No.2 avril 2008 | ||
Perspectives de récoltes et situation alimentaire | ||
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Dossier sur la situation mondiale de l’offre et de la demande de céréales
À supposer que les prévisions actuelles concernant une augmentation de la production céréalière en 2008 se concrétisent, la situation mondiale des disponibilités céréalières pour 2008/09 devrait s'améliorer, ce qui ouvrira la voie à une reprise progressive par rapport à la situation tendue qui prévaut actuellement sur les marchés. Étant donné que la plupart de l'essor de la production prévu sera probablement le fait de plusieurs grands pays exportateurs de céréales, les disponibilités exportables devraient enregistrer un redressement significatif par rapport aux niveaux très réduits de la présente campagne. Une amélioration de la situation de l'offre et de la demande de céréales pour la prochaine campagne serait positive pour de nombreux pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV). La situation très précaire pour la campagne 2007/08 en cours a entraîné une hausse constante des cours mondiaux de toutes les céréales, ce qui a alourdi la facture des importations vivrières de nombreux pays importateurs et provoqué un peu partout une envolée des prix intérieurs des produits alimentaires. Le scénario globalement positif concernant les disponibilités pour la nouvelle campagne doit être envisagé avec prudence, dans la mesure où le résultat définitif des récoltes de 2008 dépendra de manière déterminante des conditions météorologiques qui régneront pendant le reste des campagnes agricoles. À la même époque l'an dernier, les perspectives concernant la production céréalière de 2007 étaient bien meilleures que ce qui avait été obtenu en définitive. De mauvaises conditions climatiques avaient dévasté les cultures en Australie et entraîné une diminution des récoltes dans d'autres pays, notamment en Europe. Cependant, de bonnes conditions climatiques seront encore plus essentielles pour la production de 2008, car les réserves céréalières mondiales sont épuisées. La plupart des pays ne disposent que de stocks très faibles et comptent sur une amélioration des disponibilités mondiales lors de la prochaine campagne. Tout déficit majeur dû à de mauvaises conditions météorologiques, en particulier dans les pays exportateurs, prolongerait la précarité constatée actuellement, contribuerait à de nouvelles hausses de prix sur les marchés mondiaux et exacerberait les difficultés économiques que connaissent déjà de nombreux pays.
Les premières prévisions de la FAO concernant la production mondiale de céréales de 2008 s'établissent à 2 164 millions de tonnes (y compris le riz usiné), chiffre record en hausse de 2,6 pour cent par rapport au volume de l'an dernier qui avait été lui-même sans précédent. Le gros de cette augmentation devrait être imputable au blé, dont la production atteindrait quelque 647 millions de tonnes, soit 6,8 pour cent de plus qu'en 2007 et là aussi un nouveau record. Dans l'hémisphère Nord, où de nombreuses cultures sont déjà bien avancées, des volumes nettement plus importants sont prévus en Amérique du Nord et en Europe. Aux États-Unis, les semis de blé d'hiver ont gagné 4 pour cent et les dernières indications font état d'une forte expansion de la superficie consacrée au blé de printemps. Par conséquent, à supposer que les rendements soient normaux, la récolte de cette année devrait s'élever à environ 60 millions de tonnes, soit bien plus que l'an dernier et que la moyenne récente. Le gros des semis doit encore commencer au Canada, mais les premières indications laissent entrevoir une forte augmentation des superficies. En Europe, la superficie sous blé d'hiver a progressé dans la plupart des grands pays producteurs et le développement des cultures reste satisfaisant dans toute la région, ce qui laisse présager une amélioration des rendements par rapport à ceux inférieurs à la moyenne enregistrés l'an dernier, en particulier dans certaines régions orientales touchées par la grave sécheresse de 2007. Les prévisions établissent pour l'instant la production de l'UE à environ 137 millions de tonnes cette année, soit une augmentation de 13 pour cent par rapport au volume réduit de 2007. Dans les pays européens de la CEI, l'expansion des superficies sous blé dans la Fédération de Russie et en Ukraine, ainsi que le redressement des rendements prévu dans ce dernier pays après la sécheresse de l'an dernier, devraient contribuer à porter la production de blé de la sous-région au niveau exceptionnel de plus de 70 millions de tonnes en 2008. En Asie, les perspectives concernant le blé d'hiver sont dans l'ensemble bonnes, mais la production totale de la région semble devoir reculer par rapport au niveau record de l'an dernier. Cette diminution sera en grande partie le fait du Kazakhstan dans la région de la CEI, où en dépit de l'accroissement des superficies ensemencées, un retour à des