7.1 Principes généraux
7.2 Choix de la méthode
7.3 Validation des méthodes d'analyse
7.4 Procédures de contrôle de la qualité
7.5 Procédures d'assurance de la qualité
7.6 Documentation pour le Programme d'AQ
Le choix de la méthode d'analyse doit tenir compte de la nature des résultats recherchés.
On doit connaître les caractéristiques de performance "interne" d'une méthode analytique pendant la période considérée lorsqu'on l'utilise sur des substances à analyser.
Toute méthode analytique utilisée sur des substances à analyser doit être appliquée de manière cohérente et accompagnée de procédures de contrôle de la qualité.
Une analyse utilisant une méthode sur des substances à analyser doit avoir fait la preuve de sa compétence en la matière pendant la période considérée.
Il doit y avoir des preuves documentaires que chacun de ces principes est observé.
7.2.1 Spécifications en matière de performance
7.2.2 Méthodes de référence/officielles
7.2.3 Méthodes courantes/officielles
7.2.4 Méthodes courantes/du laboratoire
7.2.5 Méthodes de tri
7.2.6 Procédures opérationnelles standard
7.2.7 Autorisation de modifier les méthodes
L'analyse des aliments peut être demandée pour toutes sortes de raisons - par exemple:
1. |
l'identification de substances interdites |
- enquêtes |
2. |
la détection de substances autorisées |
- enquêtes |
3 |
les normes de composition |
- enquêtes |
4. |
la composition des aliments |
- enquêtes |
5. |
les apports alimentaires |
- enquêtes |
Toutes les méthodes d'analyse donnent des résultats présentant un certain degré d'incertitude, qui doit être pris en compte lorsqu'on choisit la méthode à utiliser à une fin particulière. Cette incertitude peut avoir des incidences importantes lorsqu'une concentration donnée d'une substance constitue un niveau d'intervention. Le client et l'analyste doivent être bien d'accord sur la manière dont les données doivent être utilisées si l'analyste doit produire des résultats de "qualité" (c'est-à-dire aptes à leur emploi). La situation mérite un examen plus approfondi et on trouvera dans l'exemple exposé ci-après quelques-uns des principaux facteurs à prendre en considération.
Soit une méthode qui, avec une concentration de 100 mg de la substance recherchée par kilo, a donné un écart type (ET) de ± 20 mg/kg pendant son utilisation "interne". Statistiquement, il y a une probabilité de 95 pour cent que des mesures répétées effectuées sur une substance en contenant 100 mg/kg se situeront dans la fourchette de 2xET de la valeur vraie, c'est-à-dire entre 60 et 140 mg/kg. De ce fait, si l'on veut avoir une probabilité de 95 pour cent d'identifier toutes les matières soumises à analyse qui contiennent au moins 100 mg/kg, tous les résultats se situant dans la fourchette de 60-100 mg/kg doivent être considérés comme susceptibles de provenir d'une substance qui en contenait effectivement au moins 100 mg/kg.
- S'il s'agit de certifier qu'un produit contient au moins 100 mg/kg d'un élément donné, alors, toute substance soumise à l'analyse et donnant un résultat de l'ordre de 60 à 100 mg/kg peut être un "faux négatif, c'est-à-dire que lors d'essais ultérieurs, on peut démontrer qu'elle en contient au moins 100 mg/kg.- De même, il faut reconnaître que tout résultat de l'ordre de 100 à 140 mg/kg peut avoir été obtenu avec une substance qui en contenait effectivement moins de 100 mg/kg.
- Si la teneur maximale autorisée d'un additif est de 100 mg/kg, alors, tout résultat de l'ordre de 100 à 140 mg/kg peut être un faux positif, c'est-à-dire que des essais ultérieurs peuvent démontrer que la substance initiale en contenait réellement moins de 100 mg/kg.
