Table des mati�res - Pr�c�dente - Suivante


5. Strat�gies et contraintes


1. Strat�gies
2. Contraintes


1. Strat�gies

En �tudiant les strat�gies, il faut tenir compte des �l�ments suivants:

1. La d�gradation des terres et de la v�g�tation est importante et il n'est pas n�cessaire ici d'y revenir.

2. Cette d�gradation est due � la recherche d'une production vivri�re par des m�thodes de culture et d'�levage qui ne sont pas compatibles avec l'�cologie. En outre, la population d�boise de vastes superficies pour diverses raisons, notamment pour se procurer du bois de feu.

3. L'eau, puissant outil de production et de d�veloppement, est parfois mal utilis�e, ce qui entra�ne une destruction du sol et de la v�g�tation.

4. Les mesures correctives destin�es � restaurer les terres et � reconstituer le couvert v�g�tal ne peuvent �tre rapidement rentables. �tant donn� les conditions �num�r�es plus haut, ces mesures peuvent aller dans deux directions:

(i) Mesures de contr�le

Il s'agit de faire cesser les pratiques n�fastes en les interdisant ou par d'autres moyens comme la fermeture des points d'eau ou leur r�glementation et en proposant d'autres solutions, � savoir:

a. Interdire la culture pluviale sur les terres arides marginales o� ces pratiques ont conduit � une forte d�gradation et en provoqueront une plus forte encore si elles se poursuivent.

b. R�glementer la densit� d'animaux utilisant les terres et dans certains cas interdire totalement le p�turage pour donner � la v�g�tation une chance de r�cup�rer. Interdire aussi les feux, en particulier dans les zones marginales.

c. Interdire l'abattage d'arbres et d'arbustes sur les terres marginales, que ce soit pour la collecte de bois de feu ou pour d'autres raisons, et sur les aires de captage.

Toutes ces mesures reposent sur l'id�e que dans les conditions naturelles et sans l'intervention destructrice de l'homme et de ses b�tes, les syst�mes �cologiques peuvent conserver leur �quilibre. Le ralentissement de la croissance v�g�tale dans les ann�es plus s�ches peut �tre compens� dans les ann�es plus humides. Les v�g�taux p�rennes et ligneux survivent gr�ce � leurs caract�ristiques morphologiques et physiologiques pendant toute la saison s�che et les ann�es de s�cheresse, et assurent au sol un couvert v�g�tal minimum. Les processus naturels sont capables de finir par corriger le d�s�quilibre, de sorte que l'habitat retrouvera sa physionomie naturelle (Kassas (1977), Le Hou�rou (1981), McKell et Norton (1981), Man (1981)).

(ii) M�thodes d'intervention active

Ces m�thodes n�cessitent l'action de l'homme pour restaurer la terre et la v�g�tation d�grad�es. Le choix entre ces m�thodes diminue � mesure que l'aridit� augmente (Mission FAO au Proche-Orient (1976), Ben Salem et Eren (1982)). Ces mesures sont les suivantes:

a. Fixation du sable et des dunes par semis artificiel d'esp�ces arborescentes, arbustives et herbac�es.

b. Implantation de rideaux-abris sur des terres irrigu�es et cultiv�es en sec, ainsi que pour la protection des habitations et des infrastructures.

c. Installation de plantations sur les terres d�grad�es, en particulier sur les terres d�grad�es irrigu�es (salinit� et saturation en eau) qui offrent de grandes possibilit�s pour la cr�ation d'activit�s fond�es sur le bois dans les terres arides.

d. Installation de plantations d'arbres, arbustes et gramin�es de valeur pour rendre leur fertilit� aux terres d�grad�es l� o� l'on pratique la culture pluviale (utilisation de l'acacia et de l�gumineuses pour restaurer la fertilit� du sol).

e. Cr�ation de coupe-feu et de haies vives vertes pour la protection des savanes bois�es.

f. Ensemencement et plantation sur les aires de captage et les berges des cours d'eau permanents et saisonniers pour r�guler le d�bit d'eau et lutter contre l'�rosion.

g. Enfin, pour ex�cuter toutes ces activit�s sur les terres d�grad�es aussi bien que sur les bonnes terres, il faut mobiliser les moyens de r�aliser la production optimum � partir des ressources disponibles. Ces moyens sont notamment l'utilisation d'esp�ces et de vari�t�s am�lior�es, des soins culturaux efficients et des syst�mes de gestion efficaces.