rendements normaux après les niveaux exceptionnels de l'an dernier se traduirait par une récolte plus réduite. En Chine, plus gros producteur de la région, la production de blé de cette année devrait demeurer pratiquement inchangée par rapport au niveau record de l'an dernier, à condition que l'augmentation prévue des semis de blé de printemps compense les effets des mauvaises conditions météorologiques sur certaines cultures de blé d'hiver dans le nord. En Afrique du Nord, la récolte de blé s'annonce satisfaisante en Égypte, plus gros producteur de cette céréale dans la sous-région, tandis qu'un retour à un volume moyen est attendu au Maroc après la récolte réduite par la sécheresse rentrée l'an dernier. Dans l'hémisphère Sud, où la plupart des cultures doivent être semées, les premières indications laissent présager un certain recul de la production en Amérique du Sud, tandis qu'en Océanie, la production devrait nettement se redresser en Australie, à condition que la campagne se déroule normalement après la sécheresse de l'an dernier.
Alors que les premières grandes récoltes de céréales secondaires de 2008 sont actuellement rentrées ou que les cultures arrivent à maturation dans plusieurs pays de par le monde, les prévisions de la FAO établissent provisoirement la production mondiale de céréales secondaires à 1 075 millions de tonnes, soit une augmentation de 0,6 pour cent par rapport au niveau record de l'an dernier. En Amérique du Sud, la récolte de la campagne principale est en cours et la production devrait passer à un niveau record suite à l'expansion des superficies en Argentine et au Brésil, les plus gros producteurs, en réaction à la hausse des cours mondiaux. En Afrique australe, en dépit des conditions météorologiques moins qu'idéales qui ont régné tout au long de la campagne (pluies tardives à l'époque des semis, inondations puis retour à un temps trop sec en certains endroits), les perspectives globales concernant les principales céréales secondaires sont jugées bonnes, en particulier en Afrique du Sud touchée par la sécheresse l'an dernier. Dans l'hémisphère Nord, le gros des céréales secondaires les plus importantes de 2008 doit encore être mis en terre au cours des prochaines semaines. Aux États-Unis, un recul de la superficie consacrée au maïs est prévu après les semis exceptionnels de l'an dernier; néanmoins, elle devrait rester à un niveau très élevé par rapport au passé récent, du fait de la forte demande et des prix élevés. En Europe, la production de céréales secondaires devrait, selon les prévisions, quelque peu se redresser par rapport au niveau réduit enregistré l'an dernier, sous l'effet conjugué de l'augmentation des superficies ensemencées en certains endroits et de la reprise des rendements escomptée dans plusieurs pays touchés par la sécheresse l'an dernier, tels que la Hongrie et la Roumanie, deux grands producteurs de maïs. Alors que les pays de l'hémisphère Sud sont déjà en train de rentrer la récolte de riz de la campagne principale de 2008 les prévisions préliminaires de la FAO établissent la production mondiale de riz de 2008 à 441 millions de tonnes (en équivalent usiné), soit 1,8 pour cent de plus que les dernières estimations concernant la production de 2007. Même si l'augmentation des cours mondiaux du riz enregistrée au cours de la campagne passée n'a pas profité à tous les pays dans la même mesure, la rentabilité du riz semble s'être considérablement améliorée par rapport aux années précédentes, même si l'on tient compte de l'augmentation des coûts. Cette évolution devrait favoriser un accroissement des semis et de la production dans toutes les régions. En Asie, de nettes augmentations de la production de riz sont attendues dans tous les principaux pays producteurs, en partie du fait des incitations à la production offertes par les gouvernements. En revanche, la production de paddy pourrait se contracter au Japon, l'un des rares pays où les prix à la production ont chuté l'an dernier. La production s'annonce aussi positive en Afrique, où la hausse des cours mondiaux et les préoccupations croissantes quant à la dépendance à l'égard des importations de produits alimentaires pourraient soutenir la croissance, notamment en Égypte, en Guinée, au Nigéria et au Sierra Leone. En revanche, au Mozambique, où la récolte est imminente, la production pourrait se resserrer, car les précipitations supérieures à la normale et les cyclones ont provoqué des inondations et des pertes de culture dans les zones rizicoles. L'impact du cyclone Ivan sur la production de Madagascar devrait être plus limité, notamment du fait que le gouvernement à lancé un programme de distribution gratuite de semences pour encourager les producteurs à repiquer les cultures. La production devrait enregistrer une augmentation considérable en Amérique du Sud, où les perspectives sont bonnes dans l'ensemble de la région et où la récolte est déjà en cours dans certaines régions méridionales.