- Plus l'écart type est faible, plus l'est également la fourchette des résultats qui demande une analyse ultérieure afin d'éviter les "faux positifs" ou "faux négatifs", par exemple avec un ET de + 10, l'intervalle de confiance de 95 pour cent est de l'ordre de 80 à 120 mg/kg.
- Il est important de connaître la performance interne de la méthode pendant la période considérée: si l'ET est censé être de 20 mais n'est en réalité que de 10, alors, on fait des efforts superflus pour un réexamen inutilement poussé de la substance à analyser, mais si l'ET est effectivement de 30, alors, certaines substances peuvent être jugées acceptables alors qu'en réalité elles ne le sont pas.
- Avec les substances interdites ou celles qui ont une teneur maximale autorisée, on peut être amené à envisager les incidences qu'aurait l'existence de faux négatifs; si une ingestion unique d'un aliment contaminé comporte un risque important pour le consommateur, une confiance de 95 pour cent de détecter les positifs peut être insuffisante et il peut être nécessaire de choisir un paramètre analytique plus strict, mais si la teneur maximale autorisée est fixée, comme c'est le cas pour la plupart des additifs et résidus, à une concentration qui peut être consommée une vie entière sans risque important, alors, une approche pratique de la détermination du niveau de confiance permettant de déceler tous les "positifs" peut être acceptable.
- Aux fins d'enquête, les exigences peuvent être moins strictes; étant donné qu'aucune mesure ne sera prise à la suite de tel ou tel résultat, c'est-à-dire à condition qu'en moyenne, la méthode analytique donne la valeur vraie (c'est-à-dire qu'il n'y a pas de biais systématique pour les données et que les nombres de faux positifs et de faux négatifs sont analogues), la valeur réelle de l'ET est moins importante que pour la mise en application, et il n'est pas aussi important de connaître avec exactitude sa valeur actuelle.
Les méthodes doivent être choisies sur la base de leurs performances compte tenu des spécifications convenues. Les principales spécifications techniques sont les suivantes:
Précision: |
absence d'erreur systématique, étroitesse de l'accord entre les résultats de plusieurs dosages et la valeur "vraie", en particulier lorsqu'ils sont proches de la concentration qui déclenche une intervention - ou, pour une enquête, lorsqu'ils sortent de la fourchette des concentrations prévues. |
Fidélité: |
étroitesse de l'accord entre les dosages indépendants répétés concernant une même substance, en particulier à des concentrations proches de celles qui déclenchent une intervention - ou, pour une enquête, dépassent la fourchette des concentrations attendues. |
Limite de détection: |
spécifiée soit à un niveau de confiance donne pour détecter la présence d'une substance qui devrait être absente ou exprimée en concentration "moins de" qui doit être au moins inférieure de 3 points au niveau d'intervention. |
Limite de dosage: |
exprimée comme le plus faible niveau auquel une concentration peut être mesurée avec un degré de confiance donné. |
Sensibilité: |
modification de la réponse par unité de concentration - généralement spécifiée aux concentrations proches du niveau d'intervention. |
Spécificité: |
mesure dans laquelle d'autres substances (connues) peuvent donner lieu à un signal parasite. |
Champ d'application: |
gamme de matrices auxquelles s'appliquent les caractéristiques de performance. |
Propriétés pratiques: |
gamme d'utilisation, pertinence. |
Fiabilité: |
solidité, non-dépendance relative à l'égard des compétences de l'opérateur. |
D'autres caractéristiques qu'on peut être amené à prendre en compte sont la simplicité, la rapidité et le coût.
