10.1 Introduction
10.2 Lanalyse des risques
10.3 Lévaluation des risques
10.4 La gestion des risques
10.5 La communication sur les risques
10.6 Lanalyse des risques et le Codex
Service de la qualité des alimentes et des normes
alimentaires
Division de lalimentation et de la nutrition
OBJECTIF
Ce module vise à offrir au lecteur un aperçu des différentes composantes dune démarche danalyse des risques et des progrès qui peuvent être réalisés en vue dune harmonisation des méthodes danalyse des risques au niveau international. On y examine comment évaluer les risques liés aux dangers dus aux aliments, les principes de gestion de ces risques et les méthodes de communication nécessaires pour informer correctement les populations concernées. Les dispositions de lAccord de lOMC concernant les risques alimentaires et les progrès importants que marque le Codex y sont également décrits.
POINTS CLÉS
· Les conditions requises pour effectuer une analyse des risques étayée par de solides preuves scientifiques et à même de fournir les bases pour définir un niveau de risques acceptable en matière de protection des consommateurs, introduisant de ce fait la démarche scientifique dans le processus de prise de décision.
· Les éléments de lanalyse des risques: évaluation, gestion et communication des risques.
· Le développement dune approche internationale pour lapplication de lanalyse des risques à la sécurité alimentaire.
· Limportance de lanalyse des risques dans le Codex Alimentarius.
Les éléments composant lanalyse des risques
Il y a de très nombreux types de risques mais, dans le cadre de cette présentation, nous nous concentrerons sur les risques provoqués par des dangers liés aux aliments destinés à la consommation humaine. Sous une forme ou une autre, lanalyse des risques est employée depuis des siècles. Chaque fois que quelquun prend la décision volontaire de ne pas manger un aliment parce que celui-ci lui semble suspect, il entreprend en fait une procédure dévaluation qui repose sur une analyse de la situation et qui aboutit à une estimation des conséquences éventuelles quil y aurait à consommer cet aliment. La décision repose sur la perception du degré de risque associé à laliment en question, elle-même basée sur lobservation et les informations disponibles à ce moment-là. Cet aliment avait peut-être un aspect anormal ou une odeur inhabituelle ou encore «mauvais goût». La décision de ne pas manger cet aliment équivaut alors à une forme simple dévaluation des risques basée sur les observations sensorielles de lapparence visuelle, de lodeur et du goût. La décision de ne pas consommer cet aliment au motif quil pourrait entraîner une infection correspond à une gestion des risques. Lorsque dautres sont mis au courant de votre évaluation et de votre décision, vous avez communiqué un message dinformation sur les risques qui prévient les autres dune possibilité dinfection. En procédant de la sorte, vous avez appliqué ce que les experts de lanalyse des risques considèrent être les trois composantes principales de ce domaine danalyse, à savoir lévaluation des risques, la gestion des risques et la communication sur les risques.
Cette technique a sans aucun doute été utilisée par nos aïeux et elle sest révélée efficace pour éviter les risques. Toutefois, dans le monde daujourdhui où les dangers potentiels qui pèsent sur notre alimentation ont de multiples origines et sont pour la plupart indétectables par la simple observation de laspect, de lodeur ou du goût, cette technique ne peut plus nous suffire. Tout au long de la filière alimentaire, lalimentation daujourdhui est sujette à une multitude de dangers, de différentes origines, qui nexistaient pas auparavant. En outre, nombre de ces dangers actuels ont un impact significativement plus grave pour le consommateur que les dangers qui pesaient sur lalimentation de nos lointains ancêtres. Certains dangers biologiques et physiques du passé sont en revanche toujours dactualité et ont des effets toujours aussi graves pour nous quils en avaient pour nos aïeux.
Des législation, réglementations et normes alimentaires ont donc été définies afin de protéger les consommateurs par des moyens officiels. La définition de ces mesures a été facilitée par le développement et le perfectionnement continu des disciplines scientifiques nécessaires pour identifier, détecter et confirmer lexistence de dangers dans les aliments et pour préciser leur origine. Les grandes avancées des sciences du vivant telles la chimie, la biologie, la microbiologie et la biochimie durant la première moitié du XIXe siècle, ont permis une meilleure compréhension des dangers et de leurs effets sur la santé humaine, ainsi que des besoins de protection des consommateurs et de mise en uvre de telles mesures de protection. Sans ces contrôles, il pourrait y avoir de sérieux dommages sanitaires pour la majorité de la population.
