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Deuxième partie: Résumé des faits récents


2.1 Programmes internationaux
2.2 Systèmes de production
2.3 Conservation et restauration
2.4 Transformation et utilisation
2.5 Politiques, institutions, aspects socio-économiques


2.1 Programmes internationaux


1. Introduction
2. Activités générales menées par la FAO dans la lutte contre la desertification
3. La foresterie en zone aride dans le programme de la FAO
4. Bilan des réalisations et des besoins


1. Introduction

La désertification a fait prendre conscience à la communauté mondiale de la fragilité des zones à faible pluviosité et du risque qu'il y a à les surexploiter. La tragédie de 1968-73 au Sahel, qui s'est reproduite au milieu des années 80 dans de nombreuses zones à faible précipitation, est un exemple typique des conséquences d'un dépassement du seuil de tolérance des ressources dues à la pression démographique croissante. Longtemps avant la sécheresse actuelle, la FAO avait attiré l'attention sur le danger que présente en particulier la destruction de la végétation ligneuse dans les zones les plus vulnérables du Sahel et elle avait suggéré une stratégie qui visait à freiner la dégradation des ressources. La stratégie prévoyant une action contre la désertification et une amélioration du niveau de vie de la population est à élaborer dans le cadre du développement intégré du secteur rural.

L'Afrique restant la région la plus touchée par la désertification, les programmes de la FAO se sont concentrés sur elle. L'ampleur des phénomènes de désertification l'a conduite à mener, par l'intermédiaire de ses départements spécialisés, un certain nombre d'activités qui sont brièvement passées en revue ci-dessous et qui mettent en particulier l'accent sur les activités forestières.

2. Activités générales menées par la FAO dans la lutte contre la desertification


2.1 Évaluation de la désertification
2.2 Impact de la désertification sur la nutrition humaine et sur les besoins fondamentaux des populations
2.3 Lutte contre la dégradation de l'environnement


Ces activités s'articulent autour de cinq grandes lignes d'action visant à répondre aux questions suivantes:

- Quelle est l'ampleur géographique de la désertification?

- Quelles sont les conséquences de celle-ci sur les approvisionnements alimentaires et les autres besoins fondamentaux des populations rurales?

- Comment lutter contre la dégradation de l'environnement?

Les efforts des différentes unités sont coordonnés par un groupe ad hoc sur la désertification du Groupe de travail interdépartemental sur l'environnement et l'énergie.

2.1 Évaluation de la désertification

2.1.1 Évaluation et cartographie de la désertification

La FAO et le PNUE ont lancé en 1979, en association avec l'Unesco, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et l'Association internationale de la science du sol (AISS), un projet d'évaluation et de cartographie de la désertification. L'objectif était de rassembler des données plus fiables au niveau national et régional sur le rythme et le risque de désertification, afin de servir de base à une action internationale. Une méthodologie provisoire a été élaborée, puis expérimentée dans neuf pays.

Carte mondiale de la désertification

En coopération avec l'OMM et le PNUE, la FAO et l'Unesco ont établi une carte mondiale de la désertification pour délimiter les déserts et les zones, principalement situées aux marches des déserts, qui présentent un risque de désertification. Cette carte, soumise à la Conférence des Nations Unies sur la désertification (1977), offre une synthèse préliminaire des informations cartographiques disponibles sur la désertification au plan mondial. Elle indique l'emplacement de zones homogènes et de sites représentatifs pour des programmes de suivi, de conservation et de développement et sert de cadre pour des enquêtes plus détaillées dans certaines zones choisies. On trouvera aux Tableaux 1 et 2 des chiffres sur l'ampleur de la désertification par continent et par zone bioclimatique.

Grâce à un financement du PNUE, la FAO a poursuivi en 1983 et 1984 ses travaux sur la mise au point d'une méthodologie internationalement admise pour l'évaluation et la cartographie de la désertification. La méthodologie provisoire, expérimentée pour la région Afrique, a révélé quelques défauts qui ont été examinés lors d'une consultation d'experts à Rome en novembre 1984

2.1.2 Évaluation de la dégradation des sols

Un autre projet portant directement sur la désertification est l'Évaluation mondiale de la dégradation des sols effectuée par la FAO, le PNUE et l'Unesco. La première phase de ce projet, commencé en 1975, a consisté à tracer des cartes de la dégradation des sols pour l'Afrique au nord de l'équateur et le Moyen-Orient, avec indication de la dégradation actuelle et potentielle des sols. Cette évaluation s'est fondée sur la compilation des données existantes et sur l'interprétation des facteurs environnementaux qui influent sur l'importance et l'intensité de la dégradation des sols (par exemple climat, végétation, caractéristiques des sols, aménagement des sols, topographie 8 et type d'utilisation des terres).

2.1.3 Évaluation et suivi économiques

Pour qu'une évaluation soit valable, il faut appliquer des méthodes simples, rapides et faciles. Celles-ci permettront de déterminer ce qui est demandé à la terre et la capacité de cette dernière à assurer la survie des hommes et des animaux ainsi que la stabilité et la productivité relatives futures de la terre et de sa végétation selon différentes formes d'aménagement.