Elles peuvent être spécifiées par les autorités réglementaires à des fins de mise en application ou être stipulées par des organisations commerciales en vue du règlement des différends. Elles ont subi des essais interlaboratoires poussés et leurs caractéristiques de performance sont bien documentées. La fidélité de ces méthodes (c'est-à-dire l'accord entre les résultats obtenus à des moments différents ou par des analystes différents ou dans des laboratoires différents) est très importante. Parfois, ces méthodes ne sont pas strictement précises, c'est-à-dire qu'elles peuvent être sujettes à une erreur systématique qui entraîne un résultat erroné - mais qui s'applique à tous les laboratoires de la même manière et ne compromet pas la comparaison interlaboratoires des résultats. Ou bien il peut y avoir des procédures qui donnent un résultat dépendant d'une méthode pour une substance alimentaire non caractérisée, par exemple les fibres alimentaires. Leur caractéristique la plus importante est leur aptitude à donner des résultats comparables dans n'importe quel laboratoire compétent.
Dans ces cas, la méthode doit être spécifiée de manière très précise et suivie scrupuleusement. Tout écart de la méthode prescrite peut donner lieu à une erreur systématique, laquelle entachera d'un biais tous les résultats de cette analyse.
Elles peuvent elles aussi être stipulées par des organisations commerciales ou par des autorités réglementaires et sont considérées comme des méthodes qui peuvent être utilisées quotidiennement pour les travaux ordinaires. Elles auront fait l'objet d'un grand nombre d'essais comparatifs interlaboratoires et bien qu'elles ne donnent généralement pas les mêmes caractéristiques de performance et de qualité que les méthodes de référence, elles sont plus rapides, plus pratiques et moins coûteuses et elles ont une fidélité et une précision suffisantes pour la plupart des substances à analyser. Elles doivent assurer un accord acceptable avec la méthode de référence concernant la valeur "vraie" du paramètre mesuré, en particulier lorsque celui-ci est proche d'un niveau d'intervention. Lorsqu'un résultat particulier risque d'être remis en question, la substance doit faire l'objet d'une nouvelle analyse par la méthode de référence.
II peut s'agir de méthodes d'analyse qui ont été mises au point à l'intérieur du laboratoire; bien que certaines puissent être nouvelles, elles sont plus souvent fondées sur une méthode officielle qui a été simplifiée de manière à être plus facile, plus rapide, plus économique, plus avantageuse à utiliser. Elles n'ont généralement pas fait l'objet d'essais interlaboratoires mais ont fait la preuve de leurs caractéristiques de performance (hormis la reproductibilité) qui sont comparables à celles de la méthode officielle. Comme les autres méthodes habituelles, elles doivent être en étroit accord avec la méthode de référence en ce qui concerne les valeurs proches de la concentration d'alerte et si un résultat risque d'être remis en question, il faut utiliser la méthode de référence pour conduire une nouvelle analyse.
Lorsqu'on prévoit que la majorité des substances à analyser ne contiennent pas la substance recherchée à des concentrations qui susciteront un intérêt ultérieur, une méthode de "tri" peut être utilisée pour repérer les quelques échantillons qui méritent un examen plus poussé. Souvent, ces méthodes reposent sur une technique tout à fait différente de celle utilisée dans la méthode de référence. Une méthode de tri est rapide, simple, solide et pratique pour le nombre (habituellement) très restreint de matrices auxquelles elles doit être largement appliquée et comme son nom l'indique, elle permet de manière très fiable de faire la distinction entre quelques substances dans lesquelles la concentration de l'élément recherché peut être voisine d'une teneur justifiant une intervention, et un grand nombre d'autres où cette concentration est éloignée. A juste titre, les caractéristiques de performance qui permettent de juger qu'une méthode de tri produit des résultats de qualité sont différentes de celles utilisées pour une méthode de référence. Les critères d'"aptitude à l'emploi" sont très différents - mais dans les deux cas, une connaissance documentée des caractéristiques de performance qui déterminent leur aptitude à leurs emplois respectifs est tout aussi importante en ce qui concerne l'assurance de la qualité.
