No.3 mai 2007 | ||
Perspectives de récoltes et situation alimentaire | ||
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Dossier sur la situation mondiale de l'offre et de la demande de céréales
La perspective d'une forte reprise de la production céréalière mondiale en 2007 constitue une évolution positive pour la situation mondiale de l'offre et de la demande de céréales à l'ouverture de la nouvelle campagne de commercialisation 2007/08. L'amélioration des disponibilités qui est prévue est d'autant plus nécessaire que la situation mondiale a été tendue pendant la précédente campagne 2006/07, où la réduction significative de la production céréalière mondiale enregistrée en 2006 pour la deuxième année consécutive, associée à la forte augmentation de la demande, a entraîné un net recul des stocks céréaliers mondiaux et une flambée des cours mondiaux. Toutefois, les stocks de report s'établissant, selon les prévisions, à leur plus bas niveau depuis le début des années 1980, même avec l'accroissement de la production attendu, les disponibilités totales à l'ouverture de la nouvelle campagne devraient tout juste suffire à couvrir la demande escomptée, laquelle devrait augmenter non seulement dans les secteurs traditionnels de la consommation humaine et de l'alimentation animale mais aussi dans l'industrie des biocarburants, en expansion rapide. De ce fait, les cours mondiaux de la plupart des céréales resteront probablement élevés en 2007/08. Les marchés devraient en outre rester fluctuants, étant donné que les stocks détenus par les principaux pays exportateurs, qui font essentiellement tampon contre tout recul soudain de la production ou toute hausse subite de la demande, resteront relativement faibles.
Les dernières estimations de la FAO concernant la production céréalière mondiale de 2007 continuent de laisser entrevoir un volume record, qui s'établit désormais à près de 2 095 millions de tonnes (y compris le riz usiné), soit 4,8 pour cent de plus qu'en 2006. Les prévisions concernant la récolte mondiale de blé se sont légèrement dégradées depuis le précédent rapport d'avril et tout juste un peu moins de 621 millions de tonnes sont désormais attendues. Ce volume représenterait toutefois encore une augmentation significative de 4 pour cent par rapport au niveau de l'année précédente et se situerait bien au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. La révision à la baisse depuis le dernier rapport concerne principalement l'Amérique du Nord, où le retour soudain de conditions hivernales rigoureuses aux États-Unis au début avril a endommagé à divers degrés les cultures à un stade avancé de développement dans une grande partie des grandes plaines productrices de blé d'hiver, ce qui rend plus improbable la récolte abondante escomptée auparavant. Au Canada également, où les semis viennent de commencer, les derniers renseignements indiquent que la baisse de la production de blé cette année sera légèrement plus importante que ce qui était prévu. Les cultures de blé se développent de manière satisfaisante en Europe, et selon les dernières indications, la récolte devrait progresser dans la plupart des grands pays producteurs. En Asie, la production de blé 2007 devrait rester proche du niveau de l'an dernier. Une réduction de la production en Chine sera probablement neutralisée par une augmentation en Inde et au Pakistan, où des récoltes abondantes ou record devraient bientôt être rentrées. En Afrique du Nord, toutefois, les perspectives concernant le blé se sont encore dégradées en raison du temps sec qui règne. Dans l'hémisphère Sud, les semis des grandes campagnes de blé sont en cours ou vont démarrer dans les prochaines semaines. Selon les premières indications, la récolte diminuerait en Amérique du Sud, où les semis sont sur le point de commencer, la baisse prévue en Argentine neutralisant plus que largement la reprise probable au Brésil par rapport à la récolte réduite de l'an dernier. En Océanie, les perspectives restent très incertaines en Australie et dépendront des conditions météorologiques pendant les semis en mai/juin. Si les précipitations arrivent en temps voulu et sont suffisantes, les producteurs de blé se tiennent prêts à ensemencer une vaste superficie, d'où la possibilité d'une nette reprise par rapport aux résultats touchés par la sécheresse enregistrés l'an dernier. Tableau 1. Production céréalière1 ( en millions de tonnes)
1Y compris le riz usiné.
