4.1 Introduction
4.2 Formules mathématiques
4.3 Temps de pêche
4.4 Puissance de pêche
4.5 Répartition de la pêche
4.6 Emploi de plusieurs engins
4.7 Exercices
Effort de pêche et prise par unité d'effort (p.u.e.) sont deux éléments qui peuvent aisément être traités ensemble. Tous deux fournissent des indices relatifs à deux quantités importantes: mortalité par pêche et densité du stock exploité. Si l'on connaît la prise totale (ce qui est généralement le cas), on peut calculer immédiatement l'effort à partir de la p.u.e. et réciproquement. Bien que la p.u.e. soit généralement calculée à partir des valeurs indépendantes de la prise et de l'effort, il n'est pas nécessaire que ces données se rapportent à la totalité d'une pêcherie, et en pratique la p.u.e. est souvent obtenue à partir de données partielles, l'effort total étant estimé à partir d'elle.
Il faut faire une distinction entre l'emploi de données sur l'effort pour l'étude des stocks d'animaux aquatiques, objet du présent manuel, et l'utilisation de données sur l'intensité de la pêche pour l'étude économique des «entrées» (input) de la pêcherie. Si l'on ne vise qu'une brève période, les deux peuvent être mesurés par les mêmes chiffres - par exemple les journées en mer - mais si la pêcherie connaît des perfectionnements techniques, alors les statistiques de l'intensité de pêche doivent être ajustées de différentes manières. Supposons par exemple que l'adoption du sonar double la puissance de pêche et, partant, double en moyenne les captures journalières d'un senneur. Pour le biologiste, l'effort déployé par journée de pêche a doublé, et les statistiques des journées de pêche doivent être ajustées en conséquence; pour l'économiste, par contre, l'input n'est majoré que légèrement, pour tenir compte du coût du sonar.
Il est souvent essentiel de disposer d'une certaine mesure du stock, et la p.u.e., - bien qu'elle soit rarement exactement proportionnelle à la densité du stock, - sera presque toujours la meilleure possible, meilleure par exemple que la prise totale. Au fur et à mesure que progresse la recherche sur la pêcherie, nécessitant de meilleurs indices de l'importance du stock, l'expression de la p.u.e. s'améliorera généralement, s'affinant par la prise en considération de la répartition spatiale de la pêche, des différences dans la puissance de pêche des navires, etc.
Dans certains cas, il est possible d'obtenir une mesure satisfaisante de la densité du stock (et par conséquent un indice de la p.u.e.) tout à fait indépendamment des données sur la prise et sur l'effort. En divisant par cet indice la prise totale, on a un indice de l'effort total. Ainsi, les progrès récents des techniques de prospection au sonar et à l'écho-sondeur laissent penser que dans certaines pêcheries pélagiques, pour lesquelles il est fréquemment difficile d'interpréter les données courantes sur les captures et sur l'effort, le plus sûr indice de densité pourra être fourni par les enregistrements du sondeur ou du sonar, et exprimé par exemple en tracés par mille de distance parcouru. L'indice correspondant de l'effort sera alors le quotient de la prise par l'indice de densité, et s'exprimera en tonnes par unité de tracé (image d'échos).
Les relations entre la prise, l'effort et la densité du stock sont faciles à établir pour les opérations d'une seule unité et une densité uniforme de poissons: par exemple, un chalut dont on peut supposer qu'il prend à chaque trait une fraction constante des poissons présents. La prise par opération est alors proportionnelle à la densité du stock, et le nombre d'opérations proportionnel à la mortalité ainsi causée.