En Afrique de l'Est, une méthodologie efficace est actuellement utilisée. Il s'agit de la collecte simultanée et répétée de données à trois niveaux:

a) sur le terrain par des équipes mobiles et quelques stations fixes;

b) en vol, par des observateurs humains effectuant à basse altitude des vols de reconnaissance systématique à partir de petits avions;

c) par des scanneurs sensibles à la couleur fonctionnant à bord de satellites en orbite tels que LANDSAT.

Tableau 1. Superficie des régions touchées ou en danger d'être touchées par la désertification

Degré de risque de désertification

Amérique du Sud

Amérique du Nord et centrale

Afrique

Asie

Australie

Europe

km2

%

km2

%

km2

%

km2

%

km2

%

km2

%

Très élevé

414 195

2.3

163 191

0.7

1 725 165

5.7

790 312

1.8

307 732

4.0

48 957

0.5

Elevé

1 261 235

7.1

1 312 524

5.4

4 910 503

16.2

7 253 464

16.5

1 722 056

22.4

-

-

Modéré

602 383

9 0

2 854 293

11.8

3 740 966

12.3

5 607 563

12.8

3 712 213

48.3

189 612

1.8

Désert extrême

200 492

1.1

32 638

0.1

6 177 956

20.4

1 580 624

3.6

-

-

-

-

Source: FAO/Unesco/OMM. Carte mondiale de la désertification, 1977.

Tableau 2. Superficies risquant d'être touchées par la désertification (classées Dar zones bioclimatiques)

Degré de risque de désertification

Hyper-aride

Aride

Semi-aride

Sub-humide

km2

%

km2

%

km2

%

km2

%

Très élevé



1 110 477

6.4

2 180 546

12.1

158 528

1.2

Elevé



13 439 968

77.3

2 440 098

13.6

579 117

4.3

Modéré



2 105 167

12.1

12 452 272

69.4

3 172 905

23 3

Désert extrême existant

7 991 710


16 655 612


17 072 916


3 911 150


Source: FAO/Unesco/OMM. Carte mondiale de la désertification, 1977.

Un projet pilote sur l'inventaire et le suivi des écosystèmes pastoraux sahéliens est actuellement en cours au Sénégal. Au Botswana, un programme national de suivi des parcours a été mis en place avec succès pour l'enregistrement de la situation des parcours dans les ranchs commerciaux.

Au Kenya, la FAO a rassemblé l'une des collections les plus importantes de plantes herbacées, légumineuses et arbustes fourragers d'Afrique orientale, qui font actuellement l'objet de tests et de reproduction aux fins de démonstration. L'aptitude à s'adapter à la sécheresse et à des sols, de faible fertilité est esentielle pour la sélection des espèces végétales visant à l'amélioration générale de la production de fourrage sur les terres à pâturage. Ces végétaux aideront aussi à combattre la désertification. Un autre exemple est la recherche de légumineuses résistant aux basses températures dans les zones sub-tropicales d'Amérique du Sud. Le programme DEVTROP (Développement intégré des pâturages tropicaux et sub-tropicaux) et divers programmes régionaux sur la recherche et la vulgarisation dans le domaine des pâturages tropicaux et subtropicaux font partie de cette activité.

Le programme EMASAR (aménagement écologique des terrains de parcours arides et semi-arides) a été mis au point et testé dans de nombreux pays. Des activités de démonstration et de développement ont eu lieu en Afrique et au Proche et Moyen-Orient afin de montrer comment on peut améliorer le pâturage sur les terrains de parcours en remédiant aux insuffisances annuelles de fourrage sur ces parcours par l'apport de niveaux suffisants de fourrages supplémentaires (provenant essentiellement des plantations d'arbustes et d'arbres fourragers). Des projets intégrés relatifs à des parcours en Libye exploitent actuellement cette approche. L'EMASAR comporte aussi des activités de recherche, d'enseignement et de formation. Des rapports sur la formation en matière pastorale ont été établis pour l'Afghanistan, l'Iran, le Pakistan, l'Égypte, la Tunisie, le Maroc et l'Algérie et des documents ont été publiés sur les plantes fourragères de zones arides et semi-arides d'Afrique et du Proche et Moyen-Orient.

2.2 Impact de la désertification sur la nutrition humaine et sur les besoins fondamentaux des populations

2.2.1 Zones agro-écologiques

La FAO a entrepris, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP) et l'Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués (IIASA) une évaluation des ressources des sols des cinq régions du monde en développement et de la capacité physique de ces ressources de produire des denrées alimentaires. On a constaté des différences très importantes entre les régions. On a estimé par exemple que plus de 54% de l'Asie du Sud-Ouest et 29% de l'Afrique se trouvaient dans des conditions de désert aride. On a constaté aussi que 18% seulement de l'Asie du Sud-Ouest, mais plus de 80% de l'Amérique du Sud et de l'Asie du Sud-Est, convenaient pour des cultures pluviales (Tableau 3).