2 UE-25 en 2006 ; UE-27 en 2007.
Note: Total calculé à partir de chiffres non arrondis.
Les prévisions de la FAO concernant la production de céréales secondaires de 2007 ont été révisées à la hausse depuis le dernier rapport, pour passer à quelque 1 051 millions de tonnes, niveau record en hausse de 7,1 pour cent par rapport à l'an dernier. Le gros de cette augmentation devrait être imputable au maïs, qui représente environ 70 pour cent de la production totale. Dans l'hémisphère Sud, les récoltes des campagnes principales de 2007 sont déjà commencées ou pratiquement terminées dans certains pays. En Amérique du Sud, une récolte record est actuellement rentrée pour la campagne principale et les résultats devraient aussi augmenter s'agissant de la campagne secondaire au Brésil. Cependant, en Afrique australe, les perspectives sont moins favorables et selon les prévisions, la production totale devrait se situer un peu au-dessous du niveau inférieur à la moyenne enregistré l'an dernier. Dans l'hémisphère Nord, l'essentiel des principales céréales secondaires de 2007 sont maintenant en terre dans toute l'Europe, mais le gros du maïs doit encore être semé aux États-Unis, qui sont le principal producteur mondial. Les opérations de semis ont pris du retard par rapport à la normale, mais si les conditions météorologiques sont clémentes au cours des prochaines semaines, les données d'enquête indiquent que les producteurs ont l'intention d'ensemencer la plus vaste superficie depuis 1944, principalement en raison de la demande intérieure exceptionnellement forte dans le secteur de la production d'éthanol à base de maïs. En ce qui concerne la production mondiale de riz de 2007, les premières prévisions de la FAO, qui revêtent un caractère très provisoire, laissent entrevoir des résultats en légère hausse, à savoir quelque 422 millions de tonnes, ce qui répèterait le record de 2005. Cette augmentation devrait être entièrement le fait des pays en développement, en particulier ceux d'Asie, étant donné que la production des pays développés devrait reculer pour la troisième année consécutive, ramenant leur contribution au total mondial à moins de 4 pour cent. La croissance escomptée tient compte des perspectives favorables concernant les prix, du regain de soutien institutionnel au secteur ainsi que de l'hypothèse d'un retour à des conditions de végétation moyennes dans les pays concernés. Tableau 2. Données de base sur la situation céréalière ( en millions de tonnes)
1 Les données se rapportent à l'année civile, première année mentionnée.
2 Production plus stocks d'ouverture.
3 Pour le blé et les céréales secondaires, les chiffres se rapportent aux exportations de la campagne commerciale Juilet/juin. Pour le riz, les chiffres se rapportent aux exportations pendant la deuxième année (année civile) mentionnée.
4 Ne correspond pas exactement à la différence entre disponibilités et utilisation, les campagnes commerciales couvrant des périodes différentes selon les pays.