2. Contraintes

A. Contraintes biophysiques

Le caract�re variable des pr�cipitations, dans le temps comme dans l'espace, caract�rise les zones arides et semi-arides o� la restauration des terres et la reconstitution du couvert v�g�tal est un processus lent qui ne permet pas d'esp�rer des r�sultats rapides. D'autre part, en raison de la diversit� des techniques de s�lection des esp�ces et des vari�t�s qui conviennent aux objectifs fix�s, les m�thodes de plantation ou de soins culturaux, le travail du sol ainsi que les m�thodes d'utilisation n�cessitent des comp�tences particuli�res qui font souvent d�faut.

L'int�gration des m�thodes de r�g�n�ration et de r�v�g�tation de la terre dans l'ensemble des activit�s agricoles et de la politique de d�veloppement des pays n�cessite elle aussi des comp�tences tr�s sp�cialis�es.

B. Contraintes socio-�conomiques

Sur le front social, la situation est difficile. La r�g�n�ration et la rev�g�tation de la terre n�cessitent une politique de restriction et de coercition. Les cultures annuelles sur les terres marginales (moins de 300 mm de pluie) doivent �tre interdites. Le p�turage sur ces m�mes terres, s'il n'est pas interdit, doit �tre r�glement� de mani�re � permettre aux plantes de r�cup�rer. Ces restrictions sont impos�es � des populations pour qui le droit de p�turage ne peut �tre contest� car la terre est souvent propri�t� de la communaut�, et pour qui le droit de cultiver n'est limit� que par les droits traditionnels d'autrui et non pour d'autres raisons.

Par ailleurs, l'absence d'int�gration des diff�rentes activit�s des organismes de d�veloppement se fait sentir au coeur m�me du probl�me. On fore par exemple des puits sans rien faire pour assurer la subsistance des animaux et l'approvisionnement en feu de bois de la population de la zone. Politiquement, il est plus commode de fournir des services de sant� et d'�ducation que de prendre des mesures concernant le p�turage, le bois et la protection de l'environnement.

Sur le front �conomique, la tendance est au financement de projets � rentabilit� dite rapide. C'est le cas � l'�chelon national et, en fait, international. Les cr�dits sont affect�s � la production de cultures annuelles sans m�me qu'une faible partie en soit mise de c�t� pour des projets relatifs au p�turage, � la production de bois et � l'am�lioration de l'environnement. La Banque mondiale par exemple a financ� de grands projets de production de cultures annuelles irrigu�es ou pluviales qui ont impliqu� de vastes op�rations d'abattage d'arbres, sans tenir compte des besoins concernant le p�turage, le bois ou l'environnement.

Les organismes nationaux responsables de la for�t, des p�turages et des ressources naturelles sont g�n�ralement pauvres en personnel et en cr�dits � tous les niveaux. Ils ne peuvent pas mener � bien leur t�che de planification, de recherche, de vulgarisation et de gestion. L'importance m�me de la d�sertification t�moigne de l'�chec des politiques d� aux contraintes auxquelles elles sont soumises.

6. Lacunes dans les connaissances


1. Pr�vision des pr�cipitations
2. Cartographie et donn�es quantitatives sur le d�bit des cours d'eau et les bassins versants
3. Planification et gestion des points d'eau pour restaurer la v�g�tation
4. �tudes de la v�g�tation locale
5. �tudes socio-�conomiques


1. Pr�vision des pr�cipitations

La variabilit� des pr�cipitations � la fois dans le temps et dans l'espace donne lieu � de nombreuses recherches, mais il n'existe encore aucune m�thode pour pr�voir la pluie. On esp�re qu'avec l'immense d�veloppement de la science spatiale, ces pr�visions pourront un jour �tre possibles.

