LE COMPOST
Le compost est une substance semblable au sol, issue de la décomposition des matières organiques. Le compostage est un moyen naturel de recycler les plantes. Cest une méthode facile et peu coûteuse; il suffit davoir du temps disponible, de lespace dans le jardin, des déchets qui se décomposent facilement et de leau.
Il faut environ trois mois pour faire du compost, la durée étant fonction des conditions qui peuvent être créées pour faciliter une décomposition rapide des matières organiques, tout en limitant la perte de nutriments.
Comment faire du compost
Des plantes et dautres matières organiques (par exemple du fumier) sont entassées dans un espace assez grand. Le fait de couper, hacher ou broyer les matériaux entassés accélère la décomposition des matières organiques, qui se transforment en compost, cest-à-dire une substance fine et de couleur sombre, semblable à de lhumus. Ce compost sera ensuite appliqué au sol pour lenrichir.
Toutes les substances naturelles - notamment les déchets de cuisine, comme les épluchures de fruits et de légumes ou la cendre de bois, ainsi que les résidus de plantes provenant du jardin potager ou des champs - peuvent être utilisées pour fabriquer du compost. On peut même utiliser les mauvaises herbes, mais il faut veiller à ce que leurs graines ne se mélangent pas au compost. Le fumier et les farines dos ou de cornes sont aussi des matériaux très utiles pour faire un bon compost.
Pour éviter que le compost se dessèche, il faut installer le tas dans un endroit ombragé. En revanche, les emplacements trop humides doivent être évités. Il vaut mieux mettre le tas de compost sur une surface plane, plutôt que dans une fosse. Lair facilite le processus de décomposition et doit circuler librement autour du tas.
Le tas de compost doit être constitué avec soin si lon veut un produit de bonne qualité. Il ne sagit pas dune décharge de nimporte quels déchets. Avant de faire un tas de compost, on doit rassembler les matériaux qui conviennent et les trier pour enlever les gros morceaux ligneux. Les matériaux à composter doivent être placés en couches, en commençant par les plus grossiers. Cela permet un bon drainage quand il pleut. Les couches de matériaux légers broyés sont alternées avec des couches de matériaux plus fibreux. Chaque couche doit avoir de 15 à 20 cm dépaisseur. La figure 1 montre la coupe transversale dun tas de compost.
FIGURE 1 Exemple dun tas de compost
Une couche de sol de 2 à 3 cm après chaque couche de matériaux à composter (voir la figure 1) sert dinoculant en ajoutant des microorganismes au tas.
Un tas de compost ne doit pas avoir plus de 1 à 1,5 m de largeur ou de hauteur. La longueur du tas dépend de la quantité de matériaux à composter. Il doit y avoir assez despace tout autour du tas pour permettre aux membres du ménage de passer. Si le climat est sec et chaud, il faut recouvrir le tas de feuilles de bananier ou de tout autre matériau qui convient. Lair est très important pour le processus de compostage. Pour permettre à lair de pénétrer dans le tas, il faut placer verticalement à chaque mètre des bottes dherbe séchée ou des tiges creuses de bambou.
Une fois constitué, le tas de compost commence à chauffer, sa température sélevant jusquà 60-80 °C. Une telle température pasteurise le compost en détruisant les éléments pathogènes. Après environ 15 jours, la température diminue; il faut alors tourner le tas de façon que les couches du bas soient ramenées sur le dessus.
Après environ cinq semaines, le tas de compost doit être tourné de nouveau. Les matériaux se trouvant vers lextérieur du tas doivent être placés au milieu, et le niveau dhumidité doit également être vérifié; si nécessaire, il faut ajouter de leau. Un tas de compost doit toujours être humide (de 45 à 65 pour cent dhumidité), car lhumidité est nécessaire au processus de fermentation. Cependant, un excès deau entraîne le compactage et le pourrissement des matériaux. Le fait de couvrir le tas avec des feuilles de bananier peut aider à empêcher que trop deau y pénètre pendant la période des pluies. Si le tas de compost devient trop humide, il faut soit le tourner, soit ajouter des matériaux secs.
