No.2 avril 2008 | ||
Perspectives de récoltes et situation alimentaire | ||
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Examen par région
La récolte des céréales d'hiver de 2008 doit commencer à partir de juin dans la plupart des pays de la sous-région. Les perspectives de récolte sont globalement favorables, en particulier au Maroc où, si les conditions météorologiques restent normales au cours des prochains mois, la production devrait reprendre nettement après le niveau réduit par la sécheresse de l'an dernier. La superficie totale exploitée en blé et en orge au Maroc est estimée à quelque 4,9 millions d'hectares, soit 7 pour cent de plus que l'an dernier, et les rendements devraient enregistrer un redressement notable. Les perspectives sont également bonnes en Égypte, qui est le plus gros producteur de la sous-région, et dont la superficie sous blé aurait augmenté d'environ 12 pour cent, laissant présager une forte croissance de la production car les cultures sont bien irriguées et les rendements restent relativement constants. En revanche, en Tunisie, malgré les incitations du gouvernement visant à augmenter la production intérieure pour atténuer les effets négatifs sur les consommateurs de la hausse des prix internationaux, les perspectives sont moins favorables et l'on prévoit une moindre récolte cette année. Ce recul attendu est attribuable pour l'essentiel à l'insuffisance des réserves d'humidité des sols à l'époque des semis (qui a entraîné une diminution des terres cultivées) et à l'irrégularité des pluies tout au long de la campagne de végétation dans les principales régions productrices, d’où un recul probable des rendements. Selon les prévisions de la FAO, la production totale de blé de la sous-région se chiffrerait à quelque 16 millions de tonnes, soit 21 pour cent de plus que le niveau réduit par la sécheresse enregistrée l'année précédente, tandis que celle d'orge devrait atteindre environ 4 millions de tonnes, soit une hausse de près de 35 pour cent, ces deux résultats étant proches de la moyenne récente. Les pays d'Afrique du Nord ont été gravement touchés par la hausse des cours mondiaux des céréales car il dépendent étroitement des importations. Toutefois, l'augmentation prévue de la production de blé au Maroc et en Égypte cette année devrait limiter les effets du renchérissement des produits de base sur les marchés internationaux sur la facture des importations de ces pays.
La préparation des sols est en cours dans les pays côtiers, en vue des semis de céréales de la campagne principale de 2008, tandis qu'au Sahel, les semis devraient avoir lieu en juin. On signale que les prix des denrées alimentaires sont élevés et ne cessent d'augmenter, ce qui a érodé le pouvoir d'achat et l'accès à la nourriture des consommateurs. Un renchérissement considérable des céréales se constate déjà dans la sous-région depuis la dernière récolte en septembre 2007, ce qui suscite de graves inquiétudes quant à la sécurité alimentaire. Toutefois, l'ampleur de cette hausse des prix est variable d'une région et d’un pays à l'autre, en raison des différents facteurs en cause. Selon les conclusions de la Mission interinstitutions1/ d'évaluation des marchés des produit alimentaires qui s'est rendue de la mi-février à la mi-mars sur les principaux marchés céréaliers de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest (voir l'encadré: Mission interinstitutions conjointe d'évaluation des marchés au Bénin, au Niger et au Nigéria), les hausses des prix les plus marquées ont été observées dans l'est de la sous-région, notamment au Niger et au Nigéria. Sur le Marché international des céréales de Dawanau à Kano (Nigéria), le plus important de la sous-région, le prix du sorgho, qui est la céréale la plus vendue au Nigéria, est passé de 2750 NGN (naira nigérian) le sac en septembre 2007 à 5300 NGN le sac en février 2008, soit une augmentation de 92 pour cent en cinq mois. Sur la même période, le prix du mil a augmenté de 116 pour cent, tandis qu’en février 2008, celui du maïs avait dépassé de 96 pour cent son niveau d'août 2007. La même tendance a été relevée sur tous les marchés observés au Bénin, au Niger et au Nigéria. Dans le cas du maïs, par exemple, les hausses de prix en 2008 par rapport à 2007 vont de 3 pour cent à Malanville, dans le nord du Bénin, à 165 pour cent à Minna, dans le centre-nord du Nigéria. Les causes de la hausse des prix dans ces pays sont essentiellement régionales. Les importations céréalières du Nigéria devraient encore s'élever à plus de 4,5 millions de tonnes en 2008 (blé et riz essentiellement), mais ce volume ne représente que 15 pour cent de l'utilisation totale de céréales du pays. La dépendance à l'égard des importations de céréales est encore plus faible dans le cas du Bénin et du Niger, à savoir environ 5 pour cent. Par ailleurs, tant le franc CFA2/ (Bénin et Niger) que le naira (Nigéria) ont fortement gagné en valeur au cours des dernières années, et le pétrole de production nationale est subventionné au Nigéria, ce qui atténue les répercussions de la hausse des cours internationaux sur les économies intérieures. L'impact de la hausse des cours mondiaux du blé, du maïs et du riz sur les marchés intérieurs de ces pays est donc limité, même si certains phénomènes de substitution ont pu se constater. Les prix intérieurs des céréales sont déterminés pour l'essentiel par la situation de l'offre et de la demande au niveau régional, qui elle-même dépend des facteurs suivants:
Dans la partie occidentale de la sous-région, notamment au Cap-Vert, en Guinée-Bissau, en Mauritanie et au Sénégal, le prix des denrées alimentaires dépend étroitement des tendances sur le marché international, car ces pays sont largement tributaires des importations de blé et de riz provenant du marché international. La production intérieure du Sénégal, par exemple, ne couvre qu'environ la moitié de ses besoins d'utilisation céréalière, et ses importations de riz et de blé s'élèvent donc en moyenne à quelque 900 000 tonnes par an sur le marché international. Tant dans les campagnes que dans les villes, les consommateurs ont été touchés l'an dernier par la hausse des prix alimentaires, suite à la mauvaise récolte intérieure de 2006 et à l'augmentation des cours céréaliers sur le marché international. Le gouvernement a mis en œuvre un train de mesures destinées à compenser l'impact de la flambée des cours mondiaux tout au long de la campagne: il a notamment subventionné l'achat de farine de blé à hauteur de 40 pour cent, levé les droits de douane à l'importation et imposé un contrôle des prix; toutefois, la production intérieure a de nouveau été réduite en 2007, tandis que le marché international est tendu, ce qui accentue la pression inflationniste sur le marché alimentaire intérieur et érodera encore davantage le pouvoir d'achat des consommateurs urbains et ruraux. La Mauritanie dépend également étroitement des importations de céréales secondaires (mil et sorgho) en provenance du Sénégal et du Mali voisins, et des achats de blé sur le marché international. Ainsi, l'accès à la nourriture de la majorité des Mauritaniens dépend des prix des produits alimentaires. Ceux des céréales secondaires et du blé se sont maintenus en 2007 à un niveau relativement élevé, suite à la mauvaise récolte rentrée au Sénégal et à la hausse des cours mondiaux. Les prix des produits alimentaires continuent de grimper en 2008, en raison d'une nouvelle mauvaise récolte au Sénégal et de la fermeté persistante des cours mondiaux du blé. En février 2008, les prix du blé et du sorgho avaient augmenté respectivement de 96 pour cent et de 56 pour cent par rapport à février 2007.