La capacité de la terre d'assurer la survie de la population, en termes de produits de l'élevage et de l'agriculture, a été évaluée pour différents niveaux d'intrants pour les années 1975 et 2000.

Les résultats de cette évaluation indiquent que, pour l'ensemble des cinq régions considérées, la superficie de terres permettant des cultures pluviales risque d'être réduite de 18%. Le potentiel de production de cultures pluviales pourrait diminuer de 29%. Les terres actuellement productives pourraient devenir marginalement productives. La perte globale de production des cultures pluviales et des pâturages pour les cinq régions est estimée à 19%. La situation est particulièrement grave dans les régions de l'Afrique à tendance désertique, qui sont essentiellement tributaires des cultures pluviales, et en Amérique du Sud (Tableau 4).

2.2.2 Approvisionnemente en bois de feu dans les pays en développement

À l'occasion de la Conférence des Nations Unies sur les sources d'énergie nouvelles et renouvelables qui a eu lieu à Nairobi en 1981, la FAO a attiré l'attention sur une autre crise de l'énergie, celle du bois de feu, qui affecte les approvisionnements énergétiques quotidiens de beaucoup de ruraux dans le tiers monde. Une étude a été entreprise afin de démontrer la dépendance de la population du tiers monde en ce qui concerne le bois de feu en tant que source d'énergie et d'identifier de façon plus précise l'apparition de déficits toujours plus marqués à partir des informations les plus récentes.

Les principaux résultats de cette étude peuvent se résumer de la façon suivante:

1) En Asie, une trentaine de millions de personnes, principalement situées dans les zones les plus froides de l'Himalaya, ont été dans l'incapacité d'assurer leur approvisionnement en énergie en 1980, en dépit de la surutilisation de tout le bois disponible. Environ 710 millions de personnes connaissaient un déficit net de bois de feu, surtout dans les zones très peuplées des plaines du Gange et de l'Indus et dans les plaines et les îles de l'Asie du sud-est. On estime que d'ici à l'an 2000, si les tendances actuelles se poursuivent, 1,4 milliard de personnes dans cette région vivront dans des zones où les disponibilités en bois de feu sont totalement insuffisantes pour couvrir leurs besoins énergétiques minimums. Ce déficit pourrait atteindre 500 millions de m3 de bois. Au total, 11 pays très peuplés sont surtout concernés par ce déficit.

2) En Afrique, au sud du Sahara, 59 millions d'habitants, principalement situées dans les zones arides et les zones montagneuses peu peuplées, ont été dans l'incapacité de couvrir leurs besoins énergétiques minimums en 1980, bien que la végétation ligneuse existante fût surutilisée. Environ 130 millions de personnes, principalement situées dans les zones de savane relativement peuplées, n'ont pu satisfaire leurs besoins énergétiques minimums que par des coupes excessives de la végétation existante. On estime que dans l'ensemble de cette région, 500 millions de personnes seront confrontées à de grandes difficultés d'approvisionnement en bois de feu en l'an 2000, si les tendances actuelles persistent. Le déficit pourrait atteindre 300 millions de m3 et concerner 37 pays de la région.

3) En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, le déficit en bois de feu concerne environ 79 millions de personnes réparties dans tous les pays à des degrés divers. Sur la base des tendances actuelles d'ici à l'an 2000, environ 160 millions de personnes souffriront d'un déficit de plus de 37 millions de m3.

4) En Amérique latine, environ 20 millions de personnes ont été dans l'incapacité de satisfaire leurs besoins énergétiques minimums en 1980, même en procédant à des coupes excessives de la végétation à laquelle elles avaient accès Les zones concernées sont arides ou situées en haute altitude dans la région des Andes ainsi que les zones à densité de population particulièrement élevée d'Amérique centrale et des Caraïbes. Environ 150 millions de personnes, principalement situées dans le reste de la région andine, n'ont pu couvrir leurs besoins minimaux qu'en surutilisant les ressources existantes. Si les tendances actuelles persistent d'ici à l'an 2000, le déficit de bois de feu pourrait atteindre 135 millions de m3 et toucher environ 340 millions de personnes dans 17 pays de la région.

2.2.3 Évaluation des ressources forestières dans le monde tropical

L'ampleur de l'épuisement et de la dégradation de la couverture forestière dans les zones tropicales a de graves répercussions sur la production de biens et de services forestiers. C'est pourquoi la FAO et le PNUE ont entrepris à la fin de 1978, sur les recommandations de la Conférence de Stockholm, un programme commun d'évaluation des ressources forestières dans le cadre du Système mondial de surveillance de l'environnement (GEMS). Cette étude montre que les taux annuels de déboisement sont de 5,6 millions d'hectares en Amérique tropicale, de 3,7 millions d'hectares en Afrique tropicale et de 2,0 millions d'hectares en Asie tropicale. En Afrique, 70% sont dus à la culture itinérante.


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