3 Des problèmes profonds
3.3 Du risque climatique à la production pluviale – évolution de l’aptitude des terres
L’adéquation des terres pour la culture n’est pas figée; on prévoit une évolution des aptitudes et des superficies avec le changement climatique. Les outils de planification de l’utilisation des terres, tels que la méthode GAEZ, ainsi que les modèles climatiques, donnent des indications précieuses sur la manière dont ces changements vont redistribuer les terres disponibles pour la production de différentes cultures et pour l’élevage, et mettent en évidence les conséquences potentielles en matière de productivité et d’écarts de rendement.
La carte S.14 illustre les changements concernant l’adéquation des terres pour la culture pluviale de blé dans le scénario d’accroissement des émissions et des températures à l’horizon des années 2080 (RCP 8.5), qui entraînerait une hausse des températures de 4,2 °C. La production de blé augmenterait en Argentine, en Australie, au Canada, au Chili et dans le nord de l’Eurasie, et diminuerait dans la majeure partie de l’Afrique centrale et dans certaines parties du Brésil, de l’Asie centrale et de l’Inde. Les résultats pour les autres cultures sont variables, les superficies cultivées pouvant soit augmenter, soit diminuer selon le cas.
La carte S.15 montre les projections à l’horizon des années 2080 des zones permettant des cultures successives, et illustre les effets du changement climatique. Une irrigation d’appoint pourrait par ailleurs allonger la période de croissance et apporter une valeur ajoutée. Cependant, l’utilisation de l’irrigation s’accompagne d’un autre ensemble de problèmes, tels que l’accès aux équipements et à l’eau, le coût et les compétences requises pour mettre en œuvre des pratiques d’irrigation efficaces.
Le tableau S.7 donne l’évolution en valeur absolue et en pourcentage des possibilités de cultures pluviales successives entre la période climatologique de référence (1981-2010) et le climat des années 2080 (ENS-RCP 4.5).
Source: Tuan et al., à paraître, d’après les données du GAEZ v4.
Le changement climatique sera synonyme, pour beaucoup, de problèmes, et pour quelques-uns, d’avantages. Dans certaines régions, telles que l’Afrique centrale et l’Europe orientale, la superficie de terres cultivables va diminuer, et il faudra modifier les pratiques de culture, d’élevage et de gestion des terres et de l’eau en fonction des nouvelles conditions culturales. Les régions tropicales et subtropicales devraient bénéficier de possibilités de cultures successives. À l’échelle mondiale, les échanges de semences et de matériel génétique entre zones écologiquement homogènes et l’augmentation de l’investissement dans la sélection de cultures tolérantes seront cruciaux pour mettre au point des plantes cultivées et des variétés capables de supporter les futures conditions liées à la température, à la salinité, au vent et à l’évaporation.
