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4. La gestion de la ville et les SADA - Le rôle des collectivités locales dans l’amélioration des SADA


4.1 Favoriser la prise de conscience de la relation entre l’amélioration des SADA et le fonctionnement de la ville
4.2 La gestion urbaine et les SADA: Une gestion de proximité ouverte aux préoccupations des acteurs

A. Gnammon-Adiko observe que «La gestion urbaine s’est concentrée jusqu’à présent sur des priorités qui étaient autres que les politiques alimentaires: électrification, équipements collectifs pour la santé, éducation et affaires sociales, réseaux d’adduction d’eau, de drainage et de voirie, etc. Aujourd’hui se présente une nouvelle priorité, celle du ravitaillement des villes en produits alimentaires suffisants et au moindre coût. Comment les communes peuvent-elles s’impliquer davantage dans les SADAet améliorer l’efficacité de ces systèmes?» Telle est bien la question de fond soulevée par l’auteur en introduction aux débats.

4.1 Favoriser la prise de conscience de la relation entre l’amélioration des SADA et le fonctionnement de la ville


4.1.1 Moderniser et développer des équipements marchands
4.1.2 Développer les formes de partenariat
4.1.3 Améliorer la gestion des marchés
4.1.4 Le financement des marchés: Des solutions diverses et adaptées aux objectifs poursuivis
4.1.5 Un domaine clé: L’information et la formation des gestionnaires urbains

Donner aux collectivités locales une vision claire du fonctionnement des SADA et de leur impact sur la ville, telle est en effet l’une des conclusions majeures de la réflexion menée dans le cadre du séminaire. Les collectivités locales sont encore insuffisamment conscientes aujourd’hui que l’amélioration de l’approvisionnement et de la distribution alimentaires, tant du point de vue physique et organisationnel que financier, a un impact sur le fonctionnement de la ville entière et, partant, sur les conditions de vie de ses habitants.

4.1.1 Moderniser et développer des équipements marchands

Le développement et la modernisation des équipements marchands et des espaces commerciaux doivent constituer un objectif prioritaire pour les collectivités locales. Comme le souligne A. Gnammon-Adiko «Concevoir des marchés fonctionnels et des réseaux de communication demeure leur tâche phare. Les collectivités locales doivent, par conséquent, considérer ces investissements comme une obligation de leur mission».

Aujourd’hui, les carences générales dans le secteur des marchés sont telles que les autorités locales manquent d’éléments pour apprécier les priorités en matière d’intervention: par quel marché commencer, quelle hiérarchie dans les actions, quels en seront les différents coûts, les différents impacts, etc., avec quels acteurs, de quelles informations disposer pour pouvoir intervenir? Il est alors nécessaire de les appuyer dans la mise en oeuvre d’une stratégie globale sur le secteur des marchés, les aider à clarifier les objectifs poursuivis, leur fournir les éléments d’informations dont elles ont besoin.

4.1.2 Développer les formes de partenariat

Il faut en particulier susciter le développement de partenariats avec les acteurs des SADA directement concernés: associations d’usagers des marchés - commerçants et consommateurs -, et opérateurs professionnels divers. La gestion et le financement des marchés peuvent en être l’occasion.

4.1.3 Améliorer la gestion des marchés

Améliorer la gestion des marchés est aujourd’hui une question clé pour les collectivités locales: il leur est impératif d’améliorer le rendement de leurs redevances afin de faire face à leurs obligations de service public. Cette notion de service public local, à caractère social fort, est particulièrement importante dans la période actuelle et certainement pour long-temps encore.

Il faut aider les collectivités locales à identifier et à diversifier les modalités de gestion possibles: les solutions pourront différer selon l’importance et la nature des marchés en question (marchés de quartier, marchés centraux, marchés de gros). Sur les marchés de quartier, il faut pouvoir appuyer la prise en main de la gestion et de l’organisation par des associations de commerçants. Les grands marchés urbains comptant plusieurs milliers de commerçants sont généralement gérés en régie directe, système dont les limites apparaissent aujourd’hui clairement. D’autres solutions institutionnelles peuvent alors être mises en place (régie autonome, affermage, concession, etc.; on relèvera que la gestion du marché de gros de Dakar est assurée par une régie autonome et qu’une société d’économie mixte est prévue pour le marché de gros de Bouaké). Elles doivent être préparées et appliquées en concertation avec les diverses catégories d’agents et d’usagers concernés.

Les exemples de marchés gérés autrement qu’en régie directe, bien que très peu nombreux, existent cependant en Afrique. Il est important de les étudier, d’en faire le bilan et d’en tirer les expériences pour aider les collectivités locales à améliorer la gestion de leurs marchés.

4.1.4 Le financement des marchés: Des solutions diverses et adaptées aux objectifs poursuivis

Le financement des marchés reste la grande contrainte des collectivités locales: dans ce domaine également, des types de partenariat appropriés doivent être recherchés. Le financement public (Etat et collectivités locales appuyés par les bailleurs de fonds) continuera d’assurer la part essentielle de l’effort d’investissement que demanderont la construction et la modernisation des grands équipements marchands (marchés de gros, abattoirs, gares routières). Cependant, le réaménagement et la construction de marchés de détail peuvent être l’occasion de mobiliser des ressources financières privées. Comme le souligne A. Gnammon-Adiko, les commerçants ne voient pas d’inconvénients à être partie prenante dans de tels projets, à condition que soient prises un certain nombre de mesures, par exemple sur la sécurisation de leur statut d’occupation, les baux et le niveau de contribution de chaque opérateur.