A la fin du troisième mois, le compost est normalement prêt à être utilisé. Il doit être sombre et friable et avoir une bonne odeur dhumus. Lorsque le compost contient encore des matériaux qui ne sont pas transformés, cela signifie quil nest que partiellement décomposé. Le fait dappliquer au sol du compost partiellement décomposé peut réduire la quantité dazote disponible pour la croissance des plantes. Ainsi, il faut soit séparer au tamis les particules insuffisamment décomposées, soit les laisser plus longtemps pour quelles finissent de se décomposer.
FIGURE 2 Il faut tourner le tas de compost
TABLEAU 1 Résoudre les problèmes de compostage
Symptômes |
Problèmes |
Solutions |
Le compost sent mauvais |
Pas assez dair ou trop dhumidité |
Tournez le tas. Ajoutez des matériaux secs si le tas est trop humide |
Le tas de compost est sec au centre |
Pas assez deau |
Mouillez le tas et tournez-le |
Le compost est humide et chaud seulement au centre |
Le tas est trop petit |
Prenez de nouveaux matériaux et mélangez-les aux autres pour constituer un nouveau tas |
Le tas est humide et sent bon, mais il ne chauffe pas |
Manque dazote |
Mélangez avec une source dazote, par exemple du fumier frais ou de la farine de sang |
Il y a encore une bonne partie de matériaux non décomposés |
La durée du compostage a été trop brève |
Laissez le tas de compost quelques jours de plus. Passez-le au tamis et utilisez les particules les plus fines |
Utilisation du compost et du fumier
Le fumier, de même que le compost, doit être bien décomposé avant quon puisse lutiliser. Le fumier frais peut brûler les plantes si on létend trop près de celles-ci. Il faut donc le laisser sécher à lombre et le conserver pour lutiliser plus tard. Le compost est de meilleure qualité quand il sémiette comme la litière forestière. Il ne doit pas être lourd ou collant. Au moment de leur utilisation, le compost et le fumier doivent avoir une bonne odeur.
Le compost et le fumier peuvent être mélangés ou appliqués séparément. Comme tous deux libèrent lentement leurs nutriments, on doit les appliquer juste avant de planter ou de semer. Pour la plantation darbres, mélangez le compost ou le fumier avec une partie du sous-sol que vous avez enlevé en creusant les trous, puis utilisez le mélange pour remplir les trous où sont placés les jeunes plants. Une tranche de compost est utile pour nourrir une rangée de nouvelles cultures ou de cultures déjà bien établies. Le compost et le fumier peuvent également être épandus sur le sol, mais il faut les protéger contre les rayons du soleil.
Un compost bien décomposé, mélangé à un sol sablonneux, est idéal pour une pépinière, si on le stérilise auparavant pour tuer les bactéries indésirables. Pour stériliser le compost, mélangez dans un grand récipient une partie deau avec neuf parties de compost bien décomposé. Couvrez le récipient, par exemple avec des feuilles de bananier, et chauffez le mélange jusquà ce quil y ait de la vapeur pour tuer les bactéries indésirables. Ce processus prend plusieurs heures.
Pour savoir si le compost est bien stérilisé, placez une patate douce ou tout autre tubercule sur le compost fumant. Comme la vapeur qui se dégage du compost cuit le tubercule, on peut considérer que les matériaux dont le compost est constitué sont stérilisés quand le tubercule est ramolli. Le compost peut alors être mélangé au sol et utilisé dans une pépinière.
La proportion de compost par rapport au sol varie selon la fertilité du sol, mais on considère que 10 pour cent de compost est le minimum, 30 pour cent la quantité idéale et 50 pour cent le maximum pour la plantation darbustes ou darbres.
Pour les jardins potagers, il faut appliquer une couche de compost qui ne dépasse pas le tiers de lépaisseur du sol retourné et bien mélanger ce compost avec le dessus de la couche arable pour éviter les pertes. Si vous utilisez des matériaux pas tout à fait décomposés, ajoutez de lazote (par exemple du fumier ou de lengrais du commerce) pour être sûr que les plantes ne souffriront pas dun manque dazote pendant leur croissance.
