No.4 octobre 2008 | ||
Perspectives de récolte et situation alimentaire | ||
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Dossier sur la situation mondiale de l’offre et de la demande de céréales
Étant donné que la récolte céréalière mondiale de 2008 devrait être beaucoup plus importante que prévu, la situation mondiale de l'offre et de la demande de céréales devrait s'améliorer considérablement pour la campagne 2008/09. Même à supposer que l'utilisation augmente plus que prévu en juillet, les stocks céréaliers mondiaux pourraient désormais gagner 8 pour cent. Le gros de cette progression devrait concerner les stocks de blé des grands pays exportateurs, tandis que l'on prévoit aussi une augmentation notable des réserves de riz pour la deuxième année consécutive. Alors qu'au niveau mondial, les réserves de céréales secondaires devraient rester pratiquement inchangées par rapport à l'année précédente, l'accroissement de l'utilisation se faisant au même rythme que les gains de production, les stocks des principaux exportateurs retomberont à leur niveau relativement faible de 2006/07. Dans ce contexte d'amélioration globale des perspectives concernant les disponibilités, les cours mondiaux des céréales ont beaucoup fléchi par rapport aux niveaux record atteints en début d'année.
Les prévisions de la FAO concernant la production de céréales de 2008 ont été revues en hausse depuis le précédent rapport de juillet, pour passer à 2 232 millions de tonnes (y compris le riz usiné), soit 4,9 pour cent de plus que l'an dernier et un nouveau record. Ce relèvement des prévisions est dû principalement aux récoltes meilleures que prévu rentrées dans toute l'Europe en ce qui concerne les céréales, aux États-Unis plus particulièrement dans le cas du maïs et en Extrême-Orient s'agissant des céréales secondaires et du riz.
En ce qui concerne le blé, les prévisions établissent désormais la production mondiale de 2008 à 677 millions de tonnes, soit une augmentation très sensible (11 pour cent) par rapport à l'année précédente et nettement plus que la moyenne des cinq dernières années. En ce qui concerne les récoltes de blé déjà rentrées, les révisions les plus importantes par rapport aux prévisions concernent l'Europe, où les dernières estimations laissent désormais entrevoir une augmentation considérable (25 pour cent) de la production, du fait des rendements en général supérieurs à la moyenne et à la reprise plus nette que prévu dans plusieurs pays, notamment dans les régions orientales, après les récoltes réduites par la sécheresse enregistrées en 2007. En Amérique du Nord, où la production s'annonçait déjà bonne, les dernières estimations ont aussi été revues à la hausse pour cette année aux États-Unis, tout comme les prévisions pour le Canada, où la récolte n'est pas encore achevée. Les bonnes conditions météorologiques ont favorisé des rendements plus élevés que prévu. En revanche, les dernières estimations concernant la production totale de blé de l’Asie pour 2008 sont en légère baisse, tout en restant à un bon niveau. Les révisions à la baisse les plus importantes concernent la Turquie et la République islamique d'Iran dans la sous-région du Proche-Orient, où le temps sec persistant a fait baisser les rendements. Ailleurs dans l'hémisphère Nord, la production totale de l'Afrique du Nord a considérablement progressé par rapport au niveau réduit par la sécheresse de l'an dernier, suite au redressement enregistré dans les principaux pays producteurs. Dans l'hémisphère Sud, les importantes cultures de blé de 2008 doivent pour l'essentiel être encore moissonnées entre maintenant et la fin de l'année. En Amérique du Sud, de mauvaises conditions météorologiques continuent de sévir dans certaines des grandes régions productrices de l'Argentine, alors que les semis ont déjà été réduits par la sécheresse. Par conséquent, les prévisions établissent désormais la récolte de blé à quelque 25 pour cent de moins que le bon niveau de l'an dernier. En revanche, les perspectives sont bonnes au Brésil. En Océanie, les perspectives concernant la récolte de blé de l'Australie se sont quelque peu dégradées ces deux derniers mois, en raison du temps sec qui règne en certains endroits. On s'attend cependant toujours à une forte reprise de la production par rapport au niveau réduit par la sécheresse enregistré l'an dernier. En de nombreux endroits de l'hémisphère Nord, le blé d'hiver à récolter en 2009 est déjà mis en terre actuellement. Bien que les conditions soient en général bonnes, les premières indications laissent entrevoir une diminution des emblavures tant en Europe qu'aux États-Unis, les attentes concernant les prix étant en baisse par rapport à ce qui s'annonçait l'année dernière à la même époque, ce à quoi il faut ajouter le coût toujours plus élevé des intrants. Les dernières prévisions de la FAO concernant la production mondiale de céréales secondaires de 2008 ont été revues à la hausse de près de 30 millions de tonnes depuis juillet et s'établissent maintenant à 1 106 millions de tonnes, soit un nouveau record en hausse de 2,6 pour cent par rapport