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2. INFORMATIONS SUR LES RESSOURCES


2.1 Informations que doivent fournir les évaluations des ressources
2.2 Mécanisme de la fourniture d'avis scientifiques

Les problèmes généraux que comportent l'évaluation et l'estimation des ressources ont été très souvent décrits et il n'est pas utile d'y revenir. Pour ce qui nous intéresse actuellement, deux aspects méritent l'attention: les informations qu'il est nécessaire d'inclure dans une analyse scientifique et l'évaluation d'une ressource - si elles doivent être utilisées pour prendre des décisions de gestion - et les dispositions (spécialement celles qui sont plus avantageusement établies dans le cadre du COPACE et du projet) qui seront nécessaires pour garantir que les meilleures évaluations et les meilleurs conseils biologiques sur la gestion seront mis à la disposition des pays du COPACE.

A l'heure actuelle et dans un avenir prévisible, les conseils scientifiques disponibles seront moins exacts, moins précis et moins détaillés que ne l'aimeraient ceux qui prennent des décisions de gestion. Encore que des recherches scientifiques de haute qualité portent actuellement sur les stocks de poissons de la région, le nombre de chercheurs et les ressources (navires de recherches, installations de laboratoire) dont elles peuvent bénéficier sont beaucoup moins importants que dans de nombreuses autres zones, spécialement dans les eaux tempérées. De plus, la durée des recherches et les séries de données statistiques et autres sont beaucoup plus courtes que, par exemple, en mer du Nord. Même pour celle-ci, il reste encore beaucoup à apprendre sur les réactions des ressources à l'exploitation.

Quoi qu'il en soit, des décisions sont prises, presque quotidiennement, sur le développement et la gestion des pêches, par exemple sur le point de savoir si l'on doit investir dans de nouveaux bateaux ou si l'on doit autoriser un certain nombre de bateaux étrangers à pêcher dans des eaux sous juridiction nationale. Ces décisions sont prises, correctement ou non, que l'on dispose ou non d'avis biologiques. Il est évident que toute information scientifique pertinente améliorera les possibilités de prendre la bonne décision. Les chercheurs ne devraient donc pas refuser de fournir des avis en disant que les données sont, en termes scientifiques, loin d'être concluantes. Cependant, les avis devraient comporter, outre les meilleures estimations - par exemple du rendement maximum qui pourrait être obtenu en moyenne pendant une période donnée - des informations sur la fiabilité de ces estimations; par exemple, quel pourrait être le niveau minimum de capture qui, selon l'interprétation la plus pessimiste des données, excéderait la capacité des supports du stock.

2.1 Informations que doivent fournir les évaluations des ressources

Dans le passé, les types d'informations que les responsables des décisions demandaient aux chercheurs étaient limités. Les décisions prises portaient surtout sur le point de savoir si l'on devait encourager la construction de nouveaux bateaux et, dans ce cas, de quel type. Pour la première partie, l'information nécessaire concerne la capacité de la ressource de supporter des captures supplémentaires, c'est-à-dire qu'il faut déterminer si la ressource est légèrement ou lourdement exploitée. Pour la seconde, les informations sur la distribution et les, concentrations locales de poissons sont importantes mais elles proviennent tout aussi bien des opérations de pêche existantes ou d'opérations spéciales de recherche ou d'opérations pilotes que de la recherche scientifique de base.

Il faut à présent une bien plus vaste gamme d'informations. Même en l'absence de plans de gestion explicites, l'extension de la juridiction nationale exige des décisions plus complexes. Par exemple, la délivrance de licences aux bateaux étrangers exige non seulement des décisions sur le nombre et le type de bateaux autorisés à pêcher mais aussi sur d'autres questions, telles que le contrôle possible des horaires et des lieux de pèche, le niveau des droits de pèche, etc. Les conseils scientifiques pertinents doivent comprendre une évaluation de la capacité du stock intéressé à supporter l'effort supplémentaire. Il faut aussi évaluer les informations concernant le retentissement éventuel sur les pêches locales existantes, chaque fois qu'elles exploitent le même stock ou d'autres stocks qui pourraient incidemment être capturés par les bateaux étrangers; cette évaluation, ainsi que la décision sur les lieux et le moment où la pêche est autorisée, peuvent demander des informations très détaillées sur les mouvements et l'éventuelle division des stocks d'espèces en cause. Les évaluations de l'effet quantitatif sur les captures par unité d'effort (CPUE) et donc sur la rentabilité des opérations individuelles et enfin, sur l'aptitude à payer différents niveaux de droits de pêche, seront aussi très désirables.