L'expression "procédures opérationnelles standard" (POS) qualifiait surtout autrefois des procédures administratives et financières, mais on l'utilise aujourd'hui de plus en plus pour la documentation des méthodes analytiques aux fins de l'assurance de la qualité. En tant que telle, elle décrit tous les aspects d'une méthode d'analyse (souvent sur un modèle prescrit par l'ISO) qui permet à un autre analyste de refaire l'analyse à une date ultérieure. Elle comprend habituellement des sections telles que "Introduction, Principes, Sécurité, Champ d'application, Echantillonnage, Réactifs, Solutions étalons, Appareillage, Modes opératoires, Calcul et Contrôle de la Qualité".
Dans le cadre du programme d'assurance de la qualité, toutes les méthodes d'analyse "internes" doivent être documentées comme POS. Le manuel qualité établit la procédure d'approbation d'une nouvelle POS. Il s'agit habituellement de l'examen de la documentation relative à la procédure et de sa validation interne par le chef de section et le responsable de la qualité. Une liste des POS actuellement utilisées et des sources d'autres méthodes documentées (par exemple celles de la BSI, de l'IDF, d'AOAC International) en usage au laboratoire devrait être facilement disponible; lorsque il existe plusieurs versions d'une méthode publiée, la liste doit indiquer clairement quelle version est utilisée pendant la période considérée.
Les analystes doivent disposer d'exemplaires écrits facilement disponibles des méthodes en usage et doivent se conformer strictement aux prescriptions écrites de la méthode. Ils ne doivent pas apporter spontanément de modifications importantes aux méthodes; les variations mineures doivent être consignées par écrit. La décision de passer à une version différente d'une méthode publiée est prise par le chef de section et par le responsable de la qualité. Ils approuvent également les modifications des POS internes. Cela peut entraîner une modification de la procédure ou son élargissement à d'autres aliments. Le processus d'approbation doit comporter l'examen de la mesure dans laquelle la revalidation des méthodes est nécessaire et l'examen des résultats de toute revalidation.
Avant d'être utilisée pour analyser une substance, toute méthode doit d'abord subir une validation interne et le programme d'assurance de la qualité doit spécifier ce dont il s'agit. Les méthodes mises au point ailleurs doivent être vérifiées et il faut s'assurer qu'elles donnent des résultats fiables dans les conditions du laboratoire, même si elles ont déjà été soumises à une validation interlaboratoires poussée par des instances spécialisées. Il s'agit de vérifier que les caractéristiques de performance obtenues au laboratoire coïncident avec celles établies lors de la validation interlaboratoires. Le chef de section et le responsable de la qualité approuvent les mesures à prendre pour la validation interne d'une méthode ayant fait l'objet d'essais interlaboratoires; ces mesures sont habituellement moins coûteuses que la validation d'une méthode interne, et peuvent être limitées à une évaluation par un seul analyste. Elles doivent porter sur les éléments suivants:
précision: |
appréciée en fonction du résultat obtenu sur une substance de référence et de la "récupération" à partir d'un échantillon "dopé" |
fidélité: |
appréciée en fonction d'un nombre convenu d'échantillons multiples et d'analyses répétées à des dates différentes sur une même substance à analyser |
spécificité: |
fonction de l'absence de signaux parasites en provenance d'un échantillon témoin de la matrice prévue |
limite de détection et/ou de dosage: |
évaluée soit par des dosages répétés sur un échantillon témoin, soit. si cela est plus opportun, sur un échantillon témoin dopé à une concentration bien inférieure au niveau prévu d'intervention |
sensibilité: |
aptitude à établir une distinction entre des concentrations très proches les unes des autres au voisinage du niveau d'intervention |
champ d'application et applicabilité: |
si une méthode doit être utilisée dans une matrice différente de celle dans laquelle elle a été initialement validée, sa performance dans la matrice prévue doit être vérifiée. Les méthodes peuvent avoir une performance différente avec des matrices apparemment très analogues; ainsi, on a des exemples bien documentés de différences d'une céréale à l'autre et, pour la viande d'une espèce à l'autre. |
La validation d'une méthode mise au point au laboratoire même doit en outre identifier les facteurs qui sont habituellement révélés par un essai interlaboratoires. Il faudra donc aussi démontrer la robustesse de la méthode (c'est-à-dire qu'elle fonctionne aussi bien selon qu'elle est appliquée par tel ou tel analyste) et identifier tout aspect de la méthode qui est essentiel à son aptitude à produire de bonnes données, par exemple la qualité des réactifs, les précautions à prendre contre les pertes, les performances de la colonne (perte progressive du pouvoir de résolution, pics "fictifs", contamination croisée).