LENGRAIS VERT
Un autre moyen denrichir le sol est de cultiver des plantes qui fournissent de lengrais vert et de les enfouir dans le sol après les avoir broyées. Incorporez dans le sol les cultures à croissance rapide (en particulier des légumineuses) avant leur maturation pour améliorer la fertilité du sol et son contenu en matières organiques. Comme dans le cas du compost, si les parcelles doivent être utilisées avant la décomposition complète de lengrais vert, ajoutez de lazote pour empêcher que les plantes ne souffrent plus tard dun manque dazote. bad odour
Des plantes comme le mucuna, le pois pigeon, la gesse commune et le lupin conviennent toutes comme engrais vert. Elles captent lazote de lair à partir de leurs racines et le libèrent après leur décomposition. Ces plantes sont soit cultivées isolément, soit en association avec dautres plantes à croissance rapide, par exemple lherbe de guinée, le chanvre ou des crucifères, pour augmenter la quantité de matières organiques. Bon nombre de plantes quon peut utiliser comme engrais vert (par exemple, Cajanus cajan ou Leucaena sp.) peuvent servir à dautres fins, par exemple constituer des haies ou des allées (voir la figure 3), fournir du fourrage, du bois de feu ou des piquets de clôture.
Pour avoir de bons résultats, sélectionnez des espèces bien adaptées aux conditions agroécologiques de la région, notamment au climat et au sol. Les principales espèces qui fournissent de lengrais vert sont les suivantes:
Acacia sp.
Albizia parkia
Flemingia sp.
Gliricidia sp.
Leucaena sp.
Cajanus cajan (pois pigeon)
Sesbania sp.
Setaria sp.
Tephrosia
Pour améliorer le sol et contrôler les mauvaises herbes, on peut associer, comme cultures intercalaires ou cultures de relais, des légumineuses basses ou rampantes avec des cultures vivrières ou pérennes.
FIGURE 3 Utilisation des haies comme engrais vert
LE PAILLIS
Le paillis est une couche de feuilles, dherbe, de paille ou dune autre matière organique quon répand entre les plantes pour nourrir et protéger le sol. Sil est bien appliqué, le paillis apporte au sol des nutriments additionnels au fur et à mesure quil se décompose, et il protège le sol. Il aide à réduire lérosion et la croissance des mauvaises herbes, retient leau et contribue à maintenir la teneur en eau du sol. Mais un paillis trop épais peut parfois servir de refuge aux rongeurs.
Il faut toujours sassurer que le matériau destiné au paillis ne contient pas de graines, car elles pourraient germer après lapplication du paillis. Le paillis qui a été appliqué sur un lit de semence doit être enlevé lorsque les jeunes plants commencent à pousser. Après avoir enlevé le paillis, il faut protéger les jeunes plants contre les rayons brûlants du soleil. Il suffit de fabriquer un petit auvent en paille, bambou ou tout autre matériau qui convient et de le placer au-dessus du lit de semence. Voir également la rubrique technologique du jardinage 16, «Techniques de multiplication des plantes».
FIGURE 4 Le paillage des arbres
COLLECTE ET CONSERVATION DE LEAU
Un principe fondamental en ce qui concerne la conservation de leau est de la recueillir pendant la saison des pluies pour pouvoir lutiliser pendant la saison sèche. Les techniques déconomie de leau permettent de mieux utiliser leau pendant la saison sèche.
Quand il pleut, leau des toits peut être recueillie dans des récipients. De même, leau qui a servi à laver les vêtements ou la vaisselle, ou qui provient de la salle de bain, peut être utilisée pour le jardin potager si elle ne contient pas trop de savon.
FIGURE 5 Leau des toits est recueillie
On peut aussi capter leau dans le lit des rivières ou creuser à la main des puits ou des trous dans les oueds asséchés. Dans certains pays du Sahel, la rosée est recueillie pendant la nuit avec des morceaux détoffe, qui sont ensuite essorés au-dessus des cultures potagères.