5 Pour la définition voir note 1.
Selon les prévisions préliminaires, l'utilisation mondiale de céréales en 2007/08 augmenterait de 1,3 pour cent, pour atteindre le niveau record de 2 097 millions de tonnes, restant ainsi au-dessus de la valeur tendancielle projetée. L'essentiel de cette augmentation devrait être le fait d'une utilisation accrue de céréales secondaires, en particulier de maïs. L'utilisation mondiale de céréales secondaires devrait progresser de 2,3 pour cent, essentiellement du fait de la persistance d'une expansion rapide dans le secteur de la production d'éthanol à base de maïs, qui devrait stimuler l'utilisation industrielle totale de céréales secondaires en 2007/08, laquelle augmenterait de 9 pour cent. Le gros de cette croissance est attendu aux États-Unis où, malgré la hausse des prix du maïs et le recul des cours du pétrole brut, la production d'éthanol est en passe de connaître une nouvelle campagne record à mesure que davantage d'usines entrent en service. En revanche, le volume de céréales secondaires utilisé dans le secteur des aliments pour animaux, qui est normalement le principal débouché (environ 60 pour cent de l'utilisation totale), ne devrait guère augmenter qu'en Argentine, au Brésil et au Mexique. L'utilisation totale de blé devrait rester pratiquement inchangée, à savoir environ 628 millions de tonnes, la consommation humaine représentant toujours plus de 70 pour cent. En 2007/08, l'utilisation de blé dans la consommation humaine devrait atteindre 450 millions de tonnes, soit près d'un pour cent de plus qu'en 2006/07, ce qui devrait suffire tout juste à maintenir la consommation par habitant à un niveau proche de celui de l'année précédente, à savoir 68Kg. L'utilisation fourragère du blé devrait connaître une expansion plus rapide au cours de la nouvelle campagne, de l'ordre de 2 pour cent. L'amélioration des disponibilités de l'UE et de certains pays de la CEI devrait favoriser l'utilisation de blé dans l'alimentation animale et compenser plus que largement le léger recul attendu en Amérique du Nord. Les perspectives préliminaires concernant l'utilisation du riz, malgré leur caractère provisoire, laissent entrevoir une légère augmentation (0,5 pour cent) en 2007/08, avec 423 millions de tonnes. Étant donné que la consommation humaine représente 89 pour cent de l'utilisation mondiale de riz, le recul progressif de la consommation par habitant de cette céréale dans un certain nombre de pays grands consommateurs, tels que la Chine, a ralenti la croissance de l'utilisation totale ces 5 dernières années, tendance qui devrait se poursuivre en 2007/08.
En dépit de la production record prévue en 2007, les stocks céréaliers de clôture à la fin des campagnes se terminant en 2008 devraient rester pratiquement inchangés par rapport à leur faible niveau d'ouverture, soit tout juste 401 millions de tonnes. Si les stocks mondiaux n'ont pas repris en dépit des bonnes perspectives de production, c'est que le gros de la croissance de la production devrait concerner les céréales secondaires, pour lesquelles on s'attend aussi à une forte progression de l'utilisation. Selon les prévisions actuelles, les réserves totales de blé à la clôture des campagnes agricoles de 2008 devraient s'établir à 142,5 millions de tonnes, soit une baisse de 6 millions de tonnes par rapport à leur niveau d'ouverture déjà bas. Les stocks de blé détenus au total par les principaux exportateurs devraient atteindre 40,5 millions de tonnes, volume en légère hausse par rapport à leur faible niveau d'ouverture. Toutefois l'augmentation prévue table principalement sur la concrétisation des prévisions concernant une forte reprise en Australie après la récolte réduite par la sécheresse de l'an dernier, ce qui dépendra de l'arrivée de précipitations favorables aux semis au cours des deux prochains mois. Les réserves de blé détenues à la fin de la campagne par les États-Unis et l'UE ne devraient guère changer par rapport au faible niveau constaté au début de la campagne, tandis qu'au Canada, une réduction de la production conduira probablement à puiser de nouveau sur les stocks pendant la nouvelle campagne. Dans les autres pays, des prélèvements importants sur les stocks sont probables en Chine, en Égypte et au Maroc, en raison du recul prévu de la production intérieure, tandis qu'en Inde, les stocks de clôture devraient se redresser grâce aux importations et à la hausse de la production qui est escomptée. En ce qui concerne les céréales secondaires, les stocks mondiaux de report à la clôture des campagnes de 2008 pourraient enregistrer une légère augmentation par rapport à leur niveau très réduit en début de campagne, passant à 155 millions de tonnes. Parmi les principaux producteurs de l'hémisphère Sud, où seront rentrées la plupart des récoltes de cette année, les volumes record de maïs escomptés en Argentine et au Brésil devraient permettre une reconstitution significative des stocks dans l'un et l'autre pays. Toutefois, les réserves de l'Afrique australe devraient diminuer du fait des récoltes réduites, sauf au Malawi et en Angola, où une récolte record viendra probablement gonfler les stocks. Parmi les pays de l'hémisphère Nord, les réserves de céréales secondaires de la Chine devraient augmenter si les prévisions d'une production record de maïs cette année se concrétisent. En revanche, aux États-Unis, où la production de maïs devrait aussi atteindre un niveau record cette année, la croissance de l'utilisation intérieure pourrait maintenir les stocks de clôture à un bas niveau, qui serait proche de leur faible niveau d'ouverture. De même, dans l'UE, la reprise de la production d'orge et de maïs qui est escomptée ne suffira peut-être pas à reconstituer les stocks, car la demande intérieure est forte et les exportations progressent. Les stocks mondiaux de riz à la clôture des campagnes de 2008 devraient avoisiner 103 millions de tonnes, chiffre pratiquement inchangé par rapport au niveau prévu à la fin des campagnes de 2007. Toutefois, ces prévisions ont un caractère très provisoire, car le gros des cultures mondiales de riz de 2007 sera planté plus tard dans l'année.