2. Cartographie et donn�es quantitatives sur le d�bit des cours d'eau et les bassins versants

L'eau est le facteur le plus important du d�veloppement potentiel des zones arides mais les cartes d�taill�es des cours d'eau permanents et saisonniers et de leurs bassins versants sont rares. Pour �tre utiles, les informations doivent �tre recueillies syst�matiquement sur de longues p�riodes. Or, rien n'a encore �t� fait pour mettre en place un r�seau d'�quipement qui permette de recueillir les informations n�cessaires. Une telle op�ration pouvant d�passer les fronti�res des pays, une action est dans ce cas indispensable au plan r�gional.

Une irrigation par les crues, une irrigation suppl�mentaire et d'autres formes d'irrigation peuvent �tre tr�s utiles pour restaurer la v�g�tation et la terre. Si l'on dispose d'eau, des am�liorations tr�s nettes peuvent �tre obtenues: par exemple une irrigation partielle des cultures vivri�res qui compl�tera les pr�cipitations et compensera leur absence; l'am�lioration des p�turages � l'aide d'arbres et arbustes. De telles pratiques sont envisag�es pour all�ger la pression sur les p�turages naturels.

3. Planification et gestion des points d'eau pour restaurer la v�g�tation

On manque d'informations sur la fa�on de programmer l'emplacement des points d'eau pour obtenir une r�g�n�ration des terres et du couvert v�g�tal et pour �viter la d�sertification qui les accompagne. Il n'est pas facile de r�pondre � cette question car elle fait intervenir de nombreuses disciplines mais elle est d'une importance capitale et il est indispensable d'acqu�rir des connaissances sur ce sujet,

4. �tudes de la v�g�tation locale

Les grandes zones de v�g�tation des terres arides sont assez bien connues et il existe beaucoup d'informations sur les aspects taxonomiques des esp�ces existantes. Les principaux facteurs qui influent sur la v�g�tation, tels que les pr�cipitations et la temp�rature, sont bien connus. Les recherches effectu�es sur l'�cologie des terres arides ont montr� que la distribution de la v�g�tation y devient de plus en plus in�gale � mesure que l'aridit� augmente. Elle est �troitement li�e au type d'habitat, qui est lui-m�me �troitement li� aux unit�s g�omorphologiques Les syst�mes de drainage de surface r�gissent la collecte et la redistribution de l'eau de ruissellement. Le transport et le d�p�t de s�diments �oliens sont influenc�s par les caract�ristiques topographiques. Les caract�ristiques physiques du sol, surtout sa profondeur, sont des facteurs importants des relations sol/plante en raison de leur influence sur les r�gimes d'humidit� du sol. Un sol peu profond peut �tre humidifi� pendant la saison des pluies, un sol profond peut permettre le stockage d'humidit� dans les couches plus profondes, Kassas (1953), Walter (1971) et Ayyad (1981). Or, il n'existe pas de cartes d�limitant ces unit�s g�omorphologiques qui sont cependant indispensables pour exploiter le potentiel de ces terres de fa�on rationnelle sans mettre en danger l'�cosyst�me.

Les animaux sont un �l�ment important de ces syst�mes et, bien que les insectes provoquent des pertes, on ne dispose pas d'informations chiffr�es sur cet aspect de la question.

On manque aussi de donn�es chiffr�es sur la production de biomasse, que ce soit pour le fourrage ou pour le bois, et lorsqu'on en a, ce sont souvent, dans le meilleur des cas, des estimations plausibles. Sans ces donn�es, il est impossible d'�laborer des syst�mes rationnels d'utilisation. Par ailleurs, on manque aussi souvent de donn�es sur l'�cologie de la r�g�n�ration des esp�ces.

Les forestiers par exemple en savent beaucoup plus sur les eucalyptus que sur les acacias, en particulier les acacias indig�nes. L'�cologie des gramin�es et des plantes herbac�es et leurs modes de r�g�n�ration et d'entretien sont tr�s peu connues. Il en est de m�me pour les relations entre la faune et la flore: les animaux consomment par exemple les fruits des esp�ces arborescentes et en redistribuent forc�ment une partie (Acacias, Prosopis) sous forme de graine qui sont prot�g�es des pr�dateurs car elles sont enrob�es, ce qui facilite leur germination et accro�t leur capacit� d'installation; en m�me temps, les animaux broutent aussi les jeunes plants. Les pasteurs pratiquent l'�branchage des arbres et des arbustes pour obtenir du fourrage mais cela n'a pas �t� quantifi�, non plus que la r�action de ces v�g�taux. Une fois ces relations de base �tudi�es, il sera possible de mettre au point des syst�mes de gestion rationnelle et efficiente qui seront compatibles avec les mesures de conservation.