Différence entre les risques et les dangers
Lanalyse des risques est une évaluation systématique des dangers potentiels liés aux aliments. Elle englobe habituellement lévaluation, la gestion et la communication sur ces risques et elle conduit à définir clairement si lune des composantes dun produit alimentaire constitue effectivement un danger pour linnocuité des aliments et le niveau du risque sanitaire impliqué. Pour certaines personnes, les termes de «risque» et de «danger» ont le même sens. Il sont souvent considérés comme synonymes ou utilisés lun à la place de lautre. Mais en fait, ces deux termes ont des significations sensiblement différentes.
La définition couramment acceptée du terme «danger» sapplique, dans le cas des aliments, à un agent biologique, chimique ou physique, (ou à un contexte biologique, chimique ou physique) susceptible davoir un impact nocif sur la santé. Ce peut être un agent dorigine biologique tel que des bactéries pathogènes, des virus, des parasites, ou tout autre organisme ou produit dun organisme biologique, qui a des propriétés nocives pour la santé humaine et qui peut provoquer des maladies et des dommages lorsquil est consommé. Il peut aussi sagir dune substance chimique spécifique, nocive ou toxique, dorigine exogène, se trouvant dans ou sur les aliments du fait dune pollution industrielle, de lusage dintrants agricoles tels que les fertilisants ou les pesticides ou encore suite à une utilisation dadditifs dans les aliments, en quantité volontairement ou accidentellement excessive par rapport au niveau dinnocuité. Cette définition sapplique également à des matériaux physiques tels que des cailloux dans le riz ou un fragment dos dans de la viande hachée. Un danger physique peut également faire référence à la présence de noyaux dans le cas de cerises ou dolives, ces noyaux pouvant fort bien entraîner des blessures lorsquon les mord ou quon les avale, ou encore à la présence de fragments de métal ou de verre dans le cas de produits alimentaires ayant subi un incident durant leur fabrication ou leur transformation.
Nimporte quel risque sanitaire lié à lalimentation a directement à voir avec les dangers présents dans ou sur les aliments lorsquils sont consommés. Dans certains cas, les aliments eux-mêmes peuvent comporter certains risques pour une partie de la population. Les maladies ou les dommages provoqués par la présence dun danger sur ou dans la nourriture vont du plus bénin, bien que souvent pénible, au plus grave et menaçant pour la vie. La sévérité des maladies ou des dommages dépend souvent de la quantité daliments nocifs qui a été consommée ou de la quantité de lagent ou de la substance dangereuse présent dans ou sur la nourriture lors de la consommation. Une faible quantité dun agent nocif ou dun matériau nocif peut fort bien ne pas avoir deffet immédiatement observable sur la santé, mais elle peut aussi entraîner des maladies à longue échéance, voire même être une menace pour lexistence. La nature et le caractère du danger ainsi que le niveau, la fréquence et la durée de lexposition sont par conséquent des facteurs essentiels. Une large gamme de scénarios serait nécessaire pour décrire limpact des divers types de dangers alimentaires et des risques quils font peser sur la santé humaine. Il est de ce fait essentiel de bien connaître les agents nocifs liés à lalimentation, de façon à pouvoir correctement estimer les risques et de pouvoir définir des niveaux de risques acceptables (innocuité) pour protéger les consommateurs.
Le terme de «risque» peut être défini comme la fonction de probabilité dun effet nocif et de la gravité de cet effet, du fait de lexistence dun (ou plusieurs) danger(s) alimentaire(s). Le risque est généralement exprimé sous forme dun rapport. Cest une estimation de la possibilité que lon a dêtre éventuellement touché par un danger donné sachant que ce danger a été correctement évalué et mis en facteurs en termes aléatoires. Le risque de contracter un cancer du fait dune exposition à un agent chimique cancérigène dans un milieu contaminé par une pollution industrielle peut, par exemple, correspondre à ce quune personne sur un million contractera effectivement un cancer du fait dune exposition à cet agent chimique cancérigène. Dans un pays qui compte dix millions dhabitants, il faut alors sattendre à ce que dix personnes contractent, chaque année, un cancer du fait de ce polluant chimique particulier. Le risque quune personne donnée contracte un cancer du fait de cette substance peut, par conséquent, être exprimé comme égal à un sur un million.
Lanalyse des risques est désormais un élément fondamental des règles du commerce alimentaire
En mars 1991, une Conférence FAO/OMS sur les normes alimentaires, les substances chimiques dans les aliments et le commerce des produits alimentaires sest tenue à Rome, en Italie. Près de 400 participants de 78 pays et les observateurs de 28 organisations internationales ont participé à cette Conférence. La Conférence a reconnu quen fournissant des évaluations reposant sur de solides principes scientifiques et dévaluation des risques, les comités scientifiques consultatifs tels que le JECFA (Comité mixte FAO/OMS dexperts des additifs alimentaires) et la JMPR (Réunion conjointe FAO/OMS sur les résidus de pesticides) jouaient un rôle essentiel. Elle a donc recommandé que la FAO et lOMS prennent des mesures afin dêtre plus sensibles à ces principes. La Conférence a également recommandé que la Commission du Codex Alimentarius (CCA) et les Comités correspondants du Codex responsables des normes, des codes dusages ou des directives portant sur la protection de la santé humaine, rendent explicites les méthodes quils ont utilisées pour évaluer les mesures dévaluation des risques.