Après une légère augmentation du commerce mondial de céréales en 2006/07, les premières prévisions de la FAO pour la nouvelle campagne 2007/08 laissent entrevoir une contraction d'environ 2,6 pour cent, les échanges atteignant 242 millions de tonnes. La diminution prévue s'expliquerait par un recul des exportations de blé et de céréales secondaires en 2007/08, tandis que le commerce de riz de riz ne devrait reculer que légèrement. Les premières indications concernant le commerce mondial de blé en 2007/08 (juillet/juin) laissent entrevoir qu'il reculerait de près de 3,5 millions de tonnes pour passer à 106 millions de tonnes. Globalement, la diminution des achats de blé effectués par le Brésil, l'UE et l'Inde sur les marchés internationaux neutraliserait plus que largement l'augmentation des importations attendue en Chine, au Bangladesh, au Maroc et en Afrique du Sud. En Inde, les importations devraient s'élever à 2 millions de tonnes en 2007/08, soit 4,5 millions de tonnes de moins que pour la campagne précédente, car la production de 2007 devrait augmenter et le gouvernement s'approvisionnera probablement davantage sur les marchés locaux que l'an dernier, suite à l'annonce d'une augmentation de 30 pour cent du prix d'achat du blé. En revanche, les déficits de production au Bangladesh et au Maroc devraient entraîner une forte augmentation des importations de l'un et l'autre pays. Au Bangladesh, la production de blé reculera probablement cette année, ce qui fait que le gouvernement a décidé en mars d'abolir la taxe de 5 pour cent frappant les importations. De même au Maroc, où la sécheresse prolongée pourrait réduire de moitié la production de cette année, le gouvernement a récemment abaissé les tarifs douaniers frappant les importations de blé tendre, pour tenter de mettre fin à la hausse des prix intérieurs. Tableau 3. Commerce Mondial de blé (en millions de tonnes)
La diminution attendue des importations mondiales pourrait être considérée comme une évolution positive, puisqu'il est probable que les disponibilités exportables des principaux exportateurs resteront en général tendues en 2007/08. L'Argentine et le Canada, notamment, devraient réduire leurs exportations en 2007/08 du fait du recul probable de leurs disponibilités. L'Argentine a suspendu ses exportations de blé à compter de début mars, afin de réprimer la hausse des prix intérieurs. Cette interruption semble avoir eu une incidence négative sur les semis et donc sur la production de cette année. Une légère augmentation des exportations est prévue pour l'UE et les États-Unis ainsi que pour certains pays qui ne sont pas traditionnellement exportateurs, à savoir la Fédération de Russie et l'Ukraine de même qu'au Pakistan, où le gouvernement a levé l'interdiction qui frappait les exportations en décembre 2006 et autorisé depuis la sortie de 800 000 tonnes. Les prévisions concernant les échanges de céréales secondaires pendant la prochaine campagne sont plus incertaines que celles concernant le blé. En effet, les récoltes importantes des pays producteurs de l'hémisphère Nord n'auront pas lieu avant plusieurs mois et les résultats définitifs dépendront des semis effectifs et de l'évolution des conditions météorologiques, en particulier cet été. Sur la base des prévisions actuelles concernant la production et l'utilisation pour la nouvelle campagne, les échanges mondiaux de céréales secondaires devraient atteindre 106,5 millions de tonnes, soit près de 3 millions de tonnes de moins prévu actuellement pour la campagne commerciale 2006/07. Les échanges mondiaux de maïs accuseront probablement le plus fort recul, perdant 6 pour cent pour s'établir à environ 80 millions de tonnes. Le recul enregistré pour le maïs devrait être en partie compensé par une forte reprise des marchés de l'orge, du sorgho et de l'avoine. Tableau 4. Commerce Mondial de céréales secondaires (en millions de tonnes)