La prise d'une opération, si elle est proportionnelle à la densité du stock, peut s'exprimer mathématiquement:
D C = q · D f · N/A, (4.1)
où
D C = prise d'une opération
q = constante
D f = effort de pêche par unité d'opération
N = abondance moyenne du stock
A = aire habitée par le stock
La prise, en nombre, est égale au nombre de morts causées par la pêche, valeur qui, comme il sera montré au chapitre suivant, peut être exprimée de manière pratique en taux instantanés:
où F = coefficient de mortalité par pêche
ou encore, si l'on suppose de courts intervalles:
D C = - (D N) pêche = FN D t
Par conséquent:
q D f · N/A = FN D t, (4.2)
et
Autrement dit, le coefficient de mortalité par pêche est proportionnel à l'intensité de pêche, lorsque cette intensité est définie comme effort de pêche par unité d'aire et par unité de temps.
On peut exprimer la relation ainsi:
et, si q et A sont des constantes, au bout d'un temps t:
où f représente l'effort total de pêche durant la période.
Ou bien encore:
F = q · f/At, (4.3)
= q × intensité de pêche.
Dans la pratique, A (aire occupée par le stock) este une constante, et pour une période fixe, par exemple un an, on peut écrire:
F = q' f, (4.4)
où q' est une constante. C'est ainsi qu'est généralement exprimé le rapport entre mortalité par pêche et effort de pêche.
L'équation de base 4.1 applicable à une seule opération peut être exprimée en prise par unité d'effort:
ou bien, en supposant de nouveau que q et A sont des constantes, en faisant la moyenne pour une certaine période:
, (4.5)
où et représentent l'abondance et la densité moyennes durant la période.
Par conséquent, la p.u.e. est proportionnelle à la densité, mais là encore, si A est une constante, la p.u.e. sera également proportionnelle à l'abondance.
Les calculs ci-dessus, qui expriment pour toutes les opérations d'une certaine période l'effort de pêche sous forme de coefficient de mortalité, ou la p.u.e. comme indice de densité, exigent que toutes les opérations soient notées en unités normalisées, autrement dit que la constante q, dans l'équation 4.1, soit la même pour toutes les opérations. Une journée de pêche d'un seul bateau constitue une «opération» simple, de sorte qu'on peut exprimer l'effort par le nombre de journées en mer, et la p.u.e. par la prise par journée en mer. Si l'on désire perfectionner le système, il faut savoir dans quelle mesure, durant une journée moyenne en mer, une proportion supérieure ou inférieure du stock peut être capturée. On a négligé dans le présent manuel les faibles fluctuations à court terme, les facteurs importants étant ceux qui déterminent les tendances à long terme.
La prise par journée en mer d'un navire peut s'accroître, pour une densité de stock donnée, pour diverses raisons:
a) Parce que durant le temps de pêche effectif on capture davantage de poissons (augmentation de la puissance de pêche du navire);b) Parce qu'une plus grande part de la journée est effectivement consacrée à la pêche.
Il existe un troisième cas, la répartition d'un stock n'étant jamais parfaitement uniforme et pouvant présenter des concentrations locales supérieures à la moyenne:
c) Parce que le navire opère dans des zones où la densité du poisson est plus grande.
La normalisation des données sur l'effort de pêche repose donc sur la détermination des éventuelles variations notables (particulièrement les tendances) du temps de pêche effectif, de la puissance de pêche ou de la répartition de la flotte, et, dans l'affirmative, de la standardisation des composantes appropriées de l'effort total. C'est seulement après avoir décelé les modifications, effectives ou probables, que l'on pourra le mieux fixer les détails de la méthode de normalisation à employer. Par exemple, pour les chalutiers, on sait que la puissance de pêche croît avec la taille (jauge) et la puissance. Si la composition d'une flotte de chalutiers ne change pas, bien qu'elle renferme à la fois des navires de grande et de petite taille, la standardisation ne s'impose pas dans l'immédiat. Mais si des modifications interviennent, et qu'augmente soit le tonnage moyen soit la puissance moyenne des navires, une certaine normalisation devient nécessaire. Si entrent en service de nouveaux bâtiments à la fois plus grands et plus puissants, la normalisation peut s'effectuer en fonction de la jauge ou de la puissance en chevaux (ou peut-être de quelque autre indice de taille ou de puissance), le choix étant commandé par des raisons de commodité. Si la modification consiste à équiper les navires existants d'appareils propulsifs plus grands, la normalisation doit se faire d'après la puissance en chevaux (ou un autre indice de la taille des machines).