En r�sum�, les travaux suivants sont � envisager s�rieusement:

a. classement des sites pour d�terminer une bonne utilisation des terres;

b. �tudes intensives sur la v�g�tation indig�ne pour en d�finir une meilleure utilisation;

c. �tudes sur les relations flore/faune en vue de mettre au point des m�thodes efficaces d'am�nagement et de gestion, en prenant en compte le cas �ch�ant non seulement les esp�ces indig�nes mais aussi des esp�ces exotiques.

5. �tudes socio-�conomiques

Aucun effort de restauration des terres et de reconstitution du couvert v�g�tal ne saurait atteindre ses objectifs sans la participation active de la population. Il faut pour cela qu'elle soit motiv�e. Chacun a pu constater que la seule coercition par la loi a largement �chou�. Des �tudes sont n�cessaires pour d�finir des m�thodes de motivation, de coercition et autres qui puissent susciter de saines pratiques d'utilisation et de conservation.

Par ailleurs, la coordination des activit�s est souvent r�clam�e, mais on ne sait toujours pas comment la r�aliser. Il faut mettre au point des m�thodes de coordination � tous les niveaux.

7. Conclusions et recommandations

La d�gradation des terres et de la v�g�tation est essentiellement un probl�me d'utilisation des terres et pour r�ussir la restauration et la rev�g�tation, il faut:

1. int�grer l'utilisation des terres dans le contexte �cologique;

2. obtenir une participation active de la population par divers moyens car aucun gouvernement ne peut � lui seul r�soudre ces probl�mes;

3. mettre en place et renforcer � tous les niveaux le personnel charg� d'ex�cuter ces programmes et combler les lacunes des connaissances actuelles;

4. int�grer toutes les informations dont on dispose dans des mod�les pratiques et fonctionnels qui permettent de r�soudre les probl�mes.

8. R�f�rences

Ayyad, M.A. (1981), Soil - vegetation - atmosphere interactions. In arid-land ecosystems, Vol. 2, pp. 9-31, Cambridge University Press. Cambridge, R.U.

Ben Salem, B. et Eren T.M., (1982), Forestiers des sables. Unasylva, Vol. 34, N� 135, pp. 8-12, FAO, Rome.

Grainger, A. (1984), Desertification. Earthscan - International Institute for Environment and Development - IIED, Londres. 2�me �dition.

Ibrahim, F.N. (1984), Ecological Imbalance in the Sudan - with reference to desertification in Darfur. Bayreuth - Bayreuther Geowissenschaftliche Arbeiten.

Junge, C. (1977), The importance of mineral dust as an atmospheric constituent. Worshop on Saharian dust, Gothemburg. R�impression.

Kassas, M. (1953), Land forms and plant cover in the Egyptian desert. Bull. Soc. G�og. d'�gypte, 26, pp. 193-205.

Kassas, M. (1977), Ecology of desertification. Communication pr�sent�e � la Conf�rence v�t�rinaire tenue � Khartoum en avril 1977 - Veterinary Association, Khartoum, Soudan.

Le Hou�rou (1981), Long-term dynamics in arid-land vegetation and ecosystems of North Africa. Dans Arid-Land Ecosystems, Vol. 2, pp. 357-384. Cambridge University Press, Cambridge, R.U.

Man, H.S. (1981), Management of arid-land resources for dry land and irrigated crops. Dans Arid-land Ecosystems, Vol. 2, pp. 479-493. Cambridge University Press, Cambridge, R.U.

McKell, C.M. et Norton, B.E. (1981), Management of arid-land resources for domestic livestock forage. Dans Arid-land Ecosystems, Vol. 2, pp. 455-478. Cambridge University Press, Cambridge, R.U.

Thomas, G.W. (1980), The Sahelian Zones of Africa, Profile of a fragile environment. Rapport adress� � la Rockfeller Foundation.

Walter, H. (1971), Ecology of tropical and sub-tropical vegetation. Oliver and Boyd. Edimbourg, R.U.