II est nécessaire de prévoir une forme de vérification permanente du fait que la méthode continue à bien fonctionner. La nature et la fréquence de ces vérifications doivent être fonction de la complexité de la méthode, du degré de compétence nécessaire, des annotations concernant sa fiabilité, du nombre d'échantillons analysés, de son mode d'utilisation courante ou occasionnelle) et de la qualité des données requises. Aux fins de l'assurance de la qualité, les vérifications permanentes de la validité de la méthode doivent être décidées d'un commun accord entre le chef de section et le responsable de la qualité et documentées dans les POS de manière à garantir que les utilisateurs de la méthode sont avertis des spécifications. En général, les vérifications prennent la forme de tout ou partie des procédures de contrôle de la qualité examinées ci-après.
7.4.1 Contrôles d'échantillonnage
7.4.2 Dosages multiples
7.4.3 Témoins positifs
7.4.4 Témoins négatifs
7.4.5 Etalons internes
7.4.6 Substances de référence certifiées
7.4.7 Graphiques de contrôles
Elles visent à assurer une vérification systématique de la validité de chaque série de résultats; la forme qu'elles prennent dépend de facteurs comme ceux évoqués dans le paragraphe précédent. Globalement, elles visent à démontrer que la performance attendue de la méthode est réellement obtenue, que la contamination n'est pas un problème, que la détection des substances d'ajout correspond aux teneurs prévues, que l'accord entre les échantillons multiples et entre les analyses répétées est suffisant et que les résultats de l'analyse sont conformes à ceux que l'on attend. Les mesures de contrôle décrites ci-après seront nécessaires en tout ou partie et doivent être incorporées dans les POS pour la méthode.
Dans certains cas, il peut être important de s'assurer que la prise d'essai est représentative de l'échantillon reçu; il sera nécessaire de démontrer que la possibilité d'une répartition inégale de la substance à analyser dans la matrice (par exemple aflatoxines dans les fruits à coque et les figues séchées ou pesticides sur certains fruits ou légumes à feuilles) a été dûment prise en compte et que les résultats d'une série de prises d'essai prélevées dans un même échantillon présentent un accord au degré attendu des caractéristiques connues de répétabilité de la méthode.
Lorsque les résultats sont habituellement communiqués sur la base d'un seul dosage, il faudrait de temps à autre, incorporer dans un lot analytique des dosages multiples sur un même échantillon. De préférence, les essais multiples doivent être rendus aléatoires dans le lot et l'idéal serait que l'analyste n'en soit pas informé.
Lorsqu'il est prévu que la plus grande partie des prises d'essai ne contiendront pas de quantités significatives de la substance recherchée, il est important d'analyser une prise d'essai à laquelle la matière recherchée a été ajoutée et de montrer que l'analyse donne le résultat attendu. Cette approche peut servir à vérifier l'efficacité des essais de sélection ou des analyses de présence/d'absence ou l'aptitude à identifier convenablement les prises d'essai contenant la substance recherchée au seuil d'alerte. Elle peut être utilisée pour évaluer l'incidence des faux négatifs.
