10.1 Principes généraux
10.2 Le rôle du contrôle de la compétence
10.3 Caractéristiques d'organisation d'un programme d'épreuve de compétences
10.4 Les limites des programmes d'épreuve des compétences
10.5 Ressources nécessaires: Nouveaux programmes
10.6 Documentation à l'appui du Programme d'AQ
10.7 Référence
L'évaluation indépendante et extérieure de l'exactitude des résultats habituels permet d'examiner de manière impartiale la qualité des analyses: cela peut être fait dans le cadre d'un programme interlaboratoires de contrôle de la compétence.
Les procédures utilisées lorsqu'on analyse des substances dans le cadre de ce programme doivent être celles habituellement employées par le laboratoire.
Les contrôles de la compétence ne fournissent qu'une information "ponctuelle"; ils complètent mais ne remplacent pas le contrôle permanent de la qualité et ne doivent être considérés que comme un élément des activités d'assurance de la qualité.
Les procédures d'assurance de la qualité décrites dans les chapitres précédents ne garantissent pas en soi des résultats exacts; elles donnent des assurances que tout résultat inexact sera détecté et que l'on s'efforcera d'identifier la source de l'erreur. Les épreuves de compétence - souvent qualifiées "d'évaluation de la performance" - font partie du programme d'assurance de la qualité qui vise la précision ("justesse") des résultats communiqués par le laboratoire sur des substances effectivement à analyser. On présente habituellement à l'analyste une substance à analyser et on lui demande des renseignements précis sur ses propriétés; dans un laboratoire d'analyse des aliments, l'analyste sera informé de la nature de la denrée alimentaire et invité à faire rapport sur un ou plusieurs paramètres spécifiques de la composition (teneur en eau, matières grasses, protéines, cendres, acides gras, teneur en plomb, résidus de pesticides ou de médicaments vétérinaires, etc.). L'analyste doit traiter la substance qui lui est confiée comme toute autre substance, celle-ci doit être analysée selon les méthodes habituelles et les résultats doivent être communiqués comme à l'accoutumée. L'idéal est que l'analyste ne sache pas qu'il s'agit d'une épreuve de compétence, mais cela n'est pas toujours possible.
Un seul mauvais résultat d'épreuve aléatoire menée de cette manière va certainement déclencher très vite des mesures correctives, mais un seul bon résultat ne garantit en aucune manière que tous les résultats ont la même qualité que ceux de l'épreuve de compétence. Une série de ces épreuves de compétence et la comparaison à long terme entre les résultats attendus et les résultats du laboratoire (et de toute tendance ou discontinuité ainsi révélée) peuvent être beaucoup plus significatives. Les épreuves de compétence doivent donc être conduites très régulièrement et être fonction du nombre de substances à analyser et de la qualité des données demandées.
On attachera probablement une importance croissante aux résultats des épreuves de compétence du fait de l'évolution régionale et internationale, qui
- nécessitera des données de laboratoire acceptables d'un pays à l'autre à de nombreuses fins réglementaires- mettra l'accent, concernant les analyses, sur les caractéristiques de performance de la méthode utilisée par un laboratoire plutôt que sur l'emploi obligatoire des méthodes prescrites.
Pour tenir compte de cette évolution, un groupe de travail ISO/AOAC international/UICPA a préparé un protocole harmonisé pour les épreuves de compétences des laboratoires d'analyses chimiques (Ref 10.1). Celui-ci identifie et explique les principales caractéristiques recommandées pour les programmes d'épreuve des compétences. Les principales caractéristiques du protocole sont énumérées à l'annexe 10.1; il semble probable qu'à l'avenir, les programmes d'épreuve de compétences utilisés dans les laboratoires d'analyse des aliments seront de plus en plus conformes à ce protocole.
