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3. Méthodes appliquées pour restaurer les terres et reconstituer le couvert végétal
a) Sur les terres cultivées
b) Sur les terrains de parcours
c) Dans les forêts et les savanes boisées
d) Sur la terre dénudée: Fixation du sable et des dunes
La restauration et la revégétation des terres se fait en appliquant des mesures correctives sur les terres dégradées. Les mesures généralement appliquées à l'heure actuelle sont résumées ci-dessous:
1. Méthodes agro-sylvicoles
Ces méthodes sont utilisées pour rendre au sol sa fertilité. Le système traditionnel dans toute l'Afrique, en condition pluviale, consiste à restaurer la fertilité perdue par le système de la jachère arbustive. La végétation constituée principalement d'arbustes colonise naturellement la zone. Après une période de repos de 10 à 15 ans en zone de savane sèche, la terre est défrichée et la culture rétablie jusqu'à ce que le sol perde sa fertilité Les jachères ne sont pas protégées et les animaux y paissent, de sorte qu'elles bénéficient d'une fertilisation supplémentaire grâce au fumier animal.
Au Soudan, Acacia senegal est semé avec la dernière culture ou pousse des taillis de vieux arbres qui n'ont pas été rabattus la fois précédente. Les plants qui réussissent à pousser sont protégés des animaux jusqu'à ce qu'ils soient hors de leur portée. À ce moment-là, on laisse les animaux paître dans ces jachères, où ils consomment les graminées et les gousses des acacias et engraissent le sol par leurs excréments. On laisse les gommiers pendant 15 à 20 ans avant de défricher la terre pour la culture.
C'est le système qui a toujours été pratiqué. Cependant, les rotations des cultures avaient tendance à être plus longues que le sol ne pouvait le supporter et les rotations des arbustes ou des acacias avaient tendance à être plus courtes.
La technologie utilisée est restée inchangée, mis à part le fait que l'on part de plants au lieu de semis, car les conditions qui prévalent dans les parties les plus sèches de la savane ne permettraient pas l'ensemencement ni les rejets à partir des sujets anciens. C'est l'agriculteur qui fait le travail et, depuis quelque temps, le Service des forêts fournit les plants gratuitement, avec des conseils techniques.
2. Rideaux-abris
Ils servent à protéger les exploitations aussi bien irriguées que pluviales. Leur fonction principale actuellement est de protéger des terres agricoles et des canaux d'irrigation très utiles de l'invasion du sable, qui se produit en Afrique du Nord et au nord du Soudan. Les rideaux-abris réduisent la vitesse du vent, améliorent le microclimat et augmentent les rendements de l'élevage. Des études de terrain dans des zones arides montrent que la production agricole peut augmenter de 300% tandis que l'augmentation en année moyenne est souvent de 30 à 50%. En améliorant le microclimat, les rideaux-abris améliorent généralement la production fruitière d'un tiers ou plus et, les années venteuses, la valeur de cette production peut être accrue de plus de 75%. En protégeant le bétail contre les vents violents et la chaleur, les rideaux-abris ont une grande influence sur la production animale. Sous protection, le pourcentage d'agnelage augmente d'environ 30% (FAO, 1978). D'excellents modèles de rideaux-abris ont été implantés ces dernières années en Libye, en Égypte, en Syrie et en Iran. Les agriculteurs sont cependant en général réticents à sacrifier des zones cultivées pour créer ces rideaux-abris. Les espèces utilisées sont principalement Eucalyptus, Casuarina sp., populus et prosopis. La mise en place se fait à l'aide de plants.
3. Plantations sur des terres de cultures irriguées ou pluviales fortement dégradées
La salinisation est un phénomène courant dans les terres irriguées de certains pays du Moyen-Orient. En Irak, des plantations de peupliers et d'eucalyptus ont été faites dans certains de ces terrains dégradés pour les remettre en exploitation. Les produits doivent servir à créer des industries fondées du bois.
Dans la Gezira au Soudan, les terres dégradées soit en raison d'une forte salinité, soit parce qu'elles se trouvent dans des dépressions et risquent par conséquent d'être saturées en eau, et les terres utilisées pour se débarrasser des excédents d'eau, sont retirées du système de rotation des cultures. On y établit des plantations d'Eucalyptus microtheca.