... mais aucune procédure reconnue nexistait au moment de la signature de lAccord SPS
En 1995, avec lentrée en vigueur de lAccord SPS, les membres de lOMC ont réaffirmé leur droit, dans le cadre de lAccord, dadopter et de renforcer les mesures nécessaires pour protéger la vie et la santé des personnes et des animaux et préserver les végétaux. Les mesures ne doivent en aucun cas constituer un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiée entre des membres bénéficiant des mêmes conditions, ni un moyen déguisé de limiter le commerce international. Les mesures sanitaires et phytosanitaires doivent reposer sur des principes scientifiques. Chaque fois que le niveau de protection nécessaire sollicité par lEtat Membre est supérieur au niveau fixé par les normes, directives et recommandations alimentaires internationales de la Commission du Codex Alimentarius, il est nécessaire de se justifier en fournissant de solides preuves scientifiques et en sappuyant sur les procédures danalyse des risques définies par les organisations pertinentes pour être utilisées au niveau international.
Le niveau de protection sanitaire et phytosanitaire approprié est défini dans lAccord comme étant «le niveau de protection considéré comme approprié par lEtat Membre qui instaure une mesure sanitaire ou phytosanitaire pour protéger la vie et la santé des personnes et des animaux et préserver les végétaux sur son territoire». Mais de nombreux Etats Membres se réfèrent à ce concept comme le «niveau de risque acceptable». On considère que le respect des normes du Codex équivaut au niveau approprié de protection.
Si des Etats Membres de lOMC souhaitent ne pas utiliser les normes internationalement reconnues, ils doivent alors sassurer que leurs mesures sanitaires et phytosanitaires reposent sur une évaluation des risques pour la vie et la santé des personnes et des animaux et la préservation des végétaux, adaptée à la situation et qui intègre les techniques dévaluation des risques définies par la Commission du Codex Alimentarius. Dans lévaluation des risques, les Etats Membres doivent prendre en compte les preuves scientifiques disponibles, les méthodes de production et de transformation pertinentes et les méthodes danalyse et déchantillonnage adaptées.
A la demande de la CCA, la Consultation conjointe FAO/OMS sur lapplication de lanalyse des risques aux questions de normes alimentaires sest donc tenue en mars 1995. Son objectif était de proposer des recommandations sur les méthodes les plus appropriées pour permettre lapplication de lanalyse des risques et de la gestion des risques aux questions de normes alimentaires.
Le modèle dévaluation des risques a été discuté en 1995 au cours dune Consultation FAO/OMC
La Consultation sest mise daccord sur toute une série de définitions de termes et sur un modèle dévaluation des risques qui a été soumis à la CCA pour en examiner lapplication. La Consultation a ainsi convenu que la procédure danalyse de risques comporte trois composantes fondamentales, à savoir lévaluation des risques, la gestion des risques et la communication sur les risques. Elle a également décrit la procédure dévaluation des risques comme étant «lévaluation scientifique des effets nocifs, connus et potentiels, résultant de lexposition des personnes aux dangers dorigine alimentaire».
Les quatre étapes de la procédure dévaluation des risques sont résumées ci-après.
Identification des dangers. Lidentification des effets sur la santé connus et potentiels liés à un agent particulier.
Caractérisation des dangers. Une évaluation qualitative et/ou quantitative de la nature des effets nocifs liés à la présence éventuelle dagents biologiques, chimiques ou physiques dans les aliments. Dans le cas des agents chimiques, une évaluation de la dose de réaction devrait être réalisée lorsque les données peuvent être obtenues.
Evaluation de lexposition. Evaluation qualitative et/ou quantitative de la dose susceptible dêtre ingérée.
Caractérisation des risques. Intégration de lidentification du danger, de la caractérisation du danger et de lévaluation de lexposition en une estimation unique des effets nocifs susceptibles de se produire dans une population donnée, compte tenu des aléas daccompagnement.
Une copie du rapport de consultation est disponible. Il faut la lire pour avoir une description plus détaillée de la procédure dévaluation des risques.
