CULTURALES ET FORESTIERES DES SOLS DE TAHITI

Types

Surface

ha

%

Terres cultivables (classes I et II)

10 100

9,6

Terres actuellement cultivées

3 000

2,9
(30% des terres cultivables)

Plantations de pins sur des terres impropres à la culture

450
(dont 330 déclassés)

0,4 (0,3)

Surface totale de Tahiti

105 200

100

Source: étude ORSTOM (Jamet, R.1987. Les sols et leurs aptitudes culturales et forestières de Tahiti)
Plus des trois-quarts de la surface de Tahiti sont inaptes à toute culture agricole. Cependant, 63 000 hectares (soit 60 pour cent de la surface totale de Tahiti) pourraient être reboisés. En réalité, il est inconcevable que la majeure partie de la végétation et de la forêt naturelle existantes soit reconvertie en forêt artificielle.

La forêt naturelle, couvrant environ 70 pour cent de la surface de l'ensemble des îles hautes de Polynésie, a été largement décimée, détruite et brûlée. Elle est notamment envahie par des espèces végétales nocives comme, entre autres, Lantana camara (lantana), Psidium guajava (goyavier jaune), Leucaena leucocephala (acacia), Syzygium cuminii (faux pistachier), Spathodea campanulata (tulipier du Gabon) et Miconia calvescens (miconia). Cette dernière espèce est devenue un véritable fléau, étouffant et supplantant progressivement la forêt naturelle. Les trois-quarts de l'île de Tahiti seraient actuellement touchés par cette peste végétale.

Les obstacles au développement forestier sont, comme pour le développement agricole, des problèmes liés à la maîtrise du foncier et à la pression de l'habitat sur les îles les plus peuplées (par exemple Tahiti), le manque de tradition forestière, le manque de professionnalisme en matière d'exploitation forestière et de sciage, la présence d'un lobbying puissant des importateurs de bois, le déséquilibre entre l'offre du bois en provenance des îles les moins peuplées (comme les Marquises) et la demande (le marché des consommateurs se trouve sur les îles du vent et celles sous le vent).

TABLEAU 3: REPARTITION DES CLASSES D'APTITUDE CULTURALE ET FORESTIERE DE TAHITI

Classes

Surfaces

ha

%

Terres cultivables (classes I et II)
Terres de bonne et assez bonne capacité agrologique

10 100

9,6

Terres susceptibles d'être cultivées Terres de capacité agrologique moyenne à médiocre (classes III et IV)

Classe III (bois d'ébénisterie)

5 500

4,8

Classe IV

Plantation forestière (pentes 20 à 50%)

12 000

11,4

Reforestation

45

0,04

Sous total

17 400

16,5

Terres non appropriées à la culture pouvant être reboisées (classes V et VI)

Terres de mauvaise capacité agrologie (classe V)

A laisser en végétation naturelle (forêt) ou reforestation

49 000

46,6

Plantations forestières à essences nobles (50 à 100%) de pente

440

0,4

A conserver sous végétation naturelle ou plantations forestières

1 400

1,3

Terres de très mauvaise qualité agrologique (classe VI)

Végétation naturelle à conserver

1 400

1,3

Possibilité de reboisement

10 600

10,1

Sous total

63 000

59,9

Terres inutilisables (classe VII)/terres de capacité agrologique nulle (de pente supérieure à 120%)

14 700

14,0

Surface totale de Tahiti

105 200

100

Source: Jamet, R. 1987. Les sols et leurs aptitudes culturales et forestières. ORSTOM.

1.5. UTILISATIONS DES ESPECES FORESTIERES LOCALES

Malgré la prédominance de la forêt sur les îles hautes, les espèces forestières intéressantes sur le plan économique sont rares. En effet, il existe seulement quelques espèces utilisées, ou anciennement utilisées, comme par exemple Cordia subcordata (tou) et Thespesia populnea (miro) pour le bois de sculpture. Nauclea forsteriana (ou Neonauclea forsteri, mara), Artocarpus altilis (maiora) et Hibiscus tiliaceus (purau) sont utilisés pour la fabrication de pirogues.

Les boisements les plus riches ont disparu progressivement du fait des activités humaines (agriculture vivrière, cocoteraie, urbanisation), de la divagation du bétail et des feux de brousse.

Jusqu'à présent, les lambeaux existants de forêt naturelle n'ont pas été gérés de manière durable. En effet, sauf pour certains cas isolés, la cueillette d'arbres continue sans préocuupation pour la régénération de la ressource. Un programme de reboisement de feuillus a toutefois été initié en même temps que celui à base de pins mais il n'a pas été vraiment suivi. Par conséquent, les plantations réalisées et entretenues sont de très faibles étendues.