En outre, dans la plaine argileuse centrale du Soudan où se pratique une culture pluviale mécanisée, certaines des zones qui ont perdu leur fertilité et ne sont plus cultivables ont été confiées au ministère des Forêts qui a installé des plantations d'Acacia senegal ou fait procéder à l'ensemencement et au désherbage par des moyens mécaniques. Les objectifs fixés pour les zones ainsi plantées consistent à leur rendre leur fertilité et à servir de réserves de valeur stratégique pour stabiliser la production de gomme en cas de besoin.
b) Sur les terrains de parcours
La dégradation des terres de parcours est principalement due au surpâturage dont Le Houérou (1981) a résumé ainsi les effets:
1. il réduit le couvert végétal et la biomasse, principalement pour les plantes pérennes;
2. il réduit le nombre de plantes annuelles à long terme, faute de production de graines;
3. il réduit le nombre d'espèces et de sujets comestibles;
4. il remplace les espèces comestibles par d'autres qui ne le sont pas;
5. il réduit fortement la production primaire et encore plus la production secondaire;
6. il accroît l'érosion du fait de la réduction du couvert végétal.
Le surpâturage est courant autour des points d'eau, tels que puits et cours d'eau. Une autre cause de dégradation est le feu, accidentel ou volontaire, en particulier dans les parties les plus sèches de la savane en Afrique (300-800 mm de précipitations annuelles). Les incendies provoquent des pertes directes de fourrage et réduisent la qualité de ce qui reste.
Les mesures correctives prises sont les suivantes:
- protection totale par des clôtures, ce qui permet de reconstituer la végétation au bout de quelques années;
- semis d'espèces indigènes comestibles, essentiellement des graminées. Installation de jeunes plants de divers arbustes et arbres. Ces espèces sont: Atriplex, Prosopis, Acacia et Salsola;
- création de pare-feu dans la zone de savane sèche d'Afrique.
c) Dans les forêts et les savanes boisées
Là aussi, le feu est considéré comme une cause de dégradation des zones de savane sèche et des pare-feu sont installés au périmètre des réserves forestières. Des plantations d'enrichissement sont effectuées, généralement dans le but de fournir du bois de feu et des poteaux. Dans les formations de savane plus humide, le but de ces plantations d'enrichissement est la production de bois d'oeuvre. Les espèces utilisées sont l'eucalyptus et les conifères, principalement: Cupressus lusitanica, Pinus patula et P. raddiata, P. halepensis et d'autres pins.
d) Sur la terre dénudée: Fixation du sable et des dunes
Lorsque l'érosion atteint une forme aiguë et que le sable commence à se déplacer et à menacer les habitations, les établissements, les routes et les terres agricoles, on procède à la fixation des dunes. Cela se passe le long des côtes maritimes ou océaniques ou dans des régions continentales. La méthode classique consiste à installer des haies de tiges de graminées sèches et/ou d'arbustes pour limiter le déplacement du sable jusqu'à ce que l'on plante des arbres, des arbustes et des graminées. Une irrigation supplémentaire est parfois utilisée. Les espèces choisies dans les altitudes plus élevées le long de la Méditerranée, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, sont les eucalyptus, les pins, les tamaris et les acacias. Au Soudan, en Somalie et en Mauritanie, on utilise des prosopis et des acacias.
1. Culture de mil dans la zone Soudano-sahélienne du Soudan
2. Désertification des terres arides méditerranéennes de l'Afrique du Nord
3. Désertification dans les zones arides sub-tropicales de l'Inde: Rajasthan
Les études de cas mentionnées ci-dessous illustrent ce qui se passe lorsque la végétation est détruite par un usage non équilibré de la terre.
1. Culture de mil dans la zone Soudano-sahélienne du Soudan
Ibrahim (1984) a étudié la culture du mil dans cette zone. On trouvera ici un résumé de cette étude.
A. Les établissements humains
La condition indispensable à la création d'un établissement humain est un approvisionnement permanent en eau potable. Dans les années 1960, un grand nombre de forages ont été pratiqués dans le nord et dans l'est, où l'on trouve le grès nubien aquifère. Ces forages étaient au centre d'anneaux de désertification que l'on voyait sur les images satellites. Les cultivateurs de mil passent souvent la saison humide dispersés sur les "goz" (dunes de sable stabilisées). Après la récolte, ils reviennent passer la saison sèche dans les établissements centraux qui disposent d'un approvisionnement en eau permanent.