L'application quotidienne du programme est confiée à un coordonnateur, qui travaille en accord avec un petit groupe de scientifiques de laboratoire en activité qui donne des avis sur les aspects généraux de la conduite et du contenu du programme. Le coordonnateur documente toutes les pratiques et procédures du programme dans un Manuel qualité. Les substances à analyser doivent être homogènes et généralement analogues, en composition et en concentration de la substance recherchée, aux substances analysées à l'accoutumée. Elles doivent être réparties régulièrement et à une fréquence se situant entre deux semaines et quatre mois, selon les besoins et les ressources. Les participants doivent être informés à l'avance du calendrier de distribution des échantillons, de l'analyse, de la communication des résultats, de leur interprétation et de l'attribution et de la publication des "classements" (voir plus loin). Les analystes utilisent une méthode de leur choix, c'est-à-dire la méthode que le laboratoire choisirait normalement pour analyser des substances analogues à celles du programme.
La manière dont la valeur attribuée ("vraie", "cible") à la concentration de la substance recherchée est décidée doit être claire. Les laboratoires seront évalués sur la base de la différence entre le résultat et la valeur attribuée. Le protocole harmonisé fournit une procédure statistique permettant de classer chaque laboratoire selon ses performances. Les résultats de tous les laboratoires doivent être communiqués aux participants, au moins sous forme d'histogramme. Chaque participant sera informé de sa propre note, sans pouvoir identifier celle des autres.
Pour que les essais de compétences soient significatifs, les procédures utilisées par les laboratoires participants doivent être les procédures habituelles, à savoir que des dosage répétés ne devraient être effectués (et les moyennes communiquées) que si cela est habituel. L'intégrité professionnelle veut que l'on évite de s'écarter de la pratique normale, pour améliorer la note, car cela revient à falsifier les résultats de l'épreuve des compétences.
Un programme d'épreuve des compétences fournit une évaluation sur la base de ce qui ne constitue habituellement qu'une très petite fraction des résultats produits avec une méthode donnée. Statistiquement, la confiance dans le fait qu'un seul résultat est représentatif de la performance générale du laboratoire concernant cette analyse est faible. Cependant, au fur et à mesure que la série d'épreuves se poursuit, les caractéristiques de performance des laboratoires devraient être plus faciles à discerner. Par ailleurs, toute tendance à long terme peut être faussée par une "mesure" liée à un changement d'analyste, d'instrument, de substance étalon, de milieu, de formation. Chaque épreuve de compétence ne fournit qu'un "cliché" de la situation - et une série d'essais risque de ne fournir qu'une image incomplète de toute modification de la performance. Il y a également le risque potentiel que "l'appareil photographique" ne cadre qu'une partie limitée de l'éventail d'analyses que le laboratoire effectue. Cette limite peut être réduite si l'on choisit des substances à analyser qui constituent essentiellement une épreuve des compétences en matière d'usage d'une technique très utilisée, par exemple la chromatographie en phase gazeuse, la chromatographie en phase liquide à haute performance, la spectrométrie d'absorption atomique, ELISA.
Malgré ces limites, il est indubitable que les programmes d'épreuve des compétences ont un rôle clair et certain à jouer dans le programme d'assurance de la qualité d'un laboratoire. L'évolution internationale a toute chance d'encourager leur perfectionnement et leur généralisation; il paraît probable qu'ils seront bientôt considérés comme une partie essentielle des programmes d'assurance de la qualité.
Une exigence importante en matière de ressources destinées aux programmes d'épreuve des compétences dans les domaines de l'alimentation concerne la régularité de l'approvisionnement en substances d'épreuve dont l'homogénéité et la stabilité sont connues. Le coût correspondant est à peu près le même pour 20 ou pour 200 participants; sauf dans le cas des liquides (par exemple les boissons et les huiles), les coûts de production des substances à l'épreuve peuvent être significatifs à la fois au plan financier et au point de vue des compétences requises. Ces considérations tendent à décourager le lancement de petits programmes mais le protocole ISO/AOAC/UICPA permettra de juger beaucoup plus facilement des moyens nécessaires et de parvenir à une décision bien fondée sur les mérites respectifs de l'adhésion à un programme existant, de l'élargissement du champ d'application d'un programme existant ou de la mise en place d'un nouveau programme.
Des diagrammes indiquant les "classements" successifs obtenus par le laboratoire lors des programmes d'épreuve des compétences.
10.1 "The International Harmonised Protocol for the Profeciency Testing of (Chemical) Analytical Laboratories." Pure and Appl.Chem. 65(9)2123-2144 (1993) et J. AOAC Intl. 76(4)926-940 (1933)