Un des objectifs poursuivis dans le cadre des propositions pour le futur Contrat de développement (2000-2004) est de réaliser des plans d'aménagement forestier par île qui prennent en compte à la fois la forêt naturelle et les boisements locaux. Cependant, l'œuvre à réaliser est vaste car à ce jour, aucune étude sérieuse n'a été réalisée sur les bois locaux. L'investigation et la détermination de la valeur de ces espèces sur le plan des ressources génétiques forestières est donc de première importance.

1.6. LA VEGETATION INTRODUITE PAR L'HOMME


1.6.1. Epoque pré-européenne
1.6.2. Les plantes introduites par les européens
1.6.3. Les plantations forestières

1.6.1. Epoque pré-européenne

La majorité des espèces utiles polynésiennes introduites par les polynésiens lors de leurs migrations vient d'Indo-Malaisie. Ainsi, les polynésiens se sont tout d'abord intéressé aux plantes fournissant des fibres pour les filets et les lignes de pêche (par exemple, Hibiscus tiliaceus) et à l'emploi de plantes ichtyotoxiques pour la pêche (hotu [Barringtonia asiatica] et hutu reva). Des espèces étaient couramment utilisées pour la médecine traditionnelle, la confection d'étoffes et la teinture. Il existait également des plantes magiques et rituelles (santal [Santalum L spp.], banian [Ficus benghalensis], etc.). Le cocotier (Cocos nucifera) et les plantes à fruits (uru [Artocarpus altilis], bananier [Musa spp.], pomme cythère [Spondias cythera], kava [Nephelium pinnatum], mape [Inocarpus fagiter]) furent également introduits et adaptés au milieu.

Il est important de souligner que les polynésiens sont plutôt des horticulteurs que des agriculteurs. Ils possèdent en effet un certain savoir-faire en matière d'adaptation aux sols et de transformation des plantes à leurs besoins.

1.6.2. Les plantes introduites par les européens

Les plantes introduites depuis deux siècles par les missionnaires, les marins, les militaires et par quelques particuliers passionnés d'horticulture tropicale, sont à usages alimentaire, ornementale ou destinées à l'exportation. Toutes les zones accessibles de basse et moyenne altitude ont ainsi été profondément modifiées au niveau du paysage et de leur flore indigène. Ces introductions n'ont pas été toutes bénéfiques car certaines plantes sont devenues envahissantes et incontrôlables. Ainsi, le miconia (Miconia calvescens) est une plante ornementale envahissante introduite par Harrison Smith pour son jardin de Papeari (collection de 250 espèces introduites).

Les introductions à des fins ornementales ont été de loin les plus importantes et elles représentent une collection de plus de 1 000 espèces introduites. Les espèces légumières introduites sont au nombre d'une cinquantaine et celles fruitières une centaine. Parmi ces dernières, un certain nombre peut être exploité aussi pour le bois. Des espèces forestières furent également introduites pour protéger et améliorer les sols (Albizzia falcata par exemple). Seules des espèces non forestières furent introduites et cultivées pour l'exportation telles que l'oranger, le café, le coton, la vanille, le tabac, le poivre et le cacao. Toutes sont présentes dans la flore polynésienne mais seuls l'oranger, le café et la vanille sont encore exploités.

1.6.3. Les plantations forestières

Après la seconde guerre mondiale, des introductions végétales ont été tentées afin de créer un massif forestier (eucalyptus et pins tropicaux). Une Section «eaux et forêts» fut alors créée au sein du Service de l'agriculture en 1966. Le premier objectif fut alors de reboiser les terrains soumis à l'érosion ou détruits par les feux de brousse. La principale essence retenue fut Albizzia falcata, légumineuse originaire d'Asie du sud-est et 2 375 hectares furent plantés dont 50 pour cent sur les îles sous le vent. Néanmoins, sa régénération naturelle est parfois si abondante que dans certains secteurs, l'espèce devient envahissante. Une étude faisant le point de cette situation serait nécessaire.

A partie de 1977, une véritable politique forestière a vu le jour et un programme de plantation de pins a été prévu afin de produire le bois d'œuvre nécessaire aux besoins du Territoire. Les plantations de Pinus caribaea, originaire des Antilles occidentales et d'Amérique centrale couvrent actuellement plus de 4 200 ha répartis sur les îles hautes de Polynésie (tableau 4). Néanmoins, le programme prévu initialement n'a pas pu être entièrement réalisé en raison de difficultés administratives du Service gestionnaire. Afin de ne pas venir en concurrence avec d'autres utilisations, ces plantations ont été mises en place sur des landes dégradées à fougères (Gleichenia, Melinis ou Miscanthus) et parfois sur des terrains à très fortes pentes, ce qui a eu pour conséquence le déclassement de 50 pour cent des terres plantées.