La récolte record de maïs qui se profile au Brésil, la récolte abondante attendue en Indonésie et le fort redressement de la production probable dans l'UE comptent parmi les principaux facteurs à l'origine du recul des importations prévu en 2007/08. Toutefois, selon les prévisions, plusieurs pays devraient acheter plus sur les marchés internationaux. Un certain nombre de pays d'Afrique enregistrent de mauvaises conditions météorologiques qui entravent leur production et augmentent leurs besoins d'importation. Les importations d'orge du Maroc devraient doubler en 2007/08, tandis que l'Afrique du Sud, qui est habituellement un exportateur net de maïs, devrait devenir importateur net. Les perspectives concernant les disponibilités exportables globales de maïs pour 2007/08 sont bonnes. Parmi les principaux exportateurs, l'Argentine et le Canada devraient tout particulièrement accroître leurs expéditions en raison de l'amélioration des disponibilités. Toutefois, les ventes des États-Unis, plus gros exportateur mondial, devraient reculer en dépit de la production record attendue. La forte demande intérieure et la faiblesse des stocks de report devraient se traduire par un nouveau resserrement de l'offre aux États-Unis. En ce qui concerne les cinq principaux exportateurs, les ventes de la Chine pourraient accuser un léger recul, mais le Brésil et l'Ukraine exporteront probablement plus du fait de l'amélioration des disponibilités intérieures. Les échanges mondiaux de riz en 2008 pourraient reculer quelque peu par rapport aux prévisions pour l'année en cours. Toutefois, comme pour les céréales secondaires, ces prévisions ont un caractère très provisoire, car les grandes récoltes n'auront pas lieu avant plusieurs mois et la campagne commerciale 2007 ne s'achèvera que dans 8 mois. Les dernières prévisions de la FAO concernant le commerce mondial de riz en 2007 s'établissent à 29,8 millions de tonnes, soit 1,2 million de tonnes de plus qu'en 2006 et proche du record de 2005. L'augmentation prévue des échanges en 2007 reflète les besoins accrus des pays importateurs où la production a reculé. La plupart de l'augmentation prévue s'expliquerait par des livraisons plus importantes dans les pays asiatiques, notamment le Bangladesh, l'Indonésie, le Népal, les Philippines et le Viet Nam, tandis que les pays d'Afrique pourraient réduire leurs importations, la production de paddy ayant été relativement bonne en 2006. Les importations des pays d'Amérique latine et des Caraïbes devraient augmenter, soutenues par des achats plus importants du Brésil, de la Colombie et du Pérou, qui compenseront la réduction des livraisons à destination du Mexique et de Cuba. Dans le reste du monde, les États-Unis et l'UE devraient importer davantage en 2007, tandis que le renforcement de la protection aux frontières pourrait entraîner une réduction des achats de la Fédération de Russie. Parmi les exportateurs, seuls la Thaïlande et le Cambodge semblent en mesure de répondre à l'accroissement de la demande d'importation en intensifiant de manière considérable leurs livraisons. Des cours mondiaux attrayants pourraient aussi favoriser une légère augmentation des exportations en provenance de l'Inde et de l'Égypte, mais il semble désormais que la plupart des grands fournisseurs, y compris l'Australie, le Pakistan, les États-Unis et le Viet Nam diminueront les leurs.