Dans la situation inverse, où la plupart des prises d'essai contiennent des quantités significatives de la substance recherchée, il importe d'incorporer un nombre de prises d'essai qui sont essentiellement exemptes de cette substance afin de donner des garanties que les niveaux de contamination au laboratoire sont suffisamment faibles pour être acceptables. Cette utilisation d'un échantillon témoin de la matrice qui est essentiellement exempt de la substance recherchée est particulièrement importante dans les analyses visant à détecter des traces d'additifs, de résidus et de contaminants; elle est préférée aux solutions témoins - qui ne contiennent pas la matrice à analyser - car, tout en permettant de suivre la contamination pendant l'analyse, elle permet d'évaluer la spécificité de la méthode en matière d'identification des composés parasites de la matrice. Les résultats obtenus avec des échantillons témoins permettent souvent de déterminer la limite de détection ou la limite de dosage.
L'autre forme de témoin négatif consiste à utiliser des matières dont on sait qu'elles contiennent la substance recherchée à des niveaux légèrement inférieurs au seuil d'alerte; les résultats permettant de vérifier la fréquence des faux positifs.
Lorsqu'un grand nombre d'analyses similaires doivent être menées sur une certaine période, il est utile de vérifier la cohérence des données en utilisant une substance étalon interne. Pour ce faire, on homogénéise une quantité assez importante de la matrice contenant la substance recherchée à une concentration appropriée, et on la conserve dans des conditions dans lesquelles la substance recherchée est stable. A intervalles donnés, on incorpore une prise d'essai provenant de cette substance étalon interne dans une série normale d'analyses. Sur une certaine période, on peut alors voir si la méthode donne des données cohérentes et obtenir une estimation de la fidélité à long terme à laquelle on parvient. Les moyens permettant d'utiliser les données brutes à des fins d'assurance de la qualité sont examinés à la section 7.4.7.
Un grand nombre d'analyses successives menées sur la substance étalon interne pendant une brève période permettent de calculer la fidélité interne (répétabilité) de la méthode. Si la méthode a fait l'objet d'essais interlaboratoires, la fidélité interne peut alors être comparée à celle à laquelle sont parvenus les autres laboratoires.
II s'agit de matières à analyser homogènes dans lesquelles la substance recherchée a été dosée avec grand soin, en général par un certain nombre de laboratoires spécialisés et de préférence à l'aide de différentes techniques analytiques. Leurs données sont utilisées pour certifier la concentration de ces matières en substance recherchée et l'incertitude liée à ce chiffre. En analysant de temps à autre une substance de référence certifiée (SRC), on peut s'assurer de la précision des résultats obtenus. L'étalon interne démontre la fidélité (cohérence) des données produites, tandis que la SRC démontre la précision, c'est-à-dire la proximité des résultats de la valeur exacte. Bien qu'en principe, une SRC puisse être utilisée aux deux fins, il n'est pas habituel de le faire, d'abord parce que les SRC ne sont disponibles qu'en petite quantité et doivent être réservées à leur usage prévu et ensuite, parce qu'il est rare de trouver une SRC qui se compose de la substance recherchée exacte à une concentration pertinente dans la matrice nécessaire. Une SRC qui ne répond pas à ces critères est en réalité un moyen de vérifier la fidélité moins approprié qu'un étalon interne.