On peut normaliser le temps de pêche en soustrayant du nombre de journées en mer les périodes non consacrées directement à la capture ou à la localisation du poisson, à savoir:
a) Temps perdu en raison des conditions atmosphériques
b) Durée du voyage entre le port et les lieux de pêche
c) Temps passé à préparer les engins de pêche avant leur mise à l'eau
d) Temps consacré à la manipulation de la prise après la pêche.
La part prise par ces éléments du temps non productif dans le temps total passé en mer variera pour plusieurs raisons. On peut s'attendre à ce que le mauvais temps accuse des fluctuations aléatoires, et ce facteur peut souvent être négligé, tandis que des navires plus grands ou mieux dessinés pourront peut-être pêcher dans de mauvaises conditions, et par conséquent perdre moins de temps.
La durée du voyage sur les fonds de pêche, si elle diminue lorsqu'on emploie des navires plus rapides, peut augmenter à mesure que les fonds les plus proches s'appauvrissent en poissons et que les navires doivent aller travailler plus loin (dans ce cas, la prise par journée sur les lieux de pêche fournira peut-être le meilleur indice de densité du stock sur les fonds exploités, mais la prise par journée en mer renseignera mieux sur l'abondance générale du stock).
Les fluctuations du temps passé à manipuler soit les engins soit les captures peuvent être importantes, particulièrement lorsqu'on rapproche cet élément de l'abondance du stock. Si le poisson est nombreux, beaucoup de temps peut être perdu à manipuler la prise ou à n'effectuer que de brefs traits de chalut (l'engin passant proportionnellement beaucoup moins de temps sur le fond), de sorte que l'évolution de la prise par journée sur les terrains de pêche (journée de pêche) tendra à faire sous-estimer les fluctuations de la densité du stock.
On entend par «temps productif»:
a) Le temps passé sur les fonds de pêche à la recherche du poisson;
b) Le temps passé à pêcher.
L'importance relative de ces deux aspects du temps de pêche dépend du type d'engin. L'un des extrêmes est fourni par la chasse à la baleine, durant laquelle l'engin (harpon) ne sert que très brièvement, l'élément primordial étant le temps passé à localiser les animaux. L'autre est représenté par le chalutage démersal, durant lequel peu de temps est consacré à la recherche du poisson, le paramètre important étant le temps durant lequel l'engin est sur le fond et pêche. Pour certains engins (par exemple senne tournante), il peut ne pas apparaître clairement lequel des paramètres - temps de pêche ou temps de recherche, ou combinaison des deux - doit être employé, et il pourrait alors être préférable de prendre pour unité fondamentale de temps de pêche le temps passé sur les fonds (exprimé en journées ou en heures). Les statistiques devraient alors être complétées par des relevés détaillés faits sur le journal de pêche (peut-être seulement pour un échantillon de la flotte) et ventilant le temps total sur les lieux de pêche en: localisation du poisson, préparation des engins, pêche effective, manipulation des captures. On espère que des travaux ultérieurs et une connaissance plus poussée du mécanisme de la pêcherie pourront contribuer à l'élaboration d'un meilleur indice du temps de pêche.