Les estimations de la FAO concernant la production mondiale de céréales de 2007 s'établissent désormais à quelque 2 108 millions de tonnes (en équivalent riz usiné), chiffre pratiquement inchangé par rapport au précédent rapport de février et qui représente une augmentation de 4,7 pour cent par rapport à 2006. La production mondiale de blé a progressé de 1,6 pour cent pour passer à quelque 606 millions de tonnes, mais le gros de l'augmentation concerne les céréales secondaires, dont la production est passée à 1 068 millions de tonnes, soit 8,3 pour cent de plus que l'année précédente. Les dernières estimations établissent la production de riz de 2007 à 434 millions de tonnes (en équivalent usiné), soit 1 pour cent de plus qu'en 2006.
En dépit de la flambée des cours céréaliers mondiaux en 2007/08, l'utilisation mondiale de céréales devrait enregistrer une croissance relativement forte, pour atteindre 2 126 millions de tonnes, soit une progression de près de 3 pour cent par rapport à la campagne précédente, ce qui est bien supérieur aux taux de croissance annuels moyens enregistrés au cours de la décennie passée (à savoir moins de 2 pour cent). Selon les prévisions, la consommation alimentaire de céréales devrait atteindre 1 006 millions de tonnes, soit environ 1 pour cent de plus qu'en 2006/07. La plupart de l'augmentation prévue devrait se constater dans les pays en développement, sous l'effet de la croissance démographique. Toutefois, les niveaux de consommation du blé et du riz, par habitant, devraient accuser un léger recul dans les pays en développement, principalement au profit d'une consommation accrue d'aliments à plus grande valeur ajoutée, en particulier en Chine. L'utilisation fourragère devrait augmenter de 2 pour cent en 2007/08, passant à 756 millions de tonnes. Cette expansion est due pour l'essentiel à l'utilisation accrue de céréales secondaires dans l'alimentation animale, qui pourrait passer au niveau record de 633 millions de tonnes, soit 2,8 pour cent de plus qu'en 2006/07. Cette augmentation des céréales secondaires dans le secteur fourrager devrait plus que compenser le recul de l'utilisation du blé fourrager, dont les disponibilités sont beaucoup plus tendues, notamment dans l'UE, région où le blé est la principale céréale destinée à l'alimentation animale. L'utilisation industrielle des céréales fait preuve d'une forte croissance pendant cette campagne, mais cette expansion est due principalement à l'utilisation de céréales comme matière première pour la production de biocarburants - qui devrait avoisiner 100 millions de tonnes en 2007/08 - la part du maïs étant d'au moins 95 millions de tonnes. Le maïs est la principale céréale utilisée dans la production d'éthanol et les États-Unis occupent la première place au monde dans le secteur de l'éthanol à base de maïs. En 2007/08, les États-Unis devraient consacrer au moins 81 millions de tonnes de maïs à la production d'éthanol, soit 37 pour cent de plus qu'en 2006/07.