Ces évaluations des changements des CPUE, de la structure des stocks, etc. prendront une importance croissante quand on envisagera les mesures pratiques. Quand un stock est réparti sur plusieurs juridictions, les questions de distribution, de temps relatif que passe le poisson dans chaque zone, sont susceptibles de prendre de l'importance quand on détermine des éléments tels que la fraction des captures totales admissibles qui peut être prise par chaque pays.

Le fait qu'on soit conscient de la complexité de tout système naturel accroît aussi la gamme d'informations requises dans les avis scientifiques. Dans le passé, les avis ont été souvent donnés en supposant implicitement que les stocks de poissons en cause se trouvaient - exception faite des effets de la pêche - dans une situation d'équilibre. Avec des données suffisantes, il serait alors possible de déterminer un niveau unique d'effort de pêche ou de captures qui maintiendrait le stock à son niveau optimum, quelle que soit la façon dont ce niveau puisse être défini. En réalité, il est évident que la plupart des stocks subissent de considérables fluctuations naturelles. Elles peuvent être de courte durée, dues par exemple, à la présence d'une classe d'âge particulièrement abondante ou faible, ou se prolonger sur une décennie ou plus. Outre les changements d'abondance, il peut y avoir des changements de distribution. On a observé par exemple une considérable extension de sardines vers le sud dans la zone du COPACE. La conséquence pratique est que les ressources de sardines et leur gestion ne sont plus uniquement une responsabilité marocaine et qu'elles exigeront une collaboration entre le Maroc et la Mauritanie.

En général, le phénomène des fluctuations naturelles exigera d'abord que tout avis comprenne une évaluation de l'étendue probable de ces fluctuations d'abondance ou de distribution et, ensuite, que des dispositions soient prises pour mettre à jour les estimations, portant, par exemple, sur le niveau des captures totales admissibles, afin de tenir compte de la situation courante.

Il est un autre facteur appraissant de plus en plus dans le domaine des stocks pélagiques, spécialement les sardines et les espèces apparentées: beaucoup d'entre eux semblent instables. Au-delà d'un niveau critique d'exploitation, ou avec une combinaison d'exploitation modérée à lourde et conditions naturelles peu favorables, leur niveau peut diminuer au point d'être très faible. On a observé de tels effondrements - complets ou partiels - dans le cas de la sardine de Californie, du hareng de Norvège et de l'anchois du Pérou. Il est extrêmement difficile dans l'état des connaissances scientifiques actuelles, de savoir à l'avance quel niveau d'exploitation sera critique et pourrait entraîner un effondrement. En fait, dans une situation donnée, il s'est révélé difficile, même post factum, de connaître avec précision l'importance relative d'une lourde exploitation et des événements naturels dans l'effondrement d'un stock particulier. Par exemple, ou n'a pas encore pu déterminer avec clarté l'importance du phénomène d'El Niño, en 1972, dans la brusque diminution des captures péruviennes, par comparaison avec les effets d'une lourde exploitation. Cependant, le nombre croissant de cas dans lesquels on retrouve associés, l'effondrement du stock et une lourde exploitation montre à l'évidence qu'il convient d'observer une prudence considérable dans l'exploitation de ces stocks et que la nécessité de cette prudence devrait être nettement soulignée dans les avis scientifiques.

2.2 Mécanisme de la fourniture d'avis scientifiques

La structure générale de la fourniture d'avis scientifiques dans la zone du COPACE commence à apparaître avec clarté. Comme dans la plupart des autres régions du monde, la nécessité d'utiliser au mieux les ressources scientifiques et le fait que de nombreux stocks sont communs à plusieurs pays rendent une méthode régionale essentielle. Le COPACE et en particulier son Groupe de travail de l'évaluation des ressources, fournissent la structure de base de cette méthode régionale. Il est cependant évident que l'importance et la complexité des pêches de la zone du COPACE font qu'il est impossible au Groupe de travail d'accorder en détail l'attention voulue à tous les stocks au cours de ses sessions. A juger d'après l'expérience acquise dans d'autres zones, spécialement dans l'Atlantique Nord, les activités scientifiques régionales doivent être étendues dans deux directions; en premier lieu, vers un examen plus détaillé de la situation de ressources particulières dans les petits groupes de travail ad hoc et ensuite, vers un examen plus ouvert des sujets généraux d'intérêt scientifique concernant les ressources. Cette progression dans les deux directions est déjà en cours.