Le nombre d'habitants d'un village n'augmente pas sensiblement, mais la multiplication se produit très souvent du fait de la création de nouveaux établissements satellites à 3-5 km de distance du village originel.
Ce qui est particulièrement remarquable, c'est l'augmentation des établissements au cours de la sécheresse catastrophique de 1970-73. Comme les cultures sont pratiquées près des établissements, les cercles de désertification autour de ces établissements ou dus aux cultures s'étendent progressivement pour couvrir toute la zone.
B. Production de subsistance de mil et désertification
Il est démontré qu'une culture en sec excessive est l'une des principales causes de désertification dans la zone semi-aride. Les raisons sont diverses et les processus assez complexes. Trois facteurs sont cependant toujours en cause: une forte variabilité des précipitations, une grande vulnérabilité du sol et des méthodes inappropriées d'utilisation de la terre. En fait, ce dernier facteur est la cause immédiate de la désertification, car les conditions de sol et de pluviométrie sont des constantes des écosystèmes naturels des zones arides et semi-arides. L'homme peut soit exploiter ces ressources naturelles comme il convient, ce qui leur assure une productivité à long terme, soit les exploiter par des méthodes qui ne sont pas adaptées afin d'obtenir une rentabilité élevée à court terme et détruire imprudemment la capacité de l'écosystème naturel de se régénérer. Il est évident que des pressions sociales et politiques aussi bien que des contraintes financières et techniques imposent des pratiques agricoles qui sont loin de respecter les ressources naturelles et leurs limites. Il faut donc trouver des compromis, mais qui ne sacrifient pas la génération suivante. En réalité, la génération actuelle applique une politique d'exploitation excessive, épuisant toute la productivité du sol et ne faisant rien pour l'améliorer ou même la conserver.
Les méthodes utilisées pour cultiver le mil accroîssent la désertification dans le nord du Darfur. Pour préparer un champ à cette culture, le paysan commence par abattre tous les arbres et arracher tous les arbustes et les plantes herbacées. Alors que les arbres n'empêchent pas le mil de pousser et ne le concurrencent pas du point de vue des besoins en eau, les paysans estiment que ce sont des refuges pour les oiseaux et les criquets qui ensuite dévorent leur mil. Les paysans envoient leurs enfants dans les champs de mil en particulier à l'époque où il mûrit pour effrayer les oiseaux et les criquets en tapant sur des boîtes de conserve vides. Cette opération serait beaucoup plus difficile s'il restait dans les champs des arbres pour abriter les oiseaux et les insectes. La préparation du terrain pour la culture comprend donc un défrichement complet de la végétation naturelle, jusqu'à ce que le sol soit totalement dénudé et vulnérable à l'érosion. Cela se fait en général plusieurs semaines avant l'ensemencement du mil et il faut plusieurs semaines encore pour que les plants puissent offrir au sol une protection quelconque. Pendant la période de croissance du mil, les paysans désherbent deux fois. Le désherbage est absolument nécessaire, car les plantes indigènes sont beaucoup mieux adaptées que le mil aux conditions climatiques de la zone sahélienne. Leurs racines forment un réseau très dense, capable d'absorber la moindre goutte de pluie qui pénètre dans le sol. Le mil en revanche a des racines courtes qui n'occupent qu'une superficie relativement faible si l'on considère la hauteur de la plante, qui se situe entre 150 et 300 cm. Pour tester l'aptitude respective du mil et des mauvaises herbes indigènes à profiter de l'humidité existant dans le sol, nous avons percé des trous dans le sol sableux d'un champ de mil dans le nord du Darfur (14°15'N, 25°45'E) et des trous analogues dans un champ voisin en jachère possédant le même type de sol mais couvert d'une végétation éparse dominée par des herbes basses rampantes. Dans le champ de mil, l'humidité du sol n'a été détectée que jusqu'à 10 cm, alors que, sur le champ non cultivé couvert d'une végétation herbeuse rare, elle atteignait jusqu'à 100 cm de profondeur. Cela se passait pendant la saison des pluies et la dernière pluie avait eu lieu une semaine auparavant. Contrairement au mil, les herbes naturelles ont été capables d'absorber toute l'humidité apportée au sol par la pluie. Il faut souligner qu'une humidité du sol jusqu'à 100 cm est courante dans toute la zone, même en saison sèche.