Avec certains engins, comme les palangres ou les filets maillants - qui, comme les chaluts, pèchent de façon plus ou moins continue - le rendement des opérations varie avec leur durée. Ainsi, une palangre calée durant 12 heures prendra peut-être davantage qu'une qui a été laissée en place 6 heures, mais pas le double. La modification peut être envisagée comme affectant soit la puissance de pêche soit le temps de pêche effectif, mais il est préférable d'exprimer l'information pertinente en temps de pêche. Si la durée moyenne de l'opération n'est pas modifiée, l'effet peut être négligeable, quoique dans certaines pêcheries il dépende de l'abondance du stock - un exemple extrême est fourni par la drague à pétoncles, qui, sur certains fonds, peut se remplir en 20 minutes et ne plus rien prendre même si l'on continue à la remorquer pendant une demi-heure ou davantage. Pour de tels engins, le mieux est de choisir un mode d'expression du temps de pêche - par exemple nombre de traits, de poses, etc. - et d'apporter une correction pour toute variation de la durée moyenne de l'opération ou toute conséquence de la saturation de l'engin.
La puissance de pêche d'un engin, c'est-à-dire la prise qu'il effectue par unité de temps de pêche (en unités appropriées à cet engin) pour une densité donnée d'animaux aquatiques, peut être subdivisée en deux éléments:
a) Secteur (surface ou volume d'eau) dans lequel s'exerce l'influence de l'engin et où les poissons peuvent être capturés (que l'on désignera par a).b) Proportion d'animaux aquatiques de ce secteur qui sont en fait capturés (soit p).
De toute évidence, si animaux aquatiques ou pêche se répartissent au hasard, la proportion du stock total dans le secteur d'opération sera , et la prise . Autrement dit, le produit fournira une mesure directe de la mortalité par pêche (voir sect. 5.3).
Le perfectionnement des techniques de pêche peut modifier les deux quantités. C'est ainsi que pour les senneurs le secteur d'opération peut être accru par une prospection améliorée - navires plus rapides, emploi de matériel de détection perfectionné, etc. - tandis que la proportion de la population s'y trouvant et pouvant être capturée peut être augmentée par l'emploi de filets de plus grande taille ou de certains matériels sonar.
Les modifications apportées à la puissance de pêche comptent moins pour les engins fixes - pièges, lignes, etc. - où l'unité de base (nasse à homards, ou hameçon appâté) change peu, la puissance de pêche du navire étant accrue par l'emploi d'un plus grand nombre de nasses ou d'hameçons. L'effort peut alors être facilement exprimé en éléments normalisés - nombre de nasses, nombre d'hameçons, etc. - multipliés par une expression convenable du temps de pêche (l'unité étant fréquemment une «opération», ramenée, si besoin est, à une durée normalisée.)
La puissance de pêche des engins plus actifs - chaluts, sennes tournantes, etc. - augmentera sans doute davantage en cas de perfectionnement du navire ou de l'engin. Par exemple, la taille moyenne des chalutiers britanniques péchant dans les eaux islandaises a pratiquement doublé ces trente dernières années, et la taille du filet a probablement aussi augmenté, quoique l'on soit moins renseigné sur les engins utilisés que sur les navires. Dans cette pêcherie comme dans d'autres pêcheries au chalut étudiées en détail, l'intensité de pêche s'est révélée étroitement proportionnelle à la jauge brute du chalutier ou à la puissance de son appareil propulsif. Jauge ou puissance des machines fournissent donc un indice pratique de la puissance de pêche, et l'effort pourra s'exprimer en unités normalisées telles que «heures-tonneau» (produit des heures de pêche par la jauge moyenne des navires).
Dans la pêche à la senne tournante également, la prise croît avec le tonnage du navire, sans que la progression soit toutefois proportionnelle. Ainsi, pour la pêcherie états-unienne de thons du Pacifique oriental, on applique aux diverses tranches de tonnage des facteurs de correction ramenant l'effort de pêche à celui des bâtiments jaugeant de 100 à 200 tonneaux, facteurs qui vont de 0,60 pour les navires de moins de 50 tonneaux à 1,37 pour ceux de plus de 200.