Les semis de céréales de la campagne 2008 viennent tout juste de commencer. Au Cameroun, bien qu’une récolte céréalière supérieure à la moyenne ait été rentrée en 2007, la flambée des prix des produits alimentaires sur les marchés internationaux a dopé les prix intérieurs de plusieurs produits de base, parmi lesquels le riz, l'huile, le lait, etc., ce qui a provoqué dernièrement une forte agitation sociale. Par conséquent, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures, notamment un relèvement de 15 pour cent du salaire des fonctionnaires, la levée des taxes à l'importation sur un ensemble de denrées alimentaires et la révision des prix des carburants. En République centrafricaine, l'insécurité persistante continue d'entraver les activités agricoles et l'on signale des déplacements massifs de population tant internes que vers les pays voisins, notamment dans le nord, où près de 300 000 personnes auraient été chassées de leur foyer au cours des deux dernières années. L'insécurité persistante tant au Tchad que dans la région du Darfour au Soudan menace d'aggraver encore la situation dans le nord du pays.
Le volume total de la récolte céréalière de 2007 dans la sous-région est estimé à 34,2 millions de tonnes, soit légèrement moins que l'année précédente mais toujours 20 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. Ce chiffre tient compte des estimations préliminaires concernant les récoltes de la campagne secondaire "belg" en Éthiopie, qui seront rentrées à partir de juin 2008 et pour lesquelles les perspectives sont incertaines en raison de l'arrivée tardive des pluies. En Érythrée, la récolte céréalière de la campagne principale de 2007, rentrée à la fin de l'an dernier, est estimée normale, ce qui s'explique par des conditions météorologiques propices. Toutefois, la production céréalière nationale ne couvre qu'un cinquième environ de la totalité des besoins de consommation et de grandes quantités doivent être importées chaque année. La cherté actuelle des produits alimentaires continue de toucher un grand nombre de personnes vulnérables. En Éthiopie, les perspectives concernant les récoltes de la campagne secondaire “belg” en cours, à rentrer à partir de juin prochain, sont incertaines en raison de l'arrivée tardive des pluies. L'Office météorologique national prévoit des précipitations inférieures à la normale de mars à mai un peu partout dans le pays. Cette pluviosité insuffisante risque d'aggraver la sécheresse qui sévit actuellement dans le sud-est du pays, où la performance des saisons des pluies principale et secondaire a été médiocre en 2007, et d'avoir des effets négatifs sur la situation des ménages déjà exposés à une grande insécurité alimentaire. Au Kenya, les céréales de la campagne principale de 2008 vont bientôt être mises en terre. Les rendements des céréales de la campagne secondaire 2007/08 des "petites pluies" récemment récoltées ont reculé en raison de l'insuffisance et de la mauvaise répartition des pluies tombées d'octobre à décembre dans plusieurs régions pastorales du nord et de l'est du pays, dans les régions pastorales, agro-pastorales, côtières et agricoles marginales de l'est du pays. Cette mauvaise performance a mis un terme à l'amélioration de la sécurité alimentaire de la plupart des ménages de ces régions, qui se poursuivait depuis trois campagnes consécutives. L'agitation politique qui a suivi les élections a aggravé la situation sur les marchés, provoquant une hausse des prix des produits alimentaires, et a freiné la production agricole du fait du renchérissement des intrants dans les régions d'exploitation mixte des provinces de la Vallée du Rift, de l'Ouest et du Centre. Sous l'effet conjugué des déplacements et de la hausse des coûts de production, les terres cultivées risquent de reculer de jusqu'à 30 pour cent dans ces zones, ce qui pourrait avoir une incidence négative sur les disponibilités vivrières et l'accès à la nourriture dans l'ensemble du pays. Près de la moitié des terres agricoles dans le nord de la vallée du Rift, principale région productrice, n'ont pas encore été préparées en vue des semis de ce mois-ci. En Somalie, les semis des céréales de la campagne principale "gu" de 2008 sont en cours. Selon le Forum sur les perspectives climatiques pour la Corne de l'Afrique, les pluies qui doivent tomber d'avril à juin dans l'ensemble du pays devraient être normales ou inférieures à la normale. Ces pluies sont indispensables pour la reconstitution des réserves d'eau, la régénération des parcours et le volume des récoltes rentrées à partir du mois d'août dans le centre et le sud du pays. Dans ces zones, de nombreux ménages pastoraux et agro-pastoraux sont déjà exposés à insécurité alimentaire forte, voire extrême, en raison des multiples chocs subis récemment, parmi lesquels inondations, conflits, hyperinflation et sécheresse. Au Soudan, les perspectives concernant le blé irrigué actuellement récolté sont favorables, car les disponibilités d'eau d'irrigation sont suffisantes et les températures relativement basses. Le volume de cette récolte est provisoirement estimé à quelque 800 000 tonnes, soit environ 15 pour cent de plus que le résultat de l'an dernier, qui était supérieur à la moyenne. La récolte de sorgho rentrée en novembre-décembre de l'an dernier est estimée à 3,9 millions de tonnes, soit un million de tonnes de moins que la récolte exceptionnelle de l'an dernier, mais bien plus que la moyenne des cinq dernières années. Les céréales secondaires de 2008, sorgho essentiellement, doivent être mises en terre à partir de juin. En République-Unie de Tanzanie, les céréales secondaires de la campagne principale, qui sont actuellement en terre, devraient être récoltées à partir de mai, tandis que la campagne des courtes pluies "vuli" est terminée. Celle-ci assure quelque 30 pour cent des disponibilités vivrières annuelles. Les résultats de cette campagne ont été inférieurs à la moyenne faute de précipitations, en particulier dans les régions du Kilimandjaro, d'Arusha et de Tanga. La production de céréales secondaires de 2007/08 est estimée à 4 millions de tonnes, chiffre à rapprocher des 4,2 millions de tonnes obtenus l'année précédente. La situation des disponibilités alimentaires est généralement satisfaisante dans tout le pays, sauf en certains endroits des régions d'Arusha et d’Iringa où l'on signale des pénuries alimentaires, essentiellement en raison de l'éruption volcanique du mont Oldongai et des incendies. En Ouganda, les semis des céréales secondaires de la campagne principale de 2008 viennent de se terminer. Le volume de la récolte de la deuxième campagne qui vient d'être rentrée est estimé proche de la moyenne, sauf dans les districts de l'est où les cultures ont été détruites par les inondations. On estime qu'environ la moitié de la production pourra être mise sur le marché. De violentes précipitations sont tombées en juillet, août et septembre 2007 dans l'est et le nord de l'Ouganda, provoquant de graves inondations en plusieurs endroits, notamment dans les districts d'Amuria et de Katawi de la sous-région de Teso, où les pertes de cultures ont été particulièrement élevées.