3.13 La r�serve nationale de la pampa del Tamarugal: R�g�n�ration d'un peuplement fourrager dans le d�sert d'Atacama au Chili


Introduction
1. Le tamarugo
2. Situation de l'esp�ce
3. Description de la zone d'am�nagement
4. Processus de planification
5. Avantages pr�sent�s par la conservation de la for�t de tamarugos
Bibliographie


LIC. HERNAN TORRES
Directeur r�gional 1�re R�gion
Corporaci�n Nacional Forestal, Chili

Introduction

L'un des principaux probl�mes de conservation des ressources naturelles que rencontrent les pays en d�veloppement est souvent l'insuffisance de d�veloppement rural. Dans leurs efforts pour obtenir des biens et services, un nombre croissant de communaut�s rurales ne trouvent pas d'autre solution que d'exploiter jusqu'� �puisement la v�g�tation sur d'immenses superficies, provoquant des processus acc�l�r�s de d�sertification.

Du moins les communaut�s rurales qui provoquent cette d�t�rioration de l'environnement sont-elles au courant de la situation qu'elles provoquent, observant impuissantes la raret� croissante d'aliments, de combustible et d'autres avantages.
Ceci conduit � effectuer une analyse en profondeur du concept de "conservation pour un d�veloppement soutenu". On pourrait pr�parer ces communaut�s rurales � affronter la situation et � se procurer des moyens d'existence r�guliers en prenant pour base un un sch�ma d'analyse environnementale qui prenne en compte l'identification des probl�mes, l'action n�cessaire, la restauration et la compensation des ressources d�grad�es ainsi que le respect des connaissances traditionnelles

Nous analyserons ici le cas de la Reserva Nacional Pampa del Tamarugal, qui prot�ge le peuplement de Prosopis tamarugo dans le d�sert d'Atacama au Chili Des mesures ont �t� recommand�es pour contribuer � r�aliser un �quilibre entre la conservation et la mise en valeur des ressources naturelles en milieu d�sertique, �tant entendu que la conservation est la base essentielle du d�veloppement auquel aspirent tant les communaut�s rurales qui vivent dans cette partie du d�sert du nord du Chili.

1. Le tamarugo

Le Tamarugo (Prosopis tamarugo) appartient � l'ordre des l�gumineuses et � la famille des mimosac�es. C'est une esp�ce end�mique peu connue; on ignore les �tapes successives de son apparition et de sa diffusion.

On estime l'�ge de certains tamarugos � environ 400 ans (Pizarro, 1965). Cet arbre pousse sur les sols sal�s de la Pampa del Tamarugal, en l'absence quasi-totale de pr�cipitations, gr�ce aux eaux souterraines.

Il atteint en moyenne 15 m de hauteur, 0,50 � 0,80 m de diam�tre de f�t et 15 � 20 m de diam�tre de frondaison. Ses jeunes branches sont gr�les et anguleuses et poss�dent des �pines � large base de 3 cm environ de long. Les feuilles compos�es sont courtes et cassantes. Le fruit est une l�gumineuse �paisse et courte de 25 mm en forme de cacahu�te. Les graines sont petites, de couleur sombre, comprim�es et cloisonn�es (Habit, 1981).

Les fleurs de tamarugo sont pollinis�es par des insectes hym�nopt�res comme Centrix mixta et l'abeille commune (Apis mellifera) qui sont ses principaux agents pollinisants, avec une p�riode d'activit� maximum entre le d�but de septembre et le mois de novembre.

La croissance de l'arbre se poursuit toute l'ann�e avec un maximum d'ao�t � novembre, l'�poque de pleine floraison et de croissance minimum se situant entre mars et juillet. Selon Acevedo (1970), il y a une p�riode d'interruption en hiver, due � l'inactivit� de la s�ve.

Le tamarugo poss�de un double syst�me radiculaire, un syst�me pivotant ou d'ancrage constitu� de 3 � 4 grosses racines non ramifi�es qui atteignent une profondeur maximum en terre franche de 7 � 8 m (profondeur o� l'on trouve les nappes phr�atiques) et une masse ou un ensemble de racines absorbantes qui se d�veloppent et p�n�trent � une profondeur ne d�passant pas 1,50 m. Les racines absorbantes pr�sentent sur toute la projection de leur volume une humidit� qui atteint facilement 40% pour les arbres de 30 ans, prosp�rant dans un sol dont la nappe phr�atique se situe � 13 m de profondeur (Toro, 1967).