Des réunions d'un certain nombre de groupes ad hoc (sur les merlus, les poissons démersaux dans la région sud, les poissons pélagiques dans la région nord) ont été organisées par l'entremise du projet COPACE. Ces groupes ont réussi à rassembler des informations précieuses et à fournir de bonnes informations sur les ressources en cause. Il apparaît clairement, compte tenu des changements qui affectent les pêches et du cycle de vie relativement court de la plupart des poissons de la zone du COPACE, que les travaux de ces groupes ad hoc devraient être fréquemment mis à jour, de préférence chaque année, s'ils doivent servir de base à des décisions pratiques de gestion. Il est également clair que dans la presque totalité des cas, les groupes n'ont pas, jusqu'ici, reçu les informations ayant la qualité souhaitable et que, très souvent, il n'a pas été possible - compte tenu du temps et des services d'experts disponibles - de tirer pleinement toutes les conclusions qu'on pourrait formuler à partir des informations reçues.

La fourniture des informations de base - statistiques de capture et d'effort, composition des captures par tailles, etc. - devrait être une responsabilité nationale. Cependant, la FAO et, en particulier, le projet pourraient faire beaucoup pour garantir un meilleur rassemblement et une meilleure dissémination par les pays de ces données de routine. Ce travail pourrait comprendre une claire spécification des données qui sont requises, du moyen de les rassembler et du mode de communication (ceci devrait comporter la préparation et la distribution des formulaires appropriés), des demandes régulières aux pays de communiquer des données et une relance rapide si les pays ne transmettent pas ces données ou si elles sont peu nombreuses et inadéquates et, spécialement dans le cas des Etats côtiers, une assistance directe pour le rassemblement des données (par exemple, formulation dans le secteur des méthodes statistiques, etc.). Les lacunes apparaissant actuellement dans les données existantes semblent montrer que le volume d'activité possible dans ce domaine pourrait être très important.

L'aptitude des groupes de travail à utiliser pleinement les données disponibles a été limitée par le nombre restreint de participants possédant des connaissances étendues dans le domaine de l'évaluation des stocks et de la fourniture d'avis scientifiques sur le développement et la gestion des ressources. Un groupe de travail typique ayant des responsabilités comparables dans l'Atlantique Nord pourrait comprendre une douzaine de membres; la moitié d'entre eux aurait une vaste connaissance de l'évaluation des stocks tandis que le reste serait familier avec la biologie générale des espèces de poissons en cause et avec les opérations de la pêcherie. De plus, la majeure partie des participants bénéficie des ressources de grandes institutions de recherche; ils auront pu, avant la réunion, effectuer de considérables analyses préliminaires du matériel. Par contre, la plupart des membres des groupes de travail ad hoc du COPACE, spécialement ceux qui proviennent des Etats côtiers, ne pourraient guère prétendre à une grande expérience en matière d'évaluation des stocks; de plus, ils viennent pour la plupart de petites institutions et doivent combiner leur activité au sein des groupes de travail avec une vaste gamme d'autres travaux scientifiques et administratifs. Il s'ensuit que leur contribution a l'ensemble des activités des groupes de travail est inévitablement limitée.

Le projet a tenté de pallier ces limitations en faisant en sorte que d'autres chercheurs, appartenant au Siège de la FAO ou à des organismes situés hors de la région, participent à des groupes de travail. Cependant, la contribution de ces chercheurs a, elle aussi, été limitée et s'est bornée jusqu'à présent à une participation aux réunions et à quelques travaux faisant suite à celles-ci. Il serait nettement souhaitable que le projet puisse organiser une contribution plus étendue, y compris quelques analyses préliminaires de données avant les réunions.


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