En Somalie, la sécurité alimentaire continue de se dégrader pour plus de 2 millions de personnes qui ont besoin d'une aide humanitaire essentielle ou d'un appui aux moyens de subsistance pendant au moins six mois. L'intensité du conflit à Mogadiscio continue de contraindre environ 20 000 personnes par mois à quitter leur foyer. Dans un contexte de cherté record des produits alimentaires, d'inflation galopante et de sécheresse dans la plus grande partie du pays, les communautés ont peine à survivre. Dans de nombreuses zones pastorales et agro-pastorales, les ménages sont déjà exposés à une insécurité alimentaire forte, voir extrême, en raison des multiples chocs subis dernièrement, tels qu'inondations, conflits et sécheresse. La situation humanitaire s'est particulièrement dégradée dans les régions de Shabelle, d'Hiran et du centre. En Éthiopie, malgré une récolte céréalière abondante pour la deuxième année consécutive, 8 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire chronique et 2 millions de personnes touchées par l'insécurité civile, la flambée des prix des denrées alimentaires et les intempéries localisées nécessiteront des secours d'urgence sous forme de transferts en espèce et d'autres types d'aide. Pour réduire les effets de l'inflation - qui s'élève à 20 pour cent par an - sur les pauvres, le gouvernement a décidé récemment de supprimer les taxes sur la valeur ajoutée et sur le chiffre d'affaire en ce qui concerne les céréales et les farines alimentaires - qui constituent plus de la moitié de la consommation du pays - ainsi que tous les types de taxes qui frappent l'huile alimentaire et le savon. Le gouvernement avait pris des mesures précédemment, parmi lesquelles l'octroi de subventions directes et indirectes, et a dépensé 372 millions d'ETB (birrs éthiopiens), soit 38 millions d'USD, pour subventionner le blé et 3,52 milliards d'ETB (366 millions d'USD) pour subventionner les dépenses de carburant. Le programme de distribution mensuelle de 25 kg de blé aux citadins à faible revenu qui a été institué en mars 2007 sera maintenu, tout comme la distribution d'huile alimentaire et d'autres produits. Le gouvernement a annoncé en outre l'importation d'une grande quantité de sucre (1,5 million de tonnes) de blé et d'huile de cuisine. Au Kenya, le Ministère des programmes spéciaux signale que plus de 60 000 personnes pourraient connaître la famine dans le seul district de Taita-Taveta suite à la mauvaise récolte due à l'irrégularité des précipitations au cours des deux dernières campagnes. L'agitation politique qui a suivi les élections a également endommagé les moyens de subsistance des PDI, qui sont pour la plupart des familles d'agriculteurs, des négociants et plus généralement des personnes qui jouissaient d'une sécurité alimentaire et pouvaient réagir aux chocs. Quelque 207 000 personnes vivant dans des camps sont en situation de crise humanitaire et 130 000 autres ont été intégrées dans des familles d'accueil. Au Soudan, les conflits entre les nomades Misserya et les forces de sécurité soudanaises dans le Bahr el Ghazal Nord se propagent à Abyei et au nord de l'État de l'Unité, provoquant une perturbation des marchés et mettant en péril la sécurité alimentaire. Dans le nord, suite à l'insécurité qui persiste dans le Darfour, les déplacements et les pertes de moyens d'existence devraient se poursuivre et les taux de malnutrition augmenteront probablement au cours des prochains mois. De violentes précipitations sont tombées dans l'est et le nord de l' Ouganda en juillet, août et septembre 2007, provoquant de graves inondations en plusieurs endroits, y compris dans les districts d'Amuria et de Katawi de la sous- région de Teso, où les pertes de cultures ont été particulièrement importantes. Les effets des inondations sont encore considérables et compromettent la sécurité alimentaire dans ces régions. Le Karamodja a aussi besoin d'une aide, mais les inondations n'en sont pas la cause essentielle. Là, les problèmes de sécurité alimentaire tiennent principalement à l'insécurité prolongée, à la sécheresse de 2006, au démarrage tardif de la campagne agricole de 2007, à la chute des prix du bétail et à la contamination généralisée du sorgho - principale denrée de base - par le miellat. L'ensemble de la population du Karamodja, soit un million de personnes, connaît l'insécurité alimentaire et nécessite une aide alimentaire d'urgence. Le gouvernement a fourni quelques outils agricoles et semences aux agriculteurs, mais la population a encore besoin de secours alimentaires pour couvrir sa consommation jusqu'à la prochaine récolte en juin.
En Éthiopie, les prix des céréales ont encore augmenté en février et en mars après un léger recul ces trois derniers mois. À Addis-Abeba, le prix du blé au quintal est passé de 349,75 ETB (37,67 USD) en février à 432 ETB (46,55 USD) en mars. Le mélange de teff sur le même marché était coté 519 ETB le quintal en mars (55,90 d'USD), contre 405 ETB le quintal (45,80 USD) un an auparavant. Du fait des prix généralement élevés, les ménages pauvres risquent d'avoir de plus en plus de mal à se procurer des quantités suffisantes de nourriture.
Plusieurs facteurs sont à l'origine du comportement inhabituel des prix, parmi lesquels la croissance globale de l'activité économique, en particulier la construction de routes et de logements dans les zones urbaines; l'injection de liquidités dans l'économie due aux allocations en espèces versées au titre des programmes de protection sociale, ce qui a contribué à réduire l'aide alimentaire en nature; le fait que les agriculteurs échelonnent sur toute l'année le remboursement des crédits au lieu d'effectuer un règlement juste après la récolte; l'appui financier accordé aux districts qui a fait augmenter la demande effective grâce au paiement des salaires; l'accroissement des échanges céréaliers transfrontaliers formels et informels; les achats locaux effectués par les coopératives et les organismes de secours.
Au Kenya, du fait de l'envolée des prix à l'importation, des moindres récoltes de la campagne secondaire et des troubles qui ont suivi les élections, le prix du maïs sur le marché de Nairobi - qui a varié entre 210 USD la tonne et 223 USD la tonne entre octobre 2007 et janvier 2008 - est passé à 257 USD la tonne en mars. En Somalie, les perturbations sur le marché de Bakara à Mogadiscio (principal marché du sud de la Somalie) ont fait flamber les prix des denrées alimentaires de base, en augmentation constante depuis mai 2007. La hausse des prix des denrées de base a été encore plus marquée dans le nord-est du pays (région du Puntland) en raison de l'inflation catastrophique qui a suivi l'énorme afflux de devises. À Bossaso, la capitale commerciale de la région, le prix de 50 kg de farine de blé a pratiquement triplé en un an, pour passer de l'équivalent de 12 USD à 33 USD (soit 900 000 shillings somaliens). Cette hausse des prix, associée à la dévaluation du shilling somalien et à l'augmentation des coûts du carburant et du transport pose de graves problèmes d'accès à la nourriture aux populations pauvres. Au Soudan, selon les indications du Ministère de l'agriculture et de la foresterie, les prix du sorgho et du mil se sont stabilisés à un niveau élevé sur tous les principaux marchés comme d'habitude juste après la récolte (février-mars). La tendance saisonnière à la baisse des prix, qui se vérifie normalement à l'époque de la récolte et juste après, a été moins marquée que lors des années précédentes. Le prix de gros du sorgho à Khartoum est en recul de 6 pour cent par rapport à la moyenne enregistrée à cette époque de l'année entre 2002 et 2006 et en baisse de 2 pour cent seulement par rapport à la moyenne dans la région productrice de Gedaref. Toutefois, les prix ne devraient pas rester à ce niveau relativement bas au cours des prochains mois, en raison de l’amenuisement des stocks privés et publics. En revanche, les prix du blé ne cessent d'augmenter depuis juin 2007, suite à la hausse généralisée des cours mondiaux. En février, les prix du blé à Khartoum étaient en hausse de quelque 6 pour cent par rapport au mois précédent et de 90 pour cent par rapport à ceux enregistrés en février 2007. En République-Unie de Tanzanie, en raison du recul de la production, du relèvement des coûts de transport dû au renchérissement des carburants et de la campagne lancée par le gouvernement pour normaliser le poids des céréales à la sortie exploitation, les prix de gros des produits alimentaires sur tous les marchés sont supérieurs à la normale pour cette époque de l'année. Les prix de gros du maïs à Dar-es-Salam - relativement bas à la mi-2007, à savoir 120 USD la tonne - ont commencé à grimper en août 2007, pour atteindre 325 USD la tonne en janvier 2008. En février, ils ont commencé à fléchir, pour s'établir à 298 USD la tonne en mars. Pour tenter de maîtriser la hausse des prix et d'atténuer les effets des pénuries alimentaires localisées, le gouvernement a autorisé l'importation d'environ 300 000 tonnes de maïs en franchise de droits et interdit les exportations de produits agricoles. En Ouganda, les prix du maïs - qui étaient en recul depuis le début de l'an dernier et étaient tombés en septembre 2007 au faible niveau de 121 USD la tonne - sont brusquement passés à 151 USD la tonne en octobre et se situaient en moyenne à 182 USD la tonne en décembre 2007. En mars 2008, les prix ont atteint 231 USD la tonne.
