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2.5 Quelques facteurs à prendre en considération pour définir de nouveaux tarifs consolidés

Les tarifs consolidés sont une solution flexible qui permet de varier les tarifs appliqués afin d'atteindre certains objectifs, comme par exemple de stabiliser des marchés. Les droits effectivement appliqués à un moment donné dépendent cependant des circonstances économiques du moment. La question qui se pose est simple - quel est l'éventail de droits consolidés le plus approprié pour garantir le degré de flexibilité nécessaire pour poursuivre certaines politiques dans les années à venir? Etant donné que, dans le système de l'OMC, la consolidation des tarifs a des implications à long terme - les taux étant consolidés jusqu'à la renégociation suivante -, cette question demande une vision stratégique et une analyse approfondie de la situation produit par produit. Les paragraphes suivants présentent les différentes variables économiques et non-économiques qu'il est souhaitable de prendre en compte dans l'idéal, lors de cette analyse.

Pourquoi consolider les tarifs à des taux différents?

Proposer, éventuellement, une structure tarifaire différenciée. Dans le CU, la plupart des pays les moins avancés et un grand nombre de pays en développement se sont engagés à appliquer un seul droit consolidé pour tous les produits agricoles (par exemple de 100 pour cent ou de 150 pour cent). Mais l'adoption d'une structure tarifaire différenciée présente aussi quelques avantages. Premièrement, elle permet d'établir des consolidations plus élevées pour certains produits (par exemple, pour les produits dits «sensibles») tout en atteignant la réduction moyenne globale visée et en réduisant davantage les tarifs applicables à d'autres produits (par exemple, les produits «moins sensibles»). C'est notamment le cas lorsque l'on utilise la formule du CU pour les réductions. Cette approche a du reste été suivie par de nombreux pays dans le cadre du CU.

Identifier un sous-groupe de produits sensibles. Si un pays décide de différencier ses tarifs consolidés, il va de soi que l'étape suivante consistera à identifier ces produits ou sous-secteurs «sensibles». Ceci suppose qu'il existe des critères bien définis. La sécurité alimentaire, par exemple, qui est souvent citée; mais il faut ensuite pousser l'analyse plus loin et identifier les produits et secteurs nécessaires à la sécurité alimentaire. Or ceux-ci ne sont pas nécessairement des aliments, notamment si d'autres produits/sous-secteurs contribuent pour une part significative aux revenus et ressources des personnes pauvres ou en situation de précarité alimentaire. L'emploi, ou la protection des industries naissantes, la répartition des revenus, voire les recettes, peuvent ainsi fournir d'autres critères. Il faudra ensuite pousser l'analyse afin de définir une fourchette approximative dans laquelle les tarifs applicables à ces produits ou sous-secteurs pourront varier. Les variations prévues des cours mondiaux des produits alimentaires seront également un des facteurs à prendre en considération. Dans le même temps, comme dans toute négociation, il faudra aussi être prêt à renoncer à quelque chose en échange - et donc identifier les produits/sous-secteurs pouvant «s'accommoder» de faibles tarifs consolidés. Il pourra s'agir, par exemple, des filières d'un produit ou d'un sous-secteur capables d'absorber certains chocs, ou dans lesquelles le pays est censé être compétitif.

S'assurer de la cohérence des taux plafonds consolidés

Examiner attentivement le cas des produits «apparentés». Lorsque des produits concurrencent ou remplacent d'autres produits, aux stades de la production et de la consommation, les taux tarifaires qui leur sont applicables devraient être consolidés de manière cohérente. Au Sri Lanka, par exemple, pendant la période 1995-98, le gouvernement a jugé souhaitable de varier les droits sur le riz jusqu'au plafond autorisé par le taux consolidé, en réaction à l'évolution des prix du blé, en concurrence étroite avec le riz auprès des consommateurs. Dans un autre exemple provenant d'un autre pays, les droits d'importation sur quatre types d'huiles végétales ont été consolidés à 45 pour cent, alors que ceux des autres huiles étaient plafonnés à 300 pour cent. Etant donné que les huiles végétales sont largement interchangeables aux yeux du consommateur, la consolidation de 45 pour cent (plus ou moins une certaine marge due aux différences des cours mondiaux) sert essentiellement à fixer la limite maximale des droits de douane qui peuvent être prélevés sur n'importe quelle huile végétale, à moins que l'objectif ne soit de limiter les importations d'un certain type d'huile, moyennant un droit plus élevé. Dans ce cas, la consolidation de 300 pour cent n'a guère de signification pratique. Il faut tenir compte de ce type de considérations lorsque l'on analyse une nouvelle série de consolidations tarifaires pour des produits apparentés ou assimilés.