La phase productive d�bute entre la 7�me et la 8�me ann�e, mais on ignore quelle est la vie productive de l'arbre. La physiologie du tamarugo est tr�s particuli�re; dans certaines conditions de forte humidit� atmosph�rique � 80%, il absorbe l'eau au travers de son syst�me foliaire, la transportant au syst�me radiculaire et la d�posant dans la zone radiculaire d'o� elle est r�absorb�e sous forme d'eau (Sudzuki, 1969). Cette caract�ristique explique pourquoi les tamarugos prosp�rent dans des zones o� la nappe phr�atique se trouve � 40 m de profondeur ou plus, et o� il n'y a pas de contact radiculaire entre elle et l'arbre.

La faune associ�e est repr�sent�e par les reptiles Phrynosaura reichei et Tropidurus tarapacensis (l�zards), par les mammif�res Dusicyon culpeaus, Dusicyon griseus (renards), Galictis cuja (furet ou belette), Ctenomys robustus et Phyllotis darwini (rongeurs).

Parmi les oiseaux, on note Zenaida asiatica (pigeon), Speotito cunicularia (pequ�n), Tyto alba (chouette) et diverses autres esp�ces de l'ordre des passereaux.

� c�t� de l'esp�ce v�g�tale dominante qui est le Prosopis tamarugo, on trouve en moins grande quantit� des peuplements de Prosopis chilensis (caroubier); Prosopis Strombulifera, Prosopis burkartii (Fortuna) et d'autres du m�me genre de niveau moyen et �lev�.

Parmi les arbustes de moins grand d�veloppement, il faut mentionner l'Atriplex atacamensis (cachiyuyo); Caesalpinia aphylla (gen�t); Tessaria absinthiodes (brea ou sorona); Euphorbia tarapacana et Tagetes glandulosa. Au niveau des plantes herbac�es, on trouve les esp�ces Cressa cretica et Distichlis spicata, esp�ce qui, sur les terres salines, cro�t en masse compacte avec un grand d�veloppement vertical. On trouve aussi d'autres esp�ces du m�me genre (CORFO, 1983).

2. Situation de l'esp�ce

En 1765, l'explorateur Antonio O'Brien �tablit une carte de la Pampa del tamarugal dans laquelle il signale une vaste superficie couverte de for�ts de tamarugo, repr�sentant beaucoup plus que ce qui existe aujourd'hui (Larra�n, 1975).

La Pampa del Tamarugal �tait connue dans la langue aymara sous le nom de Tarpac� (for�t �chevel�e). D'autre part, les anciennes chroniques rapportent que cette zone �tait couverte d'un peuplement dense de tamarugos qui furent abattus en grande partie � la fin du si�cle dernier et au d�but de ce si�cle pour approvisionner en combustible les activit�s mini�res locales (Larra�n, 1975). Des morceaux semi-fossiles rencontr�s dans des lieux o� il n'y a pas de for�t permettent de supposer que la superficie couverte autrefois �tait beaucoup plus grande (Habit, 1981).

Actuellement, la masse foresti�re se limite � quelques milliers d'hectares de terrains priv�s et � 28214 ha de r�serve nationale.

� partir de 1964, la Corporaci�n de Fomento de la Producci�n (CORFO) a entrepris des essais de reboisement qui en 1970 avaient couvert 23623 ha. Par la suite, � la fin de 1983, cette op�ration a �t� transf�r�e � la Corporaci�n Nacional Forestal (CONAF), organisme qui a propos� la cr�ation de la Reserva Nacional Pampa del Tamarugal qui englobait des terrains suppl�mentaires, int�grant ainsi � la propri�t� de l'�tat les pr�cieuses ressources foresti�res du d�sert du nord du Chili.