Conscients de cette concurrence entre les mauvaises herbes et le mil, les paysans font tout pour éliminer de leurs champs ces herbes indésirables. Ils le font en grattant la surface du sol avec une houe appelée garraya. Cette pratique, répétée régulièrement dans les zones de cultures pluviales, finit par éliminer de façon irréversible les espèces végétales naturelles qui sont évidemment bien mieux adaptées que les plantes cultivées aux conditions climatiques arides qui se caractérisent par la survenue répétée de périodes de sécheresse. De plus, désormais privé de son couvert végétal naturel, le sol sableux est exposé à une forte érosion éolienne, surtout pendant la longue saison sèche qui dure de huit à dix mois. On estime que, dans la zone sahélienne, environ 200 millions de tonnes par an de terre végétale fertile sont emportées par le vent dans l'atmosphère (Junge, 1977). La quantité de poussière atmosphérique augmente chaque année du fait de l'extension des cultures, ce qu'on peut facilement prouver si l'on examine la fréquence annuelle de mauvaises conditions de visibilité en dessous de 1000 mètres. L'érosion de la terre végétale fertile a provoqué une détérioration considérable de la productivité de la terre. Le Tableau 1 montre que la diminution de la quantité de précipitation n'en est responsable que dans une mesure limitée. Il est tout à fait net que la baisse de production à l'hectare n'est pas directement proportionnelle à la variabilité des précipitations (Tableau 1).
La détérioration de la productivité du sol est également due à l'abandon de l'ancien système de rotation des cultures itinérantes. Du fait de la pression démographique de ces dix dernières années, la même terre est cultivée année après année sans jachère. Il n'y a guère de jachère que les années de sécheresse où les précipitations ne suffisent pas à faire pousser le mil. La jachère n'est donc pratiquée que lorsqu'elle est inévitable et non pas dans le cadre d'un système agricole de régénération du sol.
Rotation culture-jachère dans le nord du Dharfur (354 répondants)
Culture permanente sans jachère |
Jachère après plus de 4 ans |
Jachère après 4 ans |
Jachère après 2-3 ans |
72% |
7% |
9% |
12% |
Il peut paraître paradoxal dans un vaste pays comme le Soudan de parler de manque de terre. On admet que la densité de population dans la zone sahélienne de ce pays n'est que de 3 à 6 habitants au km2, mais la répartition de la population est très limitée par le volume d'eau potable disponible toute l'année. La densité de population aux environs d'El Fasher et El Obeid, par exemple, atteint environ 100 habitants au km2. La terre est cultivée de façon intensive bien que les précipitations annuelles soient inférieures à 300 mm dans la région de Fasher et à 400 mm dans celle d'El Obeid.
C'est ainsi que le bon système traditionnel de la culture itinérante a fait place à une mauvaise utilisation de la terre et déclenché une série de processus de détérioration de sa productivité: l'accroissement de la population a conduit à une culture excessive qui a provoqué, à son tour, une aggravation de l'érosion du sol et de son appauvrissement. Il en est résulté dans les 15 dernières années une baisse de moitié des rendements de mil à l'hectare. Pour compenser, la population soudanaise, qui ne cesse d'augmenter à un taux annuel de 2,5%, a dû étendre la superficie cultivée en mil, qui est passée de 392000 ha en 1960 à 1055000 ha en 1975. Pour les raisons mentionnées plus haut, cette extension des cultures a entraîné une nouvelle vague de désertification.
En 1973, le rendement moyen du sorgho au Soudan était de 770 kg à l'hectare (aux États-Unis, il était la même année de 3690 kg et en Égypte de 4170 kg). Dans le nord de la zone sahélienne, où la moyenne annuelle des précipitations est inférieure à 300 mm, les rendements étaient toutefois beaucoup plus bas. Notre étude sur le Darfur du nord a révélé que 50% des années sont à considérer comme sèches, avec une récolte qui est nulle ou ne dépasse pas 100 kg/ha. En même temps, la consommation moyenne de mil d'une famille de six personnes est de 1500 kg par an, ce qui signifie que la superficie cultivée en mil par famille ne doit pas être inférieure à 15 ha (soit environ 36 feddans ou 29 mokhammas) pour en assurer la subsistance. Or, la superficie réelle cultivée par une famille moyenne est beaucoup plus faible, de sorte que la population souffre de sous-alimentation chronique. Cette zone aride se caractérise aussi par le fait qu'en particulier les années sèches, les superficies cultivées en mil sont nettement plus grandes pour répondre aux besoins de la population, d'où une importante destruction de l'écosystème précisément les années où il est le plus vulnérable et où sa capacité de régénération est considérablement réduite par la sécheresse.