Lévaluation des risques à léchelon international a été examinée lors de la consultation FAO/OMS de 1999
Une autre Consultation conjointe FAO/OMS dexperts sur lévaluation des risques des dangers micro-biologiques dans les aliments sest également tenue à Genève, en mars 1999. Cette Consultation portait sur la question de lexécution dune évaluation des risques de nocivité micro-biologique des aliments. Elle a reconnu que les «Principes et directives pour la conduite dévaluations des risques micro-biologiques» définis par le Comité du Codex sur lhygiène alimentaire et adoptés lors de la 23e session de la CCA, fournissaient un cadre pour mener à bien une évaluation des risques micro-biologiques au niveau international. Pour améliorer ce cadre, la Consultation a recommandé à la FAO et à lOMS de fournir aux experts le moyen de sexprimer sur ce sujet. Les besoins nécessaires pour évaluer des risques micro-biologiques ont également été identifiés. La totalité du rapport de consultation est maintenant disponible sur Internet.
La gestion des risques a été examinée lors de la consultation FAO/OMC de 1997
En janvier 1997 eut lieu une deuxième Consultation conjointe FAO/OMS sur la Gestion des risques et la salubrité des aliments. Cette consultation a porté sur lexamen des pratiques actuelles de gestion des risques par le Codex et les comités dexperts. Elle a proposé des définitions, identifié les composantes de la gestion des risques et précisé les principes généraux de la gestion des risques alimentaires.
Elle a établi que la gestion des risques était le principal élément de la procédure danalyse des risques. Elle la définie comme étant lélément qui consiste à soupeser les différentes politiques possibles à la lumière des résultats de lévaluation des risques, et qui permet également, si nécessaire, de sélectionner et de mettre en uvre les options pertinentes de contrôle, et notamment les mesures réglementaires. La Consultation a retenu les quatre composantes fondamentales pour la gestion des risques.
Ces quatre composantes sont:
· lappréciation des risques;En termes dappréciation des risques, la démarche consiste à identifier le problème dinnocuité alimentaire posé et à définir un profil de risque. Cela suppose une description du problème et de son contexte de façon à pouvoir identifier les éléments cruciaux du danger ou du risque, et à prendre les décisions qui permettent de gérer les risques. Le profil de risque devrait donc préciser les aspects du danger quil est nécessaire de hiérarchiser pour déterminer la ligne dévaluation des risques, et les aspects du risque qui permettront de choisir les normes dinnocuité et les options de gestion des risques. Normalement, un profil de risque comporte une rapide description de la situation, du produit ou du bien concerné, des effets attendus de ce risque (santé humaine, problèmes économiques), des conséquences potentielles, de la perception des risques par les consommateurs et de la répartition des risques et avantages.
· lévaluation des différentes options de gestion des risques;
· lexécution de la décision de gestion; et
· le suivi et le contrôle.
Lappréciation des risques inclut également une hiérarchisation des dangers afin didentifier la priorité en matière dévaluation et de gestion des risques et aussi de définir la ligne de lévaluation des risques. Cette ligne dévaluation doit comporter des activités telles que la définition de la population susceptible dêtre touchée par des dangers alimentaires spécifiques, la définition des critères de hiérarchisation des dangers et enfin la préparation de directives pour lapplication des mesures de sécurité.
Lappréciation des risques peut également supposer quon commandite une évaluation de risques et quon prenne en compte ses résultats.
En ce qui concerne lévaluation des options de gestion des risques, les différentes étapes consistent à identifier les options de gestion disponibles puis à sélectionner les options préférables, notamment en étudiant quelle norme dinnocuité est pertinente (niveau de risque acceptable), et enfin à décider de la gestion finale.
Une fois la gestion décidée et en cours dexécution, reste à évaluer, par une démarche de suivi et de contrôle, lefficacité des mesures prises et à analyser si nécessaire la gestion et/ou lévaluation des risques.
Cette Consultation a également identifié huit principes de base dans le cadre de lapproche de gestion des risques de nocivité des aliments.
Principe 1 La gestion des risques doit suivre une approche structurée.La copie du rapport de la Consultation et de toutes ses recommandations est disponible. Il serait souhaitable de lexaminer en sappuyant sur la démarche indiquée dans la section sur la gestion des risques.Principe 2 La protection de la santé des personnes doit être la première considération prise en compte dans les décisions de gestion des risques.
Principe 3 Les décisions et mesures de gestion des risques doivent être transparentes.
Principe 4 La détermination dune politique dévaluation des risques doit être considérée comme une composante spécifique de la gestion des risques.
Principe 5 La gestion des risques doit garantir le caractère scientifique de la démarche dévaluation des risques et pour cela maintenir une séparation fonctionnelle entre la gestion et lévaluation des risques.
Principe 6 Les décisions de gestion des risques doivent prendre en compte lincertitude du résultat de lévaluation des risques.