Droits de douane sur les produits transformés. Dans de nombreux cas, les tarifs doivent être fixés en tenant compte des enjeux de l'ensemble du secteur. Par exemple, si l'objectif est de protéger (ou de ne pas pénaliser) les minoteries ou l'industrie de transformation des huiles végétales, il faut prendre en compte dans l'analyse le concept du taux de protection effectif (voir Module I.4), car il déterminera la relation appropriée entre les droits de douane sur les intrants (ex: blé) et sur les produits finaux (ex: farine). De nombreux exemples peuvent être trouvés dans les Listes du Cycle d'Uruguay où cet aspect ne semble pas avoir été pris en considération lors de la fixation des taux consolidés.

Résoudre le problème des taux consolidés très faibles ou nuls. Quelques pays sont également confrontés à des difficultés du fait que les taux ont été consolidés à des niveaux extrêmement bas ou à zéro dans le cadre du CU. La raison pour laquelle ils ont choisi de consolider leurs tarifs à des taux aussi bas, par exemple en deçà de la fourchette de variation normale des cours mondiaux, n'est pas très claire. On peut prendre pour exemple un pays ayant consolidé les tarifs applicables à la majorité des céréales à un taux compris entre 10 et 20 pour cent. A-t-il agi ainsi par négligence - par exemple parce qu'il n'a pas apprécié à sa juste valeur l'importance des consolidations tarifaires, ou à dessein? Dans certains cas - par exemple en Inde, pour le riz, quelques céréales secondaires et quelques produits laitiers - les taux plafonds ont été consolidés à zéro dans les cycles de négociations antérieurs, lorsque cela ne posait guère de problème (jusqu'à une époque récente) car le commerce des produits agricoles était principalement réglementé par des obstacles non tarifaires. Dans un système reposant uniquement sur les droits de douane, et compte tenu aussi peut-être des réformes économiques, ces consolidations égales à zéro pourraient créer des problèmes, surtout si les produits concernés sont des produits «sensibles».

S'assurer de la cohérence entre les taux NPF et les taux régionaux. Lorsqu'ils auront à négocier les nouveaux taux tarifaires au titre de la Nation la plus favorisée (NPF) dans le cadre des discussions multilatérales, les pays devront en outre tenir compte du taux NPF consolidé que d'autres Membres d'un accord régional commercial (ARC) se sont engagés à ne pas dépasser. Cette question ne se pose pas dans le cas des unions douanières qui appliquent une série de tarifs extérieurs communs mais elle intéresse en revanche les Zones de libre-échange, dans laquelle les Membres appliquent normalement des tarifs NPF différents. Cet examen aidera à maintenir la compatibilité entre les taux NPF pratiqués par les pays membres et évitera d'éventuels problèmes commerciaux.

Les autres questions liées à la fixation des tarifs consolidés

Accessibilité à des mesures de sauvegarde en cas d'imprévus. Ces mesures (mesures anti-dumping, mesures compensatoires et de sauvegarde) ont peu d'intérêt si les tarifs consolidés sont élevés. Mais étant donné que le processus de réduction des taux consolidés est amorcé, les pays devraient à présent se demander s'ils sont à même de recourir à ces mesures. Les pays en développement ont en particulier intérêt à examiner s'ils ont les capacités institutionnelles, analytiques et juridiques pour recourir à une ou plusieurs mesures d'urgence quand il le faut. Cet aspect devra aussi être pris en compte lors de l'examen des niveaux des tarifs consolidés, pour le prochain cycle.