Pour ce type d'engin, il est préférable, si la flotte a beaucoup évolué durant la période étudiée, de prendre pour norme un navire ou groupe de navires, et de déterminer, à partir des statistiques des prises, la puissance de pêche des autres navires ou groupes de navires par rapport à l'étalon. On peut alors exprimer en termes normalisés l'effort de pêche pour l'ensemble de la flotte.
Une fois pleinement normalisés puissance de pêche et temps de pêche, les chiffres de la prise par unité d'effort (p.u.e.) seront proportionnels à la densité moyenne aux points de pêche, la moyenne étant pondérée conformément à l'importance de la pêche sur chaque emplacement. Cette densité sera presque sûrement supérieure à la densité moyenne réelle, les lieux effectivement péchés étant généralement ceux où la pêche rend le mieux (et donc de densité plus forte). Toutefois la p.u.e. continuera de fournir un indice valable de la densité tant que demeurera constant le rapport entre densité réelle et densité pondérée par la quantité de pêche. La différence entre la densité moyenne vraie et la densité moyenne mesurée aux points péchés peut être considérée sous deux aspects, correspondant respectivement à la tactique de pêche - comment obtenir la meilleure prise possible sur un certain fond de pêche - et à la stratégie de pêche - comment choisir au mieux le fond de pêche compte tenu d'éléments comme durée du voyage sur les lieux de pêche, différentes compositions par espèces sur les fonds, prix différents pour diverses espèces, etc. Sur un terrain de pêche quelconque - qui, pour les pêcheries au chalut de la mer du Nord, peut être pris d'un diamètre d'environ 10 milles - la répartition de la pêche sera déterminée uniquement par la capacité des pêcheurs de détecter les petites concentrations locales de poissons. La densité dans les parties non pêchées du terrain ne sera pas connue, mais le rapport de la densité des zones pêchées à la densité moyenne sera généralement constant, tout au moins pour une brève période. Pour une période plus longue, l'emploi de nouveaux appareils permettra peut-être aux pêcheurs d'attaquer le poisson avec plus d'efficacité, soit directement (sondage aux ultrasons) soit grâce à une navigation plus précise (Decca, radar, sondage aux ultrasons). La meilleure manière d'étudier ces perfectionnements est de les considérer comme des modifications de la puissance de pêche de l'unité de pêche (navire + engin de pêche + autres matériels). En première approximation, on peut toutefois écrire, à partir de l'équation 4.5 (et pour n'importe quel terrain de pêche):
, (4.6)
où
C = prise,
f = effort,
q et q1 = constantes
et densité pondérée par l'importance de la pêche
D = densité moyenne réelle sur le fonds de pêche considéré.
Une unité de stock se répartit généralement sur plusieurs fonds de pêche, et le rapport entre prise totale et effort total sera égal à la moyenne des prises par unité d'effort sur les divers fonds, pondérée par l'effort sur chaque fond:
où C et f sont respectivement la prise totale et l'effort total et Ci, et fi la prise et l'effort sur un fonds de pêche particulier.
La répartition de la pêche variant probablement d'une année à l'autre en raison des fluctuations de l'abondance relative des divers stocks, etc., ces coefficients de pondération évolueront, ainsi que le rapport entre prise totale par unité d'effort et abondance du stock (à moins que la densité ne soit la même sur tous les fonds).
On peut toutefois, à partir de l'équation 4.6, exprimer, pour tout terrain de pêche i d'aire Ai, le nombre d'animaux aquatiques par l'équation suivante:
Si l'aire totale occupée par le stock peut être subdivisée en régions et si l'équation 4.6 est applicable à chacune d'elles, on obtient, par sommation, l'effectif total du stock:
Si qi est constant (= q) pour tous les terrains de pêche, on a alors:
et la densité est:
, (4.7)
où A = S Ai
Autrement dit, la densité est la moyenne pondérée de la p.u.e. dans chaque région, le coefficient de pondération étant l'aire des régions. Si toutes les régions ont la même aire, l'équation devient:
où n = nombre de régions.
