Page précédente Table des matières Page suivante


3. Conclusions et recommendations


3.1 Les aspects-clés de la situation actuelle du secteur des marchés: des coûts économiques élevés
3.2 Le secteur des marchés: recommandations pour une stratégie globale
3.3 En amont et en aval du secteur des marchés: l’amélioration des circuits d’approvisionnement et de redistribution

3.1 Les aspects-clés de la situation actuelle du secteur des marchés: des coûts économiques élevés


3.1.1 Les coûts directs pour la commune
3.1.2 Les coûts indirects pour la collectivité

Les agglomérations ont connu et connaissent encore un fort accroissement de leur population. Parallèlement, la situation économique a engendré le développement du secteur informel et la multiplication des petits métiers.

Ces éléments ont notamment eu, pour conséquence, une augmentation considérable des effectifs des vendeurs sur les marchés existants et, de façon générale, en ville. L’accroissement de la demande (des commerçants) n’a pas été accompagnée d’une augmentation significative du nombre d’équipements commerciaux et de transports (de l’offre).

Ces deux facteurs conjugués sont à l’origine de la situation actuelle qui se caractérise par la saturation, la désorganisation et l’insalubrité des équipements existants, ainsi que par l’occupation fréquente de la voirie par les vendeurs.

Les conséquences du déficit en équipements à l’échelle urbaine engendrent une série de coûts économiques au titre desquels on peut notamment citer des coûts directs pour la commune et des coûts indirects pour la collectivité.

3.1.1 Les coûts directs pour la commune

Les commerçants occupant les emprises publiques ou installés en dehors des marchés officiels ne font que rarement l’objet de perception de droits.

Le désordre grandissant dans lequel fonctionnent les marchés complique la perception des droits et pèse sur les rendements de l’équipement et les possibilités d’entretien.

La dégradation continue du service fourni rend de plus en plus difficilement acceptable par les usagers les réajustements des tarifs.

3.1.2 Les coûts indirects pour la collectivité

Le manque d’équipements de gros et les contraintes pesant sur les circuits de distribution et de commercialisation engendrent, selon toute vraisemblance, des surcoûts sur les produits et bloquent toute évolution vers une fonction moderne plus adaptée à la diversité des exigences des consommateurs.

L’occupation des emprises et le désordre dans lequel fonctionnent les marchés d’approvisionnement et de redistribution (les places de gros) créent d’importants dysfonctionnements de circulation (consommation de carburants, coûts d’exploitation, etc.).

Les conditions d’hygiène désastreuses engendrent des coûts de santé.

En conséquence, il apparaît nécessaire d’engager une stratégie globale pour le secteur des marchés qui puisse favoriser la mutation du système actuel vers une fonction moderne d’approvisionnement et de distribution des villes.

3.2 Le secteur des marchés: recommandations pour une stratégie globale


3.2.1 Un impératif: informer et appuyer les Autorités locales dans la mise en oeuvre d’une politique globale des marchés pour l’approvisionnement urbain
3.2.2 Elaborer des outils facilitant la prise de décision

3.2.1 Un impératif: informer et appuyer les Autorités locales dans la mise en oeuvre d’une politique globale des marchés pour l’approvisionnement urbain

Le secteur des marchés, qui est l’une des préoccupations des Autorités locales, ne représente pas pour autant leur priorité immédiate, compte tenu des nombreuses responsabilités à assumer (logement, emploi, santé, équipements divers, etc.). Dans ce secteur, elles envisagent, au prime abord, la question du réaménagement ou de la création de nouveaux marchés de consommation pour leurs administrés.

Les objectifs poursuivis et les avantages qu’elles en attendent sont en effet nombreux et parfois contradictoires:

On constate que les Autorités locales, bien que souvent conscientes de l’intérêt de la création d’un marché de gros, n’en voient pas toujours l’urgence étant principalement préoccupées par les problèmes de gestion urbaine immédiate qu’elles doivent résoudre quotidiennement.

Par ailleurs, les carences générales dans le secteur des marchés sont telles que les Autorités locales manquent d’éléments pour apprécier les priorités en matière d’intervention: par quel marché commencer? Quelle hiérarchie dans les actions? Quels en seront les différents coûts? Les différents impacts? etc.

Il est, par conséquent, impératif d’appuyer la mise en application des décisions indispensables à la politique d’approvisionnement de la ville, en particulier du secteur stratégique des marchés, suivant trois axes:

Les outils nécessaires à la prise de décision permettent de clarifier les objectifs attendus des interventions dans le secteur des marchés et de mettre à jour leur impact économique.

L’implication et la responsabilisation des Autorités locales demandent qu’elles soient appuyées dans leur volonté et leur engagement de créer les conditions d’une véritable politique d’approvisionnement de la ville.