En Afrique australe, les récoltes de la campagne agricole 2007/08 sont imminentes. Bien que les pluies nécessaires au semis soient arrivées plus tard que d'habitude, des précipitations excessives ont persisté en décembre et en janvier dans toute la région, provoquant de graves inondations dans de nombreuses basses terres, en particulier le long des bassins fluviaux au Mozambique, en Zambie, au Zimbabwe, au Malawi et à Madagascar. Depuis février, les pluies diminuent, et un temps sec défavorable est revenu dans certains pays, y compris dans presque tout le Zimbabwe, certaines zones orientales du Botswana, le sud du Malawi, le sud du Mozambique, l'est du Swaziland et le centre de la Zambie. En dépit de ces aléas climatiques, les perspectives globales concernant l'ensemble de la sous-région sont jugées favorables, ce qui marque une reprise par rapport à la campagne de l'an dernier qui avait été affectée par la sécheresse dans plusieurs pays. Toutefois, la flambée des cours mondiaux du carburant et des engrais a freiné l'utilisation de ces intrants agricoles, ternissant quelque peu les perspectives de récolte. La superficie ensemencée en maïs pour cette campagne en Afrique du Sud est officiellement estimée à environ 3,2 millions d'hectares, soit 10 pour cent de plus que l'an dernier, ce qui tient essentiellement à la hausse des prix du maïs et aux précipitations supérieures à la moyenne et bien réparties tombées dans les principales zones productrices (le triangle du maïs). La production devrait atteindre 11 millions de tonnes, niveau record qui marque une augmentation d'environ 50 pour cent par rapport à la récolte réduite par la sécheresse de l'an dernier. De grands programmes de subventions des intrants ont de nouveau été mis en œuvre en Zambie et au Malawi, ce qui a permis aux petits agriculteurs d'utiliser des semences de qualité et des engrais et devrait avoir un effet positif sur le volume total de maïs récolté cette année. En revanche, l'épisode de sécheresse qui a duré 30 à 40 jours environ dans le sud et le centre du Zimbabwe et dans le sud du Mozambique devrait se traduire par une réduction des récoltes pour cette campagne. Au Zimbabwe, les agriculteurs ont eu d'autres problèmes à surmonter (pénuries et renchérissement d'intrants essentiels tels qu'engrais, semences, carburant et machines de labour), auxquels sont venus s'ajouter de graves inondations dans plusieurs districts.
Les chiffres disponibles à la fin mars 2008 montrent que seulement 82 pour cent environ des besoins d'importations céréalières ont été reçus et/ou commandés/promis depuis le début de la campagne commerciale en avril 2007 (voir figure 6). Les importations se sont intensifiées ces derniers mois, malgré les prix élevés. Toutefois, les importations de blé et de riz ont ralenti par rapport à celles de maïs, la hausse des prix étant relativement plus prononcée pour ces denrées. La campagne commerciale est sur le point de s'achever et le volume des importations d'ici à mars-avril devrait être négligeable.
Les prix des principales céréales pour cette campagne commerciale sont nettement supérieurs à ceux constatés l'an dernier à la même époque, en raison de la vivacité de la demande internationale et régionale et de la contraction des disponibilités. Dans la plupart des pays de la sous-région, y compris au Malawi qui dispose de nombreux excédents exportables, les prix du maïs, principale denrée alimentaire de base, sont actuellement bien supérieurs aux niveaux correspondants enregistrés un an auparavant (voir figure 7). En Afrique du Sud, principal pays exportateur de la région, le prix au comptant Randfontein avait progressé de 13 pour cent en mars 2008 par rapport à l'ouverture de la campagne commerciale en mai 2007 et s'établissait à 1 873 ZAR (Rand sud-africain) la tonne. Au Mozambique, il était de 8,57 MZN (Metical du Mozambique) le kilogramme (prix de gros à Maputo), soit 43 pour cent de plus que pour le même mois en 2007. D'avril 2007 à mars 2008, le prix moyen du riz - principale denrée alimentaire de base à Madagascar - se situait à 12 pour cent de plus que la moyenne relevée à la même époque un an auparavant. Les prix se sont stabilisés ces derniers mois et devraient fléchir lors de l'arrivée de la nouvelle récolte à partir d'avril-mai. La tendance actuelle des prix (février-mars) dans différents pays traduit les attentes concernant les récoltes à venir.
Les perspectives sont en général bonnes pour le développement des céréales d'hiver dans l'ensemble de la sous-région, mais selon les dernières indications, la production risque de chuter quelque peu par rapport au record de l'an dernier. En Chine, les semis de blé d'hiver, qui représente environ 95 pour cent de la production totale de blé du pays, ont été effectués selon les estimations sur 21,5 millions d'hectares, chiffre inchangé par rapport au record de l'année précédente. La production de blé d'hiver devrait accuser un léger recul par rapport au record de l'an dernier, du fait du temps extrêmement sec qui a persisté dans le nord et le nord-est de janvier jusqu'à fin mars, avant l'arrivée tant attendue des pluies. Dans certaines provinces du sud de la Chine, le blé d'hiver a également un peu souffert en raison du fort enneigement et du froid. Toutefois, on escompte une récolte abondante de blé de printemps, qui compenserait les pertes des cultures d'hiver; selon les prévisions, la production totale devrait conserver son niveau record de l'an dernier. En Inde, les conditions météorologiques pour les cultures de blé d'hiver de cette année ont été en général favorables et les prévisions officielles établissent la production à quelque 74,8 millions de tonnes, contre 75,8 millions de tonnes l'an dernier, niveau quasi-record. Les prévisions en baisse pour cette année tiennent à la diminution des superficies ensemencées (500 000 hectares) au mauvais temps qui a régné à l'époque des semis dans certaines des grandes provinces productrices. Toutefois, ce chiffre représente toujours 6,3 pour cent de plus que la moyenne quinquennale. De même, un fléchissement de la récolte de blé est attendu au Pakistan cette année. Selon les prévisions, la production devrait reculer d'un million de tonnes par rapport au record de l'an dernier, du fait de la réduction des emblavures en raison des semis tardifs, des moindres disponibilités d'eau d'irrigation et du renchérissement des engrais. Les résultats pourraient néanmoins marquer une progression de 5,3 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. Le blé reste moins cher au Pakistan que dans les pays voisins, ce qui fait que la farine de blé est exportée en contrebande, avec pour conséquence une hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché intérieur.
Selon les dernières informations, la production de paddy de 2007 de la sous-région est estimée à 584,6 millions de tonnes, niveau record en hausse de 8 millions de tonnes par rapport à l'année précédente, tandis que la production céréalière totale de 2007 s'établit, selon les estimations, à 1 022 millions de tonnes, niveau record qui représente quelque 20 millions de tonnes de plus que l'année précédente et tient pour l'essentiel aux récoltes abondantes rentrées en Chine, en Inde et en Indonésie.