Comme il était prévu en février, les stocks mondiaux de céréales à la fin des campagnes se terminant en 2008 devraient tomber à 405 millions de tonnes, soit une baisse de 21 millions de tonnes (5 pour cent) par rapport à leur niveau déjà faible à l'ouverture de la campagne et le plus bas niveau des 25 dernières années. Ainsi, le rapport entre les stocks céréaliers mondiaux et l'utilisation tomberait à 18,8 pour cent, soit une baisse de 6 pour cent par rapport au bas niveau enregistré précédemment en 2006/07. Les stocks mondiaux de blé à la clôture des campagnes de 2008 devraient atteindre, selon les prévisions, 144 millions de tonnes, soit une baisse de 9 pour cent par rapport à leur niveau d'ouverture déjà réduit. Un net recul est encore plus apparent dans les grands pays exportateurs, dont les réserves de blé combinées perdraient jusqu'à 10 millions de tonnes. La forte demande des marchés intérieurs et mondiaux a contribué à l'amenuisement des stocks des principaux pays exportateurs, dans lesquels la production de 2007 a pâti de rendements exceptionnellement mauvais. Même aux États-Unis, où la production de blé à augmenté en 2007, les stocks devraient tomber à 8 millions de tonnes, soit 4 millions de tonnes de moins que le niveau déjà réduit de la campagne précédente. L'accroissement des exportations est en grande partie responsable du fléchissement des stocks aux États-Unis. Selon les prévisions, les réserves de l'UE devraient tomber à 9,5 millions de tonnes, soit plus de 3 millions de tonnes de moins que le faible niveau de la campagne précédente, ce qui s'explique principalement par l'effondrement de la production en 2007. Plusieurs pays importateurs devraient eux aussi enregistrer une diminution de leurs stocks de blé pendant cette campagne, du fait non seulement du recul de la production, comme dans le cas du Maroc, mais aussi du niveau élevé des prix sur les marchés mondiaux, qui découragent les importations et poussent à prélever largement sur les stocks intérieurs, comme au Bangladesh, en Égypte et au Kenya. Les deux plus grands pays, l'Inde et la Chine, devraient toutefois terminer la campagne avec des stocks de report importants. En Chine, l'amélioration de la production en 2007 et les contrôles plus stricts des exportations pourraient se traduire par un accroissement des stocks de 3 millions de tonnes. En Inde, la croissance de la production en 2007, associée aux importations de grande ampleur effectuées vers la fin de la campagne précédente, pourrait susciter une augmentation d'environ 2 millions de tonnes des réserves totales de blé, ce qui permettra aussi au gouvernement de reconstituer ses propres stocks. Les stocks mondiaux de céréales secondaires à la clôture des campagnes de 2008 devraient s'élever, selon les prévisions, à 157 millions de tonnes, soit 5 millions de tonnes de moins que leur niveau d'ouverture déjà bas. Ce recul s'explique principalement par la croissance de la demande, laquelle en 2007/08 devrait dépasser l'offre totale, en dépit de la forte augmentation (8 pour cent) de la production mondiale. Du fait de la fermeté de la demande intérieure et de la vigueur des exportations, les réserves des États-Unis - le plus gros producteur mondial - augmenteront probablement relativement peu, et la hausse ne suffira pas à compenser les forts reculs enregistrés ailleurs, en particulier dans les pays où la production a chuté en 2007. Selon les prévisions, les réserves devraient être en nette diminution, en particulier au Maroc, au Nigéria, en République sud-africaine, en Turquie et en Ukraine. Au Brésil, où la production devrait atteindre un niveau record, les stocks n'augmenteront probablement pas car le pays exportera davantage, tandis qu'en Chine, qui détient les stocks de céréales secondaires les plus importants, les réserves totales devraient demeurer stables, étant donné le fléchissement des exportations constaté au cours de la présente campagne. En ce qui concerne le paddy, les stocks de report mondiaux à la clôture des campagnes se terminant en 2008 devraient perdre environ 1 million de tonnes, pour passer à 103,5 millions de tonnes, ce qui signifie que l'utilisation dépasserait la production partout dans le monde. Le resserrement des stocks mondiaux serait dû à l'amenuisement des réserves des pays importateurs de riz, en particulier le Bangladesh, le Brésil, le Nigéria et le Sénégal; les réserves pourraient toutefois augmenter en Indonésie et aux Philippines. Bien que les réserves des grands pays exportateurs ne devraient dans l'ensemble guère changer par rapport aux niveaux d'ouverture, la situation pourrait être contrastée à l'échelon des pays: des augmentations considérables sont attendues en Inde, les exportations devant être en fort recul en 2008, ainsi qu'au Myanmar, tandis que tous les autres grands pays exportateurs devraient terminer la campagne avec des réserves réduites. Le recul prévu des stocks de report mondiaux devrait entraîner une baisse du rapport stocks-utilisation pour le riz, rapport qui selon les estimations passerait de 24 pour cent en 2007 à 23,4 pour cent en 2008.