L'effort total effectif (c'est-à-dire la mesure de l'effort qui demeurera proportionnel à la mortalité par pêche quelles que soient les modifications que connaissent la répartition des animaux aquatiques et la pêche) peut être obtenu à partir de l'équation 4.7 en posant la prise totale comme dividende:
Les formules ci-dessus permettent aussi d'obtenir des indices de densité pour tout groupe particulier de la population, par exemple un groupe d'âge. Si l'indice de densité pour la totalité de la population est le quotient de la prise totale par l'effort total, l'indice pour un groupe d'âge donné s'obtiendra en divisant le nombre d'individus de ce groupe d'âge débarqués (voir section 2.3) par l'effort total. Une autre manière de procéder est de multiplier le nombre de spécimens de chaque âge dans une unité de poids par le poids capturé par unité d'effort. S'il y a des différences marquées de composition entre différentes régions habitées par le stock, les indices de densité devront être obtenus séparément pour chacune des régions, et le calcul de l'indice pour la totalité du stock nécessitera l'intervention d'un facteur de pondération, basé sur l'aire de chaque région. Les régions doivent être suffisamment petites pour assurer une composition uniforme sur toute leur étendue, mais en général plus grandes que les fonds de pêche séparés qui servent, comme il est dit plus haut, à la détermination de l'indice général de densité.
L'étude des données sur la prise et sur l'effort par petites régions est particulièrement utile lorsque l'exploitation porte sur plusieurs espèces occupant des secteurs légèrement différents, mais chevauchant peut-être, de l'ensemble de la zone de pêche. La proportion d'une espèce donnée dans les prises dépendra dans ce cas autant de l'emplacement de pêche que de l'abondance de cette espèce. Toutefois, à l'intérieur d'une sous-zone d'étendue suffisamment restreinte, la proportion d'une espèce donnée dans les prises sera beaucoup plus constante et indépendante du point exact de pêche.
Il est possible d'utiliser une autre méthode pour l'étude des données sur l'effort dans le cas de pêches portant sur plusieurs espèces quand on peut rattacher chaque mise à terre à l'espèce principalement recherchée durant cette sortie - par exemple, les chalutiers allemands travaillant à l'ouest du Groenland ramènent dans l'année à peu près autant de cabillauds que de rascasses du Nord, mais l'une de ces espèces prédomine généralement dans chaque apport. On estimera donc la densité du stock de cabillauds et celle du stock de rascasses du Nord à partir de la prise par unité d'effort des chalutiers recherchant spécifiquement chacune de ces espèces. (Une autre méthode est examinée par Ketchen dans une publication du Conseil international pour l'exploration de la mer [CIEM] 1964.)
Lorsque plus d'un groupe de navires exploite une unité de stock - par exemple chalutiers et palangriers, ou navires de plusieurs pays -, il est généralement difficile, voire impossible, d'exprimer les statistiques de l'effort de tous les navires dans les mêmes unités, pour obtenir directement une valeur de l'effort total. On peut alors prendre pour référence une seule flotte (A), et sa prise par unité d'effort (p.u.e.) comme indice optimal de densité, l'effort total étant estimé comme suit:
Si l'on dispose de bonnes statistiques de l'effort pour plus d'une flotte, il vaut mieux calculer d'abord la p.u.e. pour chaque flotte séparément, puis comparer les modifications annuelles des indices d'abondance ainsi obtenus. Si chaque indice suit grosso modo la même tendance, cela tend à confirmer qu'il constitue une bonne représentation de l'abondance (le degré de confirmation croît avec l'hétérogénéité des flottes étudiées: la concordance a plus de valeur si elle se manifeste entre chalutiers et palangriers qu'entre deux flottes de chalutiers). Inversement, s'il y a discordance entre deux séries de chiffres de la p.u.e., cela signifie qu'une au moins n'est pas une bonne mesure de l'abondance. Avant d'utiliser l'une ou l'autre des séries de données, il faut examiner les méthodes par lesquelles elles ont été obtenues afin d'essayer de déterminer l'origine du désaccord (par exemple, une flotte comprenait un nombre croissant de navires modernes et puissants dont il n'a pas été tenu compte dans les statistiques d'effort utilisées). Si deux flottes ou davantage donnent des indices cohérents de la p.u.e., un seul indice de la p.u.e. (et, partant, de l'effort total) peut être commodément obtenu en exprimant pour chaque flotte l'indice en pourcentage d'une année - ou période d'années - de référence.
