Améliorer la résilience grâce au nexus eau-énergie-alimentation-écosystèmes

«Les liens entre eau, énergie, alimentation et écosystèmes sont évidents, mais nécessitent une approche intégrée qui permette aux responsables politiques d’être plus au fait des compromis et synergies existants afin de gérer les ressources de manière plus durable.»

Antonella Autino PRIMA

La Méditerranée est beaucoup plus touchée par les changements climatiques que d’autres régions. De plus, compte tenu de la croissance démographique attendue, la demande d’eau, d’aliments et d’énergie devrait augmenter de plus de 50 pour cent dans la région d’ici à 20501. La concurrence vis-à-vis des ressources sera donc de plus en plus féroce. La production alimentaire et énergétique dépend de la disponibilité en eau, et cette dernière a des répercussions majeures sur l’emploi dans la région, puisque les emplois dans les secteurs de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche dans les eaux intérieures et de la transformation alimentaire en sont fortement tributaires2. Les besoins concurrents de ressources rares et déjà affectées par les changements climatiques exacerberont les dépendances régionales vis-à-vis des importations et des marchés commerciaux internationaux.

Toutes les trajectoires projetées actuellement relatives aux changements climatiques indiquent une augmentation des risques climatiques dans de nombreux systèmes et secteurs économiques de la région, ce qui aura pour effet d’amplifier les pressions exercées sur les écosystèmes locaux, les économies et le bien-être humain. Les besoins de la région ont été encore plus gravement mis à l’épreuve par la guerre en Ukraine et les problèmes persistants faisant suite à la pandémie de covid-19, qui a perturbé les marchés et le commerce et entraîné une hausse exponentielle des prix des denrées.

L’examen cloisonné de ces problèmes plutôt que comme un tout interconnecté n’a pas aidé à les atténuer. Au contraire, la prise en compte des interactions entre les besoins en eau, en alimentation et en énergie et la prise de mesures dans le cadre d’un système intégré peuvent être déterminantes pour réussir la transition vers l’économie verte et le développement durable. Il est en effet jugé essentiel de tenir compte des interdépendances pour assurer la réalisation des ODD et la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

WEFE info image

WEF nexus – “The FAO approach to the Water-Energy-Food Nexus”3

S’il existe un consensus selon lequel ces sections et leurs bases de ressources naturelles (terre, sols, eau) vont de pair, cette approche n’a pas encore été pleinement adoptée, en raison notamment de l’absence de stratégies applicables et d’une gouvernance effective pour en guider le déploiement sur le terrain. Pour se concrétiser, la transition vers la durabilité supposerait d’intégrer pleinement à la planification du développement à l’échelle locale, régionale et nationale des modèles ou processus collaboratifs dans le cadre desquels s’instaure une confiance entre les parties prenantes, tels que des communautés de pratique. Instaurer la confiance entre les parties prenantes du projet WEPS-NENA link to levers La communauté de pratique relative au nexus eau-énergie-alimentation-écosystèmes link to levers

Cela nécessiterait une volonté politique de haut niveau appuyée par une structure de gouvernance saine et étayée par la science et les données, autant d’éléments essentiels pour garantir que le nexus eau-énergie-alimentation-écosystèmes soit intégré et généralisé dans les systèmes de planification, de suivi et d’évaluation à tous les niveaux. Ce changement permettrait de passer d’interventions de développement sectorielles disjointes à une gestion plus intégrée et à une utilisation plus durable des ressources, reconnaissant et assurant l’équilibre entre les différents objectifs, intérêts et besoins des personnes et de l’environnement. Coordination régionale des politiques sur le nexus eau-énergie-alimentation dans les pays arabes link to levers

Du point de vue des systèmes agroalimentaires durables, l’analyse des compromis est essentielle pour tenir compte du nexus, et les débats fondés sur la science peuvent aider à lever le voile sur les questions les plus urgentes et à donner la priorité aux domaines dans lesquels tous les secteurs peuvent travailler ensemble. Les innovations technologiques et les solutions fondées sur la nature, dirigées par le secteur privé, peuvent réduire les coûts liés à la gestion et à la restauration durable des ressources naturelles. Pour que cette transformation ait lieu, il est également nécessaire d’insuffler des innovations financières dans les mécanismes d’investissement et de réduction des risques qui ciblent les entreprises agroalimentaires innovantes et stimulent la mise en place de solutions axées sur le nexus eau-énergie-alimentation-écosystèmes. Technologie et innovation relatives au nexus eau-énergie-alimentation-écosystèmes au Liban link to levers Mobilisation du secteur privé et innovations financières au service de la sécurité alimentaire link to levers