Selon les prévisions, les échanges mondiaux de céréales s'élèveraient à 256 millions de tonnes en 2007/08, soit un peu plus qu'en 2006/07. Une nette augmentation des importations de céréales secondaires devrait compenser plus que largement le recul des échanges de blé et de riz. Ainsi, le volume des importations céréalières des PFRDV pourrait atteindre 82 millions de tonnes, ce qui représente une légère baisse par rapport à la campagne précédente. Le commerce mondial de blé reculerait, selon les prévisions, pour passer à 106 millions de tonnes en 2007/08 (juillet/juin), soit 7 millions de tonnes de moins qu'en 2006/07. La diminution des importations de l'Inde expliquerait en grande partie cette baisse, mais on s'attend aussi à ce que plusieurs autres pays - dont l'Algérie, le Brésil, le Kenya, l'Indonésie, la République de Corée et le Nigéria - diminuent de manière significative leurs achats de blé sur les marchés mondiaux. Dans la plupart des cas, les gains de production nationaux sont la principale raison du recul attendu des importations de blé, mais la flambée des cours internationaux est aussi un facteur dissuasif. La plupart des pays qui imposent des taxes à l'importation ont abaissé ou levé celles-ci afin d'atténuer l'impact de la hausse des cours mondiaux sur les consommateurs (voir l'encadré sur les mesures prises). Plusieurs pays devraient néanmoins accroître leurs importations pendant cette campagne, par exemple le Maroc où une grave sécheresse a nui à la production de blé l'an dernier, ou encore le Pakistan où, en dépit d'une augmentation de la production, il est nécessaire d'intensifier les importations suite à l'exportation de quantités significatives dans le cadre du commerce transfrontalier en début de campagne. En dépit du fléchissement de la demande d'importation qui est attendu au niveau mondial, les disponibilités exportables sont exceptionnellement tendues depuis le début de la campagne. Parmi les cinq principaux exportateurs, l'Australie, le Canada et l'UE disposent tous de moindres quantités exportables pour cette campagne, tandis que les expéditions de l'Argentine demeurent limitées, les politiques visant à maîtriser les prix intérieurs étant toujours en vigueur. L'amenuisement des disponibilités de ces exportateurs et la faiblesse du dollar ont entraîné une nette augmentation des exportations des États-Unis, seul grand pays exportateur qui a aussi rentré l'an dernier une récolte de blé plus importante. Parmi les autres pays, les exportations de l'Ukraine sont en recul en raison des moindres disponibilités intérieures qui ont amené le gouvernement à imposer un système rigoureux de contingents. Toutefois, les exportations de la Fédération de Russie étaient déjà supérieures à celles de la campagne principale avant les restrictions imposées récemment. De même, en Chine, les restrictions mises en place dernièrement éviteront probablement de nouvelles exportations, mais celles-ci dépassent déjà le volume exporté pendant la campagne précédente. Plusieurs pays interdisent désormais les exportations, notamment l'Inde, le Pakistan, la Serbie et la République arabe syrienne. Les échanges mondiaux de céréales secondaires en 2007/08 atteindraient selon les prévisions 121,5 millions de tonnes, soit 10 millions de tonnes (9 pour cent) de plus que lors de la campagne précédente. Le volume exceptionnellement élevé de maïs et de sorgho importés par l'UE explique pour l'essentiel l'essor du commerce mondial pendant cette campagne. Les moindres disponibilités de blé fourrager aussi bien sur le marché intérieur que dans les pays de la mer Noire voisins ont entraîné une flambée des importations de l'UE. Le volume des importations devrait aussi être en hausse au Maroc, au Mexique et en République arabe syrienne, tandis qu'il diminuerait en Colombie, en République dominicaine, en Indonésie et en République de Corée. La forte expansion de la demande d'importation mondiale prévue pour cette campagne sera en grande partie couverte par une intensification des ventes des États-Unis et du Brésil, qui ont tous deux enregistré des récoltes record. L'Argentine et le Canada devraient aussi