Des plantations plus limitées ont été réalisées avec des feuillus, principalement Swietenia macrophylla, Swietenia mahogany, Cedrella odorata, Khaya senegalensis et Tectona grandis.

TABLEAU 4: EVALUATION DES SURFACES EXPLOITABLES DES PLANTATIONS DE PINUS CARIBAEA

Iles

Surface de production ou utile (ha)

Surface déclassée (ha)

Surface de protection (ha)

Total (ha)

Privée

Dom.

Total prod.

Privée

Dom.

Total

Iles du vent

Tahiti

120


120

330


330


450

Moorea

40

70

110

50

20

70


180

Iles sous le vent

Raiatea

450

50

500

230

10

240


740

Tahaa

140


140

60


60


200

Huahine



0



270


270

Iles Marquises

Nuku Hiva


650

650


320

320

260

1 230

Hiva Oa

120

160

280

250

70

320


600

Iles Australes

Tubuai

100

70

170

30

20

50


220

Rurutu

30


30

30


30


60

Raivavae



0

?

?

90


90

Rimatara



0

?

?

31


31

Rapa



0

?

?

45


45

Tuamotu - Gambier



0

?

?

120


120

Total

1 000

1 000

2 000

(980)*

(440)*

1 976

260

4 236

* Totaux incomplets

1.7. ASPECTS JURIDIQUES ET PLANIFICATION


1.7.1. Législation forestière
1.7.2. Législation au titre de l'aménagement et de l'urbanisme de la Polynésie française
1.7.3. Législation au titre de l'environnement et de la protection de la nature
1.7.4. Législation au titre de la police phytosanitaire
1.7.5. Politique forestière nationale et institutions

1.7.1. Législation forestière

Le texte de base est constitué par l'Arrêté n°367/TP du 29 avril 1942 portant réglementation des coupes de bois dans les établissements français libres d'Océanie. La réglementation forestière de 1958 (Délibération n°58-13 du 7 février 1958 sur le régime des eaux et forêts modifié) porte quant à elle sur la protection des sols et des forêts. Elle réglemente les autorisations de coupe et de défrichement. En effet, elle interdit les défrichements par le feu depuis 1974.

De plus, une Commission administrative territoriale de reboisement a été créée le 30 décembre 1976 mais qui n'est plus opérationnelle aujourd'hui. Des travaux de reboisement avaient alors été initiés pour:

- le maintien des terres sur les montagnes et les pentes;
- la défense des sols contre l'érosion;
- la protection des côtes;
- la protection des sources et cours d'eau;
- la défense des ouvrages d'art;
- la salubrité politique;
- l'amélioration du patrimoine forestier territorial.
L'Arrêté n°424/CM du 18 mai 1993 réglemente les tarifs de cessions et de prestations réalisées par la Section des eaux et forêts du Service de l'économie rurale pour le compte des tiers.

1.7.2. Législation au titre de l'aménagement et de l'urbanisme de la Polynésie française

Un Code de l'aménagement de la Polynésie française a été publié et mis à jour le 15 juillet 1996. Le titre I «Etablissement et mise en place des plans d'aménagement» définit les trois grands types d'aménagement existants sur le Territoire:

- le Schéma d'aménagement général dit SAGE qui s'apparente au SDAU métropolitain (Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme);

- le Plan général d'aménagement dit PGA (équivalent du POS, Plan d'occupation des sols);

- le Plan d'aménagement de détail dit PAD.

L'élaboration des PGA est en cours mais ils ne peuvent être initiés que si la commune le demande.

La réglementation concernant les zones d'urbanisme a instauré le 3 mars 1999 cinq catégories de zone naturelle:

- les zones d'urbanisation future;
- les zones naturelles ordinaires;
- les zones de richesse naturelle, incluant:

- les zones de sites protégés en raison de la qualité des sites naturels ou urbains;
- les zones de risque ou de nuisance.

En outre, cette nouvelle réglementation permet la définition des espaces boisés à conserver ou à créer dans chacune de ces zones.

1.7.3. Législation au titre de l'environnement et de la protection de la nature

Il n'existe pas de Code de l'environnement. Néanmoins, la Commission des sites naturels et monuments historiques a été créée en 1962. La Convention sur la protection de la nature dans le Pacifique sud, signée à Apia le 12 juin 1976, a été publiée par la Polynésie française le 1er février 1994. La Convention pour la protection des ressources naturelles et de l'environnement de la région du Pacifique sud a été signée, quant à elle, le 24 novembre 1986.

Le texte relatif à la protection de la nature est constitué par la Délibération n°95-257/AT du 14 décembre 1995. Il comprend les définitions, les principes généraux, les types de classement des espaces naturels protégés (six catégories selon l'UICN), la protection de la faune et de la flore (liste des espèces rares, vulnérables, en danger ou d'intérêt particulier) et les modalités de protection, l'interdiction d'introduire des espèces nouvelles et la liste des espèces menaçant la biodiversité.