On peut, grâce à l'utilisation d'un étalon interne, décrit à la section 7.4.5, obtenir des informations importantes quant à la fidélité d'une méthode telle qu'elle est utilisée dans le laboratoire et identifier toute modification apportée. En réalisant un grand nombre de dosages sur une substance étalon, lorsque la méthode semble fonctionner correctement, on peut calculer la moyenne et l'écart type pour la concentration de la substance recherchée. Les résultats des analyses successives régulières de la substance étalon effectuées dans le cadre d'une série normale d'analyses permettent d'évaluer si la méthode est bien maîtrisée, c'est-à-dire si la substance étalon donne des résultats conformes à l'estimation initiale de la moyenne et de l'écart type. Les informations peuvent être exprimées graphiquement d'un certain nombre de manières, dont le graphique de contrôle, décrit par Garfield (réf. 2.1) est la plus simple et la plus courante. Garfield recommande que les mesures initiales de contrôles comprennent 2 à 5 dosages effectués à de nombreuses reprises sur une période donnée. Il estime que 25 séries de mesures sont nécessaires pour les estimations initiales de la moyenne des moyennes et de l'écart type. La moyenne des moyennes est utilisée comme point médian du diagramme et les seuils d'alerte sont indiqués à +2 et -2 de l'écart type; les limites de rejet sont fixées à +3 et -3 des écarts types. Sur la base d'une répartition normale, 95,5 pour cent des moyennes des séries ultérieures de dosages doivent se situer dans la fourchette de +2 et de -2 des écarts types et 99,7 pour cent doivent se situer dans la fourchette entre +3 et -3 des écarts types. On trouve souvent des indications que la méthode d'analyse n'est pas bien maîtrisée, comme le montre le tableau 7.1 ci-après.
La procédure exposée plus haut est fondée sur les moyennes des groupes de dosages. Cependant, de nombreux laboratoires donnent des résultats fondés sur des dosages uniques et doivent utiliser des diagrammes de contrôles fondés sur les points qui représentent les dosages uniques; si c'est le cas, le calcul initial de la moyenne et de l'écart type doit aussi être fondé sur des dosages uniques. La valeur absolue de l'écart type sera plus importante, mais la signification statistique des modes d'observation ne s'en ressent pas.
TABLEAU 7.1
GRAPHIQUES DE CONTROLE: QUELQUES INDICATIONS ET CAUSES DE DYSFONCTIONNEMENT D'UNE METHODE
Observations |
Cause possible |
1 point ou plus hors de la fourchette 3xET |
performance de l'analyse, |
2 points consécutifs à l'extérieur de la fourchette 2xET |
comme ci-dessus |
4 points consécutifs à l'extérieur de la fourchette 1xET |
comme ci-dessus |
7* points consécutifs, tous au-dessus ou tous au-dessous de la moyenne |
mauvaise préparation des solutions étalons, |
7* points consécutifs ou plus tous en progression |
détérioration de la solution étalon, détérioration des réactifs |
7* points consécutifs ou plus, tous décroissants |
évaporation du solvant de la solution étalon, détérioration des réactifs |
* une série de 4 points consécutifs ou plus peut déclencher une enquête si les incidences d'un écart d'une dérive dans les résultats sont graves pour le client.
7.5.1 Performance de la méthode d'analyse
7.5.2 Traçabilité de la mesure
7.5.3 Autorisation d'utiliser une POS
Les procédures de contrôle de la qualité décrites aux sections 7.4.1 à 7.4.6 doivent être spécifiées dans les POS pour chaque méthode d'analyse. De manière générale, les POS doivent préciser l'effectif du lot et, le cas échéant, la fréquence normale:
- des échantillons de "solutions-témoins" - et la valeur et l'écart type maximaux acceptables- des échantillons-témoins - et la valeur et l'écart type maximaux acceptables
- des échantillons-témoins "dopés" - avec la teneur des ajouts connus et la fourchette de détection des ajouts connus à chaque concentration
- des analyses répétées à l'insu des analystes - et la différence maximale acceptable
- des substances étalons internes - avec la valeur prévue et son écart type
- des substances de référence certifiées - avec la valeur certifiée et l'incertitude
Les POS spécifient également les mesures qui doivent être prises lorsque les vérifications de contrôle de la qualité montrent que la méthode ne satisfait pas aux normes établies. Il peut être notamment nécessaire de cesser de travailler sur les substances à analyser jusqu'à ce qu'une performance satisfaisante ait été rétablie (de préférence sur la base d'une mesure corrective spécifiée); dans des cas moins extrêmes, des contrôles de la qualité plus stricts peuvent être spécifiés jusqu'à ce que les causes des défaillances mineures soient identifiées et éliminées. Comme pour d'autres aspects de l'assurance de la qualité, le programme doit spécifier la ou les mesures à prendre, les personnes qui en sont chargées et les modalités des vérifications ultérieures.