au sommet déjà atteint l'an dernier. L'augmentation constatée ces deux derniers mois s'explique principalement par l'amélioration des perspectives de rendement du maïs aux États-Unis, où de bonnes conditions météorologiques ont régné pendant toute la campagne, ainsi que par des récoltes de céréales secondaires plus abondantes dans toute l'Europe. Des récoltes record ont déjà été rentrées en Amérique du Sud, où les superficies ensemencées ont encore augmenté cette année et où les conditions météorologiques idéales ont favorisé des rendements supérieurs à la moyenne. En Afrique australe, où la récolte de céréales secondaires de 2008 est également déjà rentrée, la production totale de la sous-région a là aussi atteint un nouveau record. Toutefois, celui-ci est le fait en grande partie de la récolte abondante enregistrée en Afrique du Sud, le principal producteur, tandis que la production totale des autres pays de la sous-région a reculé. Dans l'hémisphère Nord, en Amérique du Nord, la récolte de maïs tarde à démarrer cette année aux États-Unis suite au temps froid et humide qui a freiné la maturation des cultures. Ces conditions ont toutefois été propices aux rendements et les résultats devraient désormais dépasser les attentes, tout en restant encore un peu inférieurs au niveau exceptionnellement élevé de l'an dernier. En Amérique centrale, du fait de l'augmentation des superficies ensemencées, des bonnes conditions météorologiques et du recours accru aux importations de variétés améliorées, la production de céréales secondaires devrait atteindre un nouveau record en 2008. En Europe, comme prévu, alors que la plupart des récoltes sont déjà engrangées, la production de céréales secondaires est bien supérieure au niveau réduit par la sécheresse enregistré l'an dernier. En Asie, la récolte de céréales secondaires de cette année devrait rester pratiquement inchangée par rapport au bon niveau de l'an dernier. La production de la Chine, de loin le plus gros producteur de la région, est estimée bien supérieure à la moyenne des cinq dernières années. Alors que la campagne de riz de 2008 se déroule, les récoltes s'annoncent encore meilleures que prévu. Les prévisions établissent désormais la production mondiale de paddy à 672 millions de tonnes (449 millions de tonnes en équivalent usiné), niveau record en hausse d'environ 2 pour cent par rapport aux excellents résultats obtenus en 2007. Cette augmentation tient aux bonnes conditions météorologiques, ainsi qu'aux prix attrayants sur les marchés et aux mesures d'incitation prises par les gouvernements, qui devraient stimuler les superficies rizicoles et les rendements. Une grande partie de l'expansion constatée au niveau mondial devrait être le fait des pays asiatiques, où 609 millions de tonnes devraient être récoltées, soit 10 millions de tonnes de plus que l'an dernier. De fortes augmentations sont attendues dans tous les grands pays producteurs, notamment au Bangladesh, en Chine continentale, en Indonésie et au Viet Nam, mais elles devraient être aussi sensibles au Cambodge, au Pakistan, aux Philippines, à Sri Lanka et en Thaïlande. En revanche, le Japon a lancé des programmes visant à réduire les excédents et pourrait donc enregistrer une baisse. Des récoltes moins abondantes sont aussi attendues en Afghanistan, en Iraq, en République islamique d'Iran et en Turquie, en raison des problèmes profonds et persistants posés par la sécheresse, tandis les ravages et la perturbation des activités agricoles provoqués dans le sillage du cyclone Nargis survenu en mai dernier entraîneront un repli de plus de 2 millions de tonnes de la production du Myanmar. Des conditions de végétation favorables règnent pour l'instant en Afrique, où la production devrait donc progresser de 7 pour cent pour atteindre 24,5 millions de tonnes, nouveau record imputable en grande partie à des gains en Égypte, à Madagascar, au Mali et au Nigéria. Toutefois, des augmentations devraient être enregistrées dans l'ensemble de la région, signe que les producteurs réagissent favorablement aux conditions du marché, qui sont attrayantes, et aux mesures d'incitation prises par les gouvernements. En outre, diverses tentatives visant à appuyer la production de riz de la région ont été lancées au niveau national et international, notamment l'initiative d'urgence sur le riz en Afrique, lancée en juin 2008. La production de l'Amérique latine et des Caraïbes devrait elle aussi augmenter, pour atteindre le niveau remarquable de 7 pour cent, ce qui sera surtout le fait de l'Argentine, du Brésil, du Pérou et de l'Uruguay, du fait des bonnes conditions de végétation et des prix élevés. En revanche, les divers ouragans qui se sont abattus sur l'Amérique centrale et les Caraïbes en août et en septembre pourraient entraîner un recul de la production à Cuba et en Haïti. Bien que des ouragans aient aussi frappé certaines régions rizicoles des États-Unis, les perspectives officielles laissent toujours entrevoir une progression de 4 pour cent pour cette campagne. Dans le reste du monde, un recul est attendu en Australie et dans l'Union européenne.