Principe 7 La gestion des risques doit inclure, dans tous les aspects de sa démarche, une communication dinformations claire et interactive avec les consommateurs et les autres parties concernées.
Principe 8 La gestion des risques est une démarche permanente qui doit prendre en compte toutes les nouvelles données produites pour évaluer et examiner les décisions de gestion des risques.
Les principes de communication des risques ont été définis lors de la Consultation FAO/OMC de 1998
Pour achever la démarche consultative sur lanalyse des risques, une troisième Consultation conjointe FAO/OMS sest tenue en février 1998 et a porté sur La communication sur les risques dans le domaine des normes alimentaires et de linnocuité des aliments. Cette Consultation a identifié les éléments et les principes dorientation de la communication sur les risques, les obstacles et les stratégies pour une communication efficace sur les risques.
Six principes ont été identifiés par la Consultation en vue dune communication efficace sur les risques. Il sagit de:
Connaître lopinion publique. Comprendre la motivation, les opinions, les préoccupations et impressions des individus et des groupes qui forment lopinion et concevoir des messages communiquant des informations sur les risques afin daborder ces problèmes, permet daméliorer la communication. Lécoute de toutes les parties concernées constitue également un aspect important de la communication sur les risques.
Impliquer les experts scientifiques. Ces experts doivent être impliqués car ils peuvent fournir des informations sur la démarche dévaluation des risques et sur ses résultats, y compris sur les hypothèses et jugements subjectifs. Les décideurs chargés de la gestion des risques auront ainsi une information et une compréhension complètes des risques.
Disposer de compétences dexperts en communication. Lexpertise en matière de communication est essentielle pour faire passer de façon claire, compréhensible et instructive, le message approprié dinformation sur les risques. Il est donc nécessaire, dès le tout début, dimpliquer ces experts dans le processus de communication.
Être une source dinformation crédible. Linformation qui provient dune source crédible est susceptible dêtre mieux acceptée par le public. La cohérence des messages reçus depuis des sources multiples confère de la crédibilité au message dinformation sur les risques. Pour être crédible, il faut fournir au public la possibilité de reconnaître la compétence, la fiabilité, lhonnêteté et limpartialité. En outre, le spécialiste en communication doit sappuyer sur des faits, se montrer expert et attentif au bien-être de la population, responsable, honnête et avoir une bonne réputation. Une communication efficace reconnaît lexistence de problèmes et difficultés, ses contenus et approches doivent être ouverts et elle doit être opportune.
Partager les responsabilités. La communication fait intervenir de multiples acteurs, parmi lesquels les fonctionnaires chargés de la réglementation, les industriels, les consommateurs et les médias. Chacun a un rôle spécifique à jouer mais en partageant les responsabilités, chacun peut assumer le sien de telle façon que cela permette une communication efficace.
Distinguer la science et les jugements de valeur. Lors de lélaboration dun message communiquant des informations sur les risques, il est essentiel de bien distinguer les faits des opinions.
Assurer la transparence. Pour être sûr que la population accepte les messages dinformation sur les risques, le processus doit être ouvert et contrôlable par les parties intéressées.
Mettre le risque en perspective. Il est possible de mettre le risque en perspective en lexaminant sous langle de ses éventuels avantages ou en le comparant avec dautres risques plus familiers. Il ne faut cependant pas faire cela de façon telle que la population ait limpression que la comparaison sert à diminuer limportance du risque.
La copie du rapport complet est là-encore disponible et il est conseillé de la consulter avant daborder un problème de communication sur les risques.
Lors de sa 20e session, à Genève, en 1993, la CCA a examiné les procédures dévaluation des risques utilisée par la Commission et par ses organes consultatifs et subsidiaires. La CCA a recommandé que le Comité du Codex sur les principes généraux aborde la question de ladoption de lanalyse de risques et envisage même la possibilité de changer certaines Règles de procédure du Codex ainsi que les mandats des comités correspondants.
Intégrer lanalyse des risques dans le Codex
Depuis sa 20e session, la Commission du Codex Alimentarius sest lancée dans lexamen des questions ayant trait à lanalyse des risques dans le Codex. On considère maintenant que lanalyse des risques fait partie intégrante de la procédure de prise de décision du Codex. Lors de sa 42e session, en juin 1995, le Comité exécutif du Codex (CEC) a examiné le rapport de la Consultation conjointe FAO/OMS sur lapplication de lanalyse des risques aux questions de normes alimentaires (Genève, Mars 1995). Le CEC a abordé les questions de lévaluation des risques des agents chimiques et biologiques dans les aliments et les problèmes relatifs au caractère aléatoire et probabiliste de lanalyse de risques. A la suite de cette Consultation, la FAO et lOMS ont suggéré certaines modifications mineures aux définitions proposées, celles-ci étant alors basées sur les définitions existantes utilisées dans un contexte plus ample danalyse des risques.
