La diète méditerranéenne pour une consommation plus durable

Le régime alimentaire méditerranéen, riche en aliments végétaux et locaux, est porteur d’un nombre considérable de bienfaits sur le plan de la santé et de la nutrition, comme par exemple celui de prévenir les maladies non transmissibles. Il a aussi été reconnu comme une alimentation durable en raison de son impact environnemental moindre sur l’utilisation des sols, de l’eau et de l’énergie¹, et pour son potentiel en matière d’atténuation des changements climatiques². Par ailleurs, sa pertinence sociale et culturelle a mené l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à l’inscrire sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Toutefois, des données probantes³ montrent une baisse de l’adhésion au régime méditerranéen dans les pays de la Méditerranée. Ce déclin s’explique notamment par les tendances à l’urbanisation et l’évolution des modes de vie, qui réduisent le temps disponible pour cuisiner et la régularité des repas, ce qui entraîne une augmentation de la demande des consommateurs vers des produits alimentaires plus gourmands en ressources, tels que les repas préparés à partir d’aliments ultra-transformés, cuisinés à l’avance et les produits alimentaires préemballés à la durée de conservation prolongée. Ceci a des répercussions sur les dynamiques des systèmes agroalimentaires, et notamment sur la santé des consommateurs et sur leur empreinte environnementale.

Aider les consommateurs à faire des choix alimentaires éclairés est essentiel pour favoriser la transformation des systèmes agroalimentaires méditerranéens. Des consommateurs engagés, suffisamment armés pour choisir des régimes sains, nutritifs et durables sur le plan environnemental, constituent une force motrice pour garantir un environnement propice à la consommation et à la production durables, tout en augmentant la transparence et la confiance au sein de tous les systèmes agroalimentaires. L’engagement multisectoriel a le potentiel d’amplifier la voix des consommateurs et de l’acheminer vers les responsables politiques. Il permet également de mieux comprendre les droits et les besoins des consommateurs, favorisant ainsi une alimentation plus saine et des systèmes agroalimentaires plus inclusifs et durables en Méditerranée. Pour favoriser le changement de comportement des consommateurs, il convient de mettre en place une collaboration effective entre les autorités nationales et locales, les institutions pédagogiques, les organisations de consommateurs et les médias de masse.

Les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de transparence, ainsi que de normes environnementales et éthiques plus strictes dans le secteur alimentaire. Les organisations de consommateurs sont bien placées pour protéger leurs besoins à l’heure où de nouvelles tendances et technologies transforment les systèmes agroalimentaires. Elles ont les connaissances et l’expertise nécessaires pour représenter et aider les consommateurs à influencer l’industrie et les marchés alimentaires et à participer aux processus décisionnels⁴.

L’éducation à une consommation durable joue un rôle central dans la promotion du changement vers un mode de vie plus durable. Elle vise à motiver les individus à prendre leurs responsabilités quant à l’impact de leurs choix quotidiens et à changer les normes sociales sous-jacentes. La prise de conscience résultant de cette éducation est essentielle pour rendre acceptables ces changements drastiques grâce à des solutions alternatives. Il est tout aussi indispensable d’impliquer les consommateurs dans les processus de recherche et d’innovation afin de mieux comprendre leurs besoins et préférences. Les données axées sur le consommateur collectées dans le cadre d’enquêtes, les outils numériques (applications mobiles, par exemple) et les analyses comparatives permettent aux chercheurs d’élaborer des recommandations et des lignes directrices pour encourager des modèles de consommation plus durables. Sensibiliser les élèves à la consommation alimentaire Le projet SWITCHtoHEALTHY

Du point de vue politique et normatif, la formulation de approvisionnement alimentaire institutionnel durable a le potentiel de promouvoir le régime méditerranéen tout en soutenant les économies locales et la durabilité environnementale. La passation de marchés publics durables peut influencer les choix relatifs aux aliments à acheter, conduisant à une augmentation de la variété et de la quantité d’aliments nutritifs servis dans les institutions publiques et les cantines scolaires ainsi qu’à la promotion d’aliments nutritifs traditionnels, comme ceux constituant le régime méditerranéen. Parallèlement, la passation de marchés publics durables peut influencer l’approvisionnement alimentaire institutionnel durable, en guidant le choix des fournisseurs auxquels les denrées alimentaires sont achetées, et devenir ainsi un instrument de soutien aux petits producteurs et aux producteurs locaux et un catalyseur pour le développement économique des communautés. Enfin, la passation de marchés publics de denrées alimentaires peut être conçue pour soutenir et promouvoir les formes de production agricole qui garantissent la durabilité environnementale, y compris la gestion des ressources naturelles et la conservation de la biodiversité. Des repas scolaires durables à Valence, en Espagne Des programmes éducatifs pour promouvoir la consommation durable à Chypre

Les consommateurs doivent être au centre des systèmes agroalimentaires, de la recherche jusqu’à la production et à la passation de marchés, mais aussi au cœur de l’industrie alimentaire, de l’environnement et de la vente. Un environnement propice à la consommation durable protégerait davantage le droit à des aliments sûrs et sains à prix abordable, fournissant aux individus des informations vitales pour faire des choix alimentaires éclairés, tout en augmentant la transparence et la confiance des consommateurs dans les systèmes agroalimentaires qui favorisent les modèles de production durable.