1. Décrire brièvement les types d'engins employés dans des pêcheries que vous connaissez bien.
2. De quelles mesures de l'effort de pêche dispose-t-on actuellement?
3. Quelles seraient idéalement les meilleures mesures de l'effort?
4. Quelles sont les causes éventuelles des différences de puissance de pêche, ou d'effort de pêche, entre les divers navires ou catégories de navires de la flotte?
5. Y a-t-il des raisons de supposer que, pour l'une ou l'autre de ces pêcheries, la prise par unité d'effort n'est pas proportionnelle à l'abondance du stock? Dans l'affirmative, peut-on y remédier en utilisant une meilleure mesure de l'effort?
6. La table ci-dessous rassemble des données très simplifiées sur l'effort de pêche et les prises de plies et d'églefins pendant deux ans pour les chalutiers britanniques de la mer du Nord. Le lieu de pêche a été divisé en 16 régions, et les données recueillies séparément pour chacune d'elles.
|
Première année |
Deuxième année | ||||||
Effort |
5 |
6 |
6 |
3 |
16 |
17 |
13 |
14 |
Eglefin |
50 |
48 |
60 |
24 |
208 |
238 |
195 |
168 |
Plie |
0 |
12 |
6 |
0 |
0 |
17 |
13 |
0 |
Effort |
8 |
7 |
9 |
8 |
13 |
12 |
13 |
10 |
Eglefin |
40 |
49 |
54 |
48 |
130 |
132 |
91 |
80 |
Plie |
16 |
0 |
27 |
8 |
13 |
12 |
26 |
0 |
Effort |
10 |
13 |
11 |
14 |
9 |
9 |
(8) |
6 |
Eglefin |
40 |
65 |
33 |
56 |
45 |
63 |
(32) |
48 |
Plie |
40 |
39 |
22 |
42 |
18 |
18 |
(8) |
18 |
Effort |
14 |
15 |
16 |
15 |
5 |
5 |
6 |
4 |
Eglefin |
28 |
0 |
16 |
15 |
10 |
5 |
6 |
4 |
Plie |
84 |
90 |
48 |
45 |
25 |
15 |
12 |
8 |
a) Calculer pour chaque année, par addition, la prise totale pour chaque espèce et l'effort total, et calculer ensuite le rapport prise totale/effort total.
b) Construire pour chaque année un tableau montrant la prise par unité d'effort pour chaque espèce dans chaque rectangle.
c) Calculer pour chaque espèce un indice global de densité, c'est-à-dire la capture moyenne par unité d'effort, et l'intensité effective de pêche s'exerçant chaque année sur chacune des espèces. Comparer les intensités de pêche s'exerçant sur les deux espèces.
Etudier le changement de la densité d'une année à l'autre, tel qu'il peut être mesuré par le rapport prise totale/effort total et par la prise moyenne par unité d'effort.
d) En supposant qu'il n'y ait pas eu de pêche la deuxième année dans l'un des rectangles du centre (chiffres entre parenthèses dans le tableau), comment pourrait-on calculer la densité moyenne ou l'intensité totale effective de la pêche? Faire quelques hypothèses raisonnables quant à la densité dans la région; tirer les conclusions de certaines d'entre elles. Hypothèses possibles: que la densité est égale à la moyenne de celles des régions limitrophes; que la modification par rapport à l'année précédente est la même que pour les autres régions; (cas limite) que la densité est égale à zéro.