Efficience économique et protection à la frontière - Le présent document est principalement centré sur les règles du CU et sur la question de la flexibilité des politiques frontalières inhérentes aux consolidations tarifaires élevées. Il est certes utile d'avoir une marge de manœuvre suffisante mais il est également important d'identifier les coûts socio-économiques qui peuvent découler de la protection et qui peuvent se traduire par une augmentation du coût des ressources, leur non-rentabilité, leur mauvaise utilisation par certains groupes d'intérêts et par des personnes qui ne cherchent qu'à en tirer une rente, etc. En outre, les consolidations à des niveaux exagérément élevés nuisent à la transparence et à la prévisibilité des échanges, ce qui risque d'être un obstacle à l'investissement du secteur privé. Il va de soi que ces considérations économiques doivent être prises en compte dans le processus d'analyse dont il est question plus haut.

Conclusion

Pour conclure, il est évident qu'une seule et unique approche ou formule ne peut permettre de déterminer des niveaux de consolidation tarifaire appropriés à tous les pays. Comme on l'a déjà souligné, ces niveaux dépendent des circonstances économiques, actuelles et prévisibles, qui ont une incidence sur le produit ou le sous-secteur concerné. En outre, alors que les tarifs appliqués sont généralement fixés en fonction des tendances à court terme, les tarifs consolidés restent fixes pendant une période beaucoup plus longue, de sorte que leur détermination demande un certain degré de planification stratégique. Cette analyse doit être considérée comme une tâche hautement prioritaire pour les pays qui préparent le nouveau cycle de négociation.

Tableau 2. Engagements tarifaires du Cycle d'Uruguay relatifs à certains produits agricoles - Afrique subsaharienne



Angola

Bénin

Botswana

Burkina Faso

Burundi

Cameroun

Rép. centrafricaine

Tchad

Rép. Dém. du Congo

Congo

Côte d'Ivoire

Djibouti

Blé (dur)

15

119

20

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Autres blés

55

119

72

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Farine de blé

55

119

99

150

130

310

46

80

15

30

215

140

Maïs

55

119

20

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Riz

55

119

20

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Orge

55

119

41

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Ovins et caprins vivants

55

119

0

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Bœuf

55

119

69

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Viande ovine et caprine

55

119

95

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Viande de volaille

55

119

82

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Viande porcine

55

119

37

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Tomates

55

119

37

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Pommes de terre

55

119

49

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Agrumes (oranges)

55

119

4

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Huiles végétales

15

119

81

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Lait

55

119

20

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Fèves de cacao

55

119

0

150

130

310

46

80

55

30

206

50

Poudre de cacao

55

119

0

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Bananes

55

119

37

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Thé

55

119

170

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Café

55

119

119

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Noix de coco

55

119

0

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Sucre

55

119

105

150

130

310

46

80

55

30

215

140

Source: Listes d'engagements du Cycle d'Uruguay.
Tableau 2 (suite). Afrique subsaharienne


Gabon

Gambie

Ghana

Guinée

Guinée-Bissau

Kenya

Lesotho

Madagascar

Malawi

Mali

Mauritanie

Maurice

Mozambique

Blé (dur)

260

120

40

40

65

100

200

280

125

110

90

54

400

Autres blés

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Farine de blé

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Maïs

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Riz

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

54

400

Orge

260

120

99

40

65

100

200

280

70

110

90

139

400

Ovins et caprins vivants

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Bœuf

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Viande ovine et caprine

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Viande de volaille

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Viande porcine

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Tomates

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Pommes de terre

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Agrumes (oranges)

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

54

400

Huiles végétales

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Lait

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Fèves de cacao

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Poudre de cacao

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Bananes

260

120

99

40

65

100

200

280

75

110

90

99

400

Thé

260

120

65

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Café

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Noix de coco

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Sucre

260

120

99

40

65

100

200

280

125

110

90

139

400

Source: Listes d'engagements du Cycle d'Uruguay.
Tableau 2 (suite). Afrique subsaharienne


Namibie

Niger

Nigéria

Rwanda

Sénégal

Sierra Leone

Swaziland

Tanzanie

Togo

Ouganda

Zambie

Zimbabwe

Afrique du Sud

Blé (dur)