Les cours mondiaux de toutes les céréales ont fortement augmenté pendant la campagne 2006/07. Le recul de la production de 2006 d'une part et la progression de l'utilisation d'autre part ont contribué à renforcer les prix sur la quasi-totalité des marchés. Toutefois, les cours du maïs ont enregistré la hausse la plus marquée et leur fermeté, due principalement à l'utilisation accrue de cette céréale dans la production d'éthanol aux États-Unis, a continué d'influencer les cours des autres céréales, en particulier le blé. Tandis que l'annonce d'une forte progression des semis de maïs aux États-Unis et la perspective d'une amélioration des disponibilités exportables de l'Argentine et du Brésil ont contribué à faire nettement reculer les cours du maïs ces dernières semaines, les prix à l'exportation restent élevés par rapport à la campagne précédente. Le maïs américain No. 2 (Golfe, f.o.b.) cotait en moyenne 150 dollars EU la tonne en avril, en nette baisse (de 20 dollars EU) par rapport à mars mais toujours près de 40 pour cent de plus qu'à la même époque l'an dernier. La forte demande dans la région a soutenu les prix en Afrique du Sud, en particulier s'agissant du maïs blanc, dont les disponibilités ont été limitées pendant la présente campagne. En perspective, en dépit de la forte production qui devrait arriver sur les marchés à la fin de l'année, l'accroissement de la demande maintiendra probablement les cours du maïs à un niveau élevé. À la fin avril, les contrats portant échéance en décembre négociés au Chicago Board of Trade (CBOT) pour le maïs s'élevaient à 147 dollars EU, soit 42 dollars EU de plus qu'à la même époque l'année précédente. Tableau 5. Prix à l’exportation des céréales* (en dollars EU/tonne)
*Les prix se réfèrent à la moyenne du mois.
1 No.2 HRW (ordinaire), f.o.b. Golfe.
2 No.2 jaune, Golfe.
3 Up river, f.o.b.
4 Prix marchand indicatif.
5 100% deuxième qualité, f.o.b. Bangkok.
6 A1 super, f.o.b. Bangkok.
Les cours mondiaux du blé ont également grimpé en 2006/07 sous l'effet du recul de la production enregistré dans plusieurs grands pays producteurs, des restrictions à l'exportation imposées par plusieurs exportateurs et des retombées de la flambée des marchés du maïs. Le blé américain No. 2 (HRW, f.o.b.) atteignait en moyenne 206 dollars EU la tonne en avril, en légère baisse par rapport à mars mais 19 dollars EU la tonne (10 pour cent) de plus qu'en avril 2006. L'amélioration globale des disponibilités qui s'annonce pour la nouvelle campagne, la baisse des valeurs du maïs enregistrée récemment et l'approche de la grande campagne de moisson exerceront probablement une nouvelle pression à la baisse sur les cours du blé ces prochains mois. Toutefois, les perspectives pourraient changer radicalement si les conditions de semis étaient mauvaises en Australie, seul grand pays exportateur qui doit encore mettre en terre le gros des cultures de 2007 et où les résultats dépendront de l'arrivée de précipitations favorables en mai/juin. À la fin avril, les contrats à terme pour le blé portant échéance en septembre négociés au CBOT étaient cotés à 186 dollars EU la tonne, soit encore près de 50 dollars EU de plus qu'à la même époque l'an dernier. Depuis décembre dernier, les prix à l'exportation du riz, toutes origines confondues, sont constamment restés à la hausse, comme le montre l'indice FAO des prix du riz (1998-2000=100), qui est passé de 115 en décembre 2006 à 120 en mars 2007. Cette fermeté se constate pour la plupart des cours, en particulier ceux des variétés de riz parfumé et de riz du Pakistan. Étant donné qu'avril et mai correspondent à la récolte de la campagne principale de 2007 dans l'hémisphère Sud et de la campagne secondaire de 2006 dans l'hémisphère Nord, la tendance à la hausse pourrait s'atténuer jusqu'en juin avec l'arrivée des nouvelles disponibilités sur le marché. Toutefois, les cours du riz ne devraient guère faiblir ces prochains mois, car la demande d'importation restera probablement forte, tandis que les gouvernements de la Thaïlande, du Viet Nam et maintenant du Cambodge sont bien déterminés à les maintenir à un niveau lucratif. Par conséquent, les perspectives globales concernant les prix vont dans le sens de gains constants au cours des mois à venir.
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