4.1.5 Un domaine clé: L’information et la formation des gestionnaires urbains

Il est apparu aussi urgent de développer l’information et la formation des techniciens et des élus des villes d’Afrique subsaharienne et de leur fournir des comparaisons concernant le fonctionnement des marchés dans d’autres continents. C’est l’une des préoccupations majeures exprimées par les gestionnaires urbains et les praticiens présents au séminaire.

4.2 La gestion urbaine et les SADA: Une gestion de proximité ouverte aux préoccupations des acteurs


4.2.1 Le problème de l’approvisionnement de la ville permet de renouveler l’approche de la planification urbaine
4.2.2 Des champs d’intervention privilégiés pour une gestion de proximité
4.2.3 La concertation participative et les principes d’aménagement: Le souci de l’intérêt général

Une gestion urbaine trop centralisée, trop bureaucratique, sans consultation avec les populations concernées, trop longue, inadaptée au contexte actuel, incapable d’accompagner le développement de la ville réelle car plus préoccupée par la réalisation d’une ville idéale, telles sont les principales critiques qui sont adressées le plus souvent aujourd’hui à la planification urbaine.

4.2.1 Le problème de l’approvisionnement de la ville permet de renouveler l’approche de la planification urbaine

Pour M. Coquery, «La prise en compte des problèmes liés à l’approvisionnement et à la distribution des produits alimentaires offre l’occasion de renouveler les méthodes et les pratiques de la planification urbaine. C’est aussi l’occasion de renouveler la question des pouvoirs et surtout de leur mise en oeuvre dans un contexte de décentralisation».

Comme il le souligne, une gestion urbaine ouverte aux préoccupations d’approvisionnement et de distribution des produits alimentaires, pour atteindre quelque efficacité, doit être conduite au niveau de la collectivité locale: Ceci pose, d’une part, la question des pouvoirs municipaux face aux pouvoirs d’Etat garants du cadre local d’ensemble, d’autre part, la capacité d’aménagement et de planification des autorités locales.

Les pouvoirs publics restent le moteur d’une démarche de planification urbaine. Or, on constate que le déficit de sensibilisation/information sur la sécurité alimentaire et sur les consommateurs urbains est notable, notamment au sein des administrations et parmi les techniciens de l’urbanisme. Leurs priorités ne concernent pas l’approvisionnement et la distribution alimentaires des habitants de la ville.

Il paraît alors indispensable d’engager une information et une sensibilisation des administrations et des techniciens sur la question des SADA et de souligner leurs enjeux en rapport avec le développement urbain et sa maîtrise.

4.2.2 Des champs d’intervention privilégiés pour une gestion de proximité

Les collectivités locales ont pour leur part un champ d’action privilégié en matière de planification urbaine: créer des équipements marchands et réserver des espaces aux diverses activités des opérateurs des SADA. Mais quelle est leur capacité d’aménagement et de planification? Une chose est d’affecter un espace à une fonction, autre chose est le contrôle et la garantie de l’usage des sols. Par quels moyens contrôler et maintenir l’affectation d’un espace à une fonction déterminée lorsqu’elle a été décidée, notamment pour une activité commerciale de distribution? «La seule réponse est donc bien une démarche participative impliquant acteurs et habitants dans la formulation d’une affectation de l’usage des sols, et dans la responsabilisation acceptée des acteurs pour le contrôle et le maintien de l’espace ainsi affecté».

La prise en compte des zones d’activités maraîchères intra et périurbaine apparaît aussi comme un des champs d’intervention décisifs des collectivités locales en relation avec les SADA. Comment les intégrer à des processus, planifiés ou non, d’extension et de restructuration urbaine? Peuvent-elles être défendues au nom de certaines logiques d’aménagement (difficultés d’assainissement ou non constructibilité de zones de bas fonds)? A tout le moins, une négociation s’impose avec les détenteurs coutumiers des droits fonciers sur ces espaces agricoles.

4.2.3 La concertation participative et les principes d’aménagement: Le souci de l’intérêt général

La question des partenariats est au coeur de la problématique du renouvellement des méthodes et de l’objet de la planification.

Cependant, aucune des interventions des collectivités locales ne peut se concevoir dans le seul intérêt des usagers (pour les marchés par exemple) ou des propriétaires quand il s’agit de problèmes fonciers. Elles doivent pouvoir se référer à des principes d’aménagement visibles et tenables économiquement et socialement, car menés avec le souci du bénéfice de la collectivité toute entière.

Pour M. Coquery, la démarche de concertation participative à l’échelle des collectivités décentralisées ne peut faire l’économie d’instances d’arbitrage ni de la référence à l’Etat de droit. Il convient alors de réfléchir à des mécanismes décentralisés d’arbitrage dans le cadre de l’Etat de droit.


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