21

100

230

80

180

60

21

240

83

80

45

165

21

Autres blés

72

100

230

80

180

60

72

240

83

80

125

165

72

Farine de blé

99

100

230

80

180

60

99

240

83

80

125

165

99

Maïs

50

100

230

80

180

60

50

240

83

80

125

165

50

Riz

0

100

230

80

180

60

0

240

83

80

125

165

0

Orge

41

100

230

80

180

60

41

240

83

80

45

165

41

Ovins et caprins vivants

0

100

230

80

180

60

0

240

83

80

125

165

0

Bœuf

69

100

230

80

180

60

69

240

83

80

125

165

69

Viande ovine et caprine

95

100

230

80

180

60

95

240

83

80

125

165

95

Viande de volaille

82

100

230

80

180

60

82

240

83

80

125

165

82

Viande porcine

37

100

230

80

180

60

37

240

83

80

125

165

37

Tomates

37

100

230

80

180

60

37

240

83

80

125

165

37

Pommes de terre

49

100

230

80

180

60

49

240

83

80

125

165

49

Agrumes (oranges)

4

100

230

80

180

60

4

240

83

80

125

165

4

Huiles végétales

81

100

230

80

180

60

81

240

83

80

125

165

81

Lait

96

100

230

80

180

60

96

240

83

80

125

165

96

Fèves de cacao

0

100

230

80

180

60

0

240

83

80

125

165

0

Poudre de cacao

0

100

230

80

180

60

0

240

83

80

50

165

0

Bananes

37

100

230

80

180

60

37

240

83

80

50

40

37

Thé

170

100

230

80

180

60

170

240

83

80

125

165

170

Café

119

100

230

80

180

60

119

240

83

80

125

165

119

Noix de coco

0

100

230

80

180

60

0

240

83

80

125

165

0

Sucre

105

100

230

80

180

60

105

240

83

80

125

165

105

Source: Listes d'engagements du Cycle d'Uruguay.
Tableau 2. Engagements tarifaires du Cycle d'Uruguay relatifs à certains produits agricoles - Pays du Proche-Orient sélectionnés


Bahrein1/

Chypre

Egypte

Turquie

Maroc

Tunisie

Koweït

Malte

Blé

35

25

5

180

170

100

100

40

Riz

35

25

20

45

177

75

100

24

Orge

35

170

10

180

113

60

100

26

Bœuf

35

25

10

225

239

120

100

40

Ovins et caprins vivants

35

75

10

20

289

180

100

30

Viande ovine et caprine

35

25

5

225

289

120

100

40

Viande de volaille

35

30

60

90

101

75

100

36

Tomates

35

50

20

49

34

150

100

36

Pommes de terre

35

53

10

19

34

150

100

42

Agrumes (oranges)

35

75

60

54

34

200

100

40

Huile d'olive

35

245

20

31

34

120

100

0.0

Autres huiles végétales

35

58

20

31


17

100

20

Lait

35

25

30

180

87

180

100

32

Sucre

35

25

20

135

168

100

100

240

1/ Au Bahreïn, les taux ont été consolidés à 200 pour cent pour la bière, le vin et d'autres boissons fermentées, à 100 pour cent pour le tabac et à 35 pour cent pour les autres produits agricoles.

Source: Listes d'engagements du Cycle d'Uruguay.

Tableau 2. Engagements tarifaires du Cycle d'Uruguay - produits agricoles et pays sélectionnés - Asie

Produits

Inde

Pakistan

Sri Lanka

Bangladesh

Myanmar

Thaïlande

Philippines

Malaisie

Indonésie

Corée Rép.

Fidji

Blé

145

106

50

200

52

30

39

59

29

4

40

Riz

0

100

50

200

10

51

2/

40

159

2/

46

Maïs

126

116

50

200

38

72

47

5

43

373

40

Huiles végétales

136

100

50

200

16

51

51

9

40

340

40

Tourteaux

100

100

50

200

21

119

9

10

40

44

40

Lait

99

100

50

200

35

37

14

5

41

64

40

Beurre

40

100

50

200

21

18

40

1

40

5

40

Bœuf

101

100

50

200

165

49

40

15

40

71

40

Agneau, mouton

100

100

50

200

165

30

38

15

43

22

40

Viande de porc

101

29

50

200

165

33

40

136

50

24

40

Viande de volaille

86

100

50

200

165

30

33

30

47

49

40

Sucre

150

150


200


94






2/ Tarification différée.

Source: Listes d'engagements du Cycle d'Uruguay.


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