exporter davantage pendant cette campagne mais la contraction des disponibilités intérieures et l'imposition de restrictions à l'exportation entraîneront une réduction des expéditions de plusieurs pays, dont la Chine et l'Ukraine. La production ayant été médiocre pour la deuxième année consécutive, la République sud-africaine n'a pas pu accroître ses exportations pendant cette campagne. Les prévisions actuelles établissent les échanges internationaux de riz de 2008 à 28,7 millions de tonnes, soit 1,6 million de tonnes de moins que prévu et en baisse par rapport aux estimations révisées pour 2007, à savoir 34,7 millions de tonnes. La récente révision à la baisse des échanges de 2008 reflète pour l'essentiel une diminution des importations par rapport à ce qui était prévu, en particulier vers le Bangladesh et l'Indonésie, qui neutralisera le volume plus important importé au Brésil, en Afrique du Sud et aux Philippines. En ce qui concerne les exportations, la révision tient principalement aux livraisons moins importantes que prévu effectuées par le Brésil, le Cambodge, l'Inde et le Viet Nam, ce qui est souvent lié aux restrictions plus rigoureuses imposées récemment sur les ventes à l'extérieur, tandis que les exportations de l'Argentine, de la Chine, de la Thaïlande et de l'Uruguay ont quelque peu augmenté. La contraction sensible des échanges mondiaux en 2008 par rapport à l'année précédente s'inscrit dans le fil de la situation très tendue de l'offre constatée dans des pays exportateurs clés et des prix élevés pratiqués sur le marché mondial. Parmi les importateurs, les pays d'Asie devraient commander au total 12,7 millions de tonnes de riz, soit 12 pour cent de moins qu'en 2007. Cette chute reflète les perspectives d'une réduction des expéditions à destination du Bangladesh, de l'Indonésie et de la République islamique d'Iran, autant de pays où la situation de l'offre et de la demande enregistrera un meilleur équilibre que l'an dernier. En revanche, une augmentation des expéditions destinées à la Chine, à l'Iraq, à la République populaire démocratique de Corée, aux Philippines et au Sri Lanka est attendue. Les Philippines, en particulier, qui viennent de passer une commande ferme de 1,5 million de tonnes auprès du Viet Nam, devraient devenir en 2008 le principal destinataire du commerce de riz. En Afrique, les importations de riz devraient s'établir à environ 9,2 millions de tonnes, soit une baisse de 6 pour cent par rapport à l'an dernier, du fait des reculs généralisés dans toute la région. Il semble que les importations à destination de l'Amérique latine et des Caraïbes resteront inchangées, à environ 3,5 millions de tonnes, quelques augmentations étant prévues dans le cas du Brésil, du Chili, d’El Salvador et du Panama, ce qui compensera la chute des expéditions vers la Colombie, le Costa Rica et le Nicaragua. En ce qui concerne le reste du monde, l'Australie, l'UE et les États-Unis devraient intensifier leurs achats de riz en 2008, contrairement à la Fédération de Russie, où les tarifs douaniers et les restrictions à l'importation pourraient encore faire baisser les expéditions de riz vers ce pays. La précarité de l'offre que la plupart des pays exportateurs pourraient connaître jusqu'au dernier trimestre de l'année et les restrictions correspondantes imposées aux exportations expliquent pourquoi l'on s'attend à un recul des échanges de riz en 2008. Actuellement, la Chine, l'Inde, l'Égypte, le Viet Nam - qui sont quatre des pays traditionnellement exportateurs de riz -, ainsi que le Cambodge, ont imposé soit un prix minimum à l'exportation, soit des taxes à l'exportation ou encore des quotas/interdictions à l'exportation. Contrairement aux dernières années, la diminution des réserves publiques de riz empêchera probablement la Thaïlande de combler entièrement les déficits laissés par ses concurrents, même si l'on prévoit une augmentation de ses exportations. Des expéditions plus importantes de l'Argentine, du Myanmar, du Pakistan, des États-Unis et de l'Uruguay sont également attendues. Le Japon pourrait quant à lui intensifier ses expéditions sous forme d'aide alimentaire.