En République populaire démocratique de Corée, la récolte céréalière de 2007 est officiellement estimée à quelque 3 millions de tonnes (en équivalent usiné pour le riz), soit environ un million de tonnes de moins que le record enregistré l'année précédente et 750 000 tonnes de moins que la moyenne sur cinq ans. Du fait de l'insuffisance de la production en 2007, le déficit céréalier pour la campagne commerciale 2007/08 (novembre/octobre) est estimé à 1,66 million de tonnes (voir encadré). Plus de quatre mois après le cyclone Sidr qui a frappé jusqu'à 30 districts au Bangladesh le 15 novembre 2007, des interventions d'aide humanitaire de grande ampleur sont toujours menées à l'intention des 8,9 millions de personnes les plus touchées. Des vivres et d'autres articles sont distribués dans 13 districts touchés par le cyclone. Le recul de la production de paddy de 2007 et la hausse des prix enregistrée depuis 2007 (figure 9) compromettent gravement la sécurité alimentaire des populations vulnérables dans les zones tant urbaines que rurales. Au Sri Lanka, la sécurité alimentaire continue de se ressentir de la résurgence du conflit civil, des catastrophes naturelles (inondations récentes) ainsi que de la hausse des prix des céréales (figure 10). Depuis le début de 2008, plus de 2 500 personnes auraient perdu la vie au cours des combats et la situation de la sécurité alimentaire s'est dégradée. À Colombo, les prix du riz et de la farine de blé étaient en hausse de respectivement 77 pour cent et 72 pour cent en mars 2008 par rapport à la même époque en 2007. Les pluies violentes qui sont tombées en mars ont touché 340 000 personnes et entraîné le déplacement de quelque 7 000 familles; des dégâts aux cultures ont également été signalés dans le nord-ouest du pays, en particulier dans le district de Mannar. Au Timor-Leste et au Népal, la situation de la sécurité alimentaire n'a cessé de se dégrader ces derniers mois en raison de l'instabilité politique et de l'envolée des prix des produits alimentaires. Au Timor-Leste, l'état d'urgence déclaré peu après les attaques du 11 février a été prolongé d'un mois et sera maintenu jusqu'en avril.
En Chine, 20 provinces méridionales ont souffert des catastrophes provoquées par le froid, les gelées et les chutes de neige catastrophiques en janvier et février et quelque 100 millions de personnes en subiraient les conséquences, selon les estimations officielles. Parmi les cultures et produits les plus durement touchés figurent le colza, les légumes, les fruits, les produits de la forêt et les produits animaux. Selon le Ministère de l'agriculture chinois, 3,26 millions d'hectares consacrés au colza auraient été touchés (dont 410 000 hectares complètement perdus), ce qui représente 48,4 pour cent de la superficie sous colza dans le pays. Les pertes économiques directes sont estimées à 100 milliards de CNY (yuan), soit 13,8 milliards d'USD. De même, des températures anormalement basses au Viet Nam ont été enregistrées dans les hautes terres à proximité de la frontière avec la Chine, ce qui a été une vague de froid d'une durée exceptionnellement longue. Environ 150 000 hectares de riz ont été détruits et environ 90 000 têtes de bétail ont péri, dont 75 pour cent étaient de jeunes veaux et de jeunes buffles. En Indonésie, la situation reste critique en ce qui concerne la peste aviaire, en dépit des efforts déployés par les autorités nationales et la communauté internationale. La peste aviaire serait bien implantée dans le pays, avec 31 provinces touchées sur 33. La situation de la peste aviaire est également préoccupante au Bangladesh, où 47 districts sur 64 sont touchés par la maladie et où plus de 1,5 million d'oiseaux auraient été tués depuis le mois de mars de l'an dernier.
En Afghanistan, le temps extrêmement froid qui a régné en janvier et février et a provoqué des difficultés et des pertes de récolte, en particulier dans les zones orientales à la frontière avec le Tadjikistan, est terminé. Les cultures maraîchères d’hiver ont été endommagées dans les régions les plus touchées, mais l'étendue des dégâts éventuels subis par le blé d'hiver n'a pas encore été mesurée. Le sud normalement sec a traversé un hiver anormalement humide cette année, alors que le centre du pays et les zones montagneuses à l'ouest ont été moins enneigés que d'ordinaire. À moins de précipitations favorables dans le centre et l’ouest du pays entre avril et juin, les réserves d'eau pour les cultures irriguées risquent de se raréfier. Cette situation pourrait déjà avoir des incidences sur la récolte de la campagne principale, qui débute en mai pour les agriculteurs situés en aval des fleuves et dont les terres sont éloignées des réservoirs d'eau; son impact pourrait s'étendre aux cultures pratiquées avant l'hiver en août, septembre et octobre 2008, ce qui aurait des conséquences sur les récoltes de 2009. Bien qu'il soit trop tôt pour prévoir toutes les répercussions des conditions météorologiques anormales de cet hiver sur la production agricole, la récolte céréalière de 2008 atteindrait, selon les prévisions provisoires, 4,6 millions de tonnes, soit un niveau proche de la moyenne et un peu moins qu'en 2007. Toutefois, de bons résultats ne seront possibles que si les précipitations restent suffisantes et régulières tout au long de la campagne de végétation, y compris dans l'ensemble des zones de culture pluviale au nord. En Jordanie, les précipitations cumulatives ont été inférieures à la normale et les perspectives concernant les céréales d'hiver de 2008, à récolter à partir de mai, ne sont pas favorables; la production reculerait par rapport à celle de l'an dernier, qui était de 60 000 tonnes. Le gouvernement a récemment mis en œuvre un plan pour affronter les graves pénuries d'eau, qui sont estimées à plus de 500 millions de mètres cubes par an. Ces cinq dernières années, l'arrivée d'environ un demi-million de réfugiés iraquiens a aggravé les pénuries d'eau. Le plan envisage une réduction d'au moins 50 pour cent de l'approvisionnement en eau d'irrigation destinée aux agriculteurs, seules les cultures peu gourmandes en eau étant autorisées. L'approvisionnement en eau des ménages sera également réduit et rationné. Le pays dépend entièrement de l'eau de pluie pendant la campagne d'hiver pour répondre à la demande. L'an dernier, certaines régions, dont la vallée du Jourdain (principale région agricole du royaume) n'ont reçu que 60 pour cent des pluies attendues. Récemment, le Ministère du plan a lancé un appel à la communauté internationale pour atténuer les difficultés dues au manque d'eau et a indiqué que 430 millions de JOD (dinar jordanien), soit 606 millions d'USD, étaient nécessaires pour mettre en œuvre des projets permettant d'augmenter les réserves.