A cet égard, s’il faut nécessairement distinguer les niveaux de responsabilités institutionnelles selon le type d’équipement et la fonction des marchés (marchés de gros d’intérêt national ou marchés urbains de consommation), il est important d’impliquer et d’intéresser les collectivités locales à l’ensemble de la problématique des marchés tout en privilégiant le renforcement de leurs responsabilités et de leurs compétences dans le secteur des marchés de détail urbains.

Enfin, il faut favoriser et développer les systèmes d’échanges d’expériences, d’informations et de formations des techniciens et des élus des villes d’Afrique subsaharienne afin de dégager les leçons des expériences en cours en Afrique, fournir des comparaisons et tirer des enseignements du fonctionnement des marchés dans d’autres continents.

On soulignera, dans cette perspective, l’importance du rôle d’appui et de conseil de la part des Associations internationales et nationales de pouvoirs locaux, des acteurs de la coopération décentralisée en général dans l’information et la formation des Autorités locales en ce qui concerne la gestion et l’organisation des marchés.

3.2.2 Elaborer des outils facilitant la prise de décision


3.2.2.1 L’étude des circuits d’approvisionnement des marchés et des pôles commerciaux urbains
3.2.2.2 Le Schéma de développement des marchés urbains
3.2.2.3 La création de marchés de gros

Les ressources à mettre en oeuvre sont rares et, par conséquent, il est primordial d’avoir une vision d’ensemble afin d’établir des priorités pour les actions à entreprendre. Les premiers éléments indispensables à la prise de décision seront:

3.2.2.1 L’étude des circuits d’approvisionnement des marchés et des pôles commerciaux urbains

On a examiné la complexité des circuits d’approvisionnement des villes africaines et souligné les fortes interdépendances entre les marchés d’une même ville et les différents équipements connexes de la fonction commerciale (zone d’entrepôts, gare routière marchandises et passagers, etc.).

Aussi, avant de prendre en considération un projet spécifique d’aménagement d’un marché, il est indispensable de connaître le rôle que remplit ce marché dans le système d’approvisionnement et de distribution afin de pouvoir évaluer globalement les effets de cet aménagement et s’assurer de sa pertinence.

Les circuits d’approvisionnement des villes sont, en général, mal connus des responsables municipaux et de l’administration du commerce, et leur caractère largement informel exige le plus souvent la réalisation d’enquêtes spécifiques.

L’importance de la connaissance globale du fonctionnement des circuits d’approvisionnement est amplement justifiée par le contexte actuel où toute intervention isolée sur un marché est susceptible de perturber le fonctionnement des marchés qui lui sont liés et de neutraliser les avantages escomptés.

3.2.2.2 Le Schéma de développement des marchés urbains

L’élaboration d’un Schéma de développement des marchés de détail est nécessaire pour établir la hiérarchisation des actions sur le court, moyen et long termes.

Ce type d’étude est directement opérationnel. Le Schéma de développement des marchés doit dégager un calendrier et un programme possible d’actions techniques et économiques. Les contraintes et les opportunités d’investissements doivent être clairement analysées. Les conditions de mise en oeuvre des actions de réaménagement ou de création de marchés seront présentées. Enfin, les modalités de gestion des marchés et les niveaux de services feront l’objet d’une première réflexion débouchant sur un certain nombre de scénarios.

3.2.2.3 La création de marchés de gros

Les études doivent fournir l’examen des conditions économiques, techniques, financières et juridiques nécessaires à la création de ce type d’équipement: volumes commercialisés, types et caractéristiques des opérateurs concernés, souhaits de ceux-ci, analyse des sites d’implantation possibles, structures physiques des installations, cadre réglementaire, niveaux de services, scénarios de gestion, etc.

Mais qu’il s’agisse des études sur les circuits d’approvisionnement, sur le Schéma de développement des marchés urbains, ou celles préalables à la création d’un marché de gros, cette première phase doit être l’occasion de mettre en place l’indispensable processus de concertation avec les commerçants usagers de ces équipements sans lequel leur réussite est loin d’être assurée.

3.3 En amont et en aval du secteur des marchés: l’amélioration des circuits d’approvisionnement et de redistribution

Il faut rappeler les importantes contraintes qui s’exercent sur les circuits d’approvisionnement, tant en amont (transport, production agricole, manque de fonds de roulement des grossistes, difficultés d’accès au crédit, taxations diverses, etc.), qu’en aval, où elles consistent notamment dans le manque de capital des détaillants et dans les difficiles conditions de fonctionnement du transport de marchandises intra-urbain pour l’approvisionnement des marchés.

Bien que ces contraintes fassent l’objet de divers programmes et politiques d’intervention de la part des Administrations concernées (Ministère de l’agriculture, Chambre de commerce, etc.), il nous faut mentionner ici deux axes de réflexion et d’études en relation directe avec le secteur des marchés:


Page précédente Début de page Page suivante