La nuit, la rosée saccumule sur les rochers ou les pierres, puis sinfiltre lentement dans le sol, ce qui réduit le taux dévaporation du sol. Cest pourquoi beaucoup dagriculteurs des régions arides laissent dans leurs champs les morceaux de rocher ou les pierres.
Si lapprovisionnement en eau de la communauté est trop faible, on peut construire de petits barrages, des étangs ou des puits. Au Niger, leau est collectée de façon traditionnelle dans des étangs pendant les pluies. Lorsque le fond de létang est sec, on peut y cultiver des légumes feuillus, des tomates ou dautres légumes, surtout pendant la longue saison sèche. Il est essentiel de demander conseil pour savoir si, sur le plan technique, telle région convient pour la construction dun barrage.
Les puits creusés manuellement sont courants. Des cercles en béton ou en métal installés à lintérieur des puits aident à renforcer les parois. Les cercles coûtent cher, mais peuvent durer près dun demi-siècle.
MICRO-IRRIGATION
Il existe de nombreuses techniques de micro-irrigation à faible coût qui conviennent bien pour arroser de petites parcelles, surtout quand leau est rare. Une de ces techniques est lirrigation au seau. Deux seaux de 20 litres chacun sont installés à environ 2 m au-dessus du sol, et deux tuyaux ou tubes assurent, grâce à la gravité, larrosage goutte à goutte du potager. Un tel système permet dirriguer un jardin potager de 25 m2 avec 40 litres deau par jour.
FIGURE 6 Arrosage de légumes avec la technique de lirrigation au seau
La pompe à pédale constitue un autre système dirrigation de faible envergure, très efficace et peu coûteux, qui convient pour des groupements dexploitants de jardins potagers. Il sagit dune machine simple, qui est actionnée par deux pédales en bois, et utilise un tube en PCV, une tige de bambou ou un tuyau flexible pour conduire leau. La pompe à pédale sert à remonter leau des étangs, lacs, canaux ou bassins versants qui se trouve à une faible profondeur. Il est facile dinstaller une telle pompe et de la faire fonctionner; elle est idéale pour la culture des légumes pendant la saison sèche ou pour dautres plantes qui ont besoin dêtre arrosées (par exemple, le palmier à huile). Il faut cependant suivre une formation pour sassurer que la pompe est bien entretenue, afin déviter les pannes.
Si le sol est arrosé en surface, il faut veiller à empêcher la salinité, qui se produit lorsque les plantes sont irriguées avec peu deau pendant les périodes chaudes. Leau sévapore immédiatement et ramène peu à peu les sels minéraux à la surface du sol. Si cette situation persiste, la croissance des plantes est retardée et parfois même arrêtée. Pour réduire lévaporation, les plantes doivent être arrosées le soir.
BONNE UTILISATION DE LEAU DANS LES CLIMATS SECS OU EN SAISON SÈCHE
Leau doit être utilisée avec parcimonie dans les régions sèches. Pour économiser leau, lexploitant de jardin potager doit:
préparer le sol de façon que la plante pousse dans un emplacement en cuvette, afin déviter lécoulement de leau de surface;
choisir des plantes qui poussent bien dans un environnement aride (manioc, patate douce, aubergine, goyave, mangue, arachide, carthame et noog;
cultiver des légumes à cycle court à proximité dun point deau, par exemple un puits, une sortie deaux de drainage ou un réservoir deau.
A la surface du sol
Lutilisation de matières organiques ou de paillis peut prolonger la durée de vie des plantes annuelles en maintenant la fraîcheur de la surface du sol et en empêchant lévaporation. Les exploitants de jardins potagers doivent:
couvrir le sol autour des plantes avec du paillis, des feuilles ou de lherbe coupée;
faire de lombre aux jeunes plants afin de les garder au frais;
enlever les mauvaises herbes, qui disputent à la plante lhumidité.
Sous la surface du sol
La matière organique du sol absorbe leau et retient lhumidité. Les exploitants de jardins potagers doivent incorporer du compost ou des matières organiques dans le sol. Un gros sac de matières organiques compostées devrait suffire pour une superficie denviron 10 m2. Selon la teneur du sol en matières organiques, un deuxième sac peut être utilisé au début de la saison sèche.