Du fait de la hausse des cours céréaliers mondiaux, les superficies consacrées aux céréales - en particulier au blé - ont augmenté en vue de la récolte de 2008 dans les pays asiatiques de la CEI. En tête figure le Kazakhstan, où la superficie sous blé devrait augmenter de plus d’un million d'hectares pour passer à 13,2 millions d'hectares. Dans les autres pays qui doivent importer du blé au prix fort (Azerbaïdjan, Kirghizistan, Tadjikistan et Turkménistan), les emblavures devraient également progresser. En Arménie, le gouvernement prend des mesures pour intensifier la production de blé en 2008/09, en important des semences améliorées, en subventionnant les superficies consacrées à cette céréale, et en encourageant la production de blé irrigué. En Azerbaïdjan, le gouvernement prévoit une forte augmentation (22 pour cent) de la production de blé en 2008. À ce stade précoce, alors que les céréales d'hiver viennent de sortir du stade de dormance et que les céréales de printemps sont actuellement mises en terre, les estimations provisoires établissent la récolte céréalière globale de 2008 de la sous-région à 30 millions de tonnes, niveau proche de la moyenne, dont 25 millions de tonnes de blé. Le Kazakhstan à lui seul pourrait produire près de 17 millions de tonnes de céréales, dont 14 millions de tonnes de blé. Toutefois, les résultats dépendront dans une large mesure des conditions de végétation qui régneront jusqu'aux moissons en juillet-septembre. En 2007, la récolte céréalière de la sous-région a atteint 33 millions de tonnes, dont 20 millions de tonnes attribuables, selon les estimations officielles, au Kazakhstan. En Ouzbékistan, la récolte de 2007 s'établit, de source officielle, à 6,1 millions de tonnes, dont 5,7 millions de tonnes de blé. Malgré l'augmentation estimative de la production en Turkménistan (2,1 millions de tonnes, dont 1,9 million de tonnes de blé), ce pays a considérablement accru ses importations cette année pour garantir des disponibilités intérieures suffisantes. La production du Kirghizistan s’est chiffrée à 1,4 million de tonnes, dont la moitié de blé. En Géorgie, la récolte céréalière de 2007 s’est redressée par rapport au niveau réduit par la sécheresse enregistré en 2006 pour atteindre 400 000 tonnes, mais les superficies sous céréales continuent de reculer car les avantages comparatifs du pays dans ce secteur sont négligeables. En Arménie également, les indications vont dans le sens d'un délaissement de la production céréalière, bien que les bons rendements de 2007 aient permis de récolter 400 000 tonnes, volume supérieur à la moyenne. Au Tadjikistan, la situation de la sécurité alimentaire est particulièrement mauvaise. La faiblesse du pouvoir d'achat continue de limiter l'accès à des produits chers tels que le blé, l'huile végétale et le carburant. Dans des conditions normales, la majorité de la population consacre plus de la moitié de ses revenus aux dépenses alimentaires, tandis que les plus vulnérables y consacrent 70 à 80 pour cent. Depuis la fin de l'an dernier, les prix du pain, de l'huile et des produits à base de blé ont doublé, tandis que ceux d'un grand nombre de denrées de base ont augmenté de moitié. L'hiver extrêmement froid a considérablement diminué la productivité du bétail et des cultures d'hiver. En janvier et février, du fait du manque de chauffage et d'eau (en raison du gel), la majorité de la population a augmenté ses dépenses de nourriture tout en limitant sa consommation alimentaire, et les stocks vivriers des ménages sont au plus bas. Selon les estimations des institutions chargées de la sécurité alimentaire dans le pays, 550 000 personnes seraient plus durement touchées, dont au moins 260 000 nécessitent un soutien immédiat. L'appel lancé par les Nations Unies pour mobiliser 25 millions d'USD destinés à venir en aide aux populations vulnérables n'a permis de recueillir qu'un quart des fonds nécessaires. En attendant, avec l'arrivée du printemps, la population risque de connaître d'autres difficultés en raison des avalanches, des glissements de boue et des inondations.
La récolte de blé d'hiver de la campagne principale de 2008 est sur le point de commencer au Mexique, qui est pratiquement le seul producteur de la sous-région. Les premières prévisions officielles laissent entrevoir de bons résultats, à savoir environ 3,4 millions de tonnes, volume analogue à la récolte de l'an dernier. Cette situation s'explique par l'expansion des emblavures et le niveau d'eau adéquat dans les principaux réservoirs, en particulier dans les districts irrigués du nord-ouest des États de Sonora et de Baja California tout au long de la campagne de végétation. Les semis de céréales secondaires et de paddy de la campagne principale de 2008 devraient commencer début mai dès l'arrivée des premières précipitations saisonnières au Mexique et dans d'autres pays d'Amérique centrale et des Caraïbes. Selon les prévisions provisoires, les semis couvriraient au total une superficie record de 14,3 millions d'hectares, dont 10,4 millions d'hectares de maïs, 2 millions d'hectares de sorgho et 674 000 hectares de paddy. À supposer que les rendements soient moyens, les premières prévisions établissent la production céréalière totale de 2008 à un peu plus de 42 millions de tonnes, soit un niveau record. Au Mexique, malgré une excellente récolte de maïs en 2006 et en 2007, les importations commerciales durant la campagne 2007/08 (juillet/juin) devraient atteindre un record de 9,5 millions de tonnes, soit quelque 600 000 tonnes de plus que le volume déjà élevé de l'année précédente. Cet accroissement est dû pour l'essentiel à la mise en œuvre de la dernière phase de libéralisation du marché dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), qui prévoit l'importation en franchise de droits de maïs en provenance du Canada et des États-Unis, et au remplacement partiel des importations de sorgho, qui sont coûteuses, par celles de brisures de maïs bon marché. À Cuba, la récolte de la canne à sucre, principale exportation agricole, est en cours; selon les premières estimations, la production nationale de sucre brut atteindrait 1,6 million de tonnes, chiffre qui marque un revirement positif de la tendance constatée ces 15 dernières années, pendant lesquelles la production a reculé, passant de 8 millions de tonnes en 1990 à seulement 1,2 million de tonnes en 2007.
La moisson des céréales secondaires de la campagne principale de 2008 est en cours. Les premières estimations établissent la production totale à environ 95 millions de tonnes, soit un nouveau record qui représente quelque 2 pour cent de plus que la production de l'an dernier et presque 20 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. Ces résultats s’expliquent principalement par une augmentation de la superficie ensemencée en Argentine et au Brésil, qui sont les principaux pays producteurs, en réponse à la hausse des cours mondiaux. En Argentine, la récolte de maïs a commencé en février et la production est estimée à 20 millions de tonnes, chiffre supérieur à la moyenne mais au-dessous du niveau record de 2007. La progression d'environ 10 pour cent des semis, qui en début d'année laissait présager un gain de production, a été largement neutralisée par une chute des rendements dans les grandes zones productrices des départements de Buenos Aires, Cordoba et La Pampa en raison du mauvais temps. Au Brésil, la récolte de maïs est également en cours; malgré quelques précipitations irrégulières dans l'ouest de Bahia, les cultures semblent bénéficier de conditions généralement satisfaisantes. Si les intentions de semis pour la deuxième campagne de maïs (safrinha) sont confirmées, la superficie totale consacrée à cette céréale en 2008 devrait largement dépasser 14 millions d'hectares et les premières prévisions indiquent une production record de 55,6 millions de tonnes. Au Chili, l'état d'urgence agricole a été déclaré dans environ 40 pour cent des municipalités du pays, en raison de la sécheresse la plus catastrophique enregistrée ces 50 dernières années. Les cultures les plus touchées sont les légumes, les avocats et les agrumes, tandis que les dégâts occasionnés aux pâturages limitent considérablement la production laitière. La récolte du riz de la campagne principale de 2008 est en cours; selon les prévisions provisoires, la production totale de la sous-région atteindrait 22 millions de tonnes, soit un niveau moyen. Les mauvaises conditions météorologiques associées au phénomène météorologique "La Niña" ont compromis les cultures vivrières et commerciales dans plusieurs pays andins. En Bolivie, les pluies violentes enregistrées depuis la fin de 2007 ont provoqué de graves inondations dans les départements de l'est et du nord. En ce qui concerne les cultures d'été de la campagne principale, normalement récoltées de la mi-mars à mai, les pertes s'étendraient sur environ 600 000 hectares, consacrés aussi bien aux cultures vivrières (paddy et maïs) qu'aux cultures de rapport (soja essentiellement). Parallèlement, des pertes importantes de bétail, et une diminution des parcours - qui sont engorgés - sont signalées dans le département de Beni. En Équateur, l'état d'urgence a été déclaré le 20 février dans l'ensemble du pays en raison des inondations. Les logements, l’infrastructure et les cultures (paddy, cacao, bananes et légumes) auraient subi des dégâts, en particulier dans les départements de Manabí, Guayas, Los Ríos et El Oro sur la côte, de même qu'à Azuay et à Cañar dans les régions montagneuses. Au Pérou, des pluies torrentielles ont endommagé en tout ou en partie quelque 45 000 hectares de cultures (essentiellement café, plantains, maïs blanc, paddy et pommes de terres) dans les départements de Tumbes, Piura et Lambayeque. Toutefois, les précipitations abondantes ont en général amélioré l'humidité des sols, ce qui est positif pour les semis des cultures d'hiver de 2008, en particulier de blé, qui devraient commencer en avril.