La hausse des cours mondiaux de toutes les principales céréales s'est poursuivi en février et mars, en grande partie sous l'effet de la contraction persistante des disponibilités et de l'imposition de nouvelles restrictions à l'exportation. La faiblesse du dollar EU et la fermeté de la demande ont aussi appuyé cette évolution. En mars, le prix du blé dur des États-Unis (HRW, No. 2, f.o.b.) était en moyenne de 481 USD la tonne, soit 100 USD la tonne de plus qu'au début de l'année et près de 130 pour cent au-dessus du niveau enregistré à la même époque l'an dernier. En ce qui concerne les contrats à terme, les prix sont restés fermes mais volatils, réagissant aux nouvelles concernant de nouvelles restrictions à l'exportation, à l'évolution des marchés de l'énergie et à la dégradation des perspectives sur les marchés financiers. Les contrats à terme dont l'échéance est imminente (mai) négociés au Chicago Board of Trade (CBOT) étaient cotés à plus de 390 USD la tonne à la fin mars, en baisse de près de 50 USD la tonne depuis la fin février mais toujours plus de 130 pour cent de plus qu'à la même époque l'an dernier. En dépit de l'augmentation significative de la production de blé attendue en 2008, même les contrats à échéance en septembre, qui donnent une meilleure idée du sentiment du marché concernant la nouvelle campagne, étaient à peine au-dessous des valeurs enregistrées en mai et en hausse de jusqu'à 120 pour cent par rapport à la même époque l'an dernier. Les prix à l'exportation des céréales secondaires ont aussi fortement progressé depuis le début de l'année. Le prix du maïs des États-Unis (No. 2 jaune) était en moyenne de 234 USD la tonne en mars, soit 38 pour cent de plus qu'en mars 2007. Les pénuries de blé fourrager, associées à la contraction générale du marché de toutes les céréales et à la faiblesse du dollar EU, ont continué à soutenir les prix du maïs. À la fin mars, les contrats qui vont parvenir à échéance en mai négociés au CBOT étaient cotés environ 214 USD la tonne, soit 20 pour cent de plus qu'à la même époque l'an dernier. Alors que les craintes d'un ralentissement économique généralisé et l'arrivée des nouvelles récoltes du Brésil et de l'Argentine ont exercé dans une certaine mesure une pression à la baisse sur les prix, le resserrement des disponibilités aux États-Unis et les incertitudes quant aux superficies ensemencées cette année ont évité un fléchissement des prix, comme en témoignent les contrats livrables en décembre, qui s'établissaient à environ 60 USD la tonne de plus qu'à la même époque l'an dernier. Les cours mondiaux du riz ont amorcé une tendance à la hausse depuis le début de 2008, après avoir enregistré des augmentations relativement modestes, de 9 pour cent en 2006 et de 17 pour cent en 2007. Depuis janvier 2008, l'indice des prix du riz de la FAO (1998-2000=100) s'est encore raffermi, gagnant 12 pour cent pour passer à 184 en février 2008, puis encore 17 pour cent en mars 2008, l'indice atteignant 216. Cette hausse témoigne du resserrement toujours plus marqué du marché, après l'imposition par plusieurs grands exportateurs de restrictions rigoureuses sur les ventes extérieures, à quoi il faut ajouter le dynamisme des achats de pays tels que le Bangladesh, l'Iraq, le Nigéria ou les Philippines. Par exemple, en mars 2008 le riz thaïlandais de qualité supérieure 100% B était coté 567 USD la tonne, soit une hausse de 22 pour cent par rapport au mois précédent et de 74 pour cent par rapport à mars 2007. La pression exercée sur les prix a été généralisée et a touché le riz toutes qualités et toutes origines confondues.
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