Les travaux de reboisement ont repris: 200 ha ont �t� plant�s en 1984 et pour 1985 on esp�re achever la plantation de 300 ha. On maintiendra pour les ann�es qui viennent un objectif analogue de plantation qui permette d'assurer la survie de la for�t en m�me temps qu'une utilisation soutenue des avantages qu'elle offre: fourrage, bois de construction, bois de chauffage, charbon de bois et loisirs de plein air. Pour atteindre ces objectifs, on travaille � l'�laboration du plan d'am�nagement et de d�veloppement de cette zone.

Il existe 3400 ha de for�t priv�e qui appartiennent � de petits propri�taires autour de la r�serve nationale. Ces bois se trouvent dans un �tat de d�gradation marqu�e par manque de connaissances sylvicoles. Ils pr�sentent une prolif�ration de talles et de long bois due � la pratique syst�matique de coupes qui facilitent l'attaque par des parasites divers, ce qui diminue la valeur du peuplement qui produit moins de miel, de fourrage, de bois, etc.

3. Description de la zone d'am�nagement

La Reserva Nacional Pampa del Tamarugal doit son nom au Prosopis Tamarugo qui y pousse. Elle se trouve dans une plaine qui s'�tend de 19�33'S � 21� 50'S, avec une pente de 1% � 2% d'est en ouest, et une altitude au-dessus du niveau de la mer qui varie entre 300 m et 1200 m dans le d�sert d'Atacama.

Le climat de la Pampa del Tamarugal correspond � un climat d�sertique normal (B.W.) qui se caract�rise par sa forte oscillation thermique et la raret� des pr�cipitations. L'humidit� relative est tr�s faible et varie dans la journ�e entre 10 et 30%. On observe cependant pendant plusieurs jours du mois une humidit� de plus de 80% sans pr�cipitation, principalement durant la nuit.

La luminosit� est grande, avec une moyenne de 250 jours par an sans nuages, et les temp�ratures varient entre des minimums absolus de -5�C � -12�C et des maximums absolus de 35�C et 36�C.

La partie orientale de la Pampa del Tamarugal correspond � un grand pi�mont constitu� par la r�union de c�nes d'alluvions form�s � la sortie des ravins au bas de la Cordill�re des Andes. Les sols sont profonds, plats ou l�g�rement inclin�s, avec un drainage bon ou excessif; ils sont salins-alcalins, d'une fertilit� naturelle tr�s faible et de capacit� d'enracinement tr�s variable. Dans la partie occidentale de la Pampa del Tamarugal, le pi�mont se termine et les mat�riaux de remplissage sont plus fins; les sables et les limons y pr�dominent; Il existait l� autrefois des lacs qui par la suite se sont transform�s en sols sal�s o� pr�dominent les mat�riaux argileux et limoneux stratifi�s, couverts d'une couche de sel d'�paisseur variable qui va de quelques centim�tres � un m�tre ou davantage. Les sels sont g�n�ralement de sodium, de calcium, de magn�sium et de potassium, d�liquescents, de sorte qu'on a l'impression d'un sol humide en permanence (IREN, 1976).

Les nappes phr�atiques et leur alimentation proviennent de diverses ravines de la Cordill�re que l'on trouve dans la zone �tudi�e. Cette eau r�sulte d'un ph�nom�ne appel� "hiver de l'Altiplano" qui ne touche que les parties hautes de la Cordill�re des Andes et qui se produit chaque ann�e entre novembre et mars. La d�charge de l'eau souterraine se produit par �vaporation dans les diverses zones sal�es, �vapo-transpiration des plantes phr�atophytes et cultiv�es, pompage des puits et d�placement de l'eau vers d'autres secteurs non �tudi�s (IREN, 1976).

La Reserva Nacional Pampa del Tamarugal couvre une superficie de 108266 ha qui comprennent 4591 ha de for�t naturelle, 23623 ha de for�t reconstitu�e artificiellement, une grande superficie - 80052 ha - �tant compos�e de sols sal�s pouvant �tre soit plant�s, soit conserv�s tels quels, avec des figures monumentales en pierre (g�oglyphes) qui t�moignent de la pr�sence de l'homme dans cette r�gion depuis des mill�naires.

CARTE DE SITUATION DE LA RESERVA NACIONAL PAMPA DEL TAMARUGAL

PROFIL DE LA SURFACE DE LA CORDILLERE A LA COTE


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