Tableau 1: Baisse des rendements de mil au Soudan de 1960 à 1975
Année |
Superficie cultivée milliers
d'ha |
Production milliers de t |
Rendement moyen mm (El Obeid)
kg/ha |
Précipitations |
1960 |
392 |
226 |
580 |
318 |
1961 |
334 |
204 |
650 |
447 |
1962 |
463 |
291 |
650 |
512 |
1963 |
609 |
374 |
630 |
316 |
1964 |
599 |
354 |
590 |
540 |
1965 |
603 |
353 |
580 |
359 |
1966 |
540 |
352 |
460 |
217 |
1967 |
605 |
269 |
440 |
267 |
1968 |
598 |
267 |
440 |
190 |
1969 |
626 |
385 |
610 |
164 |
1970 |
723 |
439 |
600 |
261 |
1971 |
873 |
441 |
500 |
333 |
1972 |
1,070 |
355 |
330 |
332 |
1973 |
1,109 |
281 |
250 |
275 |
1974 |
1,110 |
400 |
370 |
397 |
1975 |
1,055 |
403 |
380 |
232 |
2. Désertification des terres arides méditerranéennes de l'Afrique du Nord
Grainger (1982) a étudié le cas d'Oglat Merteba en Tunisie.
Oglat Merteba, Tunisie:
Cette région de 200 km2 du sud tunisien située sur la frange du Sahara ne reçoit que 100 à 200 mm de pluie en année moyenne. Pendant longtemps, la forme dominante d'utilisation de la terre a été le pâturage transhumant d'ovins et de caprins sur des pâturages communautaires.
Entre 1975 et 1984, la surface de terre cultivée a plus que triplé à Oglat Merteba et l'utilisation de tracteurs et de charrues à disques s'est traduite par une érosion éolienne des sols sableux secs.
Le cheptel n'a pas diminué malgré la réduction de la superficie des pâturages. La sédentarisation des nomades a conduit à la concentration des troupeaux autour des établissements et des points d'eau, ce qui a accru la pression à la fois sur les ressources en terre et sur celles en eau.
La région pourrait perdre 5 cm de terre végétale d'ici à la fin de ce siècle. En 1975, les terres à pâturage dégradées représentaient 25% de la superficie totale et les terres à culture désertifiées 12%.
3. Désertification dans les zones arides sub-tropicales de l'Inde: Rajasthan
En 1972, près des deux tiers des 320000 km2 de terres arides de l'Inde se situaient dans le Rajasthan. Elles représentaient 60% de la superficie totale de l'État.
Bien que 20% seulement des terres arides du Rajasthan soient considérées par la FAO comme convenant à la culture en sec, la superficie cultivée a pratiquement doublée entre 1951 et 1971, passant de 30% à près de 60%, principalement aux dépens des terres à pâturage et des longues jachères.
La production globale et le rendement moyen à l'hectare ont tous deux diminué entre 1954 et 1970 pour trois des quatre cultures importantes: jowar, sésame et kharif, et cela bien que la superficie plantée en sésame et en kharif n'ait cessé d'augmenter durant toute cette période.
Un tiers de la superficie du Luni Development Block, 1989 km2 de terre dans la zone aride du Rajasthan, a été classé en 1976 comme étant "très fortement" en danger de désertification. Le reste étant "fortement" en danger de désertification.
Que signifient ces termes? En 1972, 88% de la superficie étaient cultivés. La population humaine avait triplé depuis le début du siècle, de sorte qu'il y avait 48 habitants au km2, c'est-à-dire une très forte densité de population pour une zone de ce type. La végétation naturelle n'a survécu que dans une partie de la zone occupée par des terres à pâturage communautaire; les arbres et arbustes étaient rares et la plus grande partie de la zone était couverte d'une couche de sable de 0,2 à 2 mètres.
La situation ne s'améliore pas. La couverture de sable de 1958 ne représentait que le quart de ce qu'elle est actuellement. En 1984, les dunes existantes s'étaient élevées d'une hauteur allant jusqu'à 5 mètres. Les puits donnaient moins d'eau et de plus en plus devenaient salins (Grainger, 1984).