La 21e session de la CCA en juillet 1995, a approuvé sur le principe les recommandations de la Consultation, notamment en ce qui concerne limportance du travail ultérieur danalyse de la méthodologie et des directives couramment employées pour prévoir les apports alimentaires, en particulier au niveau régional. Elle a noté le besoin dune plus grande clarification des termes et définitions utilisés pour lanalyse de risques. La Commission a également recommandé un travail supplémentaire, dune part sur la question de la gestion des risques et de la communication sur les risques, dautre part sur la définition des rôles et responsabilités des différentes instances impliquées dans les procédures danalyse de risques, et enfin sur les notions dincertitude et de variabilité dans lanalyse de risques face aux questions de fixation des normes et des réglementations alimentaires. La CCA a convenu que les comités pertinents du Codex, et notamment le Comité sur les principes généraux, devraient examiner le rapport et les recommandations de la Consultation de façon à ce que le concept danalyse de risques soit inclus dans les procédures du Codex et dans la liste des termes et définitions en usage dans le Codex.
Ladoption des définitions de lanalyse des risques
Lors de la 22e session de la CCA, la Commission a adopté les définitions des termes de lanalyse de risques portant sur la salubrité des aliments (Annexe 1). La CCA a également adopté les Déclarations de principe relatives au rôle de lévaluation des risques pour la salubrité des aliments qui sont présentés en Annexe 2. Un document a été rédigé avec pour objectif de définir un plan daction pour que le Codex puisse plus fréquemment et plus régulièrement appliquer lanalyse de risques, en particulier pour la gestion des risques. Le document inclut les recommandations émises par la Consultation conjointe FAO/OMS sur la gestion des risques et la salubrité des aliments à lintention de la Commission.
Le plan daction pour développer les principes danalyse des risques
La Commission a examiné les recommandations de la Consultation conjointe FAO/OMS sur la gestion des risques et la salubrité des aliments et a convenu dun plan daction pour la définition et lapplication des principes danalyse de risques pour lensemble du Codex. A cet égard, la Commission a accepté ce qui suit:
· Demander au Comité du Codex sur les principes généraux délaborer des principes intégrés pour létablissement dune politique de gestion et dévaluation des risques et pour la communication et la documentation sur les risques, afin de les inclure dans le Manuel de procédures.La Commission a convenu que les Principes de travail pour lanalyse des risques devraient être élaborés selon la procédure complète et que des étapes ne pourraient être omises que dans le cas où le Comité sur les principes généraux le recommanderait.· Une fois les principes établis, préparer des directives spécifiques, selon les besoins, en vue den faciliter lapplication uniforme. Cet exercice devrait être coordonné par le Comité du Codex sur les principes généraux et il faudrait y associer tous les Comités du Codex concernés1.
· Après lélaboration des principes et directives, les inclure dans le Manuel de procédures en y ajoutant une introduction narrative sur lanalyse des risques dans le système du Codex et en définissant les responsabilités des Comités dans la mise en uvre de ces principes et directives.
· Reconnaître que lappréciation de léquivalence des systèmes de contrôle des aliments dans les différents pays est une question essentielle et que cette démarche sera facilitée par des principes et directives Codex associés à la détermination de léquivalence.
· En attendant que les principes soient adoptés par la CCA, demander au JEFCA, au JMPR et aux autres organes consultatifs et Comités du Codex, de continuer à évaluer et à améliorer lapplication des éléments dévaluation et de gestion des risques auxquels ils ont donné la priorité.
· Encourager la poursuite des travaux sur les méthodes dévaluation qualitative des risques de façon à apporter des améliorations rapides à lélaboration des normes alimentaires.
1 Pour ce faire, les Comités du Codex concernés par lun des quelconques aspects de lanalyse des risques devront décrire expressément la façon dont ils mettent en oeuvre les principes et les directives du Codex, selon un plan de présentation normalisé qui sera publié dans leurs rapports respectifs, et il sera recommandé au JEFCA et à la JMPR de faire de même. Par ailleurs, lors de lélaboration des normes, les Comités du Codex devront se référer à ces principes et directives et, ce faisant, respecter scrupuleusement leurs politiques documentées dévaluation/gestion des risques.