Aux États-Unis, selon les estimations officielles du Rapport sur les perspectives de semis publié fin mars, environ 18,9 millions d'hectares seraient consacrés au blé d'hiver, soit quelque 4 pour cent de plus que le bon niveau de l'année précédente et légèrement plus que les prévisions, les superficies sous blé tendre rouge d'hiver ayant progressé plus que prévu. L'état du blé d'hiver est globalement satisfaisant grâce à l'humidité abondante dont ont bénéficié les Grandes Plaines cet hiver. La principale exception concerne les zones occidentales des principaux États producteurs de blé d'hiver des Plaines du centre et du sud, où un temps sec prévaut ces dernières semaines, ce qui pourrait se traduire par des taux de délaissement plus élevés que prévu. S'agissant du blé de printemps, dont les semis viennent de commencer, la superficie serait passée à près de 6,9 millions d'hectares, soit une hausse voisine de 10 pour cent par rapport à l'année précédente. Cette progression tient à la fermeté persistante des cours du blé, qui laisse présager de bonnes recettes pour cette culture, ainsi qu’aux bonnes conditions de semis - notamment l'humidité adéquate. Ce facteur est important pour la levée et l'établissement des cultures et peut avoir une réelle incidence sur les rendements définitifs. Compte tenu des indications officielles concernant les semis et à supposer que les conditions météorologiques restent normales pendant toute la campagne, les prévisions actuelles de la FAO établissent la production totale de blé des États-Unis à 60 millions de tonnes en 2008, soit près de 7 pour cent de plus que l'an dernier et la plus grosse récolte depuis 2003. Le mauvais temps qui a sévi à la fin mars a gêné les semis de maïs précoce en certains endroits du Midwest, mais les précipitations ont probablement permis d'accroître les réserves d'humidité des sols pour la campagne de végétation à venir. Le gros des semis de maïs devrait commencer en avril. Selon le Rapport sur les perspectives de semis, les agriculteurs devraient ramener la superficie sous maïs à environ 35 millions d'hectares, contre le niveau exceptionnel de près de 38 millions d'hectares de l'an dernier qui représentait la plus grande superficie jamais enregistrée depuis 1944. Toutefois, même s’il est nettement inférieur à celui de l'an dernier, ce niveau reste très élevé, car l'on s'attend à ce que les prix du maïs se maintiennent. Une partie des superficies ne devrait plus être consacrée au maïs du fait des impératifs de rotation et des perspectives de profit tout aussi bonnes - voire meilleures - de certaines cultures de remplacement. Il s'agit le plus souvent du soja, dont la production a été nettement réduite l'an dernier en faveur du maïs mais dont la rentabilité devrait s'accroître cette année en raison de la hausse des prix et du moindre coût des intrants par rapport au maïs (voir figure 11). Cette reconversion devrait se vérifier en particulier dans les parties orientales du Corn Belt, où les sols sont moins adaptés au maïs et où l'obtention de bons rendements de maïs exige des conditions météorologiques parfaites et beaucoup d'intrants. Dans ces régions, le soja représente une option plus sûre. Compte tenu des premières indications concernant les semis et à supposer que les conditions météorologiques soient normales pour le reste de la campagne, les prévisions de la FAO établissent la production de maïs des États-Unis à 300 millions de tonnes en 2008, soit 10 pour cent de moins que le record de l'an dernier mais toujours l'une des récoltes les plus abondantes jamais enregistrées.
Au Canada, les semis de céréales de printemps devraient débuter en avril. S'agissant du blé, qui est la principale culture, les premières indications laissent entrevoir une augmentation de 11 pour cent des emblavures par rapport au niveau réduit de l'an dernier, où certaines terres normalement cultivées en blé avaient été consacrées aux oléagineux. La hausse des prix du blé constatée actuellement devrait fortement inciter à une reprise des emblavures. Toutefois, plutôt qu'à un renversement de la tendance enregistrée l'an dernier, on s'attend à une nouvelle expansion de la superficie exploitée en oléagineux par rapport à celle de 2007, qui était déjà importante, en raison des recettes prometteuses dans ce secteur. Bien que la progression des superficies consacrées au blé et aux oléagineux se fera en partie au détriment de céréales secondaires mineures telles que le maïs et l'avoine, elle tiendra principalement aux jachères d'été qui n'ont pas été exploitées l'an dernier. Ainsi, une augmentation de la superficie totale sous céréales et oléagineux est attendue en 2008. Compte tenu des attentes concernant les semis et à supposer que le ratio entre la superficie ensemencée et la superficie récoltée soit normal et les rendements proches de la moyenne, la production de blé de 2008 devrait se chiffrer à quelque 25 millions de tonnes, soit environ 25 pour cent de plus qu'en 2007 et un volume analogue à la bonne récolte de 2006. Ces prévisions reposent sur des conditions météorologiques normales pendant la campagne de végétation. On a signalé à la fin mars que les réserves d'humidité des sols des régions céréalières du sud et du centre étaient particulièrement basses. Il serait bon qu'il neige ou qu'il pleuve davantage dans ces régions avant les semis, autrement l'arrivée des pluies au bon moment pendant la campagne de végétation sera d'autant plus décisive.
La production céréalière de la région est en passe de se redresser nettement par rapport à la récolte inférieure à la moyenne de l'an dernier, qui avait souffert du mauvais temps en plusieurs endroits. Tout en supposant un retour à des rendements normaux dans toute la région, la progression attendue de la production s’explique aussi par une forte expansion de la superficie cultivée en réponse aux perspectives de hausse continue des prix céréaliers pour les récoltes de cette année. À ce stade précoce, les prévisions établissent provisoirement la production céréalière totale de la région à 439 millions de tonnes, soit presque 13 pour cent de plus que l'année précédente. Dans l' UE, suite à la levée de la mise hors culture obligatoire de 10 pour cent des terres pour la campagne 2007/08, la superficie céréalière totale devrait gagner selon les prévisions environ 6 pour cent. Le gros de cette expansion devrait concerner le blé (d'hiver essentiellement) qui est en terre depuis l'automne dernier. Toutefois, une forte progression des terres sous orge et maïs est également attendue, ainsi qu'une légère augmentation pour la plupart des autres céréales. En ce qui concerne les conditions des cultures d'hiver déjà en terre et les prévisions préliminaires concernant les rendements de 2008, les perspectives sont jusque-là favorables. L'hiver a été caractérisé par des conditions généralement douces, notamment dans certaines régions du nord, limitant les probabilités de pertes dues au froid hivernal dans les zones normalement les plus exposées. Les conditions d'humidité des sols s'annoncent généralement bonnes jusqu'à présent. Certaines régions de France et d'Espagne où un temps sec peu propice avait régné ont bénéficié de précipitations abondantes en mars, lesquelles ont permis de relever les réserves d'humidité nécessaires au développement du blé et ont amélioré les perspectives concernant la campagne de semis de printemps. Compte tenu de ces premières indications sur les superficies cultivées - pratiquement fermes en ce qui concerne le blé d'hiver mais plus incertaines pour les cultures de printemps, dont la plupart doivent encore être mises en terre - et à supposer que le temps reste normal pendant le reste de la campagne, les prévisions établissent provisoirement la production céréalière totale de 2008 à 294 millions de tonnes, soit 13 pour cent de plus que l'année précédente. Le tableau 12 indique les prévisions actuelles concernant le volume de blé et de céréales secondaires dans les principaux pays producteurs.