7. La table ci-après donne les statistiques des prises et de l'effort pour la pêcherie de cabillauds de la région I du CIEM (mer de Barents). Les captures sont indiquées en tonnes (le total comprend les pêches allemandes et norvégiennes), l'effort de pêche britannique est exprimé en millions d'heures-tonneau (produit des heures de pêche par le tonnage moyen des navires), et l'effort de pêche soviétique en milliers d'heures de pêche.
Année |
Prise |
Effort |
|||
Royaume-Uni |
U.R.S.S. |
Total |
Royaume-Uni |
U.R.S.S. |
|
1946 |
53 835 |
117 100 |
199 640 |
17,6 |
104 |
1947 |
127 242 |
151 970 |
340 758 |
38,4 |
149 |
1948 |
164 794 |
158 650 |
406 620 |
63,1 |
162 |
1949 |
226 450 |
162 340 |
484 942 |
80,0 |
171 |
1950 |
136 790 |
135 410 |
356 474 |
93,2 |
161 |
1951 |
129 030 |
189 580 |
407 989 |
98,9 |
231 |
1952 |
130 546 |
258 830 |
524 160 |
102,6 |
247 |
1953 |
59445 |
261 400 |
442 839 |
53,1 |
275 |
1954 |
72347 |
404 650 |
597 534 |
51,5 |
340 |
1955 |
91 379 |
530 280 |
830 694 |
60,6 |
373 |
1956 |
67787 |
512 170 |
787 070 |
54,3 |
492 |
1957 |
38 488 |
183 000 |
399 595 |
44,5 |
- |
1958 |
46 225 |
146 570 |
388 067 |
55,6 |
- |
- Calculer la prise par unité d'effort (p.u.e.) de la flotte britannique et de la flotte soviétique.- Calculer l'effort de pêche total en unités britanniques et en unités soviétiques.
- Pour chaque flotte, exprimer la p.u.e. annuelle en pourcentage de la moyenne 1946-56. Les tendances sont-elles identiques dans les deux séries? La différence peut-elle provenir du fait que l'une des séries renferme un facteur (tonnage) qui tient compte dans une certaine mesure de l'accroissement de la puissance de pêche des divers chalutiers?
8. Les chalutiers allemands pèchent à l'ouest du Groenland à la fois le cabillaud et la rascasse du Nord. Leurs prises (en tonnes) et leurs efforts de pêche en 1958 et 1959 ont été les suivants (données tirées du Statistical Bulletin de la Commission internationale des pêcheries de l'Atlantique nord-ouest (CIPAN).
Année |
Espèce principale |
Nombre de journées de pêche |
Prise de cabillaud |
Prise de rascasse du Nord |
1958 |
Cabillaud |
1 337 |
26247 |
1 754 |
Rascasse du Nord |
385 |
1 277 |
9 457 |
|
Mélange |
199 |
2 386 |
1 969 |
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Total |
1 921 |
29 910 |
13 180 |
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1959 |
Cabillaud |
645 |
12336 |
1 087 |
Rascasse du Nord |
690 |
2705 |
15 683 |
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Mélange |
169 |
2372 |
2 062 |
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Total |
1 504 |
17 413 |
18 832 |
Déterminer, d'après la p.u.e. de cabillaud par les chalutiers recherchant cette espèce, et la p.u.e. de rascasse du Nord par les chalutiers péchant cette espèce, les changements (exprimés en pourcentage) dans la densité des stocks de cabillaud et de rascasse entre 1958 et 1959. Comparer ceux-ci avec les changements dans les p.u.e. de cabillaud et de rascasse du Nord par la totalité des navires, ainsi qu'avec les modifications de la p.u.e. de cabillaud par les navires travaillant la rascasse, et de rascasse par les navires recherchant le cabillaud.