Le programme de travail sur lanalyse des risques des comités du Codex
Lors de sa 23e session (juin-juillet 1999), la Commission a adopté les recommandations suivantes qui sappliqueront dans le cadre du Codex:
· Les programmes contribuant à lanalyse des risques doivent avoir une haute priorité.Recommandations aux Etats Membres· Les Comités du Codex concernés doivent poursuivre lélaboration et lapplication des principes et des méthodologies danalyse des risques relevant de leurs mandats respectifs dans le cadre du plan daction, et faire état de lavancement de leurs travaux à la Commission de manière plus régulière.
· Des propositions de nouvelles définitions ou damendements des définitions existantes à utiliser dans le cadre de lanalyse des risques doivent être examinées en priorité.
· Pour surmonter les malentendus concernant lusage des expressions «analyse des risques» et «analyse des dangers», la Commission doit réaffirmer la définition de ces concepts et expliquer comment ils sappliquent concrètement.
· La Commission doit poursuivre et augmenter son action afin de renforcer la participation des pays et des ONG déjà membres ou observateurs mais qui ne participent pas de façon active aux travaux du Codex.
· Les Comités du Codex concernés doivent être encouragés à désigner un coauteur provenant dun pays en développement lorsque le principal auteur (ou les principaux auteurs) dun document de synthèse provient (ou proviennent) dun pays développé.
· Les Comités du Codex concernés doivent envisager délaborer des critères de qualité en ce qui concerne les données utilisées pour lévaluation des risques. Dans la mesure du possible, ces critères devraient être cohérents les uns avec les autres, compte tenu des différences techniques existant dans les disciplines couvertes.
· Les Comités du Codex concernés doivent prendre en compte les aspects critiques de lexposition aux produits chimiques contenus dans les aliments.
· Tout en reconnaissant que la production primaire des pays en développement sappuie largement sur de petites et moyennes exploitations, lévaluation des risques devrait être basée sur des chiffres globaux, dont ceux des pays en développement. Les chiffres de contrôle épidémiologique et des études dexposition devraient en particulier être pris en compte.
· La gestion des risques doit prendre en compte les conséquences économiques et la faisabilité des options de gestion des risques des pays en développement. La gestion des risques doit reconnaître le besoin de flexibilité dans létablissement des normes, directives et autres recommandations, cohérentes avec la protection de la santé des consommateurs.
La Commission a aussi approuvé les recommandations suivantes adressées aux Etats Membres:
· Les Etats Membres devraient participer activement aux travaux du Codex. Ils devraient également tenir compte, dans la mesure du possible, des points de vue de toutes les parties intéressées lorsquils définissent la position de leur pays sur une question du Codex. En outre, les Etats sont encouragés à faire connaître et expliquer les fondements des décisions du Codex à ces mêmes parties intéressées et à lopinion publique en général.Recommandations à la FOA/OMS· Les Etats Membres devraient adopter des structures et procédures dorganisation qui assurent la transparence et permettent aux Comités Nationaux du Codex de prendre en compte les opinions des consommateurs et du secteur privé. La coopération devrait être établie avec les consommateurs et le secteur privé dans le domaine de la communication sur les risques - notamment au moyen de messages simples concernant la qualité et la sécurité des aliments.
· Les Etats Membres sont encouragés à intégrer les principes de lanalyse de risques à leurs législations lorsquils doivent les mettre en place ou les actualiser sur les questions de sécurité des aliments.
La Commission a adressé les recommandations suivantes à la FAO et à lOMS:
· La FAO et lOMS devraient élaborer des programmes harmonisés de formation et dautres programmes visant à renforcer la compréhension du processus danalyse des risques et le rôle de la communication sur les risques, pour les pays et les organisations internationales intervenant activement dans les travaux du Codex.· La FAO et lOMS devraient continuer à aider les pays en développement en dispensant une formation aux niveaux régional, sous-régional ou national, sur la présentation et lapplication des différents aspects de lanalyse des risques, du système HACCP et des bonnes pratiques en matière de fabrication, dagriculture et dhygiène, et sur la mise au point de mesures pour appliquer de bonnes pratiques fondées sur le risque dans les petites entreprises.
· La FAO et lOMS devraient aller plus vite pour renforcer leurs activités visant à assister les pays en développement à mener des études sur les régimes alimentaires et sur la nutrition, à mettre en place des programmes de suivi et à procéder à lévaluation de lingestion et/ou de lexposition.
· La FAO et lOMS devraient renforcer la transparence des évaluations scientifiques des risques. Cela concerne en particulier la transparence en matière de choix des experts et, dans le cadre de lactivité de conseil, la question du traitement réservé aux incertitudes.
· En tant quorganisations surs, la FAO et lOMS devraient souligner leur besoin de renforcer les interactions et la communication entre les organes réunissant des experts tels que le JECFA ou la JMPR, et les Comités du Codex tels que le CCFAC (Comité du Codex sur les additifs alimentaires et les contaminants), le CCVDF (Comité du Codex sur les résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments) et le CCPR (Comité du Codex sur les résidus des pesticides), et ils devraient demander aux organes consultatifs dexperts et aux comités subsidiaires de coopérer autour des principes danalyse de risques.