Afin de s'assurer que le chiffre communiqué est exact, la procédure d'analyse doit être fondée sur une "substance-étalon", à laquelle on peut remonter directement à partir de la valeur mesurée. Dans un grand nombre de cas, cette "substance-étalon" sera un échantillon de la substance recherchée pure. La traçabilité est ensuite fondée habituellement sur des preuves:
- que la balance sur laquelle une fraction connue du produit pur recherché a été pesée a été correctement étalonnée et fonctionne convenablement;- que la verrerie (pipette, flacons mélangeurs, etc.) dans laquelle la solution-étalon primaire a été préparée - et dans laquelle les dilutions ultérieures ont été effectuées - a été correctement étalonnée, de même que celle utilisée pour distribuer les fractions aliquotes pour les échantillons "dopés", etc., etc.
- que si une propriété physique (par exemple le coefficient d'extinction spécifique à une longueur d'onde donnée) est utilisée pour vérifier la pureté de la matière-étalon primaire, alors l'étalonnage des longueurs d'onde et de l'absorbance des instruments a été convenablement vérifié;
- que si la mesure permet de remonter, par comparaison, à la réponse issue d'une substance-étalon interne ou d'une autre substance, alors l'importance relative du signal provenant des deux substances doit avoir été vérifiée, on doit avoir constaté qu'il est constant pour une gamme appropriée de concentrations et que toutes les mesures analytiques ont été effectuées à l'intérieur de cette gamme linéaire.
La précision (et son incertitude) qui est nécessaire pour chaque stade de la chaîne de preuves qui établit la traçabilité de la mesure finale, doit tenir compte des caractéristiques globales de performance de la méthode analytique. Les critères de traçabilité seront beaucoup plus importants dans une méthode ayant un écart type relatif de 0,1 pour cent à la concentration mesurée que dans une méthode ayant un écart type relatif de ±20 pour cent. Néanmoins, aux fins de l'assurance de la qualité, la traçabilité d'une mesure doit toujours être vérifiable à partir des annotations documentaires, sans traçabilité documentée, il ne saurait y avoir de confiance dans le résultat.
Chaque POS doit identifier l'itinéraire par lequel on peut remonter des résultats à une substance-étalon.
Un analyste ne peut pas utiliser une méthode sur des substances à analyser tant qu'il n'a pas fait la preuve de son aptitude à l'utiliser lors de la formation. Selon la méthode utilisée, il peut être tenu de démontrer une précision et une fidélité acceptables avec une substance de référence interne, une détection des ajouts connus acceptable à diverses concentrations, des "témoins" suffisamment faibles. La POS (ou une annexe) doit préciser les critères d'acceptabilité" à adopter, la durée de l'autorisation, tout nombre minimal d'analyses à effectuer afin de conserver l'autorisation, etc. (voir chapitre 4, section 4.4). Elle doit également énumérer tous les analystes autorisés, pendant la période considérée, à utiliser la méthode et la date à laquelle leur autorisation doit être réexaminée/renouvelée. Cette liste complète celle des POS pour lesquelles chaque analyste est autorisé et qui figure dans son dossier de formation.
Liste des méthodes approuvées pour être utilisées au laboratoire: | |
Procédure d'approbation des nouvelles POS | |
Procédure de validation interne des nouvelles POS | |
Procédure de validation interne d'une POS ayant fait l'objet d'essais interlaboratoires | |
Procédure opérationnelle standard pour chaque méthode approuvée |
Annexe 7.1.1 |
Procédure de modification d'une POS | |
Procédures de contrôle de la qualité pour les POS pendant l'utilisation (Graphique de contrôle) |
Annexe 7.1.2 |
Autorisation à utiliser une POS - procédure |
Annexe 7.3.1 |