Les cours mondiaux du blé ont considérablement fléchi ces deux derniers mois, poursuivant le recul amorcé après les sommets atteints en mars de cette année, lorsque la perspective d'une production mondiale record en 2008 et les abondantes disponibilités exportables ont commencé à exercer une pression sur les marchés. Par la suite, la tendance saisonnière à la baisse dans les pays de l'hémisphère Nord, le recul des cours du pétrole brut et la tourmente financière qui a frappé les économies mondiales ont aussi contribué à faire baisser les prix du blé. Le blé américain (No.2, rouge dur d'hiver, f.o.b. Golfe) cotait en moyenne 308 USD la tonne en septembre et est tombé à 264 USD la tonne la première semaine d'octobre, soit environ 45 pour cent de moins que le sommet atteint en mars et 25 pour cent de moins que la moyenne relevée en octobre l'an dernier. Les cours mondiaux du maïs ont encore chuté ces deux derniers mois, poursuivant la tendance à la baisse amorcée en juin lorsque les perspectives favorables au niveau mondial ont laissé entrevoir une nouvelle bonne récolte en 2008 ainsi qu'une abondance probable de blé fourrager sur les marchés internationaux. Les prix se sont quelque peu stabilisés au début septembre, pour accuser une nouvelle tendance à la baisse à la fin du même mois sous l’effet du fort recul des cours du pétrole brut, de la crise financière mondiale et des derniers ajustements à la hausse des estimations concernant les stocks à la clôture de cette campagne aux États-Unis (en raison principalement de la moindre utilisation fourragère et du recul de la production intérieure d'éthanol). Le maïs américain (No. 2, jaune, Golfe) cotait en moyenne 229 USD la tonne tout en septembre, pour tomber à 184 USD la première semaine d'octobre, soit un repli de 35 pour cent par rapport au sommet atteint en juin mais toujours 13 pour cent de plus que la moyenne relevée en octobre l'an dernier. Des récoltes record de paddy sont attendues dans l'hémisphère Nord pour 2008, ce qui maintient une pression à la baisse sur les prix à l'exportation du riz. Le prix du riz blanc thaïlandais 100% B, considéré comme représentatif, cotait en moyenne 764 USD la tonne en septembre, soit environ 3 pour cent de moins qu'en août, et il est tombé à 734 USD au cours de la première semaine d'octobre. Le repli des cours du riz thaïlandais aurait probablement été plus marqué si le pays n'avait pas lancé officiellement un programme d'achat le 15 juin 2008, ce a qui limité la chute à 12 pour cent entre juin 2008 (lorsque les prix étaient à leur maximum) et septembre 2008. De fait, sur les autres marchés exportateurs, le recul a été nettement plus marqué, le riz de qualité analogue étant coté, sur la même période, en baisse de 35 pour cent au Viet Nam et au Pakistan et de 16 pour cent aux États-Unis. Toutefois, les prix sont encore bien supérieurs aux valeurs enregistrées en septembre 2007 (+130 pour cent en Thaïlande, +92 pour cent aux États-Unis, +74 pour cent au Viet Nam et +53 pour cent au Pakistan).
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