L'Arrêté n°296/CM du 18 mars 1996 inscrit certaines espèces sur la liste des espèces protégées relevant de la catégorie A. Parmi les 19 plantes protégées se trouve Santalum insulare var. insulare. L'Arrêté n°244/CM du 12 février 1998 inscrit quant à lui certaines espèces végétales envahissantes sur la liste des espèces menaçant la biodiversité.

En matière de zones protégées, la réglementation en vigueur se compose de:

- l'Arrêté n°1472/CM du 26 décembre 1997 portant classement du domaine territorial Vaikivi (Ua Huka) en espace naturel protégé;

- l'Arrêté n°678/CM du 5 juin 1989 portant classement de la vallée Faaiti appelée parc naturel territorial de Faaiti;

- l'Arrêté n°609/CM du 30 mai 1990 agréant la charte du parc naturel territorial de Faaiti;

- l'Arrêté n°1230/CM du 12 novembre 1992 prononçant le classement des atolls Scilly (Manuae) et Bellinghausen (Motu One) en réserve territoriale sis dans la commune de Maupiti;

- l'Arrêté n°1460/CM du 27 décembre 1996 approuvant la charte de réserve territoriale Scilly (Manuae) et Bellinghausen (motu one);

- l'Arrêté n°2559/DOM du 28 juillet 1971 portant classement en vue de leur préservation du lagon de l'île Manuae ou Scilly dépendant de la circonscription administrative des îles sous le vent et de divers îles et îlots dépendant de la circonscription administrative des îles Marquises.

1.7.4. Législation au titre de la police phytosanitaire

Toutes plantes et parties de plantes (fruits, fleurs, feuilles, branches, racines, graines) sont rigoureusement interdites à l'importation sur le Territoire de la Polynésie française sauf sur présentation d'un certificat phytosanitaire international. Pour importer des fleurs et des fruits, une autorisation spéciale est nécessaire, celle-ci pouvant être obtenue auprès du Département de la protection des végétaux (DPV) du Service du développement rural.

La législation en matière de police phytosanitaire est composée de:

- la Loi n°52-1256 du 26 novembre 1952 relative à l'organisation de la protection des végétaux dans les Territoires relevant du Ministère de la France d'outre-mer;

- le Décret n°61-1533 du 22 décembre 1961 portant publication de la Convention internationale pour la protection des végétaux (Résolution 14/79 FAO);

- la Délibération n°93-155 du 3 décembre 1993 portant protection des végétaux sur l'ensemble du Territoire de la Polynésie française.

1.7.5. Politique forestière nationale et institutions

Les grands axes de la politique forestière figurent dans les documents suivants:

- les textes des différents Contrats de développement;

- l'Arrêté n°446/CM du 24 avril 1995 portant organisation du Service du développement rural et en particulier son article 23 sur les missions du Département «forêt et gestion de l'espace rural»;

- l'expertise menée par le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) en avril/mai 1996;[3]

- la Communication n°75/MAG/CM en Conseil des Ministres du 23 novembre 1997 du Ministre de l'agriculture et de l'élevage sur le réajustement de la politique forestière polynésienne.

1.8. ROLES ECONOMIQUE ET ECOLOGIQUE DE LA FORESTERIE

Les forêts et les arbres sont importants à l'échelle nationale d'un point de vue paysager (cadre de vie), écologique, patrimonial et économique (notamment pour la sculpture). Néanmoins, le chiffre d'affaire issu du bois des pins locaux est insignifiant. En effet, les peuplements arrivent seulement à maturité pour certains boisements et la mise en place d'entreprises d'exploitation forestière et de sciage est en cours. Les feuillus font l'objet de récolte de bois secs pour les sculpteurs dont le chiffre d'affaire est, quant à lui, non négligeable, le bois brut étant souvent cédé gracieusement. Cette activité mène ainsi au pillage de la ressource.

La demande pour le bois d'œuvre serait actuellement satisfaite par les importations (lobbying important). En 1996, 24 000 m3 de bois sciés de conifères importés ont coûté 880 millions de Franc Pacifique[4].


[1] Institut de recherche pour le développement, France, ex ORSTOM (Office de la recherche scientifique et technique d’outre mer), France.
[2] Dupon, Bonvallot & Vigneron, 1993. Atlas de la Polynésie français. Edition de l’ORSTOM, Paris.
[3] CIRAD, 1996. Réévaluation de la politique de reboisement en pins des Caraïbes en Polynésie. France.
[4] 1 Euro équivaut à 119 Francs Pacifique (F CFP)


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