Ailleurs, dans la péninsule des Balkans, les perspectives concernant les récoltes céréalières de 2008 demeurent bonnes dans l'ensemble et laissent entrevoir une reprise de la production après les difficultés dues à la sécheresse rencontrées un peu partout l'an dernier. Dans les pays européens de la CEI, les perspectives préliminaires concernant les récoltes céréalières de 2008 sont favorables. Les céréales d'hiver ont bien résisté au froid et les semis des céréales de printemps sont en cours. La superficie consacrée aux céréales d'hiver (essentiellement blé et seigle) a augmenté et, selon les indications, la superficie totale consacrée aux cultures de printemps progressera elle aussi. Le blé représente le gros de cette augmentation, car les agriculteurs de la plupart des pays intensifient les semis en raison des prix du blé sur le marché international. En Fédération de Russie, la superficie totale devant être ensemencée en céréales en 2007/08 devrait dépasser 46 millions d'hectares, contre 44,4 millions d'hectares pour la récolte de 2007. La superficie sous céréales d'hiver a progressé de près de 10 pour cent, passant à 15,6 millions d'hectares, tandis que celle consacrée aux céréales de printemps devrait selon les prévisions s'élever à 31 millions d'hectares. La superficie consacrée au blé devrait atteindre 26 millions d'hectares, contre 24,4 millions l'an dernier. Les superficies exploitées en maïs et en orge de printemps pourraient aussi augmenter au détriment de la betterave à sucre. Le gouvernement a récemment imposé des droits d'exportation sur les engrais minéraux pour stimuler la croissance de l'utilisation intérieure. À ce stade précoce, et à supposer que les conditions climatiques restent favorables jusqu'aux récoltes, les prévisions établissent provisoirement la production céréalière de 2008 à 82 millions de tonnes, dont 50 millions de tonnes de blé, 31,6 millions de tonnes de céréales secondaires et le reste de riz. Les exportations de céréales de la Fédération de Russie ont atteint, entre juillet 2007 et février 2008, près de 13 millions de tonnes et n'augmenteront probablement guère d'ici à la fin de la campagne actuelle, compte tenu des taxes à l'exportation élevées qui frappent le blé et l'orge. Si les prévisions concernant la récolte de 2008 se vérifient, ces taxes seront probablement supprimées et le pays devrait conserver sa position de grand exportateur de céréales. En Ukraine, l'état de plus de 90 pour cent des cultures d'hiver (qui représentent 8 millions d'hectares, dont 7,5 millions pour les céréales d'hiver) est jugé satisfaisant. Les estimations préliminaires indiquent une augmentation de la superficie totale sous céréales à récolter en 2008, qui atteindrait 15 millions d'hectares (contre 13,8 millions en 2007), principalement du fait de l'accroissement des semis de blé et d'orge. Après la grave sécheresse qui a sévi dans le pays l’an dernier, les précipitations tombées cet hiver ont fourni d'amples réserves d'humidité aux sols pour la période de végétation printanière dans la plupart des régions, à l'exception du sud et du sud-est où le temps est plus sec. Si les conditions climatiques restent clémentes tout au long de la campagne de végétation, la production céréalière de 2008 pourrait avoisiner 37 millions de tonnes, soit près de 10 millions de tonnes de plus que la récolte réduite de 2007. Jusqu'à présent, les exportations du pays pour la campagne commerciale 2007/08 n'ont pas encore dépassé 500 000 tonnes, du fait des contingents d'exportation et des restrictions sur les permis. Le gouvernement a prolongé l'application des quotas et du système de licences jusqu'au 1er juillet; il a relevé les contingents d'exportation de 600 000 tonnes à 1,8 million de tonnes dans le cas du maïs, de 4 000 tonnes à 900 000 tonnes dans celui de l'orge et a légèrement augmenté ceux concernant le blé, qui sont fixés à 203 000 tonnes. À Moldova, la superficie consacrée aux céréales d'hiver aurait augmenté pour passer à quelque 400 000 hectares. Les semis de printemps sont en cours. Selon les indications préliminaires, la récolte de 2008 se redressera par rapport au niveau réduit par la sécheresse de 2007, pour atteindre 2 millions de tonnes. Au Bélarus, la superficie totale ensemencée en céréales est jugée analogue à celle de l'an dernier, mais des efforts particuliers sont déployés pour accroître les superficies et la production de maïs. À supposer que les conditions météorologiques restent normales, la production céréalière de 2008 est provisoirement prévue à 6,5 millions de tonnes, chiffre inférieur au record de 7 millions de tonnes rentrées en 2007.
En Australie, la récolte mineure de céréales secondaires d’été (sorgho essentiellement) a commencé en mars et des résultats exceptionnels sont escomptés. Les précipitations moyennes à supérieures à la moyenne qui tombent depuis octobre 2007 dans le nord de la Nouvelle-Galles du Sud et dans le sud du Queensland ont incité à augmenter les semis de sorgho et ont favorisé le développement des cultures, laissant présager de bons rendements. Selon les prévisions, la production de sorgho atteindrait environ 2,5 millions de tonnes, soit presque 80 pour cent de plus que l'année précédente. En revanche, en raison de la pluviosité très insuffisante dans les régions productrices de riz, les cultures de riz d'été ont été dévastées et la production devrait atteindre à peine 18 000 tonnes, contre 161 000 tonnes l'année précédente. Selon les premières indications, les semis de céréales d'hiver de 2008, qui seront effectués à partir d’avril, pourraient atteindre un niveau record, car l'on s'attend à ce que les producteurs tentent d'accroître leur production pour tirer parti de la hausse des cours mondiaux, en particulier après les pertes de revenus subies en 2007 à cause de la sécheresse. Toutefois, bien que les intentions des producteurs semblent indiquer un accroissement des semis, le résultat final dépendra de la pluviosité d'avril à juillet dans les principales zones productrices. L’est de l'Australie a déjà bénéficié de précipitations adéquates pendant tout l'été, en particulier en février, ce qui a permis de fournir au sous-sol de bonnes réserves d'humidité avant les semis; il faudra toutefois qu'il pleuve davantage à l'époque des semis et au stade de développement des cultures. Les autres principales régions productrices attendent encore des pluies abondantes pour les semis. À ce stade, compte tenu des indications actuelles sur les intentions de semis des producteurs et à supposer que les conditions météorologiques soient normales pendant toute la campagne, la production intérieure de blé de 2008 devrait se redresser par rapport au niveau réduit par la sécheresse de l'an dernier, pour atteindre près de 26 millions de tonnes, chiffre proche du record enregistré en 2003. Une nette reprise est aussi attendue en ce qui concerne la production d'orge, qui devrait remonter à environ 9 millions de tonnes. 1. CILSS, FAO, FEWSNET, SIMA et PAM 2. La valeur du franc CFA est alignée sur celle de l'euro (655,955 CFA = 1 euro), lequel a considérablement gagné du terrain par rapport au dollar ces dernières années. 3. CILSS, FAO, FEWSNET, SIMA et PAM |
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