BIBLIOGRAPHIE
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MODULE 10 - ANNEXE 1
DÉFINITION DES TERMES RELATIFS À LA SÉCURITÉ DES ALIMENTS UTILISÉS EN ANALYSE DE RISQUES DANS LE CADRE DU CODEX ALIMENTARIUS2
2 Ces définitions sont proposées à titre temporaire: elles sont passibles de modifications à la lumière des derniers développements scientifiques de lanalyse de risque et à conséquence des efforts dharmonisation des définitions dans différentes disciplines.DANGER: agent biologique, chimique ou physique, présent dans laliment, ou état de cet aliment pouvant avoir un effet adverse pour la santé.
Source: Rapport de la 22e session de la Commission du Codex Alimentarius, Genève, 1997.
RISQUE: Fonction de la probabilité dun effet adverse pour la santé et de sa gravité, du fait de la présence dun danger dans cet aliment.
ANALYSE DE RISQUE: Processus comportant trois volets: évaluation des risques, gestion des risques et communication sur les risques.
EVALUATION DES RISQUES: Processus à base scientifique comprenant les étapes suivantes: i) identification des dangers; ii) caractérisation des dangers; iii) évaluation de lexposition; et iv) caractérisation des risques.
IDENTIFICATION DES DANGERS: Identification des agents biologiques, chimiques et physiques susceptibles de provoquer des effets adverses pour la santé et qui peuvent être présents dans un aliment particulier ou un groupe daliments.
CARACTÉRISATION DU DANGER: Evaluation qualitative et/ou quantitative de la nature des effets adverses pour la santé associés aux agents biologiques, chimiques ou physiques qui peuvent être présents dans un aliment. Dans le cas des agents chimiques, la relation dose/réponse doit être évaluée. Dans le cas des agents biologiques ou physiques, une telle évaluation doit être effectuée si les données sont disponibles.
EVALUATION DE LA RELATION DOSE-RÉPONSE: Détermination de la relation entre le degré de lexposition (la dose) à un agent chimique, biologique ou physique et la gravité et/ou la fréquence des effets adverses pour la santé qui sont associés (réaction).
EVALUATION DE LEXPOSITION: Evaluation qualitative et/ou quantitative de lingestion probable dun agent biologique, chimique ou physique par le biais dun aliment, ainsi que par suite de lexposition à une autre source, le cas échéant.
CARACTÉRISATION DES RISQUES: Estimation qualitative et/ou quantitative, compte tenu des incertitudes inhérentes à lévaluation, de la probabilité de la fréquence et de la gravité des effets adverses sur la santé susceptibles de se produire dans une population donnée, sur la base de lidentification des dangers, de la caractérisation des dangers et de lévaluation de lexposition.
GESTION DES RISQUES3: Processus consistant à mettre en balance les différentes politiques possibles compte tenu des résultats de lévaluation des risques et, si nécessaire, à choisir et à mettre en uvre les mesures de contrôle appropriées, y compris les mesures réglementaires.
3 Source: Rapport de la 23e session de la Commission du Codex Alimentarius, Rome, 1999.COMMUNICATION SUR LES RISQUES: Echange interactif dinformations et dopinions sur les risques, entre conseillers responsables de leur évaluation et de leur gestion, les consommateurs et les autres parties intéressées.
MODULE 10 - ANNEXE 2
DÉCLARATION DE PRINCIPE SUR LE RÔLE DE LÉVALUATION DES RISQUES EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ DES ALIMENTS: APPENDICE AU MANUEL DE PROCÉDURES DE LA COMMISSION DU CODEX ALIMENTARIUS4
4 Source: Rapport de la 22e session de la Commission du Codex Alimentarius, Genève, 1997.1) Les aspects sanitaires et linnocuité des décisions et recommandations du Codex liés à la santé humaine et à la sécurité des aliments doivent être fondés sur une évaluation des risques adaptée aux circonstances.
2) Lévaluation des risques en matière de sécurité des aliments doit reposer sur des fondements scientifiques, comporter les quatre étapes du processus dévaluation des risques et faire lobjet dune documentation transparente.
3) Il doit exister une séparation fonctionnelle entre lévaluation et la gestion des risques tout en reconnaissant que certaines interactions sont indispensables à une approche pragmatique.
4) Les évaluations des risques doivent dans toute la mesure du possible faire appel aux informations quantitatives disponibles et la caractérisation des risques doit être présentée de manière immédiatement compréhensible et utile.